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1 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
2021
Rapport : Mission Conjointe d’Evaluation Rapide Multisectorielle
des Besoins à Ambarit et Siheb
Province du Salamat
Sous-préfecture de Mouraye
Date de l’évaluation : 19 mai 2021
Date du rapport : 24 mai 2021
Participants : PAM, UNICEF, OCHA, Sécurité alimentaire (FAO), GIZ,
CRT, Délégation provinciale de l’action sociale du Salamat.
2 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
2021
1. Aperçu de la situation :
Nature de la crise : Conflit intercommunautaire/mouvement de populations
Date du début de la crise : 13 avril 2021
a) Description de la crise
Depuis le début de l’année 2021, la sous-préfecture de Mouraye, dans le département de Bahr-Azoum,
province du Salamat a connu de séries de violences intercommunautaires meurtrières. La dernière
flambée de ces violences est celle du 13 avril dernier entre les ethnies Arabes et Kibètes à Ambarit
dans la zone de responsabilité sanitaire de Siheb, localité située à 45 Km à l’Ouest d’Am-Timan.
Le facteur déclencheur de cette crise était l’assassinat d’un individu d’origine arabe par des personnes
non identifiées ce 13 avril non loin du village Ambarit. Informée de cette tragédie le lendemain, la
communauté arabe a tout de suite pointé du doigt la communauté Kibète qui s’était battue contre elle
aux côtés des Dagals dans un passé récent. La montée de la tension entre les deux communautés finit
par se basculer en un affrontement meurtrier qui s’est très rapidement propagé dans plusieurs villages.
Au total 7 villages étaient touchés en deux jours : AM-BARIT, AMSABOU, SIHEB, AL-BIYARDA,
KOULKOULAYE, BANDAWATE et AL-MANGUAY.
Selon le rapport préliminaire de la Croix rouge du Salamat confirmé par les autorités provinciales, ces
affrontements ont causé la mort d’environ 146 personnes dans les deux communautés confondues
et 73 personnes blessées. Plusieurs cases sont brûlées faisant 525 familles sans-abris et d’énormes
pertes de moyens de subsistance et de réserves alimentaires incendiés. Les villages Amsabou et Al-
Mangay ont été complètement brûlés et la totalité de leurs habitants sont déplacés à AMBARID à 3 Km
où ils sont accueillis sous les arbres avec quelques maigres effets personnels. Ces familles sinistrées
sont composées en majorité des femmes et des enfants.
La mission conjointe d’évaluation rapide du 19 mai a dénombré 649 ménages de 3894 personnes
avec l’appui de la CRT du Salamat pour 6 villages évalués sur 7 touchés par la crise. 702 cases
brûlées, 171 veuves, 1097 enfants orphelins (411 garçons et 686 filles) sont dénombrés par la
mission pour une population totale de 9810 habitants que comptent les 6 villages évalués sur
les 7 touchés..
b) Méthodologie et technique de collecte
Les données ont été collectées à travers des entretiens directs auprès d’un échantillon des familles sinistrées dans deux villages abritant les deux communautés belligérantes (Ambarid et Siheb), des focus-groups avec les hommes et les femmes, des entretiens semi structurés avec les informateurs clés et personnes ressources (chefs des communautés, et le responsable du centre de santé). Les observations directes dans les deux villages ont aussi permis de trianguler plusieurs informations pour confirmer les données. Le questionnaire d’évaluation multisectorielle MIRA a été administré lors des entretiens.
c) Composition de l’équipe
Cette évaluation a été conduite par une équipe mixte pluridisciplinaire composée du PAM, OCHA,
UNICEF, du sous cluster sécurité alimentaire (FAO), des agents de la CRT du Salamat, de la GIZ, de
la délégation provinciale de l’Action sociale du Salamat représentant les autorités provinciales. A cause
de la situation sécuritaire très volatile dans la zone, la mission a décidé de conduire l’évaluation dans
deux grands villages où se trouvent les deux communautés antagonistes avec une seule équipe
composée de tous ses membres : le village Ambarit qui regroupe deux autres petits villages (Amsabo
et Almangaye) pour la communauté Kibète et Siheb pour la communauté arabe.
d) Accessibilité physique/Accès humanitaire
Type d’accès : Ambarit est situé à 25 Km et Siheb à 46 Km à l’Ouest de la ville d’Am-Timan. L’accès à
ces villages se fait par la piste rurale et nécessite un véhicule 4X4 en 30 mn et 1,5 heure de route. Les
camions gros porteurs peuvent y accéder péniblement en saison sèche. Tout comme beaucoup de
3 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
2021
parties de la province du Salamat, Ambarit et Siheb sont enclavés/coupés et inaccessibles en saison
pluvieuse par la route. L’accès se fait par voie navigable ou à dos d’ânes et de chevaux.
