D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE …fdhondt/BELY_2016_compte_rendu_F... ·...

3
D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE MONDIALE, À PROPOS DE QUELQUES LIVRES RÉCENTS Guido BRAUN, Imagines imperii. Die Wal1rnel1mung des Reit:hes und der De11tsche11 dttrch die riimische Kurie im Reformafirmsjahrhundert (1523-1585), Münster, Aschcndorff, 2014, 840 p. Guido Braun a publié naguère un magnifique ouvrage intitulé la connais- sance du Saint-Empire en Fronce, 1643-1756 (Munich, R. Oldenbourg, 2010). 0 conduit dans ce nouveau livre une réflexion parallèle en abordant un autre temps, le XVI• siècle, et d'autres cultures, en étudiant la perception du Saint-Empire et des Allemands par la Curie romaine au XVI• siècle (1523-1585). Rome, capitale de la chrétienté catholique, sert d'observatoire inégalé, sur- tout pour considérer la grande rupture religieuse qui parcourt l'Allemagne avec la Réforme protestante. Guido Braun connait admirablement les archives du Va- tican, cl de Rome en général, et il utilise ces richesses pour ét.aycr son propos. Les dépêches des envoyés romains permettent de dessiner une représentation de l'Empire et des Allemands mais au regard politique, Guido Braun associe une approche anthropologique qui correspond bien aux préoccupations des histo- riens d'aujourd'hui. Pour lancer sa réflexion, l'auteur part d'un manuscrit tardif, la description du Saint-Empire par le nonce Carafa, en 1628 en pleine guerre de Trente ans, qui reprend l'histoire de la représentation romaine en Allemagne et esquisse par même une reconstruction historique de l'action de l'Eglise face à ce qu'elle considère comme l'hérésie luthérienne. Le Saint-Siège a le souci, à partir des années 1530, d'avoir un représentant au- près de l'empereur mais les envoyés sont en général, à quelques exceptions près, des Italiens qui ne connaissent pas la langue allemande mais qui s'efforcent de s'informer sur l'Empire avant leur départ même si ces connaissances restent très superficielles. Un document tardif montre que Je Saint-Siège voulait conserver une distance entre l'envoyé pontifical et le monde dans lequel il entrait Ayant une solide culture humaniste, les envoyés pontificaux maitrisent bien le latin mais se gardent d'apprendre l'allemand, langue jugée barbare, de plus langue de l'hé- résie. En revanche, les évêques de Trente parlent cette langue et le Trentin per- met les échanges entre l'Italie et l'Allemagne. L'italien sert aussi dans les discussions. Cette situation rend nécessaire un vaste effort de traduction, donc Je recours à des interprètes, qui interviennent aussi comme des filtres. Cette at· tention aux langues et à leurs usages historiques caractérise bien les études me- nées au fil du temps par Guido Braun. Le pape et l'empereur demeurent au XVI• siècle des autorités à prétentions universelles, les deux " lumières .. de la chrétienté. Si les relaâons entre eux

Transcript of D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE …fdhondt/BELY_2016_compte_rendu_F... ·...

Page 1: D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE …fdhondt/BELY_2016_compte_rendu_F... · 2017-02-10 · D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE MONDIALE, À PROPOS DE QUELQUES

D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE MONDIALE,

À PROPOS DE QUELQUES LIVRES RÉCENTS

Guido BRAUN, Imagines imperii. Die Wal1rnel1mung des Reit:hes und der De11tsche11 dttrch die riimische Kurie im Reformafirmsjahrhundert (1523-1585), Münster, Aschcndorff, 2014, 840 p.

Guido Braun a publié naguère un magnifique ouvrage intitulé la connais­sance du Saint-Empire en Fronce, 1643-1756 (Munich, R. Oldenbourg, 2010). 0 conduit dans ce nouveau livre une réflexion parallèle en abordant un autre temps, le XVI• siècle, et d'autres cultures, en étudiant la perception du Saint-Empire et des Allemands par la Curie romaine au XVI• siècle (1523-1585).

