Initiation Transmission et Spirituelle - Gallican

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AVRIL 2014 Transmission et Initiation Spirituelle De la Cène au rite Gallican de Gazinet

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AVRIL 2014

Transmissionet

Initiation

Spirituelle

De la Cèneau rite Gallican de

Gazinet

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mandements divins, lesquels sont synthétisés dans ce pas-sage de l'Evangile: "tu aimeras ton Dieu de tout ton coeur,de toute ton âme et de tout ton esprit, et tu aimeras tonprochain comme toi-même".

Ses tolérances

Acceptation du mariage des prêtres et des évêques- Diaconat féminin - Rejet de la confession obligatoire - Ad-ministration du sacrement de communion sous les deux es-pèces - Bénédictions ponctuelles du remariage des divorcés -Bannissement des excommunications - Liberté en matière dejeûne et d'abstinence - Participation des fidèles au gouverne-ment de l'Eglise - Election des évêques par le clergé et lesfidèles - Prise en considération du monde animal dans la ré-flexion de l'Eglise.

Le Mystère de l'Eglise

Saint Cyprien de Carthage a donné la meilleuredéfinition de l'unité de l'Eglise:

- "L'épiscopat est un tout, que chaque évêque re-çoit dans sa plénitude. De même que l'Eglise est un tout,bien qu'elle s'étende au loin dans une multitude d'Eglisesqui croissent au fur et à mesure qu'elle devient plus fertile."

"A quelque Eglise que les évêques soient attachés"a dit Saint Jérôme, "à celle de Rome ou à celle de Constanti-nople, ou encore à celle d'Alexandrie, ils méritent le mêmerespect et possèdent le même sacerdoce."

Aujourd'hui pas plus qu'hier, aucun évêque parti-culier n'a le droit de prétendre représenter seul l'Eglise Uni-verselle. Chaque évêque représente son Eglise et ce sont cesévêques assemblés qui représentent toute l'Eglise. Ainsi, tousles évêques étant premiers pasteurs, peuvent validement dansleur Eglise, ce que le pape évêque de Rome, peut dans lasienne.

La puissance des évêques n'est donc pas une éma-nation de la plénitude de pouvoir que s'arroge la papauté,mais une participation de l'autorité divine qui réside en Jé-sus-Christ, pontife éternel et chef souverain de son Eglise.

Et pourtant, en 1870, le Pape Pie IX s'attribuaitpar la voix du concile du Vatican une suprématie sur tous leshommes dans les matières de foi et de morale; suprématiefondée sur un prétendu privilège d'infaillibilité, usurpant ainsitous les attributs du Christ.

De la sorte, en subordonnant les évêques à un pou-voir souverain, ce concile en faisait uniquement les vicairesde l'un d'entre eux, et cela contrairement à l'ancienne consti-tution de l'Eglise qui a toujours déclaré que:

- "les évêques tiennent leur autorité de Dieumême."

C'est ainsi que s'est appelée l'Eglise Catho-lique en France depuis l'évangélisa-tion des Gaules jusqu'en 1870.

Respectueuse de la papauté, elleposait néanmoins certaines limites à sapuissance; elle enseignait en particulierque le pouvoir des évêques réunis en con-cile était plus grand que celui du pape.Pourtant en 1870 eut lieu à Rome la pro-clamation du dogme de l'infaillibilité pon-tificale qui consacra l'abdication de l'épisco-pat devant l'omnipotence du pape.

En France, un mouvement de résistance fut em-mené par le Révérend Père Hyacinthe Loyson qui obtint pardécret du Président de la République l'autorisation d'ouvrirun lieu de culte au nom de l'Eglise Gallicane le 3 décembre1883. Après la loi de 1905 entérinant le principe de sépara-tion des Eglises et de l'Etat, le courant gallican va s'organiserplus librement sous la houlette de Mgr Vilatte.

A partir de 1916 le village de Gazinet - dans lebordelais - devint le symbole de la résistance gallicane et durenouveau gallican. L'association cultuelle saint Louis futcréée par Monseigneur Giraud le 15 février 1916.

Le siège de l'Eglise et de la cultuelle saint Louisest aujourd'hui à Bordeaux: - chapelle primatiale Saint Jean-Baptiste, 4 rue de la Réole, 33800 Bordeaux.

La paroisse saint Jean-Baptiste existe sans discon-tinuité depuis le 24 juin 1936. Elle a été fondée par Mon-sieur l'Abbé Junqua en 1872 et fut continuée par le Père Jean(Monseigneur Brouillet) 1936, puis par le Père Patrick (Mon-seigneur Truchemotte) 1960. Depuis 1987 le Père Thierry(Monseigneur Teyssot) assure le service permanent du cultegallican (messes, baptêmes, mariages, communions, funé-railles, bénédictions) en la chapelle saint Jean-Baptiste.

Cette tradition bien gauloise de résister aux em-piétements de la curie romaine a pris jadis le nom de gallica-nisme.

Le plus illustre représentant de ce courant fut legrand Bossuet, évêque de Meaux (XVIIème siècle), qui ré-digea les quatre articles gallicans de 1682 signés par l'as-semblée des évêques de France. Bossuet ne fit d'ailleurs quereprendre les décisions du concile de Constance (1414-1418)qui rappela (conformément à la règle en usage dans l'Egliseuniverselle et indivise du premier millénaire) que le concileoecuménique (assemblée de tous les évêques) était l'organesuprême en matière d'autorité et d'enseignement au seinde l'Eglise.

L'Eglise Gallicane aujourd'hui

Ses croyances

En tant qu'Eglise chrétienne, pour y adhérer, ilfaut avoir reçu le baptême ou désirer le recevoir.

En tant qu'Eglise de tradition catholique, pour yadhérer, il faut connaître et admettre l'un des credos suivants,qui contiennent les articles fondamentaux de la foi catholi-que: - des Apôtres, de Nicée-Constantinople, de saint Atha-nase.

En tant qu'Eglise apostolique, pour y adhérer, ilfaut connaître et admettre dans leur contenu traditionnel lessept sacrements: baptême, confirmation, réconciliation, eucha-ristie, onction des malades, ordre et mariage; tous les com-

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ISSN 0992 - 096XR E V U E D E L ' E G L I S E G A L L I C A N E -

Journal Trimestriel 4 rue de la Réole - 33800 BORDEAUX Tel : 05 56 31 11 96Adresse de Messagerie Internet: [email protected] Site Web: http://www.gallican.org

Ce numéro de printemps témoigne d’une

belle participation des religieux de l’Eglise à la confec-tion du journal. Sa diffusion dans les paroisses augmente, le

synode des 5 et 6 avril dernier l’a constaté. Même hors desfrontières de notre courant il est aussi lu et apprécié.

