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Beihefte der Francia Bd. 25 1992 Copyright Das Digitalisat wird Ihnen von perspectivia.net, der Online-Publi- kationsplattform der Stiftung Deutsche Geisteswissenschaftliche Institute im Ausland (DGIA), zur Verfügung gestellt. Bitte beachten Sie, dass das Digitalisat urheberrechtlich geschützt ist. Erlaubt ist aber das Lesen, das Ausdrucken des Textes, das Herunterladen, das Speichern der Daten auf einem eigenen Datenträger soweit die vorgenannten Handlungen ausschließlich zu privaten und nicht- kommerziellen Zwecken erfolgen. Eine darüber hinausgehende unerlaubte Verwendung, Reproduktion oder Weitergabe einzelner Inhalte oder Bilder können sowohl zivil- als auch strafrechtlich ver- folgt werden.

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Beihefte der Francia

Bd. 25

1992

Copyright Das Digitalisat wird Ihnen von perspectivia.net, der Online-Publi-kationsplattform der Stiftung Deutsche Geisteswissenschaftliche Institute im Ausland (DGIA), zur Verfügung gestellt. Bitte beachten Sie, dass das Digitalisat urheberrechtlich geschützt ist. Erlaubt ist aber das Lesen, das Ausdrucken des Textes, das Herunterladen, das Speichern der Daten auf einem eigenen Datenträger soweit die vorgenannten Handlungen ausschließlich zu privaten und nicht-kommerziellen Zwecken erfolgen. Eine darüber hinausgehende unerlaubte Verwendung, Reproduktion oder Weitergabe einzelner Inhalte oder Bilder können sowohl zivil- als auch strafrechtlich ver-folgt werden.

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THOMAS GROSSE R

LES VOYAGEURS ALLEMAND S E N FRANC E

Etudes d e cas e t perspectives d'analyse *

Les voyages représenten t un e condition préalable essentielle , e t en même temp s u n domaine important de s relations franco-allemandes 1. L a plupart des Allemands qu i entrèrent en France en contact avec la culture de la »grande nation« l'ont fait d'abord en tan t qu e voyageurs 2. Cel a s e traduisi t par un nombr e considérabl e d e récit s d e voyage3, lancé s su r l e march é d u livr e qu i étai t e n expansio n a u cour s d u XVIIIe

siècle, alor s qu e l e genr e populair e d e l a littératur e d e voyag e jouissai t égalemen t d'une faveu r croissante 4.

Les relations de ces voyages, qu'elles aient été publiées ou non, ont un contenu très hétérogène, mais , pa r là-même, celui-c i fourni t beaucou p d'informations . Presqu e tout ce qui paraît remarquable est rapporté. O n peut ains i reconstruire dan s de très bonnes conditions ce qu'étaient ces voyages. Il apparaît alors qu'ils obéissaient à des normes culturelles et sociales très précises. Les grand tours des jeunes aristocrates et

* Texte françai s établ i pa r Ulrike BRUMMERT. J e remerci e Christiane GROSSE R pour se s remarque s e t conseils dan s l e domain e socio-psychologique .

1 Cf. Thoma s GROSSER, Reise n un d Kulturtransfer . Deutsch e Frankreichreisend e 1650-1850 , dans: Transferts. Le s relation s interculturelle s dan s l'espace franco-alleman d (XVIP-XIX e siècle) . Eds . Miche l ESPAGNE e t Michael W E R N E R , Paris 1988, p. 163-228.

2 Les relation s d e voyag e n e permetten t pa s d e procéde r à de s évaluation s générale s d u nombr e de s voyageurs allemand s e n France . Le s rare s donnée s ponctuelle s son t souven t approximative s e t difficile s à interpréter . Malgr é tout , i l exist e quelque s exemple s d'évaluatio n à de s date s e t dan s de s domaine s différents. Dan s l a dernièr e décenni e d u XVI e siècl e o n pouvai t trouve r e n moyenn e d e 200 à 300 artistocrates allemand s à l'université d'Orléan s (Thoma s PLATTNE R d . J., Beschreibung de r Reisen durc h Frankreich, Spanien , Englan d un d di e Niederland e 1595-1600 . Ed . Ru t REISER , 2 tms. , Basel/Stuttgar t 1968, t .2 , p.534s.) . E t dans le s année s 1780, on constatai t qu e l a Franc e es t devenu e l a destinatio n favorite de s voyageur s allemand s (Johan n Jakob V O L K M A N N , Neuest e Reise n durc h Frankreic h . . . , 3 tms. , Leipzi g 1787/88,1.1 , p . 1) . C'était u n heu commun à l'époque d e dir e qu'anné e aprè s anné e de s milhers d'entr e eu x s' y renden t (Cf . Johan n Wilhelm vo n ARCHENHOLTZ : A n Herrn Neumann , di e Charakteristik Deutschland s un d Frankreich s betreffen d (1785) , dans: I D . , Englan d un d Italien , 5 tms. , Carlsruhe 21791, t . 5 , p . 264-282, voir p . 271). En 17%, un émigr é alleman d (sur-)estim e qu e le s Allemands constituen t 20 pour-cent d e l a populatio n d u faubour g St . Antoine a Pari s e t qu e 4000 artisans allemand s y son t installé s (Georg Friedrich REBMANN, Hollan d un d Frankreic h i n Briefe n . . . , 2 tms. , Paris/Köl n [ = Hamburg ] ohn e Jah r [ = 1797/98] , t .2 , p . 25). O n n e peu t faire d'estimations chiffrées précise s qu e pou r l e débu t d u XIX e siècle . Ains i entr e septembr e 1809 et jui n 1811 mille deu x cents voyageur s allemand s s e rendiren t à Paris (Cf . Pau l G E R B O D , Le s touriste s étranger s à Paris dans l a première moiti é d u XIX e siècle , dans : Bulleti n d e l a Sociét é d e l'Histoir e d e Pari s e t d e l'Il e d e Franc e 110 (1983 ) p. 241-257, voir p . 241, 244) .

3 Cf. Thoma s GROSSER, Reisezie l Frankreich . Deutsche Reiseliteratur vo m Baroc k bi s zu r Französische n Revolution, Oplade n 1989 . O n y trouver a un e présentatio n détaillé e de s source s e t d e l a littérature .

4 Cf. I D . , Der mediengeschichtlich e Funktionswande l de r Reiseliteratu r i n de n Berichte n deutsche r Reisender au s dem Frankreic h de s 18 . Jahrhunderts , dans: Europäische Reiseliteratu r i m 18 . und frühe n 19. Jahrhundert . Eds . Wol f gang G R I E P e t Hans-Wol f JÄGER , Heidelber g 199 2 (sou s presse) .

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des fil s d u patricia t de s ville s libre s impériales , l a peregrinatio academica de s étudiants, les voyages d'étude des savants, les tournées commerciales des marchands et l e tou r [l a Walz] des artisan s itinérants , tou s ce s voyage s avaien t de s but s déterminés et suivaient des modèles particuliers e t ces modèles ne se transformèren t que lentement . Il s déterminaien t dan s un e larg e mesur e qu i visitai t quoi , où , dan s quel cadre, avec qui il entrait en contact et avec quel but cela se produisait. Même un séjour à l'étranger respectait des conventions et des habitudes bien déterminées selon les états . E t cel a s'appliqu e égalemen t a u voyag e de s bourgeoi s cultivés , qu i étai t censé servi r l a formatio n à l a foi s général e e t individuelle 5. Mêm e s'i l pouvai t naturellement y avoir des variations individuelles, ces formes de mobilité géographi -que limité e dan s l e temp s obéissaien t à des norme s socialemen t déterminées . Le s traités su r l a théori e d e l'éducatio n e n généra l e t su r l a théori e de s voyage s e n particulier exposen t ce s normes . Mai s le s guide s d e voyage s e t le s description s de s voyages contribuent à les diffuser. S i l'on considère ce qu'étaient les voyages au point de vue structurel et historique, o n peut dire qu'ils constituent un e forme de contact institutionnalisé à l'intérieur des relations franco-allemandes, car le voyage lui-même était pou r ains i dir e un e institution qu i obéissai t à des règle s d u jeu déterminée s e t différentes selo n le statut des voyageurs. L'analyse de s différentes forme s de voyage permet don c d'éclaire r différente s dimension s e t facteur s de s échange s franco -allemands: quels étaient les groupes sociaux qui y participaient, quels étaient les lieux où ils se déroulaient, quel était le cadre dans lequel ils s'inséraient et quelles étaient les formes qu'il s révêtaient ?

Les relations de voyageurs allemand s e n France permettent d'éclaire r le s groupe s sociaux don t il s son t issus . I l fau t cependan t prendr e gard e qu e le s guide s e t le s descriptions d e voyage s publiée s émanen t presqu e exclusivemen t d e bourgeoi s cultivés. Ils sont très certainement sur-représentés dans le discours de la littérature de voyage, si on la compare avec ce qu'était le nombre des voyages réellement entrepris. Les aristocrates tenaient aussi un journal de voyage ou plutôt ils étaient censés le faire selon l a norme , mai s il s déléguaien t dan s bie n de s ca s cett e tâch e à l'intendant du voyage. Les nobles n'étaient que médiocrement intéressés par une publication de ces journaux, ca r ce qu'ils pouvaient tire r de leurs expériences à l'étranger devai t servir exclusivement à leur science du pouvoir. C'est aussi le cas des notes des diplomates et des marchand s qu i n e voulaien t pa s rendr e servic e san s condition s à leu r rivau x pohtiques o u commerciaux . E t le s artisan s qu i s e déplaçaien t étaien t raremen t e n mesure - du fai t d e leu r éducatio n - de rédige r de s relation s détaillée s e t d e le s publier. Le s exceptions confirmen t ic i la règle6.

Les gentilshomme s constituaien t san s aucu n dout e l e group e l e plu s importan t

5 Cf. su r le phénomène d u »Bildungsbürgertum« allemand e t su r la problématique d e cette notio n qu e l'on peu t difficilemen t transpose r dan s d'autre s langue s e t d'autre s cultures : Ulric h ENGELHARDT , »Bildungsbürgertum*. Begriff - un d Dogmengeschicht e eine s Etiketts , Stuttgar t 1986 , p . 19 s. , 17 9 s. , 188 s,, 213.

6 Cf. cell e de l'ambassadeur extraordinair e autrichie n Philipp Ludwi g Wenze l vo n Sinzendor f ou l e Journal d e voyage de Geor g Will e qui n e fu t pa s publi é pa r celui-ci : ANONYM E [- Philip p Ludwi g Wenzel vo n SINZENDORF] , Eine s hohe n Ministr i Curieuse Relation Von de m gegenwärtige n Zustan d deß Königreich Frankreichs ... , Coli n 1703 ; Johan n Georg WILLE , Mémoires et journal de J.-G. Wille, graveur du roi. Publié s d'aprè s le s manuscrit s autographe s d e l a bibliothèque impérial e pa r George s DUPLESSIS, 2 tms., Pari s 1857.

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parmi les voyageurs qui avaient l'habitude d e visiter la France de l'Ancien Régime . Ceci est faux du point de vue quantitatif mais juste du point du vue qualitatif. Car les habitudes de voyage de la noblesse ne conduisait pas seulement un nombre considé -rable d'aristocrates en France (pour des raisons à la fois socio-culturelles et économi-ques, il ne s'agissait généralemen t que des deux fils aînés d'une même famille). Pour eux, le voyage à l'étranger dans l'Europe de l'Ouest et du Sud était considéré comme l'achèvement d e leu r formation 7. L'importanc e d e l a Franc e pou r cett e étap e obligatoire augment a constammen t e t repouss a progressivemen t a u secon d pla n l'Italie en tant que but de voyage. L a prépondérance militair e et diplomatique de la France sur le continent, le modèle administratif d e l'absolutisme français, l'exempla-rité de l'étiquette e t de la culture aristocratique française, la progression de la langue française dans la diplomatie et dans la pratique des Cours , une organisation efficac e des transports et une bonne infrastructure touristique, tous ces facteurs conduisaient de plus en plus de voyageurs aristocratique s vers la France. En raison de leur jeune âge, il s devaient être accompagnés au moins par un intendant qui était responsable de l'organisation du voyage e t des mesures éducatives. Et plus le rang social était élevé, plus le nombres des accompagnateurs s'accroissait8. A elle seule, l'institution du tour des cavaliers amena ainsi à l'étranger plus de serviteurs et d'intendants appartenan t à la bourgeoisie que d'aristocrates. Beaucoup de ces accompagnateurs abandonnaient à l'étranger leurs pénibles fonctions, restaient plus longtemps en France et entraient au service d'aristocrate s français 9. D e surcroît , l a form e de s voyage s aristocratique s servait d e modèl e socia l pou r l e patricia t urbai n e t auss i pou r cett e fractio n d e l a bourgeoisie qu i copiait le style de vie aristocratique . Il s se rendaient en France pour ainsi dir e su r le s trace s d e l'aristocrati e allemande . L'importanc e qualitativ e de s

7 Cf. GROSSER (voir n.3 ) p . 21 ss.; et aussi : Hilde de RIDDER-SYMOENS, Di e Kavalierstou r i m 16 . un d 17. Jahrhundert, dans: Der Reisebericht. Die Entwicklung einer Gattung in der deutschen Literatur. Ed. Peter J.BRENNER, Frankfur t a.M . 1989 , p. 197-223.

8 L a théorie des voyages estimait à l'époque qu'un noble »fait* en général mä einem Hofmeister [. ..] und einem Bedienten die Modereise nach Frankreich (August Ludwi g SCHLÖZER , Entwur f z u einem Reise-Collegio, Göttinge n 1777 , p. 10). Naturellement, i l y avai t des variations en plus ou en moins. Ainsi, i l arrivait qu e deux jeunes gentilshommes fussen t envoyé s e n voyage ave c un intendan t qu i faisai t auss i fonction d e serviteu r (cf . pa r exemple : Johan n Heinrich SCHÖNDORFPER , Ei n Hofmeiste r nac h Franckreich. Ode r Merckwürdig e Nachrich t / Wa s di e Teutsche n i n Franckreic h sehe n un d lerne n können, Nürnber g 1673 , p.27 1 ss. ; Wilhelm Ludwi g STEINBRENNER , Bemerkunge n au f eine r Reis e durch einig e teutsche , schweizer - un d französisch e Provinze n i n Briefe n a n eine n Freund , 3 tms. , Göttingen 1791/92,1.1 , préface). D'un autre côté, la suite du margrave Christian Ernst de Kulmbach-Bayreuth comportait lor s d e so n voyag e e n Franc e e n 1659 1 5 personnes (Sigmund vo n BIRKEN , Hochfürstlicher Brandenburgische r Ulysses: oder Verlauf der Länder Reise / welch e Der Durchleuch-tigste Fürs t un d Her r / Her r Christia n Erns t Marggra f z u Brandenbur g .. . durc h Teutschland / Franckreich / Italie n und die Niederlande hochlöblichst verrichtet... , Bayreuth 1668, 41668, p. 104 s.). Le princ e héritie r Ludwig d e Hesse-Darmstad t voyagea e n 1740 avec 19 accompagnateurs (cf . Das Tagebuch des Erbprinzen LUDWI G vo n HESSEN-DARMSTAD T übe r seine Reis e durc h Frankreic h vo m 9.September 174 0 bi s 20.März 1741 . Ed. Eduar d FAHR , dans: Pirmasenser Gescnichtsblätte r 7 (1932) p. 2-4, 9 s. , 14-16 ) e t la suite du prince Carl Alexande r z u Thurn un d Taxis en 1787 comprenait 10 personnes (cf . Jacob Christian Gottlieb SCHAEFFER , Brief e au f einer Reise durch Frankreich, England , Holland un d Italie n in den Jahren 178 7 und 178 8 geschrieben, 2 tms. , Regensburg 1794 , 1.1, p.28) .

9 Cf. pa r exemple: Johann LIMBERG , Denckwürdig e Reisebeschreibun g Durc h Deutschlan d / Italie n / Spanien / Portugal l / Engelan d / Franckreic h un d Schweit z ... , Leipzig 1690 , p . 708; Johan n Jakob VOLKMANN (voir n. 2) était également arrivé de cette façon à Orléans et y étai t resté alors que Friedrich Melchior Grimm étai t arrivé comme intendant de voyage à Paris.

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voyages aristocratique s e n Franc e s'éten d encor e plu s loin , ca r le s aristocrate s allemands, pour qui un séjour prolongé en France était devenu un symbole en règle de leur statut, se montraient, après leur retour, des diffuseurs extrêmemen t efficace s de l'influenc e culturell e français e dan s leu r pays . E n y cultivan t leu r goû t e t leu r penchant francophile s qu i s'étaien t développé s à l'étranger, il s renforçaient dan s les Cours allemande s e t dan s leu r environnemen t l a demand e d e bien s d e lux e e t de s produits culturels français10. C'es t ains i que le voyage en France dont l'objectif étai t d'acquérir une formation extérieure e t complémentaire devin t un but rentable pour les artisans et les artistes allemands. Il n'est pas rare qu'ils aient été également envoyés en France par des aristocrates dans des buts précis e t qu'ils aient pu, ensuite, grâce à leurs connaissances e t leur compétence réussi r dans leur pays11.

Au cours du temps, de plus en plus de voyageurs appartenant à la couche moyenne de l a bourgeoisi e s e joigniren t au x nobles . Dan s l'idéa l d u voyag e de s bourgeoi s cultivés, un séjour à l'étranger devint un e composante d e la formation générale . En outre, le s condition s d e transpor t s'améliorèrent 12. L e résea u de s relation s pa r diligence devin t plu s dense , le s coût s plu s prévisible s e t moin s élevés 13. Ains i l a mobilité de la bourgeoisie allemande s'accrut petit à petit à partir du milieu du XVIIIe

siècle. Cela apparaît clairement, car les guides de voyage ne s'adressent plu s exclusi -vement aux hommes de condition, mai s aux voyageurs de tous les états14. Et à partir de 1770 le nombr e de s description s d e voyage s concernan t l a France s e multiplia . Tandis que jusque-là , le s intendant s constituaien t l e group e le s plu s importan t de s

10 Cf. l a critiqu e bourgeois e d e l a perspectiv e d'u n intendant : ANONYM E [» Theodo r BERGER], Vor-Urtheile der Deutsche n Bey Antretung ihre r Reise n I n auswärtig e Land e / un d besonder s nac h Frankreich ... , Franckfurt h a m Mayn 1734 , p. 43 s.: Also haben diejenigen / so aus Franckreich in ihr Vaterland wieder nach Hause kommen / aus den fremden und ausländischen Dingen I sich selbst dadurch eine Hochachtung zu erwerben I mehr Wercks gemacht I als mit Wahrheit und mit Recht daraus zu machen gewesen. Das hat andere begierig gemacht auch dahin zu reisen.

