La CitLa Citéé des Damesdes DamesChristine de Christine de PizanPizan

Françoise Demougin

Qui est Christine de Pizan?

� La fille de Thomas� Entre Italie et France� Une veuve chargée de trois enfants et

d’une nièce� Qui décide d’écrire

Données biographiques

� Naissance à Venise en 1364� Arrivée en France à 4 ans, avec son père astrologue médecin

auprès de Charles V� Enfance à la cour du roi, dont elle écrira plus tard la biographie� Elle épouse, vers 1379, Étienne du Castel, notaire et secrétaire du

roi.� Trois enfants (une fille et deux fils)� Veuve à 26 ans (1389)� Auteur très prolifique, elle se retira dans le cloître de Poissy à la fin

de sa vie. Son travail majeur a été accompli entre 1400 et 1418. � Meurt en 1430

Le choix de l’écriture

� À partir de son statut de veuve créer sa persona de femme écrivain

� Offrir ses livres aux Grands qui la paient

� Intégrer la pensée politique et religieuse de son époque et en tirer un traitement original

� Penser la pérennité de l’écrivain et de l’œuvre littéraire

Une œuvre originale

� Double culture italienne et française

� Le vecteur vivant de la translatio studii� Des références religieuses à des fins profanes

� Un ouvrage de combat : La Cité des Dames(écrit entre décembre 1404 et avril 1405)

� Un regard surplombant l’histoire humaine par le biais des personnifications allégoriques

Contexte littéraire

� Saint Augustin et sa Cité de Dieu� Boccace : De claris mulieribus, dont la traduction

française venait de paraître en 1401 sous le titreLes clères femmes

� Penchant à l’évhémérisme� Lamentationes Matheoli de Mathieu de

Boulogne-sur-mer� Le roman de la rose (seconde partie)

� version Jehan de Meung (1275)

Boccace l’Italien

� De mulieribus claris traduit en 1401 anonymement, en plein dans la querelle du Roman de la Rose

� Si Dieu a donné aux femmes une belle intelligence c’est pour l’employer, si elles le veulent, à toutes les choses que font les grands hommes.

Saint Augustin

� Le titre / de Civitate Dei

� Un événement historique et littéraire au départ� Une somme de la culture chrétienne / féminine

� Un même genre : l’apologie� Deux cités aussi : la cité des dames sera

construite pour les femmes méritantes seulement

Christine de Pizan écrivain

� Un contexte historique et personnel pour la naissance d’une femme écrivain

� L’œuvre de Saint Augustin pour un moyen efficace de réaliser son ambition d’écrivain

La Cité des Dames

� 1405

� Le début du livre :� « la lecture de quelque poète »� « une fontaine qui sourdait : un grand nombre

d’auteurs… »� « je me désespérais que Dieu m’ait fait naître dans un

corps féminin »� « Un rayon de lumière […]Trois dames couronnées

de très haute dignité… »

Le femme au Moyen Age

� Être imparfait moralement et dans son essence

� Femme forte qui peut réduire à merci l’homme (comme Hercule) : la femme est le pire monstre puisque invaincu

Une première femme : Sémiramis (I, 15)

� Première pierre�Courage guerrier�Combat avec son mari Ninus et comme lui

� Sémiramis veuve et conquérante (Indes)� Sémiramis bâtisseuse (Babylone)� Une anecdote féminine : coiffure (statue)� Un blâme possible?

Grisélidis (II, 50)

� « femme forte en vertu »� Versus « pleurer, parler, filer »� Force morale � Allégorie? (G. :Âme et marquis :Dieu)� Schéma de conte� Thème de la femme humiliée

Marie (III,1)

� « l’honneur de notre sexe »� « la reine de toutes les femmes »� Avec Raison, Droiture, Justice et Nature

Quelques traits

� Christine fait dire à Dame Raison : « L’expérience de ton propre corps nous dispensera d’autres preuves » (p. 53).

� Elle prône l’éducation des filles : « Si c’était la coutume d’envoyer les petites filles à l’école et de leur enseigner méthod iquement les sciences, comme on le fait pour les garçons, elles apprendraient et comprendraient les difficultés de tous les arts et de toutes les sciences tout aussi bien qu’eux » (p. 91).

� Elle est consciente des obstacles de ce qu’on pourrait nommer misogynie intériorisée : « Ce sont les préjugés féminins de ta mère qui t’ont empêchée, dans ta jeunesse, d’approfondir et d’éten dre tes connaissances car elle voulait te confiner dans les travaux de l’aiguille qui sont l’occupation coutumière des femmes. » (p. 180).