Une volonté, au fil des numéros : celle d’aborder de nom-breux sujets ; de fond bien sur mais d’autres plus légers. Il s’agit de

garder un équilibre entre ces deux tendances. Pour intéresser le lecteurles sujets doivent être variés. Il s’agit d’expliquer, de catéchiser. Il s’agitaussi de spiritualité.

Dans les sujets de fond de ce numéro nous avons fait le choixde gros morceaux :

1) Initiation et transmission spirituelle. Le titre est volontaire-ment accrocheur. Parce qu’il existe à notre époque une interrogation,une recherche sur ces questions, il était important d’y consacrer une ré-flexion. Quelles réponses l’Eglise peut-elle donner ? C’est tout l’enjeude cette étude.

2) De la Cène au rite gallican de Gazinet. Les Eglises célèbrenttraditionnellement la messe. En deux mille ans de christianisme celle-cia évolué. Les premiers chrétiens célébraient très simplement la Cène duSeigneur. Aujourd’hui les fondations sont solides. Le génie, l’inspira-tion, la mystique ont construit un immense édifice spirituel. Nous vousinvitons à une plongée dans le trésor de l’ancienne liturgie des Gaules.

Vie de

l’Eglise

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T. TEYSSOTInitiation

et Transmission

Spirituelle

Une Lettre

émouvante

du

Père Hyacinthe

LoysonUn monde

Meilleur

Elévation

et

Eucharistie

Prière5 6De la Cène

au Rite Gallican

de GazinetSemaine Sainte

et Pâques7 L’Icône8

LeGallican

Editoria

l

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Dans toutes les cultures, l’initiationmarque un début, un rite de pas-sage, une transformation. Ainsi le

baptême est-il le premier rite de l’initiation chré-tienne. On entre dans l’Eglise par le baptême, ondevient chrétien par la réception de ce sacrement.Il en existe d’autres ensuite, pour nous permettred’aller plus loin, dans la vie de la Foi.

La réception de ces sacrements supposeune transformation. Parce que la Foi est vivante,elle appelle une modification profonde de notre étatd’esprit. La réception d’un sacrement, c’est aussiune forme d’engagement, comme pour celui dumariage ou des ordinations. Elle suppose le vécu,l’expérience, la prise de conscience. Elle nous ap-pelle à porter du fruit.

Le Témoignagedes évangiles

L’enseignement et les actes de Jésus ré-vèlent l’importance du don divin. La

guérison des malades, l’espérance donnée aux bles-sés de la vie, la présence du Christ marque pourbeaucoup un renouveau, une renaissance. Au grédes rencontres et des circonstances, le « Dieu quisauve » opère de nombreuses transformations. C’estune forme d’initiation, le passage de l’ombre à lalumière ; le début d’une nouvelle vie pour beau-coup.

L’initiation c’est voir autrement, grandir,« naître de nouveau » (Evangile de Jean, discoursà Nicodème). « Il y avait un homme, un pharisiennommé Nicodème ; c’était un notable parmi lesJuifs. Il vint trouver Jésus pendant la nuit. Il luidit: « Maître, nous le savons, c’est de la part deDieu que tu es venu comme un maître qui ensei-gne, car personne ne peut accomplir les signes quetoi, tu accomplis, si Dieu n’est pas avec lui. Jésuslui répondit : « Amen, amen, je te le dis : à moins

de naître d’en haut, on ne peut voir le royaume deDieu. » (Jean 3,1-3)

En remerciement de l’aide apportée, de la« nouvelle naissance », l’être humain répond auSauveur par beaucoup de bonne volonté. C’est undes fruits de la reconnaissance, le contraire de l’in-gratitude. « Ta foi t’as sauvé » déclare Jésus ausamaritain qui vient remercier après avoir été sauvéde la lèpre.

Le christianisme est une initiation à lajoie ; celle d’être sauvé, de s’émerveiller de la viequi nous est donnée. La vie est un miracle, c’estaussi un cadeau, un don. L’initiation chrétiennenous fait prendre conscience de cette réalité.

L’initiation, c’est encore une découverte.Pour le chrétien il s’agit de celle du Christ. La Foiest un regard, posé sur un être qui ne connaît pointde limites. Les apôtres s’y sont attachés, ils se sontliés à lui : « vers qui irions-nous Seigneur, tu as lesparoles de la vie éternelle », déclare Pierre à Jésusdans l’Evangile de Jean.

Pierre et ses compagnons ont été marquésprofondément par leur rencontre avec Jésus. Vivreà ses côtés, partager de longs moments d’intimitéavec lui, écouter sa parole, être témoins de ses mi-racles, sans même qu’ils s’en rendent compte ilsont changé. Une partie d’eux-mêmes a grandi. Leuresprit s’est ouvert à d’autres réalités, ils ont évo-lué.

« Le royaume des cieux est semblable àun grain de sénevé qu’un homme a pris et semédans son champ. C’est la plus petite de toutes lessemences ; mais, quand elle a poussé, elle est plusgrande que toutes les autres plantes potagères etdevient un arbre, de sorte que les oiseaux du cielviennent habiter dans ses branches. » (Mathieu13,31-32)

Il est impossible de comprendre la trans-formation des apôtres sans prendre en compte leurrelation vivante avec Jésus. En vivant à ses côtés,dans le souffle de son esprit, dans l’aura de sa per-sonnalité, ils ont changé.

Transmissionet

InitiationSpirituelle

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La transmission spirituelle liée à l’ini-tiation, c’est d’abord une influence.

Cela ne s’apprend pas dans les livres.Ecouter, voir, être attentif, pour que la semence duroyaume puisse germer, grandir et se développer.

Les ouvriers qui ont bâti les cathédralesn’ont pas appris leur métier en s’asseyant sur lesbancs de l’école. Ils ont d’abord regardé leur maî-tre travailler, ils se sont imprégnés de ses gestes.C’est ensuite, seulement, qu’ils ont pu commencerà travailler. L’apprentissage suppose une périoded’écoute, d’attention, d’initiation. Pour que le mé-tier rentre il fautune maturation,une sorte d’ap-propriation etd’intégration desgestes, du « coupde main ». Pourqu’un savoir-faire devienne unart, il faut dutemps et de la pa-tience, c’estl’école de la vie.

La veille de sa Passion, Jésus lave les piedsde ses disciples qui discutent entre eux pour savoirqui est le plus grand. A travers ce geste, il veut leurfaire comprendre l’humilité. « Ce que je fais main-tenant », déclare Jésus à Pierre, « tu le compren-dras plus tard ». Il faut du temps pour éduquer etformer quelqu’un, il faut du temps pour faire unhomme, avec des valeurs qui dépassent la médio-crité.

