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ZEITSCHRIFT FUR PAPYROLOGIE UND EPIGRAPHIK hei en von Werner Eck, Helmut Engelmann, Dieter Hagedorn Rudolf Kassel, Ludwig Koenen und Keinhold Merkelbach BAND 35 1979 RUDOLF HABELT VERLAG GMBH-BONN

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ZEITSCHRIFT

FUR

PAPYROLOGIE UND EPIGRAPHIK

hei en

von

Werner Eck, Helmut Engelmann, Dieter Hagedorn

Rudolf Kassel, Ludwig Koenen und Keinhold Merkelbach

BAND 35 1979

RUDOLF HABELT VERLAG GMBH-BONN

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ARGOURA, ATRAX ET CRANNON: RE ATTRI Β UT ΙΟ Ν DE

QUELQUES DOCUMENTS É PI GRAP H I Q U ES

Au cours de recherches sur Atrax de Thessalie entreprises en collaboration avec V. von

Graeve, C.Wolters et les responsables du Service des Antiquités de Grèce d Larisa, j ' a i

été amené d examiner de prés un groupe assez important de pierres inscrites, que dif-

férents savants ont voulu attribuer à cette v i l le , ou qui au contraire lui ont été refusées.

Le cas s'est présenté pour un décret (au musée de Larisa, inv· 762), trouvé au hameau de

Stavrothodoraiika au Nord du site antique de Crannon. L'inscription a été signalée par

D.R.Thêocharis, Arch.Deltion, 16,1960, Chron., p.182 (cf. J . et L.Robert, Bull,

êpigr., 1964, 222: "peut-être des Άτραγίων") puis par C. Habicht, Kl io52,1970,

p. 146: "ein Beschluss von Krannon fur einen Burger aus Trikka" (cf. J . et L.Robert, Bull,

êpigr., 1971, 374). D'après ces publications, l ' identif ication du lieu de trouvaille est

ambiguë et le texte n'est pas connu en entier, ce qui explique I1 incertitude dans laquelle

on est resté jusqu'à" présent pour ce document.

Nous pouvons apporter dès aujourd'hui des indications plus positives pour cette in -

scription, comme pour plusieurs autres. Dans le décret cité, le formulaire, la lecture de

l'ethnique Ά[τρ]αγίω[ν] cî la première ligne et enfin la mention d'une tribu, la φυλή

των Αύρογιώνδων (1.4) assurent la provenance: nous avons en effet trouvé sur le site

d1 Atrax un décret complet qui donne le même nom de tribu dans la même formule. Le

décret trouvé d Stavrothodoraiika provient donc d'Atrax. Nous ne pouvons préciser si,

dans l 'antiquité, la pierre était exposée d Atrax même ou ailleurs: elle n'a pas été

trouvée in situ, mais dans le mur d'une maison du hameau.

Stavrothodoraiika s'appelle aussi, sur les cartes récentes, Krya Vrysi; il est situé d.2)

environ 1 km au Sud du village de Mavrovouni. Le site antique de Crannon est à environ

1) Ce décret sera publié avec d'autres inscriptions nouvelles d1 Atrax dans les Chroniquesde l 'Arch. Deltion, par les soins de C. Gai lis, êpimêlète d Larisa; j ' en présente le com-mentaire dans un article d paraître.

2) Je remercie C. Gai lis pous les renseignements qu1 il m'a aimablement communiquéssur ce point.

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4 km plus au Sud, le village moderne du même nom (plus anciennement Hadjilar) d 5 km

d I1 Est. Atrax est beaucoup plus loin au Nord. Nous ne pouvons pas savoir si Stavrothodo-

raiika se trouvait sur le territoire de cette cité ou non, encore que cela paraisse peu vrai-

semblable: d'après la disposition des reliefs qui déterminent des compartiments de terrain

distincts, Stavrothodoraiika n'appartient pas au bassin d1 Atrax, mais d celui de Crannon.

Entre les deux, une ligne de collines aux formes molles s'élève de cinquante mètres en

moyenne au-dessus des fonds de plaine. On peut supposer qu'elles constituaient dans

l'antiquité les confins communs aux deux cités.

Au Nord de cette ligne de collines, on se trouve dans un bassin tributaire du Pênêe,

et selon toute vraisemblance sur le territoire d'Atrax. Les inscriptions qui proviennent

de cette région doivent être normalement attribuées d cette v i l le , sauf argument dirimant.