11 Cela vaut encore plus pour les missions analogues des savants et des »techniciens«. Cf . GROSSER (voir n.3)p. 132 ss.

12 Cf. GROSSER (voir n. 3) p. 330-345. 13 Ainsi August Ludwig Schlözer avait payé en moyenne en 1773/74 in Frankreich 2 Livres Sols per Poste

- nicht völlig 9 Schillinge Kostgeld. Abo 6 Gulden 2 Stüber. Il raconte au sujet de la liaison Strasbourg -Paris: Die Ordinaire [Postkutsche] gieng Dienstags ab, war zwölf Tage unter Wegs. Aber man fand häufig Gesellschaften mit Mieth-Kutschen. Die Person, wenn es vier waren, zahlte meistens 18 Fran-ken. Dies war die gewöhnlichste Art. Im Mai 1774 Diligence dort errichtet. Acht Plätze, schwere Koffer nahm man nicht mit. Acht einhalb Tage unter Wegs. Um fünf Uhr früh fuhr sie meist aus. In der Kutsche der Preis 60 Livres (IS Reichsthaler). Für die SO Meilen, au ciel7 nur 30 Livres. Vorn ein Platz am Wagen für Halbhonoratioren zu 40 Livres (August Ludwi g SCHLÖZER , Vorlesungen übe r Land-und Seereise n .. . Nac h de m Kolleghef t de s stud . jur . E.F.Haup t (Wintersemeste r 1795/96) . Ed . Wilhelm EBEL , Göttinge n 1962 , p.32 , p.35) . En c e qu i concern e Schlözer et l a Franc e voi r aussi : Jürgen Voss, Schlözer und Frankreich, dans: Germanistik aus interkultureller Perspektive. Ed. Adrien FINCK e t Gertrud GRECIANO , Strasbour g 1988 , p. 93-106.

14 Cf. le s guide s de voyage suivants : ANONYM E [= Joachim Christop h NEMEITZ], Séjour de Paris , oder getreu Anleitung welchergestalt Reisende von Conditio n sich zu verhalte n haben , wenn si e ihre Zeit und Gel d nützlic h un d woh l z u Pari s anwende n wollen , Franckfurt h a m Mai n 1717 , 31728; Johann Peter WILLEBRANDT, Historische Berichte und Practische Anmerkungen auf Reisen in Deutschland, in die Niederlande, in Frankreich, England, Dänemark, Böhme n und Ungarn, Hamburg 1758 ; Heinrich August Ottoka r REICHARD , Handbuc h fü r Reisend e au s alle n Ständen . Nebs t zwe y Postkarte n zu r großen Reise durch Europa, von Frankreic h nach England, Leipzi g 1784 .

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auteurs de relations de voyage su r la France, ce sont alors les voyageurs privés de la bourgeoisie qu i s e miren t d e plu s e n plu s souven t à écrire . Contrairemen t au x accompagnateurs de s nobles , qu i étaien t beaucou p plu s dépendant s de s but s d e voyage aristocratique , d e leur s domaines d'étud e e t de leurs normes , le s bourgeoi s découvraient la France à leur guise. Il s trouvent leurs propres pôles d'attraction qu i répondent à leurs centres d'intérêt. L e comportement des voyageurs de la bourgeoi-sie est en même temps plus ambigu et plus pragmatique: d'un côté ils désapprouvent la francophili e inconditionnell e de s aristocrate s allemand s e t il s s'écarten t d e leu r comportement de voyage standardisé et de leur orientation privilégiée vers le monde des Cours, des châteaux et des plaisirs de luxe; de l'autre côté, les bourgeois font des voyages en France parce que cela augmente leur prestige de connaître »les anecdotes de Paris« 15. Mêm e s'il s critiquen t l a fonctio n d e divertissemen t de s voyage s d e l a noblesse ave c de s argument s morau x e t économiques , l a valeur divertissant e d'un e mobilité relativemen t san s bu t n'es t pa s no n plu s dépourvu e d'u n pimen t d e séduction pour eux. Néanmoins, le comportement de ces voyageurs issus de couches moyennes est beaucoup plus pragmatique. Ca r d'un côt é leur distance relative de la noblesse d e leu r pay s e t don c d e l a Franc e comm e bu t d e voyag e galan t a pou r conséquence d e leu r fair e découvri r l e pay s d'un e faço n plu s différencié e e t plu s proche d e la réalité qu e ne l e faisaient le s aristocrate s privilégiés ; d e l'autre côt é l e voyage d'étude bourgeois type reste attaché à différentes forme s traditionnelles d e la mobilité bourgeoise , soi t aux voyages d'affaires de s commerçants et des marchands, soit à la peregrinatio academica des étudiants et des savants. Sur le fond de contacts déjà noué s entr e l a bourgeoisi e commercial e de s ville s marchande s française s et allemandes , le s voyage s d e formatio n d e fil s d e bourgeoi s son t investi s d e buts commerciaux , entr e autre s pa r exempl e l'exploratio n d e marché s extéri -eurs, la vérification d e la solvabilité des partenaires d'affaire potentiel s pa r un con-tact direct , l e déroulemen t d e certaine s affaires , l a perfection d e l a formation dan s l'entreprise d'u n partenair e ami , mai s auss i l'espionnag e économiqu e e t l e débauchage d e spécialiste s éprouvés . Le s diplômé s d e l'université , d'un e jeunes -se toute relative , s e rendent souven t à l'étranger e n profitant de s contact s déj à exi -stants entre leur lieu de formation e t la France. Qu'i l s'agisse de médecins, de juris-tes o u d'architectes , il s perfectionnen t souven t e n Franc e leu r formatio n dan s u n but précis o u poussé s pa r la curiosité intellectuell e dan s de s institution s d e grand e renommée16.

De même que les standards culturels, les motivations et les objectifs de ces groupes diffèrent, d e même les heux dans lesquels il s se rendent, les contacts qu'ils nouent et le cadre dans lequel tout cela se déroule sont très divers. Pour un grand tour,la visite d'une académi e français e d e chevaleri e es t quasimen t obligatoire . Le s voyageur s allemands aimen t beaucou p l'académi e d e Lunéville , situé e non loin d e la frontièr e

15 Cf. Johann Gottfried HERDER , Journal meiner Reise im Jahr 1769. Ed. Katharina MOMMSEN, Stuttgart 1976, p. 121.

16 Cf. GROSSER (voir n. 3) p . 13 0 ss .

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franco-allemande17, celle s de Lyon et d'Orange18, mai s avant toutes les autres celles d'Angers19, Tours, Saumur20, Bourges et Blois21. Comme chacu n sai t qu'on parl e le français l e plus pu r près de la Loire, o n y trouv e un e forte concentratio n d'Alle -mands22. Pour eux, qui pour la plupart y font leur s exercice s chevaleresques , i l y a même des privilèges dans certaines universités23. Bien entendu, l'apogée de plus d'un

17 Cf. Johann Geor g KEYSSLER , Neuest e Reise n durc h Deutschland , Böhmen , Ungarn , di e Schweiz , Italien und Lothringen ..., 2 tms., Hannover 1740/41, 21751, p. 1483-1485. Entre 1714 et 1729, plus de la moiti é des visiteurs de l'Académie de Lorraine étaien t des Allemands (cf . Norbert CONRADS , Ritterakademien der frühen Neuzeit , Göttinge n 1982 , p. 235 s.). En raison de cette affluence Keyßle r déplorait: daß die Deutschen, wie an andern Orten, also auch hier allzusehr beysammen sind, und unter sich nichts als Deutsch sprechen (KEYSSLER , p . 1485).

18 Cf. ANONYME [= FERDINAN D ALBRECH T L, Herzog von Braunschweig-Lüneburg-Bevern], Wunderli -che Begebnüsse n und wunderlicher Zustan d In dieser wunderlichen verkehrte n Welt .. . Erste r Theil Begreiffend de s Wunderlichen Lebens * und Reisenbeschreibungen, Bever n 1678 , p . 26; BIRKE N (voir n. 8 ) p. 111 ss. , 131 .

19 ANONYME , Die rechte Reise-Kuns t / Ode r Anleitun g / wi e eine Reis e mit Nutzen in die Frembde / absonderlich i n Franckreic h anzustelle n ... , Franckfurt h 1674 , p.69-71. Il y a là une informatio n intéressante: In dieser Stan wohnet auch ein teutscher Goldschmid / von der Statt Kiel auß Hollstein / gebürthig I so seines Christenthumbs und guten Wandels halben bey nänniglich aestimiret, und Maisonneufue oder Neuhauß genandt wird / derselbe pflegt von den Teutschen in allen deren Angelegenheiten consulirt zu werden. Cf. aussi: FERDINAND ALBRECH T L (voi r n. 18) p.37f.; BIRKE N (voir n. 8) p . 144-148; LIMBER G (voir n.9) p . 762-765; Lamber t Friedric h CORFEY , Reisetagebuc h 1698-1700. Ed. Helmut LAHRKAMP , Münste r 1977 , p.85 s.

20 Cf. BIRKEN (voir n. 8) p. 154 s. 21 Cf. BIRKEN (voir n. 8) p. 228-230; CORFE Y (voir n. 19) p. 85. 22 Cf. Jean PLATTARD , Un chapitr e de l'Histoire de la langue française . O ù et comment le s étrangers

séjournant en France au XVIIe siècle aprennaient le français, dans: Revue des Cours et Conférences 38 (1937), p. 497-507.

23 Déjà en 1599, Thomas Plattner le jeune écrivait au sujet d'Orléans et de l'université: Fümemblich aber halten sich jederzeit in dieser statt viel teütsche forsten, graven, herren, edelleüt unndt Studenten, daß man gemeinlich in die zwey oder dreihundert da antrifft, und daß nicht allein wegen der gutten, reinen, frantzösischen sprach, so man da redet, wie man dann die orlientzische in Franckreich dem atticismo in griechischer sprach vergleichet, sondern auch, weil die Teutschen, für andere nationen auß, viel sonderbahre freyheiten haben unndt anderen nationen allen forgezogen werden. Sie dörfen allein ze nacht rapier unndt dolchen tragen, von der wacht obngebinderet, die gantze nacht in der statt umbhär spatzieren, unndt so man sie verletzet, appellieren sie stracks nach Paris für daß Parlament, Sie haben ihre eigene (concUarios) räth unndt procuratoren unndt in der Burgunder gaßen ein hauß, darinnen ihr bibliothec oder libery ist, in welcher sie viel schöne bûcher haben, die sie den Teutschen, so sich haben einschreiben unndt in (fiscum) der Teutschen gemeinen seckel ettwas contribuieret oder bezahlt, auf ihr begehren außleihen. Wie auch gleichfahls sie im fahl der nott den Teutschen auf underpfänder gelt fürstrecken, welches, so sie es nicht widerumb erstatten, wirdt es zu ewiger schmach in ein buch eingeschriben (PLATTNE R [voir n.2] p.534 s.) . Et Martin Zeiller , accompagnateur d'un »grand tour«, not a en 1621: Die Inwohner haben die Frembde / sonderlich die Teutschen / lieb; wie dann die Teütsche Nation allda statliche Freyheiten / auch in ihrer Religion I und ihren eygnen Procuratorem, Quaestorem, Assesorem, Consiliarium, 2 . Bibliothecarios, 12. Seniores, nemlich 6. Hochteutsche I und 6. Niderländer { hat (Martin ZEILLER , Itinerariu m Galliae . Da s ist: Reyßbe-schreibung durch Franckreich ... , Straßburg und Franckfort 1674 , p. 213); en ce qui concerne Bourges, Blois, Saumur et Angers cf. aussi: Ibid., p. 233,284 s., 301 s., 305-308; en ce qui concerne Orléans cf.: BIRKEN (voir n. 8) p. 232; ANONYME [= Peter Ambrosius LEHMANN], Die Vornehmsten Europaeischen Reisen / wi e solch e durc h Teutschlan d / Franckreic h / Italie n / Dännemarc k un d Schwede n .. . anzustellen ... , Hambur g 1703 , p. 158; Herr n George n vo n FÜRST , eine s berühmte n Cavaliers aus Schlesien, Curieuse Reisen durc h Europ a ... , Sora u 1739 , p.257 s. Mais , aprè s l a Guerre de Trente Ans, le nombre des Allemands qui étaient inscrits à Orléans diminua continuellement. Cf. VOLKMANN (voir n.2) t.2, p,20.

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grand tour es t l a visit e à l a Cou r d e Versailles . Le s contact s ave c l a Cou r royal e contribuent avan t tout au prestige socia l des voyageurs de qualité, mais ces contacts sont auss i exploité s pou r le s affaire s diplomatique s e t dan s l e bu t d'obteni r de s renseignements informels . Plu s l e ran g socia l d u voyageu r es t élevé , plu s l a Cou r allemande d'o ù i l vient es t importante , plu s se s lettre s d e recommandatio n on t du poids, plus grandes sont ses chances d'entrer en contact avec des nobles français d'un rang élevé . C e tourism e renforc e don c l e caractèr e internationa l d e l a sociét é aristocratique. U n séjou r dan s le s quartier s mondain s d e Pari s ains i qu'u n pro -gramme de divertissement approprié pendant la saison d'hiver des opéras et des bals est considéré comme u n passe-temps dign e de l'état social d u voyageur. Le s nobles en voyag e s e meuven t presqu'exclusivemen t à l'intérieu r d e leu r propr e couch e sociale24. Il s n'apprennent e n aucune façon d'autre s type s de comportements, il s ne perfectionnent qu e ce qu'ils connaissent déjà. Il est vrai qu'ils apprennent, à côté des dernières nouveauté s d u comportemen t socia l à la mode , quelque s élément s d e l a géographie, de l'histoire et de la structure politique du pays d'accueil, néanmoins , la valeur éducative réell e d'un grand tour es t en général relativement restreinte. Même la connaissanc e d e l a langu e français e n'es t souven t qu' à pein e améliorée 25. Le s accompagnateurs issu s d e l a bourgeoisie , pour leu r part , découvren t souven t u n nouveau monde. Leur s voyages ave c les noble s n e les amènent pas seulement à des endroits qu'ils n'auraient très probablement pas pu visiter, mais l'état social de leurs élèves le s met aussi e n contact avec des personnes qu'il s n'auraient pa s pu non plus rencontrer, s'ils avaient voyagé seuls. Le champ social de leurs actions s'élargit donc à l'étranger. Souven t accablés par les tâches pénibles de l'organisation du voyage et de la surveillance pédagogique, ils profitent d e l'occasion pour collecter de s renseigne-ments d e toute sorte , nouer des contact s ave c des savant s et visiter des institution s correspondant à leurs intérêts. C'est ains i qu'ils contribuent à renforcer les relations entre les républiques savantes de s deu x côtés du Rhin.

Ceci es t auss i valabl e pou r le s grands tours d u patricia t qu e fon t e n Franc e le s jeunes, issus des couches dirigeantes des villes libres impériales. Certes, ils effectuen t leurs voyages sur les traces de la noblesse en France, mais ni dans les académies de la chevalerie, n i à la Cour, cel a va de soi , ils ne peuvent avoi r les mêmes succès . C'es t ainsi qu e leu r intérê t s e port e surtou t su r l'air e social e urbaine . Comm e étape , il s préfèrent des villes, telles Lyon ou Marseille, telles Bordeaux ou Rouen26. Munis de lettres d e recommandatio n e t d e lettres d e créance , il s s e metten t e n contac t avan t tout avec la bourgeoisie locale. Tandis que les voyageurs d'affaires traditionnel s sont

24 Voir aussi les repères sociaux du margrave Christian Ernst de Kulmbach Bayreuth (voir n. 8), du duc Ferdinand Albrecht I de Brunswick (voir n. 18), du Baron Pollnitz (voir n. 28) ou du prince Ludwig de Hesse-Darmstadt (voi r n. 8).

25 Cf. entr e autres: SCHÖNDORFFER (voir n.8) p. 271 s., 277 s. 26 Cf. Johan n Friedrich Arman d von UFFENBACH , Tagebuch [seine r Straßburger Studienzeit und seiner

Reise durc h di e Schweiz , Italien , Frankreic h un d Belgien ] 1712-1716 . Niedersächsisch e Staats - un d Universitätsbibliothek Göttingen , Cod . Ms . Uffenbach 29,1-IV , voir IV, 1, p. 7 ss.; Aulus APRONIU S [= Ada m EBERT] : Aul i Aproni i vermehrt e Reise=Beschreibung , vo n Franco Porto De r Chur=Bran -denburg Durc h Teutschlan d / Hollan d un d Braban d / Englan d / Franckreic h ... , Franco Porto [= Frankfur t a.O. ] 1723 , 21724, p.292 s. ; WILLEBRAND T (voir n. 14) p. 183 ss. ; Johann Michae l vo n LOEN, VI. Reise. Durch die Schweiz nach Franckreich, dans: Des Herrn von Loen gesammelte Klein e Schriften: Besorg t und heraus gegeben von I.B.MÜLLER , t.4 , Franckfurt/Leipzig 1752 , p.442 s .

