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Inhaltsverzeichnis 01.09.2016Martin Bodmer-Stiftungfür einen Gottfried Keller-PreisUtoquai 55Postfach 14258032 Zürich

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18.08.2016 letemps.ch Keine Angabe 1L ’ incroyable histoire d ’ un roman écrit à dix - huit

27.08.2016 24 Heures Gesamt 61'117 4A ne pas manquer

27.08.2016 Tribune de Genève 41'213 5A ne pas manquer

25.08.2016 L'Impartial 11'049 6La famille ou le monde et sa violence

16.08.2016 Tribune de Genève 41'213 9De Marchi lauréat

19.08.2016 Le Courrier Genève 7'550 10L'AJAR ou la littérature délivrée

17.08.2016 Tribune de Genève 41'213 12A dix-huit pour écrire un roman

20.08.2016 Le Temps 36'802 13L'incroyable histoire d'un roman écrit à 18

20.08.2016 Le Temps 36'802 18Si la rentrée littéraire n’avait pas lieu

20.08.2016 24 Heures Lausanne 29'304 19En Suisse romande

20.08.2016 24 Heures Régions 31'813 20En Suisse romande

20.08.2016 Urner Wochenblatt 9'586 21Literatur

25.08.2016 L'Impartial 11'049 22Une auteure plus vraie que nature

25.08.2016 L'Hebdo / Payot Sélection 39'766 23Vivre près des tilleuls

27.08.2016 La Liberté 39'351 24L’AJAR, OU LA LITTÉRATURE DÉLIVRÉE

15.08.2016 rsi.ch Keine Angabe 28Il Keller a Pietro De Marchi

ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15 CH-8027 Zürich Tel. +41(44) 388 82 00 Mail [email protected] www.argus.ch

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27.08.2016 La Liberté 39'351 29GENIE COLLECTIF

15.08.2016 bluewin.ch Keine Angabe 30Pietro De Marchi vince il premio Keller

15.08.2016 tvsvizzera.it Keine Angabe 31News

15.08.2016 rsi.ch Keine Angabe 32Pietro De Marchi vince il premio Keller

15.08.2016 bluewin.ch Keine Angabe 33De Marchi vince premio Gottfried Keller

15.08.2016 google.ch Keine Angabe 34Literaturpreis geht ins Tessin: Gottfried-Keller-Preis an Pietro de Marchi

15.08.2016 20minuti.ch siehe Gesamt 35Premio Gottfried Keller a Pietro De Marchi

15.08.2016 tio.ch Keine Angabe 36Premio Gottfried Keller a Pietro De Marchi

15.08.2016 swissinfo.ch Keine Angabe 37Pietro De Marchi vince il premio Gottfried Keller 2016

17.08.2016 letemps.ch Keine Angabe 38L’incroyable histoire d’un roman écrit à dix-huit

19.08.2016 lecourrier.ch Keine Angabe 41FRAGMENTS AUTOUR DE L’ABSENCE

19.08.2016 letemps.ch Keine Angabe 42Si la rentrée littéraire n ’ avait pas lieu

25.08.2016 arcinfo.ch Keine Angabe 44Une auteure plus vraie que nature

31.08.2016 Corriere degli Italiani 12'000 45Pietro De Marchi vince il premio Gottfried Keller

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Datum: 18.08.2016

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Soudés par l ’ amitié, à peine trentenaires pour la plupart, les membres de l ’ association AJAR se sontrencontrés dans des prix littéraires ou à l ’ université.

Livres

Lisbeth Koutchoumoff Publié jeudi 18 août 2016 à 11:09.

Littérature

L ’ incroyable histoire d ’ un roman écrit à dix - huit

L ’ AJAR, collectif de jeunes écrivains romands, publie « Vivre près des tilleuls » chez Flammarion. Ou quandla fiction dépasse la réalité et vice versa

« Vivre près des tilleuls » : sous ce titre placide se cache l ’ histoire éditoriale la plus détonante de cetterentrée littéraire. Elle réunit les ingrédients d ’ un cocktail peu habituel: talent, force du collectif, canular,histoire littéraire, fiction et réalité. « Vivre près des tilleuls » n ’ a pas été écrit par un auteur mais par dix - huit,tous membres du collectif AJAR qui réunit des jeunes auteurs suisses romands.

Rien que cela suffirait à susciter la curiosité. Mais ce n ’ est pas tout. Entrent aussi en scène des fantômesplus ou moins illustres. Celui d ’ Esther Montandon, une romancière de La Chaux - de - Fonds, inventée detoutes pièces; et celui de Romain Gary, l ’ auteur des « Promesses de l ’ aube » et des « Racines du ciel » ,seul écrivain à avoir reçu deux prix Goncourt. Un festival québécois et une éditrice parisienne, familière desjeux littéraires, ont tenu aussi leur part. « Vivre près des tilleuls » paraît aujourd ’ hui aux Editions Flammarion.Dix - huit auteurs assistent, sereins, un peu ébahis, au triomphe de la fiction, qui façonne et nourrit le réel.Voici cette histoire.

Clin d ’ œ il

Nous sommes en 2014. Depuis deux ans, les membres de l ’ AJAR se réunissent pour écrire en groupe:lectures, performances, balades littéraires, etc. L ’ écriture n ’ est pas qu ’ une pratique solitaire, elle est aussiun art vivant et collectif, tel est le motto. Soudés par l ’ amitié, à peine trentenaires pour la plupart, lesmembres de l ’ association se sont rencontrés dans des prix littéraires ou à l ’ université. Chacun l ’expérimente très vite: écrire en groupe encourage et stimule les projets personnels que les membrespoursuivent ailleurs. Nombreux sont ceux qui ont déjà ou qui vont publier faisant du groupe un vivier

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https://www.letemps.ch/culture/2016/08/18/lincroyable-histoire-dun-roman-ecrit-dixhuit


Datum: 18.08.2016

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exceptionnel de talents. Ils aiment aussi l ’ acronyme de leur association, AJAR, clin d ’ œ il à l ’ écrivainRomain Gary « aussi potache que nous » et à son célèbre double, Emile Ajar.

Double canular

En 2014 donc, le festival « Québec en toutes lettres » lance un appel aux projets sur le thème « Doubles etpseudos » : quand on s ’ appelle AJAR, on ne peut que répondre présent à ce type d ’ invitation. « Nousavions imaginé un double canular. Au travers d ’ une exposition, on racontait comment on avait secoué lemilieu littéraire suisse en inventant un faux roman inédit de la grande romancière romande, EstherMontandon. Une fois sur place, à la fin du festival, on révélait au public que le canular en cachait un autre, àsavoir qu ’ Esther Montandon n ’ existait pas » , explique Guy Chevalley, membre de l ’ AJAR.

L'association AJAR s'inspire de l'écrivain Romain Gary, qui a publié son roman « La vie devant soi » sous lepseudonyme d'Emile Ajar. AFP ARCHIVES

Pour paraître crédible et donner du corps à Esther Montandon, l ’ écrivaine fictive, l ’ AJAR invente lesméandres d ’ une biographie, une œ uvre, admirée dans les années 1960 puis étrangement interrompue, unepage Wikipédia, de vrais - faux articles de presse. Cela ne suffit pas, ils le savent. Il faut arriver au Québecavec des livres d ’ Esther Montandon. Il s ’ agit donc d ’ écrire le pseudoroman inédit, « Vivre près des tilleuls» .

Un silence ému

Une nuit d ’ été, à la campagne, ils s ’ y mettent. L ’ épisode est bien raconté dans la postface du roman: «Nous nous étions donné rendez - vous pour écrire un roman en une nuit; l ’ idée nous amusait et nouseffrayait. Une auteure allait prendre vie sous nos yeux. » Et c ’ est effectivement ce qu ’ il s ’ est passé. « Nosordinateurs ouverts devant nous, un silence s ’ est installé, concentré, ému, que nous n ’ avions pas prévu. »





Datum: 18.08.2016

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« Vivre près des tilleuls » se présente comme un journal de deuil, celui qu ’ Esther Montandon a vécu après lamort accidentelle de sa fille de quatre ans. C ’ est ce drame qui l ’ a conduite au silence. En 63 brèvesséquences, comme autant de bribes ou d ’ éclairs arrachés au chagrin, Esther Montandon raconte, à lapremière personne, sa grossesse, tant attendue; la venue au monde de Louise, ses premières années puis l ’accident, la sidération, la vie qui se fige comme sous l ’ effet du gel. Le manque, violent: « Personne ne m ’avait expliqué le vide au creux des entrailles, le vrombissement dans le cerveau, le tremblement des mains.» Et puis le lent dégel, comme le bruit, profond encore, d ’ un ruisseau qui perce, quelque part, vers « l ’aberrante » vie d ’ après.





Datum: 27.08.2016

Gesamt/Le livre sur le quais

Tamedia Publications Romandes1001 Lausanne021/ 349 44 44

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Argus Ref.: 62566058Ausschnitt Seite: 1/1

A ne pas manquer

Elisa Shua Dusapin Avec Hiver à Solccho, elleraconte la rencontre entre une jeune Franco-Coréenne et un auteur de BD venu chercherl'inspiration. Délicat comme la neige surl'écume, un univers original d'une richesse rare(Ed. Zoé). Sa, 15h (Couronne), di, 15h (Sainte-Jeanne)

Jean-François Haas L'homme qui voulutacheter une ville est son cinquième roman.Pendant quelques heures, alors qu'ils sontrassemblés pour l'enterrement de «notreami», le passé commun de tout un grouped'amis resurgit dans l'esprit et la conversationde chacun (Ed. du Seuil). Sa, 11h (Couronne)

Pascale Kramer a publié neuf romans dontL'implacable brutalité du réveil (Prix Schiller).Avec Autopsie d'un père, elle met en scèneAnia qui apprend que son père s'est suicidéaprès une rencontre avortée (Ed. Flamma-rion). Di, 9h40 (croisière Genève), 15h (Casino)

Anne-Frédérique Rochat L'autre Edgar estson cinquième roman. Qu'est-ce que cela faitd'hériter du prénom d'un mort, d'être le rem-plaçant? Le cadet porte le même nom que sonaîné, décédé de mort blanche. Il va tenter dese débarrasser de ce fantôme qui le hante (Ed.Luce Wilquin). Sa, 15h30 (croisière), di, 16h (Boule)

Thomas Sandoz a publié Même en terre, cou-ronné par le Prix Schiller. Dans Croix de bois,croix de fer, le narrateur, lors d'un colloqueen hommage à son frère missionnaire, se re-mémore les lumières et les orages de leurjeunesse (Ed. Grasset). Di, 11h (Château)

