Eduard Z Die Philosophie der Griechen, Leipzig 1923 (1882 ... maison de... · - Pierre BOYANC É,...

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Eduard ZELLER, Die Philosophie der Griechen, Leipzig 1923 7 (1882), p. 57 : « (…) plus nous nous éloignons de l’époque de Pythagore, plus nous voyons croître chez les auteurs tardifs les informations sur le pythagorisme, ce qui laisse supposer bien des inventions récentes. »

Transcript of Eduard Z Die Philosophie der Griechen, Leipzig 1923 (1882 ... maison de... · - Pierre BOYANC É,...

  • Eduard ZELLER, Die Philosophie der Griechen, Leipzig 19237 (1882), p. 57 :

    () plus nous nous loignons de lpoque de Pythagore, plus nous voyons crotre chez les auteurs tardifs

    les informations sur le pythagorisme, ce qui laisse supposer bien des inventions rcentes.

  • Pythagore, Dmter et les Muses Mtaponte

    1.) Cicron, Des limites des biens et des maux, V, 2, 4 :

    Scis enim me quodam tempore Metapontum uenisse tecum neque ad hospitem ante deuertisse quam Pythagorae ipsum illum

    locum, ubi uitam ediderat, sedemque uiderim.

    Tu sais bien qu lpoque o je suis venu Mtaponte avec toi, je ne suis pas all chez notre hte avant davoir vu le lieu

    mme o Pythagore avait rendu lme et o il y avait son sige.

    2.) Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 15 = Favorin (AMATO, f. 78) :

    , ,

    .

    Les Mtapontins appelaient sa maison sanctuaire de Dmter et sa ruelle sanctuaire des Muses, comme le dit Favorin dans ses

    Histoires de toute sorte.

    3.) Jamblique, Vie de Pythagore, 170 :

    () , ,

    , .

    On dit que () les Mtapontins, qui avaient encore le souvenir de Pythagore, mme aprs son poque, ont transform sa

    maison en sanctuaire de Dmter et sa ruelle en sanctuaire des Muses.

    4.) Justin, Abrg des Histoires Philippiques de Trogue Pompe, XX, 4, 17-18 :

    Pythagoras autem cum annos XX Crotone egisset, Metapontum emigrauit ibique decessit; cuius tanta admiratio fuit, ut ex

    domo eius templum facerent eumque pro deo colerent.

    Alors quil avait vcu vingt ans Crotone, Pythagore a migr Mtaponte, o il dcda ; il suscita une telle admiration que

    de sa maison on fit un temple et que lui-mme, on lhonora tel un dieu.

  • Ve s. A.C.N.

    IVe s. A.C.N.

    IIIe s. A.C.N.

    IIe s. A.C.N.

    Ie s. A.C.N.

    Ie s. P.C.N.

    IIe s. P.C.N.

    IIIe s. P.C.N.

    IVe s. P.C.N.

    - maison de Pythagore comme lieu touristique

    - maison transforme en temple et honor tel un dieu

    - maison appele sanctuaire de Dmter

    et ruelle appele sanctuaire des Muses

    - maison transforme en sanctuaire de Dmter

    et ruelle en sanctuaire des Muses

    Mtaponte

    - Cicron, de Finibus, V, 2, 4

    - Trogue Pompe rsum par Justin

    - Favorin (AMATO f. 78)

    - Diogne Larce, Vitae, VIII, 15

    - Jamblique, VP, 170

    - Justin, Epit. Hist. Phil., XX, 4, 17-18

  • Pythagore, Dmter et les Muses Crotone

    5.) Valre Maxime, Faits et dits mmorables, VIII, 15, ext. 1 :

    Opulentissimaque ciuitas tam frequenter uenerati post mortem domum Cereris sacrarium fecit ; quantumque illa urbs

    uiguit, et dea in hominis memoria et homo in deae religione cultus est.

    Cette trs riche cit (Crotone) qui lavait tant vnr, aprs sa mort, fit de sa maison un sanctuaire de Dmter ; aussi

    longtemps que cette ville fut florissante, la desse fut honore en souvenir de cet homme et lui fut honor travers le culte

    de la desse.

    6.) Porphyre, Vie de Pythagore, 4 = Time (FGrH 566 F 131) :

    () K, .