C'est ce que pensait dêjd H.G.Lol l ing, quand il a publié une stèle funéraire trouvée près4)

du village de Loutra, située dans la partie sud-ouest du bassin d1 Atrax. D'autres ins-

criptions ont été trouvées dans la même région encore, mais leur origine n'a pas toujours

été bien analysée. Ainsi la stèle IG, IX 2, 469, trouvée dans un mur dé la chapelle Agia

Paraskevi près du village de Torsounlar ou Toursounlar, entre Koutsochero et Hadjilar:

la pierre est attribuée par O.Kern d Crannon. Les informations données sur la provenance

sont pourtant claires: Toursounlar est aujourd'hui Rachoula - et ce village appartient au

bassin d'Atrax et de Koutsochero, il en occupe le coin nord-est. La chapelle d'Agia

Paraskevi est d 2 km environ d l'Ouest du vil lage, en bordure de la plaine, d proximité

du croisement des routes qui conduisent du Nord au Sud depuis le village de Mandra

jusqu'à Crannon, et d'Est en Ouest, de Kastro-Alifaka (c'est d dire Atrax) d Rachoula,3) Atrax est située d la sortie orientale de la passe que le Pênêe franchit entre la plaine

d' Hestiaiotide et celle de Pêlasgiotide (Larisa); un bassin assez vaste en dépend, limité dl'Ouest par la chaîne de hautes collines qui sépare les deux plaines (Mavrovouni), au Sudpar les collines situées au Nord de Crannon, dêjd évoquées ci-dessus. A l'Est, une vastezone d'ondulations (avec le village de Koilas) marque une séparation nette avec la plainede Larisa proprement dite. Au Nord le Pênêe se fraie un chemin entre les contreforts lesplus méridionaux du massif montagneux occupé par la Perrhêbie ancienne.

4) IG, IX 2, 482, avec ce commentaire de H.G.Lol l ing, reproduit par O . Kern: "bei einemder Quellbassins neben der Hagia Paraskevi des Dorfes Loutra, dreiviertel Stunden sudlichvon Alifaka, und dem alten Atrax zuzuweisen" .

5) Pierre trouvée et copiée par D.Philios, l 'un des correspondants de O.Kern, qui n'apas vu l 'or iginal .

6) Elle ne se confond pas, selon toute vraisemblance, avec celle qu'a signalée H.G.Lolling, cf. ci-dessus.n.4.

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en direction de Larisa. Nous attribuerons donc cette inscription intéressante pour l 'ono-

mastique, d cause du nom Λάτταμοο, d Atrax plutôt qu'à Crannon.

Dans la même région encore, N.Giannopoulos a trouvé une inscription qu ' i l a attribuée,

mais avec prudence, cî Atrax: il s'agit d'une stèle votive consacrée par un collège ou une

association. Récemment C.Habicht a soutenu que l'inscription devait être attribuée d

Crannon, parce que l 'un des personnages nommés, Polyxênos, fils de Pheidon, pouvait se9)

retrouver à la même époque apparemment, dans un décret de cette v i l le . Considérant

cette identification prosopographique comme établie, C.Habicht a pensé la confirmer par

une autre, en restituant le nom d'un autre des dédicants à l 'aide du même décret de Cran-

non: C Φιλόλαε LOC devient [Φάλαρο^ Φιλόλαε toc. C.Habicht indique enfin en

deux lignes que le lieu de trouvaille est d 10-11 km au Nord-Ouest de Crannon. Il y a

là, je pense, un rapprochement prosopographique abusif, et en tout cas invérifiable: des

noms aussi fréquents que Polyxênos et Pheidon peuvent bien apparaître dans plusieurs

cités thessaliennes aux mêmes époques, et l ' identité des personnages qui portent ces

noms n'est nullement d assurer. On peut fournir, dans la prosopographie thessalienne,

plusieurs cas de doublets analogues. Quant d la restitution du second nom, elle est

entraînée par le caractère de certitude que l 'on a accordé d l ' identif ication du premier:

i l est clair que, sur un tel texte, bien d'autres restitutions sont possibles. Ajoutons, et

cela a été bien signalé par N.Giannopoulos, que la gravure du nom et du patronyme de

ce dernier personnage de la liste n'a pas été faite en même temps que le reste de l ' i n -

scription: les dimensions des lettres sont différentes, le module en est plus grand (2 cm

au lieu de 1,2 - 1,4), la forme des lettres n'est pas la même, tout en se rapportant, pour

le dessin général, d la même époque. Il s'agit d'une addition, postérieure d la gravure

de tout le texte, et dont nous ne pouvons retrouver les motifs. Cela enlève beaucoup de

poids d la restitution proposée par Habicht, qui repose sur le synchronisme: mention de

deux personnages, en même temps, dans les mêmes documents.

7) Pour ce nom, cf. l'inscription de Kiêron que j ' a i publiéeRev.Arch., 1971, p.27-28 e t n . l .

8) N.Giannopoulos, Arch.Eph., 1932, parart., p. 17-18, n° 1 avec f i g . l ; correctionsArch.Eph., 1933, parart., p.7.

9) C.Habicht, Chiron, 2,1972, p. 125, en utilisant le décret de Crannon publié parE.Mastrokostas, REA, 1964, p.313, I. 11-12 et IG, 1X2, 459 1.5-6; j ' a i reproduit cesdeux textes dans mon étude sur les politophylaques, les poliarques et politarques en Thes-salie, Ancient Macedonia, I I , 1977, p.539; pour le second nom, cf. C.Habicht, ib id . ,d'après le décret REA o . l . , 1.18-19.