Pierre et ses compagnons ont passé envi-ron trois années à côtoyer Jésus, à partager sa vie.Cette période d’apprentissage était nécessaire, maiselle n’était pas encore suffisante. Il faudra l’Espritde la Pentecôte et la maturité qui vient avec le tempspour qu’ils prennent toute la mesure de l’enseigne-ment du Christ et l’incarnent dans leur façon depenser et d’être. La parabole du grain de sénevédonnée par Jésus est vraie dans tous les cas. C’estl’histoire du vilain petit canard du conte d’Ander-sen qui mettra longtemps avant de devenir un cy-gne magnifique.

Le Christ, à l’image de tous les parents etéducateurs est patient. Il sait qu’il faut donner du« temps au temps » pour que la croissance se fasse.« Dieu ne veut pas la mort du pécheur », déclareJésus, « mais qu’il se convertisse et qu’il vive. »Raison pour laquelle l’Evangile nous invite à ne

pas juger, à ne pas condamner. Il s’agit, tout enétant réaliste et lucide sur les erreurs, à donner lepréjugé favorable, celui qui fait que la confiancedemeure, qu’il y a du bon à venir. La parabole dubon grain et de l’ivraie nous rappelle cette évidence,l’être humain porte le meilleur comme le pire enlui. La question est toujours : le bon peut-il l’em-porter sur le mauvais ?

D’une façon générale Jésus donne le pré-jugé favorable. Il attend, il espère, il parie en quel-que sorte sur l’avenir, sur un changement positif.C’est ce qu’il fait avec ses apôtres et avec la plu-

part des person-nes qu’il croisesur sa route.C’est un peu ceque nous faisonsdans la vie detous les jours.L ’ e x c e p t i o nvient, commepour le Christ,lorsque la con-fiance n’y est pas,ou n’y est plus.

Ainsi il se montre dur avec les pharisiens et lesprinces des prêtres qu’il compare à des vipères. Ildéclare à propos de Judas qu’il vaudrait mieux qu’ilne fut pas né, mais il pardonne à Pierre son renie-ment. Lorsqu’il y a du bon, il faut l’encourager.L’être humain progresse aussi par ses fautes et sesmaladresses, à partir du moment ou il assez hum-ble pour le reconnaître et assez courageux pour serelever.

Dans les quatorze stations du chemin decroix, il en est une seule répétée plusieurs fois, troisexactement : la chute du Christ. Epuisé par le poidsdu fardeau de la croix le Sauveur tombe, mais serelève ensuite pour continuer avec courage. C’estl’histoire de la vie. Nous tombons souvent. Maisle problème n’est pas de tomber, ce qui finit tou-jours par arriver un jour ou l’autre. Il s’agit en faitde se relever, en ayant compris, appris de nos er-reurs, pour qu’elles ne se reproduisent pas. Mêmeceux qui se croient très forts finissent par tomber.C’est le cas de Pierre jurant à Jésus qu’il ne l’aban-donnera jamais. Quelque heures après cette décla-ration, pourtant sincère sur le moment, il le renieraavec force. « L’esprit est ardent, mais la chair estfaible » déclarera Jésus.

L’Evangile transmet des vérités essentiel-les. Elles sont des forces et des moteurs : la foi,

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l’espérance et l’amour par exemple. Ces sentimentspermettent de dépasser les clivages et les peurs, ilslibèrent l’être humain et lui permettent d’aller au-delà de ses limites. Il en existe beaucoup d’autres,liées et dépendantes des trois premières : par exem-ple la tolérance, l’ouverture d’esprit, le pardon, lerefus de condamner, le préjugé favorable, la con-fiance, la miséricorde.

L’Evangile nous initie à l’essentiel, pourne pas se perdre, sur le chemin de la vie.

Sacrementset

Influence Spirituelle

Selon la théologie, un sacrement est« un signe visible institué par Dieu

pour nous communiquer la grâce. » Les chrétiensd’Orient, orthodoxes, ont une belle formulation,poétique et riche de sens. Ils associent la grâce ve-nue d’En-Haut aux « énergies incrées ». Ce qui estimportant, c’est de comprendre que cette « in-fluence spirituelle » est bénéfique, bienfaisantepour l’être humain.

Oublions un instant la théologie, concen-trons-nous sur l’essentiel. En matière d’initiationchrétienne parexemple, l’évêqueappelle et confèredes ordinations(sacrement de l’or-dre). Elles ne sontpas un but à attein-dre, mais un pointde départ ; desoutils, des talents,des services à ac-complir, des de-voirs qui obligent,en lien avec lacommunauté chré-tienne. Le « prêtrene peut célébrerseul la messe »,écrivait Mgr Giraud dans la Profession de foi deGazinet, « les fidèles la célèbrent avec lui. »

Une ordination, pour reprendre le langagedes paraboles utilisées par Jésus, c’est un « grainde sénevé. » Il est déposé par l’évêque qui impose

les mains à celui qu’il ordonne prêtre. C’est tou-jours une « potentialité mise perpétuellement à ladisposition de la foi. » Il faut qu’elle vive, qu’elles’incarne à l’intérieur de celui qui en reçoit le dé-pôt. Que va-t-il en faire ?

« L’influence spirituelle » reçue à traversl’ordination est quelque chose à partager et à trans-mettre. Comment annoncer l’Evangile s’il ne vitpas profondément en celui qui l’annonce ? Pronon-cer une homélie n’est pas réciter ou lire une leçon,c’est faire vivre et partager la bonne nouvelle re-çue de Jésus-Christ. L’ordination est une étape,mais que serait-elle sans la vocation, l’engagement,la sincérité, la communauté chrétienne ?

Le mariage aussi est un sacrement. Ce quiest important c’est : comment le vivons-nous, qu’enfaisons-nous ? Des couples donnent l’exemple del’idéal proposé par le Christ : « ils ne sont plus deux,mais une seule chair » dit le Seigneur. Dans l’opti-que chrétienne de l’Evangile le mariage est quel-que chose de grand. Selon l’apôtre Paul l’alliancenuptiale est la figure de l’union sacrée du Christ etde l’Eglise (Ephésiens 5,32); « nos petites Eglisesfamiliales » disait aussi le Père Hyacinthe Loyson.Complémentarité, symbiose, partage, pour quepuisse se réaliser l’idéal de l’unité qui procède del’amour ces qualités doivent exister.

Arrêtons-nous ensuite sur le sacrement debaptême, il est fondamental dans l’Eglise. Il fait

de nous - officielle-ment, visiblement -des chrétiens. Dansla pensée del’Eglise, le baptêmenous incorpore auChrist, nous greffesur son corps mys-tique. Saisir l’in-fluence spirituelledu baptême, c’estplonger dansl’Evangile, y puiserles valeurs donnéespar le Christ. Maisil ne suffit pas quel’eau du baptêmenous touche, il faut

aussi que l’esprit de l’Evangile puisse nous péné-trer. D’où l’importance de la transmission de la foidans la famille, ou au catéchisme.

