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La Spirale, 1957 - Germaine Richier © Adagp, Paris 2000 ENSET N° 242 Mars 2012 BULLETIN DE L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES ET DES ÉLÈVES ENS de Cachan : Saclay : Espoirs Rennes : Déception Les « AENSD1 » rejoignent l’AAEE Cachan Elections au CA de l’association

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BullETiNdE l’aSSociaTioN

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ENS de cachan : Saclay : Espoirs

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Elections au ca de l’association

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missions DE L’AssoCiATion

ConsEiL D’ADminisTRATion

ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES ET DES ÉLÈVES DE L’E.N.S.E.T. ET DE L’E.N.S. DE CACHAN61, avenue du Président Wilson - 94230 Cachan (Val de Marne). C.C.P. Paris 5488 99 K

site internet http://www.aae.ens-cachan.fr e-mail : [email protected]

ISSN 1164 - 1967 - Directeur de la publication. Corinne Subaï, Association ibidem. Rédaction, correction, mise en page : membres du CA

Relations avec l’imprimeur et diffusion : Claire Pierson, Marinette Pindat.

Présidents d’honneur :MMmes les anciens Directeurs et Directeurs adjoints de l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique et de l’École Normale Supérieure de CachanM. le Président de l’École Normale Supérieure de Cachan. M. le vice Président, directeur de l’antenne de Bretagne de l’École Normale Supérieure de Cachan.MMmes les vice-président(e)s de l’École Normale Supérieure de Cachan.

Présidents - Vice-présidents - Secrétaires généraux - Trésoriers honoraires :M. BLACHIER (1968-C), Professeur.J. BODINEAU (1959-G), IPR-IA honoraire. M.-N. BONTOUX (1970-D), Professeur.B. BRAUN (1966-A1), Professeur honoraire.R. CANTAREL (1956-B), Inspecteur général honoraire.H. COUDANE (1944-A1), Professeur Émérite des Universités, Président honoraire de l’Université Paris XI. A. GREUZAT (1938-EF), Professeur honoraire.N. de KANDIBA (1946-B), Proviseur honoraire, M. LIEVREMONT (1961-A2), Professeur des Universités, Président honoraire de l’Université de Bretagne SudM.A. PINDAT (1952-A2), Professeur honoraire,P. PUECH (1944-A1), Professeur honoraire, J.M. REFEUIL (1939-EF), Professeur honoraire.M. RESSAYRE (1956-D), Professeur honoraire.D. SAUVALLE (1946 B), Professeur honoraire.

Le but recherché dans cette association est de contribuer activement au développement et à la défense de l’École Normale Supérieure de Cachan et, dans l’acception la plus large, de l’esprit technologique dans toutes les disciplines scientifiques et générales enseignées dans les établissements publics ; de défendre la qualité d’ancien élève ; maintenir les liens d’amitié que les élèves ont formés dès leur séjour dans cette école et se prêter un mutuel appui ; promouvoir la Recherche et les Sciences pratiques.

Présidente :C. SUBAÏ (1991-B4), 1 rue du Tonkin, 69100 VILLEURBANNE.

Vice-présidents :C. CREUZE (1967-D), 2 allée des Naïades, 62200 BOULOGNE-SUR-MER.F. JARDAT (1963-A’1), 14A Parc des Grands Prés, 25720 AVANNE-AVENEY.

Secrétaire générale :C. PIERSON (1966-A’2), 26 rue Auguste-Comte, 92170 VANVES.

Secrétaire adjoint :L. CABARET (1997-B4), 11 square Gabriel Fauré, 91310 LONGPONT-SUR-ORGE.

Trésorier :F. PIERSON (1967-D), 26 rue Auguste-Comte, 92170 VANVES.

Trésorier adjoint :C. GONIN (1993-B3), 8 rue d’Alger, 21000 DIJON.

Les membres du bureau se répartissent certaines tâches :Corinne SUBAÏ : directrice de la publication du bulletin, relation avec l’ENS ULM et l‘ENS LyonChristophe GONIN : responsabilité de la base de donnéesChantal CREUZE : relations avec le ministère de l’Intérieur pour les modifications des statuts et du règlement intérieur.Laurent CABARET : Site WEB, réseau Kokarde, Lettre d’information, communication avec les élèves sur le site de CachanClaire PIERSON : représentation de l’AAEE dans le Comité d’organisation du Centenaire de l’ENS en novembre 2012

Chargés de missions auprès du bureauMichel PIERRE : Suivi des relations avec l’administration, les élèves et les anciens élèves l’antenne de Ker Lann pendant l’évolution de l’antenne vers une ENS de plein droit.Alexandre GRUX et Thibault HENRI : Groupe Normaliens AutrementMarinette PINDAT, secrétaire générale honoraire : Mise à jour permanente de l’annuaire en ligne. Stanislas KONIECZKA : Colloque neurosciences 2012

Autres membres du Conseil : A. AZAM-PRADEILLES (1966-F), P. BONIN (2002-ECOGES), B. BRAUN (1966-A1), M. BLOCKELET (2007-INFO), A. GRUX (2004-SMTI), T. HENRI (1997-I), M.-A. JARDAT (1961-A’1), C. KERZREHO (1989-B1), S. KONIECZKA (1963-B1), J. MARICHEZ (1974-B2), A. MOUSSA (2003-MATH), B. NICQUEVERT (1987-B1-B3), M. PIERRE (1970-A1), D. TAILLARD (1969-B1), C. VER HULST (1994-D1), E. VINCENS (1991-B2), A. WYNIECKI (2004-SMTI).

Association des Anciens Élèves et des Élèves de

l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique et de l’École Normale Supérieure de Cachan.

L’Association est reconnue d’utilité publiqueDécret du 11 juillet 2003 – J.O. n° 165 du 19 juillet 2003

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N° 242SommaireMARS 2012

Ce premier bulletin de l’année 2012 vous paraîtra peut-être hétéroclite, mais nous voudrions qu’il vous apporte des nouvelles de la vie de l’Association, de l’École à Cachan et à Ker Lann, des déceptions et des espoirs. Il est difficile d’être exhaustif, d’écouter regrets et inquiétudes, et de refléter en peu de pages la vie de l’as-sociation.

Nous souhaitons

•vous donner un aperçu du travail des anciens élèves del’École (des Départements et des Écoles doctorales), et des chercheurs de l’ENS qui reçoivent chaque année desmédailles (CNRS - Prix Jeune Chercheur-…).

•fairelepointsurlesprojets“campusdeSaclay”et“ENSdeRennes”quiontmobilisétantd’énergiesurlesdeuxsitesdel’École en 2011

•annoncerlesmarquesdevitalitédenotreAssociation:

- le développement des activités du groupe Normaliens Autrement, la création du Cercle Finance et Stratégie

- la demande de l’Association AENSD1 de former à l’inté-rieur de l’AAEE le groupe AENSD1a, point qui sera soumis auvoteàl’A.G.dejuin2012.

(Nous rappelons ici qu’en application des statuts tous les membres des groupes sont adhérents, membres à part entière de l’Association, et selon leur situation professionnelle peuvent s’inscrire à un ou plusieurs groupes pour partager les activités spécifiques de ce groupe.)

•partageravecvouslesinformationsquinoussontparvenues:

- lors de la présentation des vœux de Monsieur Jean-Yves Mérindol,le10janvier2012,enparticulierl’arrêtduprojetde création de l’École normale supérieure de Rennes

- lasélectiondeSaclaydanslesIDEXb de la seconde vague, le 3 février 2012

- la réponse du Président de l’ENS au rapport public annuel 2012 de la Cour des Comptes publié en février 2012 (la réponse est incluse page 592 - en fin partie du rapport inti-tulée « Où vont les écoles normales supérieures ? » - page 553).

Nous vous invitons à consulter le rapport de la Cour de Comptes sur internet. Nous ne soulignerons ici que des extraits de la réponse de Monsieur Mérindol.

De plus, l’année 2012 vous permettra d’accéder à un nouveau sitewebpourl’A.A.E.E.:

•defaçonàmieuxinformertouslespublics,plusadaptéàlastructure multi-facette de notre association avec des accès

Editorial

la viE dE l’association

lEs anciEns élèvEs

Editorial

du côté dEs sciEncEs Et dEs sciEncEs humainEs

p. 1 Editorial

p. 2 Histoires mêlées AAEE Cachan

p. 4 Des nano-assemblages photochromes et fluorescents

la viE dE l’écolE

triBunE liBrE

nos collèguEs puBliEnt

p. 11 Présentation des vœux de nouvelle année. J.-Y. Mérindol

p. 13 Extrait de la communication de l’AEF

p. 18 Travaux d’initiative personnelle encadrés

p. 19 L’État renonce à la création de l’ENS de Rennes. J.-Y. Mérindol

p. 20 L’État renonce à créer l’ENS-Rennes. P. Quinton

p. 21 Le groupe de Ker Lann de l’équipe SETE

p. 23 L’École Doctorale MATISSE

p. 13 Réponse du Président de l’École à la Cour des comptes

p. 16 Conditions d’admission des élèves

p. 24 Quelles ambitions pour la formation des adultes au XXIe siècle

p. 26 Allocution d’ouverture du colloque « Neurosciences et formation »

p. 26 Commentaires sur le colloque « Neurosciences et formation »

p. 28 Normaliens autrement 2012

p. 30 Regard normalien sur les finances publiques françaises

p. 32 Interview d’Hélène Cima et Alexandre Grux

p. 35 Fonctionnaires, taisez-vous !

p. 37 Egypte - A. Moussa

p. 42 Un an après la révolution tunisienne

p. 43 Bernard Multon

p. 43 RCE : “Pour sortir de la crise du logement”

p. 44 Philippe Arquès

p. 44 François Coulomb

Décèsp. 45

lE carnEt

p. 8 Médaille de bronze du CNRS à Rémi Métivier

p. 8 Médaille d’argent CNRS de Jean Goubault-Larrecq

p. 9 Trois médailles de bronze du CNRS

p. 10 Aurélien Eyquem

a-AssociationdesAnciensÉlèvesdel’ENSCachandudépartementD1(ouDEG)àKer Lann.

b - Initiatives d’excellence

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directs sur les sites des différents groupes et la possibilité pour les anciensélèvesdedéposerlesoffresdestagesetd’emploisqu’ilssou-haiteraient proposer aux membres de l’Association

•maisparticulièrementunepartiedusiteréservéeauxadhérentspourleurpermettreplusdeconvivialitéenligneetdesaccèsexclusifspourlesadhésions,lesinscriptionsauxdifférentsévénementsetunaccèsàla nouvelle plateforme d’offres de stages et d’emplois développée avec l’association « PlaceOJeunes ».

Enfin, l’année 2012 est l’année du Centenaire de l’École qui débutera par un colloque scientifique à Cachan les 24, 25 et 26 octobre 2012. Vous pourrez suivre les informations sur les sites de l’ENS Cachan et de l’AAEE Cachan.

Au nom du conseil d’administration de l’association, je remercie tous les adhérents de leur fidélité pour leurs adhésions et aussi pour leurs nom-breuses marques de soutien.

Claire PIERSON,secrétaire générale

Ce bulletin vous apporte les éléments de vote pour les élections au conseil d’administration 2012. Ils seront aussi mis à disposition sur le site web de l’Association.

Les votes doivent parvenir à l’Association au plus tard le lundi 26 mars 2012 pour être pris en compte

au Conseil d’administration du samedi 31 mars 2012.

VOTEZ pour que l’Association puisse prouver que ses membres sont réactifs. Les membres du CA apprécieraient des courriers postaux ou électroniques pour leur faire part de vos réflexions, de vos réactions ou de vos souhaits. Une page « courrier des lecteurs » vous est aussi ouverte dans chaque bulle-tin. Nous restons à votre écoute. Nous essaierons de publier cette année plus régulièrement«La lettred’informationde l’association»sur lesiteWEB,elle sera adressée par courrier postal aux adhérents qui ne sont pas familiers d’Internet.

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Pour mémoire :

Histoires mêlées AAEE Cachan / EnsET / Ens de Cachan1891 - Ouverture de sections normales, annexées à différentes Grandes Écoles et dont la mission est de former les professeurs de l’enseignement technique.

Août 1908 – Fondation de l’Association “Les “Sectionnaires” des Sections normales

1912 - Création de l’École Normale de l’Enseignement Technique (E.N.E.T.).1934 - Création de l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (E.N.S.E.T.).1956 - Installation sur le site de Cachan. 1985-1987 - Nouveaux Statuts - Nouvelles missions pour l’École Normale Supérieure de Cachan, une des quatre Écoles NormalesSupérieuresavecUlm,Saint-CloudetFontenay.

1992 - Habilitation à délivrer D.E.A. et Doctorats.1994-Ouverturedel’antennedeBretagneàKerLann.

2003 – L’association est reconnue d’utilité publiqueL’adhésionàl’associationestouverteauxNormaliensélèvesdel’ÉcoleetauxdocteursEDSP.

2003 - Habilitation à délivrer des Masters.2007 - Habilitation à délivrer les HDR.L’ENSdeCachanestmembrefondateurdedeuxPRES:PRESUNIVERSudenIledeFranceetUniversitéEuropéennedeBretagneàRennes.

Juin 2008 – Vote de la modification de statutsAssembléegénéraledel’AssociationdesAnciensÉlèvesetdesÉlèves.-ENSdeCachanle13juin2008.Élargissement des modalités d’adhésion aux titulaires du diplôme de l’École et aux étudiants inscrits par l’École en master et en doctorats. Inscription complémentaire des adhérents dans des groupes à l’intérieur de l’Association.

29 novembre 2008 : Célébration du Centenaire del’AssociationdesAnciensÉlèvesetdesÉlèvesdel’Écoleàl’ENSdeCachan.

une adresse permanente pour les anciens élèves et les élèves

(anciensélèvesdel’ENSET,élèves-normaliens,étudiantsinscritsdanslescursusdel’École, anciensélèvesdel’ENSdeCachan,diplômésdel’ENSdeCachan)

L’Associationdesélèvesetanciensélèvesdel’ENSETetdel’ENSdeCachanvouspermetd’activer

Une adresse électronique à vie [email protected]

Vite ! accédez au site http://www.ens-cachan.org

Il faut moins de 3 minutes pour remplir le formulaire et indiquer votre adresse électronique courante oùserontredirigéstouslesmessagesreçussurvotrenouvelleadressepermanente.

L’activation de votre adresse est indépendante de votre adhésion à l’association.

Un moyen exceptionnel de garder le contact et de rester informé(e).Faites-lesavoirauprèsdevosancienscollègues!

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du côté dEs sciEncEs Et dEs sciEncEs humainEs

QUELS SYSTÈMES POUR LE STOCKAGE OPTIQUE DE L’INFORMATION ?

Ce domaine est en perpétuelle évolution du fait de la lutte acharnée entre les différents groupes multina-tionaux pour imposer leur technologie sur le marché du multimédia grand public. Le dernier exemple en date concerne le format Blue-Ray (médiasupportéparSony) réalisé audépensdu HD-DVD (défendu par Toshiba). Dans ce domaine hautement compé-titif, les industriels cherchent de nou-velles voies pour augmenter la capa-cité de stockage des médias actuels [1]. Une option consiste à stocker l’information non plus exclusivement à la surface du disque à l’aide d’une gra-vure monocouche (éventuellement bi- ou quadricouches), mais selon les trois dimensions du matériau, en inscrivant les données dans tout le volume du disque. A ce niveau, l’excitation lumi-neuse localisée tridimensionnelle de matériaux photoactivables à base de molécules organiques photochromes estsusceptibledejouerunrôledécisifdans les prochaines années [2]. Une capacité de stockage ultime de l’ordre du Térabit (1012 bits) d’information

par cm3estenvisageablepourcetypede support.

LE PHOTOCHROMISME, QU’EST-CE QUE C’EST ?

Les molécules photochromes exis-tentsousdeuxformesisomèresAetBdont les spectres d’absorption (c’est-à-dire la couleur) sont différents [3]. Le passage d’une forme à l’autre s’effec-tue grâce à un stimulus lumineux. Il existe plusieurs familles bien connues de molécules photochromes, dont cer-tainesfontl’objetd’attentionsparticu-lières:ellessontréversibles,bistables,photorésistantes, peu coûteuses, la lumièreestunesourced’énergiemaî-trisée, la réaction est rapide et donne généralement lieu à d’importants changementsdepropriétésphysiques.En outre, il est possible de synthéti-ser une grande variété de molécules différentes et aux propriétés diverses enjouantsurleurstructurechimique.Ces molécules photochromes trouvent des applications dans des domaines multiples, tels que la lunetterie à colo-ration variable, la cosmétique ludique, les systèmes d’authentification intelli-gents, la conversion de l’énergie lumi-neuse en énergie mécanique [4], et

même jusqu’au contrôle de la struc-turedel’ADNparlalumière[5].

COMMENT APPLIQUER LE PHOTOCHROMISME AU STOCKAGE OPTIQUE DE DONNÉES ?

Chaque état du photochrome (A ouB)peutêtreassimiléaubit0ou1du codage binaire actuellement utilisé dans les supports de stockage de l’in-formation. Pour écrire des données, il suffit alors de soumettre les molécules photochromesà la lumièrepouracti-ver la réaction chimique et transformer les molécules de leur état A à leur état B,etviceversa.Pourlirel’informationinscrite, il suffit de sonder la couleur des molécules afin de déterminer l’état dans lequel elles se trouvent (Figure 1a).Néanmoins,detelssystèmesfon-dés sur le photochromisme souffrent dedeuxinconvénientsmajeurs.D’unepart, l’étape de lecture, fondée sur la détermination de la couleur du bit d’information, nécessite d’effectuer une mesure d’absorption et donc de solliciter les molécules photochromes pardelalumière.Ilenrésulteunelec-ture qualifiée de destructive puisque

Des nano-assemblages photochromes et fluorescents pour un stockage optique performant de l’information

La conception de systèmes miniaturisés à réponse rapide est un enjeu majeur dans le domaine du traitement de l’information. Les supports de stockage optique de données constituent des éléments essentiels et requièrent

l’utilisation de matériaux aux propriétés optiques contrôlées et modulables rapidement par un stimulus externe avec une haute résolution spatiale (micro, voire nanométrique). Les systèmes photoactifs bistables tels que les photochromes possèdent alors les fonctionnalités requises pour ces dispositifs et semblent très prometteurs grâce à leur réponse de commutation rapide et reproductible. Pour tirer pleinement profit de leurs propriétés, il convient néanmoins de fabriquer des matériaux multifonctionnels combinant une unité photochrome et une unité fluores-cente par exemple. Le développement de dispositifs pour le stockage tridimensionnel de l’information devient alors envisageable, pour atteindre une densité et une rapidité inégalées jusqu’ici.

Rémi Métivier (1), Jonathan Piard (2), Keitaro Nakatani (3)

ENS-Cachan, Laboratoire PPSM (Photophysique et Photochimie Supramoléculaires et Macromoléculaires, CNRS UMR 8531), Département de Chimie

(1) Chargé de Recherche au CNRS (médaille de bronze du CNRS 2011), Laboratoire PPSM(2) Professeur Agrégé affecté au Département de Chimie de l’ENS-Cachan

(3) Professeur de l’ENS-Cachan, Directeur du Laboratoire PPSM

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celle-ci risque d’induire accidentelle-ment la réaction photochrome et donc la perte de l’information. D’autre part, les mesures d’absorption sont peu sen-sibles, ce qui rend la miniaturisation particulièrementdélicate.

LA FLUORESCENCE PEUT-ELLE AMÉLIORER LES SYSTÈMES PHOTOCHROMES ?

Les molécules fluorescentes, c’est-à-dire possédant des propriétés d’émissionspontanéedelumièresousexcitation lumineuse, peuvent être particulièrement utiles pour amélio-rer les propriétés des molécules pho-tochromes et les rendre applicables au stockage optique de l’information. Il s’agit d’associer chimiquement une molécule fluorescente à une molé-cule photochrome (Figure 1b). Ainsi la détermination de l’état du photo-chrome pourra-t-elle s’effectuer non plus via l’absorption, mais grâce aux propriétésdefluorescencedusystème.L’objectifconsisteàdécoupler lepro-cessus de lecture des processus d’écri-ture/effacement.Lalectureimpliqueen effet l’excitation lumineuse de l’unité fluorescente uniquement, à une

longueur d’onde différente de celles qui activent la réaction photochrome. La lecture est alors non destructive puisqu’elle ne sollicite pas l’unité photochrome. En outre, la détection de la fluorescence permet générale-ment d’atteindre des seuils de sensi-bilité très faibles, ce qui est un gage

de performance pour la miniaturisation des unités moléculaires de stockage d’information. Pour qu’un tel système fonctionne, ilest bien entendu néces-saire que les propriétés de fluorescence diffèrentsuivant l’état du photo-chrome. Le cas idéal cor-respond à un état A pour lequel la fluorescence est intense et un état B pourlequel la fluorescence est totalement inhibée. Par analogie avec un interrup-teur, le système alterneentre un état « allumé » lorsqu’il y a émission defluorescence et « éteint » lorsque la fluorescence est désactivée. Pour atteindre cet objectif, nous conce-vons des assemblages de molécules photochromes et fluorescentes au sein desquels des processus photophysiques subtilsinterviennent, tels que le transfert d’énergie, et per-mettent aux deux entités

moléculaires d’interagir efficacement.

POURQUOI FABRIQUER DES NANOMATÉRIAUX ?

L’intérêt récent de la communauté scientifique pour les nanomatériaux s’est surtout concentré sur les maté-riaux inorganiques (nanocristaux semi-conducteurs, nano-particules métal-liques, de silice, etc). Cependant, depuis quelques années, de nombreux travaux sur les nanomaté-riaux organiques ont vu le jour enmontrant notam-ment des effets de taille sur leurs pro-priétés optiques [6]. Dans le cadre du stockage optique de l’information, les

nanoparticules présentent des avan-tages indéniables vis-à-vis du matériau massif (Figure 2). En effet, dans le cas d’un solide moléculaire massif, les problèmesdediffusionetdepénétra-tion de la lumière dans le matériauentravent la conversionde lamatièreet réduisent la vitesse de transforma-tion globale. En réduisant la taille du matériau photochrome, le nombre de molécules à transformer diminue d’autant. Le passage d’un état à l’autre doit donc s’effectuer plus rapidement, coûter moins d’énergie, et le contraste entre les deux états peut être amé-lioré.Des systèmes photochromes dedimension nanométrique doivent per-mettre la miniaturisation des unités de stockage d’informations. Par ailleurs, les nanomatériaux sont susceptibles de résoudreplusieurs problèmes ren-contrés dans le cas de molécules pho-tochromes individuelles : difficiles àdétecter lorsqu’elles sont totalement dispersées (dans un matériau poly-mère par exemple) et insuffisam-ment résistantes pour subir un grand nombre de cycles d’irradiation, lesmolécules individuelles ne peuvent pas trouverd’application réelle à ce jour.Enfin, les nanomatériaux organiques à base de photochromes sont des objetsdechoixpourmettreenoeuvreles effets coopératifs que l’on peut attendre d’une assemblée de molé-cules rassemblées dans un volume res-treint (effets d’exaltation ou d’ampli-fication des propriétés optiques). Les nanoparticules peuvent être utilisées dans des matrices variées (polymère,sol-gel, suspension colloïdale…) faci-litant la mise en oeuvre du matériau. Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, nous avons décidé d’élaborer et d’étudier au laboratoire des nano-matériaux combinant des molécules photochromes et fluorescentes, à mi-chemin entre l’échelle moléculaire et le matériau massif.

Figure 1 : Schéma illustrant l’utilisation des molécules photo-chromes dans les systèmes de stockage de l’information. (a) Cas d’une molécule photochrome simple, pour laquelle la transfor-mation de l’état A vers l’état B (écriture) nécessite l’exposition à de la lumière UV, tandis que la réaction inverse (effacement) est initiée par de la lumière visible, par exemple. La lecture consiste à déterminer directement la couleur du système grâce à un faisceau lumineux mesurant l’absorption. (b) Cas d’un système intelligent combinant un fragment moléculaire photochrome et un fragment fluorescent. L’écriture / effacement de l’informa-tion s’effectue de façon similaire au cas précédent, en activant l’unité photochrome par la lumière UV ou visible. En revanche, une lecture sensible et non destructive est rendue possible en sondant l’unité fluorescente (F) qui est « allumée » lorsque le photochrome est dans l’état A par exemple, et « éteinte » lorsqu’il est dans l’état B.

Figure 2 : Illustration des avantages et inconvénients de l’état massif de solide moléculaire, des nanomatériaux et des molécules dispersées en vue de l’application aux systèmes de stockage de l’information.

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QUELQUES EXEMPLES D’ASSEMBLAGES MOLÉCULAIRES PHOTOCHROMES-FLUORESCENTS

Pour illustrer notre propos, plu-sieurs exemples permettent de démon-trer l’efficacité de cette stratégie pour des applications dans le domaine du stockage optique de l’information. En particulier, le groupe du Professeur M. IrieauJaponestconsidéréaujourd’huicomme l’un des pionniers dans ce domaine, puisqu’il fut le premier à observer sous microscope la fluores-cence photocontrôlée des molécules photochromes individuelles (Figure 3) [7].

Dans le but de comprendre les processus et les mécanismes qui inter-viennent dans des assemblées de molé-cules photochromes et fluorescentes, nous avons incorporé au laboratoire un composé photochrome de la famille desdiaryléthènes (Figure4,moléculeP) et un composé fluorescent (molé-cule F, appelée fluorophore) dans une couche polymère de quelques cen-tainesdenanomètresd’épaisseur.Cesdeux entités moléculaires ont été choi-sies de façon à favoriser un transfertefficace de l’énergie d’excitation du fluorophore vers le photochrome sous sa forme colorée (P-CF). L’irradiation sous lumière UV de l’échantillonconduit à une extinction pratiquement totale de la fluorescence, laquelle est pleinement restaurée sous irradiation visible. Un grand nombre de cyclesd’irradiations successives UV et visible a montré la possibilité de moduler la fluorescence de cet échantillon sans aucune détérioration de ses propriétés. Nous avons également mené des expé-riences d’écriture-lecture-effacement à deux dimensions sous microscope, à l’échelle de quelques micromètres(Figure 4). Pour cela, l’échantillon est placé sous un microscope inversé à

large champ, puis soumis à des irra-diations laser UV (343 nm) ou visible (515 nm). Un masque « CNRS » d’en-viron1cmdediamètre est positionnédans le faisceau collimaté du laser en entrée du microscope pour permettre l’impression du motif sur l’échan-tillon. L’imagerie de la fluorescence de l’échantillon a démontré que l’inscrip-tion de l’information sur le film pho-tochrome et fluorescent est efficace et totalementréversible.Detelssystèmesphotochromes-fluorophores sont donc parfaitement adaptés pour le stockage optique de l’information. En outre, nous avons identifié par spectroscopie laser les différents processus à l’ori-gine des propriétés décrites ci-dessus. D’une part, nous avons mis en évi-dence un phénomène de migration

d’énergie entre les fluorophores F, et l’existence d’un transfert d’énergie trèsrapidedesfluorophoresFverslesphotochromes sous leur forme colorée P-CF. D’autre part, nous avons éla-boré un modèle cinétique complexepour la réaction photochrome, capable de rendre compte d’un phénomèned’accélération de la réaction retour sous l’effet du transfert d’énergie des

fluorophores vers les photochromes. Cemodèlethéoriqueestcapabled’ex-pliquer les tendances observées expé-rimentalement, à savoir une restau-ration de la fluorescence plus rapide lorsque la concentration en fluoro-phores est élevée. Enfin, nous avons mis à jour un effet d’amplificationqui intervient dans ce type de sys-tème,c’est-à-direunseuild’extinctionet de restauration de la fluorescence sous excitation lumineuse plus effi-cace qu’attendu, ce qui permet de stocker de l’information au sein de l’échantillon avec une quantité réduite de photons, grâce à des processus collectifs et coopératifs des molécules photoactivesPetF[8].

