Pré-étude globale : Le Thérain de Milly-sur-Thérain à ... · Milieu aquatique pour réaliser...

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Syndicat Intercommunal de Gestion du Thérain et de ses Bras Secondaires Pré-étude globale : Le Thérain de Milly-sur-Thérain à Fouquenies Décembre 2015

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Syndicat Intercommunal de Gestion du Thérain et de

ses Bras Secondaires

Pré-étude globale :

Le Thérain de

Milly-sur-Thérain

à Fouquenies

Décembre 2015

2

Pré-étude globale Table des matières

Contexte de l’étude .......................................................................................................................... 4

Le Haut Thérain de Milly sur Thérain à Fouquenies ....................................................................... 4

L’hydromorphologie fluviale ........................................................................................................... 7

Méthodologie du diagnostic ........................................................................................................... 11

Les facteurs limitants ..................................................................................................................... 14

Résultats ......................................................................................................................................... 19

Perspectives .................................................................................................................................... 24

Fiches action................................................................................................................................... 25

Conclusion ..................................................................................................................................... 35

Annexes : fiches ouvrages ROE ..................................................................................................... 36

Syndicat Intercommunal de Gestion du Thérain et

des Bras Secondaires

3

Table des figures Figure 1 : Territoire du SIGTBS et réseau hydrographique ............................................................. 4

Figure 2: Histogramme des débits moyens mensuels interrannuels à la station hydrométrique du

Thérain à Beauvais ........................................................................................................................... 6

Figure 3 : Les variables de contrôle et de réponse (D’après Schumm, 1977) ................................. 7

Figure 4 : Balance de Lane (Eléments d’hydromorphologie fluviale, ONEMA, 2010) .................. 8

Figure 5 : différents écosystèmes / différents services écologiques .............................................. 10

Figure 6 : Clé de détermination des faciès d’écoulement, Malavoi et Souchon, 2002 .................. 13

Figure 7 : Exemple d'obstacles à la continuité écologique et sédimentaire ................................... 14

Figure 8 : Cours d'eau chenalisés ................................................................................................... 15

Figure 9 : Ripisylve inadaptée en peupliers (A) et réseau de drainage (B) .................................... 17

Figure 10 : exemple de ruissellement d'eaux pluviales .................................................................. 18

Figure 11 : déconnexion du lit mineur avec le lit majeur : Merlon de curage en amont du Moulin

des Forges ...................................................................................................................................... 19

Figure 12 : Localisation des obstacles à la continuité écologique à l'amont et sur le territoire du

SIGTBS .......................................................................................................................................... 22

Figure 13 : Eclaircies sélectives © République et canton de Genève, 2008 .................................. 32

Figure 14 - Fauche manuelle - © Guide technique sur la Renouée, SMABB, 2013 ........ 34

Figure 15 - Plantation de saules - © Guide technique sur la Renouée, SMABB, 2013 ................. 34

Table des tableaux Tableau 1 : Masses d'eau superficielles et leurs objectifs DCE ....................................................... 5

Tableau 2 : Exemples de services écosystémiques fournies par les cours d'eau, inspirée par le

programme des nations unies (UICN France, 2012) ........................................................................ 9

Tableau 3 : Principaux impacts des obstacles à la continuité écologique des cours d'eau ............ 14

Tableau 4 : Principaux impacts des travaux hydrauliques sur les paramètres physiques des cours

d'eau (Wasson et al., 1998 ; Malavoi & Adam, 2007 ; Dassonville, 2010) ................................... 15

Tableau 5 : Principaux impacts des pollutions domestique et urbaine sur les cours d'eau ............ 17

Tableau 6 : Principaux impacts de l'imperméabilisation des sols sur les cours d'eau .................... 18

Tableau 7 : Descriptif des 11 ouvrages présents sur le territoire d'étude ....................................... 20

Tableau 8 : Classement des masses d'eau sur le bassin versant du Thérain amont ........................ 21

4

Contexte de l’étude

Le Syndicat Intercommunal de Gestion du Thérain et de ses Bras Secondaires de Milly sur

Thérain à Fouquenies (SIGTBS) a mandaté la Fédération de l’Oise de Pêche et de Protection du

Milieu aquatique pour réaliser une pré-étude globale sur le Haut Thérain. Un problème de

déchaussement pèse sur les ouvrages d’arts. Ce phénomène traduit un dysfonctionnement du

Thérain dans sa dynamique naturelle lié aux différents usages et pressions (passés et actuels) sur

l’ensemble de son bassin versant.

Ce document présente le secteur d’étude puis les notions d’hydromorphologie fluviale

nécessaires à la compréhension des dysfonctionnements. La méthodologie appliquée et les

différents facteurs limitants et leurs impacts seront présentés. Enfin, quelques pistes

d’améliorations écologiques et de préservation des ouvrages d’arts seront exposées.

Le Haut Thérain de Milly sur Thérain à Fouquenies

Situé au centre du département de l’Oise, en Picardie, le territoire du SIGTBS comprend les

communes de Milly sur Thérain, Herchies, Fouquenies et Troissereux (figure 1).

Figure 1 : Territoire du SIGTBS et réseau hydrographique

5

L’intégralité du bassin versant du Thérain se caractérise par un réseau hydrographique d’environ

250 km. Le réseau hydrographique sur le territoire du SIGTBS représente un linéaire d’environ

21 km comprenant trois masses d’eau référencées comme suit :

Tableau 1 : Masses d'eau superficielles et leurs objectifs DCE

Code Nom Nature

Type

Etat en

2009

Objectif

global

échéance

Objectif

écologique

échéance

Objectif

chimique

échéance

FRHR222

Le petit Thérain de sa

source au confluent

du Thérain

Naturelle

P9 Bon état

Bon état

2015

Bon état

2015

Bon état

2015

FRHR221

Le Thérain de sa

source au confluent

du Petit Thérain

Naturelle

TP9

Etat

moyen*

Bon état

2015

Bon état

2015

Bon état

2015

FRHR223

Le Thérain du

confluent du Petit

Thérain au confluent

de l’Avelon

Naturelle

P9

Etat

moyen*

Bon état

2015

Bon état

2015

Bon état

2015

* Paramètre déclassant : biologie

Climat

Situé au nord du bassin parisien, le territoire du SIGTBS bénéficie d’un climat océanique altéré.

La pluviométrie moyenne est de 660 mm. Les températures moyennes annuelles sont

relativement modérées, les hivers sont doux et les étés sont frais. Janvier et décembre sont les

mois les plus froids (avec une moyenne de 5,8°C) tandis que juillet et août sont les mois les plus

chauds avec une moyenne de 18°C. Sauf année particulière, les sécheresses estivales ne sont pas

courantes.

6

Hydrologie

Une station hydrométrique existe à Beauvais, à l’aval de notre secteur d’étude. Les données

collectées depuis 1967 permettent de proposer des tendances.

L’analyse des débits moyens mensuels révèle des fluctuations saisonnières peu importantes avec

un écart de 2,7m3/s entre les hautes et basses eaux. Ce faible écart est à mettre en relation avec la

géologie du bassin versant, notamment la connexion entre le cours d’eau et la nappe.