L'AJAR vit prèsdes tilleulsL'AJAR - Association de jeu-nes auteur(e)s romandes etromands - s'est constituée le28 janvier 2012 à Genève. Lejournaliste et écrivain Jean-Louis Kuffer saluait ce collec-tif enthousiaste «dont le siglerappelle un fameux pseudo-nyme littéraire, Emile Ajar,longtemps double mysté-rieux de Romain Gary». Il ter-minait sa présentation avecune phrase de circonstance:«La vie devant soi.»Composé d'Arthur Brügger,Guy Chevalley, ClémentineGlerum, Elodie Glerum, Ju-lier Guinand, Nicolas Lam-bert, Julie Mayoraz, SébastienMeier, Bruno Pellegrino, Ma-non Reith, Matthieu Ruf,Noémi Schaub, LydiaSchenk, Aude Seigne, Anne-Sophie Subilia, Daniel Vua-taz, Fanny Wobmann, Vin-cent Yersin, l'AJAR multiplieles interventions et publieson premier roman, Vivreprès des tilleuls (Ed Flamma-rion) dans lequel il retrouvela romancière suisse fictiveEsther Montandon. LsG1

Ve, 17h30 (Alexis Forel)Sa, 13h30 (Trois P'tits Tours)

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Datum: 27.08.2016

Le livre sur les quais

Tribune de Genève 1211 Genève 11022/ 322 40 00www.tdg.ch

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A ne pas manquer L'AJAR vit prèsdes tilleuls

Elisa Shua Dusapin Avec Hiver à Sokcho, elleraconte la rencontre entre une jeune Franco-Coréenne et un auteur de BD venu chercherl'inspiration. Délicat comme la neige surl'écume, un univers original d'une richesse rare(Ed. Zoé). Sa, 15h (Couronne), di, 15h (Sainte-Jeanne)

Jean-François Haas L'homme qui voulutacheter une ville est son cinquième roman.Pendant quelques heures, alors qu'ils sontrassemblés pour l'enterrement de «notreami», le passé commun de tout un grouped'amis resurgit dans l'esprit et la conversationde chacun (Ed. du Seuil). Sa, 11h (Couronne)

Pascale Kramer a publié neuf romans dontL'implacable brutalité du réveil (Prix Schiller).Avec Autopsie d'un père, elle met en scèneAnia qui apprend que son père s'est suicidéaprès une rencontre avortée (Ed. Flamma-rion). Di, 9h40 (croisière Genève), 15h (Casino)

Anne-Frédérique Rochat L'autre Edgar estson cinquième roman. Qu'est-ce que cela faitd'hériter du prénom d'un mort, d'être le rem-plaçant? Le cadet porte le même nom que sonaîné, décédé de mort blanche. Il va tenter dese débarrasser de ce fantôme qui le hante (Ed.Luce Wilquin). Sa, 15h30 (croisière), di, 16h (Boule)

Thomas Sandoz a publié Même en terre, cou-ronné par le Prix Schiller. Dans Croix de bois,croix de fer, le narrateur, lors d'un colloqueen hommage à son frère missionnaire, se re-mémore les lumières et les orages de leurjeunesse (Ed. Grasset). Di, 11h (Château)

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L'AJAR - Association de jeu-nes auteur(e)s romandes etromands - s'est constituée le28 janvier 2012 à Genève. Lejournaliste et écrivain Jean-Louis Kuffer saluait ce collec-tif enthousiaste «dont le siglerappelle un fameux pseudo-nyme littéraire, Emile Ajar,longtemps double mysté-rieux de Romain Gary». Il ter-minait sa présentation avecune phrase de circonstance:«La vie devant soi.»Composé d'Arthur Brügger,Guy Chevalley, ClémentineGlerum, Elodie Glerum, Ju-lier Guinand, Nicolas Lam-bertjulie Mayoraz, SébastienMeier, Bruno Pellegrino, Ma-non Reith, Matthieu Ruf,Noémi Schaub, LydiaSchenk, Aude Seigne, Anne-Sophie Subilia, Daniel Vua-taz, Fanny Wobmann, Vin-cent Yersin, l'AJAR multiplieles interventions et publieson premier roman, Vivreprès des tilleuls (Ed. Flamma-rion) dans lequel il retrouvela romancière suisse fictiveEsther Montandon. LsQ

Ve, 17h30 (Alexis Forel)Sa, 13h30 (Trois P'tits Tours)

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Datum: 25.08.2016

L'Impartial2001 Neuchâtel032/ 910 20 01www.limpartial.ch

Medienart: PrintMedientyp: Tages- und WochenpresseAuflage: 11'049Erscheinungsweise: 6x wöchentlich





LITTÉRATURE La rentrée, c'est ce moment excitant où l'on découvre beaucoup de nouveautéset où commencent déjà les prévisions des prix d'automne. Petite sélection.

ou le monde et sa violenceAvec 560 romans, la rentrée littéraire 2016 est un bon millésime. DR

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Datum: 25.08.2016







Nombre commenté chaque an-née, celui des romans de la ren-trée varie mais reste impression-nant. 560, c'est 29 de moins qu'en2015, mais c'est tout de mêmeconsidérable. Peut-on parler detendance dans cet amas hétéro-clite? Si beaucoup parlent de filia-tion, de la famille, et de sa décons-truction, comme cinq romans ci-dessous, de nombreux autres sontempreints de l'actualité et de saviolence. Chez Gallimard, KarineTuil parle de la guerre dans un ro-man très fort, et Laurent Gaudeaussi. Mais parmi les incontour-nables, Amélie Nothomb fait cequi lui plaît, l'Américain JimHarrison nous raconte sa vie dansun livre posthume. Voici six ro-mans qui nous ont plu ou dontvous entendrez parler.

Ancré à Lausanne en 1982, l'an-née où la France dépénalise l'ho-mosexualité, le deuxième romande Marianne Brun raconte l'his-toire d'une fillette enlevée à sonpère par sa mère hystérique, et hé-bergée par Riton, son oncle ma-niaque. Elle déteste les vieux, maisc'est sans compter avec Jonas et safemme Solange qui lui ferontchanger d'avis. Un «feel goodbook» selon les Editions L'Aged'Homme, «La nature des cho-ses» séduit, en effet. Il flatte la nos-talgie de l'enfance avec sa naïveté,et le goût du relief avec ses person-nages pittoresques et ses scènescinématographiques. Une choseest sûre, la scénariste d'originefrançaise installée à Zurich sait ra-conter une histoire, une époque,et même parfois surprendre.

«La nature des choses»,Marianne Brun, Ed. L'Aged'Homme, 280 pages.

Mystérieux et froid, le premierroman d'Elisa Shua Dusapin intri-

gue. A Sokcho, non loin de la fron-tière avec la Corée du Nord, unejeune femme se lie avec un dessi-nateur étranger logé dans la pen-sion médiocre où elle travaille,malgré ses études universitaires.

De père français, coincée danscette petite ville portuaire parcequ'elle n'ose pas quitter sa mère es-seulée, la Coréenne se désinté-resse peu à peu de son amant. Lajeune auteure franco-coréennemanie une plume précise et te-nue, mais aime jouer avec un sym-bolisme un peu trop évident. Undéfaut de jeunesse ou de fabrica-tion dû à l'Institut littéraire suissede Bienne dont elle est issue?

> «Hiver à Sokcho», Elisa ShuaDusapin, Ed. Zoé, 144 pages.

Un des incontournables. RégisJauffret est bien installé dans le

monde des lettres françaises, et sonécriture est magistrale. Son styleemballe immédiatement, chaquepage secoue les clichés, et sa cruau-té pique. Dans ce roman par let-tres, Noémie, 24 ans, écrit à lamère de Geoffrey pour la rassureraprès avoir quitté son fils. D'abordhostile, la vieille dame s'attache à lajeune femme, et par un curieux en-chaînement, les deux femmes dé-cident de dévorer Geoffrey. Quoide plus naturel de la part d'unemère et d'une amante?> «Cannibales », Régis

Jauffret, Ed. du Seuil, 208 pa-ges.

Autre grand auteur français,prix Femina comme Jauffret, etspécialiste de l'humour mélan-colique, Jean-Paul Dubois nousrevient avec «La succession», oucomment un père sait ruiner lebonheur de son fils. Paul Katra-

kilis pratique la pelote basque enprofessionnel à Miami, et il aimesa vie. Mais le suicide de son pèreà la mise en scène cruelle lui rap-pelle quel piètre père il était.«Elevé, éduqué, détraqué» par desparents incapables de survivre,Paul découvrira pourtant dusens dans la maison de son en-fance. Rythme des phrases im-

peccable, et ironie cruelle enfont une lecture réjouissante.

«La succession», Jean-Paul Dubois, Ed. de l'Olivier,240 pages.

Peut-être le roman étranger leplus attendu de la rentrée, le li-vre «Salman Rushdie» parle dumonde d'aujourd'hui, de philo-sophie, de croyance et de raisonavec son incomparable talent deconteur. Placé d'ailleurs sous lesigne des «Mille et une nuits»,«Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits» mêle fable et romand'anticipation avec verve et in-ventivité. Tombée amoureused'un humain à l'esprit brillant auXIIe siècle, la jinnia Dunia a unenombreuse descendance. Huitcents ans et quelques annéesplus tard, le bâtard et jardinierGeronimo, aux oreilles dépour-vues de lobes comme elle, est is-su de cette union fabuleuse.Après une grande tempête detrois jours, ses pieds ne touchentplus terre. Il est temps queDunia revienne.

«Deux ans, huit mois etvingt-huit nuits», Salman Ru-shdie, traduit de l'anglais parGérard Meudal, Ed. ActesSud, 320 pages.

Approuvée par Jonathan Fran-zen, l'Américaine Nell Zink dé-construit comme lui la famille,

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Datum: 25.08.2016







ou plutôt exhibe ses restes avecune ironie joyeuse. Excité par lesbouclettes de son étudiante de17 ans, Lee Fleming la prenddans son canoë, la met enceinteet l'épouse. Homosexuel no-toire, grand poète et professeurdans une université réputéepour son lesbianisme, il ne restepas longtemps amoureux, et dixans plus tard, Meg s'enfuit avecsa fille, sans réussir à enlever sonfils. Une lecture enthousias-mante sur les incohérences de lasexualité, et toutes les autres.

«Une comédie des er-reurs», Nell Zink, traduit del'anglais par Charles Recoursé,Ed. du Seuil, 304 pages.

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Datum: 16.08.2016







Prix Gottfried-Keller

De Marchi lauréatL'auteur italophone de 58 ansPietro de Marchi reçoit 25 000 fr.pour son nouveau recueil depoèmes, «La carta delle arance».

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Datum: 19.08.2016

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LAJAR ou la littérature délivrée

Littérature Les lettres suisses fontleur rentrée avec le premier romand'un collectif de jeunes auteurs enavant-garde.

Le vieux rêve de tout écrivain romand:monter à Paris. Chaque année, quelques-uns y parviennent, avec plus ou moinsde bonheur. Et cette année, 18 d'un seulcoup! Edités chez Flammarion à l'en-seigne du collectif AJAR, ils seront pourla plupart au Livre sur les Ouais, àMorges, le premier week-end de sep-tembre. Soucieux d'accompagner Vivreprès des tilleuls, lauréat d'un récent Prixd'honneur de la fondation Martin Bod-mer, et dont la genèse, pour complexequ'elle puisse paraître, mérite qu'on laretrace.

