Post on 27-Jul-2022
Le procès
de
Jeanne d'Arc
Pièce en 5 actes
Le procès de Jeanne d'Arc
Rôles (par ordre d’apparition)
Eudes : Valentin N
Geoffroy : Lylia
Pierre : Riyad
Thierry : Bruna
L’Aubergiste : Léo D
Le Luneux : Alyssone
Sergeant Pepper : Clément
Paul : Virgile
Georges : Max
Ringo : Lukas
John : Tom
L’Evêque Cauchon : Valentin P
Le Duc de Bedford : Louis
Jeanne D’Arc : Emma
Le Metteur en scène : Sajad
La Reine Marie d’Anjou : Cosima
Le Roi Charles VII : Félix
Le Garde : Nolwenn
Le Comte de Suffolk: Axel
Jean D’Alençon : Gennaro
Gilles de Rais : Hugo
L’Evêque Cauchon : Léo G
Le Duc de Bedford : Silvano
Jeanne D’Arc : Néomie
Le Greffier : Kyllian
Le Bourreau : Valentin N
Le Garde Anglais : Clément
ANGLAIS ET
BOURGUIGNONS
Evêque
Cauchon Duc de
Bedford
Comte de
Suffolk
Roi Henri
VI
Responsables :
FRANCAIS
Jeanne
d’Arc Jean
d’Alençon Gilles de
Rais Roi
Charles
VII
Reine
Marie
Rideaux : Hugo, Valentin N
Panneaux : Léo D, Max
Tambour : Cosima
Son : Louis, Néomie
Costumes : Axel, Lylia, Tom, Clément
Accessoires et décor : Valentin N, Lukas
Pochettes : Nolwenn
Chaise : Félix
Flûtistes : Silvano, Kyllian, Léo D, Léo G, Virgile
Solistes : Emma, Néomie, Max, Félix, Alyssone
Annonceur : Nolwenn
RIDEAU FERME
1 (1min55)
Présentation (Nolwenn) Oyez, oyez, vous tous damoiseaux, damoiselles,
La tragique épopée d’Orléans la Pucelle.
Oyez, oyez, vous tous manants, gueux et vilains
De la brave bergère le sinistre destin.
Que sans fin colportons de châteaux en villages
Que pour des siècles demeure ce témoignage.
Qu’après nous gentils ménestrels et troubadours
De Jeanne d’Arc perpétuent le souvenir toujours.
Acte 1
20 décembre 1430
Dans l’auberge des drapiers
(Panneau Max)
OUVRIR LE RIDEAU
Eudes et Geoffroy sont assis à une table. L’aubergiste est debout.
Eudes : Ils sont en retard !
Geoffroy : Oui, j’espère qu’il ne leur est rien arrivé.
Eudes : Les portes de la ville sont de plus en plus surveillées.
Geoffroy : Oui, moi aussi, j’ai remarqué un grand nombre de soldats anglais. Il fallait s’y attendre. Ils ont
forcément peur d’une nouvelle tentative d’évasion.
Eudes : C’est certain, ils ont bien raison d’avoir peur. On est bien placés pour le savoir.
Geoffroy : Chut, pas si fort, on pourrait nous entendre. Il paraît que les anglais ont dispersé des dizaines
d’espions dans la ville. Sans compter les bourguignons qui sont à leur solde. On ne peut se fier à personne.
Eudes : Oui, tu as raison, il faudra être discret. Chuchotons.
Geoffroy : Quelle heure est-il ?
Eudes : Cela fait un moment que les sept heures ont sonné au clocher voisin. Je n’ai pas encore entendu les
huit. S’ils ne sont pas arrivés à huit heures, il faudra filer. On risque de se faire repérer en restant trop
longtemps.
Geoffroy : Les voilà !
Pierre et Thierry entrent, essoufflés, en regardant partout. Ils s’assoient.
Eudes : Enfin ! Alors, compagnons, il était temps que vous arriviez. Nous allions partir.
Pierre : On a fait aussi vite qu’on a pu. Mais la ville fourmille de patrouilles anglaises.
Thierry : Oui, et il faut montrer patte blanche presque à chaque carrefour. Nous avons dû faire de nombreux
détours pour éviter tous les contrôles. Il semble qu’ils se doutent de quelque chose.
Pierre : Evidemment qu’ils craignent quelque chose. Ils ne peuvent quand même pas penser que les
partisans de Jeanne vont attendre sans rien faire.
Thierry : De plus tous les ponts sont gardés. On a été obligés de trouver un passeur pour traverser la Seine.
Ce n’était pas facile avec toute cette glace sur l’eau.
Pierre : Alors, où sont les armes, et l’or pour acheter les consciences des gardiens ?
Eudes : Tout est en lieu sûr. Bien caché chez des braves gens dévoués à la cause de Jeanne. Il y en a
beaucoup ici qui en ont assez de la domination anglaise et le peuple de Normandie rêve de rejoindre la
couronne de notre bon roi Charles.
Geoffroy : Notre bon roi, c’est vite dit. S’il n’avait pas été si méfiant à l’égard de Jeanne, nous n’en serions
pas là.
Thierry : Oui, tu as raison, mais c’est inutile de refaire le passé. Pensons surtout à notre mission secrète.
Eudes : Et les chevaux pour notre fuite ? Tout est prêt ?
Pierre : Oui, c’est bon. Le passeur nous refera traverser la Seine et il nous a gardé nos chevaux. On filera à
bride abattue jusqu’au premier relais, à La Roche Guyon. Des chevaux frais nous y attendent.
Geoffroy : J’aimerais bien savoir ce qui se dit dans la ville. Il faut que l’on sache à quel moment Jeanne y
entrera. Ce sera le meilleur moment pour la délivrer. Quand elle sera enfermée dans je ne sais quelle prison,
il sera trop tard.
Thierry : Et on est sûr qu’elle sera là avant Noël ?
Eudes : Oui, c’est l’aubergiste qui nous l’a dit. Il est des nôtres, on peut lui faire confiance. C’est lui qui
nous a indiqué où cacher les armes et l’or.
Geoffroy : Demandons-lui s’il a de nouvelles informations. Eh ! L’aubergiste, viens par ici un moment.
L’Aubergiste : Oui, mes beaux seigneurs. J’arrive.
Geoffroy : Quelles sont les nouvelles par ici ? Connais-tu la cause de toute cette agitation à travers la ville ?
L’Aubergiste : Ecoutez ! Huit heures sonnent à Saint Maclou. On va avoir les infos. 3 (23 sec)
Le Luneux entre dans l’auberge.
Solistes Flûtistes
Alyssone
Félix
Emma
Néomie
Max
Léo G
Léo D
Kyllian
Silvano
Virgile
Le Luneux :
Je suis aveugle, on me plaint
Et moi je plains tout le monde
Mes deux yeux ne sont plus pleins
Car ils ont perdu leur bombe
Dans un malheur comme le mien
Tu t´en, tu t´en, tu t´en moques
La chandelle ne vaut rien
Je me lève dès le matin
J´m´en vais dans le voisinage
L´un me donne un bout de pain
L´autre un morceau de fromage
Et quelquefois par hasard
Tu t´en, tu t´en, tu t´en moques
Un petit morceau de lard
Je suis à l’écoute du monde
Et de toutes ses misères
A vingt-cinq lieues à la ronde
Je connais tous les mystères
Personne dans la ville de Rouen
Tu t´en, tu t´en, tu t´en moques
Ne saura t’en dire autant
Aujourd’hui de bon matin
Entendue près du château
Entravée de ses deux mains
Au milieu de dix chevaux
Marchant droit malgré ses chaînes
Tu t´en, tu t´en, tu t´en moques
Jeanne la bonne Lorraine
Eudes : Comment, Jeanne est déjà arrivée ?