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L'examen du matériel, de la typologie et du lieu de trouvaille nous paraît bien plus

important qu'une rencontre prosopographique fortuite. La stèle est en marbre blanc, d'une

qualité qui est celle que l 'on rencontre normalement d Atrax, parce que près de cette

vi l le se trouvaient les carrières ou on l 'extrayait. Ce marbre était exporté, bien évidem-

ment, mais il ne semble pas que Crannon a utilisé exclusivement ce matériau. Nous dirons

simplement que la stèle, si l 'on considère le marbre utilisé, a plus de chances de provenir

d1 Atrax que de Crannon. Il en est de même pour la typologie; la stèle comporte un couron-

nement triangulaire en forme de toit de naiskos très plat, avec acrotëres; le tympan est

lisse. Le fronton est séparé du corps de la stèle par deux bandeaux plats superposés, en

léger retrait l 'un par rapport d l 'autre. Il s'agit d'une forme typique. Or nous ne con-

naissons pas de stèle votive de ce type d Crannon, mais il en existe d Atrax. Ici encore

l'argument n'est pas décisif, car cette typologie est largement répandue en Pélasgiotide.

La considération du lieu de trouvaille est, d mon avis, plus déterminante. C.Habicht n*a

pas accordé assez d'attention, semble-t- i l , aux renseignements fournis sur ce point par

N . Giannopoulos. La stèle a été trouvée, parmi des tombes antiques, d proximité d'une

magoula qui porte le nom du hameau le plus voisin, Thôma'i. La magoula est d une heure

de distance de Rachoula (ancien Toursounlar) d quelque distance au Sud de la chapelle

Agia Paraskevi déjd nommée. Giannopoulos précise encore que la magoula se situe d environ

10 ou 11 km d 1 ' est d'Atrax et d une distance un peu supérieure de Crannon, au Nord-12)

Ouest. Pour Giannopoulos, la provenance de la stèle est donc Atrax plutôt que Crannon,

10) Pour les carrières antiques d'Atrax et le marbre dit "d 1 Atrax", les observationsfaites sur le terrain, les études géologiques et minéralogiques conduites par des géologuesde I ' Université de Berlin et I ' examen des sources antiques ont conduit d renouveler I ' inter-prétation classique, dont F.Stahlin,Hell .Thess., p. 102 et n.3 résume l'essentiel.

11) Par exemple une stèle votive portant dédicace au nom d'Alexandros, fils deThrasylochos, dZeus Homoloios; le personnage est connu par ailleurs et j ' y reviendrai.La stèle a été découverte lors du "survey" effectué par nous en collaboration avec leService des Antiquités de Larisa en 1977. Voir aussi pour des observations préliminairessur les monuments de cette typologie et apparentés, mon étude sur une stèle d'Elasson,Une liste des cités de Perrhébie dans la première moitié du IVe s. av. J . C . , d paraîtredans les Actes de la Table ronde "la Thessalie" (Lyon, juil let 1975) sous presse.

12) Sur Thomal, on trouve dans W.M.Leake, Travels in Northern Greece, I, p.435,les renseignements suivants (voir aussi la carte publiée en fin de ce même volume): "fromthe ford of Alifaka (auj. Kastro, le village le plus proche du site d1 Atrax), as far asThumaV, we cross an uncultivated plain with a soil resembling that of Egypt. Tumaï is onthe rise of a low ridge which projects in the plain from the hills on the right (c'est d diredepuis le Sud). It consists of twenty of thirty families, with one Turkish house. Having

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sans que l 'on puisse préciser s1 i l pensait que la stèle avait été transportée sur la magoula

depuis la vi l le d une époque récente ou si elle avait été consacrée Id dans une kômê du

territoire. Mais cette opinion prudente fait ressortir une idée essentielle: celle du territoire

de la cité d1 Atrax. Ici encore,faute de documents explicites, nous devons nous fonder sur

les informations que livre le terrain. Or la magoula Thômai', sinon le village lui-même,

se trouve dans les limites de ce que nous avons appelé le bassin d1 Atrax, au Nord des

collines qui le séparent du bassin de Crannon;il y a peu de chance que Crannon se soit

étendue jusque Id. Aussi pouvons-nous nous en tenir d l'attribution proposée par N .

Giannopoulos, Atrax.

Nous aurons l'occasion de revenir ailleurs sur des inscriptions d'Atrax trouvées dans

la partie occidentale du bassin, dans le défilé du Pênée et d l'emplacement présumé des

nécropoles de la ci té. Pour l'instant nous restons d l'examen des pierres trouvées dans

la partie orientale que nous venons de décrire avec ses villages, ainsi que sur la bordure

orientale ou nord-orientale du bassin. Il est important de voir jusqu'où l 'on peut aller

dans cette direction en rapportant les trouvailles êpigraphiques d la cité d'Atrax.

On a ainsi attribué d cette vi l le un groupe d1 inscriptions qui ont été trouvées au

village de Gounitsa, village situé au Nord-Ouest d'Atrax. W.M.Leake avait copié

Id "dans une église", une épitaphe de l'époque impériale; elle a été republiêe par O .