Accès sécuritaire et humanitaire : La zone est en ce moment sous contrôle des éléments de la force
de défence et de sécurités (FDS) qui constituent une force d’interposition prête à intervenir en cas de
besoin. En dépit de cette présence militaire, la situation sécuritaire reste volatile car la circulation entre
les deux communautés n’est pas encore effective. L’esprit de vengeance hante encore les deux
communautés. Un membre d’une communauté qui s’hasarde à se déplacer dans la zone de l’autre est
tout de suite abattu sans autres formes de procès. C’est le cas du drame qui a lieu deux jours avant
l’arrivée de l’équipe d’évaluation le 17 mai dernier dans la zone qui a occasionné la mort de trois
personnes.
2. Répartition des ménages sinistrés par villages touchés (6 villages évalués sur 7)
N° Villages Ménages Bénéficiaires
Total Hommes Femmes Filles Garçons
1 AMBARID 284 1704 767 801 85 51
2 AMSABO 37 222 100 104 11 7
3 ALMANGUAYE 30 180 81 85 9 5
4 SIHEB 174 1044 470 491 52 31
5 ALBIARDA 64 384 173 180 19 12
6 BANDAWAD 60 360 162 169 18 11
TOTAL GENERAL 649 3894 1753 1830 194 117
3. Assistance apportée pendant la mission
L’évaluation rapide multisectorielle était couplée à une assistance alimentaire par le PAM en faveur des
525 familles sinistrées dénombrées par l’évaluation préliminaire conduite par la CRT du Salamat. En
dépit de cette assistance ponctuelle d’urgence en faveur de 525 ménages, le gap reste énorme encore
et il y a nécessité urgente d’autres interventions multisectorielles à grande échelle avant l’installation
définitive de la saison des pluies.
Mécanisme de suivi de l’assistance :
A la fin de la mission, le PAM a désigné un staff pour faire le suivi de l’assistance avec l’appui de la
CRT et de la délégation provinciale de l’action sociale représentant les autorités provinciales.
4 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai 2021
4. Besoins prioritaires identifiés
Besoins identifiés par ordre de priorité Recommandation pour une réponse Groupes cibles Commentaires
1- AME et Abris :
- 702 cases brûlées (233 à Siheb et 469 à Ambarid) et
perte de biens essentiels
- Capacité quasi inexistante pour la reconstruction à
cause de la destruction de la faible chaîne de valeur
Paquet d’activités multisectorielles en AME/Abris :
-Distribution d’AME et des bâches pour la construction d’abris
d’urgence aux ménages qui vivent sous les arbres.
649 familles
affectées par le
conflit
La situation des abris observés est précaire et cela
nécessite des actions d’urgence pour permettre de
réaménager les abris afin de protéger les femmes
et enfants contre les intempéries car la saison des
pluies s’installée peu à peu.
2- Sécurité alimentaire :
- Perte des moyens de base pour l’accès à la
nourriture ;
- Perte des stocks de nourriture, des semences,
outils et autres intrants pour la production
agricole ;
- Perte du petit élevage et des capacités
productives dans la pêche.
Paquet d’activités multisectorielles en sécurité alimentaire :
- Organiser une distribution urgente et gratuite des vivres de
trois (03) mois en faveur des 649 ménages sinistrés dans un
bref délai pour éviter l’inaccessibilité de la zone pendant la
saison Pluvieuse ;
- Distribution de cash inconditionnel de trois (03) mois au profit
de 649 ménages touchés ;
- Développer les Activités Génératrices de Revenus (AGR) en
faveur de 171 femmes cheffes de ménages et veuves affectées,
- Doter les 649 ménages en semences et intrants agricoles et
faire la reconstitution du capital bétail en faveur de 171
veuves (petit élevage).