Le Luneux : Oui, pour son plus grand malheur. Et elle est maintenant enfermée dans une tour du château.
Sous bonne garde. Je revenais de la porte de l’Est quand je les ai entendus arriver. Il pleuvait, puis le galop
des chevaux, qui ralentissent, qui s’arrêtent. La porte de la tour qui s’ouvre, une bousculade, la porte qui se
referme. Plus rien. Le silence.
Pierre : Ah ! Maudits soient ces bourguignons. Ils nous ont bien eus. Alors qu’ils annonçaient le gros de
leur troupe arrivant de Dieppe par le Nord, un petit parti est arrivé discrètement d’une autre direction. Nous
avons été joués comme des innocents.
L’Aubergiste : Attention, mes amis, une patrouille anglaise. Restez calmes, faites semblant de jouer aux
dés. Je connais le sergent, c’est un grand bavard. Je vais essayer d’en savoir un peu plus.
Le Sergeant Pepper et 4 Gardes anglais entrent dans l’auberge.
Sergeant Pepper : Hello, my friend! Tu as des clients bien tardifs, ce soir.
L’Aubergiste : Hello, Sergent Pepper ! Comment allez-vous ? Oui, ce sont quatre ivrognes, des drapiers qui
sont en train de perdre au jeu ce qu’ils ont péniblement gagné en vendant leurs tissus au marché aujourd’hui.
Venez boire un vin chaud contre toute cette froidure. Il ne fait pas bon traîner dehors à cette heure. On gèle
sur place.
Sergeant Pepper : Non pas ce soir, mon ami. Thank you ! Nous sommes en mission spéciale, TOP
SECRET. On doit rester vigilants !
L’Aubergiste : Ah oui ! Et est-ce que cela a un rapport avec toute l’agitation en ville aujourd’hui ?
Sergeant Pepper : Ah ! Ah ! Tu es un malin, toi, l’aubergiste. Tu comptes bien me tirer les vers du nez.
Mais ne compte pas sur moi pour te dire qu’on attend le Duc de Bedford demain. Oui, l’oncle du King en
personne. Il vient pour interroger cette Jeanne d’Arc qu’on vient de conduire dans la prison du château.
L’Aubergiste : Mais que va-t-on lui faire ?
Sergeant Pepper : Il parait qu’un de vos évêques est déjà là pour l’interroger. Comment se nomme-t-il
déjà ?
Paul : Piggy ou quelque chose comme ça.
Sergeant Pepper : Ah oui, l’Evêque Cauchon.
Celui-là, c’est un vrai enragé à ce qu’on dit. Il a
juré la perte de votre Jeanne d’Arc. Le Duc de
Bedford est un ange comparé à lui.
Thierry : Ah, malheur, tout est perdu !
Sergeant Pepper : Hein ? Que dîtes-vous ? Qui
êtes-vous ?
Geoffroy : Rien, il a dit « J’ai tout perdu ». Il
n’est pas trop malin. Il a dépensé presque tout son
argent à boire, et le reste il vient de le perdre aux
dés.
Sergeant Pepper : Tu n’as pas vraiment les mains
d’un drapier, toi. Pas de marque d’aiguilles sur les doigts, pas de durillon à l’endroit des ciseaux de coupe.
Par contre, tes phalanges et tes paumes sont marquées comme celle d’un cavalier.
Georges : Elémentaire, mon cher Watson.
Ringo : Un vrai Sherlock Holmes, ce sergent !
Geoffroy : Euh, oui, j’ai vendu mon affaire de chevaux le mois dernier. J’aide mon frère dans son échoppe
de tissus. Mais je ne suis pas encore assez doué pour couper et coudre.
Sergeant Pepper : Bon, il est temps de rentrer à la tour. Demain, nous sommes de garde. On aura plus
chaud que dans ces rues gelées. Un conseil, si vous connaissez des français qui voudraient délivrer Jeanne
d’Arc de force, dîtes leur de rentrer chez eux. Il n’y a plus rien à faire pour cette malheureuse. Elle est
perdue maintenant. On ne la lâchera plus.
Le Sergeant Pepper et les 4 gardes anglais sortent de l’auberge.
Eudes : Cette fois, tout est bel et bien perdu.
Pierre : NON ! Il reste le roi Charles. Il faut en appeler à lui. Il peut rassembler une rançon et la proposer
aux anglais. On peut compter sur le Duc d’Alençon et le Baron de Rais pour plaider notre cause à la cour.
Thierry : Tu as raison. Il faut partir sans attendre les informer de cette infamie.
Geoffroy : Vous deux, retournez en Normandie ! Quant à nous, pas un instant à perdre, cap sur la Bretagne.
Ils sortent de l’auberge.
FERMER LE RIDEAU
5 (3min25)
Acte 2
Deux jours plus tard…
22 décembre 1430
Dans la cellule
(Panneau Léo D)
OUVRIR LE RIDEAU
Jeanne d’Arc est à genoux, priant. L’Evêque Cauchon et Le Duc de Bedford entrent dans la cellule.
L’Evêque Cauchon : Relève-toi, maudite sorcière. Ne fais pas semblant de prier, toi qui as signé un pacte
avec le diable. Montre-nous ton vrai visage, cette-fois.
Le Duc de Bedford : Gardez votre calme, Monseigneur, et laissez-nous d’abord nous présenter à cette
jeune personne. (Il aide Jeanne d’Arc à se relever).
L’Evêque Cauchon : Prenez-garde, Messire, ne vous laissez pas ensorceler par ses manières. Elle est
redoutable. Elle a bien réussi à enjôler le Roi de France et le conduire dans cette guerre contre vous. Méfiez-
vous.
Le Duc de Bedford : Ne vous inquiétez pas, je suis
assez grand pour me défendre sans vos conseils. (A
Jeanne d’Arc). Ainsi c’est vous qui êtes la cause de
tous ces revers de notre si glorieuse armée depuis
presque deux ans. Et notamment, l’anéantissement de
nos fameux archers gallois. Je ne vous imaginais pas
ainsi. Mais, laissez-moi d’abord me présenter. Je suis
le Duc de Bedford, l’oncle du Roi d’Angleterre, Henri
le Sixième.
Jeanne d’Arc : Bonjour, Messire. Je suis honorée de
votre visite. Sachez que je ne vous veux point de mal,
ni à vos soldats. Je ne vous hais point. Je n’ai agi que
pour sauver le royaume de France.
Le Duc de Bedford : C’est bien là le problème, c’est que maintenant nous sommes ennemis, même si rien
ne nous empêche de nous considérer avec respect.
Jeanne d’Arc : J’ai toujours respecté mes ennemis, quels qu’ils soient, anglais ou bourguignons. Et je
voudrais être certaine que je serai moi aussi traitée avec respect.
