Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy… · En cartographiant sur deux décennies les...

Le vote des Françaisde Mitterrand à Sarkozy

1988 - 1995 - 2002 - 2007

Richard Nadeau, Éric Bélanger,

Michael S. Lewis-Beck,

Bruno Cautrès, Martial Foucault

Fait politique

26€ISBN 978-2-7246-1212-7 - SODIS 729 213.8

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Fort d’une analyse conjointe des quatre élections présidentielles de1988, 1995, 2002, 2007, cet ouvrage dresse le portrait d’un électoratfrançais qui tour à tour élit Mitterrand, Chirac et Sarkozy, de l’évolutionde ses opinions, de ses orientations idéologiques et de ses choix.

Son intérêt est de montrer dans quelle mesure les variables dites « lourdes » (classe, patrimoine, âge, genre, religion, etc.) structurentces choix et comment elles se combinent avec les facteurs propres àchaque scrutin (enjeux économiques, sécurité et immigration, imagesdes candidats, vote sanction) pour influencer les résultats électorauxau premier et au second tour.

En cartographiant sur deux décennies les éléments de continuité etde rupture inhérents au comportement des électeurs français, cetteéquipe internationale de chercheurs fournit non seulement une syn-thèse inédite, mais encore une grille d’interprétation privilégiée pourentrevoir la dynamique de la vie politique actuelle et les enjeux de l’élec-tion présidentielle de 2012.

Richard Nadeau, professeur de science politique à l’Université de Montréal,est un spécialiste du comportement électoral, de l’opinion publique et de lacommunication politique. Éric Bélanger, professeur agrégé de science politique à l’Université McGill, s’intéresse aux partis politiques, à l’opinion publique etaux comportements électoraux. Michael S. Lewis-Beck, professeur de sciencepolitique à l’Université de l’Iowa, travaille notamment sur l’étude des électionsdans une perspective comparative, l’économie politique et la méthodologiequantitative. Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Centre de recherches poli-tiques de Sciences Po (Cevipof), enseigne à Sciences Po et travaille sur levote et les comportements politiques. Martial Foucault, professeur agrégéau département de science politique de l’Université de Montréal, travaille surl’économie politique, le comportement électoral et les formes de concurrencepolitique et budgétaire.

Richard Nadeau, Éric Bélanger, Michael S. Lewis-Beck,

Bruno Cautrès, Martial Foucault

LE VOTE DES FRANÇAIS DE MITTERRAND À SARKOZY1988 - 1995 - 2002 - 2007

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Domaine Fait politiqueDirigé par Pascal Perrineau et Janine Mossuz-Lavau

La Politique au fil de l’âgeAnne Muxel (dir.)Collection Académique2011 / ISBN 978-2-7246-1235-6

Femmes et pouvoir sous la Ve RépubliqueDe l’exclusion à l’entrée dans la course présidentielleMariette SineauCollection Académique2011 / ISBN 978-2-7246-1220-2

La Turquie en EuropeL’opinion des Européens et des TurcsBruno Cautrès et Nicolas MonceauCollection Académique2011 / ISBN 978-2-7246-1209-7

La République en quête de citoyensLes républicains français face au bonapartisme rural (1848-1880)Chloé GaboriauxCollection Académique2010 / ISBN 978-2-7246-1179-3

Penser la politiqueEnjeux et défis contemporainsAstrid von BusekistCollection Manuels2010 / ISBN 978-2-7246-1180-9

Favoritisme et corruption à la françaisePetits arrangements avec la probitéPierre Lascoumes (dir.)Collection Académique2010 / ISBN 978-2-7246-1177-9

Les Mondes agricoles en politiqueBertrand Hervieu, Nonna Mayer, Pierre Muller, François Purseigle,Jacques Rémy (dir.)Collection Académique2010 / ISBN 978-2-7246-1164-9

Archéologie de la représentation politiqueStructure et fondement d’une criseDidier MineurCollection Académique2010 / ISBN 978-2-7246-1160-1

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1988-1995-2002-2007Richard Nadeau

Éric Bélanger

Michael S. Lewis-Beck

Bruno Cautrès

Martial Foucault

Préface de Pascal Perrineau

Cet ouvrage est publié avec le soutien du Fonds de recherche du Québec – Société

et culture (FQRSC).