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beaucoup plus orientés vers le secteur économique, les voyageurs du patriciat visitent les bibliothèques comm e le s manufactures , auss i bien les théâtres que les muséums , les château x qu e le s construction s portuaires 27. L e larg e éventai l d e c e programm e devient la norme du voyage bourgeois . La théorie du voyage de s Lumières incit e le voyageur à entre r e n contac t ave c différente s couche s sociale s e t de s groupe s d e profession variés , à étudie r auss i bie n l a vi e de s paysan s qu' à fair e de s visite s sporadiques à la Cour. Dans la réalité, les contacts sociaux intensifs s e restreignent à l'état et au groupe professionnel don t le voyageur fait partie. Mais, au moins en tant qu'observateurs, le s voyageur s d'étud e bourgeoi s on t de s champ s d'intérê t plu s variés qu e le s voyageur s nobles . C'es t ains i qu'il s étudien t l'infrastructur e institu -tionnelle de s villes d'un e faço n quasimen t systématique . L'intérê t d u bourgeois de s Lumières se porte avant tout sur les institutions de service pubhc. Le noble inspecte ces institutions tou t a u plus de l'extérieur , s i elles on t quelqu e intérê t architectoni -que28. L e bourgeoi s de s Lumières jett e auss i u n regard dan s le s coulisses . Dan s le s villes, surtou t à Paris , i l visit e le s maison s d'arrêt , le s asiles , le s orphelinats , le s hôpitaux, les écoles, les palais de justice, les institutions scientifiques , le s monastères et le s bibliothèques , e t i l s e fai t montre r de s collection s d e tout e sorte . C'es t ains i qu'il obtien t un e vu e d'ensembl e plu s différencié e d e l a réalit é social e e t d e l a situation culturell e d u pays d'accueil 29. E n même temps , i l entre en contac t ave c le personnel, qui entretient ces institutions, mais qui les marque aussi de son sceau. En tant que visiteur, i l prend connaissance e t des conceptions théoriques su r lesquelles reposent ce s institution s e t de s expérience s pratique s qu i s' y font 30. L e voyageu r d'étude moye n es t pratiquemen t oblig é d e s e rendr e dan s ce s institutions , car , e n général, i l n' a accès qu'a u domain e public . L e programme d e visite d'u n bourgeoi s comprend l a plupar t d u temp s l'espac e urbai n public . Ca r dan s un e métropol e comme Paris , qui es t inondée pa r des étrangers , le s lettre s de recommandation qu e chaque voyageu r port e su r lu i n'on t plu s aucu n effet , leu r diffusio n inflationnist e nivelle leu r importance 31. Alors , souvent , le s contact s s'interrompen t aprè s un e

27 Cf. l e programme d e visites de CORFE Y (voi r n . 19) ou d'UFFENBAC H (voi r n.26) . 28 Cf. Carl Ludwi g vo n PÖLLNITZ , Nachrichte n des Baro n Carl Ludwi g vo n Pöllnitz , Enthalten d Wa s

Derselbe Au f seine n Reise n Besondere s angemercke t ... , 4 tms. , Franckfur t a m May n 1735 , t .3 , p. 42-44 .

29 Cf. entr e autres : ANONYME [ = Johann Friedrich Car l GRIMM] : Bemerkunge n eine s Reisende n durc h Deutschland, Frankreich , Englan d un d Hollan d i n Briefe n a n seine Freunde , 3 tms., Altenburg 1775 ; Heinrich SANDER , Beschreibun g seine r Reisen durch Frankreich , die Niederlande, Holland , Deutsch -land und Italie n ... , 2 tms., Leipzig 1783/84 ; ANONYM E [ = Sophie von LAROCHE] , Journal eine r Reis e durch Frankreich , Altenbur g 1787 ; Heinrich STORCH , Skizzen , Szene n un d Bemerkunge n au f eine r Reise durch Frankreic h gesammelt , Heidelber g 1787 .

30 Cf. SANDER (voir n. 29) 1.1, p. 348-350. 31 Cf. le s expériences que fi t u n voyageu r bourgeoi s e n 1788: Ein Fremder darf nicht glauben, daß ihm

einige Empfehlschreiben gleich Eingang in die vornehmsten Häuser verschaffen werden, f.. J Die Häuser des höheren Adels verstatten schwer den Zutritt; und die der reichen Bürger stehen auch nicht leicht offen. [...] Nur Männer mit berühmten Namen oder großen Titeln finden allenthalben die Pforten offen. Den anderen stattet man einige Ceremonienbesuche ab, ladet sie ein paar Male zu Gaste: allein in die Privatzusammenkünfte [...] kommen sie doch nicht (ANONYME , Interessant e Bemerkun -gen eine s Reisende n durc h Frankreic h un d Italien , Leipzi g 1793 , p.81 s.). Cf . aussi : ANONYME [ -Friedrich Justinia n vo n GÜNDERODE] , Beschreibun g eine r Reis e au s Teutschland durc h eine n Thei l von Frankreich , Englan d un d Holland , 2 tms. , Bresla u 1783 , 1.1, p . 55 s. ; Geor g Heinric h BEREN -HORST, Au s de m Tagebuche eine r Reis e durch Frankreic h un d Englan d i n de n Jahren 176 6 bis 1768 .

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première invitatio n d e politesse . I l n' y a qu e relativemen t pe u d e voyageur s qu i réussissent à entre r dan s le s salon s parisiens 32 o u à participer à de s réunion s d e famille33.

C'est pourquo i le s voyageurs observen t l e destin de leurs compatriotes à l'étran-ger. Aussi peut-on tirer de leurs récits des renseignements précieux sur le mode de vie des Allemand s qu i séjournen t longtemp s e n France . O n n e trouv e ce s renseigne -ments qu e sporadiquement , e t i l fau t le s compléte r pa r d'autre s sources ; il s son t néanmoins des fragments précieux de la mosaïque des relations franco-allemandes d e cette époque. Les voyageurs étaient étonnés de rencontrer dans la Capitale du Monde tant d'Allemands qu i s'y rendaien t comme eux . Dès l e début du XVIIIe siècle ils s e croisaient s i souvent dans les rues de Paris que beaucoup d'intendant s conduisaien t leurs protégés en province pour qu'ils sortent du cercle des compatriotes34. Ca r avec le nombres des voyageurs s'accroissait le risque qu'ils restent en marge de la société35. D'autre part, l'afflux de s Allemands devai t banaliser socialement le séjour à Paris au fil d u temps 36. Parm i le s nombreu x Allemand s qu i s'établissaien t auss i à Paris s e trouvait également un nombre non négligeable d e chevaliers d'industrie . Comm e il s cherchaient fréquemmen t à trompe r leur s compatriote s plu s naïfs , le s récit s d e voyage contenaien t de s informations appropriée s qu i mettaient en garde contre des

Ed. Eduard vo n BÜLOW , dans: Janus. Jahrbücher deutsche r Gesinnung , Bildun g un d That 2 (1845 ) p. 513-538 , 577-602, voir p. 534; Helfric h Peter STURZ, Briefe, im Jahr 1768 auf einer Reise im Gefolg e des Königs von Dänemark geschrieben , dans: ID., Schriften , 1.1 , Leipzig 1779 , S. 1-119, voir p. 85 s.; ANONYME [ = Fran z Gra f vo n HARTIG] , Interessant e Brief e übe r Frankreich , Engelan d un d Italien , Eisenach 1786 , p. 22 s.; STORC H (voir n. 29) p. 32; VOLKMAN N (voir n. 2) 1.1, p. 160.

32 Parmi le s auteur s qui fureu t reçu s dan s le s salons , o n trouv e Isaa k Iseli n (Cf . Isaa k ISELIN S Pariser Tagebuch 1752 . Ed. Ferdinan d SCHWARZE, Base l 1919 , p. 98, 13 4 s. (Mme . Graffigny) , STURZ (voir n.31) p . 62-74, 104-10 6 (Mme. Geoffrin , Mlle . Lespinasse , Mme . Necker), HARTIG (voi r n.31) p . 27 ss. (Mme . Geoffrin) , BERENHORS T (voi r n. 31) p. 582 s.

33 Mais quand ils parvenaient à pénétrer dans ces cercles privés informels, il s appréciaient en général très positivement le s contact s personnel s intense s qu'il s permettaient . Pa r exemple , e n 1773 Schlöze r écrivait ainsi de Paris: Gestern Mittag speißte ich bei einer ganz französischen Familie, da gefiel es mir herrlich. Sonst habe ich noch keine Freunde in Paris gehabt (Augus t Ludwig von Schlözers öffentliche s und Privatlebe n au s Originalurkunde n .. . beschriebe n vo n Christia n vo n SCHLÖZER , Leipzig 1828 , p. 228). Heinrich Storch parvint également à devenir »l'ami de la maison* dans la famille d'un médecin parisien (cf . STORCH [voir n . 29] p. 33 s.).

34 Ainsi l'intendant silésien Peter Wienand notait au début des années 1730: Nachdem wir uns 5 Monathe in Paris aufgehalten, und alles mit Fleiß besehen hatten, so war der Frühling herangekommen. Nunmehro kamen die Deutschen mit Hauffen heran, und es vergieng bey nahe kein Tag, da wir nicht bekannte Lands=Leuthe auf der Gasse antraffen. Drum hielten wir vor nöthig, von hier aufzubrechen, damit wir nicht in große Compagnie verfielen, und in unsern Übungen gehindert würden (FÜRS T [voir n. 23] p . 246 s.) .

35 En 1673, l'intendant Schöndorffer se plaignait du milieu fréquenté par son protégé du qualité: ob wir gleich I... in einer umb des willen auch theurer Pension und Kost giengen I da keine Teütsche waren hatte er doch zu keiner anderen Gesellschaft Lust als zu Teutschen I da denn gewiß nichts anderes als Teutsch geredet ward I und wußten sich solche Bursch zusammen zu finden I daß kein Mittel war / solchem zu steuren (SCHÖNDORFFE R [voir n. 8] p.274).

36 En octobre 1788, Wilhelm de Wolzogen nota dans son journal parisien: Es muß was ganz Gewöhnli-ches sein, hier Deutsche zu sehen, denn man ist nicht sonderlich erfreut, hier Landsleute anzutreffen; man fragt nicht einmal aus welchem Teil Deutschlands (Wilhel m vo n WOLZOGEN , »Diese s is t de r Mittelpunkt de r Welt*. Parise r Tagebuch 1788/1789 . Eds . Ev a BERI E e t Christop h vo n WOLZOGEN , Frankfurt a.M . 1989 , p.26) .

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contacts trop étroits et confiants avec la colonie allemande37. Les voyageurs s'intéres-saient naturellemen t au x Allemands , qu i avaien t un e activit é dan s l e secteu r de s services jouant un rôle important pour les touristes. Car il ne faut pas perdre de vue que le tourisme allemand constitue une base d'existence pour un nombre considéra-ble d'Allemands qu i séjournen t e n France . I l n e s'agissai t pa s seulemen t de s servi -teurs allemands 38 ou des médecins39 à leur disposition. Le s passagers en provenance des territoire s allemand s fréquentaien t auss i volontier s le s hôtels 40, pensions 41» auberges42 e t cafés 43 qu e dirigeaien t leur s compatriotes . De s institution s analogue s existaient auss i dan s l a coloni e de s artisan s allemand s d e Paris . D'ailleurs , le s

37 Cf. WILLEBRANDT (voir n. 14) p. 150: Und wo ich nicht irre, so sind die geschicktesten Betrüger aübier Deutsche, welche sich arm gespielet und gehuret, und sich vest geschmauset haben (cf. aussi : Ibid., p. 165).

38 Nemeitz , un intendant ayant l'expérience des voyages d'ailleurs mettai t en garde contre l'embauche de serviteurs allemand s à Paris: Teütsche Diener / die auf solche Art sich in Paris auffhalten / oder sich daselbsten etabliret haben I sind nicht weit her / und insgemein Leute / die aus ihrem Vaterlande entloffen sind. Ich halte davor I man nehme einen Franzosen. Man hat von demselben mehr Dienste I als von einem anderen .. . Man übet sich besser in der Sprache I wenn man einen Frantzösischen Diener hat. Er weiß in allen Sachen besser Bescheid .. . Insgemein muß man dieses von den Frantzösischen Dienern rühmen I daß sie treu sind. [...] Hiernächst sind sie auch willig und unverdrossen. Man kan sie gebrauchen I zu was man will. Sie solten vor ihren Herrn durchs Feuer lauffen (NEMEIT Z [voir n. 14] p. 73 ss.; cf. e n outre: WILLEBRANDT [voir n . 14] p. 163).

39 Déjà, Nemeit z recommandai t au x voyageur s u n »Chymist e Royal « allemand : Was den Medicum betrifft / so weiß ich keinen geschicktem zu recommendiren I als Mons. Grossen, Lutherischer Religion / aus Quedlimburg gebürtig I welcher schon bey die etlich und zwantzig fahr stetig zu Paris practiciret I und also das Temperament der Frembden mit dem Frantzösischen Climat in seinen Curen wohl zu überlegen weiß. [...] Sonsten hat man auch noch nebst ihm den jungen Helvetium, welcher ebenfals in guter Renomée ist (NEMEIT Z [voir n. 14] p.397 s.) . Johann Pete r Willebrandt recommandait e n 1758 aux voyageurs sich an die Leib-Aerzte der Kayserlichen, Preußischen, Dänischen oder Schwedischen Abgesandten zu melden, und deren Hilfe zu suchen (WILLEBRAND T [voir n. 14] p. 175). Le médeci n personel des princes de Thurn et Taxis mentionne en 1787 un certain Dr. Sayffert, ein Sachse, Leibarzt des Herzogs von Orléans; erstund damals in grossem Ruf, scheint mir aber nicht frey von Charletane-rie zu sein, ainsi qu e le médecin alleman d d e l'ambassade d e Suèd e Redemeyer e t un certain docteu r Ehrhart (SCHAEFFE R [voi r n.8 ] 1. 1, p. 122-124). Heinric h Sande r découvrait e n 1776 eine deutsche Apotheke, nicht weit von la Place St. Victor (SANDER [voir n. 29] 1.1 , p . 47) . E t Wolzogen cite en mars 1789 un Allemand du nom de Müller qui possédait une pharmacie rue de Grenelle (WOLZOGE N [voi r n.36]p.l40).

40 Nemeitz e t Willebrandt recommandaient dan s leur s guide s d e voyag e entr e autre s l'Hôte l d e Hambourg, ru e du Four et l'Hôtel d e la Ville de Hambourg, ru e de Boucherie (NEMEIT Z [voi r n . 14] p. 42; WILLEBRAND T [voir n. 14] p. 161). Pendant son séjour à Paris en 1777, Joseph II logeait à l'Hôtel de Treville, ru e Tournon qu i était dirigé par un Allemand d u nom d e ScheUing (ANONYME , Wichtige und historische Anecdoten von einer sehr hohen reisenden Standesperson, während ihres Aufenthaltes in Paris, Leipzig 1777 , p. 71).

41 C'est ains i par exemple que Isaak Isehn prit ses repas durant tout son séjour à Paris en 1752 dans une pension que dirigeaient plusieurs de ses compatriotes suisses, à côté de laquelle il s'était également logé (cf. ISELI N [voir n. 32] p. 14).

42 Le Tyrolien Pete r Prosc h descendi t pa r exempl e e n 1786 à proximit é du Palai s roya l à YHôtel de Bavière, in welchem ein deutscher Win ist (Peter PROSCH , Leben un d Ereigniss e de s Pete r Prosch , eines Tyroler s vo n Rie d i m 2illerthal , ode r Da s wunderbar e Schicksal , Münche n 1789 . Nouvelle Edition ed . Kar l PÖRNBACHER , Münche n 1964 , p. 284, 287).

43 Parmi lesquels i l faut compter l e Caffé Allemand, Rue M ont orgueil au cinquième (WOLZOGE N [voi r n. 36] p. 97).

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voyageurs de quahté les évitaient44. Ce n'est que par erreur qu'il leur arrivait parfois de s'égare r dan s u n logi s pou r le s artisan s e n déplacement 45. Mai s à l'étranger le s voyageurs relaten t tou t c e qu i a trai t à leu r pay s d'origin e - jusqu'à de s boeuf s allemands qu i étaien t amené s du Su d d e l'Allemagn e à Pari s pou r y êtr e consom -més46. I l faut mentionner aussi les journaux et périodiques allemands qui se trouvent dans quelque s café s parisiens 47. Le s voyageur s utilisaien t auss i naturellemen t l e cabinet d e lectur e alleman d qu i existai t à Paris dan s le s année s 1780 48. E t dan s le s

44 Ainsi Heinrich Sander rapportait en 1776 au sujet de la rue de Porcherons au faubourg Montmartre: In dieser Straße wohnt fast niemand, als Cabaretiers, Rotisseurs und Huren. Zu beiden Seiten sind Wirtshäuser an Winshäuser [...]. Spielleute sind beständig da, und in jedem Hause eine Menge Huren [...]. Es ist unter diesen Häusern ein eignes, das den Deutschen gewidmet ist; da können unsre Patrioten sehen, ob*s rathsam sei, jeden Handwerksburschen wandern zu lassen (SANDER, [voir n. 29] 1.1, p. 136-138).

45 En général on suivai t la devise: allzugeringe Quartiere I als bey gemeinen Handwercks-Leuten / oder wo berüchtigte Weibes-Personen darinnen sind, nehme man nicht (TALANDER [= August BOHSE] , Der getreue Hofmeiste r ... , Leipzi g 1703 , 21706, p.401) . Ce n'étai t qu'u n concour s d e circonstance s malheureux qu i faisai t atteri r en 1760 Heinrich de Bretschneider , arriv é à Paris à une heur e avancée , dans un deutsches Traiteurhaus, rue des Vieux Augustins o ù i l remarquait teütsche Zungen aus mehr als einer Provinz: Man ließ mich herein, führte mich bis unters Dach, und wies mir unter zwanzig, von andern schon belegten Betten eine Lagerstätte an, die weder weich noch reinlich war, und auf der ich, bei aller meiner Müdigkeit, kein Auge zuthun konnte. Aber es wähne nicht lange; denn nach 4 Uhr war in diesem allgemeinschaftlichen Schlafgemache schon alles in Bewegung. Meine Schlafkameraden waren alle Handwerksbursche, die sich hier Schlafstätte auf einen Monat gemiethet hatten; und die, weil sie früh in die Werkstätte an ihre Arbeit gehen mußten, zeitig aufstanden, sich anzogen, und einander bei ihrem Lever hülfreiche Hand leisteten. Für andere kam ein Friseur, der sich auch meinem Bette näherte, und fragte: ob er später kommen solle? Ich bestellte ihn, und äußerte zugleich meine Unzufriedenheit mit der Lagerstatt und der Gesellschaft, in die man mich gebracht hatte. Das nahm er sich sehr zu Herzen, entschuldigte das Versehen, welches nur meine späte nächtliche Ankunft verursacht haben müsse, und sagte: Mr. Meier, der Winh, ein Schweitzer, sein Landsmann, sey ein très galant homme, der den Fehler [...] auf alle Art wieder gut zu machen trachten würde (Reis e des Herrn von Bretschneide r nac h Londo n un d Pari s [... ] Ed . L.F.G . vo n GÖCKINGK , Berlin/Stetti n 1817 , p. 208 s.). En 1788, Wolzogen notait à propos du café d'un certain Küffler, Caffetier aus Carlsruhe: Es ist äußerst unangenehm in den deutschen Caffeehäusern: Es sind daselbst eine ganze Menge deutscher Gesellen, Handwerksbursch etc., die denn den schlechten Pariser stinkenden Tabak aus langen Cöllnischen Pfeifen rauchen; überdem sieht es etwas unreinlich darinnen aus (WOLZOGE N [voir n. 36 ] P-33).