Par exemple si l’Eglise a toujours baptiséles enfants, sans poser de conditions particulières

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Les Sept Sacrements

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concernant l’âge des petits que l’on porte sur lesfonts baptismaux - « c’est des apôtres qu’est ve-nue la coutume de baptiser les petits enfants » dé-clare Origène au IIIème siècle (Romains Comment.V,9) - c’est parce que l’on considère que l’enfantest porté par la Foi de sa famille. Voilà pourquoil’on baptise les bébés et les petits enfants.

Dans l’Eglise Gallicane, le catéchisme estsuivi par les enfants qui se préparent à la premièrecommunion, à la communion solennelle et à la con-firmation.

Après le baptême vient la communion,aussi appelée sacrement de l’eucharistie. Elle tireson origine du dernier repas pris par Jésus, au coursduquel le Seigneur célébra la Cène. « Il prit le pain,le bénit, en disant : ceci est mon corps ; puis lacoupe de vin en disant : ceci est mon sang. » Dansla pensée de l’Eglise, le pain et le vin consacréspar le prêtre lors de la messe deviennent le corps etle sang du Christ. Pour que le communiant puisse« saisir cette influence spirituelle » au moment dela réception du sacrement, il est important qu’il s’enapproche avec la foi.

Dans l’initiation chrétienne des jeunes, laconfirmation suit la communion. Ce sacrement estconféré par l’évêque dans le but d’appeler sur ce-lui qui le reçoit les sept dons de l’Esprit-Saint :sagesse, intelligence, conseil, force, science, prièreet respect du Très-Haut. Comme pour les autressacrements, cette « influence spirituelle », ces« énergies incrées » ne peuvent s’épanouir que dansun contexte de foi. Les dons reçus sont appelés àvivre en nous, parce que la foi est vivante.

Le sacrement de la réconciliation ne doitpas être oublié. Il est aussi appelé sacrement del’absolution. Dans l’Eglise Gallicane il est essen-tiellement conféré par le prêtre lors de la messe.En le recevant nous demandons à Dieu de nouslibérer de la « part d’ombre » qui habite en nous,c’est à dire de nous pardonner nos péchés. « Je nefais pas le bien que je voudrais faire, je fais le malque je ne voudrais pas faire » écrit l’apôtre Paul.C’est une définition assez juste de ce que l’on ap-pelle le péché.

Terminons cette rapide présentation dessacrements par celui de l’onction des malades. Dansl’Eglise Gallicane il est habituellement donné à lafin de la messe. En le conférant le prêtre imposeles mains et marque le front du récipiendaire avecl’huile prévue à cet effet. Cette huile est appelée àagir sur toute faiblesse physique, psychique, mo-rale de l’être humain. Parfois le sacrement est donné

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en particulier aux malades ou aux mourants, lors-que les familles en font la demande, à la maison ouà l’hôpital.

De sa « boîte à outils » spirituelle, l’Egliseretire et confère donc sept sacrements pour alimen-ter la foi et porter secours à ses membres. Ils onttous leur mission et leur utilité. Ils font partie del’initiation chrétienne. Ils doivent être reçus avecrespect. A travers eux, c’est le Christ qui se donneà nous.

Mgr Thierry Teyssot

Que l’on soit croyant ou non, laperte d’un être cher est uneépreuve très douloureuse. L’une

des plus difficiles qu’un être humain puisse vivre.Pour celui qui reste, c’est un monde qui s’écroule,une part de soi-même que l’on perd. Pour un Chré-tien, quand survient la mort d’un proche, l’Espé-rance de la Résurrection ne saurait empêcher lasouffrance et le chagrin.

Comment pourrait-il en être autrement ?Ces sentiments sont bien humains et ont été parta-gés, dans leur condition humaine, par la Très SainteVierge Marie et notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même.

Une lettre émouvantede

l’Abbé Hyacinthe Loyson

Famille LoysonHyacinthe

Emilieet leur fils Paul

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Méditons un instant la terrible Prophétieque Siméon adressa à la Vierge Marie : « et toi-même, un glaive transpercera ton âme » (Luc 2,35). Comment ne pas entendre la douleur immensequi transperça le Cœur de la Mère de Dieu durantla Passion et la Mort sur la Croix de son Divin Fils?

Ce Divin Fils qui, dans son humanité, futtroublé et pleura (Jean 11, 33-35) lorsqu’il vit Ma-rie de Béthanie et les Juifs qui l’accompagnaientpleurer la Mort de Lazare. Loin de nous surpren-dre, ces larmes versées par notre Seigneur doiventau contraire nous introduire plus profondémentdans ce Mystère extraordinaire d’un Dieu faithomme : celui de l’Incarnation.

Notre illustre ancêtre l’Abbé HyacintheLoyson (1827-1912) qui, comme on le sait, res-taura notre chère Église Gallicane en 1879, fut trèsaffecté par le décès de son épouse Émilie qui sur-vint le 3 décembre 1909. Les premiers temps deson veuvage furent particulièrement douloureuxcomme en témoignent les notes et les réflexionsde son Journal. Laissons la parole à l’Abbé Loy-son :

« Le service a été beau, d’une beauté ca-tholique-réformée. L’église, si belle elle-même etsi catholique, était pleine. Quand on a, au début,chanté le cantique si cher à Émilie : « Plus près detoi, mon Dieu, plus près de toi », j’ai été longtempssecoué par une crise de larmes. » (6 décembre1909)

« 31 juillet. - Je suis seul à présent, commedans la première partie de ma vie, mais je souffreà présent et je ne souffrais pas alors ; je souffreparce que j’ai perdu celle que j’avais possédée sidoucement et si saintement et que rien ne me larendra ici-bas. Je souffre parce que, ayant expéri-menté ce que c’est que d’être deux en un seul, oùplutôt un seul dans l’intégralité humaine de la na-ture et de la surnature de l’homme, je suis réduit,sans espoir, sinon de l’autre côté de la mort, à l’étatd’un être profondément mutilé. Beaucoup moinsqu’un homme après avoir été plus qu’un homme.L’homme complet, identique au surhomme, c’estl’homme et la femme ET DIEU. Conjux inaeternum. » (31 juillet 1910)

« il y a des abîmes d’amour profondscomme l’éternité, et, après la mort, pour celui quireste, douloureux comme l’enfer. Séparation quisera éternelle sur cette terre, mais qui cessera dansla réunion vraiment éternelle ! » (4 octobre 1911)

Sa correspondance de cette période témoi-gne, elle aussi, de la profondeur de la douleur dans

laquelle la mort de son épouse le plongea. Commecette lettre émouvante (voir la transcription ci-des-sous) que j’ai trouvée récemment chez un librairebiterrois. Il la rédigea seulement deux mois aprèsla « Naissance au Ciel » d’Émilie. Elle est adres-sée à un Protestant tarnais : M. Charles de Larivière(1854-1929), haut fonctionnaire des finances pu-bliques, épistolier et historien de la Russie.