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Catalogage Électre-Bibliographie (avec le concours de la Bibliothèque deSciences Po)Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy : 1988-1995-2002-2007 /Richard Nadeau, Éric Bélanger, Michael S. Lewis-Beck, Bruno Cautrès, MartialFoucault. – Paris : Presses de Sciences Po, 2012.ISBN 978-2-7246-1212-7

RAMEAU :– Présidents : France : Élection : 1970-....– Sociologie électorale : France : 1970-....

DEWEY :– 324.944 : Histoire et géographie des élections - France

Photo de couverture : Maisonneuve/SIPA

First published in English by Palgrave Macmillan, a division of Macmillan Publis-hers Limited under the title French Presidential Elections by Michael S. Lewis-Beck, Richard Nadeau and Éric Bélanger. This edition has been translated andpublished under licence from Palgrave Macmillan. The authors have asserted theirright to be identified as the author of this Work.La présente édition est une version traduite, revue et augmentée de l’ouvrageoriginal, publiée avec l’autorisation de Palgrave Macmillan. Les cinq auteurs ontreconnu qu’ils étaient bien les auteurs de cet ouvrage.

Michael S. Lewis-Beck, Richard Nadeau, Éric Bélanger, French Presidential Elec-tions © 2011, Palgrave Macmillan

La loi de 1957 sur la propriété individuelle interdit expressément la photocopie àusage collectif sans autorisation des ayants droits (seule la photocopie à usage privédu copiste est autorisée).Nous rappelons donc que toute reproduction, partielle ou totale, du présent ouvrageest interdite sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation dudroit de copie (CFC, 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris).

2012. Presses de la Fondation nationale des sciences politiques

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ISBN - version PDF : 9782724683486

SOMMAIRE

ONT CONTRIBUÉ A CET OUVRAGE 11REMERCIEMENTS 13PRÉFACE 17

Introduction / COMPRENDRE LE VOTE DES FRANÇAIS

DE MITTERRAND A SARKOZY 21Les partis politiques en concurrence 23La gouvernance électorale de la Franceet la présidence de la République 30Les théories des élections françaises 37Notre cadre d’analyse théorique 44

Chapitre 1 / LES VARIABLES SOCIODÉMOGRAPHIQUES 53Les déterminants sociodémographiques des choix électoraux 56Les déterminants sociodémographiques du vote présidentiel 60Un modèle des déterminants sociodémographiquesdu vote présidentiel 71Conclusion : des mutations significativesde la démographie électorale 80

Chapitre 2 / LES VARIABLES SOCIO-ÉCONOMIQUES 83Classes sociales et vote présidentiel 86Une analyse de la relation entre la profession, le secteurd’emploi et le vote présidentiel 93Une analyse de la relation entre le revenu, le patrimoineet le vote présidentiel 99Dépolarisation idéologique : un modèle complet desdéterminants socio-économiques du vote présidentiel 104Un modèle des déterminants socio-économiquesdu vote présidentiel 110Conclusion : une reconfiguration des assisessocio-économiques du vote présidentiel 115

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Chapitre 3 / L'IDÉOLOGIE 119Idéologies de gauche et de droite 121Affiliation idéologique et identification partisane 126Une analyse de la relation entre l’idéologieet le vote présidentiel 130Un modèle de la relation entre l’idéologieet le vote présidentiel 137Conclusion : l’effet persistant de l’idéologiesur le vote présidentiel 141

Chapitre 4 / LE RÔLE DES ENJEUX 143La signification du vote sur enjeux 144L’économie et l’électeur français 152Une analyse de la relation entre l’économieet le vote présidentiel 156L’immigration et l’électeur français 158Une analyse de la relation entre l’immigrationet le vote présidentiel 162Un modèle de la relation entre les enjeuxet le vote présidentiel 164Et l’enjeu européen ? 168Conclusion : le rôle significatif des enjeuxsur le vote présidentiel 175