Rome, capitale de la chrétienté catholique, sert d'observatoire inégalé, sur­tout pour considérer la grande rupture religieuse qui parcourt l'Allemagne avec la Réforme protestante. Guido Braun connait admirablement les archives du Va­tican, cl de Rome en général, et il utilise ces richesses pour ét.aycr son propos. Les dépêches des envoyés romains permettent de dessiner une représentation de l'Empire et des Allemands mais au regard politique, Guido Braun associe une approche anthropologique qui correspond bien aux préoccupations des histo­riens d'aujourd'hui. Pour lancer sa réflexion, l'auteur part d'un manuscrit tardif, la description du Saint-Empire par le nonce Carafa, en 1628 en pleine guerre de Trente ans, qui reprend l'histoire de la représentation romaine en Allemagne et esquisse par là même une reconstruction historique de l'action de l'Eglise face à ce qu'elle considère comme l'hérésie luthérienne.

Le Saint-Siège a le souci, à partir des années 1530, d'avoir un représentant au­près de l'empereur mais les envoyés sont en général, à quelques exceptions près, des Italiens qui ne connaissent pas la langue allemande mais qui s'efforcent de s'informer sur l'Empire avant leur départ même si ces connaissances restent très superficielles. Un document tardif montre que Je Saint-Siège voulait conserver une distance entre l'envoyé pontifical et le monde dans lequel il entrait Ayant une solide culture humaniste, les envoyés pontificaux maitrisent bien le latin mais se gardent d'apprendre l'allemand, langue jugée barbare, de plus langue de l'hé­résie. En revanche, les évêques de Trente parlent cette langue et le Trentin per­met les échanges entre l'Italie et l'Allemagne. L'italien sert aussi dans les discussions. Cette situation rend nécessaire un vaste effort de traduction, donc Je recours à des interprètes, qui interviennent aussi comme des filtres. Cette at· tention aux langues et à leurs usages historiques caractérise bien les études me­nées au fil du temps par Guido Braun.

Le pape et l'empereur demeurent au XVI• siècle des autorités à prétentions universelles, les deux " lumières .. de la chrétienté. Si les relaâons entre eux

Page 2: D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE …fdhondt/BELY_2016_compte_rendu_F... · 2017-02-10 · D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE MONDIALE, À PROPOS DE QUELQUES

298 REVUE D'Hl~ïOIRF. Dll'LOMATl<ll 'F.

John Rule évalue le travail du département en analysant le paiement des am· bassadcurs, les dépenses pour les ambassades, les dépenses exceptionnelles pour les deuils, les catégories de dépenses en 1714, celles pour les affaires S(."­

crètes de 1699 à 1709, les pensions versées à la cour de Rome, aux commis ... John Rule montre que Torcy a un monopole théorique de l'information sur

les pays étrangers mais qu'il doit en pennanence défendre ce territoire. A cette occasion, il analyse le rôle que Madame de Maintenon joue comme conseillère de son mari. Torcy tente de ne pas trop travailler en sa présence mais ne peut pas toujours l'éviter en particulier à propos des affaires franco-espagnoles pour les­quelles la marquise correspond avec la princesse des Ursins, très puissante à la cour de Madrid. Il doit aussi compter avec les autres ministres de Louis XIV qui ont la tentation ou la possibilité d'avoir leurs propres réseaux. John Rule analyse ainsi en détail les négociations que le ministre mène pendant la guerre de Suc­cession d'Espagne, une foule d'agents plus ou moins secrets faisant des propo· sitions de paix aux allit'.-s.

Ce livre impressionnant d'intelligence et de science constitue un apport dé­cisif à notre connaissance de l'État et de la diplomatie à la fin du règne de Louis XIV.

Frederik DHONOT, Bala11ce of Power and Norm Hierarchy. Franco-British Diplomacy after the Peace of Utrecht, Brill Nijhoff, Leyde et Boston, 2015.