L’Evêque Cauchon : Tu n’as rien à demander, maudite, tu n’auras que ce que tu mérites. Ne t’attends à
aucune considération de notre part.
Le Duc de Bedford : Monseigneur, je vous en prie, restez calme. Personne n’a rien à gagner à se déchirer
comme cela. (A Jeanne d’Arc). Nous t’avons rachetée aux bourguignons car nous allons devoir te faire un
procès. Tu nous as causé suffisamment d’ennuis jusqu’ici, et nous allons te juger pour cela.
Jeanne d’Arc : Je comprends votre position. J’imagine bien que vous ne pouvez pas me laisser vivre plus
longtemps. Mais je puis vous assurer que je tenterai tout pour vous échapper et reprendre ma mission.
L’Evêque Cauchon : Et quelle est cette mission ? Et de qui la tiens-tu ? Qui te l’a confiée ?
Jeanne d’Arc : Ma mission est de chasser les anglais hors de France. Tous les anglais, de toutes les villes de
France, afin de rendre son royaume à notre gentil roi Charles. Et je tiens cette mission de l’Archange Saint-
Michel, qui me l’a confiée dans ma prime jeunesse.
L’Evêque Cauchon : Ouahhh, rien que ça ?
Jeanne d’Arc : Non, l’Archange Saint-Michel m’avait aussi demandé de conduire le Dauphin sur le trône,
ce que j’ai fait l’an dernier.
L’Evêque Cauchon : Eh bien voilà une belle hérésie pour commencer ! Comment expliques-tu que
l’Archange Saint-Michel se soit adressé à toi, misérable bergère ? Quelle prétention ! A qui veux-tu faire
croire cela ? Je crois que c’est plutôt le Diable qui parle par ta bouche. Les hommes d’Eglise sur terre sont là
pour entendre les messages divins, et non les pauvres paysannes.
Jeanne d’Arc : En ce qui te concerne, je crois que ce que tu entends, ce sont surtout les pièces d’or. Ta
véritable religion est l’argent, faux évêque. Les tiens n’ont-ils pas reçu dix milles livres pour me livrer aux
anglais ? Est-ce là le message divin dont tu parles ?
L’Evêque Cauchon : Tais-toi, diablesse. Tu viens aussi d’avouer que tu as entraîné ce pauvre Dauphin sur
le chemin de la guerre et à encourager sa révolte contre son suzerain, le roi Henri d’Angleterre.
Le Duc de Bedford : Oui, et ceci est très grave. C’est de la haute trahison. Ne sais-tu pas qu’Henri est le
seul roi de France qui soit reconnu ? Il tient son trône de sa mère, fille du dernier roi de France. Ton
Dauphin, l’usurpateur Charles a été déshérité par sa propre mère.
Jeanne d’Arc : C’est Henri l’usurpateur, depuis que Charles a été sacré à Reims l’an dernier. Par la volonté
de Dieu et non des hommes de Dieu.
L’Evêque Cauchon : Et que fais-tu, ainsi accoutrée dans ces habits d’homme ? N’est-ce point là une autre
preuve de tes mensonges ? N’est-ce point encore pour tromper les autres que tu te caches ainsi ? Ce n’est pas
là l’attitude d’une bonne chrétienne.
Jeanne d’Arc : Je ne vois nul pêché dans le fait de revêtir ces pantalons. Ils sont plus commodes quand on
passe la journée à chevaucher et à combattre les ennemis. Je n’ai jamais caché mon état de femme à
quiconque.
L’Evêque Cauchon : N’es-tu pas aussi bien jeune pour t’aventurer loin de chez toi et de ta famille ? J’ai
entendu dire que tu avais quitté tes chers parents sans leur permission et sans même leur dire au revoir. Ne
t’a-t-on donc jamais appris que les enfants devaient obéir à leurs parents, les respecter et les chérir ? Et toi,
qu’as-tu fait ?
Jeanne d’Arc : Je suis partie de chez mes parents car Dieu me l’a commandé, par la voix de l’Archange
Saint-Michel. La parole de Dieu est le commandement suprême de tout bon chrétien. Mais rassure-toi au
sujet de mes parents, deux de mes frères m’ont accompagnée, m’apportant leur bénédiction.
Le Duc de Bedford : Néanmoins, ta situation est bien mal engagée. Te voici donc accusée de trahison, de
complot, d’hérésie, de mensonge, d’être une mauvaise fille. Tu es aussi accusée d’avoir envouté le Dauphin
Charles, ce qui n’est pas loin du pêché de sorcellerie. Tu vas avoir bien du mal à te défendre de toutes ces
accusations.
Jeanne d’Arc : Je n’aurai à me défendre que devant la justice de Dieu, et non devant la vôtre. Mon cas
n’est-il d’ailleurs pas déjà jugé, comme tu me l’as laissé entendre ? Il me semble que je n’aie nulle pitié à
attendre de vous, messire. Et je ne parle pas de ce faux évêque qui semble déjà tenir la torche qui allumera
mon bûcher. Puisque mon sort est déjà celé, cessez de me tourmentez et laissez-moi me recueillir en paix.
(Elle s’assoit).
L’Evêque Cauchon : Tais-toi, insolente, maudite sorcière !
Le Duc de Bedford : Il suffit, l’Evêque ! C’est à vous de vous taire maintenant. Laissez-moi lui parler et ne
m’interrompez pas ou je vous fais sortir par mes gardes. (S’asseyant près de Jeanne d’Arc). J’ai un marché
à te proposer.
Jeanne d’Arc : Je vous écoute, messire.
Le Duc de Bedford : Tu dois disparaître. C’est un fait. Nous ne pouvons pas courir le risque que tu t’évades
et que tu rassembles une nouvelle armée contre nous. Ta popularité est déjà trop grande et nous avons subi
trop de défaites ces derniers mois pour prendre ce risque.
Jeanne d’Arc : Vous êtes trop généreux de m’en attribuer tout le mérite.
Le Duc de Bedford : Ne sois pas modeste, tu sais que j’ai raison. Cependant, te condamner à mort risque de
faire de toi une martyre et rassembler autour de ton défunt nom des forces qui s’uniraient contre nous. Cela
ne nous servirait pas non plus.
Jeanne d’Arc : Vous voilà dans une impasse, messire. Qu’attendez-vous donc de moi ?
Le Duc de Bedford : Reconnais tes fautes et abjure tes erreurs. Le tribunal t’en sera reconnaissant. Tu
pourras être condamnée à l’exil. Nous te garderons dans une forteresse en Angleterre avec un semblant de
liberté. Tu pourras y couler des jours tranquilles et qui sait
si un jour tu ne pourrais pas épouser un gentleman anglais.
Jeanne d’Arc : Je ne me sens pas l’envie d’épouser un
homme qui obéit à ce roi que je combats si farouchement.
Et de plus, je n’ai nulle erreur ni faute à avouer et donc
encore moins à me faire pardonner.
Le Duc de Bedford : Ecoute, ne sois pas si entêtée. Je te
propose la vie sauve et tu refuses ? Nous avons même prévu
d’envoyer au bûcher une pauvre fille qui a été convaincue
de sorcellerie parce qu’elle se livre au commerce des herbes
magiques. Nous la brûlerons à ta place pour donner le
change à nos alliés les bourguignons et plus tard, nous
laisserons filtrer la supercherie pour éviter que tu sois plus dangereuse morte que vivante.