Nous avons également élaboré au laboratoire des nanoparticules orga-niques constituées de molécules à la fois photochromes et fluorescentes, grâce à une méthode dite de pho-tofragmentation laser [9]. La taille des particules obtenues, déterminée par microscopie AFM (Figure 5) se situe majoritairemententre20et30nm.Defaçontoutàfaitintéressante,lesnano-particules montrent un comportement intermédiaire entre l’état solide et les molécules en solution, ce qui leur procure les propriétés requises pour autoriser une modulation optique effi-cace de leur signal de fluorescence :la fluorescence peut être « éteinte » puis « allumée » à souhait sous illumi-nation UV et visible [10]. En effet, les nanoparticules, du fait de leur petite taille, se présentent dans un état pour lequel l’arrangement moléculaire est plus flexible que dans le matériau massif. Ce dernier exemple ouvre la voie à de nouvelles possibilités pour l’inscriptiondedonnéessurdesobjets

Figure 3 : Images de fluorescence obtenues sous microscope de quatre molécules individuelles photo-chromes et fluorescentes, dont la fluorescence est initialement « éteinte », puis « allumée » plusieurs fois de suite, sous illuminations successives à 488nm (bleu) et 325nm (ultra-violet).[7]

Figure 4 : (En haut) Molécule diaryléthène photochrome P sous sa forme ouverte (P-OF, incolore) et sous forme isomérisée fermée (P-CF, bleue) et molécule fluorescente F, incorporées dans une fine couche polymère. (En bas) Images de fluorescence montrant la possibilité d’écrire, d’effacer et de liredes informations sur cet échantillon à l’échelle micrométrique grâce à un microscope adapté et un faisceau laser UV ou visible : (i) exposition UV de l’échantillon à travers un masque « CNRS » pour écrire l’information, puis (ii) irradiation de toute la surface par un faisceau laser visible pour effacer l’information, (iii) irradiation de toute la surface par un faisceau laser UV pour éteindre toute la fluo-rescence de l’échantillon, (iv) exposition visible de l’échantillon à travers le même masque « CNRS » pour inscrire l’information en négatif, et enfin (v) irradiation de toute la surface par un faisceau laser visible pour effacer à nouveau l’information.[8]

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de taille nanométrique. Ceci laisse présager de belles avancées dans le domaine des technologies optiques de stockage de l’information, avec le développement de supports toujoursplus petits, denses et rapides. D’ores et déjà, nous affirmons notre convic-tionque le succèsde cetteentreprisedépendra essentiellement de la qualité de la collaboration entre les chimistes, qui conçoivent des objets nanomé-triques et des matériaux aux propriétés adaptées, les physiciens, qui permet-tent d’adresser optiquement des uni-tés photoactives situées à proximité immédiate les unes des autres, et les ingénieurs, qui rendent ces techniques accessibles et réalisent des dispositifs avec desmoyens compatibles avec lemarché grand public.

BIBLIOGRAPHIE

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[9] A. Spangenberg, R. Métivier, J. Gonzalez, K. Nakatani, P. Yu, M. Giraud, A. Léaustic, R. Guillot, T. Uwada, T. Asahi, Multiscale Approach of Photochromism : Synthesis and Photochromic Properties of a Diarylethene in Solution, in Nanoparticles, and in Bulk Crystals. Adv.Mater.2009,21(3),p.309-313;A. Patra, R. Métivier, J. Piard, K. Nakatani, SHG-active molecular nano-rods with intermediate photochromic properties compared to solution and bulk solid states. Chem. Commun. 2010,46(34),p.6385-6387.

[10] J. Piard, R. Métivier, M. Giraud, A. Léaustic, P. Yu, K. Nakatani, Photoswitching in diarylethene nano-particles, a trade-off between bulk solid and solution : towards balanced photo-chromic and fluorescent properties. New J. Chem. 2009, 33 (6), p. 1420-1426.

Figure 5 : Image en microscopie à force ato-mique (AFM) de nanoparticules organiques constituées de molécules à la fois photochromes et fluorescentes. Ces nanoparticules peuvent être « éteintes » puis « allumées » plusieurs fois de suite grâce à des cycles d’illumination UV et visible, sans dégradation de leurs performances.[10]

Entre la parution des bulletins, entre les lettres d’informations, gardez le contact avec l’Association en vous connectant sur son site web :

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du côté dEs sciEncEs Et dEs sciEncEs humainEs

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Cérémonie de remise de médaille de bronze du CnRs à Rémi métivier

(Chargé de Recherche au PPSM) le 30 janvier 2012 - 14h00 - 18h00

Anniversaire des 15 ans du LsV et remise de la médaille d’argent

CnRs à Jean Goubault-Larrecq Les 6 et 7 février 2012

•Cyril Poriel(SciencesChimiquesdeRennes,Univ.Rennes1):“Modulationdes propriétés de composés 3pi-2 spiro pour des applications en OLED monocouche”

•Arnaud Spangenberg(IS2M,Univ.HauteAlsace):“Approchesphotochi-miquespourlamicroetnanofabrication”

•Aurélie Perrier-Pineau (ITODYS, Univ. Paris Diderot) : “Les photo-chromescouplés:unexempled’applicationdelaspectroscopieabinitio”

•Julien Boixel (Sciences Chimiques de Rennes, Univ. Rennes et PPSM, ENSCachan):“Laphoto-accumulationdechargesinspiréedelaphoto-synthèse”

•Michel Sliwa(LASIR,Univ.Lille1):“Synthèseetspectroscopieultrara-pidedesystèmesphotochromescomplexes”

•Frédéric Clabau(Saint-GobainRecherche):“Développementd’applica-tionsoptiquesàSaint-GobainRecherche”

ExpoSéS SCiEntiFiqUES (AUditoriUm d. ChEmLA)

Al’occasiondelamédailled’argentduCNRSdécernéeàJeanGoubault-Larrecq,leLSVaorganisédeuxjournéesoùdeprestigieux informaticiens ont été invités à exposer leur vision scientifique.

Ce fut aussi l’occasion pour le Laboratoire Spécification et Vérification de fêter ses 15 ans.

Fondé en 1997, le Laboratoire Spécification et Vérification (LSV) est le laboratoire d’informatique de l’ENS Cachan, et est aussiaffiliéauCentreNationaldelaRechercheScientifique(CNRS)entantqu’UMR8643.LarechercheauLSVestcentréesurlavérificationdelogicielsetsystèmescritiques,etsurlavérificationdelasécuritédessystèmesinformatiques.

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Des anciens élèves physiciens ont déjà reçu desmédailles du CNRS.

La plus prestigieuse, la médaille d’or, qui récom-pense « une personnalité scientifique qui a contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et au rayonnement de la recherche », a été décernée en 2005 à Alain Aspect, pour avoir notamment conduit le premier test concluant portant sur un des paradoxes fondamentaux de la mécanique quan-tique,leparadoxeEinstein-Podolsky-Rosen,tranchantainsiunvieuxdébatentreAlbertEinsteinetNielsBohr.

La médaille d’argent qui « distingue un chercheur pour l’originalité, la qualité et l’importance de ses travaux, reconnus sur le plan national et international » a été obtenue par Philippe Grangier,quiafaitsathèsesousladirectiond’Alain Aspect et a participé à cette expérience. En 1999, Christian Glattli l’avait obtenuepour ses travauxenphy-sique quantique des gaz électroniques et ses études sur les nanotubesdecarboneetlegraphène.

« La Médaille de bronze récompense le premier travail d’un chercheur, qui fait de lui un spécialiste de talent dans son domaine. Cette récompense représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes. » Christian Miniatura en a été récompensé en 1994 et Eric Constant en 2001. Les années 2010 et 2011 ont vu3médaillesdebronzedécernéesàdesanciensélèvesdudépartementdephysique:

•EliseLorenceauen2010•YannMairesseetJean-FrançoisAubryen2011.

YannMairesse travaille au CELIA (Bordeaux 1) surlamesuredephénomènesultra-rapidesenemployantdesimpulsions lumineuses et des paquets d’électrons ultra-brefs, de la femtoseconde à l’attoseconde (c’est-à-dire le trillionièmed’uneseconde).Ilestrentréaudépartementdephysiqueparleconcourstroisièmeannéeetaétémajordel’agrégationdephysiqueen2001.

Jean-FrançoisAubryetEliseLorenceauontintégréledépartementdephysiqueparleconcoursd’entréedepre-mièreannée,respectivementen1994et1996.Ilestàremar-quer que Jean-François Aubry a reçu sa médaille, sur lecontingent de l’Institut des sciences biologiques du CNRS.

Nous vous proposons le résumé des recherches de Elise Lorenceau.

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Elèvedel’ENSCachande1996à2000,audépartementdephysique,Elise Lorenceau a effectué son doctorat sous la directiondeDavidQuéréauLaboratoiredePhysiquedelaMatièreCondenséeduCollègedeFranceassociéàlachairedePierre-GillesdeGennes.Sontravaildethèseaportésur

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Trois médailles de bronze du CnRs décernées à des anciens du département de physique, en 2010 et 2011

l’hydrodynamiqueetlaphysico-chimiedessurfaces.Elleaen particulier étudié la possibilité de déformer des inter-faces via des écoulements en volume.Ainsi, lorsqu’un jetde liquide tombe sur un bain rempli d’un fluide de même nature,lerayondecourburedel’interfaceair-liquideàl’en-droit de l’impact décroît exponentiellement avec la vitesse. À grande vitesse, l’interface ne peut supporter ce degré de confinement élevé et une fine lame d’air, dont l’épaisseur a été mesurée, est entraînée dans le bain. Celle-ci se déstabi-lise in fine en bulles comme illustré ci-dessous.

EliseLorenceauaensuiteréaliséunséjourderecherche

post-doctoral à l’université d’Harvard dans le groupe de DaveWeitz où elle a étudié la possibilité de réaliser desémulsions doubles (une goutte d’eau encapsulée dans une goutte d’huile ou vice-versa) en utilisant des techniques de microfluidiques. La microfluidique, qui est la science et la technologiedessystèmesmettantenjeudesécoulementsdefluide dont au moins l’une des dimensions caractéristiques estdel’ordredumicromètre,permeteneffetderéaliserdesobjetshautementcalibréescommeillustréci-dessous.

A gauche : un jet de liquide visqueux de 5 millimètres de diamètre tombe dans un bain rempli du même liquide. Le jet déforme très fortement l’interface. A droite, le jet « crève » l’interface, et y pénètre gainé d’une fine lame d’air. Celle-ci apparaît en noir à cause du contraste d’indice optique entre le liquide et l’air. Cette lame d’air, qui prend la forme d’une trompette se déstabilise en bulles qui enva-hissent le bain liquide.

A gauche : une double goutte constituée d’une goutte d’eau encap-sulée par une fine couche d’huile est sur le point de se former. A droite, une double goutte constituée d’une myriade de gouttes d’eau encapsulée dans de l’huile est également sur le point de se fragmenter (largeur de la photo : 80 microns).

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ReçuauCNRSen2004entantquechargéderecherche,leprojetderecherched’EliseLorenceaus’articulaitautourdeproblématiquesassociéesàlamatièremolle:d’unepartl’étude et la réalisation d’assemblée de bulles monodis-perses permettant de réaliser des mousses aqueuses cristal-lines grâce aux techniques microfluidiques mises au point en post-doc. Ensuite, l’étude d’impact de gouttes millimé-triques sur des substrats limités en taille comme des petites cibles,desfibresoudessurfacesporeuses.L’objectifviséestde mieux comprendre le fonctionnement des filtres à fibres utilisés dans l’industrie pour récupérer la phase liquide d’un aérosol ou d’évaluer la possibilité de forcer l’imprégnation d’un milieu poreux par l’impact d’une goutte. Ces travaux ont en particulier permis d’élucider un mécanisme de frac-tionnementd’aérosolayantlieulorsquedesgouttesdepluietombe sur des fibres végétales.

Pour ces travaux de recherche menés au laboratoire de Physiquedesmatériauxdivisésetdesinterfacesdel’univer-sitéParis-Est,EliseLorenceaua reçuen2010 lamédaillede bronze CNRS. Elle est désormais affectée au labora-toire Navier dépendant de l’École Nationale des Ponts et Chaussées et de l’université Paris-Est.

Ancien élève de l’ENS Cachan (Economie-Gestion-2000) Aurélien Eyquem a préparé l’agrégationd’économieetdegestionàl’antennedeBretagnedel’Écolenormale supérieure de Cachan.

AprèsunDEAàl’UniversitédeParis1,ilestrevenuenBretagnepourréalisersa thèseà l’UniversitédeRennes1,sous la direction de Jean-Christophe Poutineau, alors direc-teur du département Économie - Droit - Gestion de l’ENS Cachan-Bretagne.Ilestaujourd’huimaîtredeconférencesà l’École normale supérieure deLyon.C’est pour sa thèse“Asymétries,ajustementsconjoncturelsetpersistanced’hété-rogénéitésauseindel’Unionéconomiqueetmonétaire”qu’ila mené au sein de l’équipe « Macroéconomie et finance » du Centre de recherche en économie et management (CREM) qu’il s’est vu décerner le 1er prix du Prix Bretagne JeunesChercheurs dans la catégorie « Identités, patrimoine, lien social, gouvernance » le mardi 6 décembre 2011 à Rennes.

résumé :Endépit d’une intégration économique etfinancière très avancée, une forte hétérogénéité des per-formancesmacroéconomiquescaractérisetoujoursl’UnionÉconomique et Monétaire (UEM). Dans cette thèse, onpropose plusieurs explications permettant de comprendre cette situation. À partir des outils théoriques et empiriques de la nouvelle macroéconomie internationale, on cherche à évaluer le coût de ces hétérogénéités, à en comprendre les causes et l’on s’interroge sur la capacité des politiques conjoncturellesàlesréduire.

Afin de mener ce projet, la thèse s’appuie sur desmodèles qui prennent en compte diverses sources de

diffusionasymétriquedeschocs.Danslepremierchapitre,on s’intéresse au rôle des imperfections sur les marchés des biens et services et sur les marchés financiers. Elles sont prises en compte en supposant l’existence de biais en faveur des biens nationaux dans les structures de consommation et de production et en supposant que les marchés finan-ciers sont incomplets. On montre que les gains liés à une réductiondes asymétries sont importants et équivalents àune augmentation de 0.6% à 1% de la consommation per-manente au sein de l’UEM et qu’une meilleure intégration commerciale est susceptible d’accroître les asymétries dediffusion dans certains cas.

Dans le second chapitre, on s’interroge sur la capacité despolitiquesbudgétairesnationalesà réduire lesasymé-tries de diffusion. D’un point de vue théorique, on montre qu’elles le pourraient. D’un point de vue empirique, les contraintes institutionnellesdont elles font l’objet au seinde l’UEM ne leur permettent pas de jouer ce rôle. Uneréforme du Pacte de Stabilité et de Croissance serait, à ce titre, susceptible de générer des gains de bien-être.

Enfin,ledernierchapitres’intéresseàladiffusionasy-métriquedechocssymétriquesdansunmodèleàtroispays,dontdeuxformentuneunionmonétaire.Lesasymétriesdediffusionproviennentd’asymétriesdanslesdegrésderigi-dités nominales ou dans le degré d’ouverture au commerce extrazone. Comme dans le premier chapitre, la conclusion théorique selon laquelle une meilleure intégration commer-cialeet/ouunemeilleureintégrationdesprocessusproduc-tifssuffisentàréduirelesasymétriesdediffusiondeschocsest invalidée dans plusieurs cas.

En haut : une goutte d’eau millimétrique tombe sur une fibre dont l’axe est perpendiculaire au plan de la photo. La goutte se fractionne en deux lobes et seule une petite portion de liquide reste accrochée sur la fibre. Dans cette situation, l’impact est centré : la trajectoire du centre de la goutte coupe l’axe de la fibre. En bas, une goutte de même taille tombe sur la même fibre à la même vitesse, mais ici l’impact est légèrement décentré : la trajectoire du centre de masse ne passe pas par l’axe de la fibre. La goutte se fractionne encore en deux lobes, mais ici le plus petit des deux reste accroché sur la fibre.

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Aurélien Eyquemancien élève de l’ENS de Cachan, lauréat du prix Bretagne Jeunes Chercheurs

dans la catégorie “Identités, patrimoine, lien social, gouvernance”

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la viE dE l’écolE

Présentation des vœux de nouvelle année10 janvier 2012 - J.-Y. Mérindol

La nouvelle année offre, à l’ENS Cachan comme dans de nombreux autres établissements, l’occasion de présenter des vœux à tous ceux qui contribuent aux missions de service public qui nous sont confiées par la République.

Je vous souhaite une très bonneannée 2012 qui réponde à vos souhaits, qu’ils soient personnels ou profession-nels.

Cette petite cérémonie annuelle, la quatrième en ce qui me concerneà Cachan, donne aussi l’occasion de dresser un bref bilan de l’année passée etjevaissacrifieràcettetradition.

Les nouveaux statuts de l’école ontétépubliésen janvier2011.Nousavons commencé à les faire vivre et en particulier l’École dispose main-tenant de nouveaux Conseils, d’ad-ministration et scientifique, mis en place par des élections et des nomina-tions en novembre et décembre 2011. Ces deux Conseils, qui ont commencé leurs activités, sont en place pour 4 ans. Je remercie les élus pour leur engagement en faveur de l’École et les nommés pour l’intérêt qu’ils portent à nos activités. Par ailleurs, un nouveau Comité technique de proximité (CTP), instance qui a un rôle de plus de plus important dans le dialogue social au sein de l’École, vient d’être élu et va commencer ses activités le mois pro-chain.

L’année 2011 a été celle du pas-sage aux responsabilités et compé-tences élargies. Ce chantier d’ampleur, dont la préparation a débuté en 2009, est une réussite. Nous allons mainte-nant peu à peu explorer les nouvelles possibilités de souplesse qu’offrent ces dispositions. Nous l’avons fait en 2011 pourquelquessujetscommelagestiondes postes de professeurs invités. Cette nouvelle culture, où l’on raisonne plus en masse salariale qu’en postes, néces-site un apprentissage collectif.

La qualité de notre École repose largement sur celle des étudiants que nous recrutons. Les concours 2011 se sont bien déroulés cette année encore.

Les promotions de première annéeont fait le plein. Nous avons introduit à l’automne une réforme des concours de troisième année, avec des recru-tements plus variés de niveau licence ou master, ce qui explique que nous utilisions maintenant l’expression de « second concours ». Ces nouveaux règlements doivent être publiés auBulletin officiel de l’Enseignementsupérieur et de la recherche d’ici la fin de cette semaine¹ et vont s’appliquer dèslesconcours2012.

Nos élèves et étudiants conti-nuent massivement leurs études par un doctorat, parfois dans nos labora-toires,maistrèsmajoritairementdansd’autres établissements, ce qui corres-pond à l’un de nos objectifs pédago-giques essentiels.

Le dispositif de nouveau master de « formation des enseignants du supérieur » lancé fin 2010 s’est révélé efficace, ce qui nous a assuré de trèsbons résultats aux agrégations en 2011. Nousavonseuenparticulier14majorsà mettre en regard des 16 spécialités de concours préparées à Cachan et Ker Lann.

La qualité des résultats de nos laboratoires est largement reconnue, comme en témoigne non seulement notre très forte participation à desprojetssélectionnésdanslecadredesinvestissements d’avenir (les Labex, Equipex et autres types d’appelsd’offres), mais aussi les reconnais-sances plus personnelles attribuées à certains chercheurs. Je pense en particulier à Erwan Faou, ancien élève de notre École, mathémati-cien à l’INRIA dans l’équipe projetIPSO installée à Ker Lann qui vient d’obtenir une bourse de l’European Resarch Council, la troisième dansnotre École après celles déjà obte-nues par Jean-Michel Morel et Serge Abiteboul. Je pense aussi à Rémi Métivier, chargé de recherche en chimie au CNRS au sein du PPSM à Cachan, qui est récompensé d’une médaille de bronze du CNRS et à Jean Goubault-Larrecq, professeur d’informatique à Cachan, au LSV, qui a quand à lui une médaille d’argent.

Ces résultats incontestables, tant en recherche qu’en formation, mon-trent que nous menons à bien, à un niveau excellent, nos missions fonda-mentales.

Je tiens donc à remercier le per-sonnel de l’École, qu’il s’agisse des enseignants, des enseignants-cher-cheurs, des chercheurs, des adminis-tratifs, des personnels techniques, des ingénieurs, des ouvriers et des person-nels de service. Je remercie aussi les étudiantsetlesélèvesdel’École.C’esten effet à toute cette communauté que nousdevonscessuccès.

Je les remercie d’autant plus que je sais que cette année,marquée parle marathon des appels d’offre du grand emprunt, a aussi été compli-quéepar lesdifficultés financièresdel’École. Celles-ci, apparues au grand jour depuis unpeuplus dedeux ans,remontent en fait à au moins huit ans. Nous sommes en train de les résoudre et le budget qui sera pré-senté au Conseil d’administration à la fin février 2012 sera équilibré et sincère. C’est donc très agaçant, aumomentmêmeoùnous commençonsà sortir de ces difficultés, d’avoir été entrainé dans une communication du ministèredel’enseignementsupérieuret de la recherche que je vais, pareuphémisme, seulement qualifier de maladroite.L’expressionemployéeparle ministère et reprise par la pressede « mise sous tutelle » donne le sen-timent que nous ne serions plus en mesure de prendre aucune décision, quelle que soit sa portée, sans avoir demandé au préalable une autorisa-tionauministère. Il n’enest rien.Laseule chose qui nous est imposée, et que nous faisons, est d’avoir une dis-cussion avec les services ministériels avant la présentation de notre budget primitif, et des décisions budgétaires modificatives, au Conseil d’adminis-tration. Ce qui permet de vérifier que nos propositions aboutissent à un bud-get équilibré et sincère, tant en fonc-tionnement qu’en investissement. Cet équilibre nécessite une progression des ressources de l’État, et c’est ce qui nous a été annoncé en décembre 2011 avec une augmentation de notre

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Lesnotesdebasdepagedonnentdesinformationsarrivéesaprèsle10janvier,doncplusrécentesquecellesdontjedisposaisaumomentdesvœux.

1.Lesarrêtésinstallantce“secondconcours”ontétépubliésauBOESRdu12janvier.

2.Ladécisiondel’Étatarrivéele18janvierestmalheureusementlaseconde:lesengagementsprisneserontpastenusen2012.Cequim’aamenéàvivement protester.

3. C’est maintenant confirmé par une décision écrite du Premier ministre.

subvention de service public d’au moins 500.000 euros ;mais aussi desrestrictions dans nos dépenses. Tous nos engagements essentiels seront res-pectés, tant pour les dépenses de per-sonnel que pour les dépenses de fonc-tionnement qui contribuent à nos mis-sions de recherche ou de formation. De ce point de vue, le passage aux RCE en 2011 a facilité l’équilibre de la section de fonctionnement. Il n’en reste pas moins vrai que nous avons dû fortement réduire nos dépenses d’in-vestissement, notamment parce que le fonds de roulement de notre établisse-ment a presque disparu en huit ans. Si unetellerestrictionestpassagèrementpossible, elle ne peut être mainte-nue longuement sans mettre en péril notre avenir. C’est sur ce point que nous devons porter notre attention à partir de 2013. Pour 2012, nous avons décidé d’investir en priorité dans les programmes de recherche liés aux Equipex qui nous concernent, notam-ment MatMéca et Digiscope, et dans les travaux pour le département de chimie. Nous espérons pouvoir faire un peu plus en 2013, mais sans certi-tude à ce stade.

PASSONS MAINTENANT À L’AN-NÉE 2012.

Deux grands dossiers stratégiques qui engagent notre avenir sont connus et débattus depuis plus de trois ans au sein de l’École et de ses instances. Il s’agit d’une part de la transformation de l’antenne deBretagne enENSdeplein exercice et du projet de démé-nagement de Cachan sur le plateau deSaclay.

Si l’État avait respecté l’en-gagement pris en 2009 par Valérie Pécresse, engagement confirmé en juillet 2010 dans le contrat d’établis-sement, la nouvelle ENS de Rennes seraitcrééeàl’heureoùjevousparle.Je constate qu’il n’en est rien, ce que jeregretteprofondément.Nousavonsprésentéunprojet scientifique,péda-gogiqueetstatutairecompletdèsjan-vier 2011 ; nous avons eu des discus-sions sur le financement en mars 2011 et nous n’avons depuis ces dates que des réponses dilatoires. Cette situation déstabilisante, d’abord à Ker Lann,

mais aussi à Cachan, ne peut perdurer et il est nécessaire que l’État annonce s’il tient ses promesses ou s’il les renie. Je n’ai pas aujourd’hui de réponse²et je reste extrêmement mobilisé surl’avenir de cette antenne.

Le Conseil d’administration de l’École de la fin septembre 2011 a voté, à une très large majorité, enfaveur du déménagement de Cachan vers Saclay. Ce déménagement, quiestpossibleàlarentrée2018,conduità être attentif sur plusieurs aspects. Il s’agit essentiellement des trois points suivants:

• conditions d’accessibilité, et pluslargement de qualité de vie et de travail,duplateaudeSaclay;

•suivi personnalisé de l’impact dece déménagement sur les situa-tionsdesagentsdel’École;

•assurances sur le financementde la construction des nouveaux locaux.

L’État a dégagé des sommes importantes pour ces constructions, tant dans le cadre du plan campus que dans celui des investissements d’ave-nir.Ilamisenplaceunsystèmed’exa-men et d’arbitrage interministériel des demandes de chaque établissement. Suivant ce processus, et sur la base d’estimations précises appuyées surune évaluation de nos besoins, nous avons considéré qu’une somme de 258 millions d’euros était nécessairepour cette construction. Nous avons appris³ à la mi-décembre que l’État avait validé cette demande et que nous disposerions à la fois des produits de la vente du campus de Cachan, l’estima-tiondesDomainesétantde78M€, et d’unesubventiondel’Étatde180M€. Cette bonne nouvelle nous met en situation de continuer à travailler sur la programmation de cette construc-tion, ce que nous continuerons à faire en concertation avec les départements, laboratoires et services.

Ces évolutions se font dans un paysage du système de rechercheet d’enseignement supérieur en très forte évolution, tant en Francequ’ailleurs dans le monde. Ces évolu-tions, qui se traduisent souvent par des

rapprochements entre divers établisse-ments, voire ici ou là par des regrou-pements, nous concernent aussi. Elles nousontamenésàêtretrèsactifsdansnos stratégies d’alliance, tant à Rennes que dans le sud de l’Île-de-France. Elles nous conduisent aussi à nous interroger, en partant des missions des ENS, à savoir principalement la formation d’enseignants-chercheurs et de chercheurs, sur ce qu’est la spéci-ficité d’une école normale supérieure comme la nôtre.

Cette réflexion trouvera naturelle-ment sa place dans les cérémonies qui seront organisées à partir de l’automne 2012 autour du centenaire de l’École. Maisjeveuxdèsàprésentinsistersurl’un des acquis de notre école. Nous sommes un des rares établissements français où la division entre sciencesfondamentales et sciences appliquées n’est pas une donnée qui est acceptée comme allant de soi. C’est une divi-sion, en apparence commode qui est peurespectueusedelaréalitéconcrèted’une grande partie de la recherche. Elle est toujours teintée d’une hié-rarchie légèrement condescendante- le fondamental regardant de haut l’appliqué - et elle nie ce qu’apporte le couplage permanent entre la volon-té de faire progresser le savoir pour lui-même, et c’est à l’honneur de la démarche scientifique d’y contribuer,et la volonté de répondre aux défis techniques et sociaux, de plus en plus globaux, que les sociétés humaines ont en permanence à relever. Nous sommes une école des sciences pra-tiques, formule indiquant que les recherches et formations à Cachan s’insèrentdansuncontinuumoùsontprésentes les sciences de base, les tech-nologies et les sciences sociales. C’est cequ’ilnousfautfairevivreàSaclayetàRennes.Ce sera l’undes enjeuxdela réflexion donnant le cadre général de la programmation immobilière dudéménagementàSaclay.

À nouveau, je vous souhaite uneexcellente année 2012.

Jean-YvesMérindolPrésident de l’ENS Cachan

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François Fillon a confirmé laliste révélée le 2 février par AEF des cinq projets lauréats des IDEXpour la deuxième vague : SorbonneUniversités / Sorbonne Paris-Cité /Saclay/Toulouse/Aix-Marseille

« Au cours de ses travaux, le jury a décidé de sélectionner les projets ayant recueilli deux tiers de votes positifs », explique le Premier ministre. « Deux pro-jets (Paris novi mundi université, porté par le PRES Hesam et Idex Lyon-Saint-Étienne, porté par le PRES Université de Lyon) ont recueilli une majorité simple de suffrages »

IlyauradoncautotalhuitIDEXenFrance,lescinqprojetslauréatsdeladeuxièmevaguerejoignantlestroisdelapremièrevague(PSL,Bordeauxet Strasbourg). Les dotations en capi-taldestroispremierslauréatsontdéjàété annoncées : 750 millions d’eu-ros pour Strasbourg et PSL, et 700 millions d’euros pour Bordeaux quisigne sa convention aujourd’hui avecle Premier ministre et la directrice générale de l’ANR..