46 Les voyageurs , stupéfaits , croisaien t e n rout e de s troupeau x entier s die alle Wochen f...] aus dem Fränkischen, hauptsächlich dem Hohelohischen, auch aus dem Gebiet der Stadt Schwäbisch Hall, über den Rhein herüber gebracht, und nach der Hauptstadt Frankreichs getrieben werden (ANONYME , Briefe eines durch Elsas Reisenden, dans: Auswahl kleine r Reisebeschreibungen un d anderer statisti-schen un d geographische n Nachrichten , t.2 , Leipzi g 1785 , p.292 ; cf. aussi : STORCH [voir n.29] p. 377).

47 Déjà en 1776, Heinrich Sander notait: Es ist bequem in Paris, daß man in die Magazins des Gazettes gehen kan, am Quai, da Thee etc. trinken, und deutsche, französische, holländische Zeitungen lesen, welche man will (SANDE R [voir n.29] 1.1 , p. 352). En 1785 Sophie de LaRoche mentionnait un café au Palais Royal, dans lequel on trouvait alle Zeitungen und Journale, welche bey uns [...] herauskommen (LAROCHE [voir n. 29] p . 46). Heinrich Storch attira l'attention sur ce café en 1786: In einem Kaffehaus unter den Arkaden des Palais Royal werden deutsche Zeitungen gehalten, wie schon die deutsche Aufschrift bezeugt (STORC H [voir n.29] p. 125; cf. aussi : PROSCH [voir n.42] p.284; Heinrich Augus t Ottokar REICHARD , Sein e Selbstbiographie . Ed . Hermann UHDE , Stuttgar t 1877 , p.217). Et en 1788, on y pouvai t lir e Y »Erlanger Realzeitung* (STEINBRENNE R [voir n. 8] t. 2, p. 21).

48 Voir sur cette institution: Jürgen Voss, Ein e deutsche Lesebibliothek im Paris des späten 18 . Jahrhun-derts, dans: Zeitschrift fü r Historisch e Forschun g 6 (1979) , p . 461-470. Ver s 1780 , le professeur de

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bibliothèques parisiennes ils notaient avec précision la quandté (ou plutôt l a rareté) des livres allemands qui s'y trouvaient 49. En outre , les voyageurs protestants assis-taient, comme beaucoup de leurs compatriotes résidan t à Paris, aux offices dan s la chapelle d e l'ambassad e suédoise 50. Il s y rencontraien t u n nombr e considérabl e d'artisans allemands51 comme c'était aussi le cas lors des visites rituelles des manufac-tures des biens de luxe en vogue. Lorsqu'en 1777 l'empereur Joseph II fit halte à Paris lors d'une visite semi-officielle, o n lui présenu à la fabrique de porcelaine de Sèvres un ouvrier allemand qui avait été son sujet 52.

Pour les voyageurs, les rencontres avec les Allemands qui à Paris jouaient un rôle

langue allemand, Adrian Christian Friedel , fonda ce cabinet de lecture rue St. Honoré et le sacristain de la chapelle suédoise Seiler continua de s'en occupe r ru e Philippeaux. Vers la fin 1788 il a dû s e trouver juste à l a veill e d e s a dissolution , comm e o n peu t l e déduire d'un e notic e d e Wolzogen: HE. Seiler, Kantor in der Schwedischen Kirche u. Besitzer des Lesecabinets, scheint ein verloffener sächsischer Student zu sein, er ist schon gegen 16 Jahre hier. Sein Lesecabinet und damit verbundener Büchervorrat ist nicht zum besten eingerichtet, wie man schon aus den Cataloguen sieht. Er will es jetzt veräußern; und er tut wohl daran, denn er versteht nicht genug davon (WOLZOGE N [voir n. 36] p . 86).

49 Cf. ISELIN (voir n.32) p.60 , 143 ; STEINBRENNE R (voir n.8) 1.1 , p.254 . En 1776, Heinrich Sande r se plaignait encore de la Bibliothèque Royale: Weder auf dieser, noch auf einer andern Bibliothek fand ich nur Ein deutsches Buch, oder nur Eine deutsche gelehrte Zeitung, ein Journal, eine Bibliothek etc. Die Bibliothekare wissen auch nicht das Geringste von der deutschen Litteratur (SANDE R [voir n. 29] 1.1, p.74). En 1780, Josep h Richte r faisait des observations semblables : Ich besuchte verschiedene Bibliotheken. Sie waren meistens gut eingerichtet. Du findest hier Bücher in allen Sprachen, nur keine Deutsche, am allerwenigsten von der neuen Litteratur. Die meisten Franzosen sehen uns Deutsche noch als Barbaren an. Sie kennen keinen Autor von uns, als Geliert, Geßner, Lichtwerth und Leßing (sie sprechen Le Singe) weil Huber sie übersetzt hat; inzwischen fangen einige Franzosen an, sich auf die deutsche Litteratur zu verlegen, und diese sind so billig, uns doch Menschenverstand zuzutrauen. Ich nannte einem Bibliothekar unsere Sulzer, Herder, M endehöhne, Mosheime; Er schüttelte die Perücke. Aves^oois de bons Poètes? fragte mich ein Prokureur. Und warum nicht? versezte ich. Mais vôtre langue est si dure (ANONYME [ - Josep h RICHTER] , Reis e von Wie n nac h Paris , Wien 1781 , p.80 s.) . Steinbrenner, par contre, notait en 1788 sur la Bibliothèque de la Ville de Paris: Es nahm mich Wunder, auch teütsche Bücher daselbst zu finden (STEINBRENNE R [voir n.8] t.2 , p . 261).

50 Cf. entr e autres : ANONYME, Di e recht e Reise-Kuns t (voir n. 19) p.8 8 s.; NEMEITZ (voir n.14) p. 373-375; LUDWIG von Hessen-Darmstadt (voir n. 8) p. 15; ISELIN (voir n. 32) p. 63 s., 84,130; Georg Ludwig HIRSCH , Reis e durc h Italie n un d Frankreic h i n de n Jahre n 175 2 un d 1753 , Ansbach 1808 , p.272; Johann Heinric h MEYER , Ein e Reis e nac h Pari s im Jahr 1776 , dans: Zürcher Taschenbuch 4 7 (1926) p. 90 (eine ziemliche Zahl deutscher Handwerksgesellen); SANDE R (voir n. 29) 1.1, p. 65-68 (eine Versammlung von 200-250 Menschen), p . 120 s.; WOLZOGEN (voir n. 36) p. 61 s .

51 Voir sur les artisans allemands : BERGE R (voir n. 10) p. 31; MEYER (voir n. 50) p. 83; SANDE R (voir n. 29) 1.1, p. 355; WOLZOGEN (voi r n. 36) p. 121; Johann Pete r JAGER, Mein e Reise durch Frankreich .,. , Ed. Johann Babtis t KAISER , Met z 1925 , p . 36-39. En 1776, Heinrich Sande r visita auss i »l a chambr e de s maladies« qu e l e pasteur à l'ambassade suédois e y avai t installé e su r l a base d'une sort e d'assurance -maladie: Für die deutschen evangelischen Handwerksbursche hat er eine Krankenstube angefangen, jeder muß monatlich nur 12 Sous geben, und wird dann, im Falle er krank wird, ganz frei versorgt (SANDER [voir n.29] 1.1 , p.45) .

52 Cf. ANONYME, Anthologisch e Beschreibun g de r Reis e de s Herr n Grafe n vo n Falkenstei n nac h Frankreich 1777 , Schwabach 1778 , p.40. E t à Bordeaux Joseph II rencontra quelques membres de la colonie allemand e de la vill e (ibid., p. 111 s.). E n c e qu i concern e le s Allemand s à Bordeau x voir : LAROCHE (voi r n. 29) p. 263 ss. Des indications sur d'autres colonie s allemandes ne se trouvent que très rarement: cf . ANONYM E [= Friedrich Rudol f SALZMANN], Schrifttasch e au f eine r neue n Reis e durc h Teutschland, Frankreich , Helvetie n un d Italie n gesammelt , t . l , Frankfurt/Leipzi g 1780 , p.247 , 25 0 (Lyon); Johann Christia n SCHEDEL , De r Kaufman n au f Reise n ... , 2 tms. , Leipzi g 1784 , 1.1 , p.31 6 (Lyon), p.41 5 (Havre de Grâce); EBERT (voir n.26) p.21 0 s . (Nantes) , 21 6 (Rochefort) , 22 1 (Bordeaux), 293 (Lyon) .

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Les voyageur s allemand s e n Franc e 221

de médiateur s entr e le s deux culture s étaient , cependant , plu s importantes . I l fau t citer en premier heu Friedrich Melchior Grimm53, à qui beaucoup rendaient visite et ensuite Johan n Georg Wille 54. Mais o n recherchai t auss i l a compagni e d u pasteu r strasbourgeois de l'ambassade de Suède Friedrich Karl von Baer55 ou du jurisconsulte du roi , l'Alsacie n Christia n Friedrich Pfeffel 56, d e Heinrich Meister 57, le collabora -teur de Grimm , d u publiciste e t traducteu r Michael Huber58, du professeur d'alle -mand d e l'Ecol e Mihtair e Adrian Christian Friedel 59 e t de s graveur s su r cuivr e Weißbrod60, Miller61 e t Heideloff62. Wille et Grimm établirent des contacts précieux pour Isaa k Iseli n o u Johan n Gottfried Herde r qu'ils firen t connaîtr e au x grand s intellectuels français 63. Mai s tou s le s voyageur s n'étaien t pa s jugé s digne s d e ce t honneur64. Quan d cel a était le cas, une recommandatio n d e l'éditeur de l a »Corre -

53 Cf. pa r exemple: Johann Christia n M A N N L I C H , Ei n deutsche r Male r und Hofmann . Lebenserinnerun -gen de s Johan n Christia n vo n Mannlic h (1741-1822) . Ed . Euge n STOLLREITHER , Berli n 1910 , 21913, p. 23 7 s.; LAROCHE (voir n. 29) p . 513; CAR L E U G E N vo n WÜRTTEMBERG , Diariu m de r Rayße nac h de n beeden Königreiche n Franckreic h un d Engellan d [1789 ] . . . , dans: I D . , Tagbüche r seine r Rayße n . . . i n den Jahre n 1783-179 1 vo m Herzo g Car l Euge n Selbste n geschriebe n . . . Ed . Rober t U H L A N D , Tübingen 1968 , p . 317-363, voir p . 321.

54 Cf. pa r exemple : Christia n Felix WEISSE , Selbstbiographie . Ed. Christia n Ernst WEISS E et Samue l Gottlob FRISCH , Leipzi g 1806 , p. 68 s.; A N O N Y M E , Kurzes Tagebuc h eine r dre y wöchentliche n Reis e von Aache n nac h Pari s un d zurüc k übe r Spaa . I m Somme r 1769 , dans: Johann BERNOUILLI S Sammlung kurze r Reisebeschreibunge n . . . , 1.12 , Berli n 1783 , p .337-364 , voir p. 358; A N O N Y M E , Di e Reise nac h Pari s [1778] , dans: Taschenbuch zu m gesellige n Vergnüge n 2 (1794 ) p . 1-80, p .67 ; LAROCHE (voir n.29) p.51 4 s .

55 Cf. ISELIN (voir n. 32) p . 84; SANDE R (voir n. 29) 1.1 , p . 44 s. , 335 . 56 Cf. SANDER (voir n. 29) 1.1 , p . 325-327; LAROCH E (voir n. 29) p . 180, 18 4 s „ 471 , 438 , 44 9 s. , 45 4 s. ,

459, 488 , 521 , 549 , 55 2 s. , 561 . 57 MEYE R (voir n. 50) p . 88 s . 58 WEISS E (voir n. 54) p . 70. En c e qu i concern e l'évaluatio n d u rôl e d e médiateu r d e Huber , voi r aussi :

STURZ (voir n . 31) p. 110, 11 7 s.; STORCH (voir n . 29) p. 231 ss. Apparement , o n n e rendai t pa s visit e a u publiciste alleman d Fran z Michael Leuchsenring, qu i séjournai t à Paris, rue de Miche l Comt e d e 1773 à 1781 et qu i éditai t u n »Journa l d e lecture * (Cf . Briefe vo n un d an F .M . Leuchsenrin g 1746-1827. Ed. Urs Vikto r KAMBER, Stuttgar t 1976).

59 Cf. LAROCH E (voi r n .29 ) p. 396, 410 , 424 , 435 , 49 5 et 406: Heute [1 . 6 . 1785 ] speißte ich bey Herrn Professor Friedel zu Mittage, und lernte seine sehr artige Frau kennen, die eine Kaufmannstochter aus Philadelphia ist [...]. Bey ihr traf ich eine Madame Thibault mit ihrem Mann, einem Akademiker von Berlin; f.. J dann einen Teutschen von vielen Kenntnissen, der Secrétaire beim Prinzen von Lothringen ist, und zu meinem Staunen und Freude Herrn Mercier an. Le successeu r de Friedel , Marterer , es t mentionné che z S T O R C H (voir n . 29) p. 94.

60 Cf. A N O N Y M E , Die Reis e nac h Paris (voi r n . 54) p.67. 61 Cf. LAROCH E (voi r n.29 ) p. 516-518. 62 Cf. CARL E U G E N vo n WÜRTTEMBERG , Tagbuc h de r Rayß e nac h Pari s vo m Ite n bi ß 22te n Februa r

[1787] . . . , dans: I D . , Tagbüche r seine r Rayße n (voir n.53) p .292-304 , voir p . 303. 63 En c e qu i concern e le s relation s entr e Iseh n e t Roussea u don t Grim m étai t l'auteur , cf. : ISELI N (voi r

n.32) p .54 , 87, 12 8 s.; cf . su r Wille et Herder: H E R D E R (voir n . 15) p. 119, 121 ; ID . , Briefe . Gesamtausgabe 1763-1803 . 1.1: Apri l 1763-April 1771. Ed. Wilhelm D O B B E K et Günter A R N O L D , Weimar 1977 , p. 174, 18 3 (Er [Wille ] ist in Paris mein bester u. einziger Freund).

64 Le fil s de commerçant hambourgeois Kaspa r Voght , qui séjournai t à Paris en 1772, par exemple , s e plaignait trè s ouvertemen t d e c e qu e Baron Grimm, der eigentlich den Schlüssel zu Madame Necker's Salon hatte, uns nicht würdig hielt, da eingeführt zu werden. Wir entschädigten uns durch den Umgang mit den Anti-Encyklopädisten (Kaspa r V O G H T , Lebensgeschichte , Hambur g 1917 , p.26) .

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spondance httéraire« ouvrait les portes parisiennes65. C'est ainsi que Grimm organisa en 1764 deux concerts pour Wolf gang Amadeus Mozart et lui ménagea à nouveau en 1778 une entrée dans la société de qualité66.

Les voyageur s entraien t évidemmen t auss i e n relatio n ave c le s représentation s diplomatiques e t commerciale s de s Etat s allemands 67. Il s suivaient , e n cela , le s recommandations de s guides de voyage qui conseillaient de faire des diplomates en place le s point s d e dépar t pou r établi r de s contact s plu s large s ave c l a sociét é française68. Mai s le s représentant s de s territoire s d'origin e e n post e à Pari s n e préparent des rencontres que pour des voyageurs haut placés qui ne les discréditent pas eux-mêmes dans la société parisienne. En tant que médiateurs qui ont naturelle-ment à veiller à la renommée de la Cour qu'ils représentent, ils remplissent également une fonctio n d e sélection. Beaucou p d e diplomates avaien t coutum e d e traiter la foule des touristes de quahté, en dehors des personnalités exceptionnelles , ave c des recommandations pou r de s assemblées d e troisième catégorie, don t le s voyageurs sans expérience semblen t avoir été tout à fait satisfaits 69. I l apparaît ains i clairemen t que les Allemands de Paris jouaient un rôle important à l'égard de leurs compatriotes en déplacement: ils étaient le point de départ pour jeter un coup d'oeil sur la société et la culture françaises et y établir des contacts, mais en tant que »gardiens du temple«, ils canalisaient ce processus de façon décisive.

En fin de compte, à l'aide de s récits d e voyage, o n peut analyse r le s préalables socio-psychologiques dan s l a vie quotidienne, l e cadr e généra l e t le s limite s des processus d'u n échang e culturel . Ca r les relation s d e voyag e son t un e sourc e importante pour l'histoire des mentalités. Mais pour cette étude, il est nécessaire de classer et d'analyser les descriptions hétérogènes que fournit la littérature de voyage à l'aide de s catégorie s e t de s théorie s récente s d e l a sociologi e e t d e l a socio -

65 Cf. REICHARD (voir n.47 ) p. 219: Grimm stand als Geschäftsträger und Freund Katharinas der Großen, nicht minder durch seine enge Verbindung ma d*Alembert, Diderot u.s.w. am Hofe wie bei den ersten französischen Gelehrten in hohem Ansehen; seine Vermittlung öffnete uns daher manche sonst verschlossene Thür. Oft ließ er uns bei unseren Streifzügen durch die Stadt durch seinen Sekretär begleiten, und des letzteren Worte: »De la part de Mr. le Baron de Grimm* wirkten stets wie ein Zauberspruch.