Figure 2: Histogramme des débits moyens mensuels interrannuels à la station hydrométrique du Thérain à

Beauvais

7

L’hydromorphologie fluviale

Définition

L’hydromorphologie

L'hydromorphologie des cours d’eau est une science qui étudie les processus physiques régissant

le fonctionnement des cours d'eau et les formes qui en résultent. Les cours d'eau non modifiés par

les activités humaines sont des systèmes à "l'équilibre dynamique". La notion "d'équilibre

dynamique" signifie un ajustement permanent des caractéristiques physiques des cours d'eau. Un

cours d’eau en bon état présente une dynamique naturelle, des évolutions latérales et verticales

(Malavoi et al., 2007).

Dans des conditions naturelles relativement constantes, les rivières tendent à établir un équilibre

dynamique entre deux types de variables (figure 3) : les variables de contrôle, comme le débit

liquide et la charge solide, et de réponse comme la largeur, la sinuosité (Schumm, 1977). Les

variables de contrôle principales et secondaires s’imposent directement à la rivière et contrôlent

son évolution physique. Les variables de réponse permettent à la rivière de modeler sa

morphologie en fonction des fluctuations des variables de contrôle (Malavoi et al., 2010).

Variables de contrôle

à l’échelle du bassin versant à l’échelle du tronçon

secondaires

Débit solide (Qs)

Débit liquide (Q)

principales

Variables de réponse

Pente et géométrie de la vallée

Granulométrie du lit et des berges

Végétation rivulaire

Géométrie (largeur, profondeur)

Profil en long

Tracé en plan ou style fluvial

Climat - Géologie

Couverture végétale

Variables de contrôle

à l’échelle du bassin versant à l’échelle du tronçon

secondaires

Débit solide (Qs)

Débit liquide (Q)

principales

Variables de réponse

Pente et géométrie de la vallée

Granulométrie du lit et des berges

Végétation rivulaire

Géométrie (largeur, profondeur)

Profil en long

Tracé en plan ou style fluvial

Climat - Géologie

Couverture végétale

secondaires

Débit solide (Qs)

Débit liquide (Q)

principales

Variables de réponse

Pente et géométrie de la vallée

Granulométrie du lit et des berges

Végétation rivulaire

Géométrie (largeur, profondeur)

Profil en long

Tracé en plan ou style fluvial

Climat - Géologie

Couverture végétale

Figure 3 : Les variables de contrôle et de réponse (D’après Schumm, 1977)

L’équilibre dynamique

La dynamique d’un cours d’eau est couramment représentée comme l’oscillation permanente de

l’aiguille d’une balance, dite balance de Lane (figure 4), dont un plateau représente le débit solide

(Qs) et l’autre le débit liquide (Q).

8

Figure 4 : Balance de Lane (Eléments d’hydromorphologie fluviale, ONEMA, 2010)

Ces débits d’eau et de sédiments sont à l’origine des processus d’érosion et de dépôt qui

façonnent la morphologie d’une rivière. Ainsi, tout cours d’eau fonctionnant normalement

transporte et dépose les matériaux solides issus des berges soumises aux processus d’érosion

latérale. On observe alors des zones préférentielles de dépôts et d’érosion.

L’équilibre naturel est modifié dès lors que l’on modifie le milieu. Par exemple, la stabilisation

des berges et les endiguements bloquent le processus d’érosion latérale, avec des répercutions à

l’aval. La rivière compense alors la perte de charge sédimentaire en érodant son lit , c’est

l’incision du lit. Il en résulte une perte de la diversité des habitats et du potentiel écologique.

Notion de continuité écologique

La notion de continuité écologique a été introduite par la Directive Cadre européenne sur l’Eau

(DCE) comme un élément de jugement de l’état écologique des cours d’eau. Elle repose sur deux

paramètres :

la libre circulation des organismes, compatible avec leur cycle de vie ;

la libre circulation des sédiments, nécessaire au maintien d’un biotope favorable à

l’établissement et au maintien de la biocénose.

Continuité écologique : Réservoirs de biodiversité et corridors écologiques maintenant une

capacité de mouvement entre les réservoirs biologiques par les corridors écologiques.

Continuité latérale : Désigne les échanges biologiques et hydrologiques qui ont lieu entre les

cours d’eau, ses annexes hydrauliques et sa plaine alluviale.

Continuité longitudinale : Désigne la libre circulation des flux liquides, solides et des espèces

d’amont en aval (et inversement) du cours d’eau.

Continuité verticale : Définit les échanges (physico-chimiques, biologiques) et écoulements

hydrauliques entre la rivière et les nappes souterraines, par l’intermédiaire de la zone

hyporhéique.

La DCE a fixé comme objectif ambitieux la non dégradation ou l’atteinte du bon état écologique

des masses d’eau d’ici 2015 pour au moins deux tiers des cours d’eau. La France, avec l’adoption

9

des lois Grenelle, a mis en place des outils comme la Trame Verte et Bleue (TVB) qui vise à

rétablir les continuités écologiques aquatiques et terrestres.

L'hydromorphologie et la DCE

La DCE définit le bon état écologique des masses d'eau selon des critères biologiques1 et

physico-chimiques2. L'état hydromorphologique des cours d'eau ne constitue pas un indicateur

utilisé dans l'évaluation de la qualité des masses eau, sauf comme condition du très bon état.

Cependant, la DCE intègre l'hydromorphologie comme facteur explicatif de l'état biologique. Les

paramètres hydromorphologiques soutenant les paramètres biologiques, précisés par la circulaire

DCE 2005/12, sont :

- les conditions morphologiques : diversité des profondeurs, de la largeur de la rivière,

du substrat du lit et de la végétation des rives, annexes hydrauliques fonctionnelles ;

- la continuité écologique de la rivière : montaison et dévalaison des espèces aquatiques,

flux de sédiments, connexions avec les annexes hydrauliques ;

- le régime hydrologique : respect de débits minimums d'étiage, présence de crues

morphogènes (temps de retour 1 à 3 ans), connexions avec les eaux souterraines.

Ces critères aident à définir le bon fonctionnement hydromorphologique. Il est nécessaire de

rappeler que cette définition résulte d'une évolution lente des objectifs de restauration et évolue

encore avec les connaissances (Brookes, 1988 ; Malavoi et al., 2007 ; Oraison et al., 2011).

Services écosystémiques

Le milieu naturel rend de nombreux services aux sociétés humaines et contribue à leur

développement et leur bien-être. Les cours d'eau, partie intégrante des hydrosystèmes, offrent des

services écosystémiques, cités dans le tableau 2, et des ressources biologiques essentiels pour

l’existence et le bien-être des êtres humains.