Jeanne d’Arc : Comment osez-vous penser que je vais accepter ce marché ? Vous me demandez de renier
mon honneur, de laisser exécuter une innocente à ma place et de tromper le peuple de France qui a retrouvé
un Roi grâce à moi. Votre proposition est une insulte à mon égard. Je ne veux plus en entendre davantage.
Laissez-moi tranquille maintenant. Nous nous sommes tout dit. Au revoir, messire.
Le Duc de Bedford : Comme tu le veux. Réfléchis cependant. (Il se lève.) Organiser le procès va nous
prendre du temps. Tu peux encore changer d’avis.
L’Evêque Cauchon : Je savais bien que cette hérétique ne vous écouterait pas, messire. Je vous l’avais bien
dit. Gardes, ouvrez. Surveillez bien cette dangereuse sorcière. Approchez-la le moins possible, elle pourrait
vous envouter. Et allez lui quérir des vêtements féminins, que cesse cette mascarade.
L’Evêque Cauchon et Le Duc de Bedford sortent de la cellule.
FERMER LE RIDEAU
7 (2min15)
Acte 3
Peu après…
22 décembre 1430
Devant la cellule
(Panneau Léo D)
OUVRIR LE RIDEAU
Les 4 Gardes sont assis devant la porte de la cellule.
Ringo : What a pity! Poor girl.
John : Poor girl? You are not serious? She is a witch.
Georges : You! Be serious. She is not a witch.
Paul : If she is a witch, I am Michael Jackson.
John : Hey guys, stay away! She put a spell on you! Help!
Le Metteur en scène (devant la scène) : Stop ! Stop ! Stop ! Doucement, les gars. Au Moyen-Age on n’a
pas encore inventé la traduction simultanée. On ne peut pas continuer en anglais. Personne ne va
comprendre. Il faut reprendre en Français, les cocos. A la rigueur avec un tout petit accent, mais pas plus.
OK. Bon on reprend. Allez, 3, 2, 1 Go !
Ringo : Ah, quelle pitié ! Pauvre fille.
John : Pauvre fille ? Tu n’es pas sérieux ? C’est une sorcière.
Georges : C’est toi qui n’es pas sérieux. Ce n’est pas une sorcière.
Paul : Si c’est une sorcière, moi je suis Michael Jackson.
John : Hey les gars, reculez ! Elle vous a jeté un sort ! Au secours !
Le Metteur en scène : Stop ! Stop ! Stop ! Hey, les gars, quand je dis un léger accent, c’est un accent
anglais, pas celui de Marseille.
Ringo : Oh, c’est dommage, ça m’aurait bien plu : « Comment, tu me crois assez stupide pour me faire
ensorceler par une gamine, toi, un camarade d’enfance à moi ? Tu me fends le cœur !
John : Allons Ringo…
Ringo : Il n’y a pas de Ringo ! Tu me fends le cœur ! Tu me fends le cœur ! TU ME FENDS LE
COEUR ! »
Le Metteur en scène : Bon ça suffit, vous deux.
Vous croyez que le public est venu là pour vous
voir faire les imbéciles. Allons, reprenez là où vous
vous êtes arrêtés. Et on laisse tomber l’accent. On le
fait normalement. Ça sera déjà pas mal si on y
arrive comme ça. Allez, 3, 2, 1 Go !
John : Hey les gars, reculez ! Elle vous a jeté un
sort ! Au secours !
Georges : Mais, calme toi, tu ne vas quand même
pas croire les mensonges de l’évêque. Il s’acharne
contre elle et tous les mensonges sont bons pour la
condamner au bûcher.
Paul : Oui, cette pauvre fille est plutôt victime de sa gloire. Regardez-la. On ne peut pas croire que c’est un
redoutable chef de guerre.
Ringo : Alors, sorcière ou pas sorcière ? To be or not to be? That is the question?
Paul : Qu’est-ce qu’il lui prend ?
John : Ne t’inquiète pas, ça lui arrive de temps en temps. Il se prend pour quelqu’un d’autre.
Ringo : Vous n’y connaissez rien, c’est du Shakespeare.
Georges : Heu, je te signale que Shakespeare, il n’est pas encore né au moment de la guerre de cent ans. Il
faut attendre encore un peu plus d’un siècle pour entendre parler de lui.
Ringo : Ça ne fait rien. J’ai toujours su que j’étais en avance sur mon temps. C’est la marque des grands
artistes.
Paul : Oui, bon ça va. De toute façon, ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas une sorcière. Pauvre fille. Etre
enfermée comme ça alors qu’elle aurait pu rester tranquille chez elle à garder ses moutons. C’est triste.
Georges : Et voici notre petit romantique qui va nous verser une petite larme.
John : Ne te moque pas, on voit bien que tu n’as pas une épouse fidèle qui t’attend au pays, toi.
Ringo : Ah, oui, c’est vrai, il paraît que tu t’entends bien avec une petite normande qui travaille aux cuisines
du château. On te voit bien souvent aller l’aider à porter ses seaux d’eau.
Paul : C’est la petite Michelle, n’est-ce pas ?
Georges : Ah ! Michelle.
Michelle, my belle.
Sont les mots qui vont très bien ensemble,
très bien ensemble.
I love you, I love you, I love you.
Michelle, my belle.
These are words that go together well,
my Michelle.
John : Ah, tu as bien de la chance, toi. Quel grand malheur que cette guerre !
Paul : Tu as raison. Regarde-nous. Nous sommes ici à nous morfondre loin de notre pays et nous allons
passer encore un Noël loin de nos familles. Et qui sait combien d’entre nous ne reverrons jamais les côtes
anglaises.
John : Et ces français et ces normands qui ne nous ont rien demandé et à qui nous faisons subir notre
présence. As-tu vu dans quelle misère ils vivent à cause de nous et de la folie de ces deux rois qui se
disputent une couronne ?
Ringo : Oui, quelle tristesse et quel malheur. Quand cela sera-t-il donc fini ?
Paul : Il n’y a malheureusement rien à faire.
John : Oui, on ne peut que laisser faire les choses et attendre qu’une puissance divine s’en mêle et arrête
cette maudite guerre. Ainsi soit-il ! Let it be!
9 (3min35) When I find myself in times of trouble
Mother Mary comes to me
Speaking words of wisdom, let it be
And in my hour of darkness
She is standing right in front of me
Speaking words of wisdom, let it be
Let it be, let it be
Let it be, let it be
Whisper words of wisdom
Let it be
And when the brokenhearted people
Living in the world agree
There will be an answer, let it be
For though they may be parted
There is still a chance that they will see
There will be an answer, let it be
Let it be, let it be
Let it be, let it be
Yeah, there will be an answer, let it be
Let it be, let it be,
Let it be, let it be
Whisper words of wisdom
Let it be
Let it be, let it be
Let it be, yeah, let it be
Whisper words of wisdom
Let it be
And when the night is cloudy
There is still a light that shines on me
Shine on until tomorrow, let it be
I wake up to the sound of music
Mother Mary comes to me
Speaking words of wisdom, let it be
Yeah, let it be, let it be
Let it be, yeah, let it be
There will be an answer, let it be
Let it be, let it be
Let it be, yeah, let it be
Whisper words of wisdom
Let it be, let it be
Let it be, yeah, let it be
Whisper words of wisdom
FERMER LE RIDEAU
11 (2min07)
Acte 4
Le mois suivant…
15 janvier 1431
A la cour du Roi
(Panneau Léo D)
OUVRIR LE RIDEAU
Le Roi est assis à une table.