66 Cf. Wolfgang Amadeus MOZART , Brief e und Aufzeichnungen. Eds . Wilhelm A. BAUER et Otto Eric h DEUTSCH, 7 tms., Kassel/Basel/London/Ne w Yor k 1962/75 , 1.1 , p. 141, t.2, p.317, 333 s., 343, 344 , 356, 376 , 387, 394, 407, 425 ss. , 474 s.

67 Cf. pa r exemple : EBERT (voir n. 26) p. 132 s.; MOZART (voir n.66) 1. 1, p. 141, t. 2, p. 368, 378 ; HARTIG (voir n.31) p . 27; CAR L EUGE N [1789 ] (voir n.53) p . 318; WOLZOGEN (voi r n.36) p . 107, 184 .

68 Cf. NEMEIT Z (voi r n. 14) p. 297: Hat man aber einen Minister aus seiner Heimath an dem Frantzösi-schen Hof I so ists desto besser. Je vornehmer die Persohnen sind I welche einen an einem Orte hinführen I desto mehr Ehre und Respect hat man davon. Cf. aussi: ANONYME, Die rechte Reise-Kunst (voir n. 19) p. 33 s.

69 C'est ave c une ironie mordante que Helfrich Pete r Sturz décrit ce phénomène qui jette une nouvelle lumière sur la réalité des grands tours: Unsere meisten Reisende sind Knaben, deren Artigkeit nicht länger im Gang bleibt, als die durch ihre Pedanten aufgezogen sind. Ein Minister, dem von seinem Hofe diese herumgeführte Jugend empfolen wird, ist äußerst mit diesen Herren verlegen; er weiß, daß er mit seinen rohen Landesprodukten nirgends angenehm komt, und hält daher immer eine alte Prinzessin an der Hand, wo sich die Kadetten und die Invaliden der Gesellschaft, die beiden Enden des Jahrhunderts, begegnen, und die gern ihre Spieltische voll hat. Dann hat die hoffnungsvolle Jugend in der großen Welt gelebt, und komt gebildet zurück (STUR Z [voir n. 31] p . 86).

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Les voyageurs allemands en France 223

psychologie70. O n peu t recouri r à différents modèle s qu i s e complèten t mutuelle -ment: le concept de l'intégration sociale qui provient du domaine de la sociologie des migrations perme t d e décrir e ave c précisio n l a situatio n d e l a minorit é allemand e qu'elle soi t e n Franc e pou r longtemp s o u - comme c'es t l e ca s de s voyageur s -seulement pou r u n temp s limité . Le s théorie s socio-psychologique s de s relation s entre le s groupe s peuven t nou s aide r e t nou s apporte r de s critère s d'analys e pou r évaluer précisément le s rapport s entre les Allemands e t les Français . C'es t l e cas en particuher pou r le s mécanisme s qu i régissaien t le s rencontre s entr e le s différent s groupes sociau x d e touriste s allemand s e t d e Françai s autochtones . Un e tell e approche permet d'éclairer plus finement le s processus de perception et d'évaluatio n mutuelles e t de dégager les différents facteur s qu i interviennent dans c e contexte .

Quels facteurs constituent-ils des conditions essentielles à l'intégration sociale des Allemands e n France ? S i l'o n sui t le s modèle s d e l a sociologi e de s migrations , i l convient de distinguer les facteurs personnels et les facteurs dépendant de l'environ-nement parmi ceux qui ont une influence su r l'intégration du migrant dans la société d'accueil. I l s'agit , a u nivea u peronnel , d e prendr e e n considératio n l a dimensio n motivationnelle e t cognitive . E t dan s l'approch e pa r l'environnement , i l es t im -portant d'attire r su r le s possibilité s d'assimilatio n offerte s au x migrant s pa r leur s actions e t pa r leurs comportements , l'existenc e d e barrière s à l'intégration dan s l a société d'accuei l e t l a présenc e d e possibilité s d e n e pa s s' y assimiler . Tou s ce s facteurs ont des effets su r le processus d'assimilation de s migrants qui débouche sur une situatio n d'intégratio n plu s a u moins marquée , don c su r une situatio n qu i es t caractérisée par leur acceptation dans la société d'accuei l e t par une relation dépour-vue d e tension s ave c celle-ci 71. S i l'o n considèr e qu e le s voyage s son t u n ca s particuher de migration, on peut alors chercher - bien évidemment en apportant les nuances appropriée s - à lire les relations d e voyage don t nou s disposons dan s cette perspective.

En ce qui concern e leurs motivations, le s dispositions de s voyageurs à l'égard de leur assimilatio n e n Franc e étaien t trè s différente s suivan t leu r éta t social . Cel a montre e n mêm e temp s qu e c e facteu r individue l étai t dan s un e larg e mesur e déterminé socialement, car leur coroportement obéissait à des conventions suivant les

70 De faço n générale , o n peu t remarque r à c e suje t qu e l a »banqu e d e données « d e l'historie n es t beaucoup plu s limité e e t fragmentair e qu e cell e d u sociologu e o u du socio-psychologue . Ca r ce s derniers peuven t analyse r des phénomène s actuel s à l'aide d'expérience s e t »créer « eux-même s leur s données. Au contraire, l'historien ne peut pas trouver pour chaque variable et chaque cas les données empiriques correspondantes à des relations de facteurs complexes, car il est dépendant d'information s qui lui sont transmises de façon fragmentaire e t pas toujours dépourvues de déformations. Cependan t on peu t reconstruir e un e mosaïqu e plu s o u moin s vraisemblable , qu i perme t d'éclaire r le s grande s lignes du processus et que les théories modernes permettent de modéliser. Mais, on est ainsi conduit à projeter les catégories et les résultats de la recherche moderne, qui ont été développés dans le contexte de l'analys e d e population s e t sous-population s d e l a sociét é (post-)industrielle , su r de s rapport s historiques. Il est certain que cela n'est pas toujours possible. C'es t pourquoi une approche de ce type ne possède qu'une valeur heuristique.

71 Cf. Su r l'approche sociologique de la migration qui a été présentée ici d'une façon simplifiée: Hartmut EssER,Aspekte der Wanderungssoziologie. Assimilation und Integratio n von Wanderern , ethnische n Gruppen und Minderheiten, Darmstadt/Neuwie d 1980 .

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états. Celles-c i étaien t plu s a u moin s intériorisée s pa r le s différent s individus 72. Qu'est-ce qu i poussait les différents groupe s d e voyageurs vers la France? Pou r les nobles, i l s'agissai t d' y apprendr e l a langue , l'étiquette , l a mod e française s e t u n comportement socia l parfait , ca r ce s norme s sociale s étaien t trè s appréciée s e t entourées d'u n respec t appropri é dan s leu r pay s d'origin e e n raiso n d e l'influenc e culturelle don t y bénéficiai t l a »grand e nation« . A cel a s'ajoutai t qu e l e grand tour était aussi un voyage d'agrément - et c'était d'autant plus le cas en pratique que cela apparaissait moins dans la théorie. En général , les voyageurs d e qualit é étaient bie n disposés à l'égard d e la France e n tant qu e bu t d e leu r voyage; e n particulier, leu r socialisation, chez eux , étai t placée sous l e sign e d e l a francophilie, e t il s pouvaien t compter, e n raiso n de s lien s internationau x a u sei n d e l a noblesse , êtr e reçu s à l'étranger conformémen t à leu r ran g e t pouvoi r y vivr e san s souc i grâc e à leur s moyens financiers. Ils étaient ainsi normalement extrêmement bien disposés à l'égard de l'assimilation , leu r jeunesse n'étan t pa s l e dernie r de s facteurs favorables 73. Ce s remarques s'appliquen t égalemen t au x candidat s à la variante patricienn e d u grand tour, mais dans une moindre mesure, car ils étaient de façon latente en concurrenc e avec l a nobless e allemand e duran t leur s voyages ; de s préoccupation s d e complé -ments d e formatio n spécialisé e jouaien t pou r eu x u n rôl e plus important , e t il s n e pouvaient espére r un e intégratio n san s heurt s dan s l a sociét é aristocratique . Il s s e distanciaient beaucou p plus de la culture française74. Le s motivations de s bourgeoi s cultivés et de leurs voyages d e formation se présentaient encor e différemment. Pou r eux, la formation individuell e venai t en premier, il s considéraient froidemen t qu'u n séjour prestigieu x e n Franc e serai t un e étap e stratégiquemen t important e d e leu r ascension dan s l a sociét é féodal e allemande . A l'égar d d u modèl e culture l françai s leur attitud e allai t d u scepticism e a u refus 75. E t e n c e qu i concern e le s voyage s d'affaires de s commerçant s qu i avaien t de s but s précis , o u le s voyage s d'étude s o u d'apprentissage de s savants , de s artiste s o u de s artisans , l'aspec t formateu r étai t l e seul à apparaîtr e a u premier pla n d e sort e qu e leu r dispositio n à l'assimilation s e limitait surtout au domaine spécialis é qu'il s s'étaien t fixés .

Non seulemen t le s disposition s à l'égard d e l'assimilation étaien t trè s différentes , mais il en allait aussi de même de leur capacité à s'orienter à l'étranger et à accueillir

72 Cela apparaî t clairement , e n c e qu'un e parti e de s aristocrates , qu i s e sentaien t partie s prenante s d u mouvement des Lumières, n'effectuait plu s dans la seconde moitié du XVIIIe siècle le classique »Gran d Tour«, mais adoptait un type de voyage qu i s e rapprochait d e celui des bourgeois . Cf . GROSSER (voir n. 3) p. 81 ss.

73 C'est alor s qu e Nemeit z mettai t e n gard e devan t l e phénomène généra l qu e les voyageurs distingué s étaient ébloui s durch die Menge so admirabler Sachen f die ihnen flugs in die Augen fallen qu'ils tombaient amoureu x in die Frantzösische Manieren [*..]/ daß sie hernachmals in anderen Ländern nichts gefunden (NEMEIT Z [voir n. 14] p . 38, 40) . L'imitation naïv e des moeurs française s pa r le s aristocrates était , à vra i dire , un topiqu e de l a critique bourgeois e d u comportmen t nobl e en voyage . Cf. ANONYME , Die recht e Reise-Kuns t (voir n . 19) p. 1 s.

74 C'est pourquo i Willebrandt posa à se s lecteur s cett e questio n suggestive : Glaubet ihr denn, daß zu Paris eine andere Sonne scheinet, als in eurem Lande f (WILLEBRAND T [voir n. 14] p. 149).

75 Ainsi, Herder s'était rend u e n France pour qu'o n l e prenn e plu s tar d dan s so n pay s pou r eine Sammlung von Känntnißen der policirten Welt. E t il voulai t justemen t exploite r cec i pou r so n ascension sociale, pour Welt, Adel und Menschen [...] auf meine Seite zu bringen: Was kann man mit diesem Scheine nicht thunl nicht ausrichten! (HERDE R [voir n. 15] p. 29 , 3 3 s.). Mais en même temps , il émettait de s réserves su r le caractère exemplair e virtue l d e l a culture français e (cf . ibid., p. 92, 96).

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les nouveautés . Ce s condition s cognitive s d e l'assimilatio n d e l a cultur e français e variaient égalemen t d'u n individ u à l'autre, mai s ce s variation s étaien t plu s faible s que celle s tenan t a u ran g d u voyageur . Ca r s a formatio n antérieur e dépendait , e n général, étroitement d e l a couch e social e à laquelle i l appartenait . A ell e seule , l a maîtrise d u françai s pouvai t décide r du succè s o u d e l'éche c du séjou r à l'étran -ger76. Meilleur e étai t l a formatio n d u voyageur , plu s grand e étai t e n généra l l a complexité d e so n systèm e cognitif 77. Ave c celle-l à s'accroissai t l'aptitud e à accu-eillir de s quantité s importante s d'information s nouvelles 78. E t plu s c'étai t l e cas , plus le s type s d e jugemen t pouvaien t êtr e diversifiés , plu s limité s étaien t le s ris -ques d e généralisation s trompeuses 79. E t l a soupless e intellectuelle , l'aptitud e à accueilhr l a nouveauté , à l'évalue r d e faço n critiqu e e t à l'utilise r à bo n escien t n'en dépendaien t pa s moin s égalemen t d e l'âg e e t d u développemen t psychologi -que d u voyageur . Alor s qu e le s tro p jeune s aristocrate s avaien t tendanc e à accep-ter san s espri t critiqu e e t à l a suit e d'un e hyper-identificatio n tou t c e qu'il s découvraient à l'étranger, cel a s e réduisai t che z le s voyageur s le s plu s âgé s à un e incapacité à apprendr e e t à comprendre 80. L a capacit é d'adaptatio n variai t auss i naturellement ave c l a duré e d u séjou r qui , pou r de s raison s économique s étai t sensiblement plu s court e pour le s bourgeoi s qu'ell e n e l'étai t pou r le s aristocrate s privilégiés81. Ca r plu s lon g étai t l e séjou r à l'étranger , plu s grande s étaien t le s

76 Cela vau t auss i pou r le s aristocrate s don t l a préparatio n pouvai t êtr e trè s différente . Schöndorffer rapporte que son protégé avai t été écœuré par le voyage parce qu'il avait d'immenses difficulté s pou r apprendre la langue (SCHÖNDORFEER (voir n. 8] p. 271 s.). Pour les couches sociales inférieures, qui ne pouvaient pas s'offrir u n cours de langue privé, cette barrière existait déjà beaucoup plus fréquemment pour des raisons socio-économiques. L e jeune paysan Peter Prosch qui avai t accompagné le margrave d'Ansbach à Pari s e n tan t qu e bouffo n d e l a Cou r e n fi t l'expérince : Hätte ich nur ein wenig Französisch gewußt [...], wäre ich gewiß glücklich gewesen und wäre von Paris so bald nicht weggekommen; aber wenn man gar nichts versteht, ist es zu hart (PROSC H [voir n. 42 ] p . 295). Mais même Herder connut c e problème : »Je ne sai s n i parle r n i entendre , e t c e qu i es t encor e pis , un e mauvaise honte me lie la langue, en sorte que je ne l'apprendrai peut être jamais« (HERDER [voir n. 63] p. 154).

77 Cf. Ale x MUCCHIELLI , LTdentité , Paris 1986, p. 24 s. 78 Plus vite la capacité de recevoir de nouvelles informations es t dépassée, plus tôt elles font l'objet d'u n

traitement qu i e u rédui t l a complexit é selo n de s modèle s d e prêt-à-penser . C e phénomèn e dépend , d'ailleurs, aussi considérablement des expériences antérieures dont l'observateur dispose pour assimiler ses nouvelles impressions. Cf. pa r exemple: ANONYME, Beschreibung einer Reise, welche im Jahr 1769 nach der Sierra Morena in Spanien vom Elsa ß aus unternommen wurde , Leipzig 1780 , p. 15 ss.

79 Cet effe t n e s e rencontrai t pa s nécessairement . Herder, par exemple , dan s so n voyag e e n France , montre très clairement comment des processus de perception stéréotypé s se déclenchent (cf . HERDER [voir n. 15] p. 24, 26), sans que cela ait une influence perceptible su r ses jugements souvent globaux .

80 Herder , par exemple , observai t ce s comportement s trè s exactemen t pendan t so n séjou r e n France . A Paris i l constat a qu e l a contributio n potentiell e de s voyageur s e n Franc e au x processu s d e transmission interculturel s dépendai t d'un e faço n significativ e d e l'âg e qu'il s avaien t a u moment du séjour à l'étranger: nicht zu frühe, sonst expatrüren sie sich; nicht zu spät, sonst wollen sie nicht lernen (ID., Einzeln e Blätter zum »Journal der Reise«, dans: Johann Gottfried HERDER , Sämtlich e Werke. Ed. Bernhard SUPHAN , Berli n 1878 , t. 4, p. 477). La théorie bourgeoise des voyages en général était hostile aux voyages prématuré s des nobles .

81 Les bourgeois ne disposaient, la plupart du temps, que du tiers ou du quart du »budget temporel« des aristocrates. En ce qui concerne l a durée moyenne du séjour des nobles cf . GROSSER (voir n . 3) p. 35, n. 62. Mais souvent l'effe t d e la durée plus longue du séjour des nobles étai t diminué à cause de leur enclavement social .

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chances d e recueilli r de s information s e t d e noue r de s contact s multiple s e t d e s'acclimater82.

Mais certaines élément s d'identification e t émotionnels n e peuvent pas être laissés de côté. L'importance e t la qualité de l'identification à son propre groupe , de l'auto -représentation religieuse et confessionnelle, d u concep t d e soi au niveau ethnique , e t de l'intériorisatio n d e certaine s norme s socio-culturelle s e t d e valeur s émotive s jouaient un rôle important. Selon que, »protestant«, on voyageai t dans un dangereu x pays étrange r e t catholique 83, o u que , »rationaliste« , o n étai t dan s un e cultur e seulement perçue différente 84, selo n que , »aristocrate«, o n recherchai t se s pairs85 o u selon que, »bourgeois«, on venait dans un pays , dans lequel la noblesse détestée et la culture de la Cour semblaien t omniprésentes 86, selon que, »cosmopolite«, o n visitai t ses homologues 87 o u selo n qu'»êtr e humain« , o n voulai t rencontre r le s couche s sociales les plus diverses88, le sens des valeurs, attaché à ses différents concept s de soi, influençait d e façon trè s appréciabl e la perception e t l e comportement à l'étranger .