Il faut tout d'abord lever le doute: AJARcomme Emile, le célèbre Goncourt mas-qué? Non, simplement l'acronyme dési-gnant, depuis 2012, l'Association dejeunes auteur-e-s romandes et romansqui, comme leur nom l'indique, ont aus-si la vie devant eux. Et ils en font bon

Les joyeuxmembresde l'AJAR.DR

usage, la jeunesse n'étant qu'un prétexteà l'audace. Lectures un peu barrées, ob-jets imprimés non identifiés, perfor-mances polyphoniques, publication d'uncalendrier de l'après ou promenadescyclistes, tout est fait pour que la littéra-ture ne s'arrête pas à pied d'oeuvre. Maisqu'elle déraille, se délivre.

«Pour nous, la littérature n'est paségale au livre. Elle vit aussi sur scène, enmusique, en se mêlant aux arts vivants»,explique Daniel Vuataz, un des membresdu collectif, rencontré avec Julie Gui-nand et Noémi Schaub pour évoquer, aunom de tous, leur dernière audace endate: un drôle d'hommage à Esther Mon-tandon (1923-1998).

Auteure de quatre récits, cette figurediscrète de la littérature romande a ins-piré le collectif qui s'est plu à lui inventerce texte posthume intitulé Vivre près destilleuls. Un canular impeccablement fo-menté, grâce à de nombreuses compli-cités journalistiques et éditoriales (nomsconnus de la rédaction). De quoi conférerassez de légitimité à l'oeuvre pour qu'on

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Datum: 19.08.2016

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la croie vraiment sortie d'un carton d'ar-chives oublié. L'exposition préparée en2014, à l'invitation du Festival Québecen toutes lettres, a séduit les visiteursqui ont vu dans l'impudence avouée ducollectif l'occasion de découvrir, par desmanuscrits originaux et des objets per-sonnels, une figure peu connue du pa-trimoine littéraire suisse.

Mais la malle aux souvenirs avait undouble fond, un canular pouvant en ca-cher un autre. Si son livre n'a jamais étéécrit par elle, c'est aussi car Esther Mon-tandon n'a jamais existé! Une imposturedont il reste aujourd'hui quelques tracestenaces sur internet, mais surtout dansles pages de la très sérieuse Histoire de lalittérature en Suisse romande. Les plussagaces l'auront remarqué: les mentionsde son nom dans l'index renvoient toutesà des articles sur... l'AJAR.

Farceurs? Oui, mais talentueux. Car ceroman collectif a su séduire Flammarionau point que l'éditeur parisien en a fait

un des cinq livres phares de sa rentréelittéraire. «J'ai été absolument émerveil-lée par ce texte, qui dénonce l'idée quela littérature soit le contraire du réel. Ala fois roman et manifeste, il provoquedes émotions très fortes», s'enthousiasmeAnna Pavlowitch.

Et l'on se dit que la directrice de Flam-marion littérature et éditrice de l'ouvragene pouvait qu'apprécier ce jeu de miroirs,elle dont le père, Paul Pavlowitch, n'étaitautre que l'incarnation d'Emile Ajar, ap-pelé à personnifier ainsi le pseudonymesecret de Romain Gary...

Le texte est le fruit d'un intense travailcollectif. «Plusieurs d'entre nous se sontretrouvés pendant une nuit, et ont écritpar fragments autour de différentsthèmes. A la fin de cette séance, le sque-lette de l'oeuvre existait», résume JulieGuinand. «De nombreuses réécrituresont suivi, par petits groupes, afin d'affi-ner le propos et de conférer le maximumde cohérence à ce personnage.»

FRAGMENTS AUTOUR DE L'ABSENCE

Médias, réseaux sociaux: tout le monde en parle comme del'événement de la rentrée littéraire - romande et peut-être fran-çaise, le collectif étant invité à tourner dans l'Hexagone après leLivre sur les Quais de Morges. En une poignée d'années, lesjeunes membres de l'AJAR ont réussi à renouveler l'approchede l'écriture - en la désacralisant et en montrantque le groupe, loin d'être un frein à la créativité,opérait aussi comme un stimulant pour l'oeuvreindividuelle de chacun de ses membres.C'est justement parce que l'AJAR, c'est «l'infiniment plus quemoi, le tellement plus que nous», comme le collectif l'écrit dansla postface de Vivre près des tilleuls, qu'il a pu s'emparer sansl'avoir vécu du délicat sujet de la mort d'un enfant. Le romanest une déclaration d'amour à la littérature qui a le pouvoir defaire surgir un monde - et, ici, une auteure. Ce sont donc di-verses sensibilités qui ont ciselé ce récit mosaïque épuré. Ses

Ils auront réussi leur coup. Mais entre-temps, les masques sont tombés. Pour laparution française, il a fallu mettrel'AJAR au jour. Sur la couverture, le nomd'Esther Montandon a été remplacé parcelui du collectif, et le texte se complèted'une postface expliquant qu'il n'est plusquestion «d'une falsification qui cher-cherait à passer inaperçue». «Après uncertain temps, nous nous sommes renducompte que cela ne nous intéressait plusde poursuivre le canular, qui nous pri-vait aussi d'un dialogue enrichissantavec les lecteurs, empêchait une certainegénérosité de notre part», explique Noé-mi Schaub. Générosité désintéressée: lenom d'aucun des auteurs n'apparaît surl'ouvrage, l'AJAR a décidé de s'en tenir àson acronyme. Malgré les encourage-ments d'Anna Pavlowitch: «C'est la pre-mière fois pour moi que, dans le cadrelittéraire, le collectif prend le pas sur l'egode l'auteur. Cela m'a surprise et émer-veillée!» THIERRY RABOUD / LA LIBERTÉ

fragments tranchants disent l'absence et le silence, la solituded'une mère éperdue qui évoque son impossible deuil au fil dephrases courtes, au présent. Légèrement désuet, le ton est enaccord avec l'époque - le tournant des années 1950-60 - etsuscite des images sépia. Le premier jet a été «asséché» et poli,

les coupes nombreuses: point de répétitions, au-cune lourdeur, une grande unité de style et debelles images loin des clichés. Ce bref opuscule,

qui se lit d'une traite, se révèle très tenu. N'est-il pas, justement,un peu trop raisonnable face à l'absolue déraison qu'est la mortd'un enfant? On se prend à souhaiter que le texte déraille, queson rythme presque paisible soit bouleversé par l'urgence, quel'étrange descelle sa structure soignée et ses impeccables liai-sons. Mais il est plus difficile, sans nul doute, d'atteindre cettesingularité à dix-huit plumes. ANNE PITTELOUDL'Ajar, Vivre près des tilleuls, Ed. Flammarion, 2016, 128 pp.

CRITIQUE


Datum: 17.08.2016







Littérature

A dix-huit pourécrire un romanA l'heure de la rentrée littéraire, voici queparaît, chez Flammarion, un romanintitulé Vivre près des tilleuls. Sa particula-rité: il a été réalisé par dix-huit membresde l'Association des jeunes auteursromands (AJAR), unis par de forts liensd'amitié. Notre critique n'est pasvraiment convaincue... Page 24

fi


Datum: 20.08.2016

Le Temps / Sortir1002 Lausanne021 331 78 00www.letemps.ch






L'incroyablehistoire

d'un romanécrit à 18

L'AJAR, collectif de jeunesécrivains romands, publie

«Vivre près des tilleuls» chezFlammarion. Ou quand la fiction

dépasse la réalité et vice versaPAR LISBETH KOUTCHOUMOFF

*@LKoutchoumoff

I I I


Datum: 20.08.2016







Vivre près des tilleuls: sous cetitre placide se cache l'histoireéditoriale la plus détonante decette rentrée littéraire. Elle réunitles ingrédients d'un cocktail peuhabituel: talent, force du collectif,canular, histoire littéraire, fictionet réalité. Vivre près des tilleuls n'apas été écrit par un auteur maispar 18, tous membres du collectifAJAR, qui réunit des jeunesauteurs suisses romands.

Clin d'oeilRien que cela suffirait à susciter

la curiosité. Mais ce n'est pas tout.Entrent aussi en scène des fan-tômes plus ou moins illustres.Celui d'Esther Montandon, uneromancière de La Chaux-de-Fonds, inventée de toutes pièces,et celui de Romain Gary, l'auteurde La Promesse de l'aube et desRacines du ciel, seul écrivain àavoir reçu deux Prix Goncourt. Unfestival québécois et une éditriceparisienne, familière des jeux lit-téraires, ont tenu aussi leur part.Vivre près des tilleuls paraîtaujourd'hui aux Editions Flam-marion. Dix-huit auteursassistent, sereins, un peu ébahis,au triomphe de la fiction, quifaçonne et nourrit le réel. Voicicette histoire.

Double canularNous sommes en 2014. Depuis

deux ans, les membres de l'AJARse réunissent pour écrire engroupe: lectures, performances,balades littéraires, etc. L'écrituren'est pas qu'une pratique solitaire,elle est aussi un art vivant et col-lectif, tel est le motta. Soudés parl'amitié, à peine trentenaires pour

la plupart, les membres de l'asso-ciation se sont rencontrés dansdes prix littéraires ou à l'univer-sité. Chacun l'expérimente trèsvite: écrire en groupe encourageet stimule les projets personnelsque les membres poursuivent ail-leurs. Nombreux sont ceux qui ont

déjà ou qui vont publier, faisantdu groupe un vivier exceptionnelde talents. Ils aiment aussi l'acro-nyme de leur association, AJAR,clin d'oeil à l'écrivain Romain Gary«aussi potache que nous» et à soncélèbre double, Emile Ajar.

En 2014 donc, le festival «Québecen toutes lettres» lance un appelaux projets sur le thème «Doubleset pseudos»: quand on s'appelle

AJAR, on ne peut que répondreprésent à ce type d'invitation.«Nous avions imaginé un doublecanular. Au travers d'une exposi-tion, on racontait comment onavait secoué le milieu littérairesuisse en inventant un faux romaninédit de la grande romancièreromande, Esther Montandon. Unefois sur place, à la fin du festival,on révélait au public que le canu-lar en cachait un autre, à savoirqu'Esther Montandon n'existaitpas», explique Guy Chevalley,membre de l'AJAR.

Pour paraître crédible et donnerdu corps à Esther Montandon,l'écrivaine fictive, l'AJAR inventeles méandres d'une biographie,une uvre, admirée dans lesannées 1960 puis étrangementinterrompue, une page Wikipé-dia, de vrais-faux articles depresse. Cela ne suffit pas, ils lesavent. Il faut arriver au Québecavec des livres d'Esther Montan-don. Il s'agit donc d'écrire le pseu-do-roman inédit, Vivre près destilleuls.