La Reine : Eh bien, mon époux, vous voilà bien silencieux. De quelle mélancolie êtes-vous donc la proie
aujourd’hui ?
Le Roi : Ah, ma mie, je ne sais pas vraiment. Je me sens bien triste.
La Reine : Pourtant, n’êtes-vous point allé à la chasse ce matin ? C’est une distraction qui vous a
certainement bien amusé ?
Le Roi : Que nenni, ma chère, je suis rentré bredouille. C’est comme si, après les hommes, les animaux
aussi me fuyaient.
La Reine : Allons, mon ami, ressaisissez-vous. Ce n’est pas comme cela que le Roi de France doit se
comporter. Vous devez faire preuve de caractère.
Le Roi : Roi de France ? Mais de quelle France ? Ce petit morceau que veut bien me laisser mon neveu
d’Angleterre et que je ne saurais défendre tout seul. Regardez autour de moi. Où est la noblesse française qui
devrait être derrière moi pour aller combattre les anglais ? Ils sont tous repartis dans leur province, à attendre
de voir de quel côté va tourner le vent de cette guerre qui s’éternise. Même Jeanne d’Arc, que je croyais si
dévouée, a fui mon hospitalité pour courir les chemins de la guerre. Et voici maintenant que les
bourguignons la privent de sa liberté.
La Reine : Ne vous souciez pas de cette aventurière. En voilà une qui vous a aussi tourné la tête, mon ami.
Elle s’est bien servie de vous pour chercher la gloire. Puis elle vous a laissé comme un moins que rien et a
refusé votre hospitalité. Quelle insulte à la face du Roi. Croyez-moi, elle n’a eu que ce qu’elle méritait.
Le Roi : Ne dites pas cela. Sans elle, vous ne seriez pas reine de France.
La Reine : Sans elle, je n’aurais pas à supporter les lamentations d’un époux qui m’ignore.
Un Garde entre.
Le Garde : Sire, un envoyé du Roi d’Angleterre demande à être reçu.
Le Roi : Du Roi d’Angleterre ? Mais qui est-ce donc ?
Le Garde : Il dit être le Comte de Suffolk, sire.
Le Roi : Suffolk ! Voilà qui est inattendu. Mon neveu m’envoie un de ses principaux conseillers. Cela doit
être très important.
La Reine : Permettez que je m’en aille, mon ami, je vous laisse à vos affaires importantes.
Le Roi : Non, non, restez, je vous en prie. Je veux maintenant que vous m’assistiez dans mon travail de roi.
Je devine que vous serez de bon conseil. (Au Garde). Je vais recevoir le Comte de Suffolk. Faites-le entrer.
Le Garde : Bien, sire. (Au Comte de Suffolk).Veuillez entrer, messire.
Le Comte de Suffolk : Je vous salue, Sire, et vous remercie de me recevoir si vite. J’en suis très honoré.
Le Roi : Et moi très surpris de votre visite. Que me vaut l’honneur d’une telle visite ? Je suppose que vous
venez de la part de mon neveu Henri ? Il ne m’a pas habitué à tant d’intérêt.
Le Comte de Suffolk : Votre neveu, contrairement à ce que vous pensez croire, vous estime beaucoup. Et il
m’envoie en effet, dans le but d’entreprendre des négociations.
Le Roi : Des négociations ?
Le Comte de Suffolk : Oui, le Roi Henri, mon suzerain, estime que cette guerre s’éternise de trop. Il y a
déjà eu trop de malheurs causés par ces batailles et tous ces aventuriers lancés sur les routes. Beaucoup sont
incontrôlés et continuent à ravager aveuglément les villages.
Le Roi : C’est exact, je suis moi aussi au
courant de ces grandes misères qui frappent le
peuple de France.
Le Comte de Suffolk : C’est pourquoi Henri
vous propose une longue trêve, qui pourrait être
un premier pas vers une paix durable. De cette
manière, nous pourrions consacrer nos forces à
détruire ces bandes de brigands.
Le Roi : Bien, je suis très intéressé. Mais
quelles sont les conditions posées par mon
neveu ?
Le Comte de Suffolk : Le roi Henri propose
que l’on s’en tienne à nos possessions actuelles…
Le Roi : Il me faudrait donc accepter que mes fidèles vassaux bretons et normands reconnaissent votre roi
pour suzerain. Vous avez beau tenir la majorité de ces provinces, elles sont loin de vous être acquises. La
manœuvre est habile de la part de mon neveu, mais c’est un mauvais départ pour des négociations.
Continuez, cependant.
Le Comte de Suffolk : Votre neveu propose également que l’on échange nos prisonniers. Vous savez que
nous détenons bon nombre de chevaliers français, qui font cruellement défaut à votre entourage. (Il regarde
ironiquement autour du Roi Charles et ne voit personne).
Le Roi : Vous allez donc libérer Jeanne d’Arc ?
Le Comte de Suffolk : Hélas, Jeanne d’Arc ne fait pas partie du marché. Elle est détenue par nos alliés les
bourguignons, qui ne sont pas concernés par notre accord.
Le Roi : Ne me faites pas croire que vous ne pouvez pas leur demander une faveur. Ils vous le doivent bien,
il me semble.
La Reine : Mon ami, prenez garde de ne pas sombrer dans le ridicule en vous obstinant sur le destin de cette
bergère. Le sort de la France vaut mieux que cette aventurière.
Le Comte de Suffolk : Les bourguignons n’accepteront jamais de la libérer. Elle leur a causé trop de tort.//
(On entend du bruit dehors).
Le Garde : Messires, vous ne pouvez pas entrer ! Le Roi ne peut pas vous recevoir maintenant.
(Jean D’Alençon et Gilles de Rais pénètrent de force dans la salle du trône).
Jean d’Alençon : Il le faudra bien.
Gilles de Rais : Nous devons l’entretenir d’un sujet d’extrême importance. Mais…. (Reconnaissant le
Comte de Suffolk). Un anglais, ici ! Trahison ! (Il sort son épée).
Jean d’Alençon : Sire, expliquez-vous !
Le Roi : Calmez-vous d’Alençon, et vous de Rais, rengainez cette épée ! Le Comte de Suffolk est venu me
proposer un échange de prisonnier, pour conclure une trêve.
Gilles de Rais : Alors, il faut que Jeanne d’Arc fasse partie de cet échange.
Le Comte de Suffolk : Elle est aux mains des bourguignons. Ils ne la libéreront pas.
Jean d’Alençon : Mensonge ! Vous l’avez rachetée à l’automne dernier et elle est emprisonnée à Rouen
depuis un mois. Nos espions sur place nous l’ont appris. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes ici.
Le Roi : Eh bien, Suffolk ! Est-ce la vérité ? Que signifie cette tromperie ?
Le Comte de Suffolk : Sire, vous savez qu’un bon négociateur ne doit pas tout dévoiler du premier coup.
