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Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH Exploiter pour conserver Comment les animaux d’élevage et plantes cultivées délaissés constituent un potentiel économique pour le développement rural

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Deutsche Gesellschaft fürTechnische Zusammenarbeit (GTZ) GmbH

Exploiter pour conserver

Comment les animaux d’élevage etplantes cultivées délaissés constituent un potentiel économique pour le développement rural

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Asociasión de Servicios Artesanales y Rurales (BOLIVIE)Convention sur le commerce international desespèces de faune et de flore sauvagesmenacées d’extinctionConvention sur la diversité biologiqueCentre de recherche pour le développementinternational (CANADA)Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agricultureInternational Center for Research in the Dry AreasInstituto Interamericano de Cooperación para la AgriculturaInternational Livestock Research InstituteInstitut africain pour le développement économique et socialAsociación Regional Integral de Ganadores en Camélidos Alto Andinos del Norte de La Paz (BOLIVIE)National Institute for Animal Health (VIETNAM)Organisation non gouvernementaleOrganización Regional de ProductosAgropecuariaos de Calientes (BOLIVIE)Projet de conservation et développement del’arganeraie (MAROC)Projet d’étude et de recherche sur les technologies endogènes de Guinée (GUINÉE)Projet de promotion de l’élevage d’aulacodes (BÉNIN)Social Forestry Development Project Song Da (VIETNAM)Programme écologique d’accompagnementpour les régions chaudes (GTZ)Union des coopératives des femmes pour la production et la commercialisation de l’huile d’argane biologique et des produitsagricoles (MAROC)Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture

Abréviations :

ASAR

CITES

CDBCRDI

FAO

ICARDA

IICA

ILRIINADES

ISQANI

NIAHONG

ORPACA

PCDA

PERTEGUI

PPEAu

SFDP

TÖB

UCFA

UNESCO

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Par plantes cultivées et animaux d’éle-vage délaissés, on entend les variétésvégétales ou animales qui par le passéexerçaient un rôle économique plusimportant que de nos jours ou encorecelles qui ne revêtent qu’une impor-tance régionale limitée. Or, certainesd’entre elles laissent entrevoir un poten-tiel commercial loin d’être pleinementexploité ainsi que des perspectivesintéressantes de partenariats de déve-loppement avec le secteur privé.

La Convention sur la diversité biologi-que (CDB – 1992) et son volet con-cernant sa mise en œuvre au niveau del’agrobiodiversité tout comme le Pland’action global (PAG) de l’Organisationdes Nations unies pour l’alimentation etl’agriculture (FAO) axé sur la conserva-tion et l’exploitation durable des res-sources phytogénétiques (1996) inscriventparmi leurs revendications une promo-tion et une exploitation accrues desplantes cultivées, des plantes sauvagesd’intérêt économique et des racesdomestiquées qui ont été délaissées ousont menacées d’extinction. Alors que ladiversité génétique est en recul constantdans ce domaine, l’identification précisedes potentialités des différentes res-sources et leur mise en valeur contri-buent d’une part à préserver la diversitégénétique et d’autre part à générer desrevenus ainsi qu’à favoriser la sécuritéalimentaire, notamment au profit despopulations pauvres.

Il existe encore, essentiellement dansdes conditions marginales, unemultitude de variétés et d’espèces sous-exploitées qui, pour certaines,

Dr de HaasBMZChef de divisionDéveloppement rural,alimentation mondiale

(1) E. Thies (2000) : Promising and underutilized species, crops and breeds. Projet sectoriel : « Gestion de l’agrobiodiversité dans les zones rurales », GTZ, Eschborn. Cette étude peut êtretéléchargée en fichier pdf sous http://www.gtz.de/agrobiodiv/pub/pub/htm.

ont été développées au fil des millé-naires par les paysans et les paysannes.S’il est vrai que leur rendement est sou-vent moindre, il s’avère en revancheplus constant, pouvant ainsi, mêmedans des conditions défavorables,contribuer à la subsistance des famillesde paysans.

Aux lecteurs souhaitant une informationplus approfondie et des renseignementssur l’état de la discussion au niveauinternational, nous recommandonsl’étude intitulée « Promising andUnderutilized Species, Crops andBreeds » (1).

Au travers de cette brochure, le projetsectoriel de « Gestion de l’agrobiodiver-sité dans les régions rurales » financé par le ministère fédéral allemand de laCoopération économique et duDéveloppement (BMZ) entend illustrerpar quelques exemples les potentialitésde développement offertes par les plantes cultivées et les races d’animauxd’élevage dites délaissées, celles-cioccupant d’ailleurs une place croissanteau sein de la Coopération technique.

Les exemples choisis – trois plantes cultivées et trois races d’animaux d’éle-vage – englobent différentes aires d’ha-bitat, des hautes vallées des Andes auxrégions arides en passant par les plainestropicales d’Asie du Sud-Est. Malgré leurhétérogénéité, tous ces exemples montrent clairement que chacune desressources génétiques décrites joue unrôle majeur au sens où elle concourt àassurer la subsistance des paysans et paysannes.