    Time raconte que () les Crotoniates ont fait de sa maison un sanctuaire Dmter et quils appelaient sa ruelle

    sanctuaire des Muses.

  • Ve s. A.C.N.

    IVe s. A.C.N.

    IIIe s. A.C.N.

    IIe s. A.C.N.

    Ie s. A.C.N.

    Ie s. P.C.N.

    IIe s. P.C.N.

    IIIe s. P.C.N.

    IVe s. P.C.N.

    - maison transforme en sanctuaire de Dmter

    et culte conjoint celui de la desse

    - maison transforme en sanctuaire de Dmter

    et ruelle appele sanctuaire des Muses

    Crotone

    - Time (FGrH 566 F 131)

    - Valre Maxime, VIII, 15, ext. 1

    - Porphyre, VP, 4

  • Ve s. A.C.N.

    IVe s. A.C.N.

    IIIe s. A.C.N.

    IIe s. A.C.N.

    Ie s. A.C.N.

    Ie s. P.C.N.

    IIe s. P.C.N.

    IIIe s. P.C.N.

    IVe s. P.C.N.

    Mtaponte

    - Cicron, de Finibus, V, 2, 4

    - Trogue Pompe rsum par Justin

    - Favorin (AMATO f. 78)

    - Diogne Larce, Vitae, VIII, 15

    - Jamblique, VP, 170

    - Justin, Epit. Hist. Phil., XX, 4, 17-18

    Crotone

    - Time (FGrH 566 F 131)

    - Valre Maxime, VIII, 15, ext. 1

    - Porphyre, VP, 4

  • Mtaponte ou Crotone ?

    Porphyre, Vie de Pythagore

    - 18-22 : Pythagore quitte Samos car la tyrannie de Polycrate lui dplat ; dpart pour lItalie ; arrive Crotone o il reoit un

    accueil enthousiaste ; dveloppement de foyers pythagoriciens travers toute la Grande Grce et la Sicile.

    - 54-58 : conjuration de Kyln de Crotone durant labsence de Pythagore Dlos ; incendie de la maison de Milon ; massacre des

    pythagoriciens de Crotone ; fuite de Pythagore Mtaponte ; jene de quarante jours et dcs dans le sanctuaire des Muses.

    Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII

    - 3 : Pythagore revient Samos quil trouve opprime par Polycrate et part alors pour Crotone.

    - 39 : Pythagore se trouve chez Milon lorsque ses opposants incendient la maison. Il parvient fuir mais refuse de traverser un

    champ de fves. Il est rattrap et gorg.

    - 40 : version de Dicarque et dHraclide : Pythagore revient de Dlos et sinstalle Mtaponte o il meurt dans le sanctuaire des

    Muses. Version dHermippos : Pythagore meurt durant un combat entre les Agrigentins et les Syracusains.

    Jamblique, Vie de Pythagore

    - 28-35 : Pythagore pressent la tournure que va prendre la tyrannie de Polycrate et dcide de quitter Samos pour lItalie ; arrive

    Crotone o il connat vite le succs et sa doctrine se rpand travers toute la Grande Grce et la Sicile.

    - 248-253 : conjuration de Kyln de Crotone durant labsence de Pythagore Dlos ; fuite de Pythagore Mtaponte ;

    rvolte anti-pythagoricienne et incendie de la maison de Milon.

    Diodore de Sicile, Bibliothque historique

    - X, 11 : conjuration de Kyln de Crotone durant labsence de Pythagore Dlos ; rvolte anti-pythagoricienne.

    - XII, 9-10 : avec lappui du peuple, Tlys pousse lexil toute laristocratie de Sybaris qui se rfugie Crotone ; Tlys exige de

    Crotone lextradition de ces rfugis et la menace de lui dclarer la guerre ; Pythagore conseille laristocratie de Crotone de

    soutenir les rfugis ; Crotone, mene par Milon, dtruit Sybaris et massacre ses habitants.

