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Banque mondiale STRATÉGIE DE LA BANQUE MONDIALE POUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ET DES SERVICES FINANCIERS AUX PME ET EN MILIEU RURAL EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

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Banque mondiale

STRATÉGIE DE LA BANQUE MONDIALEPOUR LE DÉVELOPPEMENT

DE LA MICROFINANCEET DES SERVICES FINANCIERS AUX PME

ET EN MILIEU RURALEN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

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STRATÉGIE DE LA BANQUE MONDIALEPOUR LE DÉVELOPPEMENT

DE LA MICROFINANCEET DES SERVICES FINANCIERS AUX PME

ET EN MILIEU RURALEN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Groupe secteur privé et financeRégion Afrique

Banque mondiale

Août 1998

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Les observations, interprétations et conclusions exprimées dans cette publicationn’engagent que leurs auteurs, au sein du Groupe secteur privé et finance, Région Afrique,et ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale ni celles de sesinstitutions affiliées.

La photographie de couverture a été fournie par Kenya Women Finance Trust.

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TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS

SOMMAIRE

I. L’OBJECTIF : AUGMENTER L’ACCÈS AUX SERVICES FINANCIERS POURLE DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ ET L’ALLÉGEMENT DE LAPAUVRETÉ.................................................................................................................................... 4II. LE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE................................................................. 7

Cadre global........................................................................................................................ 7Renforcement des compétences ........................................................................................... 8Outils d’intervention et approches novatrices .................................................................... 9

III. DÉVELOPPEMENT D’OUTILS FINANCIERS POUR LES PME ................................... 10Cadre global...................................................................................................................... 10Renforcement des compétences ......................................................................................... 11Outils d’intervention et approches novatrices .................................................................. 12

IV. LES MARCHÉS FINANCIERS EN MILIEU RURAL ......................................................... 13Démarche .......................................................................................................................... 14Cadre global...................................................................................................................... 15Renforcement des compétences ......................................................................................... 16Outils d’intervention et approches novatrices .................................................................. 17

V. RENDRE LA STRATÉGIE OPÉRATIONNELLE : LE RÔLE DE LA BANQUEMONDIALE.................................................................................................................................. 18VI. LES PHASES DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DE LAMICROFINANCE ET DES SERVICES FINANCIERS AUX PME ET EN MILIEURURAL ......................................................................................................................................... 21ANNEXE A. L’APPUI AU DÉVELOPPEMENT DES PME : UNE APPROCHECONJOINTE................................................................................................................................. 23ANNEXE B. DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ET DES SERVICESFINANCIERS EN MILIEU RURAL : COLLABORATION DES INTERVENANTS ............... 24ANNEXE C. STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ETDES SERVICES FINANCIERS AUX PME ET EN MILIEU RURAL : PHASES DEMISE EN OEUVRE...................................................................................................................... 25

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AVANT-PROPOS

Depuis plus de dix ans, le Groupe de la Banque mondiale fournit son appui aux réformes économiquesen Afrique subsaharienne, avec pour objectif de promouvoir la stabilité macro-économique, lalibéralisation des marchés commerciaux et les investissements. Ces réformes commencent à porterleurs fruits : entre 1994 et 1997, les pays dont la gestion économique s’est assainie ont vu leur taux decroissance annuelle avoisiner cinq pour cent, soit près de deux fois celui des pays qui n’ont pasentrepris de réformes. Il faut maintenant faire preuve de plus d’ambitions et viser des taux decroissance de huit pour cent ou plus. C’est, en effet, le niveau de croissance dont l’Afrique a besoinpour enfin sortir de la pauvreté.

Pour faire face à ce défi, il faut impérativement que le secteur privé, qu’il soit local ou étranger,commence à jouer un rôle beaucoup plus important dans les économies des pays africains. La grandemajorité de ceux-ci sont maintenant convaincus de cette nécessité. Il est donc temps pour lespartenaires internationaux de l’Afrique de traduire l’aide à la réforme économique en opérationsconcrètes, destinées à promouvoir le développement du secteur privé et à stimuler l’esprit d’entreprise.

C’est à cet objectif ambitieux que veut contribuer cet ouvrage, avec le concours de deux autresdocuments consacrés au développement du secteur privé et du secteur financier. Son cadre conceptuelest l’aboutissement d’efforts soutenus pour repenser la mobilisation de nos ressources en fonction decet objectif. Il est certain qu’une économie saine et des infrastructures en bon état sont des conditionsnécessaires au maintien de taux de croissance élevés. La thèse de ce document est que ces conditionsne sont pas suffisantes. D’autres conditions concourent à la croissance, comme la qualité desinstitutions publiques et le bien-fondé du cadre réglementaire, la productivité des entreprises privées,quelle que soit leur taille, ou encore l’assistance que les organisations non-gouvernementales peuventapporter au secteur privé. Ce document va examiner comment utiliser de façon intégrée les ressourcesen matière de microfinance du Groupe de la Banque mondiale (dont la SFI, l’AMGI, le FIAS et l’IDE,ainsi que la BIRD et l’IDA, plus le Groupe consultatif d’aide aux populations les plus pauvres) pouraider à revigorer la croissance du secteur privé, pourvoir l’assise institutionnelle indispensable aufonctionnement de tout marché, qu’il soit commercial ou financier, et améliorer l’accès des plusdéfavorisés à la création d’entreprises de façon à leur assurer des moyens d’existence de manièredurable.

Il s’agit là d’un vaste programme. Sa réalisation dépendra d’une volonté de coopération de tous lesacteurs, tant au sein du Groupe de la Banque mondiale qu’entre la Banque et ses partenaires dans ledéveloppement, en Afrique et ailleurs (en consultation avec les clients sur le terrain). Déjà, lesmultiples consultations à tous les niveaux du Groupe de la Banque, qui ont contribué à la préparationde ce document, témoignent de l’implantation dans notre institution d’une nouvelle culture,caractérisée par plus d’ouverture d’esprit et de collaboration. Puisse l’avènement de cette culture êtrel’heureux présage que le succès est maintenant à la portée de l’Afrique.

Callisto Madavo et Jean-Louis SarbibVICE-PRÉSIDENTS, RÉGION AFRIQUE

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SOMMAIRE

Les niveaux élevés de pauvreté liés à une faible croissance économique dans le secteur formelont obligé une partie importante de la population des pays d’Afrique subsaharienne à vivre entravailleurs indépendants et à rechercher des activités dans le secteur informel. Lesgouvernements africains attachent une grande importance au développement du secteur privépar les nationaux afin qu’ils puissent à la fois participer à la croissance et en être les moteurs.Un sujet de préoccupation tout aussi pressant est de faciliter l’accès aux travailleursindépendants et aux pauvres du monde rural aux activités économiques essentielles à leursurvie. Un secteur financier diversifié, capable de répondre à l’ensemble des besoins dusecteur privé en matière de services financiers, en particulier lorsqu’ils émanent de petitesentreprises du secteur informel, est essentiel pour faire face à ces objectifs.

A travers le monde, des institutions financières ont trouvé les moyens de rendre viablel’activité de crédit aux populations pauvres. Elles ont exploité le constat que les travailleursindépendants pauvres remboursent leurs prêts et recherchent des possibilités d’épargne. Le défien Afrique consiste à renforcer les capacités du secteur financier en exploitant les leçons tiréesdes expériences d’institutions mondialement reconnues dans le domaine de la microfinance etdes services financiers aux PME et en milieu rural.

Augmenter l’accès aux services financiers pour le développement du secteur privé etl’allégement de la pauvreté

L’objectif de la stratégie du Groupe de la Banque mondiale pour l’Afriquesubsaharienne est d’accroître l’accès aux services financiers pour les micro-entreprises et lespopulations pauvres. Cet objectif s’articule autour de trois axes principaux :

• Les questions fondamentales que chaque pays doit résoudre - mise en place d’une politiqueéconomique et d’un cadre légal et réglementaire adéquats, permettant le développementd’institutions financières et d’outils financiers novateurs.