- Faire une distribution des semences maraichères pour la
campagne agricole 2021-2022 aux 649 affectés.
- Assistance alimentaire ;
- Appui en intrants et outils agricoles pour la restauration des
capacités de production ;
- Distribution d’intrants en petit élevage et pêche pour
restauration des moyens de subsistance de base en faveur de
l’accès à une alimentation adéquate et autonomisation.
649 ménages
affectés
649 ménages
171 femmes cheffes
de ménages et
veuves
649 ménages
affectés
L’assistance alimentaire est nécessaire et
permettra aux ménages affectés d’éviter de
développer des stratégies de survie néfaste.
La distribution de cash inconditionnel va favoriser
l’autonomisation et la dignité de la communauté,
le choix des aliments ainsi que la réduction des
coûts logistiques.
La mise en œuvre des activités génératrices de
revenus va soutenir le relèvement économique des
communautés affectées et leur prise en charge.
Ces deux dernières activités ont pour but de
soutenir les moyens de subsistances des
populations touchées
3- Santé primaire : - difficulté d’accès aux services de santé car les
moyens de subsistance des ménages ont pris de
sérieux coup.
- Insuffisance de ressources humaines qualifiées avec
manque de sage-femme pour faciliter le contact à la
CPN et l’accouchement au centre de santé.
- Faible taux de couverture vaccinale des enfants de 0
à 11 mois et des femmes enceintes ;
- faible capacité du centre de santé en matière de
matériels et d’équipements.
Paquet d’activités multisectorielles en Santé Primaire :
- Renforcement des capacités en ressources humaines qualifiés et
matériels (équipements, médicaments et instruments) des CS de
Siheb et Ardo en faveur des deux communautés.
- Mise à la disposition des CS, les intrants médicaux nécessaires à
la prise en charge : consommables et antipaludéens, le test rapide
du palu, intrants nutritionnels
- Sensibilisation de la population sur PFE, les mesures d’hygiène
(Eau et Assainissement), la fréquentation des structures de santé,
la CPN,
- Un appui régulier en stratégies de vaccination dans les différents
villages proches pour le renforcement de la couverture vaccinale
des enfants de 0 à 11 mois et des femmes enceintes couplée à une
Les villages
touchés, les CS de
Siheb (la
communauté arabe
majoritaire) et Ardo
(communauté
Kibète)
Le réapprovisionnement des centres de santé de
Siheb et Ardo en médicaments essentiels est
primordial car l’apparition des maladies comme la
toux, le paludisme, la diarrhée, la conjonctivite et
l’IRA a été constatée dans les villages visités.
5 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai 2021
clinique mobile pour CPN, dépistage et prise en charge
nutritionnelle ;
- Mettre à disposition de la population des moustiquaires pour la
prévention du paludisme et des médicaments pour la prise en
charge des pathologies courantes dans les formations sanitaires.
4- Nutrition : - La perte d’accès à une alimentation équilibrée
pendant plusieurs semaines va inévitablement avoir
un impact néfaste sur les conditions nutritionnelles
des populations locales, avec un focus sur les
catégories les plus vulnérables. Ceci dans une zone
de santé qui présentait déjà avant la crise une
situation de fragilité en nutrition.
- Taux de malnutrition aiguë au-delà des seuils
d’intervention d’urgence (MAS 1,2 %, MAM 9,2 %
et MAG 10,4 %). Sur les 10 enfants enquêtés 2 sont
des MAS avec complication diarrhée aqueuse
- Programme de nutrition pour les enfants de 06-59 mois et les
femmes enceintes/allaitantes dans les villages touchés par
l’approvisionnement en intrants nutritionnels ;
- Appuyer le centre de santé de Siheb à la prise en charge des cas
de malnutrition dans les villages
- Réaliser une enquête nutritionnelle dans la zone
- Analyser les opportunités de coordination multisectorielle avec
les secteurs de la SecAl, Santé Primaire, Protection.
Les enfants affectés
dans les villages, à
Siheb et la zone de
responsabilité
d’Ardo
La situation alimentaire des ménages touchés par
la crise est très préoccupante et le taux de la
malnutrition est croissant. Il est impératif de
mettre en place un système de dépistage
communautaire et traitement des cas de
malnutrition dans les villages.