Naturellement, o n n e peu t pa s considére r toute s ce s composante s indépendam -ment les unes des autres, car elles forment u n réseau complexe. Cela est aussi valabl e pour les facteurs tenant à l'environnement qu i agissent sur le processus d'assimilatio n des migrants . Dan s c e domaine , la similitud e socio-culturell e entr e la cultur e d e l'environnement d e dépar t e t d'arrivé e jou e u n rôl e important , ca r c e facteu r concerne l a possibilit é mêm e d'occasion s active s d'assimilation . Dan s un e sociét é divisée e n états , comm e l'Europ e occidental e à cette période , i l fau t nécessairemen t mettre en relation l a différence entr e le s cultures ave c la similitude entr e le s groupe s sociaux correspondants . Le s différence s entr e le s état s à l'intérieu r d'un e cultur e étaient généralement, à cette période, dans l'espace franco-allemand plu s grandes qu e celles existan t entr e le s membre s d'u n mêm e éta t mai s d e culture s différentes . E n particulier, l'appartenanc e national e n e jouai t qu'u n rôl e mineu r pou r l a nobless e dont les ramifications dynastique s traversaient les frontières. Mais pour les bourgeois et même pour les artisans de la petite bourgeoisie, l'appartenance à leur état avait une importance déterminante . Auss i n'est-c e pa s pa r hasard , qu e le s voyageurs , e n général, même à l'étranger restaient dans le cadre de leur milieu social: c'était l à qu'ils se sentaient le mieux et qu'ils trouvaient, dans son sein , les contacts les plus étroits e t

82 Plus d'un voyageur, ayant eu des contacts correspondants, révisai t sensiblement ses préjugés du début après u n séjou r d'un e certain e durée . Ainsi , e n 1766, au débu t d e so n séjour , Georg Heinric h Berenhorst jugea les Français d'une faço n négative : Sie sind falsch und boshaft. Cependant, aprè s un séjour de six mois, il dit: Bevor ich Frankreich verlasse, muß ich einige Punkte meiner Mittheilungen darüber berichtigen, in denen ich zu voreilig abgesprochen habe. Alles wohl erwogen, muß man den Franzosen doch die Gerechtigkeit angedeihen lassen, daß sie das gastfreieste Volk des cvodisirten Europas sind (BERENHORS T [voir n.31] p . 533, 593).

83 Cf. le s indications correspondante s dan s l'apodémique d u début du siècl e de s Lumières : ANONYME , Die rechte Reise-Kunst (voir n. 19) p. 37-49.

84 Cf. EBER T (voir n.26) p . 165 s., 222 s. 85 Cf. PÖLLNITZ (voir n.28) . 86 Cf. HERDER (voir n . 15) p. 106-108, 115 . 87 Cf. STEINBRENNER (voir n . 8) 1.1, préface. 88 C'est ains i que Sophie de LAROCH E ne voulait se laisser guider que par das reine Gefühl meiner Seeley

pour jedes schöne Verdienst der Menschenwelt zu bemerken (voir n. 29, p. 34). Cf. sur »voyager en tant qu'être humain« , l e paradigm e du voyag e d e formatio n bourgeois : ANONYM E [=* Franz POSSELT] , Apodemik oder die Kuns t zu Reisen , 2 tms., Leipzig 1795,1.1, p. 252 ss.

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l'accès à la culture étrangère . L'homogénéit é intra-éta t étai t une courroi e d e trans -mission essentiell e dan s les échanges interculturels . De l a sorte les contacts approp -riés aux états permettaient, à tous les niveaux de la société, de combler d'éventuelle s différences culturelles 89. Ca r dans cet espac e de contact intra-éta t le s connaissance s des norme s e t de s comportements , déj à familiers dan s l e pays d'origine , pouvaien t être utilisées également à l'étranger. A mesure que la maîtrise des normes en vigueur dans le contexte social étranger s'accroissait, grandissai t la certitude de reconnaître et de domine r le s situations . Cel a facilitai t naturellemen t le s repère s e t l'assurance d u comportement de façon extraordinaire. Les différences entr e une résidence princière allemande et la brillante Cour de Versailles pouvaient bien être considérables pour un noble allemand, elles n'en étaient pas pour autant des différences d e nature90. Si, par contre, l e cadr e d e vi e de s état s diffèr e d e faço n qualitative , alor s apparaissen t de s difficultés d'adaptatio n correspondantes . C'étai t par exemple le cas, si un bourgeoi s allemand sortai t de s rapport s sociau x d'un e petit e vill e pou r s e retrouve r soudai n dans l e tourbillo n d'un e vill e mondial e comm e Paris 91. L e phénomèn e généra l du choc des cultures s e manifestait alor s sous la forme d u choc de la grande ville92.

Un facteu r supplémentair e s e trouvai t dans l'ouverture d e la société d'accueil . S i celle-ci n'étai t pa s trè s grande pour les travailleur s qu i émigraien t pour de s raison s sociales o u économiques , c e qu i correspon d à l'existenc e d e barrière s juridiques , sociales ou économiques, la situation des voyageurs était tout à fait différente. Ca r ils ne prétendaient à aucune intégration structurelle au sens d'une possibilité de partici-pation à l a vi e politiqu e ave c le s même s droits 93 o u d'un e égalit é de s chance s économiques e t juridiques. Ils possédaient pour ainsi dire un statut particulier94 tant

89 Tandis que le s voyageurs noble s faisaient surtout des louanges sur la culture française de la Cour, la plupart de s voyageur s bourgeoi s s'intéressaien t à la cultur e français e d e leur s homologues : In der glücklichen Klasse des Mittelstandes finden sich hier, wie überall, die unverdorbensten Sitten (Johan n Georg FISCH , Reis e durc h di e südliche n Provinze n vo n Frankreic h kur z vo r de m Ausbruch e de r Revolution, Zürich 1790 , 21795, p. 134).

90 Cf. pa r exemple: PÖLLNITZ (voir n.28) t. 3, p. 51 ss.; GÜNDERODE (voir n.31) 1. 1, p. 125 s. Che z le s bourgeois, l e cadr e d e l a Cou r provoquait , a u contraire , u n manqu e d'assuranc e e t u n sentimen t d'infériorité correspondant . Cf . EBER T (voir n. 26) p. 144; ANONYME, Beschreibung eine r Reise (voir n. 78) p. 15 ss.

91 Ceci vaut à peine pour les nobles qui, à cause de leur façon de voyager, ne se mêlent pas directement au quotidien mouvementé d'une grand e ville. Cf. GROSSER (voir n. 3) p. 368 ss.

92 Cf. su r c e phénomène : Thoma s GROSSER, Begegnunge n mit dem Allta g de r Revolution . Zu r Sozialpsychologie eines schwierigen Erfahrungsprozesses, dans: Reisen in das revolutionäre Paris. Ed. Thomas HÖHLE , Hall e 199 2 (sous presse) , surtout note 11 s.

93 Au contraire , il s étaien t plutô t désorienté s dan s cett e ambianc e d e discussio n politiqu e pourtan t souvent très ouverte et à laquelle des personnes »d e l'extérieur« pouvaient participer. Cf. ISELI N (voi r n. 32) p. 83, 110; RICHTER (voir n. 49) p. 70; ANONYME [= Christoph Friedrich Heinrich LINDEMANN] , Reisebemerkungen übe r eine n Thei l vo n Italien , Frankreic h un d Engelland , Cell e 1784 , p.6 6 s. ; STEiNBRENNER(voir n. 8) 1.1, p . 288 s.; WOLZOGEN (voir n.36) p . 159.

94 Chez les voyageurs, on tolérait facilement des comportements no n conformes à la norme: Der Name Etranger ist ein Titul, der mich zu allen Freyheiten berechtigt (WILLEBRAND T [voir n. 14] , p . 181). C'est pourquoi, le s voyageur s s e trouvaient dan s une situation privilégiée , ca r ils ne rencontraient qu e des barrières sociale s négligeables , c e qu i leu r facilit a l'accè s à l'autre culture : Es ist ein Fremder/ Diese magischen Worte entschuldigen manches, was dem Einheimischen nicht entschuldigt wird, und öffnen manche Thüre, die jenem verschlossen bleibt (Heinric h August Ottokar REICHARD , AU S dem Tagebu-che de r Rückreis e de s Herausgeber s vo n Pari s nac h Deutschlan d i m Somme r 1786 , dans: Kleine Reisen. Lektüre für Reise-Dilettanten. Ed . H.A. O. REICHARD , t.5 , Berlin 1788 , p.305).

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qu'ils ne séjournaient à l'étranger qu e de façon temporaire . Et , à la différence des travailleurs migrants, ils ne représentaient aucun e concurrence économique pour les autochtones95, mai s ils enrichissaient au contraire le pays96. Ils arrivaient, en outre, dans u n pays dot é d'un e longu e traditio n touristique e t d'un secteur de s services adapté. Ne serait-ce que pour des raisons intéressées, ceux qui travaillaient, dans ce secteur n'étaien t nullemen t xénophobes . Tout au contraire, le s Allemands faisaien t d'habitude d e bonnes expérience s dan s c e domaine qu'il s généralisaien t souven t à l'ensemble de s Français97. En comparaison ave c les visiteurs en provenance d'autre s pays, les voyageurs allemands passaient, à cette époque, en tant que groupe social, en outre, encore relativement inaperçu . Ains i rencontraient-ils dan s le quotidien relati -vement pe u de situation s dan s lesquelle s seraien t automatiquemen t apparu s des préjugés nourri s pa r les Françai s à leu r encontre . L e pir e d e c e qu i pouvai t apparemment leu r arrive r étai t d'êtr e pri s pou r de s Anglais. Car , comme ceux-c i étaient généralement très argentés, toutes les prestations leur seraient alors facturée s au prix fort 98.

En conclusion , s'i l existait de s possibilités d'évite r l'assimilation , cel a n'étai t pas sans retentir sur le comportement des voyageurs. S'ils pouvaient se préserver de leur environnement à l'étranger , il s pouvaient évite r l a voie difficil e e t qui n'était pas toujours dépourvue de conflits d'une ouverture sur l'inconnu. Les contacts avec leur »ethnie«, c'est-à-dir e ave c l'éventuell e coloni e allemand e local e pouvaien t bie n faciliter les premiers pas et réconforter les arrivants. Mais à la longue la fréquentation régulière de leurs propres compatriotes bloquai t les possibilités de contacts intercul -turels99. Précisémen t dan s l e domain e touristique , trouve-t-o n de s cas typique s d'isolement social , culture l e t mental . E n particulier , le s critique s hostile s à la pratique d u grand tour insistaient , à l'époque, su r ce phénomène qu i mettait en question les résultats attendus en matière de formation du séjour à l'étranger100. Pour

95 La situation étai t tout autr e pour les commerçants ou les travailleurs spécialisés en voyage. Du côté français, o n essayait , e n général , d'empêche r ce s transmission s d e savoir-fair e non-désirées . Le s voyageurs, qui quittaient les chemins battus du tourisme, devaient faire des expériences semblables : einen Fremden, der nicht auf der Landstraße bleibt, hält man fast überall entweder für einen Spitzbuben und Landstreicher, oder für einen Spion; selbst in Orten, wo es für einen ehrlichen Mann schlechterdings nichts auszuspionieren giebt. Selbst die Pässe können einen oft, wenn man sich als Naturforscher der Land- und Stadtwirtschaft [...] eine Zeit wo aufhält, gegen den Verdacht eines Spions nicht schützen (ANONYME , Fragmen t eine r Reis e durc h Elsaß , Lothringe n un d den Rhein entlang [1778] , dans: Auswahl kleine r Reisebeschreibunge n ... , 1.1, Leipzig 1790 , p.201-250 , voir. p. 222).

% En ce qui concerne les coûts élevé s d'un »Grand Tour« cf. GROSSER (voir n. 3) p. 25 s., 28 s. 97 Sur les topiques correspondant s de Gastfreyheit [hospitalité] , Leutseligkeit [affabilité] et Höflichkeit

gegen Fremde [politesse envers des étrangers] comme Haupttugend [vertu première] des Français cf. entre autres: ANONYME, Viatorium Germaniae, Galliae ac Italiae Oder Nuztliche Anweisung , Durc h Teutschland / Franckreich und Italien zu Reysen ..., Franckfurth am Mayn 1671, p. 555; ANONYME, Die recht e Reise-Kuns t (voir n . 19) p. 49 s.; LIMBER G (voi r n.9 ) p. 684 s.; ANONYME , Uebe r die Franzosen, dans: Der teütsche Merkur , No. 10, 1778, p.3-20, voir p . 15; ANONYME, Beschreibung einer Reise (voir n. 78) p. 9; LINDEMAN N (voir n. 93) p. 93.

98 Cf. HARTI G (voi r n. 31) p. 82 s. 99 Cf. ESSE R (voir n . 71) p. 95 ss.

100 A part des exemples déjà mentionnés (voir notes 17, 34, 35, 41,101) cf.: ANONYME [* Anton Wilhelm SCHOWART], Der Adeliche Hofmeiste r ... , Berlin 1707, Annexe p . 100; NEMEITZ (voi r n.14) p. 46; BERGER (voi r n. 10) p. 19 s.

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les voyageurs de quahté, leur propre intendan t servai t de filtre à l'encontre de leur environnement. Ca r il avait à prendre toutes les dispositions pour l'organisation du voyage, à éduquer son protégé, à le divertir et à lui épargner tous les désagréments. C'est pourquo i beaucou p d e nobles n'avaien t guèr e d e contact s intense s ave c la culture français e s i l'on fait exceptio n de quelques rencontre s ave c d'autres nobles . Pour beaucou p d e critiques, la question s e pose de savoir s i ces voyageurs avaien t même réellemen t quitt é leu r pays101. Ce problème ne se posait pas dans les mêmes termes pou r le s voyageur s moin s fortunés , n e serait-c e qu e pour de s raison s matérielles. Car il fallait, pour des raisons économiques, que les bourgeois s'exposen t beaucoup plus directement à leur environnement étranger . Ils ne pouvaient guèr e se permettre de voyager dan s une voiture particulièr e ou emmener une suite ave c eux qui n'était autr e que leur réseau socia l familier . Comm e il leur fallait organiser eux-mêmes leur voyage, et qu'ils empruntaient les diligences, qu'ils se déplaçaient à pied dans Paris , qu'il s mangeaien t no n pas dan s leu r chambr e mai s ave c l e soi n d e recueillir le s information s auprè s de s autochtones , il s entraien t forcémen t e n un contact plus étroi t avec la culture et la vie quotidienne françaises l02.

Ce pourquoi on aurait pu supposer que ces voyageurs en raison de la plus grande fréquence de contacts de ce type seraient plus ouverts à l'égard de la culture française et des Français103. L'hypothès e global e qu e les contacts que l qu e soit leu r nature , contribuent à éliminer le s tensions entr e le s groupes e t à corriger le s stéréotype s enracinés es t n é d e l a représentatio n de s Lumière s selo n laquell e le s voyage s contribuent à l'élimination de s préjugés104. Cependant les contacts seuls ne suffisent pas105. Au contraire, le tourisme superficie l d u XVIIIe siècl e a peu contribué à une connaissance mutuelle plus profonde des Français et des Allemands. Des stéréotypes existants ont pu être renforcés par lui à travers des »self fulfilling prophecies« . Cel a était en particulier le cas, quand la culture étrangère était réduite à des clichés, quand un stric t partag e des rôles présidai t aux relations entr e les hôtes e t le personnel de service et quand les seuls contacts avec les autochtones étaien t relativement superfi -ciels et brefs l06. En outre, il faut teni r compte que les êtres humains , en particuher

101 Johann Elias Schlegel en 1745: Es ist eine bekannte Tatsache, daß viele meiner Lands-Leute nicht so wohl nach Paris, als nach der Vorstadt von Paris, St. Germain, gehen, um sich mit ihren Lands-Leuten daselbst die Zeit zu vertreiben. Sie reisen nach Art derjenigen, die sich zu Schiffe in einer Cajüte befinden. Sie kommen in gantz fremde Gegenden, ohne daß sie es gewahr werden, und es ist einigermassen zweifelhafft, ob man von ihnen sagen kann, daß sie den Ort verändern (De r Fremde. Ed. Johan n Elias SCHLEGE L 1 [1745], No . 1, p. 1).

102 Cf. GROSSER (voir n.3) p.6 3 s. , 363 s. 368. 103 Cf. Yehuda AMIR , Contact Hypothesis i n Ethnie Relations , dans: Psychological Bulleti n 7 1 (1969)

p. 319-342. 104 Cf. REICHARD (voir n . 14) p. 8 s. 105 Cf. Marilynn B. BREWER et Norman MILLER , Beyon d th e Contact Hypothesis: Theoretical Perspec-

tives on Desegregation, dans : Groups in Contact. The Psychology o f Desegregation. Eds . Norma n MILLER e t Marilyn n B . BREWER, Orlando (Fl. ) 1984 , p. 281-302; Miles HEWSTONE et Rupert J.BROWN, Contact i s not enough: an intergroup perspectiv e on contact hypothesis , dans : Contac t and conflict i n intergroup encounters . Eds . M. HEWSTONE et Rupert J. BROWN, Oxford 1986.

106 C'est ce t arrière-pla n qu i a permi s à Josef Richte r de justifie r se s appréciation s sommaire s des Français: Der Grundsatz: man soll lange an einem Orte sich aufhalten, um darüber urtheilen zu können, scheint mir ein Vorurtheil. Je länger du an einem Ort lebst, je mehr nimmst du unvermerkt das Sittliche der Nation an, und dann urteile darüber, wenn du kannst. Am besten ists, gleich beym

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dans des contacts nouveaux et quand ils ne se connaissent pas, n'entrent pas d'abord en contac t e n tant qu'individus . Il s se perçoivent avan t tou t comm e membre s de groupes sociaux déterminés et se jugent mutuellement su r la base d'un processus de catégorisation sociale . Ce s processus d e comparaison qui s'engagent entr e group e d'appartenance e t hors-groupe on t au premier che f pou r fonctio n d e stabilise r la propre identit é social e des protagonistes e t de lui donner un e valeur positive 107. Il faut aussi prendre en considération quelles étaient la fonction et les conséquences que les contacts avec les membres appartenant à d'autres groupes avaient pour la position du voyageur dans son propre groupe social de référence. A la différence de ceux qui vinrent e n France aprè s l a Révolution108, le s voyageurs sou s l'Ancie n Régim e ne définissaient pa s leur identité e t avec ell e leur propre group e socia l d e référence au premier chef à partir de catégories nationales. Il y avait naturellement des stéréotypes qui caractérisaient les »Français« et les »Allemands« par opposition les uns aux autres et qui étaient colportés par les guides de voyage et les traités de géographie109. Mais l'image qu'avai t de lui-même l e visiteur de la France étai t marquée d'abord pa r son état; La fonction de contacts interculturels avec les Français variait considérablement selon les états. Pour un noble allemand, étaler une relation personnelle avec la société aristocratique français e entraînai t presqu e automatiquemen t u n gain e n terme de statut à l'intérieur de son propre groupe social en raison de la francophilie caractéri -stique de la culture aristocratique allemande 110. Que le pays et les gens l'enchantas -sent111, qu e Paris fû t pour lu i un paradis 112 e t qu'i l revîn t généralemen t ave c de somptueuses emplette s e t de s impression s positives , cel a découlai t auss i d e ce contexte e t pas seulement d'un e perceptio n sélectiv e e t d'un voyage confortable . L'identité social e du bourgeois alleman d se constituait, au contraire, pou r une part importante, sur la base d'une séparation par rapport à la noblesse allemande. Comme il avai t constamment sou s les yeux la francophilie d e celle-ci, i l avait tendance à la considérer comme un comportement pro-aristocratique. A la différence d'u n gentil -

Eintritt, wo alles auffällt, die Hand aufs Herz als ein ehrlicher Mann zu sagen, das gefällt mir und das nicht (RICHTE R [voir n. 49] p. 75 s.).