I. HovenBMZChef de divisionClimat, forêts, lutte contre la désertification et diversité biologique

Préface

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Ces améliorations, sensibles au planéconomique, constituent la base mêmede la protection du patrimoine paysagerlocal.

L’aide en faveur de l'ArganeraieBien que l'arganier joue un rôle impor-tant dans la vie culturelle des Berbèreset soit précieux en tant que source derevenus, il n'en reste pas moins vraiqu'aujourd'hui, cette essence estmenacée d'extinction. De graves séche-resses ainsi que la surexploitationengendrée par la misère expliquent ladisparition en moins d'une décennied'un tiers de la population d'arganiers.Le phénomène de déforestation continue de progresser sur les quelque800 000 ha restants.

Alors que dans un passé récent, 100arbres par hectare étaient dénombrés,aujourd'hui, ils ne sont plus que 30.Chaque année, environ 600 hectares deforêt d'arganiers disparaissent pourcéder la place aux cultures ou encorepour être utilisés comme fourrage, boisde chauffe ou bois d'œuvre. Il s'ensuitune baisse constante de la nappephréatique tandis que l'érosion du solprogresse et que la diversité biologiquedécline. Dans ce contexte, les sourcesde revenus de la population et ses conditions de vie se détériorent.

Cette crise est à l'origine desrecherches lancées au début desannées 90 sur les moyens detirer profit des forêts indigè-nes tous en les protégeant.Parallèlement à des mesu-res de reboisement, plu-sieurs projets ont réussi,entre-temps, à amélio-rer les métho-des detransfor-mationdes

Dans le Sud-Ouest du Maroc, aux por-tes du Sahara, s'écrit l'histoire d'unmodeste succès sous la dictée d'unecoopération entre le Maroc etl'Allemagne. L'un des personnages cléde cette histoire est un arbre excep-tionnel, parfaitement adapté au milieuinhospitalier caractérisé par la pauvretédes sols et la forte chaleur du climat : ils'agit de l'arganier. Celui-ci figure parmiles plus anciens habitants du pays etl'huile extraite de ses fruits est particu-lièrement réputée. C’est d’ailleurs parceque cet arbre est typique de la régionque celle-ci a été baptisée Arganeraie.Cependant, la forêt d'arganiers ne cessede diminuer sous l'effet de la surexploi-tation. Aussi a-t-il été lancé un projetbasé sur l’exploitation durable de l'arga-nier. Il met en œuvre les méthodes tra-ditionnelles des femmes berbères pour

l'extraction de l'huile tout en garantis-sant des normes de qualité et favorisantla mise sur le marché des produits. Ceprojet entend ainsi concilier des objec-tifs qui a priori peuvent sembler contra-dictoires: la protection de la nature etl'activité économique. Les coopérativesde femmes fondées à cette fin dans larégion ont déjà profité à la populationpauvre et à l'environnement. Grâce àl'augmentation des revenus familiaux,les femmes de la campagne jouisentégalement d'un respect accru.

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Protéger la nature tout en l’exploitant :l'arganier au Maroc

Aujourd'hui, l'arganier (Argania spinosa)ne se trouve plus qu'au Maroc. Cet arbreépineux d'une taille de 8 à 10 mètrespeut vivre jusqu'à plus de 200 ans et s’avère parfaitement adapté aux condi-tions climatiques semi-arides. En cas desécheresse persistante, il freine sesbesoins nutritifs en réduisant son feuil-lage. A l'arrivée de pluie, de nouvellesfeuilles repoussent et l'arbre reprend sacroissance normale. Grâce à son systèmeracinaire profond, il permet de luttercontre l'érosion hydrique et éolienne.

L'arganier

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produits de l'arganier. A la suite decette réorientation, la région a rejoint en1998 le réseau mondial des réserves dela biosphère qui fait partie du program-me « L'homme et la biosphère » (MAB)lancé par de l'UNESCO. Une des carac-téristiques principales réside dans lacoopération avec la population localedont les besoins doivent être conciliésavec la conservation et la protection decet écosystème unique.

La planification participative appliquée à l'Arganeraie, réserve de la biosphèreEn 1995, la Gesellschaft für TechnischeZusammenarbeit (GTZ) GmbH a lancéle projet maroco-allemand intitulé « Conservation et développement del'arganeraie » (PCDA). Il a pour missionprincipale de mettre au point desstratégies de développement durablepour la réserve. A cette fin, la popula-tion rurale constitue un partenaireimportant. Dans cinq villages test, desstratégies ont été mises au point pourvaloriser et commercialiser les produitslocaux. Dans ce cadre, on a commen-cé tout d'abord par créer une structurereprésentant tous les acteurs con-cernés : habitants, administration etcoopératives. Pour répondre auxbesoins spécifiques de la population,des collectivités ainsi que des admini-strations publiques responsables enmatière de chasse, de forêts et deconstruction hydraulique, les droitsd'exploitation et de propriété ont faitl'objet d'ajustements. En outre, un programme de recherche scientifiqueet de formation a pu être élaboré encollaboration avec les institutionsrégionales de recherche scientifique.