Tableau 2 : Exemples de services écosystémiques fournies par les cours d'eau, inspirée par le programme des

nations unies (UICN France, 2012)

Régulation Approvisionnement Soutien Culturel

Pollution et qualité des eaux Régulation du régime hydraulique Régulation des risques naturels Régulation du climat global et local

Pêche et pisciculture Ressource en eau Industries Energie Ressources génétiques

Offre d’habitats Formation et rétention des sols Cycle des nutriments Production primaire

Loisirs et écotourisme Paysage Valeur de la biodiversité et patrimoine Source et support d’inspiration artistique

1 IBD, IBGN, IBMR, IPR, IOBS.

2 L'oxygène dissous, Demande Biochimique en Oxygène sous 5 jours (DBO5), Carbone organique dissous (COD),

Température, pH, Concentrations en Azote, Phosphore, Chlorures et Sulfates, Conductivité.

10

Figure 5 : différents écosystèmes / différents services écologiques

11

Méthodologie du diagnostic

Afin de réaliser l’étude dans de bonnes conditions, plusieurs investigations préalables ont été

menées :

- la collecte des données,

- la reconnaissance de terrain,

- les enquêtes de terrain.

La collecte des données : les principales études à partir desquelles nous avons travaillé sont :

- Diagnostic du Haut Thérain de Milly sur Thérain à Fouquenies (CATER Oise, juin 2015)

- Note d’enjeu du bassin versant du Thérain (DREAL, 2012)

- Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion des ressources

piscicoles (FDPPMA60, 2004 et 2015).

Le diagnostic vise à apprécier les qualités physiques et biologiques des milieux aquatiques sous

l’influence des activités humaines. Les qualités physiques du milieu aquatique résultent des

pratiques passées et actuelles dans et autour de cet écosystème ; ce sont les facteurs limitants,

présentés dans la partie suivante.

Le diagnostic physique est basé sur :

- La continuité écologique

Les continuités longitudinales et latérales sont concernées. Des observations de terrain et la base

de données ROE de l’ONEMA ont permis de renseigner ce volet du diagnostic.

- Le gabarit

Il est communément admis en hydromorphologie que plus une rivière déborde dans son lit

majeur, plus elle est dynamique et a une capacité à se diversifier. Théoriquement, une rivière au

gabarit naturel déborde pour une crue d’occurrence 2 ans. Il est donc couramment admis que le

débit de plein bord correspond à la Q2 (crue dite « morphogène »).

- La sinuosité

Le tracé d’un cours d’eau est naturellement sinueux à très sinueux en fonction des différentes

variables de contrôle (géologie, climat, pente, …). Les travaux hydrauliques effectués par le

passé ont souvent modifié ce tracé, transformant les cours d’eau en de véritables lignes droites.

Ces travaux avaient pour but de faciliter l’exploitation de parcelles agricoles ou étaient menés

dans une philosophie de protection contre les crues.

12

- Les habitats

o La granulométrie du substrat

La granulométrie apporte une information importante tant pour les aspects morphodynamiques

(rugosité du lit, transport solide) que biologiques (notion d’habitat, de refuge et d’abri

hydraulique) (MALAVOI, 2002). Cette description a été faite à partir de la typologie de

WENTWORTH (1922).

-

-

-

-

o Les faciès d’écoulement

Les faciès d’écoulement se définissent par une certaine uniformité générale sur le plan des

vitesses, des hauteurs d’eau, de la granulométrie du substrat, de la pente du lit, de la ligne d’eau et

des profils en travers (MALAVOI, 2002). La description de la succession des faciès

d’écoulements a été établie à partir de la typologie de Malavoi et Souchon (figure ci-dessous),

lors du parcours à pieds de la totalité du linéaire concerné par l’étude. Ce travail permet de

disposer d’une représentation des types d’habitats aquatiques et des linéaires influencés par les

obstacles à la continuité écologique.

Nom de la classe

granulométrique

Classe de taille

(Diamètre perpendiculaire au

plus grand axe)

Rochers > à 1m

Blocs 25 cm-1m

Pierres 6-25 cm

Cailloux 1,6-6 cm

Graviers 0,6-6 cm

Sables 0,05 mm

Limons <0,05 mm

Absente Roche mère affleurante

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Figure 6 : Clé de détermination des faciès d’écoulement, Malavoi et Souchon, 2002

- La ripisylve

La ripisylve joue plusieurs rôles importants sur la faune et la flore, la température de l’eau, la

tenue des berges, ….

- L’occupation des sols sur l’ensemble du contexte

Ces critères sont affectés par les facteurs limitants, présentés ci-après.

14

Les facteurs limitants

Les facteurs limitants sont les éléments qui impactent les qualités physico-chimique ou physique

des cours d’eau.

L’identification des facteurs limitants s’est faite en associant d’une part la synthèse

bibliographique des données existantes (études des milieux aquatiques de la FDPPMA et des

différents partenaires techniques, analyse cartographique, photo-interprétation) et d’autre part les

visites de terrain. Les principaux facteurs limitants recensés sur le territoire sont présentés ci-

après.

Les obstacles à la continuité écologique : Ouvrages et seuils

La continuité écologique est une notion introduite en 2000 par la Directive Cadre européenne sur

l’Eau (DCE). Elle est définie par la possibilité de circulation des organismes vivants et le bon

déroulement du transport naturel des sédiments.

La continuité amont/aval est entravée par les obstacles transversaux comme les seuils et barrages,

alors que la continuité latérale est impactée par les ouvrages longitudinaux comme les digues et

les protections de berges. Ils sont à l’origine de profondes transformations de la morphologie et

de l’hydrologie des milieux aquatiques et perturbent le fonctionnement de ces écosystèmes.

Le dimensionnement et la configuration de l’obstacle (hauteur de chute, longueur, présence ou

non d’une fosse d’appel en aval) conditionnent sa franchissabilité. Le linéaire affecté est évalué à

partir de la hauteur des ouvrages, de leur emplacement, de l’effet cumulé de leur succession sur

un même cours d’eau et de la pente locale. Les impacts sont présentés dans le tableau 3 ci-

dessous.

Tableau 3 : Principaux impacts des obstacles à la continuité écologique des cours d'eau

Propriétés

atteintes Altérations

Hydrologique Modification des débits à l’aval, augmentation des temps de transfert, assecs,

augmentation de l’évaporation […]

Physique Blocage de la dynamique fluviale, diminution du transit des sédiments grossiers,

augmentation de la sédimentation, homogénéisation des faciès d'écoulement, […]

Ecologique

Rupture de la continuité écologique, isolation génétique des populations piscicoles,

homogénéisation des habitats, ennoiement des zones de radier, diminution des capacités

d’accueil et de production, banalisation des peuplements piscicoles, augmentation de la

température de l’eau, diminution de la quantité d’oxygène dissous, […]

Figure 7 : Exemple d'obstacles à la continuité écologique et sédimentaire

15

Les travaux hydrauliques

Les travaux hydrauliques comprennent tous les types d'intervention sur les cours d'eau ayant pour

objectif « d'organiser » le milieu naturel et le rendre compatible avec les diverses activités

humaines (OIEAU, 1993). Ils se rencontrent sous différents termes comme aménagement,

entretien ou encore chenalisation.