Chapitre 5 / L'IMAGE DES CANDIDATS 177L’image des candidats français 178Les dimensions de l’image des candidats 181L’image des candidats lors des élections présidentiellesfrançaises 186Les déterminants de l’image des candidats présidentiels 192Un modèle de la relation entre l’image des candidatset le vote présidentiel 197Conclusion : l’influence décisive de l’image des candidatssur le vote présidentiel 201

8LE VOTE DES FRANÇAIS DE MITTERRAND A SARKOZY

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Chapitre 6 / LES EFFETS DES CAMPAGNES ÉLECTORALES 203Le suivi des campagnes présidentielles 207Le moment de la décision de vote 214Quel rôle joue la télévision ? 219Conclusion : l’effet des campagnes sur le vote présidentiel,une problématique d’avenir pour la recherche électorale 226

Conclusion / UN NOUVEL ÉLECTEUR FRANÇAIS ? 229Premier tour et second tour : le contexte institutionnel 230Changement et continuité dans les électionsprésidentielles françaises 232Un système électoral français « paralysé » ? 238Facteurs de court et de long terme 239Une théorie de l’élection présidentielle française est-elleenvisageable ? 242L’électorat français en perspective 244

BIBLIOGRAPHIE 247

ANNEXES 269

Sommaire9

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Ont contribué à cet ouvrage

Richard NADEAU est professeur titulaire de science politique à l’Université deMontréal. Ses intérêts de recherche portent sur le comportement électoral, l’opinionpublique, la communication politique et la méthodologie quantitative. Récipien-daire du prestigieux Fulbright Award et ancien conseiller du Premier ministre duQuébec Bernard Landry, le professeur Nadeau a écrit ou coécrit plus de 120 articlesscientifiques (publiés dans les meilleures revues de la discipline), chapitres de livreet ouvrages parmi lesquels Unsteady State (Oxford University Press, 2000), Ana-tomy of a Liberal Victory (Broadview Press, 2002), Citizens (UBC Press, 2004) et LeComportement électoral des Québécois (Presses de l’Université de Montréal, 2009,Prix Donald-Smiley 2010).

Éric BÉLANGER est professeur agrégé de science politique à l’Université McGill deMontréal. Ses intérêts de recherche portent sur les partis politiques, l’opinionpublique et les comportements électoraux. Ses travaux ont été publiés dans denombreuses revues scientifiques, notamment Comparative Political Studies, Poli-tical Research Quarterly, Electoral Studies, le European Journal of Political Researchet la Revue canadienne de science politique. Le professeur Bélanger a égalementcoécrit le livre Le Comportement électoral des Québécois (Presses de l’Université deMontréal, 2009, Prix Donald-Smiley 2010).

Michael S. LEWIS-BECK détient le titre de F. Wendell Miller Distinguished Professorof Political Science à l’Université de l’Iowa. Ses intérêts de recherche portent surl’étude des élections dans une perspective comparative, la prévision électorale,l’économie politique et la méthodologie quantitative. Le professeur Lewis-Beck aécrit ou coécrit plus de 180 articles scientifiques et ouvrages parmi lesquels HowFrance Votes (Chatham House, 2000), The French Voter (Palgrave Macmillan, 2004),The American Voter Revisited (University of Michigan Press, 2008), Economics andElections (University of Michigan Press, 1988), Forecasting Elections (CQ Press,1992) et Applied Regression (Sage, 1980). Il a également été directeur de la revueAmerican Journal of Political Science.

Bruno CAUTRÈS est chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Ses travaux portentsur l’analyse des comportements et des attitudes politiques, notamment sur lesclivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans lesélectorats et les opinions publiques. Bruno Cautrès a participé à la production enFrance de grandes enquêtes comparatives : le International Social Survey Pro-gramme (ISSP), le European Social Survey (ESS), les European Values Studies (EVS),et les European Election Studies (EES) ; ainsi que d’études nationales : les Panelsélectoraux français de 2002 et de 2007, et le Baromètre politique français. Il estmembre des comités de rédaction de la Revue française de science politique et de

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la Revue française de sociologie. Il a publié, avec Anne Muxel, Comment les élec-teurs font-ils leurs choix ? (Presses de Sciences Po, 2009).