Kern dans IG, IX 2, η 485 d'après Leake, car la pierre n'avait pas été retrouvée.

Deux autres voyageurs ont copié également chacun une inscription dans ce village: une

épitaphe d'époque impériale a été vue par H.G.Loll ing dans la chapelle dite d'Agios

Athanasios, une autre par Pridik dans une êglised'Agios Nikolaos., J'ai retrouvé récem-

ment les inscriptions vues par Leake ( IG, IX 2, 485) et par Pridik ( IG, 486) dans

l'enceinte d'une seule et même église au vocable d'Agios Nikolaos. Ce qui surprend, c'est

que la localisation de cette église correspond aussi exactement d celle que donnait

Lolling pour la troisième inscription: "bei der Kapelle des H.Athanasios in Gunitza an13)

der Peneiosfahre". Il faut admettre, semble-t- i l , un erreur de dénomination de lahalted hère from 10.50 to 12.40, we cross a slight élévation, upon which are two or threesmall t j i f l ik villages, and descend again into the lowest level where the town of Larisa,surmounted by more than twenty minarets, displays itself in front. Having traversed somesgardens and vineyards, where the Salavria (le Pênée) flows at small distance on the left,whe enter the town at 2 . 4 5 . . . "

13) H.G.Lol l ing, A th .M i t t . , 1887, p.355, n° 132; cela correspond aussi au récit deW.M.Leake, d propos de IG, IX 2, 485: "Having crossed the ferry to Gunitsa, I there findin a Church a sépulcral marble. . . " (Travels, I I I , p.369).

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part de Lolling ou de son informateur.

En 1935, N.Giannopoulos encore publiait une très belle inscription du début ou du

premier quart du Ve s. av. J . C . , portant le texte d'un règlement religieux, thethmos.

La pierre, un bel orthostate de marbre blanc, a été trouvée dans un champ, au village14)de Gounitsa. Ici encore, Giannopoulos est resté prudent sur l 'attribution exacte de

l'inscription d telle ou telle cité: Atrax, comme l 'avait fait O.Kern pour les épitaphes

de même provenance, ou l'antique vi l le d'Argoura, que les érudits modernes pensaient

situer d Gounitsa. Il existe Id en effet, sur la rive gauche du Pênêe, en face du village

moderne, une imposante colline occupée par une fortification antique. F.Stahlin, qui Ma

décrite, l ' identif ie d l'antique cité d'Argoura, mais i l ajoute cette observation: "die

Ruine gleicht mehr einer Fluchtburg als einer dauernd bewohnten Stadt". Pour cette

raison, sans doute, et d cause de la pauvreté des inscriptions trouvées d Gounitsa, le

règlement religieux excepté, on a présenté les stèles ci-dessus avec celles d1 Atrax. La

découverte d'une nouvelle inscription nous permet de mettre en doute cette attribution.

Grâce d l'amabilité de M.D.TIoupas, photographe d Larisa, qui est très renseigné

sur les antiquités de Thessalie, nous avons pu revoir les épitaphes dêjd connues provenant

de Gounitsa. Elles étaient toutes deux remployées dans les constructions de l'église Agios

Nikolaos, qui était en cours de restauration lors de notre passage. Ces travaux, dont les

résultats ont affecté gravement l'aspect extérieur de I ' église, ont entraîné aussi la réfection

des enduits sur les murs. Ainsi est apparue dans le mur nord de l 'édif ice une nouvelle in -

scription, portant les restes d'un décret:

Bloc de marbre gris, retaillé sur les quatre côtés; dim.:58 χ 86/ épaisseur inconnue;

h . l . : 1,3; in t . : 0,7. Photographies (voir Taf. X b ) , estampage.

IKA

[ — και φυληο ει va] ι qc αν βούληται καθ εΙ'Ιλετο] C

[- ταγευόντων] Γλαύκου, ΑΜ.. . .MANTOC, ΘρααΑό[χου, ]

14) Publié par N.Giannopoulos, Arch.Eph., 1934-35, p.140-145 (cf. L.H.Jeffery,Local Scripts, p.99, n° 6); Giannopoulos précisait que la pierre avait été examinée d'abordpar le secrétaire des communes de Gunitsa et de ThomaV, ce qui est une indication in-téressante sur la localisation de ce village et peut-être aussi explique en partie pourquoiles êrudits modernes ont pu transférer les attributions de certaines pierres antiques trouvéesd Gunitsa pour les donner d Atrax, suivant en cela un découpage administratif d'époquemoderne.

15) F.Stahlin, Hell.Thess., p. 101.

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viiovoc, ΤΤηλεοδώρου, 'Ayruyâvouc, ξενοδοκβν — ]

C K a c των ουνξενοδόκων.