La chenalisation concerne toutes les interventions visant à accélérer l'écoulement en augmentant

la débitance, par modification du tracé en plan, de la géométrie en travers, de la pente et de la

rugosité d'un cours d'eau. Sont inclus les ouvrages longitudinaux (protection de berges) et

transversaux de stabilisation (seuils) qui accompagnent généralement ces interventions pour

maintenir une forme hydraulique « efficace » (Wasson et al., 1998). La rectification, le

recalibrage, le curage, la dérivation, la dévégétalisation et le retrait du bois mort et de la

granulométrie sont autant de travaux compris dans le terme « chenalisation ».

Les travaux hydrauliques ont longtemps été conduits dans l'ignorance des fonctionnements

hydrologique et écologique des systèmes fluviaux. Aujourd'hui, il est établi que les altérations

majeures des hydrosystèmes sont en partie imputables à ces travaux. Ils modifient les

caractéristiques des cours d’eau selon quatre dimensions interconnectées : les dimensions

longitudinales (d'amont en aval), verticales (la zone hyporhéique3), latérales (lit majeur) et la

dimension temporelle. Ils entraînent une accélération brutale de l'évolution morphologique des

cours d'eau : incision, érosion latérale, perturbation de la dynamique sédimentaire (Niemi et al.,

1990). Ces altérations physiques créent des dysfonctionnements hydromorphologiques et

écologiques (tableau 4 ci-dessous). Ils contribuent à la dégradation de la qualité de la ressource en

eau et des milieux aquatiques ainsi qu’à la perte de la biodiversité (Wasson et al., 1998).

L'importance de ces impacts est fonction du type de cours d'eau, du linéaire, de l'ancienneté et de

l'ampleur des travaux, et affectent durablement la faune piscicole.

On peut admettre qu’ici 100 % du linéaire compris dans la zone d’étude a été impacté par les

travaux passés : la grande majorité du secteur par le recalibrage et, sur des secteurs pouvant être

considérés comme « naturels » (non sujets au recalibrage), des gravières sont présentes de part et

d’autre du cours d’eau.

Tableau 4 : Principaux impacts des travaux hydrauliques sur les paramètres physiques des cours d'eau

(Wasson et al., 1998 ; Malavoi & Adam, 2007 ; Dassonville, 2010)

3 Zone d'interface rivière-nappe. Définie comme l'ensemble des sédiments saturés en eau situés au-dessous et à côté

d'une rivière, contenant une certaine proportion d'eau de surface (Datry, 2008).

Figure 8 : Cours d'eau chenalisés

16

Propriétés atteintes Altérations

Hydrologique

Variations brutales et fréquentes du débit, accentuation des régimes

hydrologiques, modification des relations nappes/rivières, augmentation ou

réduction de la fréquence des crues, déconnexion entre le lit mineur et ses

annexes hydrauliques […]

Physique

Réduction de la sinuosité, profils peu variés, élargissement du lit mineur, incision

du lit mineur, blocage de la dynamique latérale, homogénéisation des faciès

d'écoulement, perturbation du transit sédimentaire, surcharge en matières en

suspension, colmatage, disparition de la ripisylve, modification de la structure des

berges […]

Ecologique

Homogénéisation et disparition des habitats, augmentation de la luminosité et de

la température de l’eau, diminution de la capacité d'autoépuration, aggravation

des effets de l'eutrophisation, appauvrissement des habitats dans le lit majeur,

diminution de la nourriture, de la capacité d’accueil et de la microfaune benthique

[…]

Erosion des sols agricoles et ruissellement

L’érosion hydrique est un processus physique d’arrachement, de transport et de dépôt de terre

d’une parcelle sous l’action de l’eau (Elyakime, 2000). Pour mémoire, 73% de la surface du

département de l’Oise est constitué de parcelles agricoles. Le piétinement du lit mineur et la

destruction des berges sont inclus dans ce facteur limitant. Rappelons toutefois qu’il est

primordial de préserver et d’encourager le maintien des prairies en fond de vallée !

Les conséquences de l’érosion des sols sont d’ordre écologique et socio-économique :

- Pollution des eaux par l’apport de nutriments (nitrates, phosphates), de matières en

suspension (MES) et des polluants associés (hydrocarbures, produits phytosanitaires, …).

- Inondations boueuses dans les fonds de vallées.

- Colmatage du fond pouvant aboutir à la réduction -voire la destruction- des zones de

frayères et des habitats.

- Le phosphore ou les nitrates peuvent causer divers problèmes écologiques tels que des

blooms algaux, une diminution de l’oxygène dissous dans l’eau ou encore une baisse de la

biodiversité (Carpenter, 1998).

Ces facteurs limitants impactent majoritairement la reproduction mais aussi la capacité d’accueil

(envasement des zones de radiers, pollution de l’eau,…).

17

Populiculture

La populiculture est l’exploitation de peuplements artificiels de peupliers à tendance

monospécifique localisés essentiellement dans les fonds de vallées sur d’anciennes pâtures.

L’implantation de peupleraies s’accompagne parfois de l’implantation d’un dense réseau de

drains en connexion directe avec les cours d’eau.

La présence de peupliers le long des rives influe directement le cours d’eau au niveau de sa vie

piscicole. Le système racinaire superficiel ne permet pas une bonne stabilité de l’arbre en rive.

Leur chute ainsi facilitée provoque l’emportement et l’effondrement d’une partie de la berge. Ce

type d’enracinement favorise également la formation de rives abruptes et homogènes dépourvues

d’habitats piscicoles intéressants. De même, cette essence, du fait de ses besoins hydriques, agit

sur l’aspect quantitatif de la ressource en eau. Enfin, la dégradation de ses feuilles en automne

libère des phénols, molécule chimique toxique pour le poisson (Catroux, 2003).

Pollutions domestique et urbaine diffuses

Les rejets de stations d’épuration urbaines ou industrielles, l’assainissement non collectif ou

encore les déchets (en bord ou dans les cours d’eau) sont concernés par ce volet. La pollution

domestique urbaine altère la capacité d’accueil et la capacité de production (tableau 5 ci-dessous).

Tableau 5 : Principaux impacts des pollutions domestique et urbaine sur les cours d'eau

Propriétés

atteintes Altérations

Hydrologique Modification des régimes hydrologiques […]

Qualité

physicochimique

Pollution organique et minérale, diminution de la concentration en oxygène

dissous, apport excessif de nutriments, rejet de produits toxiques,

augmentation de la température […]

Ecologique Aggravation des effets de l'eutrophisation, désordre biologique […]

Figure 9 : Ripisylve inadaptée en peupliers (A) et réseau de drainage (B)

18

L’imperméabilisation des sols

Le développement urbain s’accompagne de

l’imperméabilisation croissante de surfaces naturelles ou

agricoles et entraîne un accroissement du ruissellement des

eaux pluviales. L’imperméabilisation des sols impacte le

fonctionnement hydrologique et la qualité physico-

chimique du milieu récepteur (tableau 6) et accroît le risque

inondation.