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Outre ses vertus alimentaires et nutri-tionnelles, l'huile d'argan a une place dechoix dans la médecine traditionnelleberbère. Elle est utilisée pour soigner lesmaux d'estomac et d'intestins, elle a uneaction stimulante sur la fonction cardia-que et le métabolisme, elle contribue àréduire le taux de cholestérol et à ren-forcer le système immunitaire. L'huiled'argan aurait également une actionfavorable sur les problèmes de stérilitémasculine et féminine. Au Maroc, savaleur est reconnue pour les soins de lapeau et des cheveux. Aujourd'hui, cer-tains fabricants de produits cosmétiquesproposent des produits à base d'huiled'argan.

Les vertus de l'huile d'argan

Des produits con-currentiels assu-rent des revenusQuelque 3 millionsde personnes tirentdes revenus de l'ar-ganier et de sesproduits tradi-tionnels, qu'il s'agis-se de fourrage,d'huile ou de bois. Partant de là, leprojet cherche à motiver la populationpour qu'elle protège l'arbre et son éco-système. L'amélioration du potentielcommercial des produits sur le marchénational comme à l'étranger profite eneffet à l'économie locale dans sonensemble. Aussi la diversification de lapalette de produits a-t-elle été inscriteau rang des priorités lors de la miseen place de la réserve de la biosphère.

Avec le concours de la GTZ a étécréée l'Union des coopératives desfemmes pour la production et la com-mercialisation de l’huile d’argan biolo-gique et des produits agricoles (UCFA).Cette organisation réunit 13 coopérati-ves réparties sur l'ensemble de la ré-gion. L'UCFA se charge principalementde la mise sur le marché des produitsde la marque Tissaliwine®. En 2000,l'UCFA a été agréée pour utiliser lelabel d’huile d’argan certifiée biolo-gique. En outre, les produits, qui sont proposés essentiellement enAllemagne et en France, peuvent por-ter la mention de « Produits de laRéserve de la Biosphère Arganeraie ».

Parallèlement au projet de coopérationmaroco-allemand – en partie grâce ausoutien d'organisations appuyées pard'autres Etats, telles OXFAM ou leCentre de recherche pour le dévelop-pement international (CRDI) –, onassiste à la création d'autres coopéra-tives productrices d'huile d'argan ainsi qu'à l'ouverture de nouveauxdébouchés à l'exportation sur lesmarchés des produits cosmétiques etdiététiques dans l’hémisphère nord.

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La hausse du niveau de vie à l’échellemondiale devrait se traduire à l’avenirpar des changements alimentaires quitoucheront aussi l’Afrique. D’ici 2020,la quantité de viande préparée dansles casseroles et marmites des foyerssubsahariens sera, selon les prévi-sions, trois fois supérieure à celleconsommée il y a dix ans. Or, les ani-maux d’élevage courants ne permet-tent pas de répondre à cette demandeaccrue et déjà, on constate une inten-sification de la chasse. D’ailleurs, tra-ditionnellement, la viande de gibierconstitue une source importante deprotéines animales: ainsi, en Afriquede l’Ouest, environ 16% des besoinsdans ce domaine sont couverts par les produits de la chasse. Au Bénin, le BMZ et la GTZ apportent leur sou-tien à une station d’élevage destinée à domestiquer des races sauvages. Ses prestations visent à encourager lespetits paysans à pratiquer l’élevage,l’objectif étant de générer des emploiset des revenus complémentaires enmilieu rural et plus généralement decontribuer à renforcer la sécurité alimentaire et le développement économique.

L’aulacode, une viande très priséeSi l’on considère la faune sauvage enAfrique de l’Ouest, l’aulacode est toutparticulièrement apprécié du point devue culinaire. En 1996, sur les 120 000tonnes de gibier chassé en Côted’Ivoire, cet animal herbivore en consti-tuait à lui seul pas moins de 17%. Cetteviande réputée, qui ne fait l’objet d’au-cun tabou quant à sa consommation,est très demandée dans les restaurantsproposant de la viande de gibier. Autrepreuve de sa popularité, des cubes debouillon concentré parfumé à l’aulacodefumé sont commercialisées depuis peudans certains pays d’Afrique de l’Ouest.Mais la pratique accrue de la chassecontinue de décimer la population d’au-lacodes dans plusieurs régions.

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La domestication d’un animal sauvageEn raison des prix très intéressantsobtenus sur les marchés urbains pour laviande d’aulacode, un certain nombrede petits paysans du Bénin ont déjàcommencé il y a quelques dizainesd’années à élever des aulacodes en cap-tivité. Dans le Sud du pays notammentoù 30% des exploitations agricoles sontmenacées de disparition en raison deproblèmes liés à la répartition des ter-res, cette nouvelle activité laisse entre-voir des perspectives de revenus com-plémentaires. Afin de rendre accessibleaux petits producteurs l’élevage et lareproduction de ces animaux, le minis-tère béninois du Développement agri-cole a décidé de lancer le projet dePromotion de l’élevage d’aulacodes(PPEAu), soutenu depuis 1985 par leBMZ. Pendant une première phase duprojet, jusqu’en 1986, la station d’éleva-ge de Godomey, située non loin de lacapitale Cotonou, a constitué un effectifde reproduction en se procurant desaulacodes sauvages. Elle a ensuite déve-loppé le savoir-faire nécessaire à ladomestication des aulacodes tout ens’appuyant sur les conclusions de tra-vaux de recherche fondamentale.