C’est avec grand intérêt que j’aipris connaissance du point de vue dela Cour des comptes sur le devenirdes écoles normales supérieures. Je souhaite répondre sur les trois points généraux : les stratégies d’alliances, le coût des formations, l’engagement décennal, ainsi que sur deux points particuliers à l’ENS Cachan.

Les évolutions et les stratégies d’alliances

Il me paraît utile de souligner que si les ENS sont concernées par

Le montant des dotations des cinq nouveaux lauréats sera décidé « dans les semaines à venir ».

L’appel à projets IDEX est doté de 7,7 milliards d’euros et « a pour ambition de permettre de faire émerger en France cinq à dix pôles pluridisciplinaires d’ex-cellence d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, capables de rivaliser avec les plus grandes universités du monde ».

La sélection de ces projets s’estfaitesurquatrecritèresprincipaux:

•«l’excellenceenmatièrederecherche »,

•«l’excellenceenmatièredefor-mation et la capacité à innover »,

•«l’intensitédespartenariatsavecl’environnement socio-économique et au niveau international »,

•«lacapacitédelagouvernanceà mettre en oeuvre efficacement lastratégieduprojet:objectifsettrajectoire,politiquedesres-sources humaines, allocation des moyens».

les réformes récentes citées dans ce rapport (passage au système LMD,émergence de grands pôles universi-taires, rôle renforcé des universités en matièrederecherche),leursévolutionset leurs stratégies de développement sonttrèsfortementliéesauxmodifica-tions des processus de formation et de recrutementdesjeunesuniversitaires.

A cet égard, l’ENS Cachan est, et se revendique comme une école dont la mission principale est de former de futurs universitaires, qu’ils se destinent à être maîtres de conférences puis professeurs dans les universités ou les

Extrait du courrier de Monsieur Jean-Yves MERINDOL Président de l’ENS de Cachan aux directeurs des départements d’enseignement du site de Cachan :

Je vous rappelle que nous avons aussieuconfirmationmi-janvierquelefinancement que nous avions demandé pour pouvoir nous implanter sur le plateaudeSaclaynousestaccordé.Eneffet, une décision signée du Premier ministre affecte à l’École une sub-vention de 180M€, somme qui sera complétée par les ressources tirées de la vente du campus de Cachan (estimation de 78 M€). Ceci nous permet d’engager la construction des bâtiments qui doivent être livrés avant larentrée2018.Cesdeuxtrèsbonnesnouvelles confortent la pertinence de notre stratégie de partenariat avec les universités, grandes écoles et orga-nismes de recherche actifs dans le sud de l’Île-de-France.

Je tiens à remercier tous ceux qui, au sein de l’École ou ailleurs, ont contribué par leur réflexion et leur engagementàcesdeuxsuccès.

grandes écoles, chargés de recherche puis directeurs de recherche dans les organismes, ou enseignants sans mis-sion de recherche dans l’enseignement post-bac, c’est-à-dire dans les universi-tés, IUT compris, les grandes écoles ou les classes préparatoires….

----------------Les ENS, avec d’autres, ont forte-

ment promu la mise en place d’un par-cours professionnel d’insertion dans les métiers académiques proche des sys-tèmes internationaux.La thèse, finan-cée par divers dispositifs, est préparée dans la suite immédiate des études de master. Elle peut être suivie d’un temps

la viE dE l’écolE

la viE dE l’écolE

Extrait de la communication de l’AEF du vendredi 3 février à Bordeaux

(Extraits de la) réponse du Président de l’École normale supérieure de Cachan

communiqué par J-Y Mérindol Président de l’ENS de Cachan à l’Association des anciens élèves et élèves de l’ENS de Cachan

Cour des comptes - Rapport public annuel 2012

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de recherche dans un autre pays, parexemple comme « post-doc ». Ce par-cours, standard pour devenir chargé de recherches ou maître de conférences, prend de plus en plus d’importance pour les autres métiers d’enseignants dans le supérieur, et c’est une bonne chose. La minorité de nos étudiants ou élèves qui se destinent à une carrièreen entreprise, le plus souvent comme chercheurs, savent que le doctorat yest nécessaire et apprécié. Un grand nombre d’entre eux souhaite obtenir ce grade universitaire, ce que l’École encourage.

Ces changements, qui expliquent une bonne part des évolutions consta-tées par la Cour des comptes, sont d’autant plus importants à souligner que le rôle actuel de l’agrégation, concours qui reste malheureusement sous la seule responsabilité du ministre en charge de l’Éducation nationale sans intervention de celui chargé de l’enseignement supérieur, n’est pas clair : on ne sait plus si ce concoursvise d’abord à recruter des professeurs du secondaire au sens strict, qui vont enseigner durablement de la seconde àlaterminale,voireencollège;ous’ils’agit aussi, et même surtout, de recru-ter des enseignants pour le post-bac. Ce qu’on connaît des nombres d’em-plois disponibles et des parcours pro-fessionnelsdes jeunesagrégésmontreque la seconde voie est très majori-taire, au moins dans les disciplines qui concernent l’ENS Cachan. Pour ma part, je souhaiterais que l’État sachedéfinir ce qu’il attend de l’agrégation externe.

----------------Ces raisons expliquent que nos for-

mations, conçuescommeouvrantversun doctorat, soient organisées dans le cadredelafinducyclelicenceaucyclemaster, et que la préparation de l’agré-gation, pour intéressante qu’elle soit en ce qu’elle apporte une vision plus générale d’un grand champ discipli-naire,nesoitplusaucentreduprojetpédagogique de notre École. Mais jepense utile de fournir à nos étudiants une formation à l’enseignement dans le supérieur, et c’est pourquoi nous ayonscrééàlarentrée2010lepremiermasterenFranceayantcetobjectif.Cemaster, qui permet la préparation aux agrégations, a un intérêt en soi. Mais il est trop tôtpouren faireunbilan :mêmes’ilaétéunsuccèsen2010-2011,il n’a encore fonctionné qu’une année.

----------------

Nous ne cherchons pas à former des techniciens, des professeurs des écoles ou des collèges, desmédecins,desavocats,desjournalistes,descréa-teurs ou des dirigeants d’entreprise. Il arrive bien entendu que certains de nos anciens élèves ou étudiants exer-cent ces professions, et bien d’autres encore, et nous sommes fiers quand ils le font avec succès, mais ce n’estpas autour de ces débouchés que nous avons construit les formations que nous proposons. Nous restons donc une«école»,cequinousvatrèsbien.Nous sommes sur ce point, malgré les différences des contextes locaux entre l’Île-de-France, Lyon et Rennes, trèsprochesdelavisiondel’ENSdeLyon.

De ce point de vue, nous ne réflé-chissons pas aux questions de taille critique dans les termes qu’envisage ce rapport. Ce n’est pas en augmentant nos effectifs, même si nous pouvions le fairedefaçontrès importante,quenous obtiendrions une augmentation de notre visibilité et notre attracti-vité. S’il est vrai que nous souhaitons former efficacement et utilement un nombre accru d’étudiants - une aug-mentation de l’ordre de 30 % serait raisonnable-,cen’estpascettelégèreprogression qui fera connaître l’ENS Cachan comme l’une des références mondiales repérées par un jeunelycéen européen, indien ou brésilien.La question de la taille critique passe, tant à Cachan qu’à Rennes, par nos stratégies d’alliance. Il s’agit, pour bénéficier des avantages incontes-tables liés à la taille et la qualité pour être mondialement connu et attrac-tif, de s’adosser à un ensemble uni-versitaire plus vaste, ayant toutes lesmissions de formation, de recherche et de valorisation qu’ont toutes les grandes universités du monde. Une analogie pour le positionnement futur denotreÉcole est celle d’un collège,dans un sens proche de celui qui en est donné dans les universités d’Oxford ou de Cambridge, au sein de nouvelles universités à constituer : l’Universitéde Paris-Saclay pour notre implanta-tion en Île-de-France et les universités de Rennes, voire d’un territoire plus vaste, pour Ker Lann. Le lancement de l’appel d’offres Idex a donné l’occa-siondeprécisercesprojets.Aladateoùj’écriscetteréponse,sionsaitquel’Idex présenté dans le Grand Ouest n’a pas été retenu, on ne sait pas ce qu’il en sera de l’Idex présélectionné deParis-Saclay.

Ces réflexions, commencées avant le lancement des initiatives d’excel-lence, vont continuer et se traduire en décisions institutionnelles, dans des contextes plus ou moins faciles suivant les décisions que prendra l’État. C’est l’un des points essentiels où il serait utile que ce dernier assume un rôle stratégique à long terme, au-delà des échéances de tel ou tel appel d’offres, aussi important soit-il. Il en va ici de l’avenir de très nombreux établisse-ments, pas seulement de l’ENS Cachan.

Cette conception, bien comprise par la Cour des comptes dans le cas de Saclay et Lyon, n’a malheureusementpasétéperçuepourKerLann.Lespar-tenariats stratégiques que nous avons établis avec les universités rennaises sont essentiels dans la perspective de création d’une ENS de Rennes. L’échec de l’Idex grand Ouest, pour malheu-reux qu’il soit, ne remet pas en cause, sur le fond, ces perspectives. L’opinion désobligeante, que rien n’étaye, sui-vant laquelle « la transformation de Ker Lann semble davantage un choix par défaut qu’un acte de conviction », n’est pas fondée. Tout au contraire, il y a ici, pour l’ENSCachan, une forteconviction. Cette nouvelle école n’est pas créée au 1er janvier 2012 et je nepeux que le déplorer. Les engagements de l’État étaient pourtant clairs : laministre a validé la création d’une ENS à Rennes dans un courrier de novembre 2009, et le contrat d’établissement signéenjuin2010comportecettemen-tion : « Il aétéactéque l’antennedeKer Lann connaisse une transforma-tion statutaire au cours de la période quadriennale pour devenir, au 1er jan-vier 2012, une ENS de plein exercice ». Malgré le travail effectué depuis 2009, malgré le dépôt au premier trimestre 2011auprèsduministèreenchargedel’enseignement supérieur d’un dossier précis tant au plan pédagogique et scientifique qu’au plan financier, l’État n’a pas mis en oeuvre la politique qu’il a encouragée puis approuvée. Cette situation est pénible et déstabilisante. L’absence de continuité de la stratégie de l’État ces trois dernières annéesest une préoccupation majeure pourl’antennedeBretagne,doncaussipourl’ENS Cachan.

Les coûts de formation

La Cour propose un calcul du « coût unitaire de la formation » dans les trois ENS. Comme elle l’indique, les

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ENSdeLyonetdeCachanontprocé-dé à des estimations basées sur d’autres méthodes de calcul, tenant compte de la place de la recherche, et donnant des montants différents. Je ne comprends donc pas la critique qui nous est faite sur « l’absence de connaissance, même approchée, du coût de la formation dispensée ». Je rejoins en revanchele souci de la Cour de comprendre la raison des différences entre les coûts et les financements publics des trois ENS. Cela nécessiterait l’élaboration, avec le concours de l’État, d’une méthode commune aux ENS, ce qui serait utile pour comparer les écoles entre elles et pour que l’État puisse motiver les écarts entre subventions qu’il accorde à chaque école.

Les normaliens et l’engagement décennal : Je partage totalement laproposition de la Cour des comptes de donner à chaque ENS la pleine responsabilité du suivi de l’engagement décennal, remboursement compris. La procédure actuelle, définie en 1967, est trop complexe à cause de l’enchaîne-ment difficile à maîtriser entre ce qui relèvedesétablissementsetduminis-tère,cequiexpliqueunebonnepartiedes retards, ou de l’enlisement, des demandes de remboursement. Depuis le passage de l’École aux RCE en 2011, le Conseil d’administration est saisi une fois par an des cas de démission ou de non-respect de l’engagement décennal. Comme l’État le sait, nous sommes prêts à exercer cette nouvelle compé-tence si la réglementation évolue sur ce point,cequejesouhaitecommeconsé-quence logique de l’autonomie acquise.

Enrevanche,jenepeuxconfirmerl’appréciation globale de la Cour des comptes sur la sociologie des élèvesdes ENS qui « ne se différencie pas enmoyennedecelledesétudiantsdesautres grandes écoles ». Pour l’ENS Cachan, le taux des boursiers sur cri-tères sociaux parmi les normaliensrecrutésen2011estde28,7%surl’en-sembledesfilières(etpas23%commel’indique la Cour), ce qui est supérieur autauxmoyendeboursiersenclassespréparatoires:25,7%en2010-2011.Ledétailselonlesfilièresdeconcoursest,toujours pour 2011, le suivant : 26%en sciences, 29 % en sciences sociales et 34 % en technologie. Contrairement à ce qu’indique la Cour dans une note en bas de page signalant les différences entre ENS, les chiffres donnés pour 2009 ne concernent pas la « seule voie technologique » mais bien toutes les

filièresscientifiquesettechnologiques.Une analyse plus fine montre que lepourcentage de boursiers est plus fort parmi ceux qui ont choisi de rentrer à Cachan que parmi ceux qui auraient pu être admis au regard de leur clas-sement, mais qui ont choisi d’autres écoles. Cette plus forte attraction pour les boursiers est certainement liée au fait que les normaliens sont payés, cequi tempère l’affirmation de la Coursur le lien inexistant entre la rémuné-ration des normaliens et leurs origines sociales.

Je partage l’avis de la Cour sur l’importance de cette rémunération pour attirer de brillants étudiants vers les carrières de recherche et d’ensei-gnement supérieur, et donc sur le fait qu’il est nécessaire d’en maintenir le principe. Il est utile de réfléchir à une modernisation des modalités de rému-nérationdesélèvesetdesétudiants,ceà quoi la Cour engage l’État, rappelant que les directions des écoles ont amor-cé cette réflexion. Les pistes ouvertes par la Cour sont intéressantes et nous sommes disposés à en discuter.

Les spécialisations des ENS : S’ilest vrai que chaque ENS a été créée en référence à un ordre spécifique d’en-seignement, il ne s’en déduisait pas une spécialisation disciplinaire cantonnant l’ENSET dans la formation des seuls enseignants en technologie et sciences de l’ingénieur.

L’enseignement technique avait besoin de ces disciplines, mais aussi de professeurs de toutes les sciences de base (mathématiques, physique, bio-logie et chimie), de sciences sociales (dont l’économie et la gestion, mais pas seulement), de lettres modernes, d’arts appliqués, d’histoire et de géographie et d’une grande palette de langues. Ces disciplines ont existé à l’ENSET jusqu’àlafindesannées70.

Ainsi, il n’y a pas eu à Cachandepuis les réformes des ENS dans le milieu des années 80 « affranchisse-ment des spécialisations », mais au contraire une concentration sur un nombre plus limité de spécialités. Celles qui se rattachaient le plus aux humani-tés, comme les lettres, la géographie, les langues – hors anglais - ont été transférées à partir de la fin des années 70etaudébutdesannées80dans lesENSdeSaint-CloudetFontenay.Lesmathématiques, les sciences sociales et d’autres disciplines sont restées et

l’informatique a pris de l’importance. Dans le même temps, les deux autres ENS se sont abstenues de concevoir des formations ou des laboratoires autour des disciplines technologiques.

On reconnaît ici un effet de la cou-pure institutionnelle isolant en France presque systématiquement la techno-logie des autres sciences, ce qui est un handicap pour le développement à la fois des sciences et des technologies. Il est heureux qu’il existe quelques exceptions, dont l’ENS Cachan, où ces rapprochements sont naturels. Je crois qu’il est essentiel que le développe-ment des interfaces possibles, associant notamment sciences, dont les sciences humaines, et les technologies, soit aussi l’une des missions explicites de la future École normale supérieure de Rennes.

La situation financière

Je ne peux que partager le constat fait par la Cour sur la situation finan-cière que connaît l’ENS de Cachandepuis de nombreuses années. Il est vrai que les rares signaux externes qui auraient pu alerter l’École ont été, comme l’indique la Cour, « mal répercutés au sein de l’établissement ». C’est en particulier le cas de l’audit sur la fonction comptable réalisé en 2008 par la Direction générale desfinancespubliques:lerapportquienarésulté n’a été finalisé et communiqué àl’Écolequ’en2010,aprèsquejesoisallé le réclamer fin 2009 au trésorier payeurgénéralduVal-de-Marne.Cettesituation financière délicate, mainte-nant en voie de redressement, oblige à une grande rigueur. Nous essayonsd’éviter que celle-ci ne handicape trop notre établissement et ne compromette notre participation au développement de l’enseignement supérieur et de la recherche en Île-de-France et en Bretagne.Parailleurs,jeconsidèrequele passage aux responsabilités et com-pétences élargies, qui a été une réus-site, n’a pas pâti de cette situation. La Cour, dans son rapport spécifique, l’a d’ailleurs souligné. Ce passage offre en outre la possibilité d’avoir une vision éclairéedesasituationfinancièredansdes délais rapprochés, du fait de la cer-tification des comptes demandée dèsl’exercice 2011. Je ne peux donc pas souscrire à l’avis négatif de la Cour sur l’opportunité de ce passage aux RCE.

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la viE dE l’écolE

Conditions d’admission des élèves, spécifiques aux concours de l’Ens de Cachan

NOR : ESRS1100400A - arrêté du 13-12-2011 - ESR – DGESIP

Article1-LeTitreII-Concoursd’admissionentroisièmeannéedel’arrêtédu28novembre2006susviséestremplacéparlesdispositionssuivantes:

« Titre II Second concours - Admission en cycle master »

« Article 16-Lesconcoursd’admissionencyclemasterper-mettent de construire un cursus de quatre semestres dans l’un des domaines des sciences fondamentales, des sciences de l’ingénieur, des sciences humaines et sociales enseignés à l’école. Ce cursus conduit à l’obtention d’un master pou-vant être enrichi par une préparation à la fonction d’en-seignant post-baccalauréat pour présenter le concours de l’agrégation ou par un stage de recherche.

Lesélèvessontrecrutéssurl’undeshuitconcourssuivants:- Mathématiques (niveau d’admission : 2ème année du cyclemaster)

- Physique(niveaud’admission:2èmeannéeducyclemas-ter)

- Chimie(niveaud’admission:2èmeannéeducyclemas-ter)

- Biochimie-génie biologique (niveau d’admission : 2ème annéeducyclemaster)

- Informatique (niveau d’admission : 1ère ou 2ème année ducyclemaster)

- Sciencesdel’ingénieur(niveaud’admission:1ère ou 2ème annéeducyclemaster)

- Droit-économie-gestion-sciences sociales (niveau d’ad-mission:1ère ou 2èmeannéeducyclemaster)

- Anglais(niveaud’admission:1ère ou 2èmeannéeducyclemaster).

Pour être autorisés à s’inscrire à ces concours, les candidats doivent pouvoir justifier, lors de l’admission à l’école et selon le niveau d’admission visé, d’un diplôme valorisé à hauteur de 180 ou de 240 unités ECTS obtenu en université ou école d’ingénieur figurant sur la liste des écoles habilitées à délivrer ce diplôme établie par la commission du titre d’ingénieur ou en école supérieure de commerce.Nul ne peut être autorisé à se présenter plus de deux fois aux épreuves des concours d’admission en cycle master.

Ces concours comportent une phase préalable d’examen du dossier d’études supérieures.Pour les concours mathématiques, physique, chimie et biochi-mie-génie biologique l’examen du dossier d’études supérieures constitue la phase de pré-admissibilité à l’issue de laquelle les candidats retenus sont convoqués aux épreuves écrites.Pour les concours informatique, sciences de l’ingénieur, droit-économie-gestion-sciences sociales et anglais l’examen du dossier d’études supérieures constitue la phase d’admissibilité à l’issue de laquelle les candidats retenus sont convoqués aux épreuves orales et pratiques d’admission. »

« Article 17 - Toute candidature fera l’objet de l’examenpréalable du dossier d’études supérieures, effectué par un jury composé spécifiquement pour chaque concours ; cedossiercomprend:

a) Le descriptif chronologique exhaustif des études sui-vies et activités pratiquées à partir du baccalauréat accompagnédetous les justificatifspermettantd’ap-précier les modalités de validation et d’obtention, en université ou en grandes écoles, du nombre d’unités ECTSrequispourleniveauvisé;

b) Une lettre de motivation comportant notamment le projetdeformationducandidatà l’ENSdeCachan.Lecandidatpourrajoindretoutélémentousynthèsesur ses activités scientifiques antérieures.

Àl’issuedecettepremièrephasedesélectionsurdossier:- Les concours mathématiques, physique, chimie, bio-

chimie-génie biologique comportent des épreuves écrites d’admissibilité pour les candidats dont le dossier d’études supérieures a été retenu puis des épreuves d’admission écrites, orales ou pratiques pour les admis-sibles. L’épreuve écrite d’admission est une épreuve de françaisetde culturegénérale, elle consisteenunrésumédetexte;àpartird’unequestionserattachantau texte, le candidat doit construire une réponse argu-mentée et personnelle.

- Les concours informatique, sciences de l’ingénieur, droit-économie-gestion-sciences sociales, anglais com-portent des épreuves d’admission orales ou pratiques pour les candidats dont le dossier d’études supérieures a été retenu.

Pourl’ensembledesconcoursd’admissionencyclemaster,l’une des deux épreuves orales ou pratiques d’admission est l’épreuve d’entretien, éventuellement couplée à l’interroga-tion scientifique.Elle permet d’apprécier la culture, les motivations, le cur-sus de formation visé à l’école et le projet de carrière ducandidat par référence au dossier d’études supérieures dont l’examenafaitl’objetdelaphasepréalable.»

« Article 18 - mathématiques.

Épreuvesécritesd’admissibilité:1.MathématiquesI(durée:cinqheures;coefficient5).2.MathématiquesII(durée:cinqheures;coefficient5).

Épreuveécrited’admission:Françaisetculturegénérale(durée: troisheures ;coef-ficient 3).

Épreuvesoralesd’admission (leurs durées sont fixées par lejury):

1. Interrogation de mathématiques (coefficient 4).2. Entretien (coefficient 3) prenant la forme d’un expo-

sé du candidat à partir d’un texte d’intérêt général ou scientifique suivi de questions. »

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« Article 19 - physique.

Épreuvesécritesd’admissibilité:1.Sciencesphysiques(durée:cinqheures;coefficient5)

comprenantdeuxparties: -unsujetdephysique; -unsujetdechimie.2.Physique(durée:cinqheures;coefficient5).

Épreuveécrited’admission:Françaisetculturegénérale(durée: troisheures ;coef-ficient 3).

Épreuvespratiquesetoralesd’admission (leurs durées sont fixéesparlejury):

1.Interrogationdephysiqueàpartird’unthèmeconcretsuivie d’un entretien (coefficient 5).

2.Manipulationdephysique(coefficient5).L’interrogation de physique pourra prendre diversesformes : interrogationsurunsujetenréférenceaupro-grammedepremièreannéedemasteroudeclassepré-paratoire, ou à partir d’un article scientifique dont il sera demandédefairel’analyseetlasynthèse.»

« Article 20 - Chimie.

Épreuvesécritesd’admissibilité:1.Chimie-physique(durée:cinqheures;coefficient5).2.Chimiemoléculaire(durée:cinqheures;coefficient5).

Épreuvesécritesd’admission:Françaisetculturegénérale(durée: troisheures ;coef-ficient 3).

Épreuvespratiquesetoralesd’admission (leurs durées sont fixéesparlejury):

1. Manipulation et interrogation de chimie (coefficient 6).

2. Interrogation de chimie suivie d’un entretien (coeffi-cient 4). »

« Article 21 - Biochimie-génie biologique.

Épreuvesécritesd’admissibilité:1. Composition de biochimie et de génétique molécu-

laire(durée:cinqheures;coefficient5).2. Composition de biologie humaine et de microbiologie

(durée:cinqheures;coefficient5).Épreuveécrited’admission:Épreuvedefrançaisetdeculturegénérale(durée:troisheures;coefficient3).

Épreuvespratiquesetoralesd’admission (leurs durées sont fixéesparlejury):

1. Travaux expérimentaux (coefficient 5).2. Entretien (coefficient 5) prenant la forme d’un exposé

du candidat à partir d’un texte d’intérêt général ou scientifique suivi de questions. »

« Article 22 - informatique.

Épreuvespratiquesetoralesd’admission (leurs durées sont fixéesparlejury):

1. Interrogation d’informatique (coefficient 2). Lethèmeabordé,lesujetetlesconnaissancesatten-

dues pour l’interrogation orale d’informatique seront en adéquation avec le cursus décrit par le candidat dans le dossier d’études supérieures présenté en pré-sélection.

2. Entretien (coefficient 1) prenant la forme d’un exposé du candidat à partir d’un texte d’intérêt général ou scientifique suivi de questions. »

« Article 23 - Sciences de l’ingénieur.

Épreuvespratiquesetoralesd’admission (leurs durées sont fixéesparlejury):Interrogation et manipulation thématique dans l’une des quatreoptionsproposéesàl’inscriptionetchoisiedefaçonirréversible par le candidat : mécanique, génie civil, phy-sique appliquée à l’électricité et mécatronique (coefficient 1).Le thème abordé, le sujet et les connaissances attenduespour l’interrogation orale et la manipulation thématique seront en adéquation avec le cursus décrit par le candidat dans le dossier d’études supérieures présenté en présélec-tion.2. Entretien (coefficient 1) prenant la forme d’un exposé du candidat à partir d’un texte d’intérêt général, scientifique ou technologique suivi de questions. »

« Article 24 - droit, économie, gestion, sciences sociales.

Épreuvesoralesd’admission:1. Épreuve disciplinaire dans l’une des cinq options pro-

poséesà l’inscriptionet choisiede façon irréversiblepar le candidat : droit, économie, gestion, histoire,sociologie (coefficient 1).

L’objectif de cette épreuve de 45 minutes, avec unepréparation préalable de 2 heures, est d’évaluer la culture générale et les capacités de raisonnement des candidats dans la discipline qu’ils ont choisie. Les can-didats devront expliquer, interpréter et commenter desdocumentsenlienavecl’actualité.Lejurytiendracompte du niveau d’admission visé par le candidat dans les documents constituant le dossier qui lui sera soumis ainsi que dans lesquestions posées.

2. Entretien d’une durée de 30 minutes, sans préparation préalable, portant sur le projet de formation et visantà s’assurer de la pertinence de celui-ci par rapport aux formations proposées par l’école. La discussion s’appuie sur le dossier d’études supérieures (coefficient 1). »

« Article 25. Anglais.

Épreuvesoralesd’admission:1. Exposé d’une durée de 45 minutes, avec préparation

préalable de 2 heures, portant sur un dossier théma-tique de plusieurs documents en lien avec l’anglais de spécialité (coefficient 1).

Les candidats visant une admission en 1ère année du cycle master effectueront un commentaire detextes spécialisés. À partir d’un dossier thématique comportant des textes scientifiques, économiques ou juridiquesenlangueanglaise, ilsdevrontdégagerlesprincipaux traits stylistiques caractéristiques d’unespécialisation de l’anglais au sein des documents pro-posés et comparer les différentes formes de spéciali-sation constatées.

Les candidats visant une admission en 2ème année du cyclemastereffectuerontunexposédesynthèseàpar-tir d’un dossier thématique comportant des travaux de rechercheenanglaisdespécialité;ilsdevrontdégagerles principaux enjeux scientifiques de la thématique

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la viE dE l’écolE

Thème des travaux d’initiative personnelle encadrés pour l’année universitaire 2012-2013

Classes préparatoires aux grandes écoles

NOR : ESRS1200003A - ARRêtÉ du 23-12-2011 –(CNESER Du 12-12-2012)

Lethèmedestravauxd’initiativepersonnelleencadrésdans les classes préparatoires de seconde année, affectées ounond’uneétoile,desvoies:mathématiqueetphysique(MP),physiqueetchimie(PC),physiqueetsciencesdel’in-génieur(PSI),physiqueettechnologie(PT),technologieetsciencesindustrielles(TSI),technologie,physiqueetchimie(TPC), biologie, chimie, physique et sciences de la Terre(BCPST), technologie-biologie (TB) est fixé pour l’année scolaire 2012-2013 conformément à l’annexe du présent arrêté.