5- WASH : - Absence de latrines, défécation à l’air libre
- Manque d’eau potable approvisionnement dans les
ouadis et la rivière Barh-Azoum en saison pluvieuse
- Manque de produits de traitement de l’eau
- Manque de bonnes pratiques d’hygiène
Paquet d’activités multisectorielles en EHA : - Appuyer l’aménagement du château d’eau de Siheb qui a un
débit trop faible
Appuyer la construction des latrines dans les villages touchés ;
- Encourager l’installation de comité d’hygiène dans les villages.
- Sensibilisation sur les procédures de traitement de l’eau à
domicile
Les populations de
ambarit, Siheb et
tous les villages
touchés
Le problème d’eau est crucial dans les villages.
le manque d’eau a créé des conditions très
déplorables en matière d’hygiène corporel et la
propreté des enfants.
6- Protection :
-16 femmes ont accouché sans assistance d’une
sage-femme pendant et après les évènements
-Enfants sans actes de naissance
-Ecoles communautaires brûlées laissant 258 enfants
à risque de non scolarisation
Paquet de réponse multisectorielle dans le cadre de la
protection transversale : - Activités de sensibilisation en faveur des communautés locales
sur les domaines clés de la protection : l’enregistrement de
naissance, la cohésion sociale.
Paquet d’activités multisectorielles pour la réponse en
protection de l’enfant : - Construction d’infrastructures scolaires
- Appui à la réintégration scolaire pour les enfants en âge de
scolarité.
Autorités locales,
acteurs de la société
civile, Personnes
déplacées, Officiers
de l’Etat civil.
Enfants à besoins
spécifiques
Les enfants ont plus besoin de protection dans
cette zone de conflit. Des enfants ont perdu leurs
parents, leurs maisons brûlées et qui vivent sous
les arbres demande une protection. Ces enfants
sont exposés à des maladies (paludisme,
malnutrition, conjonctivite, traumatisme et
diarrhée), la faim. Ces enfants constituent la
couche vulnérable avec les personnes âgées et les
femmes, notons que cette zone est enclavée
pendant la saison des pluies qui s’installe déjà.
7- Education : -Trois abris construits en paille faisant office de
salles de classe pour un total de 163 élèves dont 87
filles et 2 enseignants complètement brulées a Am-
barid rendant ces enfants sans instruction.
- A Siheb, l’instruction des 95 élevés dont 28 filles
compromise.
Appuyer la réintégration scolaire
- Mettre en place des espaces d’apprentissage temporaires pour le
développement des activités récréatives, ludiques, sportives et
culturelles pour les enfants.
-Réhabilité en urgence les salles de classe pour permettre aux
élèves de finir l’année scolaire.
-Sensibiliser les parents à ramener leurs enfants à l’école.
258 enfants dont
115 filles touchés
par la crise
6 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
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5. Aperçu des vulnérabilités sectorielles et analyse des besoins
5.1- Abris la situation des abris est alarmante dans les villages visités par la mission rendant la situation des ménages touchés critique avec 702 cases complétement brûlées. Certaines personnes sinistrées sont accueillies dans les familles mais vivent dans des espaces à l’aire libre à cause de la vulnérabilité de la famille d’accueil. Aucun abri d’urgence n’a été réalisé depuis le 13 avril, début du conflit : les femmes, les femmes enceintes et allaitantes, les enfants de moins de 5 ans, les personnes âgées qui constituent les couches sociales les plus vulnérables dorment à même le sol. Si rien n’est fait, avec la saison des pluies qui commencent à s’installer, ces personnes sinistrées seront exposées à des situations sanitaires graves. Tous les articles ménagers essentiels sont détruits ou emportés. A l’arrivée de la mission dans le village, une seule maison était en reconstruction avec de la boue. Analyse des besoins 90% des cases sont incendiées et aucun moyen pour leur reconstruction. La situation risque de devenir compliquée pendant la saison des pluies dont les signes d’alertes sont déjà visibles. Toutes les personnes affectées par cette crise s’accordent à dire que la question d’abris reste leur principale priorité la plus urgente. Gaps
Réduction de protection contre les intempéries (702 cases complètement brûlées)
Réduction d’espace intime pour les femmes (nous sommes dans une culture où l’espace des femmes est séparé de celui des hommes)
Recommandations
Abris d’urgence pour compenser les 702 cases brulées avant l’installation définitive des pluies.