Martial FOUCAULT est professeur agrégé au département de science politique del’Université de Montréal. Ses intérêts de recherche portent sur l’économie politiqueen général, le comportement électoral et les formes de concurrence politique etbudgétaire en particulier. Récemment récipiendaire d’une bourse de recherche duprestigieux National Bureau of Economic Research (NBER), ses derniers travauxont été publiés dans l’American Journal of Political Science, Public Choice, WestEuropean Politics, Social Science Quarterly ou encore Political Studies.


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Remerciements

Ce livre est né de la collaboration de chercheurs venant de trois payset de deux continents. Il est le fruit de leur curiosité pour la politiquefrançaise et de leur attachement envers la France. Il est aussi le résultatd’années de travaux et de recherches sur les élections françaises et de larencontre de perspectives théoriques et d’approches variées sur la dyna-mique politique et électorale de ce pays. Par-delà la diversité de l’originedes auteurs, de leur parcours et de leur expertise, l’ambition collective dece quintette était de produire un manuscrit pertinent et, à certains égards,original, sur les élections présidentielles en France de François Mitterrandà Nicolas Sarkozy.

L’étude des élections françaises est au centre des intérêts académiquesdes cinq auteurs de ce livre qui ont, individuellement ou en groupe, publiéplusieurs livres et plus d’une centaine d’articles scientifiques sur cette ques-tion. Le présent ouvrage tire évidemment profit de ces travaux passés. Ilva cependant bien au-delà de ceux-ci. L’approche comparative retenue icipermet de présenter une information inédite à bien des égards et aussid’approfondir et de mettre en perspective plusieurs aspects du comporte-ment électoral en France. L’approche théorique sur laquelle repose le livrepermet à la fois de structurer nos questionnements sur les élections pré-sidentielles françaises et d’élargir la portée de nos résultats. L’objectif pour-suivi est de comprendre la nature et de mesurer l’impact des facteurs decourt terme et de long terme pesant sur les choix politiques des Françaislors des élections présidentielles. Les résultats montrent que le vote à cetteoccasion dépend des circonstances propres à chaque campagne mais plusencore de l’effet de « variables lourdes », de nature sociologique et idéolo-gique, qui déterminent de façon durable ces choix politiques. Cela dit,l’effet des facteurs de court terme n’est pas négligeable et l’analyse de leurimpact aide à comprendre pourquoi, pour reprendre le titre d’un livre bienconnu sur les élections françaises, la France de gauche vote à droite sifréquemment. Une explication importante tient dans la capacité de la droiteà présenter des candidats perçus comme ayant l’étoffe présidentielle,

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à adopter des positionnements sur les enjeux plus en phase avec l’électoratet à mener des campagnes plus efficaces. La mise en évidence des moti-vations des électeurs offre une meilleure compréhension du résultat desélections en tant que tel. Les facteurs qui influencent les choix des Françaisressemblent de manière assez frappante à ceux observés dans la plupartdes autres démocraties établies. La dynamique politique dans l’Hexagoneparaît donc moins atypique qu’on ne l’a souvent affirmé. Cette conver-gence, qui n’enlève rien à l’intérêt du cas français, met simplement enrelief le fait que la France appartient d’emblée au groupe des pays carac-térisés par une vie démocratique ayant atteint un niveau élevé de maturité.