C’est exact, que nous détenons cette Jeanne d’Arc. Néanmoins, elle n’est pas libérable. Nous préparons son
procès. Et je peux vous dire que son cas est bien grave. Nous ne pouvons pas nous permettre de la laisser en
vie.
Gilles de Rais : Quelle infamie ! Sire, on ne peut pas laisser faire une chose pareille. Nous devons proposer
le paiement d’une rançon. Je ne connais aucun bourguignon ni aucun anglais qui saurait résister à l’appel des
pièces d’or.
Le Roi : Mes amis, c’est une chose que nous
devrons discuter en privé.
Le Comte de Suffolk : Permettez donc que je m’en
aille. Je vais vous laisser aborder ce problème entre
français.
Le Roi : Oui, faites, mais ne vous éloignez pas trop.
Nous reprendrons notre conversation juste après.
Le Comte de Suffolk : Je vous attends donc à côté.
(Le Comte de Suffolk sort).
Le Roi : Messieurs, je vous écoute.
Jean d’Alençon : Nous venons d’apprendre que Jeanne a été livrée aux anglais par les bourguignons pour la
somme de dix mille livres.
Gilles de Rais : Et vous avez entendu ce maudit anglais. Ils s’apprêtent à la condamner. Il faut la racheter
aux anglais. Il faut leur proposer quinze mille livres, ou même vingt mille. Ils ne pourront pas résister à une
telle fortune.
La Reine : Et où croyez-vous que le Roi va trouver une somme pareille ? C’est une fortune, comme vous le
dites.
Le Roi : La Reine a raison, messieurs. Le royaume est pauvre, après toutes ces années de guerre. Je n’ai pas
tout cet argent. Et quand bien même je l’aurais, serait-il raisonnable de le dépenser pour une seule personne.
Avec cette somme, je peux équiper une armée pour plusieurs mois. Si je la donne aux anglais, je leur donne
aussi le moyen de me combattre.
Jean d’Alençon : Sire, vous ne pouvez pas abandonner celle à qui vous devez votre trône. C’est indigne du
Roi de France.
La Reine : Surveillez vos paroles, d’Alençon. N’oubliez pas que le Roi de France est votre suzerain et que
vous lui devez respect et obéissance.
Le Roi : Messieurs, je vous annonce que je suis en pourparlers secrets avec Philippe de Bourgogne. Cela va
nous assurer la paix du côté des bourguignons. J’ai aussi le projet de lever une nouvelle armée pour
combattre les anglais et les repousser le plus au nord possible. Mon but est de courir délivrer Paris au plus
vite afin d’assoir mon autorité sur le peuple parisien.
Gilles de Rais : Le temps que tout cela se fasse, Jeanne aura eu le temps d’être condamnée à mort et
exécutée.
La Reine : Mon ami, sachez que l’intérêt et l’unité du royaume passent avant le destin d’une seule personne.
Le Roi : Mes amis, nous allons établir un plan de marche qui inclura la prise de Rouen avant de nous diriger
vers Paris. C’est tout ce qui est en mon pouvoir. Espérons que le temps sera notre allié et que le procès de
Jeanne d’Arc ne commencera pas avant l’automne prochain.
Gilles de Rais : Il n’y a rien de moins sûr.
Le Roi : Allons, soyons optimistes et remettons notre sort entre les mains de Dieu qui nous viendra en aide.
Pour l’heure, retournez dans vos provinces et apprêtez votre armée. Vous recevrez bientôt un messager vous
indiquant le lieu où nous nous rassemblerons pour commencer la délivrance de la France.
Jean d’Alençon : Sire, nous obéirons, puisqu’il le faut. J’espère que nous ne le regretterons pas.////
(Jean D’Alençon et Gilles de Rais sortent de la salle du trône).
La Reine : Sire, mon époux, je ne vous connaissais pas si machiavélique. Vous avez assurément berné ces
deux nigauds avec cette histoire de traité avec les bourguignons.
Le Roi : Détrompez-vous, madame, ce traité est bel et bien sur le point d’aboutir. Seulement, il n’est
nullement dans mon intention d’aller délivrer Rouen avant Paris. Et ma foi, vous avez raison. Il me faut
sacrifier Jeanne d’Arc à l’intérêt suprême du royaume. Je dois maintenant en finir avec tout ceci et conclure
mon entretien avec ce Suffolk. (Au Garde). Garde, allez dire au Comte de Suffolk que je l’attends.
Le Garde : Oui Sire. (Au Comte de Suffolk). Le roi vous attend messire.
Le Roi : J’ai bien entendu votre proposition et je vais me donner le temps d’y réfléchir. Pour l’heure, nous
pourrions commencer l’échange des prisonniers. Je vous enverrai un émissaire afin d’en régler les détails. Il
vous apportera aussi ma réponse quant à cette trêve.
Le Comte de Suffolk : Très bien. Je transmettrai ceci au Roi Henri. Et à propos de Jeanne d’Arc ?
Le Roi : Eh bien, quant à Jeanne d’Arc, je vous la laisse. Sa popularité commence à me faire de l’ombre et
elle m’a beaucoup déçu. Et j’ai le sentiment qu’elle va vous poser un problème et cela n’est pas fait pour me
déplaire. Je vous laisse vous débrouiller avec elle. Faites-en ce que vous voulez.
Le Comte de Suffolk : Je ne vous soupçonnais pas si insensible.
Le Roi : Au jeu des échecs, il faut savoir sacrifier ses pions pour abattre le roi adverse. A vous revoir,
Comte.
FERMER LE RIDEAU
13 (2min28)
Acte 5
4 mois après…
20 mai 1431
(Panneau Léo D)
OUVRIR LE RIDEAU
15 (13 sec) L’Evêque Cauchon, Le Duc de Bedford, Le Greffier entrent. Jeanne, le Bourreau et le Garde sont assis
sur un banc.
Le Greffier : Nous allons commencer le
procès de la dénommée Jeanne d’Arc, née
en Lorraine et conduite à nous par les
envoyés du Duc de Bourgogne qui l’ont
capturée le 23 mai de l’an de grâce 1430
et nous l’ont confiée le 20 décembre de
cette même année afin d’être jugée des
crimes dont elle est accusée.
L’Evêque Cauchon : Allez, abrégez ces
formalités et donnez-nous lecture des
chefs d’accusation.
Le Greffier : J’y viens, Monseigneur, j’y
viens. Ce tribunal sera présidé par Messire
le Duc de Bedford, représentant le Roi Henri VI. Monseigneur l’Evêque Cauchon mènera l’accusation. La
dénommée Jeanne d’Arc assurera elle-même sa défense, ayant refusé les défenseurs qui lui ont été proposés.
L’Evêque Cauchon : Pressons, voulez-vous. Lisez-nous les chefs d’accusation, maintenant !
Le Greffier : Les chefs d’accusation sont au nombre de cinq. La dénommée Jeanne d’Arc est accusée de
dissimulation de sa nature de femme, de désobéissance à sa famille, d’envoûtement en les personnes de
l’entourage de celui qui se fait appeler Roi de France, Charles, de Haute Trahison envers le Roi Henri le
Sixième, son suzerain contre qui elle a pris les armes et mené une armée et enfin d’hérésie pour avoir
prétendu que la parole divine lui avait été transmise directement sans l’intermédiaire d’un homme d’Eglise.