De la station d’élevage aux petitesexploitations agricoles Grâce à un travail de sélection, le projetappuyé par la GTZ a réussi à stabiliserles performances de l’effectif de repro-duction. Parallèlement, des projets-

L’aulacode

L’aulacode, plus communément connusous le nom d’agouti (Tryonomys swinde-rianus) est, après le porc-épic, le deu-xième gros rongeur d’Afrique. A maturité,il atteint une taille comprise entre 40 et 60cm et un poids variant entre 3 et 4,5 kg.Très répandu dans les savanes d’Afriquetropicale, on le trouve également auxabords de zones humides, à proximitédes marécages, dans les plantations decanne à sucre ou encore dans les champsdes paysans, d’où sa réputation de préda-teur. Parmi les ennemis naturels de l’aula-code figurent le serpent python, d’autrescarnivores ainsi que l’homme qui le chas-se pour consommer une chair très appré-ciée. Cet animal nocturne vit en groupede trois à 12 individus – un mâle et deuxà trois femelles ainsi que leurs portées.Pendant la journée, ils se réfugient volon-tiers dans les hautes herbes ou dans lestrous creusés par d’autres animaux.

L’élevage paysan pour la chasse :

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pilotes ont fourni les premières donnéesconcernant l’examen de la faisabilité del’élevage d’aulacodes à l’échelle d’uneproduction artisanale.

Partant de ces données commerciales,un système de suivi et d’évaluation(S&E) mis en place dans les exploita-tions pilotes a permis ensuite de détemi-ner les conditions dans lesquelles cetélevage s’avérait rentable. En outre, leprojet a élaboré une stratégie de vulga-risation visant à obtenir des effets delarge portée.

La stratégie de vulgarisationDans un premier temps, c’est la stationd’élevage qui a assuré les activités devulgarisation auprès des exploitationspilotes. Puis, les tâches dans ce domaineainsi qu’en matière de formation ont été confiées progressivement aux orga-nisations d’autopromotion des paysansafin de promouvoir un développementautonome. Cette approche permetégalement de pérenniser la mise encommun de l’expérience et l’initiationdes novices, ces activités étant égale-ment transférées aux membres des asso-ciations d’éleveurs et de reproducteurs.Entre-temps, environ 75% des débutantsen matière d’aulacodiculture – parmilesquels on observe un nombre crois-sant de commerçants et de fonctionnai-res – sont formés par leurs pairs plusexpérimentés.

Les perspectives au BéninEntre-temps, la mission de la stationd’élevage est orientée vers les presta-tions marchandes telles que l’élevagede reproducteurs et les activités devulgarisation connexes ainsi que versla coordination des formations, leconseil et la recherche. L’objectif estde pérenniser l’aulacodiculture et sondéveloppement au Bénin afin d’atté-nuer la pression de la chasse sur lespopulations d’animaux sauvages.

Actuellement, plusieurs organisationsnon gouvernementales internationales(ONG), notamment US-Peace Corps(Corps américain pour la Paix) etl’ONG danoise Bornefonden, partici-pent à l’essor de l’élevage d’aulaco-des. L’Institut international de recher-che en élevage (ILRI) au Kenya etl’Institut africain pour le développe-ment économique et social (INADES)en Côte d’Ivoire souhaitent soutenir le

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Une enquête menée en 1996 auprès desexploitations a prouvé la rentabilité del’élevage des aulacodes. Les producteursperformants ont réalisé des gains sup-plémentaires allant jusqu’à 500 Eurospar an. Au Bénin, ce montant corres-pond approximativement au salaireminimum garanti par l’Etat dans unemploi du secteur économique formel.Actuellement, l’objectif économique prio-ritaire est de multiplier le nombre dereproducteurs pour accroître le cheptelinitial, l’élevage d’animaux pour la pro-duction de viande demeurant marginalpour l’instant. Une étude portant sur lamise sur le marché des animaux sauva-ges et domestiques révèle un potentielcommercial considérable. Il faut bientôts’attendre à ce qu’un nombre croissantd’éleveurs se lancent dans l’élevage desaulacodes pour la production de viandeou que des exploitations soient crééesexclusivement dans ce but. La hausseconstante du nombre d’élevages – fin1999, le Bénin en comptait 500dûment enregistrés – aura égale-ment un impact positif sur lasituation de l’emploi.

Une rentabilité avérée

développement régional de l’au-lacodiculture en Afrique del’Ouest et en Afrique centrale.