Tableau 6 : Principaux impacts de l'imperméabilisation des sols sur

les cours d'eau

Propriétés

atteintes Altérations

Hydrologique

Variations brutales et fréquentes du débit, accentuation des régimes hydrologiques,

modification des relations nappes/rivières, augmentation ou réduction de la fréquence

des crues […]

Physique

Diminution du champ d’expansion des crues, dégradation des berges et du lit mineur,

perte de la capacité de rétention naturelle des zones humides, surcharge en matières en

suspension, colmatage des substrats […]

Ecologique

Pollution par lessivage des surfaces imperméables, apport de matières polluantes

(hydrocarbures, métaux lourds, …), diminution du potentiel écologique, dégradation des

habitats […]

Plans d’eau

De grands plans d’eau issus de l’extraction de matériaux sont situés sur le secteur d’étude. La

plupart ne dispose d’aucun dispositif minimisant les impacts occasionnés sur les peuplements

piscicoles et la qualité de l’eau. Les données bibliographiques (Nihouarn, 1999) estiment à 1 km

la perturbation à l’aval qui peut être imputée à la dégradation de la qualité de l’eau par transfert

de Matières En Suspension (MES) et le réchauffement des eaux. Ces éléments entraînent une

dérive du peuplement piscicole. Par exemple, l’apparition de Brochet en contexte salmonicole va

engendrer une forte compétition avec la Truite fario vis-à-vis des ressources alimentaires.

Les différents types de plans d’eau perturbent le transit sédimentaire, aggravent les phénomènes

d’évaporation (entraînant une perte d’eau importante) et contribuent à aggraver les phénomènes

de sècheresses.

Figure 10 : exemple de ruissellement

d'eaux pluviales

19

Résultats

Certains dysfonctionnements ont été observés lors de la prospection du secteur d’étude.

Un gabarit surdimensionné

Le lit du Thérain présente des tronçons sur-élargis. Les repères que constituent les ouvrages d’art

sont indicatifs d’une largeur ancienne plus étroite. L’élargissement peut être dû aux opérations de

curage effectuées par le passé et/ou traduire un dysfonctionnement dans la continuité

sédimentaire des cours d’eau.

Ponctuellement, le lit mineur est déconnecté de son lit majeur (figure 10 ci-dessous).

La ripisylve est régulièrement absente ou constituée d’une strate arborée de même classe d’âge.

Les berges, majoritairement satisfaisantes, sont inclinées en pente douce et végétalisées (système

prairial en lit majeur rencontré fréquemment ou espaces verts communaux).

Une continuité écologique et sédimentaire fortement dégradée

Comme la figure 11 ci-après l’illustre, 66 ouvrages sont présents de la source à l’aval du territoire

de l’étude dont 11 sur le territoire de l’étude. Le descriptif de ces 11 ouvrages (d’amont en aval)

est résumé dans le tableau ci-dessous. Les fiches détaillées sont quant à elles disponibles en

annexe.

Figure 11 : déconnexion du lit mineur avec le lit majeur : Merlon de curage en amont du Moulin des Forges

20

Tableau 7 : Descriptif des 11 ouvrages présents sur le territoire d'étude

N° Code ROE

Nom Type d’ouvrage

/ Sous-type Franchissement Usage

1 ROE41328 Moulin d’Argent Seuil en rivière / Radier Hchute : 0,61 m

Absence de dispositif de franchissement

Aucun

2 ROE41365 Moulin de la pisciculture de Milly-sur-Thérain

Seuil en rivière / Radier Hchute : 1,83 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Activités aquacoles

3 ROE39921 Seuil de répartition du Moulin Depeaux

Seuil en rivière / Radier Hchute : 1,23 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Energie et hydroélectricité

4 ROE39934 Seuil de décharge du Moulin Depeaux

Seuil en rivière / Radier Hchute : 1,37 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Energie et hydroélectricité

5 ROE39942 Moulin Depeaux Seuil en rivière / Radier

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Energie et hydroélectricité

6 ROE39960 Moulin des anciennes forges

Seuil en rivière

7 ROE39993 Moulin de Campdeville

Seuil en rivière / Radier Hchute : 0,78 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Aucun

8 ROE40011 Moulin de Bracheux

Seuil en rivière / Radier Hchute : 1,30 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Aucun

9 ROE40014 Moulin des Huguenots

Seuil en rivière / Radier Hchute : 0,76 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Aucun

10 ROE40016 Moulin Cendré Seuil en rivière / Radier Hchute : 0,56 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Aucun

11 ROE40018 Moulin de Troissereux

Seuil en rivière / Radier Hchute : 0,86 m

Absence de dispositif de franchissement (navigation)

Aucun

Les ouvrages à l’amont du secteur d’étude ont une incidence sur la continuité écologique et

sédimentaire (cf. paragraphe sur les facteurs limitants). Les types d’ouvrages rencontrés sont des

seuils et vannage de moulins, des radiers de pont et un lavoir.

L’ouvrage à l’aval et hors du territoire du SIGTBS a une importance car sa zone de remous

amont est comprise dans le territoire du syndicat.

La continuité écologique est encadrée par l’article L.214-17 du Code de l’Environnement. Des

portions de cours d’eau présentant des enjeux écologiques particuliers sont inscrites dans deux

arrêtés comme indiqué dans le tableau 7 :

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Tableau 8 : Classement des masses d'eau sur le bassin versant du Thérain amont

Cours d’eau du bassin versant classés en Liste 1 au titre de l’Article L214-17 du Code de l’Environnement

Ruisseau de l’Herperie De sa source à la confluence avec le Petit Thérain

Ru de l’Herboval De sa source à la confluence avec le Petit Thérain

Cours d’eau du bassin versant classés en Liste 2 au titre de l’Article L214-17 du Code de l’Environnement

Ruisseau de l’Herperie De sa source à la confluence avec le Petit Thérain

Ru de l’Herboval De sa source à la confluence avec le Petit Thérain

Ruisseau d’Hanvoile De sa source à la confluence avec le Thérain

Ruisseau de Wambez De sa source à la confluence avec le Thérain

Le Tahier De sa source à la confluence avec le Thérain

Le Petit Thérain De sa source à la confluence avec le Thérain

Le Thérain De sa source à la confluence avec le ruisseau d’Hanvoile

La liste 1 a un objectif de préservation de la continuité écologique. Sur ces portions de cours

d’eau il est interdit de créer un nouvel obstacle à la continuité écologique.

La liste 2 porte une obligation de restauration de la continuité écologique. Les propriétaires

d’ouvrages disposent d’un délai fixé pour mettre en conformité leurs ouvrages.

22

Figure 12 : Localisation des obstacles à la continuité écologique à l'amont et sur le territoire du SIGTBS

23

Une érosion des berges

L’élargissement du cours d’eau résulte des nombreux ouvrages qui font obstacle à la continuité

sédimentaire. L’interruption du transit sédimentaire ne permet pas au cours d’eau de dissiper son

énergie en cas de crue en se « cognant » aux différents constituants du fond du lit, ce que l’on

appelle la rugosité. L’absence de rugosité est assimilable à un fond peu varié, plat et où la

granulométrie ne présente qu’une résistance très faible face à la puissance du cours d’eau.