Dans cette lettre, le théologien catholiquen’est jamais très loin de l’époux affligé : l’on de-vine chez lui une certaine vision du sacrement deMariage, pour ne pas dire une mystique du couplechrétien. Le portrait qu’il dresse de la situation spi-rituelle de la France en 1910 a des accents prophé-tiques. Bonne lecture !

Frère Christophe-André Marty

***

« Paris, 110, rue du Bac,Le 16 février 1910.

Cher Monsieur,

Je suis bien touché de votre lettre, le coupa été si violent pour moi que depuis plus de deuxmois qu’il ma frappé, je n’écris pas ou presque pas.La force me manque. Je ne me faisais pas une idéede la gravité du mal et j’avais espéré jusqu’à la fin.

Ce n’est pas seulement une excellenteépouse que je perds après 37 ans de vie heureuse,c’est en réalité l’âme de mon âme, et quoique jesache très bien que « Dieu seul suffit », je suis tentéde dire que, pour ce qui me concerne, Dieu avaitcoutume de se communiquer surtout à moi par elle.

Je passe l’hiver chez mon fils qui m’en-toure d’une affection et d’une sollicitude rares,même chez les meilleurs enfants. Lui et toute sajeune famille veulent me garder jusqu’à la fin demes jours qui ne peuvent pas être très longs, puis-que je vais avoir, le mois prochain, 83 ans.

J’aurais voulu laisser la France en meilleurétat. Je vois l’abîme se creuser de plus en plus en-tre ses deux moitiés, et je ne peux croire à l’avenird’un peuple qui n’a plus de Dieu ou qui se pros-terne devant une idole de chair et d’os. « Parole duPape, parole de Dieu » disent les uns ; « Il n’y a niDieu ni âme », répliquent les autres.

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Au revoir quelque part, je l’espère tou-jours.

Mes hommages à Madame de Larivière.

Cordialement à vous.

Hyacinthe Loyson

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Un monde meilleur

Cette année 2014 sera-t-ellemeilleure ? Sans guerres de tou-tes sortes, sans catastrophes na-

turelles ou accidentelles et techniques, où les hom-mes auront oublié les racismes en tous genres, oùla faim dans le monde aura disparu, où le partagedu travail sera équilibré, gardons espoir que celaira mieux, même un tout petit peu, ce serait un bondébut.

Lorsque l’on se penche sur l’histoire del’humanité, on rencontre au fil des siècles les cata-clysmes, la famine, la peste, la rage, le SIDA, etmême il n’y a pas si longtemps la bombe atomi-que, la liste est longue !

Aujourd’hui avec la progrès, la recherche,les connaissances avancées dans tous les domai-nes, assurés de notre foi en Dieu nous devons pou-voir ensemble vivre mieux. Ce n’est pas une uto-pie. Il suffirait d’un peu plus de conscience et moinsd’orgueil et d’égoïsme en chacun de nous.

Depuis 2000 ans, Jésus nous dit « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».Les progrès de la communication doivent servir àfaire passer ce message de Jésus. Ecouter ces bon-nes paroles ne suffit pas, il faut chaque jour lesmettre en œuvre, au sein de notre foyer, pendantnos activités, dans notre église, avec tous les hom-mes de cette terre.

Je sais que ce sera long, mais jour aprèsjour, avec la prière et l’aide de Notre-Seigneur,ensemble, nous pouvons faire un pas de plus verscette harmonie et ce respect de l’autre afin d’ac-cepter sa différence.

Le temps, pour Dieu, ne se compte ni enjours ni en heures mais en millions d’années. Pournous les hommes, il se compte en années. Alorsn’oublions pas l’enseignement de Jésus qui est à la

portée de tous les hommes. Par exemple, les septdons de l’Esprit-Saint, la Sagesse, l’Intelligence,le Conseil, la Force, la Science, la Piété, la Craintede Dieu. Ces dons éclairent le sens de nos parolespour nous aider à faire comprendre la force desévangiles qui nous guident sur le bon chemin.

Dans ce temps de Noël, l’amour infini quenous portons à Jésus, à Marie, à Joseph, doit semultiplier aussi pour tous les hommes et femmesde cette terre. Tout au long de cette nouvelle annéeles Saints Évangiles, les Épîtres et les écritures dela Bible nous aideront à enseigner la vie de Jésus,qui est notre grand frère à tous.

Je prie Dieu que notre église Gallicane,vivante et missionnaire nous donne beaucoup deprêtres pour répandre la parole du Christ, crucifiépar les hommes et ressuscité pour effacer nos pé-chés et nous donner un monde meilleur.

Père Gérard Morel

Réflexion de Père Alain Crépiat surun sujet souvent évoqué par lesfidèles de la Chapelle Saint Fran-

çois d'Assise à Valeille : - Pendant la célébrationde la messe, au moment de l'Eucharistie « Pour-quoi faites-vous des élévations aussi longues ? »

Cette question me porte aujourd'hui à vousexpliquer comment je ressens et je vis, depuis vingt-quatre ans de prêtrise, ce moment essentiel del'Eucharistie.

On parle de mort, on parle de vie, on parlede sang, on parle d'eau, de vin et de pain sur unautel qui, jadis, était la table même sur laquelle nosPères pratiquaient l'holocauste,véritable sacrificesanglant, humain puis animal car Dieu a pourvuAbraham d'une brebis pour lui épargner la mort deson propre fils.

Jésus va, ensuite nous enseigner commentnous devons célébrer ce sacrifice spirituel et nonsanglant.

Et maintenant soyons attentifs à ce qui vas'opérer sur cet autel, qui ne prend pas la vie mais

élévationet

eucharistie

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qui la donne. Cette table devient à mes yeux, pen-dant ce moment exceptionnel, un bloc opératoire.Tout est prêt pour la transsubtantiation des « Sain-tes Espèces ».

Aujourd'hui l'homme sait clôner, greffer,transplanter, mais hélas, ne sait toujours pas fabri-quer le sang. Obligatoirement, pour fabriquer sonpropre sang, l'homme doit respirer, il a égalementbesoin d'eau et de pain. Ces éléments sont vitaux.

Sur cet autel et devant vous, le pain vadevenir le Corps du Christ, puis le mélange du vinet de l'eau, le sang du Christ.