Un secrétariat de l’aulacodi-culture pour l’ensemble ducontinentA Godomey, il ne se passe pasune semaine sans qu’arrivent à lastation d’élevage des demandesde renseignements sur l’élevagedes aulacodes, bon nombre d’en-tre elles provenant des pays voi-sins. Pour parvenir à y répondrede manière compétente, la créa-tion d’une structure paraît in-dispensable, d’où l’idée de mettreen place prochainement, avec leconcours de la GTZ, un secréta-riat régional de l’aulacodiculture.

D’une production de niche, l’élevaged’aulacodes est en voie de devenir unvéritable créneau porteur, dont l’essors’est rapidement étendu bien au-delà dela partie méridionale du Bénin. Cecidevrait permettre de ralentir la diminu-tion vertigineuse en Afrique de l’Ouestde la population d’aulacodes sauvages àla chair si prisée tout en garantissantune activité rentable de production deviande assurant aux petits paysans unrevenu complémentaire sur toutel’année.

faire reculerl’aulacode au Bénin

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encore restreint, pour les colorantsnaturels. Voilà qui pourrait aussi offrirdes perspectives prometteuses pour El Salvador.

La relance de l’indigoPour que le Salvador puisse se placeravec succès sur le marché de l’indigo, il devra en premier lieu renouveler sesméthodes obsolètes de culture, derécolte et de transformation. Celles-ciengendrent des coûts élevés et unequalité très irrégulière de l’indigo. En1999, plusieurs organismes ont décidéde s’associer pour promouvoir la culture de l’indigo. Et c’est dans cecadre qu’a été lancé le projet appuyépar le BMZ et la GTZ de « Relance de la culture et de la transformation de l’indigo au Salvador ».

Les acteurs et les instrumentsLes acteurs de ce projet sont des parti-culiers, des coopératives et des entrepri-ses du secteur privé. Bien qu’animéspar des intérêts différents, ils englobenttous les éléments de la chaîne de création de plus-values : la culture etl’extraction de l’indigo, son utilisationen artisanat d’art ainsi que l’exportationvers les pays industrialisés. Il est mêmeenvisagé d’intégrer la production et latransformation de l’indigo dans un projet d’écotourisme.

En ce qui concerne la production d’indigo, le principal concurrent duSalvador est l’Inde, pays imbattable surle plan des salaires. Aussi est-il néces-saire de développer des avantages com-paratifs à rechercher en premier lieu auniveau de la qualité du colorant et de lateneur accrue des arbrisseaux en indi-gotine. Par conséquent, le projet sou-tient l’introduction de variétés plus per-formantes, la réalisation d’activités devulgarisation concernant la culture et larécolte de l’indigo ainsi que des mesu-res d’amélioration des techniques d’ex-traction. A cela s’ajoutent des actions deformation et un travail visant à soutenirla commercialisation sur les marchésinternationaux ainsi que la garantie desnormes de qualité. Des crédits spéciauxont été débloqués pour financer lesinvestissements requis.

La commercialisationPour faciliter l’accès aux marchés inter-nationaux, il est prévu d’introduire auSalvador un label national. Si cet objectif

En Amérique centrale, la culture et l’uti-lisation de l’indigo, ce colorant bleuappelé añil en espagnol, remontent àdes temps très anciens, bien avant l’é-poque coloniale. En effet, les Mayassavaient déjà extraire cette substancedont ils se servaient pour teindre étoffeset céramiques. De surcroît, ils utilisaientles feuilles de l’indigotier comme remè-de traditionnel pour se soigner. Ainsi,au Salvador, cette plante a, pendant longtemps, joué un rôle économique etculturel majeur. Bien avant la domina-tion coloniale des Espagnols et jusqu’àl’indépendance, l’utilisation de cettematière colorante qu’est l’indigotine a

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Le retour d’un colorant ancestral : l’indigo au Salvador

constitué un secteur économique d’uneimportance cruciale. Jusqu’à la fin du19e siècle, l’indigo figurait parmi lesprincipaux produits d’exportation duSalvador qui, dans ce domaine, étaitl’un des premiers fournisseurs del’Europe. C’est la mise au point de colo-rants synthétiques meilleur marché quia signé l’arrêt de mort de la culture del’indigo, au point même que les arbris-seaux menaçaient de disparaître.Cependant, on a constaté ces dernièresannées l’apparition d’un marché, certes

Sous forme sauvage ou cultivée,Indigofera est une plante très répandueen Amérique centrale. I. guatemalensiset I. suffructicosa – autrefois classéessous I. anil – sont les principales variétés cultivées. Il est prouvé que l’utilisation au Mexique et en Amériquecentrale de cette plante tinctorialeremonte au VIème siècle. L’indigo est un précieux colorant traditionnel employépour teindre les étoffes ou les céra-miques. Il est extrait principalement des différentes espèces d’Indigofera, et d’I.tinctoria. La teinture à l’indigo était déjà connue des Egyptiens vers 4000avant J. –C.