Plusieurs personnes, institutions et organismes en France, au Canada,au Québec et aux États-Unis ont contribué, directement ou indirecte-ment, à l’aboutissement de ce projet. Nous avons tenté dans la liste quisuit de les mentionner tous mais nul doute que certains noms manque-ront à l’appel. Nous aimerions d’abord exprimer notre reconnaissanceaux organismes suivants : la Fondation nationale pour la science desÉtats-Unis (NSF ; subventions de recherche) ; la Fondation Rockefeller(une conférence) ; le Fonds Marshall allemand (fellowship) ; la FondationCamargo (fellowships) ; le Fonds de recherche du Québec - Société etculture (FQRSC ; subventions de recherche) ; le Centre de recherches poli-tiques de Sciences Po (Cevipof ; chercheur invité) ; l’Université Paris-1Panthéon-Sorbonne (chercheur invité) ; l’École d’été de Lille enméthodes quantitatives des sciences sociales (professeur) ; Sciences PoParis (étudiant) ; Sciences Po Bordeaux (professeur invité), l’Universitéde Paris-2 Panthéon-Assas (chercheur invité) et l’Université de Nantes(chercheur invité). Le contenu du livre a été enrichi par nos échangesavec bon nombre de spécialistes de la politique française au nombredesquels figurent : Andrew Appleton, Frank Baumgartner, Daniel Boy,Jean Chiche, Bernard Dolez, Robert Elgie, Jocelyn Evans, ChristineFauvelle-Aymar, Abel François, Jacques Gerstlé, Bernard Grofman,Gérard Grunberg, Anne Jadot, Bruno Jérôme, Véronique Jérôme-Speziari, Alain Lancelot, Jean-Dominique Lafay, Annie Laurent, PhilippeMaarek, Amy Mazur, Nonna Mayer, Bonnie Meguid, Rainbow Murray,Pascal Perrineau, Roy Pierce, William Safran, Nicolas Sauger, MartinSchain, Alan Spitzer, Vincent Tiberj et Marie-France Toinet.

Nous voulons aussi remercier ceux qui par leur travail rigoureux ontpermis l’achèvement de ce livre. Nous aimerions souligner à cet égardla contribution exceptionnelle de Thomas Didier, Angelo Elias etChris Chhim qui ont notamment mené de main de maître les analyses


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statistiques sur lesquelles repose cet ouvrage. Nous aimerions enfinremercier les Presses de Sciences Po, et notamment les directeurs de lacollection « Fait politique », Pascal Perrineau et Janine Mossuz-Lavau,pour l’aide à la publication de cet ouvrage.

Nous souhaiterions tout spécialement dédier ce livre à nos famillessans le soutien desquelles il n’aurait pu voir le jour.

Remerciements15

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Préface

La science politique anglo-saxonne compte, depuis plusieursdécennies, des ouvrages fondateurs à partir desquels une théorie duvote a été développée, basée sur de solides enquêtes empiriques.Dès 1944, Paul Lazarsfeld inaugure cette approche dans The People’sChoice à propos de la formation et la transformation du choix élec-toral à l’occasion de l’élection présidentielle de 1940 aux États-Unis.Mais surtout, en 1960, une équipe de l’Université du Michigan publieThe American Voter, revisité et contesté depuis par bien d’autresapproches (The New American Voter, The Changing American Voter...)et qui met en place un véritable modèle d’explication du vote qualifiéde « modèle de Michigan ». En Grande-Bretagne, David Butler etDonald Stokes, avec Political Change in Britain : Forces Shaping Elec-toral Choice (1971) s’inscrivent dans une même perspective de systé-matisation. En France, en dehors de l’œuvre fondatrice d’AndréSiegfried, Tableau politique de la France de l’Ouest sous la TroisièmeRépublique (1913), l’ambition a toujours été de saisir davantage levote et l’élection dans leur originalité et leur spécificité liées à unévénement et à une période donnée. Le présent ouvrage écrit par unquintette américano-franco-québécois rompt avec cette tradition etexplore une nouvelle voie. En cela, il est important et novateur.