Annexe

1 - Rappel d’un des objectifs de formation des tra-vaux d’initiative personnelle encadrés (Tipe) : initiation à la démarche de recherche.

Lors des travaux d’initiative personnelle encadrés, l’étudiant a un travail personnel à effectuer, qui le met en situation de responsabilité. Cette activité est en

particulier une initiation et un entraînement à la démarche de recherche scientifique et technologique dont chacun sait que les processus afférents sont nombreux et variés. L’activité de Tipe doit amener l’étudiant à se poser des questionsavantdetenterd’yrépondre.Eneffet, leques-tionnement préalable à l’élaboration ou à la recherche des solutions est une attitude courante que pratiquent les scientifiques, chercheurs, ingénieurs. La recherche scien-tifique et technologique conduit à l’élaboration d’objetsde pensée et d’objets réels, qui participent au processuspermanent de construction qui va de la connaissance à la conception voire à la réalisation, et portent le nom d’in-ventions, de découvertes et d’innovations scientifiques et technologiques. La mise en convergence de travaux de recherche émanant de plusieurs champs disciplinaires assureleprogrèsdesconnaissancesetpermetdesavancéesdans l’intelligibilité du monde réel.

2 - Intitulé du thème Tipe pour l’année scolaire 2012-2013.

Pour l’année 2012-2013 le thème Tipe commun auxfilièresBCPST,MP,PC,PSI,PT,TB,TPCetTSIest inti-tulé:Invariance,similitude.

traitéedans ledossier, identifier lesproblèmesépis-témologiques soulevés par celui-ci et démontrer leur maîtrise des principaux concepts de l’anglais de spé-cialité. »

2. Entretien d’une durée de 30 minutes, sans préparation préalable,portantsurleprojetdeformationetlepro-jetprofessionnelducandidat(coefficient1).

Article 1 - Le Titre II - Programme des concours d’admis-sionentroisièmeannéedel’arrêtédu28novembre2006estremplacéparlesdispositionssuivantes:

« Titre II - Programme des concours d’admission en cycle master - Second concours »

« Article 15 - épreuve écrite de français et de culture générale

L’épreuve de français et de culture générale, épreuveécrited’admissiondesconcoursmathématiques,physique,chimie, biochimie-génie biologique consiste en un résumé d’un texte de culture générale. À partir d’une question se rattachant au texte, le candidat doit construire une réponse argumentée et personnelle permettant d’apprécier son apti-tude à dégager le sens et l’intérêt d’un texte.Unegrandeimportanceestaccordéeauxqualitésdeforme:logiquedelacomposition,correctionetprécisiondustyle.»

« Article 16 - épreuve orale d’entretien.

L’épreuve d’entretien prend la forme d’un exposé du can-didat à partir d’un texte d’intérêt général ou scientifique suivi de questions permettant d’apprécier son aptitude à s’exprimer clairement, à dégager le sens et l’intérêt du texte, à manifester une réaction personnelle. L’échange doit aussi permettre au candidat de préciser ses motivations et son projetdeformationparréférenceaudossierd’étudessupé-rieures adressé pour la phase de sélection. »

Article 3 - Le directeur général pour l’enseignement supé-rieur et l’insertion professionnelle et le président de l’École normale supérieure de Cachan sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera publiéauBulletinofficielduministèrede l’Enseignementsupérieur et de la Recherche.

Fait le 13 décembre 2011

Pour le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et par délégation,

Le directeur général pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle,

Patrick Hetzel

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la viE dE l’écolE

L’État renonce à la création de l’Ens de Rennes.

3 – Commentaires.

Le travail de l’étudiant en Tipe doit être centré sur une véritable démarche de recherche scientifique et technolo-giqueréaliséedefaçonconcrète.L’analyseduréel,defaits,deprocessus,d’objets,etc.,doitpermettrededégageruneproblématiqueenrelationexpliciteaveclethèmeproposé.La recherche d’explications comprend une investigation mettant en œuvre des outils et méthodes auxquels on recourt classiquement dans tout travail de recherche scien-tifique (observations, réalisation pratique d’expériences, modélisations, formulationd’hypothèses, simulations,vali-dationouinvalidationdemodèlesparcomparaisonauréel,etc.). Cela doit amener l’étudiant à découvrir par lui-même, sans ambition excessive, mais en sollicitant, ses capacités d’invention et d’initiative.

4 - Contenus et modalités.

L’adéquationdusujetchoisiparl’étudiantauthèmedel’année pourra s’opérer par des entrées diverses comme le suggère la listenonexhaustive suivante :périodicité, pro-portion, robustesse, symétrie, etc. Le travail fourni conduira à une production personnelle de l’étudiant - observation et description d’objets naturels ou artificiels, traitement dedonnées, mise en évidence de phénomènes, expérimen-tation, exploitation de l’outil informatique, modélisation, élaboration, etc. - réalisée dans le cadre du sujet choisiadhérantauthème.

L’État avait annoncé en novembre 2009, en accord avec l’ENSCachan,latransformationdel’antennedeBretagneen École normale supérieure de Rennes. Le contrat d’éta-blissementquej’aisignéenjuillet2010aveclaministreencharge de l’enseignement supérieur comportait l’engage-ment suivant : « Il a été acté que l’antenne deKerLannconnaisse une transformation statutaire au cours de la période quadriennale pour devenir, au 1erjanvier2012,uneENS de plein exercice ».

Unprojetscientifique,pédagogiqueetstatutaireprécisaétéremisauministèreenjanvier2011.Ilprévoyait l’ou-verture à la rentrée 2012 d’un nouveau département des sciences de l’environnement, fortement couplé à l’Univer-sité de Rennes 1. Un autre département, dans le domaine des arts numériques, était envisagé ultérieurement, en association avec les deux universités rennaises. Ce projeta été accompagné de propositions de financement tenant compte de la situation des finances publiques. Ce travail a associédetrèsnombreusespersonnesdel’école,tantàKerLannqu’àCachan,ainsiquedescollèguesdesuniversitésrennaises. Il a été suivi par un comité d’orientation stra-tégique présidé par André Lespagnol, ancien président de l’Université Rennes 2 et ancien recteur de Créteil.

Cette création a été présentée au CTP de l’école puis au CA et ces deux instances ont apporté un soutien massif à cette perspective.

Cette production ne peut en aucun cas se limiter à une simple synthèse d’informations collectées,mais devracomporterune«valeurajoutée»apportéepar l’étudiant.Les étudiants effectuent ces travaux de façon individuelleou en petit groupe d’au maximum cinq étudiants, la qualité et lenombredes thèmes choisispermettantune réflexiongénérale du groupe. Dans le cas d’un travail collectif, le candidat devra être capable à la fois de présenter la philoso-phiegénéraleduprojet,etdefaireressortirnettementsonapport personnel à cette œuvre commune.

5 - Compétences développées.

Les Tipe permettent à l’étudiant de s’enrichir du contact depersonnalitésphysiquesextérieuresaulycée(industriels,chercheurs, enseignants, etc.), de montrer ses capacités à faire preuve d’initiative personnelle, d’exigence et d’esprit critique, d’approfondissement et de rigueur et de rapprocher plusieurs logiques de raisonnement et de recherche scienti-fique et technologique, par exemple par un décloisonnement des disciplines. Ils permettent à l’étudiant de développer des compétences tellesque : - identifier, s’approprier et traiteruneproblématiqueexplicitementreliéeauthème;-collecterdes informations pertinentes (internet, bibliothèque, litté-rature, contacts industriels, visites de laboratoires, etc.), les analyser, les synthétiser ; - réaliser une production ou uneexpérimentationpersonnelleetenexploiter les résultats ; -construireetvaliderunemodélisation ; -communiquersurune production ou une expérimentation personnelle.

Nous venons d’apprendre que l’État, qui n’a pas sou-haité faire part de ses intentions durant dix mois, renonce à mettre en œuvre la décision de création de l’ENS de Rennes et du département des sciences de l’environnement.

Ce reniement est dommageable tant pour l’antenne deBretagne quepour les universités rennaises.L’ENSdeCachan voit ainsi disparaître, par une décision unilatérale, unepartimportantedesonprojetstratégique.Ilmarqueunmépris pour les collectivités locales que l’État avait asso-ciées aux discussions préalables et qui s’étaient engagées à apporter un soutien financier à la nouvelle ENS. Il montre que l’État fait peu de cas de ses engagements écrits et des contrats qu’il passe avec des établissements sous sa tutelle.

Le Conseil d’administration de l’école sera prochaine-ment saisi de cette situation afin de dégager des pistes pour l’avenir de notre école.

Je remercie toutes les personnes qui ont contribué à ces projetsetnousallonsvoircommentfairepourqueleurtra-vail ne soit pas perdu. Je suis cependant obligé de prendre acte d’une décision qui s’impose à nous.

Jean-YvesMérindolPrésident de l’ENS de Cachan

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La réaction de Patrice Quinton, Vice-Président de l’ENS Cachan, directeur de l’Antenne de Bretagne

La décision de l’État, après une année d’attente trèspénible pour les personnels de l’antenne, est évidemment désolante:ainsiquel’indiquelecommuniquéduPrésidentde l’ENS Cachan, il s’agit d’une rupture de l’engagement prispar l’Étatdans le contratquadriennal signéen juillet2010.

Leprojetdecréationdel’ENSRennesest,eneffet,undesdeuxprojetsmajeursducontratdel’ENSCachanavecl’État, avec celui du déménagement surleplateaudeSaclayqui, lui,estenbonne voie désormais, après confir-mation de son financement et la réus-site du projet d’Initiative d’excellence«UniversitédeParis-Saclay».

La création de l’ENS Rennes n’est pas formellement abandonnée, mais repousséeàdesjoursmeilleurs,lacrisefinancièren’enpermettantpaslefinan-cement selon les informations qui nous ont été données sur cette décision. Le financement supplémentaire demandé pour la création du nouvel établisse-ment n’était pourtant pas considérable, et les collectivités locales – Région Bretagne,Rennes-MétropoleetConseilgénéral d’Ille et Vilaine – avaient claire-ment indiqué leur volonté de soutenir financièrementleprojet.

Vu de l’Ouest de la France, cette décision a été très mal reçue, par lescollectivités, qui ont manifesté leur mécontentement, mais aussi par les éta-blissements d’enseignement supérieur et de recherche. Le Conseil d’adminis-tration de l’Université Européenne de Bretagne,danssaséancedu30janvier2012, a donné mandat à son Président d’adresser au Ministre de l’Enseigne-ment Supérieur et de la Recherche un courrier exprimant sa déception devant cette décision, et soutenant l’ENS Cachandanslapoursuitedeceprojet.

La création de l’ENS Rennes est, en effet, perçue dans l’Ouest et enBretagnetoutparticulièrement,commeune opportunité pour le développe-ment de la recherche et l’enseignement supérieur dans nos régions. Pour deux

raisons:laréussitedumodèleENSCachanquel’antennea démontré à Ker Lann depuis son installation en 1994, et le potentiel supplémentaire que le projet d’ENS Rennesprésente avec, entre autres, l’ouverture de deux nouveaux départements, d’abord en sciences de l’environnement, puis en arts et création numérique.

Il est encore trop tôt pour indiquer avec précision com-ment ladirectionde l’école va intégrer cettedécision : lesujetseraabordéparleConseild’administrationàlafindumois de février. Mais il devra être soumis à nouveau à l’État dèsquepossible,trèsviteaucoursdel’année2012.

la viE dE l’écolE

L’État renonce à créer l’Ens-Rennes

L’État renonce à l’évolution de l’Antenne de Bretagne de l’ENS-Cachan en une ENS de plein exercice, réduisant ainsi à néant tous les travaux engagés en collaboration avec les partenaires rennais de l’enseignement et de la

recherche depuis la lettre de Madame le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de novembre 2009 sollicitant un projet en ce sens (voir sa lettre ci-dessous).

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la viE dE l’écolE

Le groupe de Ker Lann de l’équipe sETE (Systèmes d’Energie pour les Transports et l’Environnement)

du laboratoire sATiE (UmR CnRs).

Les objectifs scientifiques de l’équipe SETE sont orientés vers la recherche de solutions innovantes répondant aux exigences du développement durable. Ses activités sont focalisées sur l’imagination, l’élaboration et l’éva-

luation théorique et expérimentale de nouveaux concepts afin :- d’augmenter l’efficacité énergétique des modes de traitement de l’énergie déjà existants ou non, - d’améliorer leur qualité de conversion, de minimiser leurs impacts environnementaux, principalement en

termes énergétiques, - et enfin de proposer de nouvelles pistes en terme d’architectures de conversion, de gestion et de contrôle,

mais également de nouvelles méthodologies de conception. Les trois thématiques fondamentales de l’équipe sont donc la conversion, la gestion optimale et le contrôle des systèmes d’énergie, mais en amplifiant, là où cela est nécessaire, l’approche « système ».

L’équipe SETE est répartie géo-graphiquement sur les sites francilien (Cachan, Paris et Cergy) et breton(Ker Lann) du laboratoire SATIE qui compte quatre équipes. Sur le campus de Bretagne, où se trouveégalement une partie de l’équipe BIOMIS, l’équipeSETEcompte seu-lement 2 enseignants-chercheurs per-manents(H.BenAhmed,responsablede l’équipe, et B. Multon) associésà quelques doctorants, post-docs et autres stagiaires, ce qui donne environ 5 à 7 personnes.

Nous proposons de décrire par-tiellement les activités de recherche plus fondamentalement identifiées sur lesitedeBretagne.Ellessontcentréesscientifiquement sur le secteur disci-plinaire du Génie Electrique (sections 8 du CNRS et 63 du CNU) et sontorientées vers la réduction des impacts environnementaux de la production de l’électricité, mais aussi de sa consom-mation. C’est la raison pour laquelle nous avons progressivement systé-matisé l’approche cycle de vie dansnos modélisations et optimisations. En effet, vouloir améliorer l’effica-citéd’unsystème(électriqueouautre)sur sa seule phase d’usage, comme cela est encore trop souvent fait, se révèle insuffisant dans de nombreuxcontextes. Modéliser et optimiser la conception sur cycle de vie nécessiteidéalement de prendre en compte les étapesdefabricationetderecyclageetd’intégrer les effets du vieillissement et du remplacement ce qui impose de disposeretdedévelopperdesmodèles

mathématiques,descritèrespertinentsainsi que des approches adaptées.

Pour illustrer les travaux de l’équipe SETE sur le campus de Ker Lann, nous avons retenu quatre thématiques 1:

Eco-dimensionnement des convertisseurs d’énergie électrique

LathèsedeVincentDebusschere,priméecomme la«meilleure» thèseen Génie Electrique en 2010, a permis de proposer des méthodologies de dimensionnementsurcycledeviesurla base de deux critères dominants,l’énergie primaire totale consom-mée sur l’ensemble du cycle de vieet la quantité de matières premièresrequise. Ces travaux ont été partiel-lement supportés par un contrat avec l’entreprise SOMFY intéressée par notre démarche pour la conception de ses moteurs. Notons également l’introductiond’unenotionnouvelle :le rendement sur cycle de vie quiprend en compte les pertes de conver-sion, mais également l’énergie grise (celle nécessaire à la fabrication à partir des matières premières et aurecyclage). En termes de dimension-nement optimal du convertisseur, ce rendement admet un maximum dépendant de l’usage (pour simplifier, la durée cumulée de fonctionnement) fondamentalement différent du ren-dement énergétique maximal tel qu’il étaitdéfinijusqu’alors.Cestravauxse

poursuivent actuellement en collabo-ration avec l’INES (Institut National de l’EnergieSolaire) sur les systèmesde distribution d’électricité dans les bâtiments futurs (basse consommation et producteurs d’énergie), avec une évaluation de la pertinence du courant continu à la place du courant alterna-tif (ThèseCédric Jaouen, soutenanceprévueenjuillet2012).

Traitement de l’intermittence des systèmes de production d’électricité à partir des ressources naturellement fluctuantes (soleil, vent, houle)

Plusieursthèses(OlivierGergaud,YaëlThiaux,JudicaëlAubryetPierreHaessig, démarrée en 2011) ont appor-téleurcontributionàceproblèmefon-damental. Pour résumer, nous avons travaillé d’une part sur le dimension-nement (toujours sur cycle de vie) etl’optimisation de la gestion d’énergie de systèmes de stockage (accumu-lateurs électrochimiques au plomb-acide et au lithium, volants d’inertie et supercondensateurs). Et d’autre part, nous avons fait plusieurs études sur les effets de la complémentarité des ressources, y compris sur les 3 men-tionnées précédemment, et sur l’ef-fet de lissage des fluctuations par un ensemble de dispositifs de conversion (effet dénommé foisonnement). En complément, nous avons également étudiél’influenced’untroisièmedegré

1-LesthèsespeuventêtretéléchargéessurlesiteTELduCNRS:http://tel.archives-ouvertes.fr/

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de liberté important, mais trop sou-ventignoré:l’actionsurlesprofilsdeconsommation consistant en un déca-lage dans le temps ou une modulation des charges dites non prioritaires.

Récupération de l’énergie des vagues (houlogénérateurs)

Ces recherches, également trèsoriginales, ont commencé dès 2002en collaboration avec le Laboratoire de Mécanique des Fluides de l’École

Centrale de Nantes, sur le projetSEAREV (thèses Marie Ruellan etJudicaël Aubry). Elles nous ont per-mis d’apporter notre expertise en conception de chaînes de conversion électromécanique pour proposer une solution d’entraînement direct à trèshaute fiabilité pour ces applications où les exigences en termes de taux de défaillance sont drastiques, mais sur-tout une méthodologie de dimension-nement adaptée à des sollicitations d’une grande complexité à cause de la nature de la houle.

Récupération d’énergie dans l’environnement humain

Plus anecdotique en ce qui concerne leur contribution au déve-loppement durable, ces recherches (thèse Marianne Lossec) nous ontpermis d’étendre nos compétences sur la récupération d’énergie ambiante, notamment via la thermoélectricité, mais également d’appréhender les contraintes de faibles ressources et des très petites puissances. Le domaineapplicatif étant ici l’alimentation en électricité de petits dispositifs électro-niques totalement autonomes.

Contacts :Bernard MULTON, professeur àl’ENSCachan,[email protected], Tel. 0299059308

Hamid BEN AHMED, Maitre deconférences HDR à l’ENS Cachan, [email protected]. Tel. 02 99 05 93 30

Secrétariat :Mme Marielle [email protected]. TEL. 02 99 05 93 44SitedulaboratoireSATIE:www.satie.ens-cachan.fr

Image d’artiste d’une ferme de houlogénérateurs SEAREV (Source : Science & Vie Junior juillet 2006)

Votre fiche de mise à jour annuaire pré remplie est en ligne dans le site adhérent, (vous pouvez ne modifier que l’adresse ou le téléphone…ou votre statut).

L’édition du prochain annuaire papier est prévue pour le centenaire de l’ENS en 2012,aidez-nous à consolider les données.

Adressez à l’Association par courriel ou par courrier tous les renseignements « publics » dont vous dispo-sez sur toute personne de l’annuaire (nominations-mutations-retraite ou décès) pour que l’annuaire soit mis

à jour le plus exactement possible.

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Mathématiques-Télécommunications-Informatique-Signal-Systèmes-ElectroniqueUne synergie pluridisciplinaire originale et féconde

la viE dE l’écolE

L’École Doctorale mATissE

MATISSE est l’une des Écoles Doctorales de l’ENS Cachan. Elle accueille une grande partie des doctorants de son antenne de Bretagne. Elle concerne la formation doctorale de 9 établissements et de 5 laboratoires. Son

directeur Jean-Marie Lion, professeur à l’université de Rennes1, nous décrit ici la place qu’elle a dans le paysage national et dans le monde de la recherche.

L’école doctorale Matisse est une des 8 écoles doctorales de Bretagne.Implantée principalement à Rennes, mais aussi à Lannion, elle est spéciali-sée en mathématiques et STIC (élec-tronique, informatique, traitement du signal, télécommunications, automa-tisme).

Neuf établissements, sept grandes écoles et 2 universités, sont impliqués dans l’école : Agrocampus Ouest,l’ENSAI*, l’ENS Cachan, l’ENSSAT*, l’INSA* de Rennes, Supélec, Telecom Bretagne, l’Université deRennes 1 etl’Université Rennes 2. Les laboratoires qui accueillent les doctorants sont l’IETR*, l’IRISA* et l’IRMAR* (tous trois UMR=unités mixtes de recherche CNRS), le LTSI* qui est une unité INSERM et le Centre Inria Rennes-BretagneAtlantique.

L’ensemble ainsi formé compte plus de 550 doctorants et environ 500 enseignants-chercheurs et chercheurs. L’origine des doctorants est assez diver-sifiée:40%d’entreeuxontobtenuunmaster (ou un diplôme équivalent) en Bretagne, 30% en France, mais horsde Bretagne et 30% à l’étranger. Il ya une grande diversité thématique au sein de l’école doctorale. On peut yrencontrer par exemple des spécialistes du traitement du signal appliqué à l’imagerie médicale, des statisticiens qui appliquent leur art à l’océanogra-phie, des électroniciens experts en radars et antennes ou spécialistes de la détection des végétaux par mesures polarimétriques, des informaticiens qui imaginent l’internet du futur, des géomètresalgébristes travaillantsur lacohomologie cristalline...

L’attractivité de l’école repose d’une part sur la qualité scientifique des laboratoires d’accueil qui ont tous un rayonnement international et d’autrepart sur le sérieux des établissements d’enseignement supérieur qui partici-pent à Matisse. En particulier l’An-tenne de Bretagne de l’ENS Cachan,par sa capacité à attirer de très bons

doctorants, est un élément important qui contribue au succès de l’école eninformatique et mathématiques ; sonvivier d’excellents étudiants est aussi un atout pour Matisse.

L’école doctorale a trois missions essentielles. Elle est chargée de recru-ter les doctorants et de veiller au bon déroulementdelathèse.Elledoitaussioffrir des formations complémentaires qui permettent aux doctorants de ren-forcer leurs compétences scientifiques etsuivantleurprojetprofessionnel,dese préparer à une carrière dans l’en-seignement supérieur et la recherche universitaire ou à une carrière dansl’entreprise. Enfin, elle assure un suivi des docteurs issus de l’école.

Le comité des thèses de Matissejoueunrôleessentieldanslapremièrede ces missions en veillant à la qua-lité de recrutement, en examinant les rapports annuels des doctorants et en émettant un avis avant que les soute-nancesdethèsesoientautorisées.

Enmatièredeformationscomplé-mentaires, l’école doctorale développe des cours spécialisés en mathématiques et STIC, mais aussi des cours d’épisté-mologie, de didactique et d’économie. Les formations préparant à l’insertion dans l’entreprise ou dans l’enseigne-ment supérieur sont mutualisées avec l’ensembledes8écolesdoctoralesbre-tonnes, ces dernières organisant aussiles Doctoriales Bretagne. Les docto-rants sont également incités à participer aux conférences scientifiques d’intérêt général,commecellesqueproposetrèsrégulièrement l’Antenne de Bretagnede l’ENS.

Le suivi des docteurs sur les 5 années après la thèse est assuré enconcertation avec l’Observatoire Regional de l’Enseignement supérieur deBretagne.IlpermetdeconstaterquelesdocteursissusdeMatisses’insèrentdefaçonéquilibréeentrelepublicetleprivé.Ilyabiensûrdesdisparitésdis-ciplinaires qui vont des mathématiciens

quiintègrenttrèsmajoritairementsec-teur le public aux électroniciens qui s’orientent principalement vers le sec-teur privé.

La recherche s’enrichit fortement de l’expérience internationale. C’est pourquoiMatisse mène une politiquevolontariste d’aide à la mobilité en encourageant d’une part les doctorants à concourir aux appels d’aide à la mobi-lité de Rennes-Métropole et du PRES UEB,d’autrepart en consacrant 30%de son budget de fonctionnement au soutien à la mobilité internationale.

L’école doctorale connaît aussi une vie associative avec l’associa-tion Nicomaque ouverte aux docto-rants rennais. Cette association trèsdynamique organise tous les ans deuxactions phares, le Festival du trèscourt métrage scientifique et le Forum Docteurs et Entreprises.

Enfin, outre la qualité des labo-ratoires, des établissements et de l’as-sociation Nicomaque, une chance de Matisse est son implantation dans une régiontrèsdynamique.

Toutes les informations sur MATISSE peuvent être trouvées à l’adresse:http://matisse.univ-rennes1.fr/

Jean-Marie LionProfesseur des Universités

Directeur de l’École Doctorale MATISSE

*Lessiglesdesétablissementsetlaboratoires:

ENSAI= École Nationale de la Statistique et del’Analysedel’InformationENSSAT= École Nationale Supérieure des Sciences Appliquées et de TechnologieINSA= Institut National des Sciences Appliquées (de Rennes)IETR= Institut d’Électronique et de Télécommunications de RennesIRISA= Institut de Recherche en InformatiqueetSystèmesAléatoiresIRMAR= Institut de Recherche Mathématique de RennesLTSI= Laboratoire Traitement du Signal et de l’Image

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« Quelles ambitions pour la formation des adultes au XXie siècle »

la viE dE l’association

Paris, 23 janvier 2012 – Les 17 et 18 janvier derniers, au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), l’Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET) et AGEFOS PME,

premier organisme paritaire collecteur agréé (OPCA) ont réuni plus de 500 personnes sur les 2 jours de leur 1ère Rencontre nationale Emploi-Formation. Lors des 3 demi-journées au programme, de hautes personnalités au plan national et régional, des décideurs, des acteurs et des bénéficiaires de la formation professionnelle continue se sont exprimés sur les enjeux et les ambitions du secteur.

Communiqué de presse - Paris, 24 janvier 2012

Retour sur la 1ère Rencontre nationale Emploi-Formation AFDET/AGEFOS PME

Premier grand rendez-vous « formation » de 2012 :

Pour la première fois depuis lamise en œuvre effective des derniers éléments de la réforme de la forma-tion de 2009, de nombreux acteurs sont venus échanger leur vision de la formation professionnelle, entre spécialistes français et mondiaux,représentants des salariés et des chefs d’entreprise, experts de la formation initiale et de la formation continue… Quatre tables rondes ont donc permis d’aborderlesgrandssujetsquitraver-sent le champ de la formation tout au longdelavie:

•Quellesfinalitéspourlaformationcontinue et pour quels publics ?

•L’évolutiondel’offredeformationcontinue : conditions de l’effica-cité ?

•L’évolutiondel’offredeformationcontinue:pratiquesd’aujourd’hui,pratiques de demain ?

•Commentreleverlesfutursenjeuxde la formation tout au long de la vie ?

Lors de son intervention, Anne-Sophie Grouchka, directrice de cabinet de Nadine Morano, ministre chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, a notamment salué « le rôle crucial de la formation pour le gouvernement afin d’améliorer la qua-lification de tous » tout en rappelant que « la formation est un levier pour la compétitivité des entreprises et un atout majeur de progrès social ».

Réflexions, échanges et témoignages

Pour les acteurs présents, cette rencontre a permis de retracer 40ans d’histoire de la formation profes-sionnelle, de la Loi Delors de 1971 à la dernière Loi en date, celle du 24novembre 2009, relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie.

Pour certain, les nombreuses réformes de la formation s’expliquent par la nécessité de s’adapter au fur et à mesure des évolutions sociétales tandis que d’autres ont souligné que les bases édifiées dans la Loi de 1971 peuvent encore être à l’origine d’évolutions du système.Tous les intervenantsontproposé des pistes de réflexion pour «fairemieux»comptetenudesenjeuxactuels liés à la situation économique et sociale.

Il a notamment été acté qu’il fal-lait développer les formes de coo-pération constructive entre tous lesacteurs. Le décloisonnement permet de trouver de nouvelles solutions et d’agir plus efficacement.

Comment optimiser la réponse aux besoins de formation ?