  • Mtaponte ou Crotone ?

    ca 570 : naissance de Pythagore Samos

    ca 550-530 : voyages initiatiques de Pythagore (Dlos, Eleusis, Delphes, Thrace, Egypte, Phnicie, Chalde, Inde, )

    ca 540-520 : tyrannie de Polycrate Samos qui dplat Pythagore

    ca 530 : arrive de Pythagore Crotone o il est accueilli par Milon

    construction du sanctuaire des Muses de Crotone (=> sanctuaire antrieur la mort de Pythagore)

    la maison de Milon devient le sige des pythagoriciens

    diffusion du pythagorisme (Sybaris, Mtaponte, Locres, Tarente, Rhegion, Syracuse, Tauromenion, Agrigente, )

    ca 510 : rvolte de Tlys Sybaris et campagne militaire de Crotone contre Sybaris mene par Milon

    ca 500 : rvolte de Kyln Crotone, incendie de la maison de Milon (dj mort ?)

    exil de Pythagore Mtaponte, dans le sanctuaire des Muses (=> sanctuaire antrieur la mort de Pythagore)

    ca 480 : mort de Pythagore Mtaponte (dans le sanctuaire des Muses ?)

    survivance des pythagoriciens essentiellement Tarente, Locres et Rhegion

    ca 470-430 : Empdocle enseigne la doctrine pythagoricienne Agrigente

    ca 450-400 : Philolaos la tte de lcole pythagoricienne de Crotone

    ca 450-410 : rvoltes dmocratiques anti-pythagoriciennes travers toute lItalie mridionale

    runion des derniers pythagoriciens anciens Tarente

    ca 430-350 : Archytas de Tarente, le dernier pythagoricien ancien , ami de Platon

    Christoph RIEDWEG, Pythagoras. His Life, Teaching and Influence, Ithaca 2008, pp. 5-20, 135-137

    (= Pythagoras: Leben, Lehre, Nachwirkung. Eine Einfhrung, Mnchen 2002).

  • Itinraire de Pythagore :

    Samos - Crotone (ca 530)

    Crotone [et/ou Dlos] - Mtaponte (ca 500)

    Principaux centres pythagoriciens :

    Crotone, Sybaris, Mtaponte, Tarente, Locres,

    Rhegion, Syracuse, Agrigente

    Tarente

    Sybaris

    Crotone

    Locres

    Agrigente

    Syracuse

  • Mtaponte ou Crotone ?

    Confusion entre Mtaponte et Crotone chez Valre Maxime, chez Porphyre et chez leur(s) source(s) ?

    - FGrH III-Kommentar, p. 589 (Time 566 F 131)

    - Pierre BOYANC, Le culte des Muses chez les philosophes grecs, Paris 1937, pp. 233-247.

    (Ne mentionne pas le passage de Valre Maxime !)

    - George VALLET, Le stenopos des Muses Mtaponte in Mlanges de philosophie, de littrature et d'histoire ancienne

    offerts Pierre Boyanc, Roma 1974, pp. 749-759.

    - Leonid ZHMUD, Pythagoras and the Early Pythagoreans, Oxford 2012 (1994), p. 145.

    Quid des rapports entre Pythagore et Dmter ?

    Aucune vestige archologique de btiment li au culte de Dmter na t dcouvert ni Crotone, ni Mtaponte

    Mais la prsence de Dmter Mtaponte est bien atteste (cfr infra), elle est plus floue Crotone

  • Pythagore et les Muses

    7.) Platon, Time, 47d :

    , ,

    ,

    .

    Lharmonie, dont les mouvements sont apparents aux rvolutions de lme qui est en nous, a t donne par les Muses

    celui qui a affaire ces Muses grce lesprit, non pas pour en retirer un plaisir dpourvu de sens comme cela semble

    maintenant en tre lutilit, mais pour y trouver de laide la remise en ordre et lauto-harmonisation de la rvolution

    discordante de lme qui est en nous.

    8.) Porphyre, Vie de Pythagore, 31 :

    .

    Et donc les voix des sept plantes, celle de la plante des choses fixes (la Terre) et encore celle de la plante au-del de la

    ntre, celle quon appelle l antiterre , il affirmait quelles taient les neuf Muses.

    9.) Jamblique, Vie de Pythagore, 45 :

    , .

    , , , , ,

    .

    Ce quil leur (aux Crotoniates) conseilla en premier lieu, ce fut de construire un sanctuaire aux Muses, de sorte quelles

    entretiennent la concorde qui rgnait dj entre eux. En effet, ces divinits ont toutes le mme nom, elles sont

    traditionnellement associes et elles se rjouissent au plus haut point des honneurs quelles reoivent en commun.