Un silence émuUne nuit d'été, à la campagne, ils

s'y mettent. L'épisode est bienraconté dans la postface duroman: «Nous nous étions donnérendez-vous pour écrire unroman en une nuit; l'idée nousamusait et nous effrayait. Uneauteure allait prendre vie sous nosyeux.» Et c'est effectivement cequ'il s'est passé. «Nos ordinateursouverts devant nous, un silences'est installé, concentré, ému, quenous n'avions pas prévu.»

Vivre près des tilleuls se présentecomme un journal de deuil, celui

qu'Esther Montandon a vécuaprès la mort accidentelle de safille de 4 ans. C'est ce drame quil'a conduite au silence. En 63brèves séquences, comme autantde bribes ou d'éclairs arrachés auchagrin, Esther Montandonraconte, à la première personne,sa grossesse, tant attendue; lavenue au monde de Louise, sespremières années, puis l'accident,la sidération, la vie qui se figecomme sous l'effet du gel. Lemanque, violent: «Personne nem'avait expliqué le vide au creuxdes entrailles, le vrombissementdans le cerveau, le tremblementdes mains.» Et puis le lent dégel,comme le bruit, profond encore,d'un ruisseau qui perce, quelquepart, vers «l'aberrante» vied'après.

PseudonymeD'une sensibilité extrême, fine

comme une porcelaine qui laissepasser lumières et émotions,l'écriture de Vivre près des tilleulsemporte immédiatement. Au faitdes sortilèges de la fiction, lesmembres de l'AJAR éprouvent,durant cette nuit d'écriture, com-bien la littérature «libérée de sonprédicat le plus tenace - tu écrirasseul - garde un pouvoir qui nousdépasse». A ce moment-là, ils nesavent pas encore jusqu'où EstherMontandon va les mener.

Après le Québec, Paris. DanielVuataz, membre de l'AJAR, s'oc-cupe de l'administration du Prixinterrégional des jeunes auteurs.En 2014, le jury compte une édi-trice française, de Flammarion,Anna Pavlowitch. Daniel Vuatazlui parle de l'AJAR, d'Esther Mon-

tandon et de Vivre près des tilleuls.«L'AJAR?» sourit AnnaPavlowitch. Anna Pavlowitch estla fille de Paul Pavlowitch,petit-cousin de Romain Gary. Lesdeux hommes ont été au coeur dela plus célèbre affaire de «doubles


Datum: 20.08.2016







et de pseudos» de la littératurefrançaise au XXe siècle (lireci-contre): Paul Pavlowitch aaccepté d'endosser le rôle d'EmileAjar, pseudonyme secret deRomain Gary. Ainsi, l'AJAR devaitrencontrer Ajar, c'était écrit oupresque. «On a nous-mêmes dumal à y croire tant cela paraîtimprobable. Et pourtant, c'estbien vrai», admet Guy Chevalley.

Vivre près des tilleuls paraîtaujourd'hui parmi les premierslivres de la rentrée littéraire fran-çaise. Retour en Suisse, à Genève,dans un café du quartier desGrottes: comment vit-on un telévénement à 18? Ce, d'autantqu'un prix littéraire a déjà cou-ronné l'aventure et pas desmoindres puisqu'il s'agit du Prixd'honneur de la Fondation MartinBodmer... «L'angoisse est répartieet le bonheur est partagé doncdémultiplié», résume AudeSeigne, de l'AJAR, devant un thé àla menthe. A ses côtés, NicolasLambert, un comparse, poursuit:«L'aspect collectif de l'aventureintéresse les journalistes. Je suiscontent de cela. L'AJAR est commeun personnage total qui nousdépasse tous, «l'infiniment plusque moi, le tellement plus quenous.» «Je suis sûre qu'EstherMontandon n'a pas fini de noussurprendre», glisse Aude Seigne,dans la lumière de cet été 2016.On en est sûr, avec elle.

«J'ai fait Lire Le Livreà mon père»

Anna Pavlowitch a lu Vivre près des tilleuls dansle TGV qui la ramenait de Genève à Paris en juillet2015. L'éditrice de Flammarion était venue en

Suisse pour rencontrer les libraires et participer aujury d'un prix littéraire (lire ci-contre). A cette occa-sion, elle fait la connaissance d'un membre deL'AJAR qui lui glisse ce premier roman écrit à 18 etprésenté comme le journal d'une écrivaine dispa-rue, Esther Montandon: «L'écriture collective, unfaux journal d'écrivain, cette référence à Ajar, celam'intéressait. J'ai commencé à lire et j'ai été happéejusqu'à la fin. J'ai cru immédiatement à Esther Mon-tandon, la narratrice, et je continue à croire en elle.»

Enthousiaste, l'éditrice soumet le livre au comitéde lecture de Flammarion, «à l'aveugle», c'est-à-dire sans signature d'auteur. «Les 17 personnes ducomité étaient enthousiastes, ce qui est très rare.Toutes étaient persuadées de l'existence d'EstherMontandon, personne n'a deviné qu'il s'agissaitd'un roman écrit à plusieurs. Sauf Alix Penent, notredirectrice des romansfrançais, qui a senti quelquechose. Face à la maîtrise de l'écriture, elle a penséque le roman était l'oeuvre d'un écrivain connu.»

S'est alors posée la question de savoir commentsigner Vivre près des tilleuls? Esther Montandon?L'AJAR? Les noms des 18 auteurs? Anna Pavlowitchestfamilière des masques littéraires: son père, PaulPavlowitch, a endossé le rôle d'Emile Ajar, le pseu-donyme que Romain Gary a utilisé pour écrire LaVie devantsoi, notamment, Prix Goncourt en 1975.La vérité ne sera connue qu'après le suicide deRomain Gary quand Paul. Pavlowitch dévoilera, surle plateau d'Apostrophes, qu'Emi le Ajar était enfait Romain Gary.

«Je suis bien placée pour savoir que le milieu lit-téraire et le public en général manquent d'humourquand i s'agit de vérité en littérature. Mon père l'aéprouvé assez durement. Je regrette cette posturemorale. Vivre près des tilleuls est un roman qui abeaucoup à dire sur la fiction et la vérité. La litté-rature n'est pas le contraire de la vérité. C'est enpassant par la littérature que l'on s'approche de lavérité», explique L'éditrice. Avec l'accord de l'AJAR,c'est le nom du collectif qui est inscrit sur la pagede garde.

«J'ai fait lire Vivre près des tilleuls à mon père. Ila beaucoup aimé. C'était un moment émouvantpour moi. Au sud de la France où il vit et où j'aigrandi, les gens L'appellent toujours Monsieur Ajarparce que Pavlowitch, c'est trop compliqué...» Oùest la fiction, où est la vérité? L. K.


Datum: 20.08.2016







Romain Gary a pris lepseudonyme d'Emite Ajardans tes années 1970. C'estsous ce nom quit écrit «LaVie devant soi», Goncourt1975. (AFP PHOTO ARCHIVES)


Datum: 20.08.2016







«Le corps d'une fillette, c'estce que j'ai pu voir de plusbeau. Et de plus intolérable.Ses boucles châtaigne, oùj'aimais passer la main. Sonnez minuscule, qu'elle avaiten commun avec tous lesenfants de son âge»«VIVRE PRÈS DES TILLEULS»

Auteur L'AJARTitre Vivre prèsdes tilleulsEditeur FlammarionPages1128Etoiles1*****

des

Auteur L'AJARTitre I Vivre prèsdes tilleulsEditeur I FlammarionPagesI128Etoiles I *****


Datum: 20.08.2016







CARACTERES

Si la rentrée littérairen'avait pas lieu

La rentrée n'aura pas lieu est un roman deStéphane Benhamou* qui dynamite l'idée- très française -de la rentrée de septembre.Ce moment où les écoles et les usinesrouvrent, où les ministères se repeuplent.Bref, quand la tribu des «aoûtiens» -n mil-lions de Français, précise le romancier -rentre en masse, en de longs et chaotiquescortèges autoroutiers de ses vacances surle littoral.

Dans cette fiction aussi drôle que bien tour-née qui paraît chez Don Quichotte, les Aoû-tiens, devenus un peuple rebelle, refusent derentrer. Les autoroutes restent vides, lespostes de travail aussi, les écoles ne rouvrentpas, les zadistes s'en mêlent, l'Etat et le patro-nat paniquent, bref, le farniente est érigé envaleur suprême et subversive.

Mais qu'en est-il de la rentrée littéraire?L'auteur ne s'en occupe guère. Et il faut direque cette dernière est souvent plus buisson-nière qu'il n'y paraît. Les premiers livres -comme l'épatant roman de 1'AJAR, Vivre prèsdes tilleuls, une curiosité écrite à 36 mainspar 18 auteurs suisses romands! -déboulenten librairie cette semaine. Pourtant, les édi-teurs, les attachés de presse, les auteurseux-mêmes sont encore, pour la plupart, envacances. Ils ne reviendront que début sep-tembre pour dérouler leurs «plans médias»mis au point en juin, pour honorer leursrendez-vous pris de longue date.

Imaginons, en étendant l'idée de Stéphane

Benhamou, que la rentrée littéraire, au sensplein du terme, n'ait pas vraiment lieu. Ima-ginons, par exemple, que les auteurs débar-qués en masse sur les bords du Léman, pourle Livre sur les quais (du 2 au 4 septembre),ne repartent pas, vers Paris, Rome ou NewYork. Qu'ils décident, charmés par les lieux,de se prélasser plus longtemps sur les rivagesdu lac. Ils prennent le temps de goûter lesfilets de perche et le papet, s'initient auxblancs vaudois en trinquant avec leurs col-lègues suisses, qui eux aussi redécouvrentavec ravissement la grillade de cervelas à lanuit tombée et les siestes l'après-midi... Deleur côté, les jurés des prix sont égalementsaisis de paresse. Plus question donc de com-pétition entre écrivains. Le Goncourt nedonne pas sa première sélection le 6 sep-tembre et tout le monde peut croire à sachance. Entre auteurs, on se lit, on se ren-contre, on prend le temps de parler poésie,littérature, on bavarde, on rit, on oublie mon-danités et jalousies. Les lecteurs eux aussiprolongent leurs vacances et nomadisent lelong du Léman. Le temps de lire - enfin! -toutes ces nouveautés: ventes exception-nelles pour un mois de septembre! Leslibraires, restés eux aussi à Morges, campantsous tente, se frottent les mains...