• Le renforcement des institutions, par la dissémination des pratiques de référence et laformation à ces pratiques, pour permettre aux banques et aux institutions de microfinanced’étendre la sphère de leurs activités et de développer des opérations viables ; et,simultanément, par un renforcement des compétences basé sur des objectifs mesurables.

• Des approches novatrices, par le développement des prêts ou d’autres types de services,que le Groupe de la Banque mondiale peut utiliser en vue d’augmenter l’accès des micro-entreprises et des PME aux services financiers.

Tout en reconnaissant que le développement de systèmes financiers visant à servir lamajorité des populations et entreprises africaines n’ayant pas d’accès aux services bancairesrepose sur des principes communs, cette stratégie fait une distinction entre les micro-entreprises, les PME et les ménages ruraux, compte tenu que leurs besoins financiers et ceuxnécessaires à leur développement sont différents.

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Rendre la stratégie opérationnelle

Le développement d’un portefeuille sain de projets de microfinance requiertbeaucoup de ressources. C’est pourquoi la Région Afrique de la Banque mondialetravaille en étroite collaboration avec l’Institut de développement économique (IDE), leGroupe consultatif pour assister les populations les plus pauvres (CGAP), et leProgramme de services bancaires viables pour les pauvres (SBP). La Banque donne lapriorité aux pays qui ont fait preuve de leur engagement à développer la microfinance endemandant officiellement que le secteur soit inclus dans la Stratégie d’assistance-Pays(SAP) ou dans le Programme régional de recherche action sur le développementd’institutions de microfinance viables en Afrique. La Société financière internationale(SFI) joue un rôle important en développant des institutions financières qui servent lesPME et micro-entreprises par le biais de participations au capital dans des sociétés decrédit bail et des institutions de microfinance économiquement viables.

Les quatre phases suivantes permettent au Groupe de la Banque mondialed’appuyer avec souplesse chaque pays de manière appropriée.

Phase 1 : Sensibilisation : En collaboration étroite avec l’IDE, la RégionAfrique organise des séminaires régionaux qui présentent aux responsables dela politique économique et aux professionnels de la microfinance les pratiquesde référence internationales et les standards de performance utilisés par desinstitutions financières viables, ainsi que les stratégies et cadres réglementairespropices au développement de la microfinance.

Phase 2 : Diagnostic : La préparation du programme commence avec undiagnostic de la politique économique, de l’environnement réglementaire et ducadre institutionnel nécessaires au développement de la microfinance et aufinancement des PME et des activités en zones rurales. Dans des ateliersnationaux, les principaux acteurs au niveau national examinent les résultats dece travail et proposent un programme d’action. Leur participation à cestravaux est essentielle pour que leur engagement, le bien-fondé duprogramme, et un haut niveau d’appropriation soient assurés.

Phase 3 : Préparation du programme : Le développement du programme estmis en œuvre conjointement par les experts et professionnels internationaux etles principaux acteurs au niveau national pour maintenir un haut niveaud’appropriation et d’engagement. Le plan d’action qui en résulte peut inclure,par exemple, des propositions de réformes réglementaires ou de politiqueéconomique et un programme de renforcement institutionnel pour lesinstitutions de microfinance, de financement des micro-entreprises et desPME, par la mise en place d’une organisation faîtière ou d’autres mécanismes.

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Phase 4 : Appui au programme d’action : Le Groupe de la Banque mondialesoutient, par des opérations de crédit et de l’assistance technique, lesprogrammes axés sur les réformes réglementaires, le renforcementinstitutionnel, les lignes de crédit (par le biais d’institutions solvables) oud’autres instruments innovateurs. Dans les pays où il existe des projets ou desopérations pilotes assez avancés de microfinance, de financement des PME oudes activités en zones rurales qui nécessitent des améliorations, la Banquemondiale peut apporter un appui institutionnel. Cet appui permet de renforcerles institutions elles-mêmes et de donner une formation professionnelle auxintervenants, pour qu’ils puissent étendre la sphère de leurs activités. Il permetaussi de développer des opérations viables, d’intégrer ces opérations dans lecadre institutionnel du pays et d’encourager la gestion des projets par lepersonnel local.

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I. L’OBJECTIF : AUGMENTER L’ACCÈS AUXSERVICES FINANCIERS POUR LE DÉVELOPPEMENT

DU SECTEUR PRIVÉ ET L’ALLÉGEMENT DE LAPAUVRETÉ

Les niveaux élevés de pauvreté liés à une faible croissance économique dans lesecteur formel ont obligé une partie importante de la population à vivre en travailleursindépendants , à rechercher un travail au sein de petites entreprises locales ou à mener desactivités de subsistance dans le secteur agricole. L’étude de la Banque mondiale intituléePerspectives à long terme pour l’Afrique subsaharienne (1989) insiste sur l’ampleur etl’importance de secteur privé local en Afrique. Malgré le fait que ce secteur soitparticulièrement dynamique, qu’il soit considéré comme un vivier d’entrepreneursafricains et qu’il reçoive un appui substantiel de la part des bailleurs de fonds, lespolitiques menées par les gouvernements lui réservent une place marginale. Le secteurprivé local ne compte que très peu d’institutions d’appui rentables et sa contribution à lacroissance par tête est négligeable. De la même manière, les petites et moyennesentreprises (PME) doivent encore faire la preuve du potentiel de croissance rapide qu’onleur attribue en matière d’emploi et de productivité. Quant aux ménages ruraux, ilsdoivent faire face à un problème spécifique lié aux cycles des récoltes, aux sécheressespériodiques et à l’éloignement qui augmentent les risques et les coûts de transaction.

Les gouvernements africains souhaitent développer en priorité le potentiel desentrepreneurs locaux afin qu’ils contribuent au développement et procurent des emploisaux populations à faibles revenus. Pour répondre à cette préoccupation, la stratégied’appui de la Banque mondiale pour l’Afrique met l’accent sur une politique de soutienet un environnement institutionnel propices au développement du secteur privé local.Dans ce contexte, la stratégie distingue les micro-entreprises, des PME et des ménagesruraux car leurs besoins n’étant pas les mêmes, ils pourraient être mieux servis pardifférents types d’institutions financières1.

1 Il existe une grande variété d’entreprises et les définitions précises des micro-entreprises ou des PME

varient selon le but poursuivi. Dans ce document, on appellera micro-entreprises des activitésinformelles menées dans un cadre familial avec, dans la plupart des cas, une très faible probabilitéd’avoir accès au financement bancaire. Les PME sont des “entreprises” au sens plus traditionnel : laplupart emploient des salariés, considèrent le financement bancaire comme une possibilité souhaitabledans la mesure où elles peuvent disposer d’informations et de méthodologies adéquates. Dans desétudes portant sur divers pays où les comparaisons sont importantes , on situe généralement la limite à5 ou 10 salariés pour les micro-entreprises et à 50 ou 100 pour les PME (en Afrique). Certains

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Tout en reconnaissant que le développement des entreprises peut être soutenu parune large panoplie d’instruments, la présente stratégie se concentre néanmoins sur lesservices financiers. Son objectif premier est de s’assurer que les stratégies dedéveloppement des services financiers - des pays africains, tout comme de la Banquemondiale - intègrent bien la frange basse du marché. Son deuxième objectif consiste àtirer les leçons des différents efforts qui ont été faits au cours de ces dix dernières années,pour atteindre ce marché. Il est démontré que l’émergence d’institutions de microfinanceviables qui servent une clientèle importante, est conditionnée par deux facteursfondamentaux qui sous-tendent la stratégie de la Banque mondiale. Tout d’abordl’environnement politique et réglementaire doit être suffisamment flexible pour répondreaux besoins d’une grande variété d’institutions bancaires et non bancaires afin qu’ellespuissent pratiquer des taux d’intérêt leur permettant de couvrir leurs charges et qu’ellespuissent mettre en place des programmes de contrôle des risques novateurs. Ensuite, pourque la microfinance soit économiquement viable et pour que les banques considèrent lesPME comme des clients intéressants, il est nécessaire que le soutien ou la mise en placedes structures d’appui soit subordonné à des degrés de performance élevés.