    Le chur des Muses forme toujours un ensemble unique et complet. De plus, elles embrassent lharmonie, le rythme et

    tout ce qui produit la concorde.

  • Pythagore et Apollon Gntr

    10.) Plutarque, Des oracles de la Pythie, 16 (p. 402 A) :

    ,

    , .

    Moi, japprouve les habitants de Myrina et ceux dApollonie qui ont envoy ici ( Delphes), des moissons en or ;

    japprouve encore plus ceux dErtrie et de Magnsie qui ont offert les prmices de leur peuple au dieu, comme

    dispensateur de fruits, comme dieu pre, comme producteur et comme ami des hommes.

    11.) Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 13 :

    , ,

    ' , ,

    .

    Quoi quil en soit, il ne se prosternait que devant lautel dApollon Gntr, celui qui est derrire lAutel de Cornes, parce

    quon y dposait uniquement du froment, de lorge et des gteaux, sans utiliser de feu et sans sacrifier de victimes, comme

    le dit Aristote dans la Constitution de Dlos.

    12.) Jamblique, Vie de Pythagore, 25 :

    .

    On dit qu la mme poque (celle des voyages prcdant son retour Samos), il suscita ladmiration Dlos pour stre

    rendu lautel, rput immacul de sang, dApollon Gntr et quil avait honor ce dieu.

  • Le rgime alimentaire pythagoricien

    13.) Ovide, Mtamorphoses, XV, 75-93 :

    Parcite, mortales, dapibus temerare nefandis corpora. Sunt fruges, sunt deducentia ramos pondere poma suo tumidaeque in

    uitibus uuae ; sunt herbae dulces, sunt quae mitescere flamma mollirique queant () prodiga diuitas alimentaque mitia

    tellus suggerit atque epulas sine caede et sanguine praebet () Scilicet in tantis opibus, quas optima matrum terra parit,

    nil te nisi tristia mandere saeuo uulnera dente iuuat ritusque referre Cyclopum ?

    Evitez, mortels, de souiller vos corps par des aliments nuisibles. Il y a des crales, il y a des fruits dont le poids fait

    ployer les branches et des raisins juteux dans les vignes. Il y a des lgumes dlicieux, il y en a qui deviennent doux et

    tendres la cuisson () Prodigue de richesses, la terre fournit des aliments savoureux et offre des repas sans meurtre et

    sans sang () Est-il possible que, parmi tant de richesses que procure la terre, la meilleure des mres, rien dautre ne te

    rjouisse que de mcher dune dent cruelle de pauvres chairs meurtries et den revenir aux manires des Cyclopes ?

    14.) Plutarque, Banquet des Sept Sages, 14 (p. 157 D) :

    ,

    .

    En effet, la mauve est bonne manger et la tige (dasphodle) est douce. Je crois savoir que ces coupe-faim et ces

    coupe-soif sont davantage des remdes que des nourritures ; elles contiennent du miel, un certain fromage tranger et

    une grande quantit de graines difficiles se procurer.

    15.) Porphyre, Vie de Pythagore, 34-35 :

    ,

    () .

    Trs souvent, quand il pntrait dans des sanctuaires de dieux et quil comptait y sjourner un certain temps,

    il consommait des aliments coupe-faim et coupe-soif (ingrdients des : graines de pavot, ssame, corce de

    scille, tige dasphodle, feuilles de mauve, orge ; ingrdients des : concombre, raisin, coriandre, mauve, fromage,

    farine de bl, lait et miel). Il disait que ces recettes, Hrakls les avait apprises de Dmter alors quil se prparait

    traverser le dsert de Libye.

  • Pierre Paul Rubens, Pythagore prconisant le vgtarisme, 1618-1620, Hampton Court Palace.

  • Le rgime alimentaire pythagoricien et les animaux sacrifis

    16.) Ovide, Mtamorphoses, XV, 111-115 :

    Longius inde nefas abiit et prima putatur hostia sus meruisse mori, quia semina pando eruerit rostro spemque interceperit

    anni. Uite caper morsa Bacchi mactatus ad aras dicitur ultoris ; nocuit sua culpa duobus.

    partir de l, le sacrilge est all plus loin et la premire victime quon estima mriter de mourir fut le porc parce quil

    avait dterr des semences de son groin retrouss et avait ruin lespoir dune anne. On raconte que le bouc, pour avoir

    mang la vigne, fut sacrifi sur lautel de Bacchus qui rclamait vengeance. Tous deux se sont rendus nuisibles par leur

    faute.