Toute une matinée a été dédiée aux besoins de formation du point de vue de la personne, de l’entreprise et des acteurs. Il faut, dans un premier temps, développer l’appétence des

personnes à la formation, c’est une démarche qui doit être constante tout au long de la vie, le temps « compétent unjour,compétenttoujours»necor-respond plus à la réalité des parcours professionnels. Cette appétence doit être renforcée par le lien naturel entre formation initiale et formation conti-nue. L’information et la sensibilisation des personnes est donc un objectifmajeurà court terme, toutenévitantaux bénéficiaires d’être confrontés à unecertainecomplexitédusystèmedela formation.

Unautreaxemajeurévoquéaétécelui de la territorialisation de la for-mation, en montrant que l’on change plus facilement de métier que de terri-toire. Un axe de travail qui se retrouve plus largement au cœur de l’objectifindividuel de sécurisation de son par-cours professionnel et celui collectif de compétitivité des entreprises.

Les actes de la rencontrebientôt disponibles

Un dossier du participant a été remis comprenant notamment les der-niers résultats du baromètre semes-triel AGEFOS PME/Ipsos sur l’Em-ploi et la formation dans les TPE-PME, Perspectives 2012, ainsi qu’un rapport sur les indicateurs pour la formation professionnelle tout au long de la vie, document élaboré pour l’AF-DET par le Master 2 CCFC de Paris Descartes. Ce rapport fait un état des lieux complet et synthétique desgrandes données et de la situation

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actuelle du secteur de la formation professionnelle continue, que vous pouvez retrouver en ligne sur les sites des organisateurs.

Extraits du document sur les indicateurs

En 2010, 42 millions d’actifs sont potentiellement concernés par la for-mation professionnelle tout au long delavie.28,5%desFrançaispréactifsou actifs (15 à 64 ans) ont au mieux le brevet des collèges en poche. Les premiers financeurs de la formation professionnelle sont les entreprises à 51 %, pour unmontant de près de13 milliards € (dont 44 % versés aux OPCA), puis l’État à hauteur de 5 milliards €, soit 20 %. Les principaux bénéficiaires sont les actifs du privépour plus de 13 milliards € (43 %) puislesjeunespourprèsde8milliards€ (26 %).

LaVAE,quivientde fêterses10ans, a compté en 2010 13 213 candi-dats diplômés sur 31 159 candidatures, dont 5 302 en niveau III (*), et plus de 3 950 en niveaux IV et V. Plus de 6 000 visaient un BTS et près de 5 000 unCAP. En 2009, plus de 43 % des béné-ficiaires d’une VAE en emploi étaient des cadres et 36,5 % des professions intermédiaires.(*)(ensavoirplus:http://fr.wikipedia.org/wiki/Nomenclature_des_niveaux_de_formation)

Pour l’AFDET

« Si on raisonne dans la durée, la formation continue doit être rééquili-brée dans ses objectifs. Jusqu’à présent l’effort a essentiellement porté sur les besoins d’adaptation et de perfection-nement des salariés à court terme or la finalité principale de la formation continue est de préparer notre pays dans le long terme. La formation continue ne peut rester aussi inégalitaire et doit béné-ficier davantage à ceux qui en ont le plus besoin. Il faut mieux prendre en compte la promotion sociale et la formation citoyenne.

Dans l’effort grandissant de forma-tion continue qui doit être développé, les services publics ont à donner toute leur mesure. La formation continue est l’affaire de tous, elle repose sur une gouvernance multiple qu’il faut établir clairement. Il faut bâtir un système qui garantisse à chaque individu une forma-tion tout au long de sa vie, rapprochant formation initiale et formation continue dans l’optique d’une véritable éducation permanente. »

Pour AGEFOS PME

« Pour Jean-Philippe Leroyet Philippe Rosay, respectivementPrésident et Vice-président AGEFOS PME : l’AFDET et l’AGEFOSPMEse retrouvent depuis plusieurs années sur des thèmes conjoints et semobi-

lisent ensemble pour développer la formation.

Face à la multitude des enjeuxrencontrés par le monde économique, parlasociétéetparlescitoyens,cetterencontre a permis de cristalliser les regards portés par les principaux acteurs de la formation profession-nelle, une tentative de voir ensemble demain et de partager les ambitions auxquelles nous aurons tous à concou-rir.

L’histoire de la formation, de la promotion sociale des années 70, à son élargissement à l’alternance dans les années80,puisà lamontéedespoli-tiques régionales de formation dans les années 90 et enfin à la réforme de 2003 autour du salarié acteur et de la logiquecompétence,nousamène,dèsla fin des années 2000, vers la dimen-sion Emploi. La situation du marché de l’emploi nous impose la relation Emploi-Formation, notre engagement AGEFOS PME dans ce champ s’ins-crit fondamentalement dans la conti-nuité de notre relation avec l’entre-prise.»

L’Association des Anciens Elèves et Elèves de l’ENS de Cachan remer-cie l’AFDET pour ses invitations au Colloque.

Soyez curieux et allez sur les sites

http://www.aaee.ens-cachan.fr et http://www.ens-cachan.frEnregistrez les adresses dans vos liens favoris :

de nombreuses conférences sont enregistrées et disponibles en vidéo dans des domaines aussi variés que les cursus d’études dans tous les départements

d’enseignement et les labos de recherche.

La conférence d’Axel Kahn organisée par le département de Biologiele lundi 13 février 2012 est en ligne

« Faut-il faire confiance aux scientifiques ? »

N’oubliez pas de visiter les deux sites (site Cachan et site Antenne de Bretagne), les thèmes sont encore plus variés…

Votre École à domicile !

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la viE dE l’association

la viE dE l’association

Allocution d’ouverture du colloque « neurosciences et formation »

Commentaires sur le colloque « neurosciences et formation » du 2 février 2012

sur le thème « La réalité : interprétation et croyance ».

sur le thème « La réalité : interprétation et croyance », le 2 février 2012, à l’auditorium Chemla, institut d’Alembert, ENS de Cachan,

par Monsieur Jean-Yves MERINDOL, Président de l’ENS de Cachan.

J’ai tenu à être présent ce matin, malgré une réunion importante à Paris, qui m’oblige à partir aussitôt. Je m’en excuseparavance,notammentauprèsdesconférenciers,jenepourraipasresteraulongdelajournée.

Je commence par des remerciements vers l’Association des Anciens Élèves et Élèves de l’ENS de Cachan pourorganiser chaque année, c’est presque un rituel, des confé-rencesdecetype.

Évidemment, une École Normale Supérieure, et celle de Cachan en particulier, est un lieu où, comme dans les autres endroits de l’enseignement supérieur, l’on forme desétudiants.C’estnotremissionpremière.Onyfaitdelarecherche, puisque les étudiants doivent être formés en lien trèsétroitaveclarecherche.Maisc’estaussiunendroitoùil est important de mener des réflexions sur les évolutions de la science et aussi les évolutions de la société et de leurs relations.Defaçongénérale,c’estdepuispresquemilleansque l’enseignement universitaire a été créé sous une forme dontnoussommesleshéritiers.LapremièreuniversitéestnéeàBologneen1088.Uneinstitutionquitientdepuis1000ans,avecdesvariationsévidemmenttrèsfortesaucoursdel’histoire,prouvequ’elleestunendroittrèsimportantpourla société dans laquelle elle vit. Cette importance se traduit par le fait qu’une grande partie des changements, de la façondevoir lemonde,de la façonde leconcevoir,de lafaçond’yagirprovientdecequisepassedanscesétablisse-ments d’enseignement supérieur.

Le colloque 2012aréunienviron80personnesqu’ilfutfacile de compter. En effet, pour cause de préparation du gala de l’École, il s’est déroulé dans l’auditorium Chemla de 82places!Audemeurant,unesalleagréableauxfauteuilsconfortables et à l’équipement audiovisuel complet.

On constate que la moitié des auditeurs est constituée d’anciens élèves, de quelques élèves, mais aussi d’ensei-gnants de l’ENS, d’Inspecteurs de l’Éducation nationale, d’ingénieurs, de docteurs en médecine, de professeurs, de psychiatres.Ondénombreencoreunedizainededoctorantsdu CIES (centre d’initiation à l’enseignement supérieur) de

Il est parfois utile de se demander quels sont les chan-gements qui s’amorcent, qui peuvent être des changements sociaux, économiques, mais aussi des changements plus profonds sur la façon de percevoir la place de l’hommedans la société, la place de l’homme vis-à-vis de la culture, la place de l’homme vis-à-vis de lui-même. De ce point de vue, les connaissances scientifiques et leurs évolutions prennent beaucoup d’importance.

Ainsi, l’essor des neurosciences, depuis maintenant quelquesdizainesd’annéesadéjàunimpactvisiblesuruncertainnombredesujets.Quelques-unsserontabordésiciet leur impact sera de plus en plus grand. Je n’ai pas de doute que, par exemple, l’impact des neurosciences sur l’éducation se fera sentir. Même si, bien entendu, ce ne sera pas simplement une adaptation de l’éducation aux neurosciences, mais les apports des neurosciences auront desconséquencessurlafaçondeconcevoirl’éducation.

Donc,ce typede lieuderéflexionestun lieu impor-tant pour l’École. Je remercie encore de cette initiative, prise en indépendance vis-à-vis de la direction de l’école, mais avec son soutien. Je souhaite aux uns et aux autres uncolloqueintéressantpendanttoutecettejournée.Merciencore.

transcriptionS.K.

l’Université Pierre et Marie Curie alertés par l’un de nos collègues.Uneinterrogation:aucunagrégatifnithésarddel’ÉcoleDoctoraledel’ENS.Nuln’estprophèteensonpays.

Les 6 conférenciers et le chairman sont, dans cette froidejournée,courageusementarrivésdeParis,deRennes,et même de Bordeaux pour les premiers intervenants dumatin. Qu’ils soient assurés de notre profonde gratitude pour ce dévouement bénévole. De plus, beaucoup ont eux-mêmesremerciél’AssociationdesAnciensÉlèvesetÉlèvesde l’ENS de Cachan de les avoir invités à présenter leurs travaux et réflexions à l’École.

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Les exposés ont été passionnants. Leurs vidéos seront bientôt visibles sur le site www.aae.ens-cachan.fr. Les résu-més écrits figureront dans le prochain bulletin.

Le déjeuner-buffet a réuni une quarantaine de per-sonnes. Les discussions furent vives, animées et sources de nouveaux contacts.

programmer un tel colloque, c’est une activité lourde, périlleuse et cependant passionnante. Lourde, car plusieurs moisdetravails’avèrentnécessaires.

Parfois périlleuse quand vous êtes obligés, un mois avant le colloque, de déprogrammer une conférence, estimée à priori intéressante. Mais vous prenez hélas conscience, après quelques échanges par mèl puis par téléphone quele conférencier ne tient aucun compte de votre demande et souhaite traiter un sujet à sa convenance. Il vous fautalors aimablement le remercier et trouver, dans l’urgence, unthèmeetunconférencierderemplacement.C’estalorsque les membres du conseil scientifique du colloque par leur présence,leursconseilsetleurspropositionsjouentunrôlemajeur.Qu’ilssoientchaleureusementremerciés.

Et cependant, quel bonheur et quelle chance, de pou-voir solliciter des personnalités de haut niveau, et leur pro-poser d’éclairer une interrogation qui vous taraude profon-dément depuis longtemps, pour peu qu’elle intéresse aussi les scientifiques et les pédagogues.

Le choc entre les travaux des neuroscientifiques et l’énigme du réel me semble générateur d’une gerbe de questions dans un large spectre de spécialités.

Pourquoi le réel serait-il une énigme ? Simplement parce que le ver de terre creuse inlassa-

blement,etsansdoutejudicieusement,sesgaleriesdanslejardin.Ilestparfaitementadaptéàson«monde».

Parce que l’abeille construit, sans fin, ses élégantes cellules hexagonales, voit un monde de couleurs utiles au butinage, peut expliquer à ses consoeurs où trouver une source de nourriture, respecte sa position sociale et son rôle dans la ruche. Elle vit et se trouve parfaitement adaptéeà sa réalitéd’abeille, la réalitédesonespèce, sa« réalité spécifique » d’abeille. D’ailleurs, deux conféren-ciers ont remarqué que cette notion de « réalité spéci-fique » était déjà contenuedans le concept d’ “Umwelt”que le biologiste et philosophe allemand Jakob Johann von Uexküll(1864-1944)aproposé,aprèsl’étudeducompor-tement de la tique.

Si l’homme est bien issu de l’évolution et se trouve bien apparteniràuneespèce,l’espècehumaineenl’occurrence,sonréelestdonc,luiaussi,unréelspécifique:c’estla«réa-lité humaine ».

Senourrir,seloger,travailler,sedivertir,voyager,réflé-chir, imaginer, aimer, haïr et plus encore, toutes les activités humaines se produisent dans la « réalité humaine ». Il serait absurdedeniercetteréalité.Iln’yalàaucunequestion.

La question commence à se poser quand on demande si cette « réalité humaine » est « LA réalité » ou encore « TOUTE LA réalité ».

Pour celui qui aurait l’immense orgueil de penser que l’homme est l’aboutissement parfait suprême et absolu de l’évolution, la réponse est évidemment positive.

Plus modestement, le neuroscientifique, obligé de constater que la réalité humaine est une construction du cerveau, certes parfaitement adaptée à la vie humaine, reconnaîttoutefois:« nous ne savons pas, et il est probable que nous ne saurons jamais, à quoi ressemble la réalité “abso-lue” » (DAMASIO, Antonio R.. L’élaboration d’une expli-cation. In L’Erreur de Descartes.Paris:éditionsOdileJacobPoches, 1995, p 121-160).

L’énigme se précise si l’on suppose que la « réalité humaine » est un sous-ensemble d’une réalité « absolue », une bulle dans cette réalité absolue par définition incon-naissable. Force est de constater que, depuis la nuit des temps, l’homme a tenté de remplir l’espace entre ces deux réalités, c’est-à-dire l’inconnu, de l’infinité des croyances,desimages,desthéories,dessciencesetdesmodèlesqu’ilaété capable d’imaginer. Le plus étonnant c’est que certaines sciencesserévèlent,danslaréalitéhumaine,siopération-nelles et précises qu’elles ont conduit aux inventions que nous connaissons.

Il faudra bien tenter d’expliquer cette énigme ! Lascience,avecsafacultédedéfinirdesobjetsd’étude

et de construire des raisonnements semble être le seul outil à notre disposition.

Mais, il nous faudra bien, pourtant, commencer par étudier comment le cerveau élabore ses connaissances, avant de tenter de comprendre la construction mentale de la science et de s’en servir raisonnablement.

On peut facilement imaginer que l’on croisera, dans cette recherche profonde de sens, une foule de questions purement scientifiques mais aussi logiques, épistémolo-giques et probablement sociologiques, éthiques et philoso-phiques.

C’est pourquoi, à mon sens, ces colloques ne manque-rontjamaisdethèmesoriginauxetpertinentsàtraiter!

Mais seulement de bonnes volontés ! Que soient, à cette occasion, remerciés tous ceux qui ont contribué à la réussite de la session 2012. Ils se reconnaîtront.

StanislasKonieczka1963-B1

pour en savoir encore plus :

VINCENT,Jean-Didier,LLEDO,Pierre-Marie;Le cerveau sur mesure.Paris;ed.OdileJacob;2012.

MUGUR-SCHACHTER, Mioara, Sur le tissage des connaissances. Paris-Londres ;HermèsSciencePublishing–Lavoisier;2006.

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En 2011, nous avons eu l’occasion de proposer deux dinerset lepremierpetitdéjeunerduClubenpartenariatavec le Club normaliens en entreprise de la rue d’Ulm. Notre cocktail débat le 2 décembre 2011 sur le thèmedel’entrepreneuriat réunissait 70 personnes (anciens élèves,élèvesdel’ENSCachanmaisaussidesautresENS)venueséchangeravecdeuxanciensélèvescréateursd’entreprise.

Pour2012,nousvousproposeronsdespetitsdéjeunerspresque tous les mois en plus de nos diners et de nos ren-contres bimestrielles.

Afin de prétendre pouvoir assurer cette croissance, le Club«s’équipe»d’un“Bureau”desixpersonnes.Chacund’entrenousauraàsachargeuneactivitéquejevouslaissedécouvrir dans certains articles du bulletin. Je suis ravi de vous annoncer que notre Association et notre École rayonnentgrâceà sesanciensélèves.Notreactionauprèsdes grandes entreprises s’accentue et nous nous faisons connaître.

Enfin, voici quelques chiffres anecdotiques permettant d’illustrer les effets bénéfiques du bouche à oreille pour notre association : Notre groupe LinkedIn comptait 10membresenjanvier2009,21enjanvier2010,46enjanvier2011et183le22février2012!

La composition du bureau du Club Normaliens autrement estlasuivante:•Alexandre GRUX, Président •thibaultHENRI, Vice-Président fondateur•Hélène CIMA, Responsable de la cellule Création d’en-

treprise•Frank GANA, Co-Responsable de la cellule Création

d’entreprise•Jerome LAURRE, Responsable du Cercle Finance et

Stratégie•CharlesVALLANtIN-duLAC,ResponsableWeb

Les prochains événements du Club Normaliens Autrement :

2 mars 2012 à 8h30 : petit déjeuner “LaR&Dfrançaiseà l’heurede lamontéeenpuissancedespaysémergents :l’exempled’AirLiquide”

Nous recevrons à cette occasion Philippe Queille,Directeur adjoint R&D du groupe Air Liquide.

Philippe Queille, diplômé de l’École Centrale de Paris, a commencé sa carrière en recherche au CEA avant derejoindreAirLiquideen1980.

ÀAirLiquideilaexercél’essentieldesacarrièredansdes fonctions de Recherche en France et aux États unis, dédiées au développement de nouvelles applications des gaz pour l’industrie, la santé et l’environnement. Il a égale-ment été Directeur Marketing Corporate pour la principale Branched’ActivitéduGroupeAirLiquide.

Dans ses fonctions actuelles, il s’attache à promouvoir uneR&DouverteenEurope,AmériqueetAsieauservicedu développement durable. Il est l’inventeur d’une ving-taine de procédés brevetés pour l’utilisation de gaz dans diverses industries.

Serontabordéeslesquestionssuivantes:•Comment une société industrielle peut-être survivredanslespaysmatures?

•QuelsbénéficespourlaFranced’unestratégied’inno-vation multilocale ?

•Faut-ilfairedelaRecherchedanslespaysémergentsaurisque de créer de futurs concurrents ?

Pour vous inscrire : [email protected]

12 mars 2012 à partir de 20h00 : rencontre bimestrielle de l’antenne parisienne du Club normaliens Autrement. Nous vous proposons de nous retrouver autour d’un verre auBardugrandhôtel,2rueScribe,75009Paris.

Cette rencontre informelle est l’occasion d’échanger nos expériences et nos projets entre anciens et avec lesélèvesqui le souhaitent.Ce rendez-vous seraaussi l’occa-siondediscuterdenosprojetspour2012etd’informerceuxd’entre vous qui souhaiteraient s’engager à nos côtés.

27 mars 2012 à 8h30 : petit déjeuner « La chasse de tête»:mieuxconnaître lapratiquede lachassede têteetdu recrutement pour optimiser son positionnement profes-sionnel et sa candidature. Nous recevrons à cette occasion ThierryPigeon,PDGducabinetCMAManagement.

ThierryPigeonfondateuretdirigeantducabinetCMAManagementspécialiséenchassede tête, trèsprésent surlessecteursdehautetechnologieetàfortevaleurajoutée,présentera les pratiques du recrutement (les étapes clefs d’unrecrutement, lespratiquesdesentreprisesenmatièrede recrutement, etc.) et échangera avec les participants sur les bonnes pratiques à suivre pour optimiser sa recherche d’emploi et une candidature.

Serontabordéeslesquestionssuivantes:•Commentserendrevisibleoucontacteruncabinetde

chasse ?•Lesclefsd’unCVefficace:savoirseprésenter,etc.

normaliens autrement 2012

la viE dE l’association

Ces derniers mois, le Club Normaliens Autrement a accéléré sa croissance avec pour objectif en 2012 de finir la mise en place de ses activités mensuelles et ainsi pouvoir imaginer adopter un régime de croisière à partir

de 2013. Pour rappel, 2010 a vu la mise en place des premières rencontres bimestrielles parisiennes et le premier diner de fin d’année du Club.

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•Savoirdécrypteruneannonceetposerlesbonnesques-tions pour bien appréhender un poste proposé et une entreprise etc.

Pour vous inscrire : [email protected]

12 avril 2012 à 20h00 : Cocktail débat du Club normaliens Autrement spécial élection 2012. “L’électionest-elle déjà jouée ? :Analyse enprofondeurdesmouve-mentsélectorauxgrâceàl’outilPrésidoscopie”

Nous recevrons à cette occasion Gilles Finchelstein, directeurgénéraldelaFondationJeanJaurès.

Gilles Finchelstein est diplômé de Sciences Po Paris, et a été conseiller technique dans des cabinets ministériels du gouvernement Jospin (1997-2002). Il est aujourd’huidirecteurgénéraldelaFondationJean-JaurèsetdirecteurdesétudesdeEuroRSCGWorldwide(agencedeconseilencommunication).

Parmi ses récentes publications, on peut citer Le monde d’après, une crise sans précédent, corédigé avecMathieuPigasse(Plon,2009),etLaDictaturedel’urgence(Fayard,2011).

Adixjoursdupremiertourdel’électionprésidentielle,Gilles Finchelstein nous présentera la sixième vague del’enquête Présidoscopie, un outil mis en place par Ipsos - LogicaBusinessConsultingpourLeMonde,leCEVIPOF,la Fondapol et la Fondation Jean Jaurès, et qui permet

de décrypter dans toute leur complexité les mouvementsd’opinions qui sous-tendent les variations d’intentions de vote de la Présidentielle 2012. L’originalité du dispositif estqu’il est réaliséauprèsd’individusqui se sontengagésà répondre tout au long de la période qui va de novembre 2011 au second tour de l’élection présidentielle. On peut donc identifier, d’une vague à l’autre, les personnes qui changent dans leurs intentions de vote et reconstituer leurs trajectoires.Desentretiensqualitatifsauprèsdecertainsdeces changeurs permettent aussi de mieux comprendre les raisons de leurs changements. Retrouvez tous les détails de l’enquête sur http://www.jean-jaures.org/Publications/Dossiers-d-actualite/Presidoscopie-2012

Nominations :

ThomasCAZENAVE(1998-D2)33ans,devientdirec-teur de cabinet du nouveau directeur général de Pôle emploi,JeanBassères.Ilétaitauparavantdirecteurdéléguéauprès du directeur des ressources humaines du groupeFrance Télécom Orange depuis avril 2011.

N.B:Adhérez à l’associationdesanciensélèves:votreadhésion nous aide à nous développer, mais aussi à être représentatifs vis-à-vis de l’École et donc à peser dans ses orientations et décisions. Nous espérons vous retrouver nombreux à nos prochaines activités.

L’adhésion avec paiement en ligne est facile à pratiquerle paiement Paybox par carte de crédit est sécurisé.

L’édition de votre reçu fiscal est possible dans le site adhérent. N’oubliez pas votre code d’accès (login)

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Regard normalien sur les finances publiques françaises :Propositions pour atteindre l’équilibre budgétaire et exercer une meilleure gouvernance

la viE dE l’association

La crise financière conduit l’ensemble des économies développées à s’interroger sur le poids de leur dette publique et sur les équilibres financiers de leurs systèmes de prestations sociales. La France n’échappe pas à

la règle. En 2010, les dépenses publiques représentaient plus de 1.000 milliards d’euros, soit plus de 50% de notre Produit Intérieur Brut (ou PIB) qui mesure la création de richesse globale de notre pays.Depuis 1970, les dépenses publiques ont été multipliées par 22 contre seulement 15 pour la progression du PIB. Corrigé de l’inflation, les facteurs multiplicateurs s’établissent respectivement à 3,3 et 2,35. Cela revient à dire que les dépenses ont eu un rythme de croissance 40% plus rapide que celui de la richesse nationale sur les 40 dernières années. Ce phénomène traduit la part croissante de la richesse nationale redistribuée par l’État. Ce n’est pas un mal en soi. Ce qui est plus inquiétant, c’est l’évolution du déficit public, qui s’élevait à 140 milliards d’euros en 2010, soit 7,5% du PIB. Comment expliquer ce phénomène ?

L’absence de volonté politique àgérer la dette publique et les effectifs des administrations territoriales est la principale cause de l’impasse bud-gétaire que nous connaissons

On distingue habituellement 3 grandspostesdedépensesde l’État :celles de l’administration centrale, celles des administrations territoriales et, enfin, celles de Sécurité sociale.

En 2009, la Direction de la Recherche et des Études de l’Évalua-tion et des Statistiques (Drees) chif-frait l’ensemble des dépenses de pres-tations sociales à 741 milliards d’euros. Ces dépenses représentent près de75% du total des dépenses publiques et recouvrent l’ensemble des sommes engagées pour la Santé, la Vieillesse, la Famille, l’Emploi et le Logement. Sur la période 2000-2009, le déficit cumulé de ces régimes de prestations sociales s’élèveà c. 19milliardsd’eu-ros, sachant que l’année 2009 repré-sentait à elle seule 18 milliards, enraison de la crise qui se traduit par (i) de plus faibles rentrées fiscales et (ii) un plus grand nombre de personnes inscrites au chômage.

Enanalysant lebudgetdesadmi-nistrations sur la même période, on obtient un déficit cumulé supérieur à 500 milliards d’euros. Ce chiffre s’ex-pliqueprincipalementpar:

•Une charge de la dette jamaisremboursée, ce qui nécessite que nous empruntions pour payer lesintérêts;

•Unedérivedesdépensesauniveaudes administrations territoriales.

La dette de la France est passée de moinsde100millionsd’eurosen1978à 1.600 milliards d’euros en 2010. Sur ce montant, environ 300 milliards pro-viennent de déficits publics et, le solde, soit 1.300 milliards, de l’accumulation des intérêts que nous n’avons cessé d’emprunter, plutôt que de les rem-bourser. Nous nous sommes laissés bercer par l’illusion que nous pouvions avoir un déficit de l’ordre de 3% de notre PIB et malgré tout avoir unesaine gestion. En procédant ainsi, en l’espace de 33 ans, la dette représente-rait100%duPIB.C’estsensiblementcequinousestarrivédepuis1981.

L’État, comme tout agent écono-mique, gère un budget par rapport àses recettes. Or, sur la période 2000-2009, le déficit cumulé a représen-té 6,75% des recettes. Il est donc impossible d’espérer rembourser notre dette, ni même de payer les intérêtsqui s’élèvent à plus de 45 milliardsd’euros en 2010, soit presque 5% des recettes.

Dans le même temps, les dépenses au niveau des administrations terri-toriales n’ont cessé de progresser, notamment en raison d’une augmen-tation des effectifs de plus de 35% sur la période.

Ainsi, alors que le nombre de fonctionnaires rattachés à la fonction publique de l’État est resté relati-vement stable à environ 2,3m, il est passé de 1,2m à 1,7m dans la fonction publique territoriale. Cette évolution se traduit mécaniquement par une progression sensible des dépenses de personnel.

Pour préserver notre modèlesocial, il est fondamental de séparer formellement le budget des régimes de prestations sociales de celui des administrations, d’interdire tout défi-cit primaire et d’engager un processus rapide de désendettement par cession d’actif

En premier lieu, il est fondamen-tal de séparer les dépenses et recettes affectées aux prestations sociales de celles relevant du fonctionnement de l’État afin de leur donner une capa-cité structurelle à atteindre l’équilibre financier.

Parmicesdépenses,85%sontliéesà la Santé et à la Vieillesse. Nous pour-rions envisager de changer de société et décider que chacun d’entre nous cotise auprès de sociétés d’assuranceplutôt qu’à la Sécurité sociale. Cela ne changerait pas le coût de la prestation. De même, chacun pourrait épargner pour sa retraite ou utiliser un fonds de pension plutôt que l’État. Pour autant, le sujet de l’équilibre financier de ceschéma de retraite global resterait posé s’ilutilisait lesmêmesrèglesderépar-tition que le nôtre. Santé et Vieillesse sont donc deux postes de dépense qui correspondent (i) à de la consomma-tion de biens et services pour la Santé et (ii) à de l’Épargne pour la Vieillesse. Ellesdoivent faire l’objetde règlesdegestion strictes pour atteindre l’équi-libre financier, mais ne doivent pas être assimilées à la gestion administrative de l’État. Les sommes qui leur sont affec-tées doivent être collectées à travers des circuits très précis et ne pouvantêtre agrégés avec les autres recettes de l’État.