L’absence de rugosité amène donc le cours d’eau à dissiper son énergie sur les berges et crée

ainsi un élargissement mettant en péril les ouvrages d’art.

Des habitats peu diversifiés

La pente moyenne est d’environ 1,75‰.

La ripisylve est à étudier par tronçons : certains sont en bon état, constitués d’une ripisylve à

essences et strates variées avec différentes classes d’âges représentées ; d’autres n’ont qu’une

strate arborée comme végétation. La présence de Buddleja davidii ou arbre à papillons est relevée

ponctuellement. Cette espèce étant une espèce exotique envahissante, son expansion est à

surveiller et une gestion adaptée doit être mise en place.

La présence de ragondins contribue aussi à la dégradation des berges et à la mise en suspension

de matières fines.

Les journées de prospection ont révélé deux principaux facteurs mettant en péril les ouvrages

d’arts : les obstacles à la continuité écologique et les travaux hydrauliques passés.

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Perspectives

Les différents dysfonctionnements observés sur le lit du Thérain entraînent à moyen-long

terme un risque pour les ouvrages d’arts (affouillement latéral, déstabilisation des piliers, …). Le

rétablissement de la continuité sédimentaire serait bénéfique à la dynamique du cours d’eau et à

son équilibre.

Le programme de mesures du SDAGE Seine Normandie 2016-2021, pour l’unité hydrographique

du Thérain, mentionne dans ses enjeux/problèmes préalablement identifiés :

- L’amélioration de la qualité des eaux superficielles et souterraines (pollutions d’origine

domestiques, agricole et industrielle).

- L’amélioration du fonctionnement des cours d’eau (gestion piscicole, diversification des

habitats, lutte contre le ruissellement).

- Préserver les zones humides à fort intérêt patrimonial, reconquête des milieux humides.

- Reconquérir ou préserver la qualité des eaux destinées à l’AEP.

Afin d’assurer la pérennité des ouvrages d’art, les actions possibles sur le court terme sont :

- la mise en place de bancs alluviaux alternés ;

- l’aménagement au droit des ouvrages : épis déflecteurs ou rampes en V ;

Concernant le transit sédimentaire, il serait intéressant de mobiliser les acteurs du territoire et de

procéder à l’ouverture des vannes des ouvrages dont il n’y a plus d’usage.

Ces deux actions sont des solutions temporaires qui ne traitent pas les causes des

dysfonctionnements observés. Le type d’actions pouvant être mis en œuvre sur le secteur étudié à

moyen terme porte sur la continuité écologique et la restauration de la dynamique fluviale. A

court terme, il serait intéressant de procéder au recrutement d’un bureau d’études pour améliorer

la continuité écologique sur le territoire du SIGTBS.

- Le lancement d’une étude pour améliorer la continuité écologique et élaborer des

scenarios d’actions (étude et actions peuvent bénéficier d’un soutien financier) ;

- la création d’annexes hydrauliques pour adoucir le régime des crues ;

- la restauration et l’entretien de la ripisylve.

Les nombreux ouvrages en amont du territoire du SIGTBS sont sur le territoire de la communauté

de communes Picardie Verte. Il serait intéressant, au titre de l’article L217-17 du Code de

l’Environnement, de prendre contact avec eux afin d’engager des démarches de communication

autour de cette grande thématique qu’est la continuité écologique.

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Fiches action

Action : Restauration de la continuité écologique PRIORITE ****

Enjeux : Atteinte des objectifs de bon état des cours d’eau fixés par la DCE

Objectif : Agir sur la morphologie du cours d’eau et permettre la circulation piscicole et le transit

sédimentaire

Secteur de gestion : Territoire du SIGTBS (mais actions à prévoir en amont et en aval)

TACHES

Définition : La notion de continuité écologique a été introduite en 2000 par la Directive Cadre sur

l’Eau (DCE), selon l’article R214-109 du Code de l’Environnement, comme « la libre circulation

des organismes vivants et leur accès aux zones indispensables à leur reproduction, leur

croissance, leur alimentation ou leur abri, le bon déroulement du transport naturel des sédiments

ainsi que le bon fonctionnement des réservoirs biologiques (connexions, notamment latérales, et

conditions hydrologiques favorables)».

Textes réglementaires en faveur de la restauration de la continuité écologique:

Le Plan National de Restauration de la continuité écologique : lancé en 2009, il

s’articule autour de 5 piliers :

- Le renforcement de la connaissance sur les seuils et barrages (mise en place du

ROE°

- La définition des priorités d’intervention par bassin

- La révision des IXème programmes des Agences de l’eau et des contrats

d’objectifs

- La mise en œuvre de la police de l’eau

- L’évaluation des bénéfices environnementaux des mesures mises en œuvre.

La révision des classements des cours d’eau : les nouveaux classements ont été

introduits par l’article L.214-17 du Code de l’Environnement. Pour chaque bassin, les

cours d’eau ont été découpés en tronçons classés en deux types de listes selon les

objectifs :

Liste 1 : Les rivières à préserver sur lesquelles tout nouvel obstacle à la contyinuité

écologique, quel qu’en soit l »usage, ne pourra être autorisé. Pour les ouvrages existants

et autorisés, le renouvellement de leur concession ou de leur autorisation sera

subordonné à des prescriptions permettant, selon les critères à l’origine du classement

du cours d’eau :

- De maintenir le très bon état écologique des eaux ;

- De maintenir ou d’atteindre le bon état écologique des cours d’eau d’un bassin

versant ;

- D’assurer la protection des poissons migrateurs amphihalins.

Liste 2 : Les rivières à restaurer sur lesquelles les ouvrages existants, canaux ou parties

de ceux-ci, doivent être gérés, entretenus et équipés selon des règles définies par le

préfet, en concertation avec le propriétaire ou, à défaut, l’exploitant. Chaque ouvrage

devra être mis en conformité au plus tard dans un délai de 5 ans après la publication de

26

l’arrêté de classement.

Méthodologie pour le Rétablissement de la continuité écologique

1 / Diagnostic de l’obstacle

Le diagnostic de l’ouvrage est un préalable indispensable à effectuer pour mettre en place une

stratégie de restauration efficace. Pour cela le ROE (Référentiel des Obstacles à l’Ecoulement)

permet de localiser et connaitre les caractéristiques des ouvrages bloquant.

La possibilité de franchissement de l’ouvrage pourra être évaluée via la mise en œuvre du

protocole ICE (Informations sur la Continuité Ecologique) développé par l’ONEMA. Ce protocole

repose sur la confrontation de la typologie et géométrie des obstacles et des conditions

hydrauliques au niveau des ouvrages avec les capacités physiques de déplacement des

espèces piscicoles considérées. Il permet de classer les ouvrages selon 5 classes :

- Barrière franchissable à impact limité

- Barrière partielle à impact significatif

- Barrière partielle à impact majeur

- Barrière totale

- Barrière à impact indéterminé

Enfin, une évaluation des enjeux et des gains liés à la restauration de la continuité écologique,

pour la/les espèce(s) considérée(s), doit être réalisée.