Frederik Dhondt a lancé, à travers ce livre, des passerelles entre l'histoire du droit et l'histoire, d'une part en proposant une lecture rigoureuse des événements et d'autre part en cherchant à établir la hiérarchie des normes dans les affaires internationales pour une pt!riode qu'il désib"lle comme les Trente heureus~. les années après la paix d'UtrechL Frederik Dhondt part de l'hypothèse qu'il existe un système d'Utrecht -Baden, un ensemble de normes qui imprègnent les rela· lions internationales dans les décennies qui suivent 1713-1714, "une structure bien pensée, créant une hiérarchie de fait entre les traités internationaux et même les normes nationales les plus fondamentales "·

Ce travail traduit ou confinne aussi une inflexion dans l'histoire des relations internationales. L'approche politique, sociale, économique ou culturelle a ten­dance à contourner, voir à oublier, le texte même des traités, les normes qu'ils créent et la question de leur application. On se pose la question .. Comment ont· ils négocié•, plutôt que" Qu'ont-ils négocié?•. Les historiens s'intéressent plus aux pratiques et à l'élaboration de la décision qu'à la décision elle-même. Une nou­velle l-uriosité intellccluellc se marque aujourd'hui sur le résultat même des nt'.'­gociations. l..a science du juriste devient donc de nouveau nécessaire à l'écriture de l'histoire. Frederik Dhondt a trouvé un angle pour concilier les acquis de l'his­toriographie récente et la science du droit en s'attachant à l'étude de l'argumen· talion juridique. Cela conduit Frederik Dhondt à associer dans ses analyses la rhétorique diplomatique et la logique du droil Notons d'emblée que Frederik Dhondt se montre un excellent historien à la fois du droit et de la diplomatie.

D'UNE IHMMATJF. F.rROl'ÈF.NNF. Â UNF. DlrLOMATJF. MONDIAU: 299

Grâce à une telle entreprise. l'histoire du droit vient aider l'histoire générale mais, en même temps, elle se nourrit de toutes les approches historiques. Il me semble qu'il y a un nouvel intérêt chez les juristes pour une histoire qui dépasse celle du droit. à travers la volonté de situer les juristes eux-mêmes dans leur en­vironnement intellectuel et de donner plus d'historicité à la science juridique.

Cet ouvrage commence par une forte réflexion historiographique qui mon­tre une grande capacité à réunir des visions en apparence fort éloignées. Un titre résume en une formule le projet qui est derrière ce travail : • Nonnativity : Jaw as interaction in the Society of States•. Frederik Dhondt prouve en permanence sa connaissance admirable des ouvrages dans des domaines très variés d'abord pour ce qui touche le droit international et l'histoire politique. '

Il démontre une parfaite maitrise des institutions juridiques anciennes, ainsi celles du Saint Empire. Il décrit par exemple une confrontation entre les termes de la .Quadruple alliance et les fonnes de l'autorité impériale, ce qui constitue une piste fructueuse. Frederik Dhondt aime aussi décrire de près les réalités his­toriques et donner des détails qui éclairent une situation. Si la rigueur scienti· ûque ne se dément jamais, clic laisse aussi la place à une remarquable sensibilité historique qui permel d'évoquer les personnalités qui participent à ces négocia­tions longues et complexes.

La recherche de Frederik Dhondt se nourrit d'une documentation immense et une telle immersion dans les fonds d'archives français et anglais constitue le meilleur moyen de comprendre la construction de ces argumentations et ces dé­monstrations diplomatiques. L'écriture s'appuie sur un savant équilibre entre les réflexions de l'historien et les correspondances diplomatiques qui retrouvent vie grâce à lui et qui lui servent de preuves. Nous découvrons une perpétuelle in· vention juridique chez ces diplomates pour trouver de nouveaux arguments, ainsi à propos de la succession d'Espagne, l'empereur et le roi de France ayant plus de droits que le roi d'Espagne lui-même.

l..a confrontation avec les écrits du temps ouvre bien des perspectives cl Fn.'­dcrik Dhondt donne une place importante à Jean Rousset de Missy, compilateur de documents historiques, historiographe, un des .. compagnons de Mercure • un de ces historiens du temps présent qu'étudie Marion Brêtéché. Les intéré~ Présents des puissances de l'Europe, l'ouvrage de 1733 fonde, dès son titre, une re­présentation de l'Europe où des puissances défendent leurs intérêts et seuls des traités internationaux peuvent les contraindre. Frederik Dhondt utilise aussi les synthèses rédigées par le commis Le Oran pour les ministres et les diplomates français. n peut même rivaliser avec cet historien secret de la diplomatie dans la connaissance de la Quadruple alliance.