L’origine et l’aire de distribution

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Toute la difficulté de l’extraction de l’indigo réside dans la durée et la com-plexité des différentes étapes du travail.Dans un premier temps, il faut cueillirles plantes sans en abîmer les feuilles.Ces dernières sont mises à tremper dansde l’eau chaude alcaline afin de libérerl’indican, glucoside incolore. Combinéavec l’oxygène, il donne ce colorant bleuou indigotine qui, par la suite, est soumisà un séchage lent. Au Moyen Âge, l’en-semble de la procédure ne durait pasmoins de 12 semaines. Au Salvador, on a réussi à limiter à 7 jours la durée decette méthode artisanale d’extraction de l’indigo.

Un projet de recherche axé sur les tech-niques traditionnelles et soutenu par unorganisme canadien, le Centre de recher-che pour le développement international(CRDI), a réussi à mettre au point enGuinée une nouvelle méthode d’extrac-tion de l’indigo. Celle-ci comprend unefermentation en conditions d’anaéro-biose (milieu dépourvu d’oxygène), suivied’une filtration et d’un séchage au soleil,le tout durant moins de deux jours. Lapoudre ainsi obtenue permet de fairedes bains de teinture aussi facilementqu’avec des colorants sythétiques. Enoutre, la quantité de résidus solides etliquides est dix fois moins importante.Enfin, les émanations nauséabondes desbains traditionnels sont évitées, ce quiaméliore considérablement les condi-tions de travail.

L’extraction du célèbre colorant bleu

suppose un organisme de marketingcentral, la culture et l’extraction de l’indigo, quant à elles, requièrent desstructures décentralisées. Actuellementest en cours de création une entreprise àlaquelle seront associées les différentesinitiatives. Celles-ci projettent égalementde fonder une association reconnued’utilité publique qui prendra en chargele volet formation et recherche au profitde ses membres. Ce statut particulierest indispensable pour collecter des

subventions.

Le développement des techniqueset les perspectives économiquesL’analyse des procédés de transforma-tion de l’indigo au Salvador a permis de constater que les techniques tradi-tionnelles mises en œuvre renfermentun potentiel de développement trèslimité. En outre, elles ne satisfont pasaux critères de qualité qui assureraientle succès du lancement sur le marché.Par conséquent, en coopération avecl’Université de Salvador, il a été décidéd’inventorier les procédés d’extractionde l’indigo utilisés dans les autres payset de les examiner sous l’angle de leurreproductibilité dans les conditionslocales.

Une qualité constante doublée d’uneforte teneur des plantes en indigotineest la condition sine qua non de lapénétration de l’indigo salvadorien surles marchés internationaux. Si l’on réus-sit à atteindre cet objectif, alors ildevrait être possible de trouver desdébouchés à un niveau de prix élevé.En outre, l’amélioration des culturesd’indigotiers et la mise sur le marchéd’un colorant naturel haut de gammedevraient permettre de trouver de nou-veaux créneaux. Au Japon, par exem-ple, il existe une demande en étoffesteintes, d’où des perspectives dedébouchés supplémentaires. Enfin,

depuis que la recherche a constaté l’existence dans cette plante de substances susceptibles d’être utiliséespour la lutte contre le cancer, il fauts’attendre à des besoins croissants enfeuilles séchées.

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Depuisdes millénai-

res, les races loca-les d’animaux d’éle-

vage ont permis d’ap-provisionner les marchés du

Vietnam en viande savoureuse.Presque chaque foyer de petits paysansa son enclos non loin de la maisond’habitation avec un ou deux cochonsqui leur servent de source de revenu.Ce sont des animaux robustes et facilesà élever, tendant toutefois à produire dela graisse.Pour augmenter le rendement en vian-de, des races à grande production ontété importées et croisées avec les raceslocales. Au cours des 10 à 15 dernièresannées, les races exotiques se sont lar-gement imposées au point d’évincer denombreuses races pourtant bien adap-tées aux conditions locales. Or, lespetits producteurs agricoles ont besoinde ces animaux peu exigeants qui, parailleurs, sont d’une valeur inestimableen tant que ressources génétiques pourles futurs programmes d’élevage. Cetteévolution n’a pas épargné le cochon Ivietnamien qui, lui aussi, a presquetotalement disparu. Aussi a-t-il été déci-dé de lancer un programme d’envergurenationale visant à préserver les ressour-ces zoogénétiques. Dans ce cadre, despaysannes sont initiées à l’élevage decette race porcine menacée d’extinction.Les porcelets de race pure sont conser-vés tandis que les portées issues deparents ayant subi des croisements avecdes races plus productives peuvent êtremises en vente sur les marchés notam-ment par les paysannes.