    Episode dIkarios sacrifiant le bouc qui a mang la vigne dont Dionysos vient de lui faire don :

    Varron, De lagriculture, I, 2, 19 ; Virgile, Gorgiques, II, 379-380 ; Hygin, Fable 130 ; Porphyre, De labstinence, II, 10.

    17.) Hygin, Fable 277, 4 :

    Ceres boues domare et alumno suo Triptolemo fruges serere demonstrauit ; qui cum seuisset et sus, id est porcus, quod

    seuerat effodisset, suem comprehendit et duxit ad aram Cereris, et frugibus super caput eius posistis eidem Cereri

    immolauit. Inde primum inuentum est super hostias molam salsam imponere.

    Dmter a montr comment dompter les bufs et Triptolme, son protg, elle a enseign comment semer les crales.

    Alors quil venait de semer et quun porc avait dterr ce quil avait sem, il a attrap ce porc, la conduit lautel de

    Dmter et aprs avoir dpos les grains sur sa tte, il la sacrifi Dmter. Cest de l que vient la pratique de dposer

    la mola salsa sur la tte des victimes.

    18.) Plutarque, Propos de table, VIII, 8 (Pourquoi les pythagoriciens ne mangent pas de poisson), 3 (p. 730 B) :

    , .

    Car, ce quil me semble, on ne dit pas dun rouget quil est un brouteur de moisson , ni dun scare quil est un

    mangeur de rcolte , ni des mulets ou des loups de mer quils sont des piqueurs de grains , comme nous appelons les

    animaux terrestres de manire accusatrice.

  • Le rgime alimentaire pythagoricien et les animaux sacrifis

    19.) Porphyre, Vie de Pythagore, 36 :

    , ,

    ' , . ,

    , .

    Lorsquil accomplissait un sacrifice, il nirritait pas les dieux ; il se les rendait propices en leur offrant de la farine, des

    galettes, de lencens, des couronnes de myrte mais jamais dtres vivants, sauf si, quelques occasions, il leur offrait des

    poules et de tout jeunes porcelets. Il sacrifia un jour un buf en pte de farine, comme le disent les auteurs les plus prcis,

    quand il a dcouvert que le carr de lhypotnuse dun triangle rectangle est gal la somme de (ceux de) ses cts.

    20.) Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 12 :

    ,

    .

    Apollodore le logicien raconte quil a offert une hcatombe lorsquil a dcouvert que (le carr de) lhypotnuse du triangle

    rectangle est gal la somme (de ceux) de ses cts.

    21.) Plutarque, Propos de table, VIII, 8 (Pourquoi les pythagoriciens ne mangent pas de poisson), 1 (p. 728 D) :

    K ,

    .

    Cest ce quon raconte propos des anciens pythagoriciens et parmi les disciples dAlexicrats, notre contemporain, il y en a

    qui mangent dautres tres vivants avec modration et, par Zeus, il y en a mme qui en sacrifient.

    22.) Jamblique, Vie de Pythagore, 98 :

    . .

    Ils buvaient du vin et mangeaient des galettes, du pain et son assaisonnement, des lgumes, bouillis ou crus. On leur prsentait

    aussi de la viande de victimes propres aux sacrifices.

    Marcel DETIENNE, La cuisine de Pythagore, Archives des sciences sociales des religions 29 (1970), pp. 141-162.

  • La descente aux Enfers de Pythagore

    23.) Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 41 = Hermippos (FGrH 1026 F 24) :

    .

    , .

    .

    .

    .

    Hermippos raconte une autre anecdote propos de Pythagore. Il dit que lorsquil tait en Italie, il stait fabriqu un abri sous

    terre et il avait demand sa mre dcrire sur une tablette tout ce qui se passerait, en dtails et avec des dates, puis de la lui

    confier une fois quil remonterait. Sa mre sexcuta. Pythagore remonta aprs quelques temps, amaigri et squelettique. Il se

    prsenta lassemble et dclara quil revenait de lHads. Il leur lut alors ce qui tait arriv. Troubls par ce quil disait, les

    spectateurs se mirent pleurer et ils taient convaincus que Pythagore tait une sorte de dieu.