Le caractère de l'écriture permet de dater l'inscription de la première moitié du Ile

s. av. J .C. La longueur des lignes et les coupes ne sont pas exactement connues. A la 1.3

le nom qui suit Γλαύκου reste obscur; peut-être faut-i l restituer Άμ[φιδά]μαντοο . Un autre

nom, ΤΓηλεόδωροο, parait nouveau; i l est en tout cas régulièrement composé sur le nom du

héros thessalien ΤΓηλεΟΰ. Grâce d la formule de la fin de la 1.2, nous reconnaissons

dans cette inscription la fin d'un décret de proxênie, ou le bénéficiaire est invité d dé-

cider de son entrée dans telle ou telle tribu de la cité qui l'honore. Formulaire et

composition sont parallèles d ceux des décrets d'Atrax que nous connaissons. Nous identi-

fions ainsi un collège de magistrats, normalement les tages, puis un ou plus vraisemblablement

deux xênodokoi et leurs collègues, ουνξενόδοκοι.

Malgré ces ressemblances, le décret ne nous paratt pourtant pas attribuable d Atrax. On

ne tiendra guère compte de l ' indication de la tribu; seule l ' in i t ia le, sigma, est conservée,et

l 'on ne peut dire qu'une chose, c'est que le nom n'est pas celui de la tribu que nous con-

naissons par les deux décrets d'Atrax cités plus haut. Mais la différence la plus importante

tient d la présentation de la liste des magistrats. Une série de six noms en est conservée

sur la pierre, en deux lignes (1.3-4). Aucun de ces noms n'est relié d l 'un ou d l'autre

de ses voisins par l 'art icle au génitif, του, que l'on attend normalement dans ce cas, si

l'un des deux noms sert de patronyme d celui qui le précède. Force nous est de con-

sidérer chacun de ces six noms comme désignant un magistrat du collège, mentionné sans

patronyme. La même manière de faire se rencontre dans une cité assez voisine de Gounitsa18^

et d'Atrax, d Phayttos, d peu près d la même date. Dans le décret de Gounitsa, ce-

pendant, la liste des magistrats n'est pas complète: compte tenu des lacunes des 1.3 et 4,

il doit manquer un nom au plus (fin de la 1.3 et début de la 1.4) ainsi que le début du nom

suivant. Le collège devait comporter sept membres. Si tel est bien le compte, nous tenons

Id un indice supplémentaire pour identifier la nature de ce collège comme étant celui des16) Comme Mελaμπôδωpoc sur Μελάμπουο ou Εύωνυμόδωροο sur Εύώνυμοο, cf. E.

Sittig, De nominibus theophoris..., p. 146; pour la forme êolienne ΤΤηλεΟο, cf. J .L.Perpillou, Les noms grecs en -evc, p. 183, § 204.

17) Les exemples de listes de magistrats (au génitif) ou l 'art icle του est omis devantle patronyme sont rares en Thessalie, cf. un cas d Gonnoi, dans Gonnoi, I I , n° 5.

18) IG, 1X2, 490, 1.10 et 20.

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tages: nous savons que ces magistrats détenaient l'autorité dans toutes les cités thes-

saliennes, nous savons aussi qu' i ls étaient constitués en.groupes de trois, cinq ou sept

personnes, ce dernier nombre étant normalement celui des collèges de tages dans les in -19)

scriptions les plus anciennes, jusqu'au Ille et au début du Ile s. av. J .C.

C'est \à un argument important aussi pour l ' identif ication de la cité qui a pris ce

décret, au Ile s. Ce ne peut pas être Atrax, pourtant si proche de Gounitsa que l 'on a

toujours classé ensemble les inscriptions des deux sites. Car dés le Ille s. av. J .C. le

collège des tages d1 Atrax n'a comporté que cinq membres, comme il ressort des décrets

aujourd'hui connus. Il en était de même d Phayttos, sans doute dès le début du Ile s. av.

J . C : les deux décrets conservés de cette vi l le honorent des Macédoniens, ce qui invite d les

placer assez tôt, peut-être encore au Ille s. av. J .C. On pourrait penser, bien sur,

à n1 importe quelle autre cité thessalienne, en admettant que le décret a été envoyé d

Atrax ou d Gounitsa pour y être transcrit et exposé. Nous voyons d cela une objection:

la ressemblance de formulaire qui existe entre les décrets d1 Atrax, de Phayttos et celui

de Gounitsa ne pousse guère d chercher une origine hors de la région. Dans ces conditions,

i l nous paraît plus naturel de supposer que le décret conservé dans l'église de Gounitsa

provient d'une cité antique proche de ce vi l lage.

La cité que nous recherchons était-elle installée dans les ruines qui dominent le v i l -

lage de Gounitsa? Ces ruines étaient pour F.Stahlin celles d'Argoura, dont nous parlent

plusieurs textes anciens, notamment pour rappeler qu'el le était identique d la vi l le

homérique d'Argissa. Mais, pour d'autres, le kastro de Gounitsa ne peut pas être une

vi l le: la remarque faite par Stdhlin lui-même sur le caractère d'enceinte-refuge qu ' i l

faut reconnaître d ces ruines, va dans ce sens. La question a été tranchée, il y a peu

d'années par les recherches que V.Mi lo jc ic et son équipe ont conduites dans la région:

d 5 km d I ' Est de Gounitsa, au bord du Pênêe, dans la plaine fertile qui entoure Larisa,20)

V.Mi lo jc ic a fouillé et étudié la magoula de Gremnos. Au cours de ce travail, les

preuves de l'existence d'une cité grecque d cette place se sont accumulées: les traces

19) En restituant ταγευόντων d la fin de la 1. 2 ou au début de la 1.3, je considèrequ ' i l y a place pour sept noms de tages aux lignes suivantes, avant ξενοδοκων, six nomsétant un nombre exclu s' i l s'agit de tages, cinq un nombre insuffisant pour la place; aprèsce mot, il y avait au moins un nom, plus probablement deux.