Utopie, rêve éveillé, farce...? Un peu. MaisStéphane Benhamou nous dit une chose:que les livres, les romans, les récits sont deslieux où la vie se réinvente, où la liberté secultive, où l'on peut, si on le veut, prolongerses vacances à l'infini. -PAR ELEONORE SULSER

*Stéphane Benhamou, «La rentréen'aura pas Lieu», Don Quichotte, 170 p.(Parution Le 25 août 2016)


Datum: 20.08.2016

Hauptausgabe

24 Heures Lausanne1001 Lausanne021/ 349 44 44www.24heures.ch






En Suisse romandeÉcrivains et éditeurs se rassemblent pour faire la fête

Loin de jouer aux ermites ou aux loupssolitaires, nos nouveaux écrivains sontsolidaires, sinon fraternels. Ils s'encoura-

gent via Internet, et se rassemblent moinsvirtuellement pour des écritures collectives.Telle fut la gageure du collectif L'AJAR, fondé en2012 par 13 jeunes auteurs de toute la Suisseromande, qui vient de publier son premierroman Vivre près des tilleuls en France, chezFlammarion, chacun y a peu ou prou participé.Or on peut n'être point édité à Paris sansmanquer de se réunir ici pour fêter une rentréelittéraire, avec son éditeur et ses autres auteurs.Aussi, une semaine avant le fameux rendez-vousmorgien du Livre sur les quais, une noubaréunissant 13 raisons sociales est-elle prévue àLausanne, rue César-Roux 34, dans les locauxde Bibliomania, dès 17 h. Le même 26 août, àVevey, les Editions de l'Aire en organisent unepareille au Théâtre de l'Oriental, rue d'Italie 22,dès 19 h. A cette dernière enseigne paraîtPolonaises, le premier roman de l'éminentjournaliste Jacques Pilet, créateur de L'Hebdo etdécrypteur chevronné de la diversité desmoeurs européennes. Gilberte Favre rassembleses Dialogues avec Aragon, Claude Roy et un«Chappaz méconnu».

La poétesseSilvia Hârri

signe «Jesuis mort

un soir'été» chez

piche.

A l'Age d'Homme, Andonia Dimitrijevic an-nonce, avec un beau courage de défricheuse,trois premiers romans: Violence du moyend'Arnaud Roustan, Bourguignon né en 1982,

Puccini l'aimait, de Brigitte Hool, et Saison desruines, de Bertrand Schmid, Neuchâtelois férude grec ancien.Aux Editions d'En-Bas, où l'on célèbre 40 ansd'engagement, reparaît De seconde classe, unancien récit de Janine Massard, écrit dans lesannées 70, sur des expériences ferroviaires dansles Balkans. Et puis un témoignage exceptionnelde Nils Andersson, intitulé Mémoire éclatée,retraçant 60 ans d'activités littéraires, théâtraleset politiques d'un éditeur suédois né à Lausanneen 1933, qui fut chassé de Suisse en 1966 par lesautorités fédérales pour des prises de positionjugées péjorativement «révolutionnaires». AOrbe, Bernard Campiche marque le jubilétrentenaire de ses éditions en publiant de lamême Janine Massard Question d'honneur, unroman. Et Je suis mort un soir d'été, de lapoétesse Silvia Hârri.A Genève, les Editions Zoé, qui ont 40 ansd'existence, révèlent en version française, Clous,des poèmes inédits de la romancière AgotaKristof, décédée il y a cinq ans. Elle les avaitcomposés en hongrois (Trois pièces de théâtre,de la même, paraissent chez Infolio, à Gollion).L'éditrice de Zoé, Caroline Coutau, publie aussides Jours merveilleux au bord de l'ombre, deRose-Marie Pagnard, et surtout un Journalberlinois que Max Frisch composa entre1973 et1974, dans une métropole alors coupée en deux.Mais la Suisse romande est riche aussi de «petitséditeurs» aux passions méritoires. Ainsi Plaisirde Lire a déjà fait paraître Pillages, de RachelMaeder, un rom'pol se déroulant dans un muséearchéologique genevois. A BSN Press, GiuseppeMerone nous annonce un nouveau roman noirde Jean-Yves Dubath sur l'univers carcéral. EtOlivier Morattel promet, pour octobre, un texte àla fois «émouvant et violent» de l'auteur parisienFabien Müller. A découvrir. Gilbert Salem

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En Suisse romandeEcrivains et éditeurs se rassemblent pour faire la fête

Loin de jouer aux ermites ou aux loupssolitaires, nos nouveaux écrivains sontsolidaires, sinon fraternels. Ils s'encoura-

gent via Internet, et se rassemblent moinsvirtuellement pour des écritures collectives.Telle fut la gageure du collectif L'AJAR, fondé en2012 par 13 jeunes auteurs de toute la Suisseromande, qui vient de publier son premierroman Vivre près des tilleuls en France, chezFlammarion, chacun y a peu ou prou participé.Or on peut n'être point édité à Paris sansmanquer de se réunir ici pour fêter une rentréelittéraire, avec son éditeur et ses autres auteurs.Aussi, une semaine avant le fameux rendez-vousmorgien du Livre sur les quais, une noubaréunissant 13 raisons sociales est-elle prévue àLausanne, rue César-Roux 34, dans les locauxde Bibliomania, dès 17 h. Le même 26 août, àVevey, les Editions de l'Aire en organisent unepareille au Théâtre de l'Oriental, rue d'Italie 22,dès 19 h. A cette dernière enseigne paraîtPolonaises, le premier roman de l'éminentjournaliste Jacques Pilet, créateur de L'Hebdo etdécrypteur chevronné de la diversité desmoeurs européennes. Gilberte Favre rassembleses Dialogues avec Aragon, Claude Roy et un«Chappaz méconnu».

IfA l'Age d'Homme, Andonia Dimitrijevic an-nonce, avec un beau courage de défricheuse,trois premiers romans: Violence du moyend'Arnaud Roustan, Bourguignon né en 1982,

Puccini l'aimait, de Brigitte Hool, et Saison desruines, de Bertrand Schmid, Neuchâtelois férude grec ancien.Aux Editions d'En-Bas, où l'on célèbre 40 ansd'engagement, reparaît De seconde classe, unancien récit de Janine Massard, écrit dans lesannées 70, sur des expériences ferroviaires dansles Balkans. Et puis un témoignage exceptionnelde Nils Andersson, intitulé Mémoire éclatée,retraçant 60 ans d'activités littéraires, théâtraleset politiques d'un éditeur suédois né à Lausanneen 1933, qui fut chassé de Suisse en 1966 par lesautorités fédérales pour des prises de positionjugées péjorativement «révolutionnaires». AOrbe, Bernard Campiche marque le jubilétrentenaire de ses éditions en publiant de lamême Janine Massard Question d'honneur, unroman. Et Je suis mort un soir d'été, de lapoétesse Silvia Hârri.A Genève, les Editions Zoé, qui ont 40 ansd'existence, révèlent en version française, Clous,des poèmes inédits de la romancière AgotaKristof, décédée il y a cinq ans. Elle les avaitcomposés en hongrois (Trois pièces de théâtre,de la même, paraissent chez Infolio, à Gollion).L'éditrice de Zoé, Caroline Coutau, publie aussides Jours merveilleux au bord de l'ombre, deRose-Marie Pagnard, et surtout un Journalberlinois que Max Frisch composa entre 1973 et1974, dans une métropole alors coupée en deux.Mais la Suisse romande est riche aussi de «petitséditeurs» aux passions méritoires. Ainsi Plaisirde Lire a déjà fait paraître Pillages, de RachelMaeder, un rom'pol se déroulant dans un muséearchéologique genevois. A BSN Press, GiuseppeMerone nous annonce un nouveau roman noirde Jean-Yves Dubath sur l'univers carcéral. EtOlivier Morattel promet, pour octobre, un texte àla fois «émouvant et violent» de l'auteur parisienFabien Müller. A découvrir. Gilbert Salem

La poétesseS

ilvia Hârri

signe «Jesuis m

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'été» chezpiche.


Datum: 20.08.2016

Urner Wochenblatt / Magazin Pfyyl6460 Altdorf041/ 874 16 77www.urnerwochenblatt.ch






LiteraturDer Altdorfer Pietro DeMarchi wird mit demGottfried-Keller-Preisausgezeichnet. Seite 17


Datum: 25.08.2016







Une auteure plus vraie que natureLITTÉRATURE Auteur de «Vivreprès des tilleuls», le collectif Ajar

s'est incarné dans une douleurfictive.

Un collectif d'auteurs plein d'élan. SP

Auteure fracassée par la mortde sa fille Louise, la Chaux-de -Fonnnière Esther Montandon acouché sa douleur et ses souve-nirs sur une liasse de feuillets re-trouvés dans ses archives. Un«journal de deuil» en quelquesorte, qui nous est restitué parun certain Vincent Kônig...

L'avant-propos de «Vivre prèsdes tilleuls» nous fait croire enl'existence de ce manuscrit, quel'auteure aurait rédigé durant lesquatre années de la vie deLouise. Mais au terme d'unenarration poignante et «son-nant si juste», l'épilogue faittomber le masque: Esther Mon-tandon est aussi fictive que sescarnets! De fait, le récit a été tra-cé par 18 plumes issues de l'Asso-ciation de jeunes auteur(e)s ro-mand(e)s (Ajar), un collectiflittéraire créé en 2012.

Avec cette mise en abyme, cetAjar-là- qui, lui, avance à décou-vert! -a expérimenté une autremanière d'éprouver la fiction lit-téraire. «Nous avons pris con-science qu'un récit, pour s'incar-ner, n'a pas toujours besoin d'être

en adéquation avec le vécu», écritle collectif. «Qu'une femme quin'a jamais existé peut être l'auteurd'un livre qu'elle n'a pas écrit.»

L'exercice est plus que con-vaincant. DBO

Le livre: «Vivre près destilleuls», l'Ajar, éd.Flammarion.A La Chaux-de-Fonds:balade cyclo-littéraire,départ à 10h à la VillaTurque (avec vos vélos), arrivée à 11h30à la librairie La Méridienne. Apéro,dédicaces et lectures de 11h30 à 13h.

Le livre: «Vivre près destilleuls», l'Ajar, éd.Flammarion.A La Chaux-de-Fonds:balade cyclo-littéraire,départ à 10h à la VillaTurque (avec vos vélos), arrivée à 11h30à la librairie La Méridienne. Apéro,dédicaces et lectures de 11h30 à 13h.


Datum: 25.08.2016

Sélection

L'Hebdo / Payot Séléction1002 Lausanne021/ 331 76 00www.hebdo.ch

Medienart: PrintMedientyp: PublikumszeitschriftenAuflage: 39'766Erscheinungsweise: 4x jährlich





Vivre près des tilleulsL'AJARFlammarion -100/0

Mystère autour d'Esther

Montandon, cette auteure née

le 8 mai 1923 à La Chaux-de-Fonds

(ou le 17 août 2016 à Paris, date

de la parution de cet ouvrage,

c'est comme on veut!), qui revient

avec des fragments littéraires

d'une infinie délicatesse. Au-delà

de la sidérante performance

de dix-huit auteurs ayant accordé

leur plume pour écrire d'un même

souffle un roman en une nuit, Vivre

près des tilleuls est surtout une

déclaration d'amour à la littérature

et la preuve que la fiction n'est

absolument pas le contraire du réel.