    Walter BURKERT, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon, Nrnberg 1962, p. 139 :

    Pythagoras mu ber Todesflle Nachricht erhalten, damit er die entsprechenden Hadesszenen glaubhaft ausmalen kann;

    doch wieso die >Mutter< als Mitwisserin und Helferin? Da Pythagoras seine Mutter nach Kroton mitgenommen htte, ist ein

    ganz unwahrscheinlicher Gedanke und auch nie berliefert. Offenbar liegt Rationalisierung von etwas ganz anderem vor:

    Pythagoras bringt, Auftrge der >Mutter

  • La descente aux Enfers de Pythagore

    Leonid ZHMUD, Pythagoras and the Early Pythagoreans, Oxford 2012 (1994), p. 218 :

    Burkerts reconstruction in which Pythagoras mother, , is turned into , and Pythagoras himself into a

    hierophant in the cult of Demeter, is as unconvincing as it is superfluous. One could equally well show Pythagoras to be

    the hierophant in a chthonic cult in the bases of Aristophons comic verse; his Pythagorists, after all, take part in a feast

    (no doubt a ritual feast) with non other than Pluto!

    25.) Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 38

    = Aristophon, Le Pythagoricien (Poetae Comici Graeci IV Aristophon f. 12) :

    ,

    ' .

    Aristophon, dans le Pythagoricien, raconte quil (Pythagore) disait tre descendu aux Enfers observer la manire de vivre

    de chacun de ses rsidents et que celle des pythagoriciens diffrait beaucoup de celle des autres morts ; il disait que

    Ploutn ne partageait sa table quavec eux du fait de leur pit.

    26.) Diogne Larce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, VIII, 21

    = Hironymos de Rhodes (WEHRLI f. 42) :

    ,

    .

    Hironymos raconte quil (Pythagore) tait descendu dans lHads et quil y a vu lme dHsiode, se lamentant, attache

    une colonnette de bronze ainsi que celle dHomre, pendue un arbre, entoure de serpents, punies pour ce quils

    avaient dit au sujet des dieux.

  • Une Dmter dmocratique en opposition Pythagore aristocratique ?

    27.) Polybe, Histoires, II, 39 :

    K

    , , ,

    ,

    () ,

    .

    Au moment o, dans la partie de l'Italie qu'on appelait alors la Grande Grce, les collges des pythagoriciens furent

    incendis, ce qui provoqua une agitation gnrale de lordre public puisque, dans la foule, les premiers citoyens de

    chaque cit avaient pri de manire imprvue, les cits grecques de chaque rgion taient remplies de meurtres, de

    rvoltes et de troubles en tout genre () Ils (les Achens) y ont renonc (aux institutions achennes qui avaient permis de

    sortir de cette priode de crise), non par choix mais par contrainte, cause de la domination de Denys de Syracuse et

    aussi cause du dveloppement du pouvoir des populations barbares qui les entouraient.

    ca 510 : rvolte de Tlys Sybaris et campagne militaire de Crotone contre Sybaris mene par Milon

    ca 500 : rvolte de Kyln Crotone, incendie de la maison de Milon (dj mort ?)

    exil de Pythagore Mtaponte

    ca 480 : mort de Pythagore Mtaponte, dans le sanctuaire des Muses

    survivance des pythagoriciens essentiellement Tarente, Locres et Rhegion

    ca 450-410 : rvoltes dmocratiques anti-pythagoriciennes travers toute lItalie mridionale

    runion des derniers pythagoriciens anciens Tarente

    ca 430-350 : Archytas de Tarente, le dernier pythagoricien ancien , ami de Platon

  • Une Dmter dmocratique en opposition Pythagore aristocratique ?