La conservation du cochon Ipar les paysansLancé en 1990 par le gouvernementvietnamien, le Programme national de préservation des ressources zoo-génétiques réunit en son sein plusieurs

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De la viande de qualité fourniede disparition : le cochon I

Le cochon I

projets dont bénéficient actuellement 19races d’animaux d’élevage. L’organismeresponsable est l’Institut de santé ani-male (NIAH) à Hanoi. La particularitéde cette initiative réside dans le fait queces projets de conservation des ressour-ces génétiques sont réalisés en coopéra-tion avec les paysans, le groupe cibleétant constitué par les producteurs à fai-bles revenus qui n’ont pas les moyensde s’acheter et d’élever des animaux derace à haut rendement et qui par consé-quent sont tributaires des races locales.Un de ces projets se consacre au sauve-tage du cochon I. Il cherche non seule-ment à maintenir cette race porcine,mais aussi à améliorer la situation éco-nomique des petits paysans Kinh éle-veurs de porcs peuplant cette région deplaine qu’est la province de Thanh Hoa.Avec 90% de la population, les Kinh yconstituent le principal groupe ethni-que. Spécialisées en riziculture, lesexploitations sont d’une surfacerestreinte, réduisant au minimum lespossibilités de cultures fourragères.Pourtant, leurs produits agricoles suffi-sent à alimenter les marchés du pays.En règle générale, ces foyers de petitspaysans possèdent quelques truiesreproductrices dont les portées sontdestinées à la vente. Parfois, ils élèventdes cochons à l’engrais en sus ou aulieu des truies.

Un sauvetage systématiqueLa constitution d’une population decochons I et la conduite de l’élevage

Le cochon I (Lon I en vietnamien) serencontre surtout dans le delta du FleuveRouge où il s’avère bien adapté aux con-ditions du milieu marqué par une fortehumidité et des inondations fréquentes.Parmi les principales qualités de cetterace porcine figurent sa grande résis-tance aux maladies ainsi que son ali-mentation frugale. Ce cochon au ventrependant, à la peau noire et au dos affais-sé, atteint un poids variant entre 50 et 60kg pour une taille au garrot d’environ 35cm. Il est de tempérament paisible, offreune viande de bonne qualité, riche enmatières grasses. Les paysans apprécientle cochon I notamment en raison de laprécocité de sa maturité sexuelle (dèstrois à quatre mois), de son instinctmaternel développé et de sa longévité.

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par des races en voiesur les étals

Il n’existe pas de données fiables per-mettant de quantifier la population tota-le de cochons I au Vietnam. Selon laFAO, le nombre de truies reproductricesest tombé de 675 000 à quelque 1 000spécimens pendant la période compriseentre 1991 et 1997. Pour le NIAH, dès1989, il ne restait plus que 463 truiesd’élevage dans la province de ThanhHoa. La régression rapide du cheptelainsi que la quasi disparition de la races’expliquent essentiellement par la fai-blesse des revenus tirés de l’élevage d’a-nimaux de race pure en comparaisonavec celui de porcs issus de croisementsavec des races à plus haut rendement. Leprogramme lancé par le NIAH a démarréen 1994 avec une sélection comprenant2 mâles et 20 femelles destinés à lareproduction. Depuis, ils forment uncheptel de reproducteurs selon un sché-ma de sélection à noyau fermé. Les ver-rats sont tous issus du même père, d’oùune variabilité génétique très réduite ausein du groupe. Pour des raisons desécurité, 2 mâles et 2 femelles demeurentà Hanoi, l’essentiel du noyau se trouvantà Thanh Hoa.

La population de cochons I et l’ampleur de la menace

• Pour assurer la pérennité du program-me, il faudra à terme passer d’une production subventionnée à une pro-duction axée sur le marché. En raisonde l’excellente qualité de la viande, les cochons I pourraient être vendus à des prix plus intéressants auprès des consommateurs des grandes villesdotés d’un meilleur pouvoir d’achat. Mais jusqu’alors, les paysans Kinh de la province de Thanh Hoa n’ont pas accès à ce groupe d’acheteurs poten-tiels, d’où la nécessité de mettre au point une stratégie de commercialisa-tion spécifique.

• Pour éviter les problèmes de consan-guinité, il faudrait observer pour les troupeaux un schéma de sélection ànoyau ouvert. Ceci requiert la mise enplace d’un enregistrement des généra-tions de lignage dans un livre généa-logique central. En outre, les expé-riences faites dans d’autres pays mon-

trent que la présentation de bonsreproducteurs dans les foires

d’élevage et dans les enchères,associée à une information

compétente, stimule lesventes et élargit par la base

de conservation de ces ressources.

par les paysans Kinh sont soutenues demanière systématique par le NIAH. Lesfoyers concernés sont liés par contratrenouvelé tous les ans et résiliable surla base d’un accord mutuel. Pendant ladurée du contrat, le cochon I devientpropriété de chaque paysan contractant.Les conditions relatives à la conduite del’élevage sont stipulées dans le docu-ment, l’élevage à proprement dit rele-vant du paysan lui même. Celui-ci, dansle cadre du programme, reçoit une aidefinancière à titre de compensation pourson manque à gagner dû au rendementinférieur de cette race. Cette allocationdoit également permettre l’achat defourrage, d’aliment minéral ainsi que demédicaments pour soigner le bétail.