20) Arch.Anzeiger, 1955, col . 192-220: 1956, col. 142-180 (V.Milojcic); 1957,col . 38-54; 1958, col . 74-76 (H.BÎesantz); cf. BCH 80,1956, Chron., p.310-311;81 , 1957, Chron., p.593-597; 82, 1958, Chron. p.754-755.

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d'occupation vont du néolithique d l'époque impériale romaine, l'établissement habité

est assez considérable, l'enceinte fortifiée de type grec, avec tours et courtines, est

encore bien reconnaissable. Bien plus, dans le matériel découvert, P.R.Franke a pu21)

identifier une monnaie de bronze portant la légende ΑΡΓ, c'est d dire Άργ(ουραίων).

L'identification et la localisation d'Argoura-Argissa d Gremnos ne font pas de doute.

L'enquête de V.Milojcic s' est d' autre part étendue d toute la région, d ce que I1 on

pourrait appeler le territoire d'Argoura: dans tous les villages environnants on a trouvé

des vestiges antiques, des stèles, des inscriptions, des blocs d'architecture, ainsi d 2 km

au Nord de la magoula, au village de Dendra, ou bien entre Dendra et Larisa, d la22)

chapelle d'Agios Antonios. Entre Gremnos et Gounitsa, il existe d'autres vestiges/

aux chapelles dites des Agioi Anargyroi (on relèvera au passage le nom) ou d celle de

Agios Georgios. Dans la même région, au siècle dernier déjd, on avait trouvé une épi-

taphe d'époque impériale, au village de Tchatalar, aujourd'hui Platanouli: O.Kern l 'a

publiée avec des inscriptions attribuées d Gyrton, IG, IX 2, 1039. Au cours des mêmes

campagnes, V.Milojcic a examiné enfin le site et la région même de Gounitsa: la ruine

n'a livré aucune trace d'occupation néolithique ni mycénienne, le caractère de la

construction fortifiée est confirmé, un refuge, et non un établissement durable. Près du

village même de Gounitsa, on a identifié aussi l'emplacement d'une nécropole, mais il23)

ne s'y trouve rien qui soit plus ancien que la fin de l'époque classique.

Il nous pardît clair que Gounitsa n'était pas la cité antique que nous cherchons: tout

porte d croire au contraire que l'établissement fortifié qui s'y trouvait est tardif. Mais il

nous pardît clair également que la région de Gounitsa appartenait au territoire d'Argoura,

localisée dans la même plaine, d quelques kilomètres plus d l'Est. Il n'y a ainsi aucun

rapport avec le territoire d1 Atrax, vil le située d plus de dix kilomètres au Sud-Ouest, et

surtout placée au- deld de la ligne de collines que doit franchir le Pênêe pour entrer

dans la plaine de Pèlasgiotide. Gounitsa ne se situe nullement dans le bassin d1 Atrax et

21) P.R.Franke, Arch.Anzeiger, 1955, col. 231-236; on peut transcrire aussiΆργ(ουρίων) ou même 'Apy(iccaicjv) puisque la forme du nom d l'époque de lamonnaie n'est pas assurée (cf. Et.Byz., s.v,); les types sont, au droit un avant-traind'âne, au revers un crabe (selon l'éditeur) qui pourrait bien être un crabe de rivière,allusion naturelle au Pênêe sur le cours duquel la cité était installée; pour ces types,cf. F.lmhoof-Blumer, Tier- und Pflanzenbilder..., p i . Il et p.14-15, p i . VIII etp.49-50.

22) V.Milojcic, Arch.Anzeiger, 1956, col. 180; P.R.Franke, ib id . , col. 190.

23) H.Biesantz, o . L , 1957, col. 52; 1957, col. 220 (cf. f ig . 21); 1958, col. 76.

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ne se situe même pas sur les voies de communication qui en dépendent directement. La

cité antique la plus voisine est celle d'Argoura. A Gounitsa se trouvait sans doute une

kômê d'Argoura, auprès d'une bonne source, d un point de franchissement du Pénêe:

ainsi s'explique, je pense, l'existence d'une nécropole, que les trouvailles permettent

de dater pour partie de l'époque classique, pour partie de l'époque impériale, comme

l'attestent les stèles funéraires déjà connues. C'est sans doute aussi à Gounitsa que se

sont réfugiés, plus tard encore, les habitants de la plaine, lorsque les misères des temps

l'imposèrent: je verrais volontiers dans l'enceinte fortifiée qui domine le village un exemple

de ces établissements qui se sont multipliés en Thessalîe à la fin de l'époque impériale et

au Moyen Age, et dont Atrax même, avec ses fortifications byzantines, donne l ' i l -

lustration complète.