    Hlne PIERRE, Le culte de Dmter en Italie du Sud, thse indite, Toulouse 2007, vol. II, pp. 605-606 :

    Le message vhicul par la lgende de la transformation de la maison de Pythagore en temple de Dmter est assez

    confus. Il pourrait tre compris comme une sorte dhommage rendu Dmter, desse qui aurait t proche des

    conceptions religieuses et politiques des pythagoriciens. moins quil ne sagisse, au contraire, dune faon dvoquer la

    chute de loligarchie pythagoricienne et le dbut dun nouveau rgime, dmocratique celui-ci, avec Dmter comme

    divinit reprsentative.

    Le monnayage de Mtaponte nous claire particulirement sur ce point. Le visage de Dmter y apparat vers 430 av. J.-C.

    Son apparition se manifeste de deux manires : dune part, Dmter se substitue Apollon, largement figur sur le revers

    des monnaies depuis 480 av. J.-C. ; dautre part, alors que lpi se trouvait sur lavers et Apollon sur le revers,

    lintroduction de Dmter concide avec le passage de lpi au revers et de la divinit sur lavers, l o tait solidement

    ancr le symbole de la cit depuis le milieu du VIe sicle ().

    Mtaponte, la position politique de Pythagore, favorable lordre et la hirarchie, lui valut le soutien des aristocraties

    locales mais, comme prcdemment Crotone, les rvolutions dmocratiques du milieu du Ve sicle achevrent de

    dtruire le groupe pythagoricien, chassant les derniers disciples vers Tarente. Les dmocrates ont alors propos une

    alternative de pouvoir aux classes pauvres. Ainsi, face Apollon, garant de lordre et de lharmonie sociale, divinit

    conservatrice des aristocrates et des pythagoriciens, la figure de Dmter aurait merg et pris de limportance ().

    La transformation de la demeure de Pythagore en temple de Dmter est surtout rvlatrice dun changement profond des

    mentalits.

  • Une Dmter dmocratique en opposition Pythagore aristocratique ?

    Le monnayage de Mtaponte

    Phase I : milieu du VIe sicle - milieu du Ve sicle A.C.N. :

    Monnaies incuses avec pi de bl comme symbole de la cit

    => avers = face en relief / revers = lautre face

    Phase II : seconde moiti du Ve sicle A.C.N. :

    Monnaie double relief

    Avers : lpi, symbole de la cit

    Revers : figure en pied dAcheloos, dApollon ou dHrakls

    Phase III : premire moiti du IVe sicle A.C.N. :

    Monnaie double relief

    Avers : tte de Dmter, dApollon, de Dionysos, de Zeus ou dHrakls

    Revers : lpi, symbole de la cit

    Pythagore aurait jou un rle dans lintroduction de la monnaie dans les cits achennes (Crotone, Mtaponte, Sybaris)

    On lui attribue linvention de la monnaie incuse (qui cesse dtre produite autour de 450-440)

    Barclay V. HEAD, Historia Numorum. A Manual of Greek Numismatics, Oxford 1967 (1911), pp. 75-80.

    Sylloge Nummorum Graecorum, Lucania, New York, 1972, pl. 4-16, n 158-603.

    Attilio STAZIO, Osservazioni sulla monetazione di Metaponto, Atti di Taranto XIII (1973), Napoli 1974, pp. 67-106.

    Sydney P. NOE & Ann JOHNSTON, The Coinage of Metapontum, 3 vol., New York 1984-1990.

  • Statre dargent, incuse, ca 540-510 A.C.N. Statre dargent, incuse, ca 500-470 A.C.N.

    Statre dargent, double relief : pi / Acheloos

    ca 440 A.C.N.

    Statre dargent, double relief : pi / Apollon

    ca 440 A.C.N.

    Statre dargent, double relief : pi / Hrakls

    ca 440 A.C.N.

  • ca 400-390 ca 420-400

    ca 400-390 ca 400-350

    ca 400-350 ca 350-340

  • Statre dargent, double relief : Hrakls / pi

    ca 350-340 A.C.N.

    Statre dargent, double relief : Zeus / pi

    ca 350-340 A.C.N.

    Statre dargent, double relief : Dionysos / pi

    ca 350-340 A.C.N.

  • Une autre maison transforme en sanctuaire de Dmter ?

    28.) Pausanias, Prigse, IX, 16, 5 :

    .

    On dit que le sanctuaire de Dmter Thesmophore fut un jour la maison de Cadmos et de ses descendants. On y trouve

    une statue de Dmter visible jusqu la poitrine.