Le Duc de Bedford : Merci, greffier. (A Jeanne d’Arc). Madame, avez-vous quelque chose à dire avant que
nous commencions ?
Jeanne d’Arc : J’ai en effet refusé tous les prétendus défenseurs qui m’ont été proposés. Ils tremblaient de
peur à l’idée de me défendre, ou alors, ils n’avaient de cesse de me faire reconnaître coupable. J’ajoute aussi
qu’aucune des personnes qui pourraient témoigner en ma faveur n’est présente ici. Je n’ai pas souhaité
mettre leur vie en danger en leur demandant de venir.
Le Duc de Bedford : De qui voulez-vous parler ?
Jeanne d’Arc : De mes compagnons d’armes, de mes propres frères voire même du Roi Charles. Vous
n’auriez pas pu vous empêcher de les arrêter sitôt en ville, n’est-ce pas ?
Le Duc de Bedford : Je dois en effet avouer que la tentation aurait été bien grande.
Jeanne d’Arc : J’apprécie votre franchise, messire. Bien, puisque, je n’ai pas de vrai avocat pour me
défendre et que mes témoins sont empêchés, nous pouvons commencer cette parodie de procès. Qu’on en
finisse au plus vite.
Le Duc de Bedford : Soit. Commençons. Greffier, veuillez nous lire en détail le premier chef d’accusation.
Nous entendrons ensuite Monseigneur l’Evêque.
Le Greffier : En premier lieu, Madame, vous êtes accusée d’avoir cherché à tromper votre entourage en
portant des habits d’homme pour dissimuler votre nature de femme.
L’Evêque Cauchon : Dieu a dit « Tu ne mentiras point ». Ce premier pêché est le plus bénin que tu as à te
reprocher. Tout le monde, ennemis comme amis t’a vue, vêtue d’une armure d’homme sur les champs de
bataille.
Jeanne d’Arc : Je ne connais pas d’habit plus pratique pour chevaucher un cheval durant les combats et ce
n’est pas ma faute s’il n’existe que des armures pour les hommes.
L’Evêque Cauchon : Mais était-ce pour autant que tu te parais d’une robe lorsque tu n’étais pas amenée à
te battre ? Non, à ce qu’on m’a dit. Même dans ces moments-là, tu revêtais un pantalon. Sans compter ces
cheveux que tu refuses de laisser pousser, comme une bonne chrétienne. Pourquoi faire, si ce n’est pour
abuser les hommes sur ton genre ?
Jeanne d’Arc : Je constate, Monseigneur, que vous avez davantage fréquenté les lieux de prières que les
champs de bataille. Vous y auriez appris que tout ce qui peut vous entraver vous fait courir un péril mortel.
Alors, oui, j’ai sacrifié ma longue chevelure, oui, j’ai oublié à quoi ressemblent les atours féminins, mais ce
n’était que pour mieux être prête à combattre. Et, toi, cette robe que tu portes, n’est-ce pas ce qui convient le
mieux à ta fonction ? Et personne n’oserait t’accuser de dissimuler ta nature d’homme.
L’Evêque Cauchon : Je tiens cette fonction de Dieu. Tu n’es pas de taille à subir la comparaison. Mais je
constate que tu as avoué avoir intentionnellement cherché à ressembler à un homme. (Au Duc de
Bedford). J’en ai terminé avec ce sujet.
Le Duc de Bedford : Fort bien. Greffier, deuxième accusation, je vous prie.
Le Greffier : En second lieu, Madame, vous êtes accusée d’avoir désobéi à vos parents et que vous vous en
êtes allée de la maison familiale, sans leur permission. Votre jeune âge ne vous autorise pas à cela.
L’Evêque Cauchon : Et sans même leur dire au revoir, enfant ingrate. Ces parents qui t’aimaient, te
chérissaient et te préparaient à une vie tranquille dans ton village natal, as-tu un instant songé au souci et au
chagrin que tu leur causes ?
Jeanne d’Arc : Mes parents sont fiers de ce que j’ai porté leur nom à la cour du Roi Charles. Quant à leur
bénédiction, ils me l’ont transmise par mes frères qui m’ont rejointe ensuite.
L’Evêque Cauchon : Mais ta place est auprès d’eux. Ils se font vieux, à ce que je sais. Qui va les soutenir
dans leur vieil âge ? Encore une fois, que fais-tu de leur chagrin ?
Jeanne d’Arc : Monseigneur, vous qui êtes à la solde des anglais et des bourguignons, et qui vous faites
complice de tant d’atrocités, vous me paraissez soudain bien soucieux du sort de deux pauvres vieux
paysans lorrains. Je sais de nombreux villages dont les habitants massacrés par vos amis auraient souhaité
autant de sollicitude.
L’Evêque Cauchon : N’essaie pas de divertir ce tribunal de sa mission en changeant de propos, enfant
indigne. J’en ai fini de cette question.
Le Duc de Bedford : Eh bien. Passons maintenant à la troisième accusation. Greffier ?
Le Greffier : En troisième lieu, Madame, vous êtes accusée de haute trahison et de rébellion envers votre
suzerain, le Roi Henri.
L’Evêque Cauchon : Voici maintenant une des accusations les plus graves. Pour laquelle tu risques la mort.
Tu t’es révoltée contre ton suzerain.
Jeanne d’Arc : Cet Henri n’est pas mon suzerain.
L’Evêque Cauchon : Tu es bien originaire de Lorraine, n’est-ce pas ? La Lorraine fait partie des territoires
reçus en héritage par Henri d’Angleterre. Il est donc bien ton suzerain et en tant que tel peut exercer sur toi
le droit de vie ou de mort.
Jeanne d’Arc : Cet Henri n’est qu’un usurpateur. Il n’a aucun droit sur aucun territoire de France. Le vrai
Roi de France est Charles. Et c’est lui mon suzerain devant Dieu. C’est pour cela qu’il a été sacré en la
cathédrale de Reims comme tous ses prédécesseurs avant lui.
L’Evêque Cauchon : Ton pauvre Charles a été déshérité par sa propre mère au profit d’Henri VI. Ce n’est
qu’un roi sans territoire.
Jeanne d’Arc : Fanfaronnez bien pendant que vous en avez encore le loisir. Ce Roi sans territoire est en
train de reconquérir chaque parcelle de France occupée par les anglais. Et ce n’est pas en me faisant taire
que vos alliés pourront l’arrêter.
Le Duc de Bedford : Abrégeons, maintenant, cette remarque est hors sujet.
L’Evêque Cauchon : Tu n’es qu’une folle. Ceci n’est pas près d’arriver. Pour moi, cette discussion est
terminée.
Le Duc de Bedford : Il est temps en effet de passer à la quatrième accusation. Greffier, nous vous écoutons.
Le Greffier : En quatrième lieu, Madame, vous êtes accusée de sorcellerie pour avoir envouté le dauphin
Charles et son entourage.
L’Evêque Cauchon : Voilà qui est intéressant. Je voudrais que tu m’expliques comment tu as réussi ce tour
de force.
Jeanne d’Arc : Que voulez-vous dire ?
L’Evêque Cauchon : En seulement quelques semaines, tu es parvenue à convaincre la France entière de te
confier une armée.