VINCENT BLET,PAVOT LA CHAUX-DE-FONDS

L'AJAR

Vivre prèsdes tilleuls

L'AJAR

Vivre prèsdes tilleuls


Datum: 27.08.2016

La Liberté1701 Fribourg026/ 426 44 11www.laliberte.ch






Les lettres suisses font leur rentrée au Livre sur les quais deMorges, avec un collectif de jeunes auteurs en avant-garde

L'AJA,R, OU LAL1TTERATUREDÉLIVRÉE


Datum: 27.08.2016







Quelques membres du collectif AJAR, matés par un photomaton. Avec Noémi Schaub, Elodie Glerum et Lydia Schenk, Daniel Vuataz et Vincent Yersin,enfin Nicolas Lambert et Fanny Wobmann. DR

THIERRY RABOUD

Littérature » Le vieux rêve detout écrivain romand: monter àParis. Chaque année, quelques-uns y parviennent, avec plus oumoins de bonheur. Et cette année,18 d'un seul coup! Edités chezFlammarion à l'enseigne du col-lectif AJAR, ils seront pour la plu-part au Livre sur les quais deMorges la semaine prochaine.Soucieux d'accompagner Vivreprès des tilleuls, ouvrage lauréatd'un récent Prix d'honneur de laFondation Martin Bodmer, etdont la genèse, pour complexequ'elle puisse paraître, méritequ'on la retrace. Car elle en ditlong sur ce qu'est aussi la littéra-ture aujourd'hui, toujours prêteà faire irruption dans le réel.

Il faut tout d'abord lever le doute:AJAR comme Emile, le célèbreGoncourt masqué? Non, simple-

ment l'acronyme désignant, de-puis 2012. l'Association de jeunesauteur-e-s romandes et romandsqui, comme leur nom l'indique,ont aussi la vie devant eux. Et ilsen font bon usage, la jeunessen'étant qu'un prétexte à l'audace.Lectures un peu barrées, impri-més non identifiés, performancespolyphoniques, calendrier del'après ou promenades cyclistes,tout est fait pour que la littératurene s'arrête pas à pied d'oeuvre.Mais qu'elle déraille, se délivre.

Pour la parutionfrançaise, il afallu mettrel'AJAR au jour

«Pour nous, la littérature n'estpas égale au livre. Elle vit aussihors du livre, sur scène, en mu-

sique, en se mêlant aux arts vi-vants», explique Daniel Vuataz,un des membres du collectif, pre-mier arrivé au rendez-vous de10 h dans un café lausannois.Autant dire aux aurores. Toutjuste réveillés, ils débarquent àun, puis deux, enfin trois. Quinzeautres manquent à l'appel, étantencore en vacances, en résidence,en voyage, endormis. Mais ceux-ci suffiront pour évoquer, au nomde tous, leur dernière audace endate: un drôle d'hommage à Es-ther Montandon (1923-1998).

Canular impeccableAuteure de quatre récits, cettefigure discrète de la littératureromande a inspiré le collectif quis'est plu à lui inventer ce texteposthume intitulé Vivre près destilleuls. Un canular impeccable-ment fomenté, grâce à de nom-breuses complicités journalis-

Quelques membres du collectif AJAR, matés par un photomaton. Avec Noémi Schaub, Elodie Glerum et Lydia Schenk, Daniel Vuataz et Vincent Yersin,enfin Nicolas Lambert et Fanny Wobmann. DR


Datum: 27.08.2016







tiques et éditoriales (noms connusde la rédaction). De quoi conférerassez de légitimité à l'oeuvre pourqu'on la croie vraiment sortied'un carton d'archives oublié.

Et l'exposition préparée en 2014,à l'invitation du Festival Québecen toutes lettres, a séduit les visi-teurs qui ont vu dans l'impudenceavouée du collectif l'occasion dedécouvrir, par des manuscritsoriginaux et des objets person-nels, une figure peu connue dupatrimoine littéraire suisse.

Mais la malle aux souvenirs avaitun double fond, un canular pou-vant toujours en cacher un autre.

Si son livre n'a jamais été écrit parelle, c'est aussi car Esther Montan-don n'a jamais existé! Une impos-ture dont il reste aujourd'huiquelques traces tenaces sur inter-net, mais surtout dans les pagesde la très sérieuse Histoire de lalittérature en Suisse romande. Lesplus sagaces l'auront remarqué:les mentions de son nom dansl'index renvoient toutes à des ar-ticles sur... l'AJAR.

Jeu de miroirsFarceurs? Oui, mais talentueux.Car reste ce roman collectif, noirebrûlure qui a su séduire Flamma-rion au point que l'éditeur parisienen a fait un fes livres phares de sarentrée littéraire. «J'ai été absolu-ment émerveillée par ce texte, quidénonce l'idée que la littératuresoit le contraire du réel. A la foisroman et manifeste, il provoquedes émotions très fortes», s'en-thousiasme Anna Pavlowitch.

Et l'on se dit que la directrice deFlammarion littérature et éditricede l'ouvrage ne pouvait qu'appré-cier ce jeu de miroirs, elle dont lepère, Paul Pavlowitch, n'étaitautre que l'incarnation d'EmileAjar, appelé à personnifier ainsile pseudonyme secret de RomainGary... «En me soumettant lemanuscrit, un des auteurs du col-lectif est revenu là-dessus, en pen-sant que le texte me plairait à cetégard. Je l'ai écouté gentiment en

souriant mais sans y prêter atten-tion, comme toujours lorsqu'onme parle de cette histoire qui n'estpas la mienne.» C'est donc bien lalecture, et elle seule, qui auraemporté son adhésion.

Il faut dire que l'ouvrage est lefruit d'un intense travail collectif.«Plusieurs d'entre nous se sontretrouvés pendant une nuit, etont écrit par fragments autour dedifférents thèmes. A la fin de cetteséance, le squelette de l'oeuvreexistait», résume Julie Guinand,membre du collectif. «De nom-breuses réécritures ont suivi, parpetits groupes, afin d'affiner lepropos et de conférer le maximumde cohérence à ce personnage.»Ils auront donc réussi leur coup.

Bulletin secretMais entre-temps, les masques sonttombés. Pour la parution française,il a fallu mettre l'AJAR au jour. Surla couverture, le nom d'EstherMontandon a été remplacé parcelui du collectif, et le texte se com-plète d'une postface expliquantqu'il n'est plus question «d'une fal-sification qui chercherait à passerinaperçue». «Après un certaintemps, nous n'avions plus envie depoursuivre le canular, qui nousprivait aussi d'un dialogue enri-chissant avec les lecteurs, empê-chait une certaine générosité denotre part», explique NoémiSchaub, troisième membre à s'êtrelevée ce matin-là. Générosité désin-téressée: le nom d'aucun des au-teurs n'apparaît sur l'ouvrage.Après un vote à bulletin secret,l'AJAR a décidé de s'en tenir à sonacronyme. Malgré les encourage-ments d'Anna Pavlowitch: «C'estla première fois pour moi que, dansle cadre littéraire, le collectif prendle pas sur l'ego de l'auteur. Cela m'asurprise et émerveillée!»

> AJAR, Vivre près des tilleuls,Ed. Flammarion, 128 pp.

L'AJAR donnera une performance auLivre sur les quais de Morges le 2.9.

Et encore à MorgesDu jeudi soir au dimanche, les quais de la citélémanique seront envahis de livres. L'occasionde rencontrer leurs auteurs dans un cadre à lafois grandiose et intimiste.

Pour cette septième édition, un accent particulierest mis sur le polar, l'invité d'honneur n'étant autreque la Scandinavie. La littérature francophone estaussi fort bien représentée, avec notamment la venuede Simon Liberati, Philippe Forest, Marie-HélèneLafon ou encore Yasmina Khadra, le tout sous laprésidence d'honneur de Danny Laferrière. Enfin,de nombreux auteurs romands profitent de la mani-festation pour présenter leur nouveau roman. » TR

Lire aussi en pages 30 et 31


Datum: 27.08.2016







ESTHER MONTANDON, ELOQUENCE DU DEUILDéjoué, le hold-up littéraire n'en est pasmoins efficace. La préface mettant enscène le texte comme un manuscrit trou-vé - artifice pour le moins éculé - et lapostface réaffirmant le pouvoir de la fic-tion apparaissent ainsi quelque peu su-perflues pour encadrer un texte dont la

concision fait toute la valeur.Journal constitué de 63 trèscourts chapitres, Vivre près des

CRITIQUE

tilleuls consigne la douleur d'une mère,Esther Montandon, devenue «l'incarna-tion de son absence à elle», sa fille dispa-rue à l'âge de 4 ans. Dans les blancs, des

événements que l'on devine, esquisséstrès subtilement, par la force d'une écri-ture serrée traversée de belles images.Oui, derrière le côté ludique du procédé(Esther Montandon n'est-elle pas née un8 mai, comme un certain Romain Gary?),il y a là une vraie éloquence du deuil.

Même cernée par tant de plumesdiverses, on finit par croire à ladouleur hébétée de ce person-

nage. Un roman hautement paradoxal:grave malgré sa genèse pas triste, surtoutqui parvient à en dire long tout en restantcourt. TR


Datum: 15.08.2016

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Pietro De Marchi (RSI)

Il Keller a Pietro De Marchi

Il poeta, narratore e professore di letteratura premiato per "La carta delle arance" lunedì 15/08/16 12:03 -ultimo aggiornamento: lunedì 15/08/16 12:12

Il vincitore del premio Gottfried Keller 2016 è un italofono: il poeta, narratore e professore di letteratura PietroDe Marchi insignito dalla Fondazione Bodmer per la raccolta di versi " La carta delle arance " che usciràquest'autunno. La voce e la scrittura del 58enne sono noti nella Svizzera italiana in particolare per le suecollaborazioni coi quotidiani e la RSI.

La premiazione, che vedrà l'attribuzione di una menzione d'onore al collettivo Association de jeunes auteur.e.sromandes et romands, si svolgerà il 22 ottobre prossimo a Zurigo. Città dove Pietro De Marchi (nato aSeregno) ha ottenuto il dottorato e lavora come professore titolare (è pure invitato a Neuchâtel e Berna).

Nella sua attività di studioso si è occupato soprattutto di poesia dialettale lombarda, del Novecento e diletteratura della Svizzera italiana. Nel 2015 ha curato "Tutte le poesie di Giorgio Orelli" edite da Mondadori.Ha all'attivo anche due raccolte di poesie: "Parabole smorzate e altri versi" e "Replica" valsagli lo Schiller2007.