� On note l’usage du mot « matrimoine » (p. 275), dont le Robert historique signale effectivement l’existence éphémère à cette époque, dans le sens « biens maternels »

Construction de la Cité

� La narratrice s’adresse au Seigneur� Apparition des trois filles divines� Installation des saintes dans les hautes

tours� Invitation à Marie de dominer ce royaume

féminin comme reine

Construction de la cité

� Les fondations et les murs� La raison est représentée avec le miroir de la connaissance à la main. C'est donc avec l'aide

de la raison, ciment solide et apte à résister au temps, que Christine de Pizan peut entreprendre la construction de cette cité aux fondations profondes et aux murailles élevées.

� Cette cité moderne sera édifié à l'aide de blocs de pierre qui représentent des femmes illustres de l'Antiquité : Sémiramis, Amazone, Frédégonde, Clélie, Bérénice, Zénobie et Artémis.

� Les bâtiments� Ensuite, les bâtiments qui symbolisent les vertus avec l'aide de la Droiture. Celle-ci tient en

main une règle qui mesure le juste et l'injuste, le bien et le mal; cette règle sert à montrer la voie droite aux bons et à frapper les méchants.

� Les finitions et le peuplement de la cité� La Justice tient une coupe à la main où elle verse à chacun selon ses mérites. Cette

troisième allégorie, à son tour, va aider la narratrice en mettant la dernière main aux bâtiments qu'elle recouvrira d'or fin. Ensuite elle sélectionnera les femmes dignes de venir dans la cité, formant une communauté vertueuse. La cité peuplée, elle ouvre ses portes à la reine, la Vierge Marie, accompagnée des saintes et des martyres. La narratrice se voit remettre les clefs.

Trois livres

� Livre I : démonstration de l’égalité des sexes dans le plan de Dieu comme face aux vertus de justice, force, science, et prudence / Raison

� Livre II : vertus déniées et vices attribués aux femmes / Droiture

� Livre III : les femmes placées sous l’autorité de Marie en évoquant les vertus héroïques des saintes / Justice

Un jeu subtil de métaphores

� Son chantier : le champ des écritures� La pioche de son entendement� La pioche d’inquisition� Raison l’invite à prendre la « truelle de la

plume »� Droiture lui ordonne de tremper le mortier

avec l’encre de son cornet

Contexte littéraire (2)

� L'allégorie de la cité renvoie aux arts de la mémoire ou théâtres de la mémoire hérités de l'antiquité.

� Saint Augustin et l’idée de deux cités� L’édification de la cité éternelle

La construction d’une figure d’écrivain

� Une apparition (38)

� Un mortier incorruptible donné par Dame Raison (44)

� Des proportions immenses données par Dame Droiture, sans qu’il reste un terrain vague (45)

� Des portes apportées du ciel par Dame Justice (46)

� un monument littéraire promis à l’immortalité

Monument littéraire

� La construction terminée Dame Justice y conduit les dames illustres du passé et du présent

� Un nouveau royaume de Féminie (144) plus solide que celui des Amazones car les femmes ne seront pas obligée de la quitter pour la défendre

� La Cité accueille les femmes de demain, saintes ou savantes, gages de pérennité du nom de la bâtisseuse Christine

« Ta cité sera d’une beautésans pareille et demeurera éternellement en ce monde »(44)« gloriosa dicta sunt de te civitas Dei » (275)

Le champ des lettres

� « Partons au champs des lettres ; c’est en ce pays riche et fertile que sera fondée la cité des Dames » (48)

� Le savoir ne meurt pas avec son détenteur (116) cf Aristote

� La lectrice du futur regrettera de ne pas avoir été contemporaine de Christine (225)

La suite…

� Le livre des trois vertus : même année, devant les femmes contemporaines. Volet pratique de la Cité des Dames en quelque sorte

� Les ouvrages manuscrits de Christine de Pizan étaient illustrés de portraits de l'auteure, qui disparaîtront plus tard des éditions imprimées. C'est peut-être la raison pour laquelle le nom de Christine de Pizan disparaît et que la Cité des dames est attribuée à un auteur masculin, tant d'érudition sans doute paraissant difficile à verser au crédit d'une femme. Cependant la chercheuse Susan Groag Bell a montré qu'il y avait eu une certaine diffusion de tapisseries basées sur l'ouvrage allégorique de Christine de Pizan dans le milieu des cours européennes.

� Dédaignée par Lanson� Citée dans Le deuxième sexe de Beauvoir (Folio 177, plaidoyer pour l ’éducation des

filles)