Jeanne d’Arc : Je n’ai fait que transmettre la volonté de Dieu, qu’y a-t-il de si extraordinaire ?
L’Evêque Cauchon : N’invoque pas le nom de Dieu à la légère, maudite sorcière ! Tous ces gens de guerre
si expérimentés, comment ont-ils pu te donner leur confiance ? Et ce Charles que tu prétends être roi,
comment as-tu pu l’abuser au point de le faire entrer dans une guerre désespérée ?
Jeanne d’Arc : Toutes ces personnes que vous citez ont été touchées par la grâce divine, je n’ai fait que leur
montrer la route qu’il fallait suivre.
L’Evêque Cauchon : Mensonges ! Aucune grâce divine n’aurait permis que toute la cour de ton Dauphin
traverse des territoires hostiles jusqu’à Reims pour ce simulacre de sacre. Et la reddition d’Orléans, quelle
sorcellerie as-tu encore utilisée pour l’obtenir ?
Jeanne d’Arc : Il n’y a aucune sorcellerie dans ces actes, Monseigneur. Seule la bravoure du Dauphin, de
son entourage et de son armée en sont la cause. Et cette bravoure est guidée par la foi dans une victoire
prochaine.
L’Evêque Cauchon : Mensonges encore ! Avoue-le enfin que tu as des pouvoirs maléfiques !
Jeanne d’Arc : Si j’avais les pouvoirs maléfiques que vous me prêtez, Monseigneur, je ne serais pas ici. Je
ne me serais pas laissée capturée, ou alors je vous aurais déjà envoutés, vous tous ici présents.
L’Evêque Cauchon : Ceci est certainement encore une de tes ruses pour mieux nous endormir. Mais cela ne
suffira pas à te sauver. Nous sommes sur nos gardes. En attendant, j’en ai fini avec cette accusation.
Le Duc de Bedford : Fort bien ! Passons enfin à la cinquième et dernière accusation. Greffier, vous avez la
parole.
Le Greffier : En cinquième et dernier lieu, Madame, vous êtes accusée de blasphème et d’hérésie pour avoir
prétendument entendu la parole de Dieu.
Jeanne d’Arc : Je n’ai rien inventé. A maintes reprises, depuis l’âge de treize ans, Sainte Catherine, Sainte
Marguerite et l'archange Saint Michel m’ont demandé de libérer le royaume de France de l'envahisseur et de
conduire le dauphin sur le trône.
L’Evêque Cauchon : Tu ne recules devant aucun blasphème. C’est un grand pêché que de parler ainsi des
saints du paradis. As-tu des témoins de ce que tu déclares ?
Jeanne d’Arc : Non, ces voix célestes ne me viennent que lorsque je suis seule.
L’Evêque Cauchon : Tu es bien naïve de penser que nous allons nous laisser abuser par un tel mensonge.
Dieu a désigné ses fidèles serviteurs, dont je suis, pour transmettre sa parole. Aucune personne saine d’esprit
ne pourrait croire qu’il va utiliser la bouche d’une pauvre paysanne pour cela.
Jeanne d’Arc : Je me moque bien de ce que vous pouvez penser, Monseigneur. Je sais seulement que les
hommes comme vous confondent souvent la parole de Dieu avec celle des pièces d’or bien sonores, pour
lesquelles vous faites bien des compromis avec votre prétendue foi.
L’Evêque Cauchon : Silence ! Maudite hérétique ! On voit bien que le Diable t’a fait perdre la tête et parle
par ta bouche. En m’insultant, tu insultes l’Eglise toute entière. Je ne continuerai pas cet interrogatoire avec
une envoyée de Satan. Il me faut clore ce débat.
Le Greffier : Madame, nous avons terminé notre interrogatoire sur ces cinq chefs d’accusation. Avez-vous
quelque chose à ajouter pour votre défense ?
Jeanne d’Arc : Je ne crains pas la justice des hommes, car je ne lui reconnais aucun droit. J’en appelle à la
justice de Dieu. Qu’il fasse de moi ce qu’il lui semblera juste. Je n’ai plus rien à ajouter.
Le Greffier : Messire le Duc de Bedford, je vous laisse le soin de faire entendre le verdict de ce tribunal et
d’en proclamer la sentence.
Le Duc de Bedford : Au terme de ce procès, vous avez été reconnue coupable de faits graves tels que la
sorcellerie, l’hérésie et la haute trahison. Pour cela vous méritez la mort. Néanmoins, ce tribunal est prêt à
faire preuve d’indulgence si vous reconnaissez les faits.
Jeanne d’Arc : Vous perdez votre temps, messire. Je n’ai rien à reconnaître devant la justice des hommes.
Dieu me rendra justice en son paradis.
Le Duc de Bedford : Votre entêtement va vous perdre. Si vous reconnaissez votre culpabilité, nous
pourrons transformer votre condamnation à mort en un exil en Angleterre…
Jeanne d’Arc : …et vous allez brûler une malheureuse innocente à ma place. Cela vous servirait bien pour
ensuite salir ma réputation aux yeux du peuple de France. Je ne vous donnerai pas ce plaisir. Conduisez-moi
au bûcher et qu’on en termine avec ce semblant de justice !
Le Duc de Bedford : Très bien, vous l’aurez voulu. Bourreau, raccompagnez la condamnée dans sa cellule
et préparez-la pour sa prochaine exécution. Elle aura lieu dans les dix jours.
(Le Bourreau emmène Jeanne d’Arc et ils sortent
de la salle du procès avec le Garde.)
17 (23 sec)
Epilogue
Le Duc de Bedford : (A l’Evêque Cauchon). Eh
bien l’Evêque, j’imagine que vous êtes satisfait de
ce dénouement.
L’Evêque Cauchon : Oui, mais pas complètement.
J’aurais préféré qu’elle avoue ses crimes.
Le Duc de Bedford : Allons, vous savez bien que
ces accusations ne sont pas sérieuses. Tout cela a
été fabriqué de toutes pièces afin de nous
débarrasser d’une ennemie redoutable.
L’Evêque Cauchon : La fin justifie les moyens.
Le Duc de Bedford : Mais je me demande si cela ne va pas se retourner contre nous. Nous allons en faire
une martyre et regrouper autour de son nom tous les français.
L’Evêque Cauchon : Vous savez comme moi que ces français sont bien crédules. Nous allons leur faire
avaler que nous avons condamné une hérétique, une messagère du Diable.
Le Duc de Bedford : Et bien j’espère pour nous que vous saurez vous montrer convaincant.
L’Evêque Cauchon : Comme vous y allez, messire. Si sa culpabilité en sorcellerie n’a pas été prouvée, on
n’a pas pu prouver le contraire non plus. Et je ne suis pas fâché que cette sorcière aille griller en enfer.
Le Duc de Bedford : Vous ne m’en voudrez pas si je n’ai pas l’intention de partager ce spectacle avec vous,
l’Evêque. Dans dix jours, je vous laisserai la vedette. Adieu, Monseigneur.
Le 30 mai 1431
Le Luneux :
Ce matin Place du Marché
Près du bûcher réunis
Tous avions les yeux mouillés
Maudissant cette infamie
Jeanne d’Arc rendit son âme
Tu t´en, tu t´en, tu t´en moques
Courageuse dans les flammes
FIN
FERMER LE RIDEAU
19 (2min15)