Le manque d’accès aux services financiers (l’absence d’instruments d’épargneainsi que de mécanismes de crédit et de paiement adaptés) est une contrainte majeure quilimite le processus d’accumulation par les populations pauvres ainsi que par lesentreprises locales. Même dans un environnement de politique économique libérale, lesservices financiers aux micro-entreprises, aux PME et aux ménages ruraux, risquent fortde faire défaut pour différentes raisons.

• Premièrement, les institutions financières formelles considèrent qu’il y a un risqueélevé à prêter aux micro-entreprises, aux PME et aux ménages ruraux. De plus, ellesredoutent le coût de transaction élevé associé au manque de fiabilité de l’informationrelative aux clients. A la capacité limitée qu’ont les banques pour prêter aux PME, ilfaut ajouter les problèmes liés au respect des contrats juridiques (résultant d’un cadrejuridique inadapté et d’un système judiciaire inefficace) ainsi que l’absence d’outilapproprié pour gérer les risques. Enfin, les exigences en matière de supervisionbancaire et de fonds propres pénalisent souvent les banques qui ne peuvent prêter auxPME n’ayant pas de garanties traditionnelles.

• Deuxièmement, certaines structures jouant le rôle d’intermédiaires financiersalternatifs, comme les institutions non gouvernementales et les groupes d’épargne etde crédit locaux, peuvent contourner les contraintes ci-dessus en ayant recours à destechniques particulières. Toutefois souvent ces structures ne sont paséconomiquement viables. Etant à vocation charitable, de petite taille, ces institutionset groupes ne peuvent pas s’adresser à une clientèle importante et n’ont pas la

programmes pour le développement de ce type d’entreprises incluent, dans leur définition, des critèressur l’actif ou sur le chiffre d’affaires de manière à exclure les firmes en hauts besoins de capitaux.

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possibilité de prendre connaissance des exemples de référence dans le domaine de lamicrofinance ou en matière d’appui financier aux PME. Les projets financés par laBanque mondiale n’ont pas accordé suffisamment d’attention aux mécanismesinformels d’épargne et de crédit (comme les tontines, les banquiers ambulants, lesstokvels, les groupes de cotisations funéraires) qui s’appuient sur les liens desolidarité et sur la connaissance de l’emprunteur. Pourtant ces mécanismes ontdémontré qu’ils permettaient de gérer les risques, de faire respecter les contrats deprêts et de réduire les coûts de transaction. C’est la raison pour laquelle les stratégiesvisant à approfondir et élargir l’intermédiation financière doivent les prendre encompte.

• Troisièmement, dans de nombreux pays d’Afrique, les lois sur l’usure et les tauxd’intérêt plafonnés réduisent la possibilité, pour les institutions financières, de couvrirles coûts de transaction élevés liés aux prêts aux micro-entreprises (tant urbaines querurales). Dans certains pays, la mise en place d’un environnement favorable est unélément indispensable pour éviter les erreurs consistant à trop réguler - etprobablement à détruire - les institutions de microfinance.

Les exemples de référence au niveau international prouvent qu’il est possible deprêter aux micro-entreprises et aux PME si les institutions ont recours à des techniquesleur permettant de faire un plus grand nombre d’opérations, de toucher une clientèle plusimportante, de réduire leurs coûts et leurs risques et de proposer des produits adaptés.Pour cela il est essentiel de disposer d’un cadre réglementaire qui convienne à cettenouvelle façon de procéder, permettant de fixer des taux d’intérêt à des niveaux quicouvrent les coûts de transactions et les innovations en matière de gestion des risques.

Le présent cadre d’intervention offre aux pays africains et à la Banque mondialeune stratégie de renforcement de la capacité des intermédiaires financiers (à la foisformels et informels) pour appuyer la création et le développement des micro-entrepriseset des PME, tant rurales qu’urbaines en Afrique.

Il s’articule autour de trois axes principaux :

• Les questions fondamentales que chaque pays doit résoudre - mise en place d’unepolitique économique et d’un cadre légal et réglementaire adéquats, essentiels audéveloppement d’institutions financières et d’outils financiers novateurs.

• Le renforcement des compétences c’est-à-dire la connaissance des pratiques deréférence et la formation à ces pratiques pour permettre aux banques ainsi qu’auxinstitutions de microfinance et de financement rural d’atteindre des niveaux deperformance indispensables à l’augmentation de leur portée et au développementd’une activité durable.

• Des approches novatrices - des prêts ou d’autres types de services permettantd’augmenter l’accès des micro-entreprises et des PME aux services financiers.

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II. LE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE

Créer un système financier capable de prêter aux micro-entrepreneurs et auxménages à faibles revenus fait partie intégrante de la stratégie du groupe de la Banquemondiale pour le développement d’un secteur privé local et pour l’allégement de lapauvreté. Si, d’une manière générale, les micro-entreprises ne génèrent pas de croissancede l’emploi productif, elles constituent, en revanche, un moyen de limiter le chômageimportant qui menace les populations pauvres d’Afrique. Pour survivre et prospérer dansun contexte de demande fluctuante, les micro-entrepreneurs doivent pouvoir obtenir detrès petits prêts. Pour leurs besoins financiers, ils comptent surtout sur le circuit informel,à savoir l’entraide familiale, les crédits-fournisseurs, les caisses d’épargne et de crédit etles usuriers. Les résultats d’institutions considérées comme des références au niveauinternational montrent que les pauvres remboursent très bien les prêts qu’on leur octroieet sont disposés à payer des taux d’intérêt élevés pour avoir accès à ces financements. Ledéfi principal pour le développement des micro-entreprises réside donc dans la capacitédes systèmes financiers (formels et informels) à leur prêter sur une base durable.

Par institutions de microfinance on désigne des agents et des structures quieffectuent des transactions financières d’un montant relativement faible en ayant recoursà une méthodologie spécifique, basée sur la moralité du client. Elles s’adressent à desménages à faibles revenus, à des micro-entrepreneurs, de petits exploitants agricoles et àd’autres individus qui n’ont pas accès au système bancaire. Ces institutions peuvent êtredes intermédiaires financiers informels, semi-formels (par exemple des sociétéslégalement constituées mais non supervisées par les banques centrales), ou formels. Lastratégie de la Banque mondiale insiste sur le fait que leur activité doit être prise encompte dans le cadre des stratégies de développement financier propre à chaque pays afind’élargir la portée de l’intermédiation financière et d’en augmenter l’efficacité. Il s’agitainsi de s’assurer que l’accès aux services financiers pour les ménages pauvres, les micro-entrepreneurs, les femmes et les exploitations rurales s’améliore durablement plutôt quedans le cadre d’un projet ponctuel.

Cadre global

Lorsque les gouvernements mettent en place une réglementation pour les institutionsbancaires et les institutions formelles non bancaires, ils peuvent adopter un cadreréglementaire inapproprié aux institutions de microfinance (les cadres réglementairesposent des exigences en matière de reporting, de contrôle, de structure du capital ou de

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taux d’intérêt applicables aux opérations de prêts avec le secteur formel). L’approche dela Banque mondiale consiste à encourager le développement d’un cadre politique etréglementaire qui permette le développement de la microfinance et cela de trois manières: premièrement la Banque mondiale prête son concours à l’organisation de forums depolitique économique ou de tables rondes qui s’inspirent des expériences internationalesafin de permettre aux responsables des politiques économiques et de la réglementationbancaire d’aborder les questions réglementaires sous l’angle des institutions demicrofinance. Par exemple, la Banque mondiale déconseille le recours à une loi d’usure etencourage le développement d’un système financier compétitif et diversifié afin demaintenir les taux d’intérêt à un niveau permettant la couverture des charges.Deuxièmement, en collaboration avec la SFI, dont la stratégie met également l’accent surles réformes de politique économique et de réglementation, la Banque mondiale peutapporter son appui à la rédaction de lois et réglementations applicables aux institutionsde microfinance. Troisièmement, le développement des compétences de l’administrationou des agences de réglementation sur ces questions suppose des sessions de formation surles expériences de référence en matière de réglementation et sur leurs fondements.