Diem

Dagli archivi RSI

Nel servizio Pietro De Marchi al fianco di Giorgio Orelli a Lugano in occasione della presentazione diun'antologia di versi del poeta scomparso nel 2013 tradotte in tedesco (Quotidiano del 14.10.1998)




http://www.rsi.ch/news/vita-quotidiana/cultura-e-spettacoli/Il-Keller-a-Pietro-De-Marchi-7880438.html

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Datum: 27.08.2016







GENIE COLLECTIF

Dix-huit jeunesauteurs romandssignent Vivre prèsdes tilleuls. Le col-lectif AJAR réussitun hold-up litté-raire gonflé. » 29


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Pietro De Marchi vince il premio Keller

Pietro De Marchi (RSI)

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Il vincitore del premio Gottfried Keller 2016 è un...

Il vincitore del premio Gottfried Keller 2016 è un italofono: il poeta, narratore e professore di letteratura PietroDe Marchi. La Fondazione Martin Bodmer ha deciso di insignirlo per la raccolta di versi "La carta delle arance"che uscirà quest'autunno.La premiazione si svolgerà in ottobre a Zurigo, città dove il laureato (nato a Seregnonel 1958) ha ottenuto il dottorato ed è titolare di letteratura (è pure invitato a Neuchâtel e Berna).Qualestudioso si è occupato soprattutto di poesia dialettale lombarda, Novecento e letteratura della Svizzeraitaliana. Ha all'attivo due libri di poesie e un romanzo. Nel 2007 ha vinto lo Schiller.

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Regionale

Pietro De Marchi vince il premio Keller lunedì 15 agosto 2016 12:31 - ultimo aggiornamento 12:31





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Pietro De Marchi vince il premio Keller

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15.08.2016 - 13:30 , ats

De Marchi vince premio Gottfried Keller

Il vincitore del premio Gottfried Keller

Il poeta, narratore e professore di letteratura Pietro De Marchi ha vinto il premio Gottfried Keller 2016, dotatodi 25'000 franchi, con la raccolta di versi "La carta delle arance".

La menzione d'onore è andata al collettivo Association de jeunes auteur.e.s romandes et romands (A.J.A.R.).La premiazione si svolgerà il 22 ottobre prossimo a Zurigo.

Pietro De Marchi, nato a Seregno (I) nel 1958, ha studiato alle Università di Milano e di Zurigo, dove orainsegna letteratura italiana come professore titolare. È incaricato di corsi alle università di Neuchâtel e diBerna.

Autore di numerosi studi di carattere filologico e letterario, si è occupato di poeti e prosatori della Svizzeraitaliana, in particolare di Giorgio Orelli, e dirige attualmente un progetto di ricerca del Fondo nazionalesvizzero. Dal 2006 al 2011 è stato membro del Consiglio di fondazione di Pro Helvetia. Attivo anche comepoeta, ha ottenuto vari riconoscimenti tra cui il premio Schiller nel 2007.

Il collettivo romando A.J.A.R., che ha ottenuto la menzione per il racconto "Vivre près des Tilleuls", riceverà10'000 franchi.

Il Premio Gottfried Keller è stato istituito nel 1921 da Martin Bodmer ed è il più vecchio e prestigiosoriconoscimento della Svizzera in ambito letterario accanto al Premio Schiller dell'omonima fondazione.

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https://www.bluewin.ch/it/news/kultur/2016/8/15/pietro-de-marchi-vince-il-premio-gottfried-keller-.html

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Datum: 15.08.2016

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Literaturpreis geht ins Tessin: Gottfried-Keller-Preis an Pietro de Marchi

Neue Zürcher Zeitung - vor 20 Minuten

Pietro De Marchi erhält für seinen Gedichtband «La carta delle arance» (Das Orangenpapier) den 38.Gottfried-Keller-Preis. Der 1958 in Mailand aufgewachsene und in Zürich lebende Autor Pietro De Marchi lehrtan verschiedenen Schweizer Universitäten




http://www.nzz.ch/feuilleton/literaturpreis-geht-ins-tessin-gottfried-keller-preis-an-pietro-de-marchi-ld.111027

http://www.nzz.ch/feuilleton/literaturpreis-geht-ins-tessin-gottfried-keller-preis-an-pietro-de-marchi-ld.111027

Datum: 15.08.2016

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ZURIGO

15/08/2016 - 13:49

Premio Gottfried Keller a Pietro De Marchi

Poeta e professore, è incaricato di corsi alle università di Zurigo, Neuchâtel e Berna. La premiazione sisvolgerà il 22 ottobre prossimo a Zurigo

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ZURIGO - Il poeta, narratore e professore di letteratura Pietro De Marchi ha vinto il premio Gottfried Keller2016, dotato di 25'000 franchi, con la raccolta di versi "La carta delle arance". La menzione d'onore è andataal collettivo Association de jeunes auteur.e.s romandes et romands (A.J.A.R.). La premiazione si svolgerà il 22ottobre prossimo a Zurigo.





Articolo di ats/SR




http://www.20minuti.ch/News/Svizzera/Attualita/1100879/Premio-Gottfried-Keller-a-Pietro-De-Marchi

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Premio Gottfried Keller a Pietro De Marchi

Poeta e professore, è incaricato di corsi alle università di Zurigo, Neuchâtel e Berna. La premiazione sisvolgerà il 22 ottobre prossimo a Zurigo

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ZURIGO - Il poeta, narratore e professore di letteratura Pietro De Marchi ha vinto il premio Gottfried Keller2016, dotato di 25'000 franchi, con la raccolta di versi "La carta delle arance". La menzione d'onore è andataal collettivo Association de jeunes auteur.e.s romandes et romands (A.J.A.R.). La premiazione si svolgerà il 22ottobre prossimo a Zurigo.





Articolo di ats/SR




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Datum: 15.08.2016

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Pietro De Marchi vince il premio Gottfried Keller 2016

Cultura

15 agosto 2016 - 13:30

Il vincitore del premio Gottfried Keller

(sda-ats)

Il poeta, narratore e professore di letteratura Pietro De Marchi ha vinto il premio Gottfried Keller 2016, dotatodi 25'000 franchi, con la raccolta di versi "La carta delle arance".

La menzione d'onore è andata al collettivo Association de jeunes auteur.e.s romandes et romands (A.J.A.R.).La premiazione si svolgerà il 22 ottobre prossimo a Zurigo.





sda-ats




http://www.swissinfo.ch/ita/pietro-de-marchi-vince-il-premio-gottfried-keller-2016/42374562

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Datum: 17.08.2016

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Soudés par l’amitié, à peine trentenaires pour la plupart, les membres de l’association AJAR se sontrencontrés dans des prix littéraires ou à l’université. © Astrid di Crollalanza

Livres

Lisbeth Koutchoumoff Publié mercredi 17 août 2016 à 18:03.

Littérature

L’incroyable histoire d’un roman écrit à dix-huit

L’AJAR, collectif de jeunes écrivains romands, publie «Vivre près des tilleuls» chez Flammarion. Ou quand lafiction dépasse la réalité et vice versa

«Vivre près des tilleuls»: sous ce titre placide se cache l’histoire éditoriale la plus détonante de cette rentréelittéraire. Elle réunit les ingrédients d’un cocktail peu habituel: talent, force du collectif, canular, histoirelittéraire, fiction et réalité. «Vivre sous les tilleuls» n’a pas été écrit par un auteur mais par dix-huit, tousmembres du collectif AJAR qui réunit des jeunes auteurs suisses romands.

Rien que cela suffirait à susciter la curiosité. Mais ce n’est pas tout. Entrent aussi en scène des fantômes plusou moins illustres. Celui d’Esther Montandon, une romancière de La Chaux-de-Fonds, inventée de toutespièces; et celui de Romain Gary, l’auteur des «Promesses de l’aube» et des «Racines du ciel», seul écrivain àavoir reçu deux prix Goncourt. Un festival québécois et une éditrice parisienne, familière des jeux littéraires,ont tenu aussi leur part. «Vivre près des tilleuls» paraît aujourd’hui aux Editions Flammarion. Dix-huit auteursassistent, sereins, un peu ébahis, au triomphe de la fiction, qui façonne et nourrit le réel. Voici cette histoire.

Clin d’œil

Nous sommes en 2014. Depuis deux ans, les membres de l’AJAR se réunissent pour écrire en groupe:lectures, performances, balades littéraires, etc. L’écriture n’est pas qu’une pratique solitaire, elle est aussi unart vivant et collectif, tel est le motto. Soudés par l’amitié, à peine trentenaires pour la plupart, les membres del’association se sont rencontrés dans des prix littéraires ou à l’université. Chacun l’expérimente très vite:écrire en groupe encourage et stimule les projets personnels que les membres poursuivent ailleurs.Nombreux sont ceux qui ont déjà ou qui vont publier faisant du groupe un vivier exceptionnel de talents. Ilsaiment aussi l’acronyme de leur association, AJAR, clin d’œil à l’écrivain Romain Gary «aussi potache que






Datum: 17.08.2016

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nous» et à son célèbre double, Emile Ajar.

Double canular

En 2014 donc, le festival «Québec en toutes lettres» lance un appel aux projets sur le thème «Doubles etpseudos»: quand on s’appelle AJAR, on ne peut que répondre présent à ce type d’invitation. «Nous avionsimaginé un double canular. Au travers d’une exposition, on racontait comment on avait secoué le milieulittéraire suisse en inventant un faux roman inédit de la grande romancière romande, Esther Montandon. Unefois sur place, à la fin du festival, on révélait au public que le canular en cachait un autre, à savoir qu’EstherMontandon n’existait pas», explique Guy Chevalley, membre de l’AJAR.

L'association AJAR s'inspire de l'écrivain Romain Gary, qui a publié son roman «La vie devant soi» sous lepseudonyme d'Emile Ajar. AFP ARCHIVES

Pour paraître crédible et donner du corps à Esther Montandon, l’écrivaine fictive, l’AJAR invente les méandresd’une biographie, une œuvre, admirée dans les années 1960 puis étrangement interrompue, une pageWikipédia, de vrais-faux articles de presse. Cela ne suffit pas, ils le savent. Il faut arriver au Québec avec deslivres d’Esther Montandon. Il s’agit donc d’écrire le pseudoroman inédit, «Vivre près des tilleuls».

Un silence ému

Une nuit d’été, à la campagne, ils s’y mettent. L’épisode est bien raconté dans la postface du roman: «Nousnous étions donné rendez-vous pour écrire un roman en une nuit; l’idée nous amusait et nous effrayait. Uneauteure allait prendre vie sous nos yeux.» Et c’est effectivement ce qu’il s’est passé. «Nos ordinateurs ouvertsdevant nous, un silence s’est installé, concentré, ému, que nous n’avions pas prévu.»

«Vivre près des tilleuls» se présente comme un journal de deuil, celui qu’Esther Montandon a vécu après la





Datum: 17.08.2016

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mort accidentelle de sa fille de quatre ans. C’est ce drame qui l’a conduite au silence. En 63 brèvesséquences, comme autant de bribes ou d’éclairs arrachés au chagrin, Esther Montandon raconte, à lapremière personne, sa grossesse, tant attendue; la venue au monde de Louise, ses premières années puisl’accident, la sidération, la vie qui se fige comme sous l’effet du gel. Le manque, violent: «Personne ne m’avaitexpliqué le vide au creux des entrailles, le vrombissement dans le cerveau, le tremblement des mains.» Etpuis le lent dégel, comme le bruit, profond encore, d’un ruisseau qui perce, quelque part, vers «l’aberrante» vie d’après.