Etant donné ce qui précède, i l paraît raisonnable d'attribuer d Argoura le décret

trouvé dans l'église de Gounitsa. Cette attribution permet de rendre compte des particula-

rités du décret: liste des tages, choix d'une tribu, qui ne correspondent nullement d ce

que nous trouvons d Atrax. Elle permet en outre d'expliquer le choix du matériau sur

lequel on a gravé le décret: i l ne s'agit pas d'un marbre blanc, comme on le trouve

régulièrement pour toutes les inscriptions d1 Atrax, mais d'un marbre gris clair parsemé24)

de taches blanches. Cette pierre est bien connue de nous: elle a été utilisée pour la

plupart des inscriptions, décrets ou êpitaphes, dans les cités de la plaine de Larisa, c'est

d dire d Larisa même, à Phalanna, Gyrton, les cités du Dotion; on la trouve également

souvent d Gonnoi, Argoura, établie dans la même plaine, prend naturellement place dans

cette liste.

Nous aimerions enfin savoir si le décret trouvé d Gounitsa était exposé sur place, ou s1 i l a

été transporté Id d partir d'Argoura. Plusieurs arguments font pencher la balance en faveur

de la seconde hypothèse: tout d'abord le fait que l 'on n'ai t pas repéré sur le site de

Gounitsa de traces ni de vestiges nettement datés de l'époque hellénistique, mais aussi et

surtout la dispersion des restes antiques dans tous les villages environnants, notamment les

chapelles de campagne établies entre Argoura et Gounitsa. Un tel transport est d'autant25)

plus vraisemblable que le Pénêe, sur toute cette partie de son cours, est aisément navigable.

24) Pour les études minêralogiques entreprises en Thessalie, cf. n.10.

25) W.M.Leake, Travels, I I I , p.369 note qu ' i l a remarque d Gounitsa une très grandequantité de meules de basalte, au bord du Pénêe, prêtes d être embarquées (d destination

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A r g o u r a , A t r a x e t C r a n n o n 251

Avant de conclure, nous dressons donc une liste provisoire des inscriptions trouvées

dans cette partie de la plaine thessalienne, dans les villages et hameaux situés au Sud

de la route qui conduit de Larisa d Tyrnavo (limite nord) et jusqu'au Pénée (limite sud,

que l 'on peut déborder quelque peu, compte tenu des observations faites par V.Mi lo jc ic

et H.Biesantz). La liste présente les monuments en suivant à la fois un groupement

topographique et aussi un ordre chronologique, en partant des trouvailles les plus

récentes (n 1-9) dont la provenance peut être considérée comme assurée, et en re-

montant aux plus anciennes (n 10-16).

1 . Argoura (GremnosMagou la): stële funéraire de Pyrrhias, trouvée in situ (H.Biesantz,

Arch.Anzeiger, 1957, col . 44-45 et 52; cf. BCH, 82,1958, Chron., p.754 et f ig . 9).

Notre numéro d'archives: [1767],

2. Argoura (Gremnos Magoula): dédicace cî Apollon Pythien (D.R.Thêocharis, Arch.

Deltion, 20,1965, Chron., p.318; cf. J . et L.Robert, Bu l l . , 1968,312). [4650].

3. Dendra (village): dédicace d Artémis (H.Biesantz, Arch.Anzeiger, 1955, col.218).

[4508].

4 . Dendra: stële funéraire (H.Biesantz, i b i d . , simple mention ne permettant pas une

identification).

5. Dendra: stële funéraire de Terpnos (H.Biesantz, Arch.Anzeiger, 1957, col.52).

[3597].

6. Dendra: stële funéraire (H.Biesantz, i b i d . , simple mention ne permettant pas

I ' identification).

7. Prës de Dendra, chapelle d'Agios Antonios: épigramme funéraire du Ve s. av. J .C .

(P.R.Franke, Arch.Anzeiger, 1956, col,190 = SEG, XVI , 380; W. Peek, GVI aus Thes-

salîen, 1975, p.23, n° 22). [2786].

8. Dendra (autrefois Dursanades): épitaphe archaïque de Philombrotos (A.M.Woodward,de Larisa, je pense). La fabrication des meules a fait partie de l 'act iv i té des habitants deGounitsa, en effet: cf. Georgiadis, Thessalia, p.251, qui a signalé cette industrie. On adêjd noté l'existence d'une source trës abondante (cf. aussi A.Philippson, Griech. Land-schaften, p.87) et d'un ferry sur le fleuve au pied du kastro et en face de l'église oOl'on a trouvé les inscriptions IG, IX 2, 485 et 486. J'aurai l'occasion de revenir encoresur la navigation sur le Pénée, notamment à propos du transport de certaines pierresantiques d1 Atrax.