Renforcement des compétences

Le défi principal consiste à renforcer les compétences au sein des institutions demicrofinance, de manière à augmenter leur portée et leur viabilité financière, y comprisleur capacité à se refinancer. Pour les institutions qui ont surtout une approche caritative,le défi consiste à introduire des pratiques financières rigoureuses à l’image de celles quel’on observe dans le secteur concurrentiel. Un des moyens consiste à faire connaître et àmettre en œuvre les techniques utilisées dans les institutions de référence et quipermettent de gérer les risques, réduire les coûts administratifs, augmenter les revenus. Leprocessus de développement de la microfinance passe en effet par une évolutionconstante vers des niveaux de performance de plus en plus élevés. Pour les projetsfinancés par la Banque mondiale, la méthodologie utilisée comprend des subventionsliées aux résultats (habituellement sur une base dégressive ou sur une base de un pour un)pour couvrir les coûts de démarrage, la mise en place de systèmes de gestion del’information, la formation du personnel et des dirigeants et d’autres dépenses dedéveloppement institutionnel. L’éligibilité à ce type de financement devrait êtresubordonnée à l’atteinte de certains résultats en matière de remboursement, de viabilitéfinancière ou opérationnelle et de nombre et catégories de clients touchés (plusparticulièrement pour ce qui concerne les pauvres et les femmes). De plus la constitutionde réseaux d’institutions de microfinance et l’appui à leur développement améliorerait lacoordination entre les structures ainsi que leur capacité d’apprendre les unes des autres etde dialoguer ensemble avec les bailleurs de fonds et les responsables politiques2.

2 Le projet régional de recherche action financé par la coopération suisse sur le Développement

d’institutions de microfinance viables en Afrique est géré par AFTE1 et AFTP1 dans le cadre dubudget consacré aux opérations régionales. Il vise à constituer des réseaux regroupant des institutions

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L’expérience internationale montre que les institutions de microfinance ont besoind’appui en matière de renforcement institutionnel ainsi que pour couvrir leurs coûtsopérationnels au cours des premières années d’exercice. Pendant la période transitoire quiconduit à l’équilibre financier, la Banque mondiale peut renforcer le travail qu’elle mèneen matière de politique économique ou d’appui institutionnel en travaillant de concertavec des organismes octroyant des subventions. Il peut s’agir de bailleurs de fonds(bilatéraux ou multilatéraux) et du Groupe consultatif d’assistance aux plus pauvres(CGAP), qui octroient directement des subventions à des institutions sélectionnées selondes critères de viabilité et de portée. La SFI, quant à elle, soutient les institutions demicrofinance qui ont atteint la rentabilité et dégagent des bénéfices comme Kenya RuralEnterprise Program (KREP) ou Cashbank en Afrique du Sud par des prises departicipation au capital ou, dans certains cas, par l’octroi de garanties ou de lignes decrédit.

Outils d’intervention et approches novatrices

Du fait de l’implication de la Banque mondiale dans le développement de secteursfinanciers intégrés, une des innovations possibles consisterait à créer des passerelles entrele système bancaire formel et les institutions non bancaires prêtant aux populationspauvres qui vivent de leur propre emploi. Cette solution ne pourra vraisemblablements’appliquer que dans les pays dotés d’un système financier formel bien développé commel’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Kenya et le Zimbabwe. La Banquemondiale et la SFI travailleront de concert pour développer des approchescomplémentaires visant à améliorer la portée de ces systèmes financiers. Pour orienter desressources provenant du système financier formel en faveur des micro-entrepreneurs, ilest indispensable de mettre au point des mécanismes de réduction des risques afin que lesbanques puissent travailler avec les institutions de microfinance et les institutions nonbancaires du secteur informel, qui implantés dans les quartiers pauvres supportent descoûts d’opération plus faible. De tels modèles pourraient s’inspirer de l’expérience menéepar Accìon International avec le Bridge Fund International, un fonds qui garantit leslignes de crédit octroyées par les banques à des institutions de microfinance répondant àcertains critères de sélection.

de microfinance dans six pays, en utilisant des méthodologies de référence, afin d’échanger del’information et de défendre les intérêts de ces mêmes institutions.

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III. DÉVELOPPEMENT D’OUTILS FINANCIERS POURLES PME

Les PME se distinguent des micro-entreprises à plusieurs niveaux : ellesrequièrent un autre degré de financement ; il est difficile de leur appliquer uneméthodologie basée sur l’analyse du profil individuel du client ; elles sont dansl’obligation d’être compétitives vis-à-vis d’autres entreprises plus grandes ou de produitsimportés (d’où le fait que le taux d’intérêt soit un facteur important) ; enfin, elles ont unpotentiel de croissance différent et constituent une source potentielle d’emplois salariés.Par ailleurs, il est plus probable qu’elles aient besoin à la fois de financement à longterme pour leurs investissements et à court terme pour leur fonds de roulement. Puisque,grâce à des financements extérieurs, les PME dynamiques peuvent concrétiser leurpotentiel de croissance et devenir compétitives, il peut être très rentable, pour ledéveloppement du secteur privé local et pour la création d’emploi, de renforcer lescapacités du système financier formel à répondre aux besoins financiers des PME etparallèlement d’améliorer la possibilité qu’ont les PME d’avoir accès aux servicesbancaires et à d’autres services financiers. Bien que les PME soient très intéressées parl’obtention de prêts à des taux même légèrement supérieurs à ceux pratiquéshabituellement dans les banques commerciales, il est important que le niveau des tauxd’intérêt ne nuise pas à leur compétitivité.

Cadre global

Le développement d’un secteur privé prospère et dynamique est facilité parl’existence d’institutions financières désireuses de prêter dans des conditions de risques etde coûts raisonnables. Par ailleurs, il est indispensable d’évoluer dans un environnementfavorisant le respect des contrats où, en particulier, les tribunaux de commercefonctionnent efficacement et où il existe une culture de remboursement fondée sur desprocédures simples et rapides de confiscation des biens et de réalisation des garanties. Lacollaboration entre la Banque mondiale et la SFI est nécessaire pour améliorerl’environnement légal et pour développer des liens avec des groupes d’hommesd’affaires, des universités et d’autres acteurs qui participent activement à l’améliorationde l’environnement des affaires pour les PME. Il est tout aussi important que les projetsfinancés par les gouvernements et les bailleurs de fonds comportent des indicateurs deperformance exigeants en matière de remboursements, de manière à ce qu’ils ne sapentpas les efforts entrepris pour développer une discipline financière indispensable à unsystème financier sain.

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Dans les pays où l’environnement légal est loin d’être parfait, la mise en placed’une réglementation pour les opérations de crédit-bail peut faciliter l’accès des PME aufinancement. Les institutions financières étant propriétaires des équipements ou des biensdonnés en garanties, elles peuvent récupérer le matériel si les clients ne remboursent pasde manière satisfaisante. Elles évitent ainsi d’avoir recours au système judiciairedéficient. Pour être efficace, une loi sur le crédit-bail doit s’accompagner demodifications du code des impôts. En particulier elle doit comprendre un processusd’amortissement accéléré du matériel, des déductions d’impôts ou d’autresaménagements fiscaux qui procurent aux institutions financières des incitations àdévelopper le crédit-bail pour les PME à un coût raisonnable.

Renforcement des compétences

Les pratiques habituelles des banques en matière de prêts reposent principalementsur deux mécanismes de gestion des risques : d’une part la recherche coûteused’informations et l’analyse de ces informations, d’autre part la prise de garanties réelles.Les méthodologies de prêts à des groupes solidaires utilisées en microfinance et quiremplacent efficacement ces mécanismes ne sont pas adaptées aux PME, car lesentrepreneurs sont souvent plus individualistes et les montants de leurs prêts dépassent leniveau de ce qui peut être garanti par des personnes physiques. Certains pays, comme leSri Lanka ou l’Equateur, ont réussi à encourager les banques commerciales à s’engagerdans le développement d’opérations rentables avec les PME en investissant dans laformation du personnel, dans des processus de décision décentralisés, dans uneméthodologie de suivi intensive et en fixant des objectifs incitatifs pour la performancede leur portefeuille.