Pour donner vie à ce corps, le Prêtre faitune génuflexion afin de se comprimer comme unressort puis se détend en élevant à bout de brasl'Hostie, tel un corps inanimé, afin qu'elle reçoive,par le souffle de l'Esprit, l'oxygène vital.

Par le même rituel le calice sera élévé pourdevenir son sang. Le temps de l'élévation, pour moi,est très important, c'est le moment de la messe quipermet au prêtre et à ses fidèles d'être en contactdirect avec l'Esprit d'où j'éprouve le besoin d'avoirun temps d'élévation assez long.

« Et maintenant que ce mélange du corpset du sang de notre Seigneur Jésus Christ nous fassenaître à la vie éternelle ».

La communion sous les deux espèces nousfait partager ce corps et ce sang qui viennent deprendre vie par l'interaction des matières que nousavons mélangées et par le souffle de l'Esprit-Saint.

Père Alain Crépiat

Seigneur par l'intercession de laBienheureuse Vierge Marie défendez notre famille chrétienne tous

les prêtres et leurs familles ainsi que tous les fidè-les contre tout malheur.

De tout cœur elle se prosterne devant vousque votre bonté daigne la protéger contre les piè-ges de ses ennemis. Par Notre Seigneur Jésus-Christ.

Père Jean-Pierre Armengaud

Prière pour notrefamille

et nos croyants

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Semaine Sainteet Pâques

Le peuple Chrétien a célébré dansla joie l’anniversaire de l’événe-ment historique le plus extraordi-

naire de tous les temps : La résurrection du Fils deDieu fait homme. « Si le Christ n’est pas ressus-cité, alors notre prédication est vide, vide aussinotre foi ». (Saint Paul aux Corinthiens). La Se-maine Sainte nous a fait suivre pas à pas le Sei-gneur, cinq journées pour fêter Jésus-Christ.

Le Dimanche des Rameaux : Célèbre letriomphe du Seigneur - « Pâques fleuries » - parcequ’autrefois on bénissait les premières fleurs avecles Rameaux, la procession reproduit l’entrée triom-phale de Jésus à Jérusalem et elle exprime notrerencontre actuelle avec le sauveur dans la prière,l’eucharistie, la parole de Dieu et notre entrée fu-ture dans la Jérusalem céleste. Mais il ne faut pasoublier la Messe qui suit, la lecture de la Passion.On comprend mieux cet amour du Fils de Dieu pournous.

Le Jeudi Saint : « La nuit qu’il fut livré »commémore la dernière Cène, le repas que Jésusprit avec ses disciples, dernier festin de l’anciennealliance, première messe de la nouvelle et éternellealliance. C’est aussi le premier acte de la passion,où Jésus anticipe le sacrifice de la croix le lende-main. Il nous donne le moyen de perpétuer de sa-crifice jusqu’à ce qu’il vienne. En lavant les piedsde ses disciples et en nous livrant son corps et sonsang, il nous donne le commandement nouveau :« Aimez-vous les uns les autres ».

Le Vendredi Saint : nous célébrons le «sa-lut du monde par le sacrifice de la croix». Notretristesse va aux souffrances passées du Christ etaux actuelles, car le Christ « souffre » en chacunde ses frères en humanité qui portent une croix ma-térielle, physique ou morale. L’absence de messe,le dépouillement de la liturgie, la lecture de la Pas-sion nous invitent à la pénitence et à la contritionde nos péchés.

Le Samedi Saint : Nous célébrons dans lanuit la résurrection du Seigneur. « Ô Nuit bienheu-reuse » chantons-nous à pleine voix. Cette veillée,nous rappelle les merveilles de Dieu : la création,la délivrance du peuple d’Israël ; elle nous met enattente du retour glorieux du seigneur, elle célèbre

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aussi l’illumination et la vie nouvelle que procurele baptême aux nouveaux chrétiens. Fête de la lu-mière du cierge pascal, elle rappelle le feu qui ma-nifestait à Moïse et à son peuple la présence pro-tectrice de Dieu et qui symbolise celle du Christressuscité au milieu de son Eglise. Elle nous inviteà partager le repas des noce de l’Agneau Immoléet ressuscité qui nous ouvre les portes de sonroyaume et a communier dès ici-bas par l’Eucha-ristie. Saint Paul nous donne ce conseil : « ayezdans vos cœurs les sentiments qui furent ceux duChrist Jésus. » Pâques, les chrétiens fêtent la lu-mière.

Père Jean-François Prévôt

La célébration de la messe est unecérémonie chrétienne qui tire sonorigine du dernier repas pris par

Jésus avec ses apôtres. Ce repas est appelé : la Cène.Le jeudi avant sa mort, le Sauveur prit du pain, lebénit en disant : « ceci est mon corps » ; puis demême la coupe de vin en disant : « ceci est monsang. » Ce moment s’appelle : l ’institution del’eucharistie.

Les premiers chrétiens avaient l’habitudede se réunir dans leurs maisons pour partager unrepas communautaire au cours duquel ils « faisaientmémoire », selon les dernières volontés du Christ,de la Cène; en partageant le pain et le vin eucharis-tiques. Il n’y avait pas de rite de célébration parti-culier. Ce repas était simplement partagé dans lajoie fraternelle et le souvenir du Seigneur. Pour cettegénération, Jésus était vivant et présent parmi euxà travers l’eucharistie qu’ils célébraient (mot quisignifie : action de grâces.)

Parfois, le vin aidant, il y eut des « déra-pages », surtout lorsque la Cène était célébrée tarddans la nuit. L’apôtre Paul est d’ailleurs obligé d’in-tervenir dans ses épîtres pour expliquer aux jeunescommunautés qu’il faut faire attention. Pour lui, le

respect et la dignité sont essentiels à la célébrationde l’eucharistie. « Celui qui prend le corps et lesang du Seigneur indignement mange et boit sapropre condamnation » écrit-il, « ne faisant pas lediscernement qu’il doit du corps et du sang du Sei-gneur. » (1Cor. 11,27)

Plus tard, la sagesse venant avec l’expé-rience, au fil des ans, les Eglises en développementcréèrent des « rites de célébration » pour guider etencadrer l’exercice du culte. Les dimensions festi-ves et sacrées se mêlaient selon les lieux, la cul-ture, le génie et l’inspiration propre aux commu-nautés. Les cérémonies pouvaient durer jusqu’àplusieurs heures, agrémentées de chants, parfoismême de danses.

Ainsi apparurent une multitude de rites :gallican, mozarabe, milanais, ambrosien, celtique,copte, guèze, byzantin, lyonnais, romain, etc. Laliste n’est pas exhaustive. Il en existe une grandediversité, fruit des Eglises. Certains ont disparu,d’autres ont évolué, s’adaptant à l’évolution desmentalités. Ces rites (aussi appelées liturgies, c’està dire au service du peuple) n’ont jamais été rigi-des. Ils furent et sont toujours vivants, au servicedes communautés. Il sont l’expression de la foi, ducaractère et de la personnalité des communautéschrétiennes avec leurs pasteurs.