Datum: 19.08.2016

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Le Courrier1211 Geneve 8022/ 809 55 66www.lecourrier.ch

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FRAGMENTS AUTOUR DE L’ABSENCE

Vendredi 19 août 2016

Anne Pitteloud

Médias, réseaux sociaux: tout le monde en parle comme de l’événement de la rentrée littéraire – romande etpeut-être française, le collectif étant invité à tourner dans l’Hexagone après le Livre sur les Quais de Morges.En une poignée d’années, les jeunes membres de l’AJAR ont réussi à renouveler l’approche de l’écriture – enla désacralisant et en montrant que le groupe, loin d’être un frein à la créativité, opérait aussi comme unstimulant pour l’œuvre individuelle de chacun de ses membres.

C’est justement parce que l’AJAR, c’est «l’infiniment plus que moi, le tellement plus que nous», comme lecollectif l’écrit dans la postface de Vivre près des tilleuls , qu’il a pu s’emparer sans l’avoir vécu du délicatsujet de la mort d’un enfant. Le roman est une déclaration d’amour à la littérature qui a le pouvoir de fairesurgir un monde – et, ici, une auteure. Ce sont donc diverses sensibilités qui ont ciselé ce récit mosaïqueépuré. Ses fragments tranchants disent l’absence et le silence, la solitude d’une mère éperdue qui évoqueson impossible deuil au fil de phrases courtes, au présent. Légèrement désuet, le ton est en accord avecl’époque – le tournant des années 1950-60 – et suscite des images sépia. Le premier jet a été «asséché» etpoli, les coupes nombreuses: point de répétitions, aucune lourdeur, une grande unité de style et de bellesimages loin des clichés. Ce bref opuscule, qui se lit d’une traite, se révèle très tenu. N’est-il pas, justement, unpeu trop raisonnable face à l’absolue déraison qu’est la mort d’un enfant? On se prend à souhaiter que letexte déraille, que son rythme presque paisible soit bouleversé par l’urgence, que l’étrange descelle sastructure soignée et ses impeccables liaisons. Mais il est plus difficile, sans nul doute, d’atteindre cettesingularité à dix-huit plumes.

En lien avec cet article:

L’AJAR ou la littérature délivrée Le vieux rêve de tout écrivain romand: monter à Paris. Chaque année,quelques-uns y parviennent, avec plus ou moins de bonheur. Et cette année, 18 d’un seul coup! Edités chezFlammarion à l’enseigne du collectif AJAR, ils seront pour la plupart au Livre sur les Quais, à Morges, lepremier week-end de septembre. Soucieux d’accompagner Vivre près des tilleuls, lauréat d’un ...

L’Ajar, Vivre près des tilleuls , Ed. Flammarion, 2016, 128 pp.

Le Courrier




http://www.lecourrier.ch/141637/fragments_autour_de_l_absence

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Datum: 19.08.2016

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Imaginons que la rentrée littéraire, au sens plein du terme, n ’ ait pas vraiment lieu. Imaginons que les auteursdébarqués en masse sur les bords du Léman, pour le Livre sur les quais (du 2 au 4 septembre), décident,charmés par les lieux, de se pr... © voronin76/123RF / Vladimir Voronin/ 123RF

Livres

Eléonore Sulser Publié vendredi 19 août 2016 à 21:34.

Caractères

Si la rentrée littéraire n ’ avait pas lieu

Dans un roman très drôle, Stéphane Benhamou imagine que la « rentrée » n ’ a pas lieu en France.Appliquons cette idée – subversive – aux livres

La rentrée n ’ aura pas lieu est un roman de Stéphane Benhamou* qui dynamite l ’ idée – très française – dela rentrée de septembre. Ce moment où les écoles et les usines rouvrent, où les ministères se repeuplent.Bref, quand la tribu des « aoûtiens » – 11 millions de Français, précise le romancier – rentre en masse, en delongs et chaotiques cortèges autoroutiers de ses vacances sur le littoral.

Dans cette fiction aussi drôle que bien tournée qui paraît chez Don Quichotte, les Aoûtiens, devenus unpeuple rebelle, refusent de rentrer. Les autoroutes restent vides, les postes de travail aussi, les écoles nerouvrent pas, les zadistes s ’ en mêlent, l ’ Etat et le patronat paniquent, bref, le farniente est érigé en valeursuprême et subversive.

Mais qu ’ en est - il de la rentrée littéraire? L ’ auteur ne s ’ en occupe guère. Et il faut dire que cette dernièreest souvent plus buissonnière qu ’ il y paraît. Les premiers livres – comme l ’ épatant roman de l ’ Ajar, Vivreprès des tilleuls, une curiosité écrite à 36 mains par 18 auteurs Suisses romands! – déboulent en librairiecette semaine. Pourtant, les éditeurs, les attachés de presse, les auteurs eux - mêmes sont encore, pour laplupart, en vacances. Ils ne reviendront que début septembre pour dérouler leurs « plans médias » mis aupoint en juin, pour honorer leurs rendez - vous pris de longue date.

Imaginons, en étendant l ’ idée de Stéphane Benhamou, que la rentrée littéraire, au sens plein du terme, n ’ait pas vraiment lieu. Imaginons, par exemple, que les auteurs débarqués en masse sur les bords du Léman,pour le Livre sur les quais (du 2 au 4 septembre), ne repartent pas, vers Paris, Rome ou New York. Qu ’ ils




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Datum: 19.08.2016

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décident, charmés par les lieux, de se prélasser plus longtemps sur les rivages du lac.

Ils prennent le temps de goûter les filets de perche et le papet, s ’ initient aux blancs vaudois en triquant avecleurs collègues suisses qui eux aussi redécouvrent avec ravissement la grillade de cervelas à la nuit tombéeet les siestes l ’ après - midi … De leur côté, les jurés des Prix, sont également saisis de paresse. Plusquestion donc, de compétition entre écrivains. Le Goncourt ne donne pas sa première sélection le 6septembre et tout le monde peut croire à sa chance.

Entre auteurs, on se lit, on se rencontre, on prend le temps de parler poésie, littérature, on bavarde, on rit, onoublie mondanités et jalousies. Les lecteurs eux aussi prolongent leurs vacances et nomadisent le long duLéman. Le temps de lire – enfin! – toutes ces nouveautés: ventes exceptionnelles pour un mois deseptembre! Les libraires, restés eux aussi à Morges, campant sous tente, se frottent les mains …

Utopie, rêve éveillé, farce … ? Un peu. Mais Stéphane Benhamou nous dit une chose: que les livres, lesromans, les récits sont des lieux où la vie se réinvente, où la liberté se cultive, où l ’ on peut si on le veut,prolonger, ses vacances à l ’ infini.

*Stéphane Benhamou, La rentrée n ’ aura pas lieu , Don Quichotte, 170 p.





Datum: 25.08.2016

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25.08.2016, 00:01 Actualisé il y a 19 minutes

Une auteure plus vraie que nature

Par Dominique Bosshard

Auteure fracassée par la mort de sa fille Louise, la Chaux-de-Fonnnière Esther Montandon a couché sadouleur et ses souvenirs sur une liasse de feuillets retrouvés dans ses archives. Un «journal de deuil» enquelque sorte, qui nous est restitué par un certain Vincent König...

L’avant-propos de «Vivre près des tilleuls» nous fait croire en l’existence de ce manuscrit, que l’auteure auraitrédigé durant les quatre années de la vie de Louise. Mais au terme d’une narration poignante et «sonnant sijuste», l’épilogue fait tomber le masque: Esther Montandon est aussi fictive que ses carnets! De fait, le récit aété tracé par 18 plumes issues de l’Association de jeunes auteur(e)s romand(e)s (Ajar), un collectif littérairecréé en 2012.

Avec cette mise en abyme, cet Ajar-là– qui, lui, avance à découvert! – a expérimenté une autre manièred’éprouver la fiction littéraire. «Nous avons pris conscience qu’un récit, pour s’incarner, n’a pas toujoursbesoin d’être en adéquation avec le vécu» , écrit le collectif. «Qu’une femme qui n’a jamais existé peut êtrel’auteur d’un livre qu’elle n’a pas écrit.»

L’exercice est plus que convaincant. dbo

INFO +

Le livre: «Vivre près des tilleuls», l’Ajar, éd. Flammarion.

A La Chaux-de-Fonds: balade cyclo-littéraire, départ à 10h à la Villa Turque (avec vos vélos), arrivée à 11h30à la librairie La Méridienne. Apéro, dédicaces et lectures de 11h30 à 13h.

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http://www.arcinfo.ch/articles/lifestyle/loisirs-et-culture/une-auteure-plus-vraie-que-nature-571507

http://www.arcinfo.ch/articles/lifestyle/loisirs-et-culture/une-auteure-plus-vraie-que-nature-571507

Datum: 31.08.2016

Corriere degli italiani8004 Zürich044/ 240 22 40

Medienart: PrintMedientyp: Spezial- und HobbyzeitschriftenAuflage: 12'000Erscheinungsweise: 44x jährlich





LETTERATURA

Pietro De Marchi vinceil premio Gottfried KellerZURIGO - Il poeta, narratore e pro-fessore di letteratura Pietro DeMarchi ha vinto il premio GottfriedKeller 2016, dotato di 25'000 franchi,con la raccolta di versi "La cartadelle arance". La menzione d'onoreè andata al collettivo Associationde jeunes auteur.e.s romandes etromands (A.J.A.R.). La premiazionesi svolgerà il 22 ottobre prossimo aZurigo.Pietro De Marchi, nato a Seregno(I) nel 1958, ha studiato alle Uni-versità di Milano e di Zurigo, doveora insegna letteratura italianacome professore titolare. È incari-cato di corsi alle università di Neu-chàtel e di Berna.

Autore di numerosi studi di carat-tere filologico e letterario, si è oc-cupato di poeti e prosatori dellaSvizzera italiana, in particolare diGiorgio Orelli, e dirige attualmenteun progetto di ricerca del Fondonazionale svizzero. Dal 2006 al2ou è stato membro del Consigliodi fondazione di Pro Helvetia. Attivoanche come poeta, ha ottenuto variriconoscimenti tra cui il premioSchiller nel 2007.Il collettivo romando A.J.A.R., cheha ottenuto la menzione per il rac-conto "Vivre près des Tilleuls", ri-ceverà to'000 franchi.Il Premio Gottfried Keller è statoistituito nel 1921 da Martin Bodmer

ed è il più vecchio e prestigioso ri-conoscimento della Svizzera in am-bito letterario accanto al PremioSchiller dell'omonima fondazione.


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