Dans les efforts déployés par le Groupe de la Banque mondiale pour appuyer lesPME, la SFI joue un rôle primordial par l’intermédiaire de cinq produits principaux : troisen matière d’assistance technique et deux en matière de financement. Les produitsd’assistance technique visent à proposer aux PME clientes, à chaque étape de leurdéveloppement, une palette intégrée de services de conseil et d’appui (services d’appui enamont et en aval du financement). Le projet African Development Facility, soutenu par denombreux bailleurs de fonds, appuie les entrepreneurs africains dans le développement deleur plan d’affaires, dans la recherche de partenaires techniques et dans la recherche definancement. AMSCO (African Management Service Company), qui a également lesoutien de plusieurs bailleurs de fonds et de plus de 50 entreprises privées, aide lesentreprises à résoudre les problèmes liés au manque de main d’œuvre qualifiée en leurdétachant des chefs d’entreprise expérimentés pour de courtes périodes et en formant deschefs d’entreprise locaux. Les Services d’appui aux entreprises pour l’Afrique apportentaux PME ayant déjà obtenu des financements un appui dans les domaines de la gestionfinancière, du marketing et des systèmes d’information. La SFI dispose par ailleurs dedeux guichets de financement direct aux PME : le Fonds pour les entreprises d’Afrique etle Fonds pour les petites entreprises. Enfin, la SFI propose de nouveaux produits commeles prêts en monnaie locale et les garanties. La Banque mondiale apporte aussi des

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financements indirects aux PME à travers des lignes de crédit au secteur financier et lefinancement de sociétés de crédit-bail.

Le crédit-bail constitue un outil adapté pour permettre aux PME d’acquérir deséquipements relativement chers, tout en minimisant les problèmes liés aux garanties et aurespect des contrats. La SFI a investi dans des sociétés de crédit-bail de plusieurs paysafricains et peut fournir des services de conseil et d’autres produits adaptés aux besoinsdes PME dans ce domaine. La Banque mondiale encourage la formation du personnel desétablissements bancaires et des établissements financiers non bancaires afin qu’il soitinformé des pratiques de référence sur la méthodologie de prêt aux petites entreprises etsur la manière de suivre les remboursements, et afin qu’il puisse les mettre en applicationet développer d’autres produits adaptés.

Outils d’intervention et approches novatrices

Dans les pays où la Banque mondiale finance des projets d’appui aux petitesentreprises ou au secteur privé, il est possible d’établir un dialogue avec les dirigeants debanques et d’autres établissements financiers afin d’identifier les types d’appui quipourraient les encourager à augmenter leurs opérations de prêts aux PME ou à développerd’autres produits financiers qui leur soient destinés. Sur cette base, il serait possible deparvenir à des accords quant au type de mécanismes que la Banque mondiale pourraitappuyer. Ces mécanismes pourraient être les suivants : mise en place d’un système denotation standardisée (credit scoring) qui est un ensemble de paramètres à partir desquelsil est possible de prévoir la solvabilité des clients, agents de crédit, ou dispositifsd’incitation pour les chargés de clientèle ou pour l’ensemble d’une agence, produits decrédit-bail, mécanismes de partage des risques, lignes de crédit pour des financements àlong terme, garanties de portefeuille. De leur côté, les établissements concernéss’engageraient à augmenter de manière réaliste mais significative les prêts aux PME.

Dans certains pays où la Banque mondiale finance des opérations d’appui ausecteur privé, des fonds de dons à frais partagés sont mis en place pour permettre auxPME, et plus particulièrement aux PME exportatrices, d’avoir plus facilement accès à desservices de conseil et de marketing.

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IV. LES MARCHÉS FINANCIERS EN MILIEU RURAL

En Afrique, l’offre de services financiers en zones rurales a suivi le processus demonétisation progressive et de commercialisation de l’économie agricole. Au début, lesservices financiers étaient proposés dans le cadre de systèmes informels d’épargne et decrédit, comme les tontines, les commerçants locaux, les fournisseurs d’intrants et de biensde consommation. Les produits financiers classiques se sont développés plus rapidementdans les zones de culture d’exportation, où le financement de la filière est assurée depuisla production jusqu’à la commercialisation en passant par la transformation.

D’un point de vue politique et social, les systèmes financiers en zones rurales (oùleur inexistence) sont l’objet de plus d’attention. Les clients des marchés financiersruraux mènent des activités qui emploient 70 à 80% de la population dans la plupart despays d’Afrique subsaharienne, génèrent 40 à 60% du PNB et 80 à 90% des ressourcesd’exportations. Les pauvres en zones rurales représentent la grande majorité despersonnes en situation de pauvreté absolue dans ces pays et il est absolument nécessairede leur faciliter l’accès aux services financiers afin qu’ils puissent espérer sortir de lapauvreté. Atteindre les populations pauvres en zones rurales peut exiger des effortsspécifiques afin de pallier aux difficultés dues au faible niveau d’éducation et dequalification.

Plusieurs éléments empêchent le développement de marchés financiers ruraux enAfrique: (i) les populations sont dispersées et les moyens de communication et detransport manquent, ce qui induit des coûts unitaires de transaction très élevés, eu égardaux faibles montants des opérations financières; (ii) les risques liés à l’activitééconomique dominante sont élevés (agriculture pluviale) et il est difficile de diversifiercar les marchés sont très segmentés - du fait des problèmes mentionnés au point (i) -; (iii)l’activité agricole est généralement très saisonnière, et il en résulte une forte probabilitéde covariance des prix et de chocs des revenus; enfin (iv) les populations ne disposent pasdes garanties traditionnelles exigées par le système bancaire. C’est pourquoi les coûts etles risques associés aux opérations de prêts dans les zones rurales sont souvent très élevéset induisent de mauvais résultats en terme de portée et de rentabilité du portefeuille. Lesproblèmes soulevés ci-dessus sont semblables à ceux rencontrés pour le financement desmicro-entreprises, mais les points (i) et (iii) sont spécifiques à l’offre de servicesfinanciers en zones rurales.

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Les systèmes financiers ruraux qui fonctionnent de manière satisfaisante se sontinspirés des caractéristiques de l’économie réelle locale et sont construits à partir del’organisation sociale. Parmi les exemples de tels systèmes, on peut citer le cas descoopératives agricoles rurales au Kenya, construites à partir de la filière café, et laFECECAM au Bénin construite à partir d’un réseau de caisses villageoises d’épargne etde crédit. L’expérience en Afrique démontre qu’il existe une demande importante pourdes produits d’épargne ainsi que pour des systèmes de paiement et de transfert. Lesopérations de prêts pouvant, quant à elles, être développées plus facilement, lorsqu’ilexiste un système de marketing développé.

Démarche

Pour développer, dans les zones rurales, des services financiers répondant auxbesoins des clients tout en étant rentables financièrement, la Banque mondiale soutienttrois types d’actions :

• Rapprocher le système commercial de la clientèle rurale en améliorantl’environnement des affaires (réduire l’incertitude et les risques, réduire les coûts dela recherche d’informations, du suivi-clients ainsi que des autres opérations) etconcevoir des produits financiers qui soient à la fois attractifs pour les clients et pourles institutions susceptibles de les proposer. Dans ce cadre, il est possible de travaillerà l’amélioration du système financier de la façon suivante : mettre en place un cadrede supervision et instituer des règles prudentielles de provisionnement pour lesétablissements bancaires et financiers en zones rurales (adapter les exigences enmatière de supervision); améliorer les systèmes de transfert; mieux définir lesproduits financiers et les méthodes d’identification des marchés; développer desstratégies de réduction des risques (système de tièrce détention par lequel lamatérialisation se fait par le warrant. L’emprunteur dépose une garantie matérielle engage qui est généralement stockée au niveau d’un entrepôt); mettre en place desbureaux spéciaux pour gérer les remboursements (tous secteurs confondus) et pourtous les établissements; accorder des subventions limitées dans le temps pourconduire des expériences en matière de crédit rural.