Le ritegallican

En France, durant le premier millé-naire, le rite principal de célébration

de la messe était le rite gallican (du latin gallicanus,gaulois, des Gaules). Dans son livre « Liturgies ofthe Past » (Edition Mame, 1959) l’érudit ArchdaleA. King écrit :

« On a qualifié de gallicanes cinq varian-tes liturgiques différentes :

1 - Le rite en vigueur en Gaule avant lesréformes de Pépin et Charlemagne.

2 - Le rite romain transformé et enrichien Gaule et en Allemagne par l’école liturgiquecarolingienne.

3 - Un rite français introduit par les nor-mands en Apulie et en Silicie.

4 - Le rite franco-romain qui, à l’instiga-tion de l’évêque de Rome Grégoire VII (1073-1085), supplanta le rite mozarabe en Espagne à lafin du XIème siècle.

De la Cèneau rite Gallican de

Gazinet

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5 - Les livres liturgiques de plusieurs dio-cèses de France au XVIIIème siècle qui, malgréles prescriptions du concile de Trente avaient ététransformés par les évêques et étaient appelés gal-licans ou néo-gallicans.

Le terme n’est sans doute cor- rec-tement employé que pour désigner le riteen vigueur en Gaule avant le IXème siè-cle. »

Le fait est qu’il existe peu desources liturgiques établissant avec pré-cision le mot à mot de la messe galli-cane des premiers siècles. Archdale A.King précise encore : « Une reconstitu-tion de la messe gallicane n’est pas fa-cile, la liturgie variant d’une église àl’autre dans le pays. »

Ainsi, peu nombreux sont ceuxqui aujourd’hui en France revendiquentcet héritage liturgique traditionnel.

1 - L’Eglise Catholique Ortho-doxe de France fondée par Mgr JeanKovalevski a tenté une résurgence de l’an-cien rite des Gaules.

2 - L’Eglise Gallicane de Gazinetfondée par Mgr Giraud a elle aussi oeuvréen ce sens et, la messe dite de Gazinet est actuelle-ment célébrée dans la majorité de nos communau-tés.

La messede Gazinet

Emprunte-t-elle beaucoup d’élémentsau mode liturgique des premiers siè-

cles ? Une liturgie ne se construit pas à la légère.Selon l’expression de Mgr Giraud lors de sa con-ception, il s’agissait de « toujours moderniser enreprenant l’arbre à la racine », c’est à dire en re-cherchant ce que contenait d’actualisable la litur-gie des Gaules des premiers siècles.

Compte-tenu des informations dont dis-posent les historiens aujourd’hui, il faut relever :

1 - La présence de l’hymne du Trisagion(Dieu trois fois saint, évocation de la Trinité) : aprèsle Gloria et avant la lecture de l’épître. « Une allu-sion au Trisagion dans la liturgie gallicane setrouve dans une vie de Saint Géry, évêque de Cam-brai vers 600. » (Archdale A. King)

2 - L’élévation du livre des Evangiles(Evangéliaire) devant le chandelier à sept branches,

avant l’annonce de la Parole de Dieu. (Lettres deSaint Germain - VIème siècle)

3 - La bénédiction du peuple après l’Of-fertoire et avant les Dyptiques : transcription d’uneprière tirée d’un bénédictional gallican au VIème

siècle.4 - Le baiser de paix : d’origine apos-

tolique (c’est à dire venu des apôtres) - toujoursconservé dans le rite des Gaules - transmis de-

puis le célébrant jusqu’au dernier des fidè-les. Le baiser de paix fut ensuite restauré

par le Père Hyacinthe Loyson dans sa li-turgie gallicane (cf. son missel de 1891).Il introduisit également l’absolution gé-nérale des fidèles pendant la messe. Lorsde la réforme de Gazinet, ces deux élé-ments furent maintenus dans la liturgie.

5 - La préface, si belle et si poé-tique est celle de la vénérable liturgie deSaint Jacques de Jérusalem, célébrée parles chrétiens d’Orient (orthodoxes) ; riteremontant selon la tradition directementau frère du Seigneur.

6 - La présence de l’épiclèse (in-vocation à l’Esprit-Saint sur le pain et levin pour qu’il transforme ces dons en

Corps et en Sang du Christ) ; également d’origineapostolique, voulu et attesté par les Pères.L’épiclèse rend la messe « valide » au yeux desEglises orientales.

7 - Durant l’Offertoire le prêtre reçoit lesoffrandes des fidèles et bénit le pain, les galettes(jour des Rois, Epiphanie), les œufs (Pâques), lesroses (Pentecôte), les croix d’herbes (Saint Jeand’été).

8 - L’hostie rompue en neuf parcelles aprèsla consécration évoque les grands moments de lavie du Christ ; mémoire de l’ancienne commixtiogallicane (du latin commixtio, de cum « avec », etmixtio, « mélange » : « action de mêler, de mélan-ger ». Rite qui consiste à laisser tomber dans lecalice un fragment des neuf parcelles de l’hostie.

9 - Une prière tirée de la Didachée de-mande le rassemblement de l’Eglise dans leRoyaume de Dieu.

10 - Le Symbole de la Foi (Credo) est letexte traditionnel issu de l’Eglise indivise du pre-mier millénaire, sans l’addition romaine du« filioque », c’est à dire tel qu’il fut toujours récitédans l’ancienne Eglise des Gaules.

On note également dans le Credo laphrase : « Je crois l’Eglise Une, Sainte, Universelleet Apostolique (véritable sens du mot catholique

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du grec katholicos = universalis) ; décision du sy-node gallican de mars 1988. Pour ce synode, ils’agissait d’une part par souci de clarté, d’évitertoute confusion avec l’Eglise catholique (dite ro-maine) et d’autre part de restaurer le mot catholi-que dans son sens originel.

Paternitédu rite

Les historiens de notre Eglise sont gé-néralement d’accord pour accorder la

paternité du rite gallican de Gazinet à MonseigneurGiraud (1876-1950) assisté d’un comité de théolo-giens. Mgr Gaston Vigué, consacré évêque en 1921par Mgr Giraud a pu y exercer une certaine in-fluence. Pour le comprendre il faut relever l’inspi-ration vieille-catholique de certaines prières issuesde l’ancienne liturgie des Eglises de l’Uniond’Utrecht (rite d’entrée notamment et diptyques).Cela n’a rien d’étonnant puisque Mgr Vigué futd’abord ordonné prêtre de l’Eglise CatholiqueChrétienne de la Suisse (Union d’Utrecht) par MgrHerzog avant de rejoindre l’Eglise Gallicane deGazinet.