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La CSG et la CRDS permettent partiellement d’obtenir ce résultat pour la Santé. Mais ces deux cotisa-tions ne portent que sur environ 8%des revenus alors que nous dépensons environ 14% de nos revenus en santé. Pour rendre la Santé totalement auto-nome, tout en préservant notre sys-tèmedecontributionparrépartition,ilconviendrait de relever le taux à 14% et de l’appliquer de façon uniformeà l’ensemble des revenus du travail et du capital. Un équilibre financier structureldessystèmesdeSantéetdeVieillesse et leur isolement dans les comptes de l’État présenteraient un doubleavantage:

•Une solidité de nos financespubliquesrenforcées;

•Un débat sur les objectifs pour-suivis en matière de Santé etVieillesse.

Ensuite, les administrations doi-vent mieux gérer leurs effectifs et leurs budgets. S’il existe des transferts de compétences entre la fonction publique de l’État et la fonction publique terri-toriale, ils devraient apparaître dans des transferts d’effectifs de l’une vers l’autre. Or, on observe que les effectifs

de la seconde progressent plus vite que ne diminuent ceux de la seconde. A défaut de pouvoir corriger le passé, il est crucial d’éviter de continuer sur cette tendance.

Enfin, il faut engager un processus rapide de désendettement qui passe par3points:

•L’impossibilité juridique de faireun déficit primaire : ainsi, lesdépenses de fonctionnement pri-maires ne pourront excéder les recettes. Nous aurions la certitude que la dette ne pourrait plus aug-menter par le seul fait de nou-veauxdéficits;

•Une accélération de la cessiondu patrimoine de l’État : il estimportant d’affecter la totalité des sommes ainsi levées au désen-dettement. Elles ne devront plus venir au secours de l’équilibre d’un budget primaire qui, de toute manière,nepourraitplusêtreendéficit.

•Une hausse des impôts : sousréserve de l’engagement par l’État de respecter l’ensemble des autres voies d’assainissement des comptes publics (isoler la gestion

de la Santé et de la Vieillesse, équilibre des ressources centrales et territoriales, absence de défi-cit primaire et accélération des cessions), alors une hausse des impôts, principalement la TVA et l’impôt sur le revenu, pourrait être envisagée afin d’accélérer le remboursement de la dette.

Au terme de cette étude, il res-sort que ce n’est pas tant le coût de notre modèle social qui conduit à lasituation de surendettement que nous connaissons, mais bien l’absence d’une politique active de remboursement de la dette depuis 30 ans et une dérive des dépenses des administrations ter-ritoriales. Pour sortir de la situation financière dans laquelle se trouventnos finances publiques tout en évitant de commettre les erreurs du passé, il est urgent de scinder les postes bud-gétaires qui relèvent de prestationssociales,deceuxquirelèventdel’État.Nous clarifierons ainsi la gestion finan-cière de ces différents postes, ce quiconstituera le prélude à une meilleure gouvernance des dépenses publiques.

Jérome Laurre

Programme Journée Science et Société : jeudi 08 mars 2012ENS de Cachan -Bâtiment d’Alembert – Amphithéâtre Marie Curie

“science et rêve(s)”09h20:Introductiondelajournéeparmireille tadjeddine, Professeur émérite de l’ENS Cachan.

09h30-10h30:Kamil Fadel,DirecteurdudépartementdephysiqueduPalaisdelaDécouverte.« La place du rêve entre magie et science »

10h30-11h30:roland Lehoucq,astrophysicienauCEAdeSaclay.« peut-on parler de physique grâce à la fiction ? »

11h30-12h30:marina maestrutti, Maître de conférences Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sociologue« imaginaires des nanotechnologies : mythes et fictions de l’infiniment petit »

14h30-15h30:Jacques treiner,physicienthéoricien,professeurémériteàl’UniversitéPierre-et-Marie Curie et enseignant à Sciences Po Paris. « Un cauchemar : les marchands de doute »

15h30-16h30:Ugo Bellagamba, auteur de science-fiction, maître de conférences en histoire du droitet des idées politiques, université de Nice. « de la machine du monde au monde de la machine »

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interview par Hélène Cima et Alexandre Gruzde Lionel Cima et Henri Pidault

la viE dE l’association

Hélène Cima et Alexandre Grux ont mis en place au cours de l’année 2011 la cellule Création d’Entreprises au sein du Club Normaliens Autrement. Afin d’inaugurer cette cellule, la soirée annuelle de fin d’année, qui a

rassemblé une soixantaine de participants, lui a été consacrée. Cette soirée a ainsi été l’occasion de débattre sur le thème de l’entreprenariat chez les normaliens, autour de deux anciens normaliens venus partager leur expérience, Lionel Cima (1995-B4) et Henri Pidault (1984-B1). L’interview qui suit reflète le débat qui a eu lieu. Elle a été réalisée par Hélène Cima (1998-D2), fondatrice de la société Helinnov, spécialisée dans le financement de l’inno-vation.

1. Quelles sont vos fonctions actuelles et vos projets profession-nels ?

Lionel : Je suis actuellement le PDG de la société Neelogy, que j’aicofondée en 2006 avec deux autres associés, un chimiste issu de l’ENS Ulm, et l’ancien « Monsieur Capteur » de PSA. Cette société a pour objetle développement et la commercia-lisation d’une technologie innovante basée sur l’Effet Néel, que nous avons inventé. Elle permet de mesurer les champs magnétiques, donc de mesurer des courants électriques, et ainsi de mesurer de l’énergie électrique. Nous développons de nouveaux composants, de nouvelles fonctions, de nouveaux capteurs, permettant de mesurer du courant ou de l’énergie, pour des applications aussi diversifiées que le ferroviaire, le smart grid, …..

La société compte aujourd’huiune vingtaine de salariés, elle est sou-tenue par deux fonds d’investissement européens.

Henri : Depuis un mois, je mesuis lancé dans une nouvelle aventure, trèsinternationale,puisquej’airejointla société Kyriba, société américaine,pionnier des éditeurs de logiciels SaaS pour la gestion de trésorerie et la communication bancaire, en tant que “ExecutiveVicePresident”enchargedelaR&D.J’aipourobjectifledéve-loppement du centre de R&D, baséen Ile de France, en renforçant leséquipes, et en nouant des relations aveclesuniversitésfrançaisesetamé-ricaines notamment. J’ai été recruté pour apporter de l’innovation dans les produits de cette société, et accom-pagner sa croissance accélérée dans les 10 prochaines années grâce à de nouvelles technologies.

2. Pourriez-vous retracer votre carrière de la sortie de l’ENS de Cachan jusqu’à aujourd’hui ?

Lionel : J’ai suivi le parcours clas-siquedel’élèvenormalien,agrégationen génie électrique en 1997, DEA en 1999. J’ai ensuite été agrégé prépara-teur à l’ENS pendant 9 ans. Durant les3premièresannées,j’airéalisémathèse sur un sujet déjà pluridiscipli-naire, la ferroélectricité.

En 2002, j’ai lancé un projet decréation d’une plateforme de transfert de technologie, ValoTec, qui m’a per-mis d’être lauréat en 2003 du concours de création d’entreprise innovante en catégorie émergence. J’ai alors suivi la formation HEC Challenge+ en 2004, afin d’appréhender les notions de business plan, gestion financière,droit des affaires, …. En 2005, j’aiofficiellement créé la société ValoTec, et c’est également à cette période que j’airencontrélesfutursfondateursdeNeelogy. En 2006, j’ai créé Neelogy.Jusqu’en2007,j’aitravaillésurtouslesfronts, à la fois à l’ENS, et au sein des deuxsociétésValoTecetNeelogy.J’aidonc démissionné en 2007 de l’ENS pour me consacrer au développement de Neelogy. L’aventure ValoTec s’estarrêtée en 2011, date à laquelle j’aicédé mes parts.

Henri :Ancienélèvedelapromo-tion1984,mondésird’entreprendreatrèsvitesupplantémavolontéinitialed’enseigner. Je commence ma car-rière d’entrepreneur au sein mêmede l’ENS, en participant à la création de la première Junior Entreprise del’ENS de Cachan, nommée à l’époque GREENS (Groupe de Recherches et d’Etudes de l’ENS). Passionné d’in-formatique, je décide en 1987 demelancer dans l’aventure, en créant avec

deux associés une société d’édition de logiciel de CAO. Je suis resté 9 ans dans cette société, Stratégies SA, aujourd’hui leader mondial dans ledomaine de la modélisation de chaus-sure de luxe avec son produit Romans CAD Software.

En 1996, je rejoins le GroupeAtos, grande SSII européenne, d’abord comme directeur de projet,puis comme directeur informatique adjoint.Aceposte,jeparticipeàplu-sieurs acquisitions importantes (Atos Euronext, Origin, KPMG Consulting, Schlumberger Sema) et je conduisla structuration du SI financier du groupe enEurope. Je rejoins ensuitele Cabinet Mazars en 2003 pour ycréer laDirection des Systèmes d’In-formationenayantnotammentmisenplace un système d’information inté-gré. En 2007, je quitte Mazars pourentrer au sein du Groupe Compagnie Des Alpes, filiale de la Caisse des Dépôts, spécialisée dans l’exploita-tion de domaines skiables et de sites dedivertissement familial. J’y occupele poste de Directeur des Systèmesd’Information et de l’Organisation duGroupe jusqu’audébutde l’année2012.

3. Quel est votre meilleur souvenir de l’École ?

Lionel : L’année de la préparation à l’agrégation a été exceptionnelle, et reste un excellent souvenir. Elle s’est déroulée dans une ambiance à la fois festive et de travail. Il n’y avait pasde stress, pas de concurrence, et au contraire, beaucoup d’entraide entre nous. Nous alternions travail studieux et soirées diverses ….

Henri : La qualité de l’enseigne-ment et … La Kokarde !!….

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4. Que vous a apporté l’École ?

Lionel : La formation dispensée à l’ENS de Cachan est une excellente formation scientifique, à spectre trèslarge d’un point de vue technique. C’estuneformationtrèsreconnue,eton en sort avec une excellence scienti-fique assez unique, notamment aprèsl’année de préparation à l’agrégation.

Dans une société innovante, ce bagage scientifique est indispensable, et il faut qu’un des fondateurs au moinsaitlamaîtrisedesonsujettech-nique. Mais ce n’est pas suffisant, et c’est la raisonpour laquelle j’ai com-plété mon cursus par une formation à HEC, et par un apprentissage sur le terrain …. Une équipe de fondateurs composée d’un profil scientifique et d’un profil commercial ou financier est le duo gagnant !

En dehors de la formation, j’aieu la chance de rencontrer Monsieur Sylvain Allano, directeur du labora-toire Satie à l’époque. Lui-même a un parcours exceptionnel, il a créé son cabinet de conseil en propriété intellectuelle, et a donc une grande expérience de l’activité industrielle. Il m’a montré l’intérêt de la protection industrielle, et il m’a transmis le goût de l’entreprenariat.

L’École m’a par ailleurs soutenu dansmonprojetdepremièrecréation,carjusqu’en2007,j’aieulapossibilitéd’héberger la société ValoTec, contre unloyerassissurleChiffred’Affaires,ce qui est une formule très intéres-sante au démarrage.

Henri : La formation à l’ENS de Cachan m’a permis de dévelop-per mon agilité intellectuelle, et m’a apporté quelque chose de fondamen-tal, en particulier lorsque l’on est entrepreneur:apprendreàapprendre.Celasignifiequejen’aiaucuneappré-hensionvis-à-visdenouveauxsujets.

Elle m’a également apporté une dimension pédagogique, dont je neme suis d’ailleurs pas tout de suite aperçu. Ce n’est que très récemmentqu’un certain nombre de personnes m’ont fait remarquer que j’avais unevraie facilité à transmettre le savoir, à communiquerdefaçonsimplesurdessujetsparfoisardus.Jesuisconvaincuaujourd’huiquec’estlaformationsui-vie à l’ENS qui m’a permis de dévelop-per ce talent.

5. Quelles difficultés avez-vous ren-contrées pour réaliser votre projet ? Comment avez- vous été aidés ?

Lionel : Je n’ai rencontré aucune difficulté qui serait liée à la formation enelle-même.Enrevanche,j’aimeraisbeaucoup voir à l’ENS d’une part le renforcement du réseau des anciens élèves, et d’autre part un peu plusd’énergie au niveau de l’interaction avec les PME. En tant que dirigeant dePME,anciennormalien,j’aimeraisque l’ENS resserre les liens avec le tissu industriel local et avec les appli-cations industrielles.

Laformationàl’ENSesttrèsbienadaptée pour faire ensuite soit de l’en-seignement soit de la recherche. En revanche, lorsque j’ai voulu valorisermes travaux de recherche, jeme suisaperçu que d’une part je n’avais pasles compétences, et que d’autre part je ne savais pas trop ce que valori-sation pouvait signifier. Je n’ai à ce moment pas été véritablement sou-tenu par l’environnement académique, d’où mon idée de création de ValoTec.

En création d’entreprise, puis en phase de développement, je trouveque la difficultémajeure est liée à lagestion des ressources humaines…. Il est parfois difficile de bien communi-quer avec ses salariés, en particulier avec des scientifiques …, et on n’est pas formé au management …

Henri : La difficulté principale à laquellejemesuistrouvéconfrontéestma méconnaissance de l’économie, de lafinance,delagestionfinancière,…..Heureusement,jen’aipascrééseul,etces dimensions ont été apportées par mes associés. L’ENS ne forme pas du tout à être entrepreneur, il faut avoir un esprit d’aventurier pour décider de créer une société, monter une équipe, trouver des fonds, …

6. Quels ont été les regards des dif-férents interlocuteurs rencontrés lors de ces aventures entrepreneuriales vis-à-vis de votre origine ENS ?

Lionel : L’étiquette ENS est une trèsbonneétiquette,entoutcasdansles domaines de la science appliquée (du génie civil, génie électrique, génie mécanique, physique appliquée,…).Nos interlocuteurs, clients ou pros-pects ont un très bon a priori quandils connaissent notre cursus, et cela représente pour eux une garantie

technique. En revanche, ils peuvent parfois être inquiets vis-à-vis de notre capacité à « faire du business ». J’ai eu le sentiment qu’en tant que norma-lien, jedevaisdavantageprouverqueje menais des travaux de R&D pouraboutir à un succès commercial, etpas seulement à un succès techniqueou une publication dans une revue scientifique !

Henri : Le fait d’être Normalien a une certaine valeur, et suscite de la part des interlocuteurs de la bien-veillanceetdurespect,cequiesttrèsimportant, en particulier lorsqu’on se lance dans l’aventure de l’entrepre-nariat. Cette confiance a priori que les clients par exemple peuvent avoir vis-à-vis de notre savoir ou de notre technique est fondamentale.

Le second point positif est la reconnaissance de l’excellence scienti-fiquedelaformation,jerejoinstotale-ment Lionel sur ce point. En revanche, j’aiparfoisressentichezcertainesper-sonnes un sentiment de méfiance a priori ou d’attente vis-à-vis de mes compétences managériales. Certaines personnes ont encore une idée un peu caricaturale du normalien, du cher-cheur …. Il faut donc peut-être faire ses preuves sur ce domaine en particu-lier plus que d’autres…

7. Quel est votre plus grand échec ?

Lionel : Ne plus avoir réussi à tra-vailler étroitement avec l’ENS aprèsavoir pris ma disponibilité…

Henri : Je n’ai pas réussi le concours de l’agrégation, j’avais déjàl’esprit ailleurs …. Mais finalement, j’aitransformécetéchecenréussite!

8. Que recommanderiez-vous à un jeune diplômé ENS qui souhaite se lancer dans l’aventure entrepreneu-riale ?

Lionel : J’aurais plusieurs recom-mandations, suite à mon expérience. Je pense d’abord qu’il n’est pas inu-tile de consacrer deux ou trois ans à une thèse, d’une part car elle estfinalement la mise en application de ce qu’on a appris pendant notre formation, et d’autre part car elle permet d’acquérir une grande auto-nomie. On travaille beaucoup seul lorsqu’onestenthèse,etcesentimentde solitude peut se retrouver chez l’entrepreneur…D’oùmondeuxième

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conseil : ne pas entreprendre seul !Les grandes aventures ont souvent été menées à plusieurs, et l’entrepreneur étant souvent seul, face à ses clients, à ses fournisseurs, à ses salariés, …quand on est deux à être seuls, tout estplusfacile!Parailleurs, ilesttrèsimportant, même dans le cas d’une sociétéinnovantedesefrottertrèsviteaux clients, l’idéal étant même de créer unefoisquelepremierclientestdéjàprésent. Un dernier conseil serait de ne pas hésiter à suivre les formations proposées par les différentes écoles de commerce notamment, d’une part pour leur contenu, et d’autre part pour leur réseau !

Henri : Je suis un autodidacte de l’entreprenariat,jemesuisformésurleterrain, au contact des autres, et grâce aux expériences que j’ai connues...Cependant,aveclerecul,j’auraisten-dance à tenir le même discours que Lionel,etjerecommanderaisdefaireune année de césure dans une grande école de commerce avant de se lancer, en particulier pour les profils scienti-fiques. Aujourd’hui le double cursusENS/Grandeécoledecommerceesttrès valorisant auprès des banquierspar exemple, et j’aurais tendance àdire, sans pour autant généraliser, que cette double compétence est néces-saire pour se lancer dans l’aventure.

Ma seconde recommandation serait d’entreprendre à plusieurs, en

s’entourant de personnes ayant desprofils différents ….

Lionel et moi ne nous sommes pas concertés avant le dîner du 2 décembre, et nous avons suivi des par-cours différents, mais finalement nos analysesconvergent!!!

9. Que pourrait vous apporter la cellule création du club Normaliens Autrement, et de façon plus large le club en lui-même, voire l’associa-tion des anciens élèves ?

Lionel : Après avoir rencontréplusieurs institutions au sein d’autres écoles,jepensequel’Associationdoitse développer, et pour cela, il lui fau-drait davantage de moyens humainset financiers. Je pense à ce qu’il peut se passer dans les autres associations d’anciens élèves de grandes écoles(Centrale, les Arts, l’X…), qui ontdéveloppé un véritable réseau, sur lequelpeuvents’appuyerlesanciens…Je suis heureux cependant de voir que la dynamique est enmarche, et qu’ily a une réelle volonté d’animer unréseau basé sur l’échange et le partage d’expérience

L’ENSn’estaujourd’huipas tour-née vers l’industrie, je ne parle pasdes grands comptes, mais des PME. Le réseau des anciens peut peut-être avoir une action pour inciter les labo-ratoires notamment à collaborer avec

les structures privées, en particulier celles issues de l’ENS... C’est d’ailleurs une pratique que j’ai instaurée dansma société, je détache actuellementdeux salariés, l’un dans un laboratoire de l’ESPCI, et l’autre dans un labora-toire de l’Université de Paris 13.

Je souhaiterais également que la Junior Entreprise se développe, on a les compétences à l’ENS pour faire de cetteJEunvraisuccès,etcependant,elle reste aujourd’hui sous-dévelop-pée. A mon avis il manque un fil rouge, soit avec des enseignants, soit avec des anciens. Peut-être que là encore, la cellule création ou le club peuventinstaurerunedynamique?

Henri : Je suis heureux que la cellule du Club des Normaliens Autrement ait vu le jour, il étaittemps !!! Ce club nous permet de nousretrouverautourdethèmeséton-namment variés, probablement le fruit del’incroyablediversitédesenseigne-ments de notre école. Les rencontres régulièrespermettentdecréerunvrairéseau de relations amicales de tous âges et d’expériences diverses, qui contribue à un soutien mutuel dans la mesure des moyens de chacun. C’estaussi par le dynamisme de l’associa-tion des anciens qu’une Grande École rayonne….

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Animateur thibault Henri : Lereportage présente des cas divers, des modalités de contestation variées, médiatisées ou non, d’un lieu de parole autorisée ou non, en passant par la hiérarchie ou non, à partir d’administrations publiques ; et onpourrait sedemander comment ça sepassedanslesentreprises;maispourcommencer, quelle est l’histoire de ce reportage ?

Marie Brunerie : La genèse dudocumentaire vient d’article lus dans la presse à la même période : lesaffairesCasals,Matelli;uninstituteurdirecteur d’école et un gendarme offi-cierchercheurauCNRS;lecasd’unelanceused’alerteàOrlydanslapoliceauxfrontières.Lessanctionscommen-çaientàpleuvoir.Lapressemention-naitle“devoirderéserve”,quin’existepas. On devrait dire “obligation deréserve” (cf. légifrance, loi de 1983sur les droits et devoirs des fonction-naires).Ilfallaitcreuser:pourquoilesfonctionnaires devaient-ils se taire ? Ces cas sont divers, mais ils ont comme point commun d’être des résistances individuelles, sans relai syndical. Lesmodalités d’action classiques (pétition, etc.) ne fonctionnent pas.

J’ai voulu dresser un portrait le plus large possible de cette désobéis-sance éthique, comme dit Elisabeth Weismann. Matelli ou Desportes sesont simplement exprimés. Casals a refusé d’appliquer les réformes de 2008del’éducationnationale,c’estuncran au-dessus. Matelli a commencé par publier sa critique dans une revue

scientifique, en tant que chercheur CNRS.SonarticleaintéresséRue89,et ilapubliéunetribune,c’estçaquia attiré les foudres de la hiérarchie. Concernant, la comparaison avec l’en-treprise, ce serait un reportage trèsintéressant, mais sans doute encore plus compliqué à réaliser !

Animateur : Supposant qu’unemployé d’une entreprise, en plusde critiquer en interne, aille dans la presse mettre le conflit interne à l’en-treprisesurlaplacepublique:évidem-ment,çanesefaitpas!Est-cequelecas de la fonction publique est un cas particulier ?

MB :Biensûr, l’entrepriseprivéeest soucieuse de sa réputation et de ses intérêts commerciaux ! Dans le public, lescontestatairesconsidèrentqu’ilestde leur devoir d’alerter sur un dys-fonctionnement d’un service public, ils n’agissent pas par plaisir, à preuve lespertesdesalairesubiesparBastienCasals.

Salle : Concernant l’entreprise,regardons les whistleblowers aux États-Unis. En France, les lanceurs d’alerte dénoncent des mesures gouvernemen-tales ; alors qu’aux États-Unis, leswhistleblowers dénoncent des scan-dales, des malversations. Evidemment, un salarié lambda ne peut pas s’ex-primer publiquement au nom de son entreprise. S’agissant d’un problèmede sécurité collective, par exemple des risques liés à l’industrie nucléaire, c’est autre chose. Concernant les fonction-naires, on voit bien cette contradiction

intime entre leur devoir et ce qu’on leur demande ou ce qu’on leur impose, comme on le voit avec les policiers qui truquent leurs chiffres.

Salle :Concernant l’instituteur, ila été sanctionné, non pour avoir parlé, mais pour n’avoir pas fait son travail. Il y a bien une différence de natureavec les cas Matelli et Desportes. Il fait peserunchoixpolitiquesursesélèves.

MB:Ilyabiendeuxtypesdecas.Au-delà de cette différence, on peut faire référence à la distinction faite par Stéphane Hessel entre la légitimité et la légalité. Le devoir, la légalité, c’est bien d’appliquer les réformes, ce que BastienCaslasn’apasfaitenrefusantle dispositif Base Élève. Ces “déso-béisseurs” - ils sont 3000 en France- considèrentque l’applicationde cesréformes est inique, c’est leur devoir de désobéir. Dans la loi de 1983, unarticle dit en gros qu’un fonctionnaire a le devoir de dénoncer ce qui lui paraît négatif. Je comprends bien sûr qu’on soit choqué de voir un fonctionnaire qui n’applique pas les réformes qu’on lui demande d’appliquer. Chacun peut se faire son opinion ; j’ai donné laparole à tout le monde. Vous avez vu l’inspecteur d’Académie de l’Hérault. Pour l’armée, c’était difficile, on n’a pas pu voir la DGGN, mais on a vu le ministreMorin.C’étaitassez“sympa-thique”commeentretien.

Animateur:Onpeutsedemandersi Bastien Casals a essayé de fairejouer des réseaux de syndicats d’en-seignants ; est-ceque c’est çaqui n’a

Le 18 janvier 2012 à 19h30 : Rencontre débat avec Marie Brunerie (1997-E)

Marie Brunerie, ancienne élève E97 à l’ENS de Cachan, a exercé comme PRAG avant de devenir journaliste. Son premier reportage a

été diffusé par Canal Plus en 2011. Le Club Normaliens Autrement nous a proposé lors d’une rencontre en janvier 2012 de voir ce reportage et de débattre avec son auteur à l’issue de la projection. A l’issue de la projection du reportage, la soirée s’est poursuivie avec un débat sur le sujet animé par Thibault HENRI, vice-président fondateur du groupe.

lEs anciEns élèvEs

Fonctionnaires, taisez-vous !

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pas marché ? Est-ce qu’il n’aurait pas mieux fait d’appliquer les réformes et de se battre de manière plus institu-tionnelle?Qu’est-ceque çaditde lasociétéfrançaiseentermesdecapacitéà se remettre en cause hors des modes de contestation éprouvés historique-ment (grèves, manifestations, actionscollectives qui s’appuient sur des corps intermédiaires) ?

MB:Nousn’avonspaspuinclurele volet syndical et la réponse d’Eli-sabethWeissmann. Leur réponse parrapport à l’action syndicale, c’est queCasals n’a pas eu d’autre appui que Sud ; les autres syndicats sont restéscrispés par rapport à ces formes de résistance-désobéissance. Les “déso-béisseurs”sesententcommedesovnispour les syndicats. Les médias leursemblent plus efficaces.

Il est vrai que la désobéissance éthique et la résistance civile indivi-duelle sont nouvelles en France. Les ministères ne comprennent pas etsanctionnent d’autant plus durement pour faire des exemples.

Salle : Est-ce qu’il n’y a pasune vraie différence culturelle entre la France et les États-Unis ? Le Watergatea fait tomberNixon ;alorsque l’affaire des fadettes du Monde ou l’affaire Karachi rencontrent un écho assez simple, les gens s’en moquent, il n’y a pas de commission d’enquêteparlementaire.

MB : Ce que je peux dire, c’estque la presse française joue son rôlesur l’affaire Karachi. On a l’impression que ça fait longtemps que ça dure,mais j’oseespérerque ça va finirparsortir !

Salle:Tuasévoquédesdifficultésdans la réalisation du reportage, pour-rais-tu revenir dessus ? Pourrais-tu nous dire également qui a commandé ou imposé le format de 52 minutes auquel tu fais référence ?

MB : Le format est celui de“Spécial Investigations” de Canal+,le même chaque semaine. C’est moi qui l’ai proposé à Canal+, comme on le fait habituellement avec la boîte deProd : on contacte les chaînesquisontintéressées.Pourcesujet,Canal+était un interlocuteur de choix, et spécialement l’émission “SpécialInvestigations”.On connaît le formatà l’avance ; ce n’est pas du tout une

questiondecensure;là,ona45heuresde rush, c’est 8 semainesdemontagepour arriver au résultat.

Les difficultés tiennent au sujet :faire parler les gens, les autorités, Matelli et Desportes sont charmants, mais il faut bien sûr les convaincre. Le sujetestcompliqué.Letournageamé-ricainaétébeaucoupplusfacile ; j’aitourné au Sénat. En France, impos-sible d’avoir la DGGN, la gendarme-rie, alors que mon propos n’est pas à charge. On est obligé de plonger dans les archives. J’aurais préféré que tous fassent comme Hervé Morin, même si onestpasséprèsduclash, lorsqu’il afait mine de ne pas comprendre et que j’aidûinsister.Ilprétendaitnepassesouvenir du cas Matelli qui avait été trèsmédiatisé.

Salle : Vous disiez qu’on a enFrance un problème pour passer parlesmoyensdecontestationsnoninsti-tutionnels. On peut penser à l’affaire Calas, à l’affaire Dreyfus ; Dreyfusétait passé par sa hiérarchie. Quand on passe par la presse, peut-être s’adresse-t-on à un autre destinataire, ce n’est pas une question de légitimité.

MB : Oui, ça me fait penser aupamphlet“Omertadanslapolice”quidénonçaitleracismeetlaxénophobie.C’est face au manque de réaction de sa hiérarchie qu’elle a publié son livre.