Je veux relever quelques facettes de ce magnifique ouvrage. Les droits his­toriques continuent à dominer un monde qui évolue lentement et cet héritage du passe doit ètre pris en compte en permanence. Néanmoins les conflits intro­duisent une remise en cause et les traités de paix construisent un ordre nouveau.

L'analyse critique des négociations révèle une admirable acribie de l'auteur pour démêler toutes les subtilités diplomatiques et confronter les textes. Nous

Page 3: D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE …fdhondt/BELY_2016_compte_rendu_F... · 2017-02-10 · D'UNE DIPLOMATIE EUROPÉENNE À UNE DIPLOMATIE MONDIALE, À PROPOS DE QUELQUES

300 RF.\1 'f. ll'HISTOIMF. fllMJlMATIClllf.

voyons comment la réflexion et l'écriture se combinent: elles accompagnent et justifient l'action politique. Frcderik Dhondt redonne de lïmporlancc aux pro­cédun.-s qui permettent d'avancer, le congrl.'5 de Cambrai lui servant de champ d'expérimentation. Frederik Dhondt offre des pistes pour approcher la culture ju­ridique d'une société de diplomates venus d'horizons très différents et qui s'ac­cordent sur des garanties communes.

Naguère Peter Schroder (University College London) a lancé le débat au­tour de ce livre dans un compte rendu mettant en cause la démarche même de l'auteur: son refus d'entrer dans une histoire des idées, donc de donner une in­terpré~tion théorique des réalités étudiées. Frederik Dhondt a répondu Ion· guement en insistant sur une approche qui lai.sse parl~r les textes hist~ri~ues pour montrer quel usage les diplomates ont fait du dr?1t dans \es négoc1~tions. Telle est bien l'originalité profonde et l'apport essentiel de cet ouvrage impor­tant qui sait innover et sortir des sentiers battus.

Guillemette CROUZET, GenèJes du Mnye11-0rie11I. Le golfe Persique à l'âge des impérialismes, vers 18()(}.vers 1914, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2015, 67~ p. .

Cc livre suppose une immense plongée dans les sources manuscntes lais­sées par l'administration de l'Inde britannique et une ad~irable. maitri~ d'un~ très ample bibliographie. Le regard se porte sur le Golfe dit Persique mass aussi bien au-delà, proposant une histoire globale.

Cette recherche intéresse les historiens modernistes comme les contempo­ranêistes. L'auteur analyse les origines de la présence européenne dans cette ré­gion. Après avoir donné une description très évocatrice de cet espace singulier fait d'eaux. de vents, de sables. de pierres et de chaleurs, Guillemette Crouzet montre l'intrusion portugaise dès le XVl• siêc:lc à Mascate, à Ormuz. à Bahreïn et au Qatar. Les Hollandais installent aussi des comptoirs en particulier à Runder Abbas et la Compagnie des Indes, la VOC, obtient de grands avantages en Perse. Les Anglais aident le gouvernement perse à chasser les Portugais d'Onnuz et ils remplacent les Hollandais à Bunder Abbas. En 1759, en pleine guerre franco-an­glaisc, des forces françaises attaquent cette base et les bàtime?ts de .la Compa­gnie anglaise subissent de graves dommages. Les Ottomans. mstalles en Irak, finissent par intégrer Koweït, Bahrein et Qatar. .

L'auteur nous permet de comprendre la réalité complexe des populations qui s'installent sur les côtes du Golfe. Elle nous rappelle la construction de la puis­sance d'Oman qui s'unifie au XV11• siècle sous l'autorité de l'imam et s'empare de Mombasa et de Zanzibar : ainsi nait de 1624 à 1737 un empire commercial qui connait son âge d'or au début du XIX• siècle, dominant tout le pourtour nord· ouest de l'océan Indien. L'Arabie et la Perse ne sont pas oubliées dans cette large évocation historique.