Important car il tente de saisir le vote présidentiel dans le tempslong des trois dernières décennies. L’approche de nos collègues sortde l’unicité de l’événement que constitue toute élection présidentiellepour envisager celle-ci dans la chaîne du temps long de quatre élec-tions : 1988, 1995, 2002 et 2007. L’hypothèse est qu’une théorie duvote à l’élection présidentielle peut être appliquée à une série d’élec-tions et que, de cette comparaison des données d’enquêtes dans letemps, pourra être dégagé un modèle global d’explication du voteprésidentiel en France. Pour ce faire, la théorie globale du vote qui

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est mise en œuvre est celle du modèle de Michigan revu et corrigépour intégrer, à côté des variables classiques de long terme, à dimen-sion démographique, sociale ou idéologique, des variables de courtterme relatives aux enjeux et aux images des candidats. Ces dernièrespermettent de comprendre que le vote n’est pas seulement l’expres-sion de conditions sociales et économiques ou d’ancrages idéologi-ques, il est aussi la réponse à une conjoncture, à des enjeux, à desimages de candidats qui évoluent en permanence tout au long de lacampagne électorale.

C’est à l’aide de ce robuste modèle et des données accumulées lorsdes grandes enquêtes électorales menées essentiellement par le Centrede recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) que les auteurs déga-gent en six moments très clairs et bien articulés une véritable radio-graphie et interprétation du vote présidentiel en France. Troischapitres sont consacrés à un examen des variables de long terme quesont les variables sociodémographiques, celles qui concernent lesclasses sociales et les positions économiques et, enfin, celles qui onttrait aux ancrages idéologiques et politiques des électeurs. Trois autreschapitres explorent ensuite le rôle des enjeux, l’image des candidatset l’effet des campagnes électorales.

Novateur car, au-delà de la comparaison systématique dans le tempslong, l’approche théorique et empirique est tenue avec constance de lapremière page à la dernière page de l’ouvrage. Il s’agit d’une démarchethéorique globale combinant dans le même modèle d’analyse facteursde temps long et facteurs de temps court. Cette démarche permet decerner la subtile dialectique de l’ancien et du nouveau, de la structureet de la conjoncture, de la longue durée et de l’événement. Pour testerla pertinence du modèle, la méthode empirique retenue est celle del’analyse de régression logistique qui permet d’estimer le poids relatifde chacun des facteurs explicatifs utilisés et donc d’élaborer une expli-cation forte et charpentée des principaux tenants et aboutissants duscrutin présidentiel en France. Cette explication du vote conclut sur lamise au jour du poids toujours important des variables démographi-ques, sociales, économiques et politiques sur le vote décisif du secondtour. Mais elle constate le rôle majeur des facteurs conjoncturels decourt terme particulièrement pour comprendre les élections atypiques


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comme l’élection présidentielle de 2002 ou pour saisir ces forces poli-tiques perturbatrices de l’équilibre entre la gauche et la droite que sontle centrisme ou encore le lepénisme électoral.

L’élection présidentielle de 2012 pourra être, très utilement,observée et analysée au filtre du modèle mis en œuvre par notre quin-tette. Nous comprendrons mieux, à l’aide de ce modèle, les parts res-pectives d’expression des structures et d’influence de la conjoncturequi façonneront le vote des Français au prochain scrutin présidentiel.Que les auteurs de ce modèle d’interprétation en soient vivementremerciés, l’intelligence du vote à l’élection présidentielle a beaucoupprogressé grâce à eux.

Pascal Perrineau

Préface19

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Introduction / COMPRENDRE LE VOTEDES FRANÇAIS DE MITTERRAND ASARKOZY

Pour un observateur étranger, les élections en France peuventapparaître comme un labyrinthe complexe d’institutions, departis et de comportements. L’élection présidentielle, « clé de

voûte » du système politique de la Cinquième République, donne à celabyrinthe sa forme et son architecture. Elle lui donne également unrythme et une temporalité car c’est bien l’élection présidentielle qui,en France, donne la mesure de la partition complexe que représentece labyrinthe. Cette élection rythme la vie politique française etconstitue un cas relativement unique parmi les pays occidentaux :rares sont en effet les pays où une seule élection engendre autant deconséquences dans la vie politique, gouvernementale, partisane etlégislative d’un pays. Le « monarque républicain »1 que les Françaisélisent à présent tous les cinq ans (depuis la réforme de 2000) et pourdeux mandats consécutifs au maximum, reste, au-delà de toutes lesévolutions institutionnelles et constitutionnelles que la France aconnues depuis l’élection de François Mitterrand, une figure du pou-voir exécutif : rappelons que la Constitution de la Cinquième Répu-blique donne au président français des pouvoirs très importants.