Dotation des sans-abris en matériaux de construction des cases
Distribution des articles ménagers essentiels aux 649 ménages victimes du conflit
Distribuer des bâches dans tous les villages touchés par la crise le plus urgent (Am-baride,
Amsabou, Siheb, Al-biyarda, Koulkoulaye, Bandawate et Al-manguay).
Disponibiliser des fonds pour la fabrication des briques et coupe de paille pour la reconstruction
des cases au sortir de la saison des pluies
Echelle de sévérité Abris : 4 à Ambarit et 3 à Siheb
5.2- Sécurité alimentaire
Analyse de la situation Suite à ce conflit intercommunautaire, 649 ménages de 3894 personnes sont touchés dans 6 villages évalués
sur les 7 touchés. Cela a occasionné des déplacements massifs et inattendus de la population dans cette
localité avec son corollaire en pertes énormes en termes de réserves alimentaires et du cheptel. Les pertes
en stocks alimentaires des sinistrés sont évaluées à 9 940 sacs de 100 kg de Bérébéré, 345 sacs de 70 kg,
801 sacs de 80 kg de tomate, 775 sacs de 100 kg de haricot, 540 sacs de 70 kg d’oignon, 375 sacs de 75 kg
de sésame, 280 sacs de 100 kg de Maïs et 325 sacs de 100 kg de Sorgho. Les moyens de subsistance
touchés en lien avec l’élevage sont estimés à 1926 têtes de petits ruminants, 30 têtes de chameaux, 846 têtes
de bœufs, 7560 volailles, 245 têtes d’ânes et 26 têtes de chevaux dans l’ensemble des villages sinistrés. Les
pertes matérielles sont notamment, 10 charrettes, 92 charrues, 2625 houes, 870 pulvérisateurs, 124 motos, 7
moulins, 702 cases et 18 boutiques brulées.
Un verger de manguiers d’un demi-hectare a été détruit. Ainsi, l’analyse de la sécurité alimentaire,
nutritionnelle et de suivi de marché faite par l’équipe d’évaluation après les entretiens avec les populations
7 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
2021
hôtes, les autorités locales, les partenaires humanitaires et de développement du Salamat fait ressortir les
points suivants :
En termes d’accès physique et économique des aliments, la tendance des prix des denrées de base est à la
hausse donc, son accessibilité en toute période à des prix abordables serait difficile aux personnes vulnérables
notamment les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de 5 ans pour satisfaire leur
alimentation au regard de la dépendance de ceux-ci des marchés. Cette hausse des prix s’explique par le fait
que les habitations des sinistrés sont incendiées pendant les événements avec tous leurs stocks alimentaires
et d’autres biens matériels et financiers.
En termes de disponibilité alimentaire, la campagne agricole 2020-2021 était bonne mais il est important de
signaler que les ménages dépendent beaucoup plus des marchés pour leur consommation alimentaire
pendant cette période de crise. L’on constate, un épuisement progressif voire rapide des stocks des ménages
et ceux des commerçants, ce qui pourrait encore plonger les populations affectées dans la désolation. Chaque
année, la province du Salamat se heurte à un phénomène d’enclavement. Ce qui pousse les commerçants à
évacuer leurs stocks alimentaires vers les autres régions pour pouvoir en bénéficier d’un bon prix d’achat et
cela influence également négativement le stock au niveau provincial. Pour cela, nous considérons le suivi des
marchés comme indicateur de ce pilier. Les prix des denrées alimentaires suivants ont vu une hausse sans
appel de prix allant de 63% à 122% : Bérébéré, 63%, Gombo et Tomate, 100%, Oignon, 67% et enfin Sésame,
71% et les prix du bétail sont présentement stables.
L’utilisation des aliments et la gestion des aliments y compris l’eau : Les soins dans la préparation et
transformation des aliments restent un défi à relever.
La stabilité des trois autres piliers à long terme : Il existe encore en ce moment précis de rédaction de ce
rapport d’évaluation, un climat de méfiance entre les deux communautés malgré la présence indiscutable des
forces de défense et de sécurité (FDS) dans la localité. En plus de la stabilité politique, il est aussi crucial de
mentionner l’enclavement de la zone entre Juin-Octobre qui pourrait aussi déstabiliser les trois autres piliers.