Où situer dans le temps la naissance decette liturgie ?

Monsieur Christian Mériot - attaché derecherche au C.N.R.S. en 1973 - a publié dans les« Cahiers du Centre d’Etudes et de Recherches Eth-nologiques » un travail de 113 pages intitulé :« L’Eglise catholique, apostolique et gallicane oul’essor d’un courant catholique non romain dansle bordelais » mars 1973 - Université de BordeauxII.

Aux pages 40 et 41 de son étude on peutlire le paragraphe suivant : « Sa codification re-monte à 1918, époque où Monseigneur Giraudl’utilisa pour la première fois en l’église primatialede Gazinet. Son texte actuel fut établi par plusieurssynodes auxquels participèrent, outre les évêquesde l’Eglise catholique gallicane, de nombreux his-toriens et des représentants des Eglises celtiques,basques, chaldéennes, catholiques évangéliquesd’Allemagne et de Suisse, arméniennes, ainsi queles délégués de diverses Eglises orthodoxes ouvieilles-catholiques. »

Cette liturgie était-elle régulièrement cé-lébrée ? Comme tout mouvement de réforme, letemps était nécessaire pour sa mise en place, sonintégration. La Profession de foi de Gazinet pu-

bliée en 1945 et la collection du journal « Le Gal-lican » (période 1922-1950) ne donnent pas le sen-timent d’une célébration régulière de cette messe.C’est surtout au sein de la chapelle Saint Jean-Bap-tiste de Bordeaux, alors 29 rue de la Brède, que lacélébration de ce rite s’est imposée peu à peu aucours des années cinquante. Avec une générationde jeunes prêtres directement formés dans cette li-turgie, sous la tutelle du Père Jean Brouillet et deMgr Vigué, c’était plus facile.

Le Père Patrick (futur Mgr Truchemotte),ordonné prêtre par Mgr Vigué en 1953 s’est cons-truit avec. C’est la liturgie dont je me souviens dansles années soixante-quinze, lorsque je fréquentaisadolescent la chapelle au 6 quai de Bacalan à Bor-deaux. En 1983 j’ai été ordonné prêtre dans ce rite,comme le Père Jean Blusseau en 1977.

Aujourd’hui encore, des fidèles qui fré-quentaient la chapelle au 29 rue de la Brède sontheureux de retrouver la même liturgie au 4 rue dela Réole. Il y a continuité d’esprit. Cela s’appellela transmission.

Le signede notre unité

Aujourd’hui la célébration de la messede Gazinet est inscrite dans la charte

de notre Eglise. C’est une richesse. Les prêtresnouvellement ordonnés s’engagent à la célébrer.Elle est le rite officiel de l’Eglise. Elle marque sonunité.

La messe de Gazinet, maintenant célébréepar de nombreux prêtres en France et à l’étrangerse réfère à l’antique cérémonial des Gaules.

Les bras du prêtre s’élèvent très haut dansle ciel au kyrie, vieux geste d’invocation; ils semettent en coupe pendant la préface consécratoire;ils vont s’étendre en croix dans l’attitude des pre-miers chrétiens au moment du Notre Père.

Tout est vivant et empreint de poésie danscette messe. Une large place est laissée à l’impro-visation, aux coutumes locales. La prédication doitporter sur l’Ecriture et tenir compte des besoinsspirituels de chacun.

Il faut saluer le génie de ses créateurs. Nonseulement ils ont réussi à se démarquer du rite ro-main, mais ils ont surtout donné à notre Eglise unepersonnalité liturgique originale, profonde, vivante,spirituelle, et surtout : gallicane !

13Mgr Thierry Teyssot

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Qu’est-ce qu’une Icône ? Une pein-ture religieuse ? Pas seulement !Mmes Maggy Joubert, Agnès

Fellot, Marie Ferrer, fidèles paroissiennes de notrechapelle Saint François d’Assise à Valeille, sontartistes en représentation d’icônes. Elles ont offertà la chapelle deux magnifiques icônes représen-tant Madame Mathieu, « Dame Alphonsine deGazinet » et Saint François d’Assise, notre SaintPatron. Elles ont aussi bien voulu nous livrer « lessecrets » techniques de réalisation d’une icône etleur signification. Nous sommes heureux de vousles faire partager.

Descriptionet présentation

L’icône est un langage spirituel, uneécriture théologique et symbolique.

Née au début du christianisme à Byzance, elles’étendra à la Russie et au monde entier. On neregarde pas une icône, c’est elle qui nous regarde,d’où la perspective inversée dans sa réalisation,laquelle établit la relation entre l’image et celui quila contemple. Couleurs et lumière émanent de l’in-térieur.

Constructionet réalisation

Le support est une planche de bois(Tilleul) que l’on recouvre d’un en-

duit (« Levkas » = mélange de blanc de Meudon etcolle de peau de lapin).

Dessinet gravure du sujet

Choix des couleurs (pigments naturelsmélangés au jaune d’oeuf, que l’on

appelle « la tempéra ». On débute par le«proplasme» pour tout ce qui est carnation qui sefait de couleur très sombre. Ensuite les vêtementset les fonds suivant les couleurs choisies, et, tou-jours de teinte très sombre. Vient ensuite la mon-tée en lumière (le plus important) en posant le pig-ment de plus en plus clair. Passer de l’ombre à lalumière, comme dans toute recherche humaine.

Sa spiritualité

L’icône est vénérée, non adorée ; c’estune démarche spirituelle, elle repré-

sente le Divin. Elle est médiation, car l’invisiblese révèle dans le visible. C’est une école de pa-tience, d’humilité et de « lâcher-prise ». Elle estparole de foi traduite en image pour les yeux et lecoeur.

Andrée Morel

L’ICÔNE

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Maggy Joubert, Agnès Fellot, Marie Ferrerartistes en représentation d’icônes

avec le clergé de Valeille

Icône de Sainte Alphonsine de Gazinetofferte lors de la messe synodale du samedi 5

avril à Bordeaux - chapelle Saint Jean-Baptiste -par les artistes de la paroisse

Saint François d’Assise de Valeille

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Vie de l’église

Baptêmes - CaussadeSamedi 1er marsLundi 10 marsMariage - 3 mai

Fête de Saint Expédit - Caussade - 27 avril - Trois confirmations et ordination d’un prêtre

Rameaux à Valeille

Pâques à Clérac Rameaux à CléracReposoir

BordeauxMesses synodales Bordeaux 5 et 6 avril

Baptême Bordeaux 26 avrilVeillée pascaleCastelnaudary

ReposoirChapelle Notra Damed’Afrique - Le-Muy

Veillée pascale Bordeaux

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