Au cours des trente dernières années, la France a connu trois pré-sidents de la République : un socialiste, François Mitterrand(1981-1995), un néogaulliste, Jacques Chirac (1995-2007), et l’actuelprésident, Nicolas Sarkozy (depuis 2007) qui s’est parfois présentécomme un président de « rupture ». La succession de ces trois prési-dences constitue un cas de figure expérimental tout à fait remarquablepour l’analyse des permanences et des évolutions de la France poli-tique au cours d’une période récente. De 1981 à 2007, trois grandstypes de changements vont y affecter la vie politique, notamment des

1. Expression originellement formulée par Maurice Duverger (1996) etreprise récemment par Pierre Bréchon (2009).

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changements venus de l’extérieur : 1) l’élection d’un président socia-liste en 1981 consolide tout d’abord les fondations de la CinquièmeRépublique en démontrant que ces institutions ont non seulementsurvécu à leur fondateur, le général de Gaulle2, mais également à unchangement de majorité de grande ampleur ; 2) ce quart de siècletémoigne également des profondes transformations du destin euro-péen de la France et de ses partenaires au sein d’une communautédevenue l’Union européenne, à 27 pays membres depuis le 1er jan-vier 2007 ; 3) enfin, cette période est marquée par les conséquences,dans tous les pays occidentaux et pas seulement en France, de la finde l’empire soviétique et de la « chute du mur de Berlin ». On réalisesans doute plus difficilement aujourd’hui que lors des élections légis-latives de 1978, le Parti communiste français (PCF) rassemblaitencore 20 % des suffrages exprimés et qu’un séisme politique se pro-duit lors du premier tour de l’élection présidentielle de 1981 : au soirdu 26 avril 1981 le candidat communiste, Georges Marchais, ne réunit« que » 15 % des voix. Lors de cette même élection, Jean-Marie Le Penne peut obtenir les 500 signatures pour être candidat alors que l’éco-logie politique crée la surprise avec le score de Brice Lalonde (3,88 %).

Au cours de la période que nous allons analyser, le spectre de lavie politique française a donc été profondément perturbé et trans-formé par l’émergence puis l’affirmation de thèmes comme l’immi-gration, l’Europe et l’environnement. En toile de fond, les grandesquestions posées à un pays occidental moderne par le développementéconomique et les inégalités qu’il crée occupent toujours une placefondamentale dans le débat public et dans la compétition électorale :le chômage, les inégalités de revenu et des chances, les nouvellesformes d’exclusion sociale, l’intégration politique, économique etsociale des Français issus de l’immigration et plus généralement despopulations immigrées. Ces questions se posent toujours mais avecune acuité encore plus grande dans un contexte où l’intégration euro-péenne et la mondialisation ont éveillé des craintes et des peurs faceà un monde qui change.

2. Ironie de l’histoire, François Mitterrand avait publié en 1964 le Coupd’État permanent, un violent pamphlet contre les institutions de la CinquièmeRépublique qui favorisaient, selon lui, le « régime gaulliste ».


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Les partis politiques en concurrence

Le système de partis en France a été décrit depuis longtemps commeun système à la fois multipartisan et bipolaire. Décrivant cet enche-vêtrement, Jacques Fauvet le résumait ainsi : « la France connaît deuxtempéraments politiques fondamentaux, la gauche et la droite... troistendances politiques principales si l’on ajoute le centre ; six famillesspirituelles ; dix partis, petits ou grands, traversés par de multiplescourants ; quatorze groupes parlementaires peu disciplinés ; et qua-rante millions d’opinions. » (Ehrmann, 1983, p. 211) Cette descriptionsonne toujours juste aujourd’hui, à quelques exceptions près, aprèsplus d’un demi-siècle de régime politique de la Cinquième République.Ce phénomène est remarquable car on aurait pu s’attendre à ce quela pratique de la Cinquième République, régime caractérisé avant toutpar la prédominance présidentielle, se traduise par une forme de sim-plification du système de partis.