107 Cf. Henri TAJFEL , Differentiation betwee n socia l groups , London 1978 ; ID., Individuais and groups in socia l psychology , dans: British Journal of Social and Clinical Psycholog y 1 8 (1979) p . 183-190; Amélie MUMMENDEY, Verhalte n zwische n soziale n Gruppen : Di e Theorie de r sozialen Identitä t dans: Theorien der Sozialpsychologie. Eds . Dieter FREY et Martin IRLE , t.2: Gruppen und Lerntheo-rien, Bern/Stuttgart/Toronto 1985 , p. 185-216; MUCCHIELL I (voir n. 77) p. 75 ss.

108 Cf. Thomas GROSSER , De r lange Abschie d vo n der Revolution. Wahrnehmun g und mentalitätsge-schichtliche Verarbeitun g de r (post-) revolutionäre n Entwicklunge n i n den Reisenberichten deut -scher Frankreichbesuche r 1794-1814/15 , dans: Frankreich 1800 . Gesellschaft , Kultur , Mentalitäten . Eds. Gudru n GERSMAN N et Hubertus KOHLER , Stuttgar t 1990 , p. 161-193.

109 Cf. pa r exemple: Paul Ludolp h BERCKENMEYER , Neu-vermehrte r Curieuse r Antiquarius , da s ist: Allerhand auserlesene Geographische und Historische Merkwürdigkeiten, so in denen Europäischen Ländern zu finden; Aus Berühmter Männe r Reisen zusammengetragen , Hambur g 1738 , 81746, p . 8 ss.

110 Ceci vau t mêm e s i la Cour ou la dynastie den t l e voyageur distingu é étai t originair e poursuiven t parallèlement une politique anti-française . L a critique bourgeois e s e délecte d e cette contradiction : aber dieses ist wol verwunderlich f daß grosse Herren i welche in allem ihrem Thun und Lassen Franckreich zuwider seyn wollen I und Abbruch zu thun suchen / dennoch ihre Kinder hinein schicken (BERGER [voi r n. 10] p . 73) .

111 Cf. PÖLLNITZ (voir n.28) t.3 , p.41 s. ; HARTI G (voir n.31) p.31 . 112 Cf. GüNDERRODE(voir n.31) 1.1 , p. 163, 165 .

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Les voyageurs allemands en France 231

homme d e quahté que l'on admirai t quan d i l rentrai t au pays ave c les article s de la dernière mode de Paris, un bourgeois était dans certaines circonstances menacé d'une perte en terme de statut, s'il se comportait de la même façon. C'est tout à fait dans cet esprit que le »Patriot«, l'hebdomadaire moraliste qui donnait le ton dans la bourgeoi-sie, dessinai t dan s les année s 1720 le portrait type de Herr Frantzennarr [Monsieu r Francolâtre]113. Et la satire contemporaine faisai t rire le lecteur avec le Bürger Ochs [le bourgeoi s boeuf] , qu i revenai t d e Franc e Bœuf à la mode e t s e rendai t ridicul e auprès des siens 114. Pour ce motif, déjà , les bourgeois étaient beaucoup plus distan-ciés à l'égard de la culture française qu e les nobles e t ils jugeaient le pays voisin , les Français e t leur s contact s ave c eu x d e faço n beaucou p plu s critiqu e qu e ceux-ci . A cela i l faut ajoute r que leur critique de la politesse, de la galanterie e t de la mode françaises dévaloriserai t le s norme s élémentaire s d e l a nobless e allemande , o ù ce s critiques ne voyaient que pure illusion et relativiseraient ainsi la supériorité de celle-ci pa r rappor t à la bourgeoisie . Dan s c e contexte , le s bourgeoi s allemand s avaien t tendance à transférer le rejet de leur propre noblesse sur les Français. Ce mécanisme ne fonctionnai t cependan t pleinemen t qu e s'il s identifiaien t - comme c e fu t l e ca s pour Herder - les Françai s ave c l a nobless e e t l'ensembl e d e leu r cultur e ave c l a culture d e Cou r pa r excellence 115, un e tendanc e qui , d'ailleurs , allai t plutô t e n s e renforçant à l'occasion d e rencontres superficielles .

L'importance de l'identification ave c son propre groupe n'était pas le seul facteur déterminant. L e rang de celui-c i dan s la structure de la société de départ étai t auss i particulièrement important. Les nobles, inébranlablement persuadés de leur supério-rité d'origine divine, étaient aussi à l'étranger beaucoup moins attentifs à d'éventuel-les discrimination s qu e le s bourgeois . Ceux-c i avaien t souven t gagn é l'ascensio n sociale d e haut e lutt e e t devaien t encor e assure r leu r reconnaissanc e sociale . Leu r identité social e e n tan t qu e group e était , e n comparaiso n d e cell e d e l a noblesse , beaucoup moin s assurée . Cel a touchai t moin s le s membre s d u patricia t o u de s professions commerciales , trè s imbu s d'eux-mêmes , qu e le s >intellectuels< 116, qu i cherchaient à s'élever grâc e à leur formation . Il s notaien t d e faço n hypersensible , toutes le s manifestations possible s d e manques d'égard 117. Comm e il s voyaient leu r propre statut e t leur propre auto-évaluation trè s facilement menacés , ils réagissaien t vite en dévalorisant le groupe français correspondant. Cel a était en particulier le cas, quand les personnes visées appartenaient à leur propre état, car elles étaient alors une concurrence potentiell e pour eux , comm e pouvai t l e leu r rappele r l a préférenc e accordée dan s les Cour s allemande s au x pédagogues e t aux professeurs d e langues, aux savants , au x poètes , au x musiciens e t au x architecte s d'origin e française . D'u n

113 Cf. Der Patriot 1 (1724), No. 41, p. 350, 2 (1725), No. 63, p. 84 s. 114 Cf. Jea n Chrétien TOUCEMEN T [= Johann Christia n TRÖMER], Des Deutsch Francos Jean Chrétie n

Toucement Voyages ..., Leipzig 1733, p. 7 s. 115 Cf. HERDER (voir n. 15) p. 106, 108 . 116 Par exemple Loe n v a dans c e sens , lorsqu'i l constat e aprè s s a visite en France : Will man die Welt

kennen, so muß man Mittel haben, und mit den Grossen selbst umgehen ohne von ihnen ein Anbeter oder niederträchtiger Sclave zu seyn. Dazu gelangen unsre Gelehrten selten (Johan n Michae l vo n LOEN, Erörterun g der Frage: ob die Teutschen wohl thun, daß sie den Franzosen nachahmen?, dans: ID., Klein e Schriften , Ed . J.C.SCHNEIDER , t.2 , Frankfurt/Leipzi g 1750 , 31756, p.396-415 , voi r p.406).

117 Un exempl e typique est la relation de voyage de SANDER (voir n.29) .

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autre côté, ils subissaient sans aucun sens critique une espèce de fascination à l'égard des Français lorsqu'ils croyaien t bénéficie r d e privilèges qu i valorisaient leu r statut. Beaucoup de voyageurs allemands qui n'avaient encor e jamais vu un palais allemand de l'intérieur parc e qu'en tant qu e bourgeoi s il s n'y avaien t pas accès , s e prenaien t pour des rois en France simplement parce qu'ils avaient pu se rendre à Versailles en tant qu ' étranger s parm i de s centaine s d'autre s visiteurs 118. D e l a mêm e façon , d e bons contacts avec des personnes de statut social plus élevé avaient un effet positif sur l'image de la France que retenaient le s voyageurs 119.

Cela montr e à que l poin t i l es t importan t d'examine r quel s étaien t le s milieu x français avec lesquels les voyageurs entraient en contact. I l est aussi particulièremen t important d'observer avec qui ils se comparaient, dans quel domaine cela se passait, si les éventuelle s différence s étaien t considérée s comm e légitime s o u illégitime s e t s i cette comparaiso n retentissai t positivemen t o u négativemen t su r leu r auto-représ -entation sociale . E n raiso n d e l a similitud e fondamental e de s valeur s d e group e spécifiques de s noblesse s allemand e e t français e le s voyageur s d e qualit é n e perce -vaient guèr e d'éventuelle s différences . Il s n e s e déplaçaien t qu' à l'intérieu r d e leu r propre group e socia l d e sorte qu'o n peut s e demander s'il s faisaient e n généra l un e différence entre eux et leurs homologues français. Bien plus, ils avaient tendance à se considérer comm e u n sous-groupe d e ['»internationale« de la société aristocratiqu e française, un phénomène par rapport auquel les accompagnateurs bourgeoi s manife -staient un e profond e incompréhension 120. E n tou s le s cas , le s noble s allemand s acceptaient l a prééminence d e la culture aristocratiqu e français e comm e u n phéno -mène légitime. Car en l'adoptant ils pouvaient se distinguer de la bourgeoisie dont le statut étai t inférieur , conforte r leu r propr e imag e d u mond e e t e n mêm e temp s s'élever dan s leur propre état . C'es t précisément c e qui n'étai t pas possible pour le s bourgeois. Auss i dévalorisaient-il s l e côt é courtisa n d e l a cultur e français e pou r valoriser leu r propre échell e de s valeur s socio-culturelle . Bie n entendu , il s retrou -vaient ce comportement parmi les couches moyennes en France. Et au cours de leurs contacts d e c e type , il s cherchaien t à s e réassure r e t à trouve r e n Franc e l a confirmation de s valeur s bourgeoise s d'u n mod e d e vi e moral , orient é ver s l a formation et la production. Dans cette mesure ils étaient conduits à différencier leu r représentation des Français suivant des critères d'états121. Et une même hiérarchie des valeurs, l a coopératio n ver s de s but s commun s e t de s professions d e mêm e typ e

118 Cf. WiLLEBRANDT(voi r n. 14) p. 180 s.: Die große Freyheil, welche man zu Versailles hat, sich aller Herrlichkeiten gleichsam als seines Eigenthums zu bedienen, gehet doch über alles. Ich bin Herr und Meister in dem Garten, in den königlichen Gemächern, ich gehe zum König, wenn er sich aus dem Bette erhebet [...]. Mit Wenigem: ich kann zu Versailles machen was ich will. Ein gutes Kleid, eine edle Dreistigkeit machet mich zu demjenigen, der ich zu seyn wünsche. [...] Begreifet ihr es nun, was die Ausländer nach Frankreich so lüstern machet?

119 Cf. entr e autres: EBERT (voir n.26) p. 290-292. 120 Schöndorffe r par exemple se plaint de Paîné de son protégé distingué, qu'il signe seinen Namen nicht

mehr Teutsch sondern allezeit I auch wenn er Teutsch schreibet / oder etwas Teutsches unterschreibet l lauter FrantzÖsisch setzet (SCHÖNDORFFE R [voir n. 8] p. 283 s.) .

121 Cf. SCHEDEL (voir n. 52) p . 409: Die Begierde nach Vergnügen, der Hang zur Pracht und zur Verschwendung kennen hier [in Frankreich] fast keine Schranken mehr. Die Großen und Vornehmen überlassen sich einer zügellosen Habsucht, die endlich weder auf Ehre und Gottesfurcht, noch auf Patriotismus und Menschenliebe achtet. [...] Die beste Classe, die noch die meisten Beyspiele der Menschlichkeit und guten Sitten an den Tag legt, ist der Mittelstand.

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rapprochaient entr e eux les officiers françai s e t allemands122, le s artistes françai s et allemands123 e t les érudits françai s e t allemands124, de sorte que , sur cette bas e des échanges intense s pouvaien t avoi r heu. Ceux-c i étaien t facihtés pa r le rattachement des »intellectuels« à des institutions spécifiques. Ce que la Cour était pour les nobles, les institutions savantes le représentaient pour les bourgeois cultivés: une base pour nouer de s contacts personnels 125. Mai s à la différenc e de s nobles allemands , le s bourgeois s e sentaient bie n plus fréquemment dan s une situation de concurrence à l'égard de leurs homologues français . Car il leur fallait sans cesse constater que leur travail et eux-mêmes n'étaien t pa s appréciés à leur juste valeur tandi s qu'i l y avai t surévaluation a u profit de s Français. Cel a touchai t moin s l e domaine économiqu e que le domaine intellectuel. Mais la langue, la littérature, la philosophie et la science allemandes étaient , pour les bourgeois cultivés , des éléments de stabilisation essen -tiels de leur identité sociale . Car ils se considéraient dans leur propre pays comme le véritable miheu de culture et se distinguaient pa r cela même de leur noblesse. Leu r formation, qu i n'avait pa s d'orientatio n français e faisai t parti e du noyau centra l de leur auto-compréhension . C'es t pourquo i le s bourgeois allemand s réagissaien t de façon trè s susceptibl e e t émotiv e quan d leur s homologue s françai s trouvaien t l a langue allemande presque barbare126, qu'on riait de leur accent allemand127, que leur httérature n'était guère connue128, que leur philosophie était une »terra incognita«129

et aussi que leurs progrès scientifiques n'avaient pas un écho suffisant130. E n outre, ils ne trouvaien t qu e rarement de s connaissances géographique s claire s d e sorte que

122 Cf. BERENHORS T (voir n.31) p. 529. 123 Cf. MANNLICH (voir n . 53) p. 55 ss. 124 Cf. l e rencontre d'Iseli n ave c Roussea u e t Fontenelle (ISELI N [voi r n . 32] p. 86, 129 ) ou l'échang e

amical entre Sander et Le Sage, Buffon e t Daubenton (SANDE R [voir n. 29] 1.1, p. 140, 348, 227: Wie geschwinde knüpfen die Wissenschaften das Band der Freundschaft zwischen sonst unbekannten Seelen!). Cf. aussi: Martin GERBERT , Reisen durch Alemannien, Welschland und Frankreich, welch e in de n Jahren 1759 , 1760, 1761 und 1762 angestellet worde n ... , Ulm, Frankfurt e t Leipzig 1767, p.457; et : Jürgen Voss , Pari s i m Somme r 1751 . Notizen zu m wissenschaftlichen un d religiöse n Leben au s de m Reisetagebuc h Andrea s Lameys , dans: Archiv fü r Kulturgeschicht e 5 6 (1974 ) p. 198-216.

125 Cf. STORCH (voir n. 29) p . 319: Bekanntschaften, die einem Fremden nützlich werden können [. ../ sind hier wirlich leichter zu machen, als in irgend einem andern Lande. Gelehrte, Künstler, erfahrne und kenntnisreiche Männer findet man an allen öffentlichen Orten [...] und, zur Ehre der französi-schen Urbanität sey es gesagt! nicht leicht wird ein Fremder vergebens um etwas anfragen.

126 Cf. SANDER (voir n.29) 1.1 , p.77 ; STEINBRENNE R (voir n.8) t.3 , p. 5 s. ; STUR Z (voir n.31) p . 110: Ueberhaupt ist ihre Meinung von uns, [.../ unser Geschmack sei ganz unbildbar, unsere Sprache zu rauh für die Dichtkunst. Um es zu beweisen haben sie irgend ein hartes Wort in Bereitschaft, und geberden sich dabei, als im Kinnbackenzwang. Viele glauben ernsthaft, der König von Preußen schreibe darum allein in ihrer Sprache, weil es nicht möglich sei, sich im Deutschen en homme d'esprit auszudrücken.

127 Cf. RICHTER (voir n . 49) p. 84. 128 STUR Z (voir n.31 ) p. 108: von unserer Litteratur, von unserm Theater, von unsern Dichtern und

Prosaisten wissen sie wenig, oder nichts; STORCH (voir n.29) p.228: was den patriotischen Eifer jedes ehrlichen Deutschen zu lichten Flammen aufjagen muß, das sind die impertinenten absurden Urtheile, welche diese Blinden über unsere Literatur wagen.

129 STUR Z (voir n. 31) p . 112 s . 130 SCHAEFFE R (voir n. 8) 1.1 , p. 31 .

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leurs interlocuteur s ignoraien t souven t l'endroi t d'o ù venait leu r visiteur 131. Auss i compensaient-ils leu r sentimen t d'un e infériorit é injustifié e e t d'u n manqu e d e reconnaissance social e par une surévaluatio n d e leur propre identit é social e tou t en dévalorisant les Français considérés de façon stéréotypée comme prétentieux, super-ficiels e t ignorants 132. Mêm e s'il s avaien t fai t quelque s expérience s positives , il s cédaient au x généralisations e t aux chchés qu i réduisaien t l a complexité d e leur s expériences133. I l fallai t déj à u n résea u étend u d e contact s personnel s positif s e t intenses, pour casse r d e tels stéréotypes , pour distingue r le s spécificités de s autres groupes et pour désarmorce r les conflits latent s o u ouverts. S i ces contacts valori -saient l a propre identit é sociale , alor s i l étai t beaucou p plu s facil e d e sortir d e sa propre position d e juge extérieur pou r s e mettre dan s la situation d e l'autre, pou r apprendre à voir de son point de vue, pour prendre de la distance à l'égard de ses propres préjugés134 et aussi pour développer la capacité d'empathie135. Cett e capacité constitue un e condition mental e essentiell e pou r de s échanges productifs . Ca r elle permet d e reconnaîtr e le s qualités de s deux parties , d'accepte r ave c toléranc e les défauts des deux parties et d'instaurer ains i un processus d'apprentissag e mutuel 136. Vues sous cet angle, les formes institutionnalisées du voyage pouvaient constituer un préalable important pour une compréhension de s deux peuples qui soit fondée sur

131 Helfrich Pete r Sturz, qui est all é d e Copenhagu e à Pari s e t faisai t parti e d e la suit e du ro i du Danemark, relate mi-amusé, mi-indigé: Viele haben mich so neugierig nach den Grönländern gefragt, als ob sie Haus an Haus bei uns wohnten (STUR Z [voir n. 31] p. 111). Cf. aussi: SANDER (voir n. 29) 1.1, p.275; STORC H (voir n.29) p. 243 s.