Guillemette Crouzet enquête aussi sur la vision que düfêrentes époques ont eu de cette mer intérieure à travers différents témoignages.

Dès 1820 les Britanniques imposent les premiers traités aux sheikhs pré­sents sur le littoral. Ces interventions furent justifiées par la piraterie qui aurait

D'l'NF. Oll'IJlMATIF. El'ROl'f. F.NNF. A UNF. OIPLOMATIF. MONOIAl.F. 301

perturbe les échanges. l'empire britannique permettant le progrès de la civilisa­tion. Parmi les historiens qui ont contesté la réalité de celte piraterie, l'un mérite d'être cité, c'est l'actuel sultan de Charjah. Muhammad al-Qasimi pour son ou­vrage The Myth of Arab Piracy in the Gulf de 1986, " une machine de guerre contre la rhétorique impérialiste •.

Guillemette Crouzet reprend toute celte évolution historique, montrant quel fut Je contexte général de l'intervention britannique. Elle montre comment Na­poléon a cherché à frapper l'Inde en s'appuyant sur la Perse avec laquelle il siJ.,rnc le 4 mai 1807 le traité dil de Finckcnstcin. li envoie à Téhéran le génér.ù Gar· dane, caressant le projet d'une Intervention dans le Golfe Persique. Ce grand dessein n'a pas de suite mais cela conduit les Brjtanniques à lancer une opération en 1809 contre Ras el Khymah {un des actuels Emirats arabes unis). Désormais, Je golfe apparaît comme une fronticre que le Royaume-Uni veut contrôler pour protéger l'Inde. Ce livre nous permet de suivre cette vigilance qui aboutit en 1853, imposant une paix pour l'éternité, la côte des Pirates devenant celle de la Trève - on parle des Trucial States jusqu'en 1971 pour désigner les émirats du Golfe.

Laissons le lecteur découvrir les richesses de ce livre qui nous conduit jusqu'à ln veille de la Première guerre mondiale. Laissons découvrir lïtinéraire d'un Lawrence d'Arabie français, Antonin Goguyer. un intellectuel-aventurier, tra­fiquant d'armes, .. qui avait un véritable projet pour la Franc:c en Oman et dans la péninsule Arabique •.

Aujourd'hui, le développement spectaculaire de cette région suscite un inté­rêt renouvelé pour ces territoires. Grâce à ce beau livre, nous découvrons des pans importants de l'histoire du golfe. Cette étude nous offre à la fois une somme de connaissances et une source d'importantes réflexions sur un espace mal connu, au moins en France.

Éric ScHNAKENBOllRG, Entre la gue"e et la paix. Nertlralité el relations inler­nalionales, XVI/'-XVIl/1 siècles, Rennes, PUR. 2013, 375 p.

Ce livre est une somme de connaissances, d'analyses et d'idées, inscrivant une réflexion sur la neutralité dans le prolongement de toutes les études qu'Eric Schnakcnbourg a menées : clic csl à la fois très nouvelle cl clic s'appuie sur tous ses autres beaux travaux, en particulier sur la singularité des pays du nord dans les relations internationales, les ruses du commerce, les subtilités du droit des gens, autant de réalités historiques qui ont retenu l'attention de ce chercheur et qu'il exploite autour d'une notion essentielle. cruciale, universelle.

Cela exige une approche historique du concept même de neutralité sur la longue durée, ainsi que des pratiques qui lui sont liées. Eric Schnakenbourg cerne l'affirmation de la neutralité et il en montre les métamorphoses, de la neu· tralité qui est une prudence et une protection, à celle qui devient l'instrument d'une habileté et un atout international, de la neutralité temporaire à celle qui de­vient permanente.

La démarche est originale, düférente de celle des juristes et des politologues, mais clic doit tenir compte des travaux de ces savants, cc qui suppose la maitrise