Le tableau 1 présente, de manière simplifiée, les résultats obtenuslors des quatre élections présidentielles analysées ici – 1988-2007 ;nos analyses excluant l’élection de 1981 par manque de donnéescomparables. Bien que limité aux principales forces politiques pré-sentant un candidat, il atteste la fragmentation de l’espace partisanfrançais. On ne compte pas moins de sept grandes forces partisanes,qui recouvrent néanmoins plus de 90 % des suffrages exprimés àchaque élection. On peut également constater que ces sept forces poli-tiques sont ordonnées par la dimension gauche-droite. Le tableau 1rend ainsi compte de la double nature du système partisan français,multipartisan mais structuré par une forte dimension gauche-droiteainsi que par une tendance renforcée depuis 2002 au « bipartismeimparfait » (Grunberg et Haegel, 2007). Ainsi, en 2007, l’Union pourun mouvement populaire (UMP) et le Parti socialiste (PS) dominentnettement par leur capacité à remporter l’élection présidentielle et àobtenir une majorité à l’Assemblée nationale même si cette domina-tion n’est pas encore réalisée au niveau de l’électorat, beaucoup plusmultipartisan.

Introduction23

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Tableau 1 : Scores obtenus lors des élections présidentiellesfrançaises, premier tour, 1988, 1995, 2002 et 2007 (donnés selonl’étiquette partisane des candidats et pour les principaux candidats)

1988 1995 2002 2007

Extrême gauche 4,5 5,3 10,0 5,4

Parti communiste 6,8 8,6 3,4 1,9

PS/Radicaux de gauche 34,1 23,3 18,5 25,9

Les Verts/Écologistes 3,8 3,3 5,2 1,6

UDF/Modem 16,5 18,6 6,8 18,6

RPR/UMP 19,9 20,8 19,9 31,2

Front national 14,0 15,0 16,9 10,4

Note : Les chiffres sont présentés en suffrages exprimés. Les totaux en colonne ne som-ment pas à 100 % car seuls les principaux candidats sont pris en compte. Les candidatsde l’extrême gauche sont : Boussel, Laguiller et Juquin en 1988 ; Laguiller en 1995 etLaguiller et Besancenot en 2002 et 2007. Les candidats communistes sont : Lajoinieen 1988 ; Hue en 1995 et 2002 et Buffet en 2007. Les candidats socialistes/radicaux degauches sont : Mitterrand en 1988, Jospin en 1995, Jospin et Taubira en 2002 et Royalen 2007. Les candidats écologistes sont : Waechter en 1988, Voynet en 1995, Mamèreen 2002 et Voynet en 2007. Les candidats UDF/Modem sont : Barre en 1988, Balladuren 1995 et Bayrou en 2002 et 2007. Les candidats RPR/UMP sont : Chirac entre 1988et 2002 et Sarkozy en 2007. Pour le Front national, le candidat est Jean-Marie Le Penlors des quatre élections.Sources : Conseil constitutionnel français, 1988, 1995, 2002, 2007.

Les partis et forces politiques n’en sont pas pour autant, en France,des organisations immuables. De nombreuses et importantes évolu-tions ont caractérisé l’espace partisan au cours des soixante dernièresannées. Cet espace ne ressemble plus à celui de la Libération, ni àcelui de 1958, de 1962 ou même de 1974 lorsque Valéry Giscardd’Estaing accède à l’Élysée, montrant ainsi qu’un non-gaulliste peutêtre élu président de la Cinquième République. On ne peut ici retracertoutes ces évolutions, difficiles à résumer brièvement tant elles ontété nombreuses et importantes3.

L’un des partis les plus importants de la Cinquième République, leMouvement républicain populaire (MRP), n’existe plus aujourd’hui etle courant de la démocratie-chrétienne a progressivement décliné puisdisparu en tant que tel même si des traces peuvent en être encore

3. Voir le tableau qu’en propose Pierre Bréchon (2008 et 2009).


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Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy… · En cartographiant sur deux décennies les...

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