Salle : Comment se fait-il que lesoldat Manning soit emprisonné, alors que les whistleblowers sont encoura-gés ? Qu’est-ce qui fait que son his-toireestparticulière?Quepenses-tudufonctionnementdeWikileaks?

MB : Le casManning est un casextrême. Sa ligne de défense est ambi-guë. Il ne va jamais reconnaître qu’ila fourni des documents, mais s’il l’a fait, c’est un héros national. C’est l’ampleur des documents révélés qui justifie son traitement et la naturedes documents classés défense. Il a beaucoup souffert en prison, il a été transféré dans le Kentucky, il est enjugementpréliminaire.

La position de Julian Assange est très ambiguë : il ne le défend paspournepas lemettreendanger ; lessoutiens de Manning trouvent cette positionlégère,notammententermesde soutien financier, c’est vraiment le minimum syndical, alors que c’estcettehistoirequiafaitvivreWikileaks.

Les parallèlesÉtats-Unis/ Francenefonctionnentpastrèsbien.Maisonpeut noter que Matelli n’a violé aucun secret et n’a dévoilé aucun document confidentiel.

Salle : Les documents Wikileaksobéissent à une classification compli-quée et graduelle. Personne n’a été mis en danger par les documents de Manning. La vidéo “collateral mur-der”ne faitquecontredire laversionofficielle de l’armée américaine. Rien ne s’apparente dans le cadre d’une collaboration avec l’ennemi.

Salle : Pourquoi as-tu choisi deparler des États-Unis et pas seulement de la France ?

MB : C’est Canal+ qui a vouluqu’on élargisse en Europe (congrèsEuromil) et aux États-Unis. Ils ont eu raison, cette demande apporte un éclairage intéressant.

Salle :Tudisaisque lescollèguesdeCasals n’ont pas été sanctionnés ;il y a 3000 désobéisseurs, y a-t-il eud’autres retraits de salaire ?

MB:Casalsétaitdirecteurd’écoleet a refusé de renseigner le fichier BaseÉlève.Enrevanche,deuxdesescollèguesontrefuséd’appliquerl’aidepersonnalisée (qui revient à la sup-pression des Rased) ; elles n’ont pasété sanctionnées. C’est bien sa média-tisation qui lui a valu des sanctions ;mais il n’est pas le seul, même s’il est le plus sanctionné de France !

Salle : D’autres mouvements nesontpasmédiatisés :RobindesBois,défense des sans-papiers, contre-dîner dusiècle...

MB : J’aurais bien voulu parlerdesRobindesBois:lesagentsd’EDFqui refusent de couper le courant des familles qui n’ont pas payé leurs fac-tures. C’est une résistance individuelle. C’estvraiqueçafaitlongtempsqu’onn’en a pas entendu parler. J’aurais voulu parler aussi de la psychiatriepublique :mais les gensn’ontpasdutout voulu parler ; autre exemple :Pôle Emploi, omerta totale, personne ne parlait aux caméras.

Salle : C’est vrai que le mou-vement auquel participe Casals est beaucoup plus large. Je connais des enseignants qui n’ont pas été sanc-tionnés.Ilyavaitaussilaquestiondes

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Il est vrai que sous le prisme de l’optimisme post-révolution, on ne dis-tinguait que l’aspect bénéfique des évè-nements de janvier-février 2011. La confiance absolue vouée à l’armée est la première à être éprouvée, avec les répressions violentes exercées par les militaires ces derniers mois. C’est sur-tout le SCAF (Supreme Council of the Armed Forces) qui en prend pour son grade, accusé de vouloir garder le pouvoir. Puis, à son tour, la frater-nité copte/musulman, si présente au moment de la révolution, est remise en question à maintes reprises. Enfin, au milieu de tout cela, arrivent les (premières) élections (libres). À cinq jours du vote, un système d’élection par internet est instauré pour les égyptiens expatriés. Les jours de vote se dérou-lent dans un climat paradoxal : on se plaint de la gestion chaotique, voire partiale, des bureaux de votes mais on se félicite d’avoir voté. Les résultats tombent et peu à peu la complétion de Google propose « automne islamiste » à la suite de « printemps arabe » on

parle de révolutions volées et de menace islamiste venant prendre le relais des dictatures déchues, avec le souvenir de l’Iran des années 70 en arrière-plan. Les trente années de parti unique ont appauvri le paysage politique égyptien. Sans liberté d’expression, il est difficile de réellement développer un parti poli-tique. Mais les mouvements islamistes possédaient pendant tout ce temps une vitrine d’exposition sacrée à laquelle le gouvernement, aussi dictatorial qu’il fût, ne pouvait toucher : le prêche dans les mosquées, les écoles coraniques. Et pour parfaire le tout, il se trouve juste-ment qu’un diffuseur particulièrement puissant de l’extrémisme religieux est la médiocrité du système éducatif, médio-crité que le gouvernement s’est soi-gneusement chargé d’entretenir, voire de développer, pendant plus de trois décen-nies. Et c’est le même gouvernement, n’assurant pas son rôle dans les zones les plus pauvres du pays, qui a offert aux mouvements islamistes une dernière carte à jouer : le social. Un véritable réseau s’est développé, toujours prêt

à venir au secours des plus démunis. Nourriture, couvertures, vêtements, le tout distribué par des gens attentionnés et souvent... barbus. En face, du haut de leurs quelques mois, les partis libéraux font figure de « petits joueurs ». Quand on y repense maintenant, le résultat des élections est donc finalement moins surprenant qu’il n’y paraît.

Je pourrais difficilement me lancer dans une analyse de la situation actuelle du pays, j’ai déjà depuis plusieurs mois l’impression d’être littéralement dépassé par le flux et la complexité des évène-ments qui s’y déroulent. Je laisse donc la parole au passé, puissent ces quelques lignes décrire l’ambiance si particulière d’alors. Comme vous pourrez le consta-ter, ce texte (qui date de fin février 2011) n’avait pas vraiment vocation à être publié, certaines références et certains passages en arabe ne seront donc pas clairs pour tout le monde, mais j’ai estimé qu’il valait mieux le laisser tel quel (en dehors de certaines photos qui ne passaient pas à l’impression).

lEs anciEns élèvEs

mon voyage en Egypte (début février 2011)Ayman Moussa (2003-MATH)

évaluations nationales ; ça concernebeaucoup d’enseignants, par exemple à Toulouse.

MB : Toulouse a été pionnier,mais ça ne s’est pas passé comme çasur tout le territoire.

Salle : Question personnelle :pourquoi as-tu quitté ton poste de Prag pour devenir journaliste, com-bien de temps as-tu mis avant le pre-mier reportage ?

MB : J’ai toujours voulu deve-nir journaliste. J’ai suivi une bonnescolarité, consciencieuse. Mais à la

findemonengagementdécennal, j’aicommencé à publier sur Rue89 en2008,notammentsurlaprésidentielleaméricaine. J’ai été repérée par la Dépêche du midi qui m’a proposé d’écrireles“Chroniquesaméricaines”pour couvrir la campagne américaine sur le site internet. Ces activités m’ont permis de me faire la main et de construire un réseau, en parallèle demes deux dernières années d’ensei-gnement. Aujourd’hui, je suis auteurjournaliste réalisatrice, en CDD chezDreamWay.

Je garde un bon souvenir des mes années de Prag, mais je n’aurais pas

faitçapendantvingtansdeplus.Aladécharge de l’ENS, on m’a dit pendant quatreansdefaireunethèse,etpen-dant quatre ans, je me suis opposéeà cette idée. Bien sûr aujourd’hui, jeconseillerais aux élèves de faire unethèse!Maîtredeconférencesourien!Prag, c’est un peu de l’abattage... c’est épuisant.

Bref, j’airencontréunréalisateuret voilà le reportage. Je vais aussi sortir un bouquin sur la présidentielle américaine aumois de juin, qui trai-tera du camp républicain.

Rétrospective

Il y a un an, presque jour pour jour, je partais en Égypte pour un séjour que je ne suis pas près d’oublier. Après quelques jours passés au cœur du tumulte, je suis revenu à Paris, des images et des souvenirs débordant littéra-

lement de mon esprit. J’ai essayé tant bien que mal de canaliser le tout en un récit retraçant les quelques jours de révolution. Un peu étrange de relire ça à présent. Même si j’essayais de garder la tête froide à l’époque, il était dur de ne pas succomber à l’euphorie ambiante. Mon frère qui habite au Caire me disait, en décembre dernier : « Une révolution ce n’est objectivement qu’un changement brutal. Rien de plus. » Je lui réponds « Et rien de moins ! », et je lui parle du tyran emprisonné, des hauts responsables jugés, du système démocratique qui se met en place tant bien que mal. Il me répond “Regarde le pays. Tu trouves sincèrement que ça va mieux ? Ou bien juste que des choses ont changé, certaines en bien, d’autres en pire ?”.

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Pour qui ?

Ayant pris quelques notes surplace, je comptais écrire un bout detexte tout d’abord pour moi-même, pour ne pas oublier ce morceau de révolutionquejesuisravid’avoirvécu.Etpuisaussipour leségyptiensexpa-triés que je côtoie et qui, commemoi, ont connu la frustration de la distancependantcesjourshistoriques.Et finalement, comme on me demande souvent“Alors, commentc’était?”etque c’est dur de répéter plusieurs fois les mêmes anecdotes et les mêmes histoires, jepose tout çapar écrit, lisqui le souhaite.

Pourquoi ?

Jesuispartimardi8février2011,un peu sur un coup de tête. J’avais passé la semaine précédente scotchée sur internet, à suivre toutes les nou-velles que je pouvais trouver sur leschaînesarabesetlesjournauxfrançaisproposant du live-blogging. Avoir mal à son pays, c’est quelque chose de très particulier, que je ne souhaite àpersonne,etc’estvraimentcequej’airessenti pendant ces quelques jours(notamment les jours maudits des 2et 3 février). C’était très frustrantde devoir se contenter de nouvelles par téléphone ou internet interposé (et encore, ça n’a pas toujours étépossible !) alors que moins d’un mois avant j’étais au Caire. Je souhaitaisparticiper à tout ça plus activement,ça me tuait de rester assis là alorsque certaines personnes dormaient sur placedepuisplusieursjours.Jen’aieuabsolument aucun mal à trouver mon billet, on était une petite vingtaine de personnes dans l’avion. Ma seule inquiétude pendant le voyage, c’étaitd’imaginer que le mouvement allait s’essoufler, que le temps que j’arrivelesmanifestantsallaientabandonner;c’étaitcequisedisaitdanslesjournauxfrançaisentoutcas:laLibération qui affichait Jalila et Omnia titrait « La révolutioninachevée».J’étaistrèsloindem’imaginerquej’allaisarriverpileàtemps pour le dénouement !

L’avion arrive au Caire un peu en avance,maisbienaprès lecouvre-feu(qui débutait vers 20h00). Mais les voitures circulent encore et j’arrive àprendreuntaxi.Laroutejusquechezmoimemetdéjàdansl’ambiance:leschars dans la rue, les contrôles d’iden-tité qui s’accumulent lorsque l’on s’ap-proche de mon quartier...

Mercredi

Je me dirige le matin en direction de la place Tahrir, qui est au centre-ville.C’estuneimpressiontrèsbizarre,parce qu’il y a encore une fois deschars partout, mais les gens semblent circuler normalement comme si de rien était. À mesure que je m’ap-prochedelaplace,jecroisedeplusenplus de gens, surtout des jeunes, quidemandent leur chemin pour accéder à la place Tahrir : ils viennent pro-bablement d’assez loin pour ne pas connaître ce carrefour qui est l’un des plus grands au Caire. Je rentre dans l’avenue Talaat Harb où la circulation est tout simplement bloquée et plu-sieurs barrages son installés, constitués de vieilles tôles, voitures brûlées, un peu tout ce qui passait par là et pou-vait servir à fermer l’accès. En tout,j’ai droit à 3 contrôles d’identité (onvérifie essentiellement ma profession sur ma carte d’identité), et 2 fouilles. Tout ça est organisé par des jeunes,entre 20 et 30 ans, en général assez costauds, mais qui se confondent en excuses à chaque fois et sourient avec gentillesse en me tapant sur l’épaule, commepourdire“mercidevenir”.

J’arrive enfin sur la place, que jene reconnais plus. Il est environ 11h, elle est remplie, mais on a largement la place pour circuler (ce qui ne sera plus le cas quelques heures plus tard). Au bout de quelques mètres, une jeunefemme me tend un bout de basboussa, une autre un biscuit, et insiste plu-sieursfoispourquej’enmange.Ellesse baladent partout dans la place avec deux sacs remplis de nourriture et distribuent à qui veut. Ce n’est pas du toutuncomportementisolé:lesgensapportentàmangerà tousces jeunesqui tiennent le siège depuis mainte-nant deux semaines. Je me sentais con les mains vides, j’ai donc achetéà boire et j’ai distribué ça comme jepouvais.

L’ambiance sur la place est diffi-cilement descriptible. On a l’impres-sion d’être à la Fête de l’Huma, plu-sieurs stands sont installés à droite et à gauche... mais tout ça aumilieude chars, de militaires, et de grandes photos des martyrs des deux der-nières semaines. Parmi eux, un jeuneenfantdedixansqui,aprèss’êtrefaitrecoudre la moitié de son crâne avec lesmoyensduborddansl’hôpitalins-tallé sur la place, est reparti au front dans la foulée, pour finalement mourir d’une balle dans la tête.

On croise de temps en temps des cortègesdecorporations:icilesavocatshabillés en robe de tribunal, hurlants

là des pharmaciens tous habillés de leurs blouses, derrière des barbusscandantdes“Dieuest leplusgrand,ilnousamèneraàlavictoire”.

Les différents stands servent de tribune à qui veut. Peu après monarrivée sur la place, une femme voilée montesurunedesscènesets’adresseaux jeunes d’Égypte en leur deman-dant pardon. Pardon au nom de toute sa génération d’avoir laissé un tel régime s’installer sans avoir eu le cou-rage et la force de protester comme le fait la jeunesse aujourd’hui. Elle lesremercie aussi de leur dévouement et pleure en leur disant la fierté qu’elle ressentd’êtreégyptienneaujourd’hui.Sur un autre stand un saïdi (habitant de la Haute-Égypte), habillé de sabelle gallabeya aux manches ampleset à la longue fente au torse, prend le micro et de sa voix rauque et son accent caractéristique explique “Moubarak a plus de 40 milliardsdedollarsetmoi jene trouvemêmepas à manger pour ma famille !”. Ilmarque un temps et reprend de plus belle : “Mais 40 milliards de dol-lars ! Vous vous rendez compte ? 1 milliard de dollars ça veut dire centmille dollars ! Ça veut dire que c’est énorme!”.Fouriredel’audience,surl’erreur du pauvre bougre qui sous-estimait le vol du raïs.

United People of Egypt

En me baladant dans la place, je réalise à quel point la foule estvariée. Il faut savoir, qu’à chacun de messéjoursenÉgypte, jenevoispasun seul et unique type d’égyptien. Ily a bien sûr ma famille, que je vaismettre dans le groupe des égyptiensaisés, qui au final ne manque de rien. Il y a mes amis du lycée français, lajeunesse, encore une fois raisonna-blement friquée et moderne, colorée decet indéniableparfumoccidental :parle français, étudie en anglais...Toujours issues du lycée, il y a lescliques des (lire“yaaaay”), lesboboségyptiennes(jemetsçaaufémi-nin, mais ce n’est pas exclusif), à 1km desréalitésdeleurpays(bonmoij’ensuis à 200 mètres disons), qui trou-vent banal de claquer 1000LE en une

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soirée, et se pavanent en permanence avecdesD&Gsurlesyeux(Jalilafaisgaffeàtonstyle ).

Mais fort heureusement, qui vit au Cairecroisedesgensplusmodestes :le “bawab” (gardien de l’immeuble)par exemple, chez nous c’est l’ado-rable Ali, qui insiste systématique-ment pour porter mes bagages à mon arrivée. Il y a les marchands de foulet de jus de fruit, juste à côté dela maison, où je passe me ravitaillerrégulièrement parce qu’on ne trouverien de tel dans cette ambassade de la gastronomie qu’est censée être Paris ! Il y a aussi les chauffeurs de taxi,souventde jeunesdiplômésayantfaitjusqu’à5annéesd’étudesaprèslebacpour se retrouver bloqués 8 heuresparjourdanslesbouchonsduCaire...MaistoutescesÉgyptesneserencon-trentpas,oupeu : cene sontpas lesmêmes mondes. Quelle surprise alors, à Tahrir.

Un mélange improbable et pour-tant... pourtant les gens discutent, chantent et manifestent ensemble. Alors bien sûr, c’est artificiel. On ne verrapasde sitôtunepairedeD&Gdescendre chez le shabrawi du coin pour demander un c’est sûr.Maisça faitdubiendevoirtout ce monde se parler et s’unir au nomdel’Égypte.Lesmélangesdépas-sentd’ailleurslesdistinctionssociales:religions, âges, sexe, tout le monde.

Nombre de chrétiens et de musu-lulmans, se tenant d’une main, un Coran et une croix dans l’autre. On me raconte qu’un barbu, discutant avec un chrétien sur la place lui aurait dit en le quittant:

La Nation, les deux religions domi-nantes unies, le Peuple dans son ensemble ont fourni quantité d’images symboliquestrèsfortes.

Sourire

Unpeuplustarddanslajournée,demanière complètement inattenduejecroisePierreWassef,égyptienvivantàParisetquejen’avaispasvudepuisplusieurs années. Il est ravi de voir le peuple se réveiller. On se balade de stand en stand pour découvrir des slogansetdespancartestoujoursplusinventivesetdrôles:

Navré que cela ne soit pas réel-lement traduisible, il se trouve que plusieurs hommes d’État égyptiensportaient des patronymes aux signi-fications assez ironiques à la vue des revendications du peuple : “Futé”,“Cher”, “Le Juste”, “Propre” ouencore “Heureux”. Beaucoup d’en-fants sont présents sur la place, ame-nés par leurs parents. Quel souvenir cela va leur faire d’avoir vécu celasi jeune ! À plusieurs reprises j’ai puen voir, sur les épaules de leur père,

entourés par une foule repre-nant les slogans qu’ils scandaient péniblement de leur petite voix. Pierre, qui a connu mai 68 enFrance, retrouve cette ambiance de révolte, mais arrosée d’orient et d’humour égyptien. En yrepensant, on a du mal à croire qu’une semaine plus tôt des gens mouraientici.Ilyabienlagaleriedes martyrs dont je parlais plushaut pour nous le rappeler, mais tout cela s’estompe face aux cris et aux annonces qui rivalisent dans la place

D’autres se prêtent mieux à la tra-duction (pour que tout le monde en profite) comme le fameux bonhomme à la pancarte “Moubarakbarre-toi, tuvois bien que j’ai mal au bras”, ouencore l’écolier qui affichait sur un petitboutdepapier:“Çasuffit,j’aiplusd’encre”.Minede rien, enFrance,oùle droit de grève et de manifestationest un symbole culturel comparableen banalité au camembert, je perçoisrarement autant de créativité (pensez au sketch des Inconnus ).Bon, c’estsûr, l’enjeun’estpas lemêmepuisquel’Égypte (re)découvre le droit à laparole,aprèsplusde30ansdesilence:même avant Moubarak les manifes-tants n’ont jamais été les bienvenus,que ce soit sous Sadate ou Nasser si je ne m’abuse. Et toute cette salivedémocratique accumulée a trouvé en l’humourégyptienlaplusbellemanièredes’exprimer,j’enveuxpourpreuvelaperformance mémorable de Mr Nana, que l’on peut encore retrouver sur la toile.

Jeudi

Je retourne sur la place, vers 11h, je croise des manifestants dans lecentre-ville, cette fois-ci assez éloignés de Tahrir. Dans le métro, les gens s’en-gueulent, tout le monde n’est vraiment pas d’accord avec les manifestants de la place Tahrir. Pour certains, même anti-Moubarak dans leur conviction, cela a assezduré,lepaysetlespersonneslesplus instables économiquement souf-frent trop de la situation. Il faut lâcher le morceau. Pourtant en arrivant sur la

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place, il est facile de comprendre qu’il y a très peu de chance pour que lesgens partent. Ils sont installés partout, avec tentes et sacs de couchage et sont ravitaillésenpermanenceparles“exté-rieurs”quiamènentàboireetàman-ger. Quand je pense que j’avais peurque tout cela ne s’essoufle le temps quej’arrive!J’attendsmamèrequiestcenséeme rejoindre, elle n’a toujourspas vu la place. Il commence à pleuvoir légèrement. Les gouttes s’épaississentet on a l’impression que la pluie ne tombe que sur la place Tahrir. La pluie augmente peu à peu, et on se prend une douche comme je pensais n’enprendre qu’à Paris, des “Dieu est leplusgrand!”fusentdepartout,remer-ciant le ciel, ce n’est certainement pas la pluie, si rare ici, qui ferait partir les gens. Ma mère arrive finalement, jevais la chercher et repasse avec elle les contrôles. Encore une fois, beaucoup de respect et de gentillesse à chaque fouille, et que d’excuses ! Ce n’est pas la première fois que je vais avec mamère au centre-ville. Je l’accompagneparfois, pour des courses ou autre dans le coin. Et en général on n’échappe pas aux regards interrogateurs : unefemme, d’âge mûr, non voilée, peau claire, cheveux courts, ce qui sort un tant soit peu de la norme apporte toujours son lot de curiosité. Maispas aujourd’hui, pas ici. C’est commesi tout d’un coup, la “norme” s’étaitréduite au simple fait de posséder une carted’identitéégyptienne,assurantlepassageducontrôle.Aprèsça...toutlemonde est logé à la même enseigne. On passel’après-midiavecmamère,àdis-cuteravecunvieilhomme,dusystème,desabus;luinousparledesonfilsquia fait des études brillantes, mais n’a pastrouvéd’emploiàsajustevaleuràcause de la profession modeste de son

père (schéma tellement classique ici).Avant ledépartdemamère, j’ai justele temps d’immortaliser ces quelques minutessommetoutesurréalistes:

Jeretrouvemoncousinpeuaprèsqui vient ici depuis le début des mani-festations. On est en fin d’après-midiet de plus en plus de rumeurs cir-culent sur le départ du président et la prise du pouvoir par l’armée. On auraitvuplusieurshélicoptèresatterrirau palais, signe d’un déménagement imminent. Le conseil militaire a eu lieu aujourd’hui, sans la présence duraïs, encore un signe. Comme je meméfie beaucoup des rumeurs circulant durant les manifs (à Paris, lors de la premièremanifestation,unbonhommenous avait soutenu dur comme fer que leprésidentétaitparti,c’étaitle28jan-vier...). Mon cousin me fait aussi part de ses inquiétudes : si les gens cèdentà de telles rumeurs et quittent la place d’ici le lendemain, les militaires pour-raient rentrer et la place serait perdue.

Je décide de rentrer chez moi pour regarder les infos. En sortant de la place, je retrouve Adham, un ami dulycéequiatrouvélebonfilonetsertdetraducteur aux journalistes de FranceInfo/Inter, je faisunepetite interview,puis je prends un taxi. On est jeudisoir,veilleduweek-endenÉgypte,vers20h30,etlesruesduCairesontvides:jesuischezmoien20minutes,inespéréd’habitude, encore cette impression de surréel...Àpeinearrivémonpèrem’an-nonce qu’un discours va être fait, mais il a encore été repoussé d’une heure. À ce stade je suis persuadé que ladélivrance est proche et que le discours sera bel et bien un discours d’adieu. Je mange un bout et je redescends verslaplace,jegalèreunpeuàtrouverun

taxi (couvre-feuquandmême),et j’ar-rive finalement. Je retrouve (non sans peine, la place est vraiment bondée) Adham et les journalistes au centrede la place. Les chansons fusent de partout. Certains airs me rappelleront à jamaiscesheuresquiprécédaient lediscours:

etmapréférée(surl’airde“joyeuxanniversaire”):

Puis tout d’un coup le silence s’ins-talle à peu près dans la place et lediscours commence. Le haut-parleur à côté duquel nous sommes situés n’est pas clair du tout, on comprend un mot sur deux. Un journaliste présent surplace avec une oreillette lui transmet-tant le discours, le répète en différéen criant. Il annonce la couleur de la phrase prochaine en mimant de plu-sieursclaquessursajouequec’estunemauvaise nouvelle. Encore un moment assez incroyableoùnousétionsblottisles uns contre les autres à écouter sage-ment le discours crié au fur et à mesure. Avant d’annoncer que le raïs ne compte pas partir, le journaliste lâche l’équi-valent d’un “putain !” en arabe 1 ; ilse confond en excuses (tout le monde rigole), puis termine le discours qui annonce encore une fois que le prési-dent,même s’il délègueunepartiedeses pouvoirs, reste en place jusqu’à lafin de son mandat. Un des manifestants que j’avais déjà vu hier et qui sembleêtrelàdepuisunmomenthurlejusteàcôté de moi un

(“dégage !”), qui retentit danstoute la place et est quasiment repris par tout le monde simultanément. Frissons. Peut-être un des moments les plus impressionnants de ces quelques jours.Les cris étaientmaintenant ani-més de colère. Un ami de Adham,qui dort ici depuis deux semaines, se

1. Il faut savoir que les “gros mots” ont une portée autrement plus violente en arabequ’en français, c’était donc surprenant d’en-tendre un journaliste hurler ça !

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tourneversnousetnousdit“C’estfini,iln’yaplusd’autresolutionqued’alleraupalaisprésidentielmaintenant”.Unpeu plus tard il racontera à Adham avoirreçuunappeltéléphoniqued’unhaut gradé de la police (ou des rensei-gnements)luidisant“Onsaitquitueset ce que tu fais depuis trois semaines, et on sait que c’est pour le bien du pays. Mais maintenant ça suffit, vouspartez.”Toutçaétait finalementassezinquiétant : est-ce que l’insistance deMoubarak ne va pas finir par user la patience du peuple ? Cette révolution, si pacifique dans l’esprit des mani-festants, va-t-elle se transformer en bataillerangéejusteparcequ’unvieuxcroûtonde82ansestaussi têtuqu’unenfant ? Est-ce qu’on va encore avoir le droitàdesjournéessanglantescommeles 2 et 3 février ? En y repensant,c’est fou comme tout cet enchaînement d’évènementsétaitimprévisible,mêmed’un jour sur l’autre, il était vraimentimpossible d’imaginer comment tout cela allait se passer. On se dirige fina-lement vers la sortie, non sans mal, du côté de Zamalek. Au bout de 20 minutes, je trouve enfin un taxi pourme ramener chez moi (pas évident avec le couvre-feu), mais le pont du 6 octobre est fermé dans le sens de lamontée, je revois encore le taximedire “accroche-toi” avec un sourire,et prendre le pont en sens inverse sur plusieurskilomètres...

Mabrouk

J’arrive sur la place peu avant la prière.Laplaceétaitvraimentbondée,d’un côté des gens qui prient, de l’autre côté un prêche, on est forcément pris en sandwich entre 4 et 5 personnes en permanence, de gros bouchons humains se forment autour des gens qui sont en train de prier et qu’il ne faut surtout pas déranger. Au milieu de toutçaj’arriveàretrouverJalilagrâceà sa superbe pancarte-verte-qui-se-voit-bien sur laquelle on peut lire I believe YOU can fly (quel bon slogan)(c’estvraiment bien trouvé)(je ne sais pasqui a eu cette idée)(c’est sûrement un typetrèsdrôle).Aumomentoùj’arrive,Jalilasefaitinterviewerparunjourna-liste mexicain, entourée de gens (c’est ça d’être une star). On reste encoreun peu sur la place, mais globalement on est assez découragé de voir qu’en cevendredi laplaceTahrirrelèveplusdu parc d’attractions qu’autre chose. Peut-êtrequelesdeuxcortègessediri-geantrespectivementverslesiègedela

Télévision et le Palais Présidentiel, ont un peu épuisé le vivier de manifestants “sincères”?Untroisièmecommuniquémilitairealieu,annonçantque“l’arméese portera garante des promesses du président” (changement de la consti-tution, élections démocratiques), c’est rassurant pour le peuple qui a une confiance absolue en l’armée, mais pas suffisant pour refroidir les mani-festants. Un autre communiqué est annoncépour la finde la journée.Unpeulassés,onvadéjeunerdansuncafépasloindelaplaceensuivanttoutçaàlatélé.Jepasseaprèsparchezmoi,enmedisantquejeretourneraiàlaplacele soir... et alorsque je viensd’arriverà la maison, j’entends des cris et deshurlements dans la rue. Un peu comme quand on gagne la Coupe d’Afrique, mais en bien plus fort. Et ouais, il a enfin lâché le morceau. Je descends dans la rue, pour me retrouver au milieu d’une euphorie peu descriptible.