La communauté attristée n’éprouve pas de difficultés d’accès à la terre cultivable et se partage la nourriture
avec les voisins. Cette solidarité communautaire existe depuis toujours dans la zone. Actuellement, la
communauté vit sans réserve de stocks et sans moyens de subsistance. Alors, si des dispositions ne sont pas
prises à temps, la campagne agricole 2021-2022 risque d’être catastrophique pour la communauté touchée.
Comme stratégie de survie, la consommation des repas de ces personnes qui avaient une fréquence de trois
repas par jour avant le conflit, a drastiquement chuté à un repas par jour pour les enfants et certains adultes
et quelques fois ils ne consomment rien sauf du thé par jour.
GAP
Suite à la descente de l’équipe d’évaluation dans la province du Salamat, au total 649 ménages ont été
dénombrés au lieu de 525 ménages comme mentionnés dans le rapport de la CRT validé par les autorités
locales. Alors, actuellement, le PAM dispose de vivres d’un mois seulement pour les 525 ménages. Ce qui
veut dire qu’il reste un gap de 124 et 525 ménages à rechercher. Ces ménages étant affectés d’une manière
soudaine, il serait important de suggérer la restauration de leurs moyens d’existence.
Recommandations
Compte tenu de la gravité de la situation de la sécurité alimentaire observée dans les villages touchés par
cette crise et après avis des autorités locales, de la communauté affectée, les besoins prioritaires en sécurité
alimentaires suivants ont été identifiés:
Actions à court terme
8 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
2021
Organiser une distribution urgente et gratuite de vivres de trois (03) mois en faveur des 649
ménages sinistrés dans un bref délai pour éviter l’inaccessibilité à la zone pendant la saison
des pluies
Faire une distribution de cash inconditionnel de trois (03) mois au profit de 649 ménages
touchés
Actions à moyen terme
Développer les Activités Génératrices de Revenus (AGR) en faveur de 171 femmes cheffes de ménages
et veuves affectées, doter les 649 ménages en semences et intrants agricoles et faire la reconstitution
du capital bétail en faveur des 171 femmes veuves (petit élevage).
Actions à long terme
Faire une distribution des semences maraichères pour la campagne agricole 2021-2022.
Echelle de sévérité Sécal : 4 à Ambarit et 3 à Siheb
5.3- Santé Les maladies les plus citées dans les villages sont le paludisme, la diarrhée, la malnutrition, la conjonctivite, la toux, les infections respiratoires aigües (IRA). Le centre de santé de Siheb répond au standard minimum des établissements sanitaires, malheureusement sa capacité avec un seul infirmier et son assistant ne lui permet pas de d’assurer tous les services médicaux requis. Au cours de l’évaluation, aucune maladie à caractère épidémique n’a été constatée. Selon le responsable du centre de santé (RCS) de Siheb, les admissions au centre de santé ont augmenté après la crise avec 14 enfants malnutris enregistrés pour la seule journée du 19 mai. Le centre de santé de Siheb offre de service de vaccination mais le frigo de la chaîne de froid manque de pétrole pour son fonctionnement. Notons aussi que la communauté Kibète qui vivent autour de Siheb ne peut pas fréquenter le centre de santé qui se trouve dans la zone des arabes pour des raison de sécurité.
Besoins prioritaires
Mettre à la disposition des populations des moustiquaires imprégnées pour la prévention du paludisme et des médicaments pour la prise en charge des pathologies courantes dans les centres de santé de Siheb et Ardo.