• Rapprocher la clientèle des systèmes financiers en organisant des formations enfinance et en gestion, en créant des institutions ou des associations fondées sur leprincipe communautaire, en aidant les acteurs potentiels du système financier (petitsexploitants agricoles, petits commerçants et autres intervenants) à s’organiser engroupes qui œuvrent activement pour un meilleur accès aux marchés et aux servicesfinanciers. Ces mesures qui consistent à organiser progressivement la clientèle,peuvent s’accompagner d’un appui institutionnel aux établissements financiersspécialisés qui s’adressent à des micro et petits emprunteurs, en utilisant laméthodologie de groupes solidaires ou d’autres mécanismes (s’inspirant de

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l’organisation sociale des communautés concernées). Si elles sont lancées de manièreadéquate, ces mesures peuvent aboutir à une offre de services financiers rentable etautofinancée (surtout si elle se met en place à partir de produits d’épargne) et peuventpermettre une liaison ultérieure au système commercial plus formalisé.

• Lier les services financiers et non financiers dans les zones rurales en particulier pourtout ce qui concerne la transformation, l’approvisionnement en intrants et les activitésde commercialisation. Par exemple une filière agro-industrielle organisée autour depetits détaillants privés (de coton, de sucre, de fruits et légumes) peut conclure desaccords pour le financement de la filière jusqu’aux intermédiaires et aux producteurs.Cette démarche permettrait aussi d’étudier les moyens d’offrir des financements (etd’augmenter la rentabilité des opérations) par l’intermédiaire des fournisseursd’intrants (engrais, pesticides, équipements) et des agents de marketing (ventes auxenchères, etc.). La Banque mondiale appuiera les actions visant à développer lalégislation dans ce sens et à favoriser le recours au crédit-bail.

Cadre global

Pour résoudre le problème lié à la gestion des risques et des coûts inhérents à larecherche d’informations sur les emprunteurs en zones rurales, la réglementation devraitfaciliter la création de réseaux d’institutions déployées dans des zones très retirées, quiseraient en mesure, dans un premier temps, de collecter de l’épargne. Ceci constitueraitune première étape vers l’intermédiation financière. Le pays aurait à supporter le coûtinduit par l’élargissement du nouveau système de réglementation à un réseau plus étendud’institutions. Le cadre réglementaire devrait par ailleurs promouvoir les liens entre lesinstitutions de type villageois (formelles ou informelles) et les réseaux d’établissementsfinanciers. Ces deux groupes trouveraient chacun un intérêt dans ce type de relation : lesinstitutions commerciales peuvent obtenir des dépôts à faibles coûts ; les institutionsvillageoises, quant à elles, se diversifient en ne finançant pas uniquement l’économielocale et parviennent également à être intégrées au système de paiement national. Lacontribution de la Banque à la mise en place d’un tel cadre politique et réglementaire estla même que pour le secteur de la microfinance : (i) forums de politique économique pourréfléchir à ces questions au niveau local, à partir des expériences internationales ; (ii)appui technique à la rédaction de lois et de réglementations s’appliquant aux institutionsde financement rural; et (iii) renforcement des compétences pour adapter laréglementation aux particularités des institutions financières en zones rurales.

Pour s’assurer que les approches sont cohérentes et éviter des externalitésnégatives entre les différentes démarches, il est indispensable que l’ensemble des acteurss’entendent sur un programme de développement national des marchés financiers enzones rurales. Ce cadre doit s’attacher à définir les mesures à prendre par les différentsintervenants à savoir :

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• la Banque Centrale pour définir les règles prudentielles (concernant les institutionsqui collectent des dépôts) et les procédures de supervision ;

• les banques commerciales lorsqu’elles financent des activités liées à l’agriculture,lorsqu’elles développent de nouveaux instruments pour répondre aux besoins desclients en zones rurales, et enfin lorsqu’elles jouent le rôle d’intermédiaires enrefinançant des institutions régionales ou locales plus modestes ;

• les établissements spécialisés créés pour répondre aux besoins d’une clientèlespécifique en zones rurales ;

• les institutions villageoises (financières ou non financières) qui seraientéventuellement amenées à jouer un rôle dans l’intermédiation financière en zonesrurales.

Sans être un carcan, un tel cadre d’intervention doit définir les zones d’intervention dechaque acteur et énoncer des règles de jeu claires, afin d’éviter certains comportementsportant préjudice à la viabilité financière du système tout entier.

Renforcement des compétences

Comme pour la microfinance, l’objectif est d’élargir la portée et d’augmenter laviabilité financière des opérations menées en zones rurales, par les institutions financièresles plus appropriées : banques commerciales, établissements financiers non bancaires,institutions de microfinance, institutions financières de type communautaires. Commecela est décrit dans le passage consacré au renforcement des compétences de la sectionDéveloppement de la microfinance, la démarche consiste à : (i) organiser des séminaireset ateliers pour exposer aux acteurs les pratiques de référence permettant de gérer lesrisques, de réduire les coûts et d’augmenter les revenus; (ii) apporter un appui technique,en fonction des résultats obtenus, (privilégier la viabilité financière et, dans un secondtemps, l’augmentation de la portée) aux institutions qui adoptent l’approche conseillée.Cet appui pourrait porter sur une aide spécifique au démarrage, le développement d’unsystème de gestion de l’information, la formation du personnel et des dirigeants,l’équipement des institutions le cas échéant, enfin (iii) soutenir la formation de réseauxd’institutions pour inciter à la mise en place d’une politique favorable et pour permettrel’échange d’expériences ainsi que le partage des coûts de formation.

Les fonds de développement sociaux et d’investissement peuvent jouer un rôlecomplémentaire en renforçant les capacités de la clientèle. En effet, les fonds sociaux etles fonds renouvelables à destination sociale ne se sont jamais révélés être des bonsinstruments pour la création de programmes de crédit rentables, mais ils peuventconstituer un bon moyen d’aider la clientèle rurale à s’organiser en groupes et à gérer desactivités économiques pour faire reconnaître ses potentialités.

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Outils d’intervention et approches novatrices

Il n’existe pas une solution unique pour développer les services financiers dans leszones rurales d’Afrique. Chaque pays doit adapter son approche et innover en fonctiondes possibilités offertes selon les infrastructures économiques dont il dispose, le degré dedéveloppement de son système financier, le degré de monétisation de son économie ruraleet la cohésion de l’organisation sociale de ses communautés villageoises. Chaqueapproche choisie dépendra d’une variété d’instruments et de stratégies qui viseront àaméliorer l’accès aux services financiers et à toucher une clientèle de plus en plusimportante. Dans les premières années de mise en place de ce système, il pourrait êtrenécessaire d’avoir recours à une structure spécifique (une association professionnelle ouune agence gouvernementale) pour développer un cadre d’intervention, faciliterl’innovation, avoir recours à l’expertise internationale, évaluer régulièrement les résultatsobtenus, et appuyer la conception et le financement des opérations pilotes.

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V. RENDRE LA STRATÉGIE OPÉRATIONNELLE : LERÔLE DE LA BANQUE MONDIALE

Pour développer le financement de la micro et petite entreprise, il est nécessaired’utiliser une combinaison d’instruments de politique économique et d’outilsinstitutionnels. Il s’agit là d’un engagement très exigeant en temps et en ressources de lapart des différents intervenants : Groupe de la Banque mondiale, autres bailleurs de fonds,institutions de microfinance, banques et gouvernements. Pour utiliser les ressourceslimitées de manière stratégique, il est nécessaire de se concentrer sur un nombre restreintde pays et d’apporter un soutien au développement de stratégies pertinentes, de cadresréglementaires et de projets modèles. Dans un premier temps, l’accent est mis surtout surle développement de la microfinance car on y connaît mieux les pratiques de référence eton dispose de plus d’informations sur ce secteur. De plus, il est possible d’appliquer lesleçons tirées des expériences dans ce domaine aux secteurs des PME et du financementen zones rurales, qui sont l’objet de moins d’attention. Une coopération avec la SFI dansla conception de la stratégie par pays permettra de s’assurer que les outils d’interventionsoient utilisés de façon complémentaire.