(lire mabrouk), littéralement “félicitation”, c’est le mot qu’on uti-lise à l’occasion d’une naissance, d’un mariage ou de l’achat d’une nouvelle voiture.Cesoir-là, jepensequecefutle mot le plusprononcé au Caire et dans toute l’Égypte.Lesgens se saluent, sefélicitent, s’embrassent dans la rue. Des milliers de voitures klaxonnent, toutes décorées de drapeaux, fenêtres grandes ouvertes, les passagers à moitié dehors criant leur joiedetoute leurgorge.Jeconvaincs un taxi de m’emmener sur la place Tahrir, mais au milieu du pont du 6 octobre la circulation est com-plètement bouchée : les gens se sontgarés au milieu du pont et marchent directementjusqu’àlaplace.Jerejoinsle cortège de milliers de personneseuphoriques,lelongdupont,jusqu’àlaplace. Les barrages ont été enlevés, les gens se photographient sur les chars, acclament les militaires. Je retrouve le mêmegroupedejeunesdelaveille,aumilieu de la place ou quelques acteurs et actrices célèbres, sont aumilieu entrain de danser et de chanter avec les gens de la rue. Je reste encore une petite heure sur la place à profiter de l’ambiance en “nageant” comme je lepouvais dans la foule avant de retrou-verAhmedpour rejoindre des amis àlui sur une péniche, plus bas sur le Nil.

The end

La fin de mon séjour a naturel-lement été moins survoltée, même si l’ambiance révolutionnaire était tou-jourspalpable:présencedesmilitaires,

chansons patriotiques tournant en boucle sur les radios, drapeaux flot-tants sur les voitures... Je suis retourné àTahrirunefoisoudeuxparlasuite;dès le lendemain les manifestants dela veille sont revenus, sacs poubelles et balais en main pour tout nettoyer.Même les trottoirs furent repeints. De beaux gestes, c’est sûr. Rare qu’un peuplerévolténettoiederrière luiunefois le résultat obtenu. Rare que les Égyptiens prennent soin de leur paysde la sorte. Naturellement la question de l’éphémérité de ce comportement citoyensepose.Neva-t-onpasretrou-ver nos bonnes vieilles habitudes anti-citoyennes et pro-pollutives sitôt cettepériode de crise passée ?

Évidemment, il est illusoire d’es-pérer un changement radical de com-portement.Mais s’il y a bien quelquechose que je peux retenir de cesquelquesjours,c’estqu’unpeuplepeut surprendre. Surprendre ses dirigeants. Surprendre la planète entière.Et sur-tout se surprendre lui-même. Alors, pourquoi ne pas espérer une réelle évolution citoyenne dans notre pays ?Le peuple égyptien a repris son droitde parole, s’est exprimé et a obtenu sa revendication principale. C’est peut-être le plus important, car c’est un avertissement clair à tout autre despote qui tenterait de revenir s’endormir sur son trône pendant 30 ans. Pour la première fois, l’Égyptepossèdeunex-président encore en vie et beaucoup de grosses fortunes corrompues du gou-vernement sont en train de tomber. Si on assiste réellement à l’aube d’une nouvelleÉgypte,jemesensincroyable-ment privilégiée d’avoir pu admirer ces premiersrayonsdelumière.

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Un an après la révolution tunisienne :entraves et espoirs à l’université

triBunE liBrE

Les Tunisiens ont élu le 23 octobre dernier les membres de l’Assemblée Nationale Constituante qui a pour mis-sion de donner une nouvelle Constitution à la Tunisie libérée du régime totalitaire et corrompu de Ben Ali. Le

grand vainqueur de ces élections libres, démocratiques et transparentes, est le parti islamiste Ennahdha qui avait subi la répression de l’ancien régime et auquel appartiennent la majorité des membres du gouvernement en fonction depuis un mois, dirigé par son secrétaire général Hamadi Jebali.

Quelques jours après le résultatdes élections, celui-ci avait déclaré à sesmilitants:«Mesfrères,vousvivezun moment historique, un moment divin, une nouvelle étape civilisation-nelle si Dieu le veut dans le 6ème

Califat » ce qui avait provoqué un tollé dans le pays. La mise au pointvoulant limiter la portée de ces propos peut difficilement être convaincante étant donné la précédente référence au califat de la part du président d’En-nahdha, Rached Ghanouchi lors d’une interviewàlatélévisionégyptienneenaoût dernier.

Cette vision politique n’est pas partagée par l’ensemble de la classe politique tunisienne. Une grande proportion d’universitaires défend les valeurs universelles des droits de l’homme et militent pour leur respect. C’est par réaction à cet attachement que des extrémistes, défenseurs auto-proclamés de la religion, ont orchestré une campagne calomnieuse dans cer-taines mosquées contre des respon-sables universitaires. Depuis plusieurs semaines, une trentaine de salafistes bloquent le fonctionnement de la Faculté des Lettres de La Manouba, etveulentimposerl’accèsd’étudiantesen niqab dans les cours et les salles d’examens. Le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur, membre d’Ennahdha, ne s’empresse pas de résoudrecesproblèmesquimettentendanger les espaces consacrés au savoir. Les autorités publiques n’ont pas non

plus manifesté la volonté claire de poursuivre les auteurs des agressions à l’encontre d’universitaires et de jour-nalistes le 23 janvier, lors du pro-cès d’une chaîne de télévision privéepoursuivie pour « atteinte aux bonnes mœurs et aux valeurs du sacré » suite à la diffusion du film « Persépolis ».

Ces faits sont la démonstration de militants de partis religieux qui ont défini un projet islamiste de ges-tion des affaires politiques du pays.En réalité, ils ne défendent pas l’is-lam, mais une conception d’un état islamique, non prévu par le Coran ou la Sunna. Ils veulent instaurer le califat, une pure création historique et comme l’écrit le penseur marocain AdouFilaliAnsary,«uneviolence…faite à la communauté, à la religion, à la raison ».

Face à cet extrémisme, la socié-té civile résiste et soutient qu’il ne saurait y avoir un état démocratiquesans la séparation du politique et du religieux. Elle n’est pas prête à se laisser confisquer la liberté d’expres-sion qu’elle a retrouvée après le 14janvier. L’université avait été privéedepuis plusieurs années des libertés académiques et avait subi la censure systématiqueduministèrede l’Ensei-gnement supérieur qui exigeait des conférenciers invités qu’ils lui adres-sent à l’avance le texte de leurs inter-ventions. Aujourd’hui, un importanttravail de réhabilitation de l’Université

doit être opéré. Une première étapea été franchie en juillet dernier avecl’élection, pour la première fois dansl’histoire de l’université, des directeurs des établissements d’enseignement supérieurjusque-làchoisisetnomméspar le Ministre de tutelle.

Malgré les entraves répétées depuis la rentrée universitaire par les courants extrémistes et la réaction plutôt complaisante du ministère,l’université tunisienne bouillonne de discussions, de débats, de nouvelles initiatives… Des colloques et sémi-naires ont eu lieu, d’autres sont pro-grammés,ilssontdéjàlamanifestationde la liberté acquise par la révolution tunisienne et portent l’enthousiasme des enseignants et chercheurs avides de rendre visible la rupture avec l’an-cien régime sécuritaire.Les collèguesétrangers pourraient contribuer de manièreactiveen venantparticiperàces manifestations scientifiques et en décidant d’organiser en Tunisie des rencontres scientifiques et culturelles internationales. Le monde universi-taire s’épanouit par l’échange et les rencontres.Ilestessentielaujourd’huide les favoriser dans le sens sud-nord par l’accueil de jeunes chercheurs etde professeurs et dans le sens nord-sud par la volonté de créer un espace commun de débats, de recherche et d’innovation.

Faouzia Farida Charfi

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nos collèguEs puBliEnt

Les derniers livres et revues publiés par des enseignants et chercheurs de l’ENS de Cachan

énErgiES mArinES rEnoUVELABLES : ASpECtS générAUx, éoLiEn, mArémotEUr Et hydroLiEn (VoLUmE 1)

Parule:26août2011-Editeur:HermesSciencePublications-Collection:EGEMISBN:978-2-7462-2597-8

rEgArdS CroiSéS SUr L’éConomiE : “poUr Sortir dE LA CriSE dU LogEmEnt”

Parutionenmai2011auxÉditionsLaDécouverte,287p.

Cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Bernard multon, professeur des universités à l’ENS Cachan - Bretagneet chercheurau seinde l’équipeSETEdu labo-ratoire SATIE.

Les énergies marines renouvelables constituent un gisement considérable pour produire de l’électricité et si certainestechnologiesdeconversionontdéjàatteintuncer-tain niveau de maturité, d’autres sont en pleine émergence.

L’originalitédecetouvragetrèspluridisciplinaire,pre-mier d’un ensemble de deux volumes, est d’offrir un large spectre de connaissances issues de spécialistes d’origines

La revue Regards croisés sur l’économie - éditée par La Découverte - est animée par de nombreux élèves, anciens élèves et professeurs de l’EnS Cachan. Elle est par ailleurs officiellement basée à l’École.

Comment permettre à chacun d’avoir un toit ? Qu’est-ce qui détermine les prix de l’immobilier ? Faut-il à tout prixinciterlesFrançaisàdevenirpropriétaires?C’estàcesquestions que s’attaque ce numéro de Regards croisés sur l’économie,dansunesynthèseuniqueetaccessibleàtous.

La crise du logement est multiforme : envolée histo-rique des prix, ségrégation rampante, inégalités croissantes. Lepremierobjectifdecenuméroestd’endresserleconstatclair et rigoureux. Face à la crise, les politiques publiques restent peu efficaces : les aides aux locataires s’avèrent

variées. Sont ainsi traités les aspects aussi généraux que les spécificités et contraintes de l’environnement marin, desnotionsd’hydrodynamiqueetdegénieocéaniqueetlesvolets industriels et économiques nécessaires au montage deprojets,maiségalementdesaspectspluspointus,commeleséoliennesoffshore,lesusinesmarémotricesetleshydro-liennes. Ce volume est complété par un autre ouvrage qui traite des houlogénérateurs, de la conversion de l’énergie thermique des mers, des chaînes de conversion statique (fondée essentiellement sur l’électronique de puissance) et des câbles sous-marins de collecte.

Ensavoirplus:http://www.lavoisier.fr/livre/h2597.html

souventcontre-productives;lesincitationsfiscalessemul-tiplient sans être évaluées ; la politique de la ville est unéchec. Comment sortir de cette impasse ? Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’augmenter l’offre de logements, mais comment construire, où, avec quels financements ? Leseffortsontjusqu’àprésentétéinférieursauxbesoins,etonatroppeuréfléchiàlafaçondontunmeilleurapparie-ment entre les logements et leurs occupants pourrait alléger lapressionfoncière.

Pour sortir de la crise du logement, ce numéro fait contribuerlesmeilleursspécialistesfrançais,quiformulentdespropositionsconcrètes,précisesetambitieuses.

Plusd’informationssur: http://www.rce-revue.com/?-Pour-sortir-de-la-crise-du

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nos collèguEs puBliEnt

PhilippeArquès(1960-B)publiechezHermann:

L’Air ? L’EAU ? L’énErgiE ? LA poLLUtion ?toutcequevousaimeriezsavoirsurladémographie,lapollutionetleréchauffementclimatique

Évidente ou insidieuse, la pollution porte atteinte à la qualité de l’air et de l’eau que nous assimilons. Peut-on vivre sereinement sans le nucléaire et sans la bougie ? Quelle puissance chacun d’entre nous doit-il consommer pour son bien-être ? Quelles sont les mesures susceptibles de maintenir ledéveloppementéconomiquetoutenpréservantlesécosys-tèmesetenréduisantlesdésordres?C’estàcesquestionsquelecontenudecelivretentederépondre.Grâceàuneanalysedesphénomènesqui sedéveloppent surnotreplanète, à laprésentation de leurs conséquences et des solutions actuelles ou prévisibles, cet ouvrage intéressera les étudiants, techni-ciens et ingénieurs qui travaillent dans ces domaines, le res-ponsable économique ou l’homme politique qui doit prendre des décisions déterminantes pour la communauté, mais aussi le lecteur curieux d’approfondir sa connaissance du monde.

CONtENu

LaVIEestcaractériséepardesparamètresfondamen-taux comme le taux de naissance par femme, l’espérance de vie, le taux de mortalité, le taux d’alphabétisation, etc. qui varientd’unpaysàl’autre.

Troisélémentssontnécessairesà lavie : l’air, l’eauetl’énergie.

•L’air propre chimiquement et physiquement est indis-pensable pour la respiration.

•L’eau,proprebactériologiquementetphysiquementestnécessaireàl’hygièneetàl’alimentation.

•L’énergie sous une forme utilisable permet d’assainireau et nourriture, de fournir les éléments de confort indispensables et d’accroître la pollution.

•La pollution tente de rendre inconfortable ou deréduire la vie.

L’incertitudedel’avenirestliéeauxpaysendéveloppe-ment dont l’émergence industrielle sans précaution risque d’aboutir à des émissions importantes de gaz carbonique et d’autrespolluantsavecdenombreusesconséquences:effetde serre, trou d’ozone, nuages bruns, sinistres climatiques. Pourréussirleurdéveloppement,cespaysdoiventnécessai-rementatteindreunseuilquipourl’ensembledelaplanètereprésente une production d’électricité de plus de 1 000 mil-liardsdeWatt.Actuellement,cetteproductionnécessitelaconstruction de plusieurs centaines de centrales électriques depuissanceavectouslesproblèmesdepollutionetd’envi-ronnement inhérents à ces centrales. Centrales qui doivent comprendredessystèmesdeproductiondepuissanceélec-triqueet/oumécaniqueaveclesmachinesquisontdécritesdans cet ouvrage.

Il est donc important de développer l’élaboration et la diffusion des connaissances sur l’ensemble de ces phéno-mènesetsurlesmachinesthermiquesetélectriques.C’estl’objectifdecetouvrage.

LES motS dE L’EntrEpriSECollectiondirigéeparMarlèneCoulomb-Gully.ISBN:978-2-8107-0141-4-ISSN:1629-5374-CodeSodis:F351427

François Coulomb (1979-d2)

nos collèguEs puBliEnt

Chaîne de valeur, empowerment, certification, repor-ting,yieldmanagement : lesmotsde l’entrepriseméritentassurément d’être décodés, définis, voire tout simplement traduits pour certains d’entre eux (un lexique franco-anglais figure dans l’ouvrage).

L’économie,lagestion,l’histoire,lasociologieetlapsy-chologie sont convoquées tour à tour pour donner sens et

vie à ces termes. Ce périple critique dans l’entreprise et son jargonconvieaussi le lecteurà revisiterquelquesgrandesproblématiques parmi lesquelles les enjeux de la gouver-nance, la question des performances, la prise en compte de l’environnement, les souffrances au travail.

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lE carnEt

Nominations

Au conseil des ministres du 8février 2012, Jean SArrAZin (1968-A’’1) a été nommé conseiller maître en service extraordinaire à la cour des comptes sur proposition du Premier ministre.

Au conseil des ministres du 21 février 2012, Christine gAVini-ChEVEt (1987-d3), maître de conférences, a été nommée directrice des relations européennes et interna-tionales et de la coopération.

Décès

Nousavonsétéinformésdudécès,le 7 avril 2011, de Jean ALZingrE (1958-B).

LeMondeapubliél’avisdedécèsde michel ArroUAyS (1963-F), sur-venu le 26 mars 2011 dans sa 71ème année,«agrégéd’anglais,ancienélèvede l’ENSET, ancien maître de confé-rence à l’ENS de Saint-Cloud, à l’École polytechnique et à l’Institut d’étudespolitiques de Paris, ancien responsable de TEMPUS France, ancien secrétaire général de l’Association des professeurs de langues vivantes, ancien vice-pré-sident de la Fédération internationale des professeurs de langues vivantes. »

Francine RICHE (1945-EF) nous apprend le décès de Edouard ASpEELE (1945-A1) survenu le 28mai 2011.

Suite au retour du courrier postal, une recherche sur Internet a abouti à unavisdedécèspubliédansSud Ouest le 7 février 2011. Suzanne Boiry,

née dongiEU (1948-F) « a rejointson fils Marc et son mari André ». Unebénédictionaeulieule8février2011 en l’église de Saint-Martin-de-Seignanx.

SuzanneCHABRIOL-VAUTHIER(1948-D) nous signale que sa cama-rade de promotion Simone dUmAS, née LéVignE (1948-d) est décédée le29juillet2011àPoitiers.

Lucienne DURANDEAU (1946-EF)nousavisedudécèsdesonbeau-frère pierre dUrAndEAU (1933-A1) survenu le 26 mai 2009 dans sa 97ème année.

Ses filles, Geneviève GRANDINet Hélène GRANDIN-BETHMONT,nous ont fait part du décès de leurmère Jeannine FLohiC (1945-F) survenu le 13 décembre 2011.

Jean-Claude GARRIC (1963-A’1) signaleledécèsdesatantemarguerite gArriC, née AVriL (1940-C) le 4 mars2007àSãoPaulo(Brésil).

Nousavons ludans le journalLe Monde du 1er décembre 2011 l’an-noncedudécèsdegérard hArdin (1955-F). Il fut pendant de longues années professeur d’anglais à l’École Nationale de Commerce de Paris (70 BdBessières,Paris17e).

Maurice RESSAYRE (1956-D) et Christiane nous ont fait part du décès de paule LUAUté (1949-A2) survenu le 30 novembre 2011. Les obsèques ont été célébrées le7 décembre 2011 à CHASSEMY près de SOISSONS dans l’AISNE.« Elle débuta sa carrière en 1951 àCHARLEVILLE (CHARLEVILLE

et MEZIÈRES ont fusionné en 1966). De 1965 à sa retraite elle exerça àl’École Nationale de Commerce de Paris (70 Bd Bessières, Paris 17e). Depuis 1951 elle fut une amicaliste très fidèle et participa souvent auxréunionsetfestivitésdu“groupepari-sien”.J’associeChristianeaumessage,car depuis 1965 nous étions amis et nous nous rencontrions souvent avec des anciens de « Bessières ». Nousfûmes présents au lever du corps au funérarium de NANTERRE le Mercredi 7 décembre. De facto, nous représentions«Bessières»etbiensûrl’Amicale des Anciens de l’ENSET ».

François QUELLET rappelle ledécès de robert qUELLEt (1943-d) il yaplusieursannées, le9 juillet2004, et fait part du décès depierre qUELLEt (1940-d) survenu le 6 juillet2010.

Le courrier adressé en novembre 2011 à Valentine SChWEitZEr, née AStrE (1938-A2) nous est reve-nu avec la mention « Décédée ».

Claude SÉJOURNÉ (1939-A1) a leregretdenousfairepartdudécèsdeson épouse Jeanne SéJoUrné, née pédrAgLio, le 23 mars 2011, dans sa84ème année.

Par un message du 26 novembre 2011, Pierre BLANC-GARIN (1949-D) nous fait part, au nom de son ami-collègue Jean THEOCLISTE(1944-A1), du décès de son épouse,paulette thEoCLiStE, née roUSSEt (1942-EF). L’avis publié dans Le Progrèsdu11/01/2011indiquela date du décès, le 9 janvier 2011.Paulette THEOCLISTE était Officier des Palmes Académiques.

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jeudi 15 mars 2012 : Prixlittéraireà18heures-Concert(S’ENSdel’art)à20h30

jeudi 15, vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 mars 2012 : 8ème édition - Semaine des S’ENS de l’art

30 mars 2012 : remise des diplômes de l’ENS

31 mars 2012 : Réunion du Conseil d’Administration de printemps de l’association à Cachan- Elections

vendredi 1er juin : -17h30 –Assemblée générale de l’Association à l’ENS de Cachan

mercredi 24, jeudi 25 et vendredi 26 octobre 2012 : Colloque d’ouverture de l’année du centenaire de l’École.

Confirmezcesdatesetdécouvrezd’autresévènements,enconsultantlesiteWEBdel’Association

http://www.aae.ens-cachan.fr

calendrier prévisionnel 2012les occasions de rencontres

L’association AENSD1 et futur groupe de l’AAEE Cachanvous invite à son prochain colloque qui se tiendra au cours de la première quinzaine de juin

au Collège des Bernardins à Paris

(informations à confirmer dans nos prochaines communications et sur le site WEB AAEE).

Le thème du colloque portera sur

“les nouvelles formes du protectionnisme auxquelles se confrontent les états et les entreprises aujourd’hui”

avec l’aimable participation d’universitaires en droit et en économie, mais aussi des praticiens du monde économique et financier.

Les présentations seront suivies d’une table ronde puis d’un échange avec la salle.

Ce colloque se veut multidisciplinaire, et en ce sens, il est ouvert à tous sans égard à la discipline. Par ailleurs, une réception sera organisée à la fin pour les adhérents à l’association

des anciens élèves et des élèves de l’ENS Cachan.

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mise à jour de l’annuaire

Faites connaître l’Association à vos collègues, anciens élèves de Cachan ! Recherchez dans l’annuaire vos copains de promo et demandez-leur de remplir une fiche…

Les services du Bulletin et de l’Annuaire étant associés à l’adhésion, cette mise à jour permettra d’opérer une actualisation des données.Par avance merci de nous aider à vous assurer un service régulier au Bulletin en rem-plissant la fiche ci-dessous. (SVP écrire en capitales d’imprimerie).

Pour une mise à jour régulière de l’annuaire en ligne ainsi que de l’annuaire papier, cette fiche doit être envoyée le plus tôt possible à :

Association des anciens élèves et élèves de l’ENSET et de l’ENS Cachan - 94235 CACHAN CEDEXou [email protected]

Nom : Née :

Prénom (usuel) :

Date et lieu de naissance :

Nouvelle adresse personnelle (*) :

Promotion (année d’entrée) :

Section (ENSET) ou département (ENS) :

Grade :

Nom et adresse de l’Etablissement / Entreprise :

Adresse électronique (*) :

(Ancienne adresse personnelle : )

(Ancienne fonction : )

)(

Fonction :

(*) Si vous souhaitez que votre adresse ne soit pas mentionnée dans l’Annuaire, cochez la case :

Adresse postale Adresse électronique

Les internautes peuvent nous communiquer les informations les concernant en remplissant en ligne (sur le site www.aae.ens-cachan.fr, rubrique annuaire) le formulaire qui arrivera dans la boîte aux lettres de l’Association : [email protected].

Téléphone (*) :

Téléphone

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adhésion ou rEnouvEllEmEnt d’adhésion à l’association

Nom :

(*) Si vous souhaitez que votre adresse ne soit pas mentionnée dans l’Annuaire, cochez la case :

Adresse postale Adresse électronique

Informatique et Liberté : Les informations recueillies pour l’adhésion et la mise à jour de l’Annuaire font l’objet d’un traitement informatique et sont destinées au Secrétariat de l’Association. En application de l’article 34 de la loi du 6 janvier 1978, vous bénéficiez d’un droit d’accès et de rectification aux informations qui vous concernent. Si vous souhaitez exercer ce droit et obtenir communication des informations vous concernant, veuillez vous adresser à : Association des anciens élèves et élèves de l’ENSET et de l’ENS Cachan - 94235 CACHAN CEDEX ou [email protected]. Les fichiers d’Élèves et d’Anciens Élèves ne peuvent être cédés, loués ou échangés à des fins commerciales. Les données nominatives de ces fichiers ne sont jamais transmises à qui que ce soit sans l’accord des intéressés.

Téléphone

BullEtin d’adhésion 2012

L’adhésion est à renouveler en début d’année civile. N’attendez pas la relance du trésorier.

association des anciens élèves et des élèves E.n.s.E.t. - E.n.s. de cachan

PréNom (usuel) :

Nom de jeune fille :

Sect. ENSET ou Dép. ENS :

Date de naissance :

Adresse personnelle (*) :

Adresse électronique (*) :

Nom et adresse de l’établissement / entreprise :

Fonction :

Promotion (année concours)

Lieu de naissance : n° Dép. :

Grade :

Téléphone (*) :

Date :

Signature :

Cotisation normale(moins de 9 ans après intégration)

Solidarité

46,00 €23,00 €

case(s) à cocher

Merci à ceux qui rejoignent l’association. Merci à ceux qui lui sont fidèles depuis de très nombreuses années.

Envoyer le bordereau ci-dessous accompagné d’un chèque bancaire ou postal à l’ordre de :

A.A.E.E.- E.N.S.E.T - E.N.S. de CACHAN C.C.P. Paris 5488 99 K

à : Association des Anciens Élèves et Élèves de l’ENSET et de l’ENS Cachan - 94235 CACHAN CEDEX

(ou adhérer en ligne sur le site WEB de l’association (paiement sécurisé via Paybox)

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insTRUCTions AUX AUTEURs

Le Bulletin de l’Association est un moyen d’information et de liaison entre les membres, dont le but essentiel est, conformément aux buts plus généraux que s’est fixée l’Association, de promouvoir l’École Normale supérieure de Cachan et, également, la culture technologique dans ses multiples facettes, mais aussi la vie de l’Association, pour cette partie qui ne relève pas de l’annuaire. Les documents doivent être dans la mesure du possible proposés sous forme de fichiers sur disquette ou par e-mail en fichier attaché avec l’indication du logiciel utilisé (ou exceptionnellement manuscrit sur papier à l’encre noire et sur recto seulement).

ADHÉsions

soLiDARiTÉ

Pourquoi effectuer un versement de solidarité ?

La solidarité, qui est à l’origine de notre association, est toujours dans nos statuts et, mieux, dans nos cœurs : aider un camarade en difficulté (pensons aux plus jeunes et aux plus anciens), témoigner de notre sympathie par tel ou tel geste, contribuer à des actions de solidarité des élèves de l’ENS de Cachan. Le versement pour la solidarité peut représenter environ 10% du montant de la cotisation annuelle. D’avance, merci.

Association des Anciens Élèves et des Élèves de

l’École Normale Supérieure de l’Enseignement Technique et de l’École Normale Supérieure de Cachan.

(extrait des statuts votés en juin 2008 –article 3) :

Les membres actifs sont soit des membres adhérents normaliens, soit des membres adhérents rattachés.

A - Pour être membre adhérent normalien, il faut réunir les conditions suivantes :

a) •soitavoir faitpartied’unedesSectionsNormales,oude l’ENSET,oude l’ÉcoleNormale Supérieure de Cachan, en qualité d’élève admis par concours ;

•soitêtreélèvedel’ÉcoleNormaleSupérieuredeCachanaprèsavoirétéreçuparconcours en première ou en troisième année ;

b) avoir obtenu l’agrément du Bureau de l’Association sur demande écrite d’admission ;c) payer régulièrement sa cotisation annuelle.

B - pour être membre associé (ou rattaché), il faut réunir les conditions suivantes :

a)•soitêtreDocteurdel’ENSdeCachan; •soitêtrePensionnaireouancienPensionnairedel’ENSdeCachan; •soitêtretitulaireduDiplômedel’ENSdeCachan; •soitêtreétudiantàl’ENSdeCachan,inscritaudébutdechaqueannéeuniversitaire

par la procédure officielle définie par l’ENS de Cachan, (inscriptions à la préparation d’undesdiplômesdélivrésparlesENSaprèshabilitationdecelles-ciparleMESR);

b) avoir obtenu l’agrément du Bureau de l’Association sur demande écrite d’admission ;c) payer régulièrement sa cotisation annuelle.

L’Assemblée Générale fixe chaque année le montant de la cotisation due par les membres de chacune des catégories.

Le service des bulletins annuels et l’accès à l’annuaire en ligne sont associés à cette adhésion.

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61, avenue du Président Wilson94230 CACHAN (Val de marne)

e-mail : [email protected] internet : http://www.aae.ens-cachan.fr

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école Normale Supérieure de cachan

association des anciens élèves et des élèves de l’E.N.S.E.T.et de l’E.N.S. de cachan

Site de Cachan Site de Ker-Lann

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