Apporter un appui régulier en stratégies de vaccination dans les différents villages pour le renforcement de la couverture vaccinale des enfants de 0 à 11 mois et des femmes enceintes couplée à une clinique mobile pour CPN, dépistage et prise en charge Nutritionnelle
Gaps
Pas d’infrastructure sociale de base dans la zone d’Am-Barid
Insuffisance des médicaments dans le Centre de santé de Siheb
Chaine de froid en panne de pétrole au centre de santé de Siheb
Manque d’ambulance
Echelle de sévérité Santé : 4 à Ambarit et 3 à Siheb
5.4- Nutrition
La mission a identifié de cas de malnutrition chez les enfants (2 cas à Ambarit et 14 cas au centre de santé de Siheb). La destruction systématique du tissu de la chaîne de l’alimentation pendant le conflit va sans doute contribuer à l’augmentation de la prévalence de la malnutrition, d’où la nécessité de mettre en place un programme de nutrition pour les enfants de 06-59 mois et les femmes enceintes/allaitantes dans les villages par l’approvisionnement des centres de santé de Siheb et de Ardo en intrants nutritionnels. Le screening a relevé un taux de la Malnutrition Aiguë Globale (MAG) au-delà du seuil d’intervention d’urgence (MAS 1,2 %, MAM 9,2 % et MAG 10,4 %). Sur les 10 enfants enquêtes 2 sont des MAS avec complication diarrhée aqueuse. Besoins prioritaires
9 - Evaluation rapide multisectorielle dans la zone de conflit intercommunautaire du Salamat – 19 mai
2021
Faire un pré-positionnement des intrants nutritionnels en prélude à la saison pluvieuse qui qui commence à s’installer
Disponibiliser des médicaments de traitement systématique Gaps
Rupture de PPN et de médicaments systématiques au CS de Siheb
Absence de prise en charge des enfants malnutris dans la zone d’Ambarid Echelle de sévérité Nutrition : 3 à Ambarit et 3 à Siheb
5.5- WASH la situation de WASH dans les villages touchés par la crise est caractérisée par un manque crucial d’eau potable. La population à Ambarit est obligé de consommer les eaux non potables des ouadis ou bien creuser dans le lit de la rivière Barh-Azoum pour obtenir de l’eau de qualité douteuse. Par ailleurs, les populations de ces localités défèquent à l’air libre, par manque de latrines, en plus de cela il y a un fort risque d’épidémies des maladies liées à l’eau. Les personnes les plus affectées par cette situation sont les femmes et les enfants qui utilisent et consomment fréquemment ces eaux souillées. La population de Siheb quant à elle s’approvisionne à partir d’un château d’eau à faible débit et un forage à énergie solaire. A défaut des récipients appropriés, les ménages conservent l’eau de boisson dans des jarres non protégées et dans des bidons recyclés de capacité de 20 litres. Il a été observé une insuffisance d’hygiène individuelle chez les enfants dans tous les villages touchés. Une dizaine d’enfants présentaient les signes de la conjonctivite. Les défécations sont faite à l’air libre car il n’y a pas assez de latrines dans les villages évalués. Gaps
Absence et/ou insuffisance de latrines : défécation à l’air libre
Manque d’eau potable : approvisionnement dans les ouadis
Manque de produits de traitement de l’eau
Recommandation
La mise en place de l’approche ATPC (Assainissement Total Piloté par la Communauté)
Echelle de sévérité : 4 à Ambarit et 2 à Siheb 5.6- Protection Les questions de protection et du genre restent un tabou dans les communautés où tout le monde préfère se taire et ne rien dénoncer par orgueil culturel pour éviter la honte. Dans les discussions dans les focus group avec les populations touchées, aucun cas de VBG ni de mariage d’enfants n’a été rapporté. Il a été observé un très faible taux d’enregistrement à l’état civile, le village Ambarit n’a pas de centre de santé et le centre de santé de Siheb situé à une trentaine de Km n’a pas de sage-femme, les femmes accouchent particulièrement à la maison assistées des personnes non qualifiées. Les cas graves sont envoyés à l’hôpital ‘Am-Timan souvent trop tard à 45 Km. La situation humanitaire est plus préoccupante à Ambarit. Les enfants dont les pères sont décédés se retrouvent seulement avec leur mère, sans une grande capacité à subvenir aux besoins de la famille. La zone d’accueil d’Ambarit ne disposent d’aucune infrastructure sociale de base pouvant répondre aux besoins primaires des déplacés et de la population hôte (2106 personnes). L’unique école de fortune construite en paille avec un enseignant communautaire a été brûlée laissant 163 élèves dont 87 filles sans instruction. Cela représente un plus grand risque de la déscolarisation des enfants car il n’y a pas de cadres qui leur offrent la possibilité de s’inscrire dans les écoles à Am-Timan située à 25 Km. La mission a identifié au total 1097 enfants orphelins (686 filles et 411 garçons). Les victimes de la crise ont rapporté une perte d’ampleur considérable de leurs biens (animaux domestiques, stocks alimentaires, etc.). A Ambarit, aucun animal domestique n’est visible. Pour leur subsistance, ces population comptent sur la solidarité familiales et l’assistance humanitaire.