Les pays dans lesquels il est choisi d’apporter un appui au secteur de lamicrofinance doivent disposer d’une institution ou d’un réseau d’institutions qui fontautorité dans le domaine, ainsi que d’un gouvernement et d’une banque centraledéterminés à mettre en place un environnement favorable au développement de lamicrofinance, au financement des PME et au financement des zones rurales.Parallèlement aux opérations de microfinance ou aux composantes PME, le programmede la Région Afrique de la Banque mondiale dans ces pays mobilisera d’autres ressourcesà travers: (i) des subventions y compris les dons de certains pays (Trust Funds) et leFonds de Développement institutionnel (FDI); (ii) du capital ou des lignes de garanties dela part de la SFI pour les institutions les plus performantes; (iii) une collaboration avecl’Institut de développement économique (IDE) pour les forums de politique économiqueet les ateliers destinés aux professionnels du secteur; avec le CGAP pour l’appui àcertaines institutions spécifiques; avec le Programme de services bancaires pour lespauvres (Sustainable Banking with the Poor ; SBP)3 pour les études de cas, et avec leProgramme Recherche Action (Action Research Program) pour le développement de 3 SBP est un programme de recherche qui a pour objectif de faire connaître à un public large des systèmes

financiers décentralisés (SFD), pour les populations pauvres, qui se distinguent par la qualité desservices rendus et leurs perspectives de pérennité.

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réseaux d’institutions. Pour la réalisation d’opérations et d’ateliers, la Banque mondialecollabore avec d’autres bailleurs comme l’Union européenne, la Banque africaine dedéveloppement, l’Agence internationale américaine de développement (USAID),l’Agence canadienne de développement international (ACDI), et d’autres encore. LeCGAP et le Comité des bailleurs pour le développement des petites entreprisesconstituent des mécanismes de coordination dans ces différents domaines.

Développer et diffuser les leçons de l’expérience sont deux domaines qui méritentune attention particulière. Les fonds du Programme régional pour l’Afrique ainsi quel’appui, au sein de l’ensemble du groupe de la Banque mondiale, du groupe thématiquede finance rurale, microfinance, et le développement des PME, sont disponibles pourdiffuser les leçons de l’expérience de terrain. Cette diffusion est facilitée par l’existencede plusieurs outils d’information : le site Intrant Microfinance et financement des petitesentreprises sur lequel sont décrites des Pratiques de référence régionales, le système degestion des connaissances du groupe de la Banque mondiale ainsi que les séminairesorganisés par le groupe thématique et ses membres.

Il existe des composantes microfinance, PME et services financiers en zonesrurales dans de nombreux projets sectoriels financés par la Banque mondiale : lutte contrela pauvreté, développement du secteur privé et de l’agriculture, programme de nutrition,développement urbain, etc.. Par le passé, ces composantes, qui poursuivaient des objectifssectoriels, n’ont pas toujours été conformes aux politiques de la Banque mondiale pour ledéveloppement d’institutions de microfinance viables. Une coordination entre les secteursest essentielle si la Banque mondiale veut adopter une approche cohérente. Au sein de larégion Afrique, le groupe technique Secteur privé et finance est le point de référence pours’assurer de la qualité des composantes microfinance, et services financiers aux PME eten zones rurales des opérations de la Banque mondiale, tous secteurs confondus. Legroupe thématique offre, par ailleurs, un forum pour faciliter les échanges de points devue entre les différents services du groupe de la Banque mondiale, permettant ainsid’améliorer la conception des projets et de développer une base de données sur toutes lesopérations en portefeuille dans ce secteur.

L’un des efforts de coordination entre les services vise particulièrement àdistinguer l’intermédiation financière du développement social, dans la conception deprogrammes d’appui. L’intermédiation financière met l’accent sur la viabilité desinstitutions de microfinance, et des services financiers aux PME et en zones rurales. Ledéveloppement social cherche surtout à améliorer les conditions de vie des populations àfaibles revenus, des populations rurales et des femmes clientes de ces institutions, pourleur permettre d’avoir accès aux services financiers (par exemple par des formations à labase en finance ou en matière d’éducation coopératives). Ceci revient à dire qu’il estpréférable que les fonds sociaux et les projets visant directement l’allégement de lapauvreté financent des appuis sous forme de subventions, destinées à atteindre le plusgrand nombre et que l’on évite d’y introduire des mécanismes de crédit. Dans lesopérations du secteur privé et du secteur financier, il convient de mettre l’accent sur lamise en place d’un cadre réglementaire et d’une politique économique favorables à ces

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activités et de faire en sorte que les institutions de microfinance et services financiers enzones rurales qui obtiennent de bons résultats puissent disposer de fonds propreslorsqu’elles en ont besoin. Des appuis en matière de renforcement des compétences pourles différentes institutions du secteur, peuvent être introduits dans tous les types deprojets, s’ils sont subordonnés à certains critères de performance conformes à ceuxretenus par les bailleurs de fonds4.

4 Dans le cadre du Comité des bailleurs de fonds pour les petites entreprises et du Groupe de travail des

bailleurs de fonds sur le développement des systèmes financiers, Cf. Financement des petites et micro-entreprises : principes directeurs pour choisir et appuyer les institutions intermédiaires , Washington,D.C. : Secrétariat c/o: Banque mondiale, PSD et FSD, 1995 ; critères d’éligibilité du CGAP.

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VI. LES PHASES DU PROGRAMME DEDÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ET DESSERVICES FINANCIERS AUX PME ET EN MILIEU

RURAL

Le programme qui est proposé s’articule autour de quatre phases pour permettre augroupe de la Banque mondiale d’appuyer, dans chaque pays et de manière appropriée, ledéveloppement de la microfinance, et des services financiers aux PME et en zonesrurales. Par exemple, certains pays devront commencer par la phase 1 car ils neconnaissent pas bien la microfinance ni les pratiques de référence au niveau international,alors que d’autres commenceront par la phase 3 car ils sont déjà sensibilisés auxpratiques de référence et ont déjà rassemblé suffisamment d’informations, même s’il leurreste à mettre en place un programme d’action globale. Et enfin d’autres pays peuventn’avoir plus qu’à améliorer la performance d’un programme existant.

Phase 1 : Sensibilisation. En collaboration étroite avec l’IDE5 et SBP, la Banquemondiale organise des séminaires régionaux qui présentent aux responsables de lapolitique économique les pratiques de référence internationales dans la mise enplace de cadres réglementaires et de politiques économiques favorables aufinancement de la micro-entreprise, des PME et des zones rurales. Les séminairesprésentent également les résultats des institutions qui sont viables. Afin d’êtreéligible à cette phase 1, un pays doit être prêt à envoyer de hauts responsables dela politique économique, ainsi que de la Banque centrale, dans la délégationcomposée par ailleurs de professionnels de la microfinance et de banquiers. Encollaboration avec d’autres organisations internationales de développement, laRégion Afrique de la Banque mondiale, le CGAP, et l’IDE organisent desséminaires d’appui technique ciblés sur la collecte de l’épargne par exemple, etsur la manière d’introduire la microfinance et les services financiers aux PMEdans les opérations des banques commerciales.

Phase 2 : Diagnostic. La Banque mondiale apporte un soutien aux pays qui lesouhaitent, pour diagnostiquer la politique économique, l’environnementréglementaire et le cadre institutionnel nécessaires au développement de lamicrofinance et des services financiers aux PME et en zones rurales. Ce soutienpeut se composer d’ateliers nationaux (en particulier lorsqu’il fait suite à un atelierrégional) au cours duquel les principaux acteurs au niveau national examinent les

5 Institut de développement économique

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résultats de ce travail et proposent une stratégie et un programme d’action pour ledéveloppement de la microfinance. La Banque mondiale travaille aussi avec desréseaux de professionnels de la microfinance dans le cadre du Programmerecherche action. La Banque mondiale peut enfin apporter un appui indirectlorsqu’elle soutient les réseaux nationaux ou directement, ou lorsque le Directeurdudit pays à la Banque mondiale lui en fait la demande, au vu des éléments quifigurent dans la stratégie d’aide pays (Country Assistance Strategy).