26) Par commodité, nous signalons désormais entre crochets droits le plus souvent pos-sible les numéros d'archives qui permettent de renvoyer - et de consulter - la documentationque nous avons rassemblée pour les inscriptions de Thessalie. Cette documentation est dé-posée d la Maison de l 'Orient méditerranéen ancien, 1, rue Raulin, 69007 LYON.

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JHS, 1913, p .316n°7 ; cf. A.S.Mc Devitt, Glotta, 1967, p. 161-163; A. Heubeck, Glotta,

1970, p. 67-71). [2787].

9. Platanouli (Tchatalar): stèle funéraire IG, 1X2, 1039. [2519].

10-12: Gounitsa: stèles funéraires IG, IX 2, 484, 485, 486. [1166, 1992, 1165],

13. Gounitsa: décret de proxênie (cf. ci-dessus). [3328].

14. Gounitsa: règlement religieux de la première moitié du Ve s. av. J .C . (N.Gian-

nopoulos, Arch.Eph., 1934-35, p.140-145). [4270],

15. Au musée de Vol os, naiskos. [1108].

15. Au musée de Volos, stèle funéraire hellénistique avec épitaphe d'époque im-

périale. [1309].

(Ces deux monuments peuvent être identiques ά l'une ou l'autre des pièces signalées par

H.Biesantz, cf. ci-dessus).

Les inscriptions de cette liste sont largement échelonnées dans le temps, et de ca-

ractères bien différents; elles peuvent bien refléter la vie d'une cité thessalienne in -

stallée dans cette région. Pour beaucoup de villes plus importantes, la collection des in -

scriptions est moins fournie. Or cette cité, nous en connaissons le site et le nom: il s'agit

d1 Argissa-Argoura. Notre étude aboutit ainsi, en partant de l'examen des provenances

que l'on a données à certaines inscriptions de Gounitsa, as des rêattributions significatives:

à une cité, Argoura, qui n'apparaissait pas dans le Corpus des inscriptions de Thessalie,

nous devons aujourd'hui rendre une série dêjd intéressante de documents, grâce auxquels

cette vi l le doit cesser de n'être pour nous qu'un nom.

Mais cette étude met d'autre part en évidence la valeur qu ' i l faut accorder à la re-

cherche des provenances exactes par une confrontation systématique avec le terrain. Nous

avons en effet tenté, en examinant certaines inscriptions d1 Atrax trouvées loin du site

antique, de déterminer autant que faire se peut l'extension du territoire qui dépendait

de cette v i l le , en suivant les lignes du terrain. Ce sont ces lignes en effet qui fondent

un découpage de la région en compartiments individualisés, en petits "bassins". Dans ce

découpage, il ne faut naturellement pas oublier l'histoire: le paysage que nous avons

sous les yeux, la toponymie que nous utilisons aujourd'hui sont bien différents de ce qui

existait, non seulement dans l 'antiquité, mais même il y a un siècle ou moins encore.

Les modifications de toponymes ont été nombreuses, les changements dans le caractère du

pays bien plus considérables encore, surtout pendant ces vingt dernières années. La

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Argoura, Atrax et Crannon 253

27)superficie des terres cultivables a doublé en Thessalie pendant ce laps de temps. On

ne doit donc pas oublier que la plupart des vastes ondulations collinaires, d'origine

alluviale et parfois fort élevées, que nous voyons aujourd'hui labourées et emblavées

ne l'étaient pas selon toute vraisemblance dans l 'antiquité. Ces collines constituaient

des garrigues ou des maquis, des terrains de parcours pour les troupeaux, c'est d dire

précisément ces confins, ces eschatiai qui bordaient le territoire de chaque ci té. Dans les

fonds plats, de même, les marécages et les zones humides occupaient davantage de

superficie que les terres de culture, qui devaient se tenir dans des zones intermédiaires,

ni trop bas dans les cuvettes, ni trop haut dans les collines, mais qui devaient suffire,

on le sait, d assurer une production souvent excédentaire en céréales. De tout cela

découle naturellement bien des ambiguités que les érudits modernes n'ont pas toujours

su éviter, quand même ils ne les ont pas négligées ou accrues. De Id vient surtout la

nécessité de contrôler le lieu de trouvaille de chaque pierre antique, et de bien le

situer par rapport au terrain et d l'environnement. A cette condition, croyons-nous,

l'étude d'un territoire est possible en Thessalie, elle aboutit d des conclusions raison-

nables et d des résultats importants pour l'interprétation des documents êpigraphiques

eux-mêmes.

Lyon Bruno Helly

27) Cf. la remarquable étude de M.Sivignon, La Thessalie, 1975, p.267-272; le textede Leake cité n.12 donne une idée de ce qu'était au début du XIXe s. le paysage du bassind'Atrax, aujourd'hui entièrement cult ivé.

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Extrait agrandi de la carte publiée par F.Stdhlin, Das Hellenistische Thessalien,avec

localisation rectifiée d'Argoura.

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TAFEL X

a) Inschrift des Senators Iunius Maximus aus Ephesos; zu G. Alfoldy - H. HalfmannS. 195 fï.

b) Dekret aus Gunitsa (Photo: D. Tloupas); zu B. Helly S. 241