132 STErNBRENNER (voir n . 8) t. 3, p. 5: Was die Kenntnisse der Franzosen im Ganzen anbelangt, so fehlt ihnen die Gründlichkeit, das Solide, dessen wir uns in diesem Punkt ohne Prahlerey rühmen können. Cf. aussi : GRIMM (voir n.29) t.2 , p.2 8 s. ; STEINBRENNE R (voir n.8) t.3 , p. 8 s. ; ANONYME , Empfindungen eine s Deutsche n i n Paris. I m Jahre 1773 , dans: Berlinische Monatsschrif t 8 (1790) p. 284, 288 .

133 Cf. SANDER (voir n. 29) 1.1, p.275 s. : Kurz, zwei, drei, vier Männer abgerechnet, hob ich noch wenig solide, gesetzte, edeldenkende Franzosen hier gefunden. Eine greuliche Unwissenheit in allen auslän-dischen Sachen, eine unglaubliche Verachtung der Engelländer, der Italiener und auch der Teutschen; ein beständiges Rennen und Sinnen, wie man die Zeit tödten, Kleider aussuchen, Zimmer aufputzen und sich divertiren will: das sind wesentliche Züge im Karakter der Franzosen.

134 Cf. LOEN (voir n. 116) p.39 9 s. : Wir tadeln an den Franzosen einen gewissen Hochmuth, der zu unserer Verkleinerung gereichet; allein haben sie nicht Ursache dazu? Würden wir weniger stolz seyn, wenn die Franzosen uns so viel Ehre erwiesen, als wir ihnen anthun? Würden wir uns nicht sehr viel einbilden, wenn sie sich so weit vor uns demüthigten und zu uns, als zu den belebtesten und geistreichsten Leuten ihre Reisen thäten, um unsere Sprache zu lernen, und unsre Sitten nachzuah-men? Wann sie zur Unterweisung ihrer Jugend sich teutscher Lehrmeister bedienten; wann sie unsre Schneider, unsre Köche, unsre Comödianten nach Frankreich kommen Hessen, und damit ihrer Eitelkeit schmeichelten, einem Teutschen ähnlich zu sehen?

135 Cf. le concept d'empathie chez: Norbert ROPERS, Vom anderen her denken. Empathie als paradigma-tischer Beitrag zur Völkerverständigung, dans: Subjektivität. Die vergessene Dimension internationa-ler Konflikte . Sous la direction de Reiner STEINVE G e t Christian WELLMANN , Frankfur t a.M . 1989 , p. 114-150.

136 LOE N (voir n. 116) p. 413: Was den Charakter und die Sitten der Franzosen an und für sich betrift, so findet man bey ihnen mehr Hochmuth, Einbildung und ausschweiffendes Wesen, als bey den Teutschen. Sie sind von Natur viel lebhafter und aufgeräumter, als wir, aber auch geneigter zu allerhand Ausfällen und Thorheiten; wir sind schwerer und phlegmatischer, aber auch gründlicher und vernünftiger. Wir hätten nicht Ursache, ihre Gaben zu beneiden, wenn wir die unserigen wohl zu gebrauchen wüßten. Sie bilden sich so viel auf ihren Verstand, als wir auf unsre Wissenschaften ein. Ein wenig mehr Demuth und Bescheidenheit, und wir wären beyde klüger.

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l'effet multiplicateu r des rencontres personnelles137. Leur cadre, mais aussi leur orga-nisation individuelle est une base à ne pas négliger pour les relations franco-alleman -des - et ceci pas seulement au XVIIIe siècle.

DEUTSCHE ZUSAMMENFASSUN G

Die Reisepraxi s bilde t eine nich t unwesentlich e Voraussetzung un d gleichzeiti g ein e wichtige Eben e fü r den deutsch-französische n Austausch . Di e meiste n Deutschen , di e i n Frankreic h i n Kontak t mi t de r Kultur de r Grand e Natio n kamen , kame n al s Reisend e dorthin . Di e Bericht e diese r Reisende n sin d inhaltlich seh r heterogen , abe r dadurc h zugleic h seh r materialreich . Notier t wurd e fas t alles , wa s bemerkenswert erschien. Sehr gut läßt sich daher die Reisepraxis rekonstruieren. Die KavaHerstouren der jungen Adeligen un d der Söhne des reichstädtischen Patriziats , die peregrinatio academica der Studenten, die Studienreise n de r Gelehrten , di e Geschäftsreise n de r Kaufleut e un d di e »Walz * de r wandernde n Handwerksgesellen, all e dies e Reise n hatte n bestimmt e Ziel e un d folgte n spezifische n Mustern . Dies e legten weitgehend fest , wer was wo in welchem Rahmen besichtigte, mit wem er in Kontakt kam und mit welcher Zielsetzung dies geschah. Das Reisen folgte bestimmten ständischen Konventionen und Traditio-nen. Un d die s galt selbst für den Typus der bürgerlichen Bildungsreise, die zugleich der allgemeinen und individuellen Bildun g diene n sollte . Wen n ma n di e Reisepraxi s unte r eine m strukturgeschichtliche n Gesichtspunkt sieht , kan n man sagen, daß sie al s eine Form der institutionalisierten Kontakt e innerhal b der deutsch-französische n Beziehunge n betrachte t werde n kann . Denn da s Reisen selbs t war sozusage n eine Institution, di e bestimmten, ständisc h differenzierten Spielregel n gehorchte .

Die Analyse der verschiedenen Reiseformen vermittelt einen Einblick in unterschiedliche Dimensione n und Faktore n de s deutsch-französische n Austauschs : i n di e soziale n Gruppen , di e ih n trugen , i n di e Stätten, an denen er sich vollzog, in die Rahmenbedingungen, unter denen er stattfand und in die Formen, die e r annahm . Di e bedeutendst e Grupp e de r Reisenden , di e i m 18 . Jahrhundert da s Frankreic h de s Ancien Régime zu besuchen pflegten, war zweifelsohne di e der aristokratischen Kavaliere. Dies gil t zwar nicht in einem quantitativen Sinn, wohl aber in einem qualitativen. Denn das adelige Reiseverhalten führte nicht nur eine beträchtliche Zahl deutscher Aristokraten nac h Frankreich. Je höher ihr gesellschaftliche r Rang war , dest o meh r Reisebegleite r ginge n mi t de n Kavaliere n au f Tour . Allein e di e Institutio n de r Kavalierstour bracht e s o meh r bürgerlich e Reisehofmeiste r un d Diene r i n di e Fremde , al s Adelige . Darüber hinau s hatt e da s aristokratisch e Reiseverhalte n ein e sozial e Vorbildfunktion fü r da s städtisch e Patriziat, abe r auch für die Teile des Bürgertums, di e den aristokratischen Lebenssti l imitierten . Z u de n Adeligen gesellte n sich aber im Laufe der Zeit immer mehr Reisende aus der bürgerlichen Mittelschicht . Mit de m Idea l de r bürgerliche n Bildungsreis e wurd e ei n Auslandsaufenthal t zu m Bestandtei l ihre r Allgemeinbildung. Zude m verbesserte n sic h di e Verkehrsbedingungen . Da s Net z öffentliche r Postkut -schenverbindungen wurd e dichter , da s Reise n kalkulierbare r un d billiger . S o intensiviert e sic h sei t de r Mitte de s 18 . Jahrhunderts di e Mobilitä t de s deutsche n Bürgertum s allmählich . Nac h 177 0 vervielfacht e sich die Zahl der Reisebeschreibungen über Frankreich. Während es zuvor die Reisehofmeister waren, die die wichtigst e Trägergrupp e de r Frankreich-Reiseliteratu r darstellten , griffe n nu n di e bildungsbürgerli -chen Privatreisenden verstärkt zur Feder.

So unterschiedlich die kulturellen Standards, die Motivationen und Zielsetzungen dieser verschiedenen Gruppen waren , s o verschiede n ware n auc h di e Stätten , di e si e aufsuchten , di e Kontakte , die si e anknüpften un d di e Rahmenbedingungen , unte r dene n dies geschah . I m Rahmen der Kavalierstou r wa r der Besuch einer französischen Ritterakademie nahezu obligatorisch. Besonders beliebt bei den deutschen Reisenden waren die grenznahe Ritterakademie zu Lunéville, die entsprechenden Einrichtungen in Lyo n oder Orange, vor allem aber die Akademien in Angers, Tours, Saumur, Orléans und Blois. Und mit einem zwangsläufigen Hofbesuc h befestigt e de r aristokratisch e Tourismu s di e International e de r Adelsgesell -

137 Comme bila n de son séjou r e n France , Sophi e d e LaRoch e tir e la conclusion correspondante : Die gute Meynung einzelner Personen von einander stiftet Liebe, und die Achtung, welche Nationen für einander fassen, giebt der Nationalfreundschaft und den Bündnissen einen dauerhaften Grund (LAROCHE [voir n.29] p . 177). L'influence positive d'une personnalisation des rapports intergroupe s est confirmée pa r l a recherch e socio-psychologiqu e moderne : Hug h Jorda n HARRINGTON , Th e effects o f personal contact o n intergroup relations. Los Angeles 1989.

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schaft. Die patrizischen KavaHerstouren führten zwar die Söhne der reichsstädtischen Führungsschichte n auf den Spuren des Adels nac h Frankreich, doch an den Ritterakademien un d a m Hof konnte n si e kaum wie diese reüssieren. So konzentrierten sie sich weniger auf den höfischen al s auf den urbanen Sozialraum. Sie bevorzugten Städt e wie Lyo n ode r Marseille, Bordeau x ode r Rouen als Reisestationen. Versehen mi t einschlägigen Empfehlungsschreibe n un d Kreditbriefe n kontaktierte n si e vo r alle m da s dortig e Wirt -schafts- un d Bildungsbürgertum . Währen d di e traditionelle n Geschäftsreise n seh r vie l enge r au f de n ökonomischen Bereich ausgerichtet waren, besichtigten die patrizischen Reisenden gleichermaßen Biblio -theken un d Manufakturen , Theate r un d Naturalienkabinette , Schlösse r un d Hafenanlagen . Dies e breit e Orientierung wurde im Programm der bürgerlichen Bildungsreis e zu m generelle n Standard erhoben un d sogar noc h ausgeweitet . Di e Forderun g de r bürgerliche n Reisetheori e de r Aufklärun g lautete , de r Reisende soll e mi t möglichs t viele n verschiedene n Sozialschichte n un d Berufsgruppe n i n Berührun g kommen, un d e r solle sowoh l da s Leben de r Bauern au f de m Land e studiere n al s auc h dem Ho f eine n gelegentlichen Besuch abstatten. Zumindest al s Beobachter widmeten die bürgerlichen Bildungsreisende n ihr Interesse sehr viel mehr Bereichen, als die Adeligen. So studierten sie in den Städten die institutionell e Infrastruktur geradez u i n systematische r Weise . Da s besonder e Interess e de r aufgeklärte n Bürge r gal t dabei Einrichtungen, die dem Allgemeinwohl dienten . In den Städten, insbesondere in Paris, besichtigte n sie Gefängnisse und Irrenanstalten, Waisen- und Krankenhäuser, Schulen und Gerichte, wissenschaftlich e Institute, Klöster und Bibliotheken, dazu Sammlungen aller Art. Damit gewannen sie einen differenzierte -ren Einblic k i n di e sozial e Realitä t un d i n di e kulturell e Situatio n ihre s Gastlandes . Da s bürgerlich e Besichtigungsprogramm erstreckt e sich zumeist auf den öffentlichen urbane n Sozialraum. Denn gerade in einer Weltstadt wie Paris , die vo n Fremde n überflute t wurde , ware n di e Empfehlungsschreiben , wi e si e fast jede r Reisend e mi t sic h trug , of t wirkungslos . U m s o meh r registrierte n si e i n de r Fremd e da s Schicksal ihre r eigenen Landsleute , di e si e dor t antrafen . Au s de n Berichte n de r Reisende n lasse n sic h daher auc h wertvoll e Hinweis e gewinne n übe r di e Lebensweis e de r Deutschen , di e sic h länge r i n Frankreich aufhielten .

Schließlich lassen sich anhand der Reiseberichte ebenso die alltäglichen sozialpsychologischen Voraus-setzungen, Rahmenbedingungen und Barrieren kultureller Austauschprozesse analysieren . Aber für deren Analyse is t e s notwendig , di e heterogene n deskriptive n Befunde , di e di e Reiseliteratu r liefert , mi t de r Hilfe vo n neuere n soziologische n un d sozialpsychologische n Kategorie n un d Theorien z u ordne n un d aufzuschlüsseln. Daz u bieten sich verschiedene Modelle an, die sich wechselseitig ergänzen: das Konzep t der sozialen Integration , das im Bereic h der Migrationssoziologie ausdifferenzier t wurde , erlaub t es , die Situation der deutschen Minorität genauer zu beschreiben , sei sie nun auf Dauer oder - wi e im Falle der Reisenden - nu r auf Zeit zugewandert. Un d sozialpsychologisch e Theorien zu Intergruppenbeziehunge n können Anhaltspunkte und Analysekriterien für die genauere Beurteilung des Verhältnisses zwischen den Deutschen und den Franzosen üefern. Dies gil t im Speziellen für die Mechanismen, denen die Begegnun-gen unterlagen, die zwischen den verschiedenen sozialen Gruppen deutscher Touristen und französische r Einheimischer stattfanden. Ein derartiger Ansatz ermöglich t es , die wechselseitigen Wahrnehmungs- und Beurteilungsprozesse zwischen ihnen differenzierter z u erklären und verschiedene Faktoren zu benennen, die in diesem Zusammenhang wirksa m wurden.

Folgt ma n de n Modelle n de r Migrationssoziologie , s o ist e s sinnvoll , zwische n personale n un d umgebungsbedingten Faktoren zu unterscheiden, die die Anpassung der Zuwanderer an die Aufnahmege-sellschaft beeinflussen. Dabe i gilt es , auf der personalen Ebene motivationale und kognitive Dimensione n zu berücksichtigen. Und au s der Perspektive der Umgebung ist es wichtig, die assimilativen Möglichkei -ten de s Handeln s un d Verhalten s fü r di e Zuwanderer , di e Existen z vo n Integrationsbarriere n i n de r Aufnahmegesellschaft un d da s Vorhandensei n nicht-assimilative r Möglichkeite n eine s Leben s i n ih r i n Betracht zu ziehen. Diese Faktoren beeinflussen den Prozess der Assimilation der Zuwanderer, der in den mehr oder minder ausgeprägten Zustand ihrer Integration mündet, in einen Zustand also, der durch ihre gleichberechtigte Akzeptan z un d ei n spannungsfreie s Verhältni s zu r einheimischen Gesellschaf t gekenn -zeichnet ist . Betrachte t ma n da s Reise n al s einen spezifische n Sonderfal l de r Migration , s o kan n man -selbstverständlich mi t entsprechende n Nuancierunge n - versuchen , di e überlieferten Reisebericht e unte r diesen Perspektive n z u lesen . I n diese m Zusammenhan g is t au s eine r sozialpsychologischen Perspektiv e vor allem zu beachten, mit welchen Gruppen von Franzosen die Reisenden überhaupt in Kontakt kamen. Von besondere r Bedeutun g ist abe r auch , mi t we m si e sic h verglichen , au f welche r Dimensio n die s geschah, o b etwaig e Unterschied e al s legiti m ode r illegiti m bewerte t wurde n un d o b diese r Vergleic h positiv oder negativ für ihr soziales Selbstbild ausfiel . Insbesondere hinsichtlich der Bedeutung nationale r Vorurteile erweise n sic h di e Reisebeschreibunge n al s wertvoll e mentalitätsgeschichtlich e Quelle : o b e s

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Les voyageurs allemands en France 237

sich nu n u m di e positive n Vorurteil e de r frankophile n deutsche n Aristokrate n handel t ode r u m di e negativen Vorurteile der deutschen Bürger , die sich mehr gegen den eigenen Adel richteten al s gegen die Franzosen. Da s Sprichwor t »Reise n bildet « gil t abe r gerad e i n diese m Problemzusammenhan g nich t immer. Ei n oberflächlicher , konventionalisierte r Tourismu s ha t auc h i m 18.Jahrhunder t weni g daz u beigetragen, da ß Deutsche un d Franzose n sic h gegenseiti g differenzierte r betrachte t haben . Es bedurft e schon eines breiter gefächerten Netzes positiver, intensiver und gleichberechtigter persönlicher Kontakte , um bestehend e Stereotyp e aufzubrechen , di e out-grou p z u individualisiere n un d latent e ode r offen e Konflikte z u entschärfen. Wurde mit derartigen Kontakten die eigene soziale Identität aufgewertet, so fie l es sehr viel leichter, sich aus einer souveränen Position heraus auch in die Lage des anderen zu versetzen, aus seine r Perspektiv e sehe n z u lernen , Distan z z u de n eigene n Vorurteile n z u gewinnen , als o di e Fähigkeit zu r Empathie auszubilden. Gerad e diese Fähigkei t bilde t ein e wesentliche mental e Vorausset-zung fü r eine n produktive n Austausch . Den n si e erlaub t es , di e Vorzüge beide r Seite n differenzier t z u erkennen, dere n Fehle r toleran t z u akzeptiere n un d s o eine n wechselseitige n Lernproze ß einzuleiten . Unter diese m Gesichtspunk t konnte n di e institutionalisierte n Reiseforme n ein e wesentlich e Vorausset -zung fü r eine Verständigung beide r Völker untereinander bilden , die nicht zuletz t i n der multiplikatori -schen Wirkung persönliche r Begegnunge n begründe t lag . Dere n strukturell e Rahmenbedingungen , abe r auch ihr e individuell e Ausgestaltun g stell t ein e nich t unwichtig e Basi s fü r di e deutsch-französische n Beziehungen da r - un d dies nicht nur im 18 . Jahrhundert.