Phase 3 : Préparation du programme d’action. Développer le financement de lamicro-entreprise et des services financiers aux PME et en zones rurales nécessiteun niveau important d’appropriation du projet par les différents acteurs, ainsiqu’une approche participative pour atteindre les niveaux de performance observésdans les meilleurs programmes. Aussi l’implication du gouvernement et desdifférentes parties prenantes est elle essentielle à ce stade. L’objectif de cettephase est de conduire un processus participatif identique à celui qui a donné detrès bons résultats en Afrique du Sud. Au cours de ce processus, des praticiens etdes experts internationaux ont travaillé avec un groupe représentatif des différentsacteurs locaux pour élaborer un plan d’action adapté au pays, afin de développerle secteur de la microfinance. Des entretiens avec des groupes de travailreprésentant les différents intervenants constituent un élément important de ceprocessus. Le plan d’action qui en résulte peut se composer par exemple depropositions de réformes réglementaires ou de politique économique (en lien avecla SFI), d’un programme de renforcement institutionnel pour les institutions demicrofinance, et les services financiers aux PME et en zones rurales (y comprisles banques) par la mise en place d’une organisation faîtière ou d’autresmécanismes.

Phase 4 : Appui au programme d’action. La Banque mondiale soutient lesprogrammes par des opérations de prêts ou par l’intermédiaire d’autres servicesd’appui pour mener à bien les réformes réglementaires, le renforcementinstitutionnel, pour débloquer des lignes de crédit ou d’autres instrumentsnovateurs. L’intervention de la Banque mondiale suppose un engagement du paysà mettre en place un environnement réglementaire approprié, l’existence d’aumoins une institution ou d’un réseau d’institutions faisant autorité au niveaunational, la disposition des gouvernements à travailler en lien étroit avec lesorganisations non gouvernementales et les banques commerciales, et enfin uneimplication importante de l’ensemble des acteurs concernés. La phase 4 peutcomporter un travail approfondi pour finaliser la conception de composantesspécifiques ou de projets pilotes. Dans les pays où il existe des projets ou desopérations pilotes assez avancés de microfinance et de services financiers auxPME ou en zones rurales qui nécessitent des améliorations, la Banque mondialepeut apporter un appui institutionnel. Cet appui permet de renforcer lesinstitutions elles-mêmes et de donner une formation professionnelle auxintervenants, pour qu’ils puissent étendre la sphère de leurs activités. Il permetaussi de développer des opérations viables, d’intégrer ces opérations dans le cadreinstitutionnel du pays et d’encourager la gestion des projets par le personnel local.

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ANNEXE A. L’APPUI AU DÉVELOPPEMENT DES PME : UNE APPROCHECONJOINTE

Banquemondiale

SFI EDI

I. AMÉLIORER LE CADRE JURIDIQUERespect des contratsrédaction des lois sur le crédit-bail

XX X

II. RENFORCEMENT DES COMPÉTENCESAppui aux PME en amont du financementplan d’affaires X Xrecherche de partenariats techniques X Xfonds d’appui à frais partagés XAppui aux PME en aval du financementmarketinggestion financière

X X

système de gestion de l’information X Xprocessus de production X Xfonds d’appui à frais partagés XProgrammes de formationpour les dirigeants d’entreprises X Xpour le personnel des PME X Xpour les banquiers X X Xpour les intermédiaires non financiers X X

III. DÉVELOPPER DES INSTRUMENTSNOVATEURSMécanismes de garantie du portefeuille X système de notation standardisée (CreditScoring)

X

Mécanismes de partage des risques X

IV. FINANCER LES PMEFinancement direct : Produits traditionnels XFinancement à moyen et long termesFinancement du fonds de roulement

XX

Financement direct : Nouveaux produitsGaranties en monnaie localePrêts en monnaie localeInstruments de crédit-bail

XXX

Financement indirect par des intermédiairesfinanciers :

X X

Mise en place de sociétés de crédit-bailProjets pilotesLigne de crédit pour du financement de longterme (conforme à la directive OP 8.30)

XX

XXX

Appui aux PME dans leur recherche definancement

X X

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ANNEXE B. DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE ET DES SERVICESFINANCIERS EN MILIEU RURAL : COLLABORATION DES INTERVENANTS

Banquemondiale

SFI CGAP EDI SBP

I. AMÉLIORER LE CADRE JURIDIQUEAppui à l’organisation de forums sur la politique économique etl’environnement

X X X

Appui à la rédaction de lois• Sur la politique des taux d’intérêt X X• Sur les intermédiaires financiers X XAméliorer les capacités de réglementation et de supervision desbanques centrales• Formation aux pratiques de référence X• Appui d’experts en matière de supervision XII. RENFORCER LES COMPÉTENCESSéminaires sur les pratiques de référence• Pour les praticiens (ateliers techniques) X X X X• Pour les responsables de la politique économique et les autorités

monétairesX X X X

• Pour les banquiers X X XSubventions liées aux résultats pour les IMFR• Développement de nouveaux produits pour les clients des zones

ruralesX

• Développer les systèmes de gestion de l’information X X• Formation du personnel X X• Couverture des coûts de démarrage X X• Développement institutionnel X XAppui aux réseaux nationaux d’IMFR• Couverture des coûts de démarrage X• Formation du personnel X X X• Dialogue avec les autorités monétaires XIII. DÉVELOPPER DES INSTRUMENTS NOVATEURSLien entre les banques et les IMFR XCollaboration avec les banques commerciales• Mécanismes de réduction des risques des banques X X• Expertise technique pour les banques X X• Transformation des IMFR en intermédiaires financiers formels X XIntroduction de nouveaux instruments• Evaluation des risques-clients X• Mécanismes de réduction des risques X• Nouvelles technologies XIV. FINANCER LES IMFRFinancement direct• Garanties X• Lignes de crédit aux institutions respectant les critères de

performance des IMFR (portée, rentabilité)X

• Lignes de crédit pour des financements de long terme auxinstitutions profitables de microfinance

X

Financement indirect par les intermédiaires financiers locaux• Banques commerciales X• Projets pilotes X

IMFR = Institutions de microfinance et de financement rural

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ANNEXE C. STRATÉGIE DE DÉVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCEET DES SERVICES FINANCIERS AUX PME ET EN MILIEU RURAL : PHASES

DE MISE EN OEUVRE

Banquemondiale

SFI CGAP IDE SBP

PHASE I. SENSIBILISATION• Séminaires régionaux pour les responsables politiques

et les professionnels du secteurX X X

• Séminaires techniques pour introduire la microfinance etle financement des PME dans les activités bancairestraditionnelles

X X X

• Dialogue avec les gouvernements sur la politiqueéconomique à mettre en oeuvre

X

• Appui à la création et à l’organisation des réseaux deprofessionnels des IMFR

X

PHASE II. DIAGNOSTIC• Evaluation du cadre politique, réglementaire et

institutionnel du paysX X

• Atelier national sur les pratiques de référence X X X X• Appui aux réseaux pour analyser la situation et faire des

propositionsX

PHASE III. PRÉPARATION DES PLANS D’ACTION• Processus participatif avec tous les intervenants

état des lieuxatelier nationalactivités des réseaux

XXX

X XXX

• Groupes représentatifs et atelier pour préparer lastratégie et le plan d’action

X X X X

PHASE IV. APPUI AU PLAN D’ACTION• Révision des lois et réglementation X X• Programmes de formation pour les IMFR, les agents de

la Banque centrale et les autorités de réglementationX X X

• Soutien au plan d’action dans une perspective d’appuiinstitutionnel

projets pilotessubventions liées à des critères de performance,pour le renforcement des compétencesinstitutionnalisation des projets ayant de bonsrésultatslignes de crédit pour les IMFR qui remplissentles critères de performance

XX

X

X X

X

X