2 / Solutions de restauration

I. L’effacement des ouvrages

Il s’agit de la solution la plus efficace et la plus pérenne pour contribuer à l’amélioration

du fonctionnement des milieux aquatiques et à la qualité des masses d’eau. Elle est à

préconiser pour les ouvrages abandonnés, sans usage ou sans intérêt (économique,

patrimonial ou paysager). Ainsi, elle rétablit le franchissement piscicole, le transit

sédimentaire et les habitats aquatiques, sans entretien.

II. L’abaissement des ouvrages

Cette solution alternative consiste à réduire la hauteur de l’ouvrage ou aménager une

ouverture permanente (type échancrure, brèche localisée), le tout asscoié à une

amélioration de la gestion. Cette solution est à envisager dans le cas d’ouvrages

conservant par exemple un intérêt patrimonial ou paysager.

III. Ouvrir les vannes

Lorsque l’ouvrage conserve un fort intérêt paysager ou patrimonial, l’ouverture des

vannes (temporaire, périodique ou permanente selon les cas) est une solution

intermédiaire intéressante, notamment lors des périodes de reproduction des espèces

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considérées dans le projet. Pour ce faire, la signature d’une convention/charte de

gestion avec le(s) propriétaire(s) d’ouvrage est recommandée.

IV. Aménagement de dispositifs de franchissement (passes à poissons)

Cette solution est à mettre en œuvre lorsque les solutions précédentes ne sont pas

envisageables (usages, intérêt patrimonial et paysager très fort). Il s’agit ici de scinder la

chute totale en plusieurs chutes franchissables par le poisson. Néanmoins, ces

aménagements sont souvent spécifiques à une ou plusieurs espèces (sélectivité du

dispositif), possèdent une efficacité relative et nécessitent un suivi et en entretien

important pour garantir leur bon fonctionnement. De plus, ils sont plus coûteux que la

solution de dérasement d’ouvrage.

Pour la montaison, les dispositifs de réduction des impacts générés par les passes à

poissons doivent être dimensionnés afin que les conditions hydrauliques soient

compatibles avec les capacités de déplacement des poissons (nage, saut, reptation).

Ces capacités étant variables selon les espèces, leur taille, leur état de santé, de fatigue

et les conditions environnementales, ceci oblige à proposer un large éventail de

solutions. On distinguera ainsi :

- Les passes dites « techniques », à savoir bassins à ralentisseurs ou

passes à bassins successifs. Les dispositifs mécaniques tels que les

ascenseurs et écluses en font également partie.

- Les passes dites « naturelles » constituées de structures se rapprochant

de radiers naturels de cours d’eau, à savoir les passes en enrochements

(équipées de rugosité de fond).

- Les dispositifs spécifiques à l’anguille qui permettent la reptation entre les

plots (ou brosses pour les anguillettes).

Passe « technique » à échancrures (Source : F. Travade)

Passe « naturelle » en enrochements (Source : IRH-IC)

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Passes à anguille à macroplots « Rugofish »

(Source : Fish-pass)

Passe à anguille type brosse (Source : Fish-pass)

Pour la dévalaison et le retour à la mer des espèces amphihalines, des solutions

existent également afin de réduire le risque de mortalité. Ce type d’aménagement

concerne plus spécifiquement les ouvrages possédant des turbines (centrales

hydroélectriques) cause de blessures et de mortalités. Il s’agit donc de dispositifs de

blocage des poissons les empêchant d’accéder aux turbines (grilles à faible espacement

de barreaux), accompagnés ensuite d’un guidage vers l’aval. Aujourd’hui différents

types de turbines dites « ichtyo-compatibles » ont été développés afin de limiter la

mortalité des poissons. Leur principe repose sur une faible vitesse de rotation et des

formes particulières de pâles.

V. Aménagement d’une rivière de contournement

La rivière de contournement est un type de passe à poissons qui permet de restituer le

plus fidèlement possible les caractéristiques d’un cours d’eau naturel, en termes de

profil en long (pente faible), profils en travers et substrat du lit. Ce type d’aménagement

bénéficie d’une très bonne intégration paysagère et présente l’avantage d’être

franchissable pour la plupart des espèces. Cependant, il nécessite une très forte

emprise foncière.

29

Exemples de rivières de contournement

Malgré tout, il convient de rappeler que le « meilleur » des dispositifs de

franchissement reste moins efficace qu’une situation sans obstacle.

3 / Indicateurs de suivi

Afin d’évaluer l’efficacité de la solution retenue, ledifférents types d’indicateurs de suivi

peuvent être mis en place :

- Indicateurs hydrobiologiques : Indice Biologique Global Normalisé (IBGN),

Indice Biologique Diatomique (IBD), pêches électriques et Indice Poissons

rivière (IPR), Indoce Biologique Macrophytique en Rivière (IBMR)

- Inventaires faunistique et floristique

- Analyse de la qualité physico-chimique de l’eau

- Suivi hydromorphologique de la rivière pour suivre l’évolution du lit et des

berges notamment.

Dans le cas plus spécifique de la mise en place de dispositifs de franchissement, un

suivi de l’ouvrage sera nécessaire et portera sur :

- L’état général et l’entretien du dispositif

- L’attractivité du dispositif

3 / Privilégier une solution d’ensemble

Dans l’ensemble des cas, il est souhaitable de mener au préalable une étude globale

sur les effets attendus de l’opération de restauration afin de prendre en compte les

éléments susceptibles d’avoir un impact sur les résultats et d’évaluer au mieux les effets

prévisibles de la solution retenue. La présence d’autres ouvrages en amont et/ou en

aval du secteur de projet ou d’autres interventions sur le cours d’eau (rectification,

recalibrage, protections de berges, etc.) sont autant d’éléments pouvant annuler ou

diminuer les gains attendus par l’opération ou allonger le délai d’obtention de résultats.

Ainsi, l’effacement d’ouvrages peut induire des effets secondaires indésirables

(phénomènes d’érosion ou d’enfoncement du lit, sur-alluvionnement aval, disparition de

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ripisylve, assèchement des zones humides annexes, etc.) qui peuvent être maîtrisés

grâce à la mise en œuvre de mesures de prévention.

4 / Conditions de réussite

Le succès d’une opération de la restauration écologique nécessite l’adoption d’une

démarche participative impliquant en amont l’ensemble des acteurs du territoire

(propriétaires, élus, riverains, agriculteurs, services de l’Etat, etc.).

Cette démarche concertée permettra en effet d’informer sur l’impact des ouvrages et le

contexte réglementaire mais surtout d’impliquer les propriétaires, élus, maîtres

d’ouvrages locaux dans la mise en œuvre concertée des actions de restauration de la

continuité écologique.

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Action : Restauration et entretien de la ripisylve PRIORITE ***

Enjeux : Qualité du patrimoine naturel et du paysage

Objectif : Améliorer les fonctionnalités biologiques de la ripisylve et le maintien de son rôle

Secteur de gestion : Territoire du SIGTBS

TACHES

Contexte / Argumentaire : Influence de la ripisylve sur la bonne santé des cours d’eau.