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mai 2021
Si à Ambarit l’on se félicite de la présence des FDS pour le maintien de la paix, à Siheb, ces éléments de FDS sont accusés d’être impliqués dans le conflit en cambriolant les boutiques au vu et au su de la population. La mission en a fait part au gouverneur lors du débriefing qui dit avoir pris note et un suivi sera fait afin de minimiser ces genres de pratiques au sein des FDS. Aussi, les affrontements ont causé la mort de 83 retournés de la République Centrafricaine dont 14 femmes vivant dans les familles d’accueil des deux communautés affectées par le conflit (38 à Ambarit et 45 à Siheb). Gaps
Pas d’acteur de développement et faible présence d’acteurs humanitaires dans la zone,
Manque d’infrastructures sociales de base à Ambarit
Sensibilisation des parents pour le retour des enfants à l’école. Echelle de sévérité : 4 à Ambarit et 3 à Siheb
6. Résumé des besoins prioritaires urgents dans les 6 villages évalués
Items Besoins Existants Gaps
Bâches (1 bâche par case brûlée) 702 0 702
Vivres pour 90 jours (céréales,
légumineuse et huile) en kg
649 525 124
Moustiquaires imprégnées (3
moustiquaires par ménage)
1947 0 1947
Couvertures (3 couvertures par
ménages
1947 0 1947
Nattes (3 nattes par ménages) 1947 0 1947
Kits AME par ménage 649 0 649
Outils aratoires 649 0 649
Semences 649 0 649
7. Conclusion
Vu la gravité de la crise, 702 cases brûlées avec effets personnels, 1830 femmes, 195 filles et 117 garçons sans-abris à la belle étoile, stocks alimentaires et cheptel décimés ou emportés, la zone a besoin d’une réponse d’urgence multisectorielle à grande échelle et coordonnée. C’est une zone exposée aux inondations qui la rendent enclavée pendant la saison des pluies et cette saison s’installe déjà dans le Salamat. Si rien n’est fait d’ici l’installation définitive de la saison des pluies (juin), la situation humanitaire de ces populations sera en phase critique. Notons aussi que la sous-préfecture de Mouraye fût une zone touchée par les épidémies de l’hépatite E et le Choléra dans les années antérieures. Aussi, il revient au gouvernement d’explorer les voies et moyens pour la stabilité dans la zone à travers la sensibilisation et les activités visant à accélérer la cohabitation pacifique et le vivre ensemble. Une assistance urgente est requise pour éviter l’aggravation de la situation humanitaire qui sera susceptible de plonger ces familles vulnérables dans la déliquescence. Echelle de sévérité pour l’ensemble des villages touchés : 3
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8. Liste des participants à l’évaluation
Nro Noms et prénoms
Organisations Fonctions E-mail Tél
1 Idriss Moussa Saleh
OCHA HAO moussasaleh@un.org 62935106
2 Moussa faya Douzet
PAM Ass Prog moussa.faya@wfp.org 66993936
3 Dr. Nonsire Altengar
UNICEF P.O Nut naltengar@unicef.org 65074867
4 Remadji Djeria Bekoye
UNICEF Log rdjeriabekoye@unicef.org 66266965
5 Tourambaye Augustin
GIZ Animateur Tourambaye_augustin@yahoo.fr
66642515
6 Madji Franklin Sécal Coordo Madji.Franklin@fao.org 66110446
7 Fatimé Ali Outman
DFPPE Déléguée Fatimeali24@gmail.com
8 Bechir Djimet Seïd
CRT Vice-Président 66491171
9 Djido Ali Abatcha
CRT Président djidoaliabatcha@gmail.com 66269348
Galerie photos
Vue d’une case incendiée à Ambarid
Personnes sinistrées sans-abris à Ambarid
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Rassemblement des hommes avec des AME brûlés
Focus-group avec les hommes à Ambarid
Vue d’une personne de 3e âge sans-abris et qui manque de nourriture à Ambarid
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Blessé suite au conflit à Ambarit
Enfants privés de la scolarisation avec de signes de conjonctivite à Ambarit
Focus-group avec les femmes
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Focus-group avec les hommes à Siheb
Vue d’une case incendiée avec biens essentiels à Siheb
Cases incendiées à Siheb