Une ripisylve fonctionnelle apporte de nombreux services écosystémiques tels que le maintien

des propriétés physico-chimiques de l’eau, la régulation de sa température, le ralentissement

des ondes de crue, la stabilité des berges,…

Sa présence mais aussi sa qualité (diversité des strates, des essences et des classes d’âges,

bon état sanitaire…) sont indissociables du bon fonctionnement de l’hydrosystème.

Sur le territoire du SIGTBS, la ripisylve est de qualité variée (absente, monospécifique et de

même classe d’âge, à satisfaisante dans les zones prairiales notamment). La présence

d’Espèces Exotiques Envahissantes et peu adaptées aux abords de cours d’eau (résineux,

peupliers, arbre à papillons) est relevée.

Détails techniques/Protocole :

D’une manière générale, les opérations proposées consisteront à :

- la plantation d’espèces variées et adaptées dans les zones présentant des signes

d’érosion ou un trop fort ensoleillement

- l’enlèvement systématique des déchets synthétiques sur les secteurs d’intervention

- l’abattage des espèces non désirées ou inadaptées (arbre à papillons, peupliers,

épicéas) et leur remplacement par des espèces adaptées aux milieux aquatiques

- l’enlèvement de bois mort pouvant présenter des risques d’embâcles dans les secteurs à

enjeux.

A l’issue du programme de restauration, il est prévu de conduire régulièrement des opérations

d’entretien visant à maintenir l’état acquis.

Nom latin Nom français

Festuca rubra tracante Fétuque rouge traçante

Festuca arundinacea Fétuque élevé

Agrostis stolonifera Agrostide stolonifère

Dactylis glomerata Dactyle aggloméré

Lolium perenne Ray gras anglais

Poa pratensis Pâturin des prés

Agrostide tenuis Agrostide

Lotus corniculatus Lotier corniculé

Plantago lanceolata Plantain lancéolé

Trifolium alba Trèfle blanc

Achillea milefolium Achillée millefeuille

Phalaris arundinacea Baldingère

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Filipendula ulmaria Reine des prés

Eupatorium cannabinium Eupatoire chanvrine

Mentha aquatica Menthe aquatique

Indicateurs de suivi : linéaire de berges restaurées ou entretenues

Entretien de la ripisylve

I. Eclaircissement de la végétation rivulaire – Création de petites trouées paysagères

- Abattage d’arbres et arbustes

- Coupe de branches basses

- Débroussaillage et fauches

- Alterner rive droite/rive gauche

- Préserver semis naturel

II. Ripisylve vieillissante

- Arbres et arbustes dépérissant ou affouillés et

représentant un risque pour les usagers et/ou

l’écoulement

- Abattage sélectif et recépage

- Coupe au plus près et parallèlement au sol (stabilité

pour rejets)

- Furetage : coupe sélective dans les rejets (conserver 1 à 3 tiges)

- Rajeunissement progressif

III. Bois mort (hors lit mineur) –

Bois mort sur pied

- Coupe « basse » près du

sol

- Coupe « haute » à 0,8 à 1m

du sol (niche écologique)

Figure 13 : Eclaircies

sélectives © République et

canton de Genève, 2008

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Action : Fauche raisonnée des rives PRIORITE ***

Enjeux : Qualité du patrimoine naturel et du paysage

Objectif : Préserver ou restaurer la diversité des habitats piscicoles

Valoriser le cours d’eau sur le plan ludique, paysager et pédagogique

Secteur de gestion : Territoire du SIGTBS

TACHES

Contexte / Argumentaire :

Le fauchage raisonné peut se définir comme un ensemble de bonnes pratiques destinées à

rationaliser le fauchage afin que les enjeux environnementaux et économiques soient

pleinement intégrés dans la gestion des bords de cours d’eau.

Préservation de l’environnement :

- favoriser la diversité floristique et faunistique

- assurer une stabilisation par la strate herbacée en cas de crue

La fauche raisonnée peut s’appliquer également dans l’entretien des bords de routes

Détails techniques/Protocole :

Hauteur de coupe :

La hauteur de coupe sera comprise entre 8 et 10 cm pour éviter :

- les projections de cailloux et l’usure du matériel

- la repousse trop rapide de l’herbe

- un aspect pelé

- l’érosion des flancs de talus

En aucun cas, la hauteur de coupe ne doit être inférieure à 8cm.

34

Action : Lutte contre les espèces exotiques envahissantes PRIORITE **

Enjeux : Qualité du patrimoine naturel et du paysage

Objectif : Préserver la biodiversité autochtone et les fonctionnalités biologiques de la ripisylve

Secteur de gestion : Territoire du SIGTBS

TACHES

Contexte / Argumentaire : Influence de la ripisylve sur la bonne santé

des cours d’eau.

I. La Renouée du Japon

Actions mécaniques :

- Sensibilisation des pêcheurs

- Fauche à la main tous les 15 jours entre mars et

septembre

- Limiter la dispersion des fauches : retrait des déchets

impératif (tige et fragments se régénèrent rapidement)

Plantation d’espèces indigènes

- Mesurant 1,20 m minimum

- Densité de 1 à 2 plants au m2

- Entretien des plants régulier et

important durant 3 ans (arrosage,

protection)

Ces deux actions sont à réaliser simultanément.

II. L’arbre à papillons

- limiter la propagation : coupes

juste après floraison

- arrachage systématique des jeunes plants présents en bord de cours d’eau

- dessouchage ou tronçonnage puis immédiatement retirer les déchets : tiges et

fragments de racines se régénèrent facilement

- Après arrachage, plantation d’espèces indigènes (rejets de souche importants après la coupe)

III. Ragondins (Myocastor coypus) et rats musqués (Ondatra zibethicus).

- Tirs réalisés par un tireur formé ou un détendeur du permis de chasse

- Piégeage par les bénévoles (piégeurs formés) – coûts matériels

RAPPEL : LA LUTTE CHIMIQUE EST INEFFICACE ET NON AUTORISEE EN BORD

DE COURS D’EAU

Figure 14 - Fauche manuelle - © Guide

technique sur la Renouée, SMABB, 2013

Figure 15 - Plantation de saules - © Guide

technique sur la Renouée, SMABB, 2013

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Conclusion

A court terme, des solutions comme un renforcement localisé des piles de pont peuvent être

proposées. Toutefois, si le transport de fond n’est pas rétabli, l’élargissement va se poursuivre et

mettre en difficulté les renforcements à moyen-long terme. Cette situation nécessite donc une

étude de gestion ou d’aménagement des ouvrages hydrauliques du territoire afin de rétablir une

dynamique de transport solide.

La Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de l’Oise peut accompagner le

SIGTBS dans le recrutement d’un bureau d’études (appel d’offres, sélection, …), ainsi que dans

la discussion avec les propriétaires d’ouvrages sur le territoire pour une ouverture des vannes.

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Annexes : fiches ouvrages ROE

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