Le NIAH projette de créer une banquedu sperme et à plus long terme, de pro-duire des embryons de races animalesmenacées. Dans l’optique d’un projet decartographie génétique, on a déjà com-mencé à collecter et stocker des échan-tillons sanguins de cochons I. Afin deréduire les risques de consanguinité ausein de la population très peu nom-breuse de cochons I, le NIAH prospecteactuellement pour trouver des individusdans des régions reculées de la provin-ce de Thanh Hoa ou bien encore dansles jardins zoologiques à l’étranger.

Pérennisation du cheptelAvec le concours du projet sectoriel« Gestion de l’agrobiodiversité dans lesrégions rurales » et du « Programmeécologique d’accompagnement pour lesrégions chaudes » de la GTZ (TÖB),une équipe de l’université de Hohenheima étudié et évalué, de 1999 à 2000, leprogramme de conservation des res-sources génétiques du cochon I. Elle a rédigé des recommandations quis’articulent autour de deux axes majeurs :

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Ce sont des navigateurs portugais ethollandais qui ont introduit en Afriqueet en Asie la pourghère, cette plantequ’ils avaient découverte en Amériquecentrale au cours de la colonisation. Cet arbuste méconnu sous nos latitudesmais répandu dans les pays en dévelop-pement appartient au genre des jatro-phes (Jatropha). Peu exigeant, il poussemême sur des sols pauvres, là où d’autres cultures arriveraient tout juste àvégéter. En raison de sa diversité d’usa-ges, la pourghère est très appréciée : les paysans s’en servent pour formerdes haies vives autour des jardins et deschamps; les femmes l’utilisent pour lafabrication de remèdes traditionnels etde savons; enfin, source d’énergierenouvelable et bon marché, elle per-met de fabriquer un carburant pourpetits moteurs, une utilisation en progression ces dernières années.Cependant, bien que fort répandue, lapourghère – dont les graines à l’instardu ricin auquel elle est apparentée ontune forte teneur en huile – demeureinsuffisamment valorisée en agriculture.C’est pour cette raison qu’a été mis aupoint, dans le cadre de la Coopérationtechnique, le « Système Pourghère ». Ils’agit d’une stratégie intégrée de déve-loppement rural offrant une corrélationétroite entre production d’énergie, pro-tection de l’environnement et généra-tion de revenus.

La pourghère, une surdouéeLes utilisations multiples de la pourghè-re reposent sur le savoir-faire des pay-sans et paysannes. Sa valorisation parl’introduction de nouvelles techniquespermet de tirer pleinement parti dupotentiel écologique et économiqueoffert par cette ressource naturelle.

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Une plante à fort potentiel écologique etéconomique : la pourghère

• Dotée d’un système racinaire dense etpeu profond, la pourghère, qu’elle soitsous forme de buissons, d’arbres ou detouffes, protège les sols de l’érosionhydrique en cas de violentes pluies.Cette plante, dont les graines sont toxi-ques, repousse les bœufs et les chèvresen raison de son odeur et de son goût.Elle convient donc bien en haie vive.En Afrique de l’Ouest, en Guinée, auMali et au Burkina Faso par exemple,les paysans s’en servent pour délimiterleurs champs et les protéger du bétailen quête de nourriture ou des trou-peaux errants.

• En médecine traditionnelle, les femmesutilisent graines, feuilles et huile poursoigner tout un éventail de maux chezl’homme comme chez l’animal. Au Mali,la pourghère est utilisée comme purga-tif, comme antiseptique ainsi que poursoigner les maladies de peau et les dou-leurs rhumatismales. Au Nigeria, le sucextrait de la partie ligneuse aide à gué-rir les blessures. Les nombreux remèdestraditionnels tirés de Jatropha et utilisésdans différents pays sont recensés etdocumentés. Entre-temps, ils ont faitl’objet de plusieurs études scientifiquesqui ont démontré leur efficacité.

• A l’instar du neem, la pourghère permetde confectionner des extraits utilisablescomme pesticide biologique. A l’issuede séries d’essais, on a constaté quel’huile ou ses extraits avaient des effetstoxiques sur de nombreux ravageursinfestant notamment le coton, les légu-mineuses, le maïs et le sorgho. Enoutre, selon des tests effectués en labo-ratoire, les extraits obtenus à partir desgraines ou des feuilles agissent sur leshôtes intermédiaires de certains parasi-tes (douve hépatique et bilharziose).

• Traditionnellement, les femmes, notam-ment en Afrique de l’Ouest, se servent

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de l’huile contenue dans les graines depourghère pour fabriquer du savon.Cependant, la méthode utilisée deman-de beaucoup de travail et la qualité dusavon obtenu s’avère médiocre. Desessais réalisés à Bombay par la sociétéindienne Tata Oil Mills Company ontmontré que la mise en œuvre deméthodes de production modernes per-mettait de fabriquer un savon d’excel-lente qualité. De surcroît, les tourteauxde graines de pourghère peuvent servird’engrais, leur teneur élevée en azoteétant comparable à celle du fumier depoule.

• Depuis les années 80, des expériencesvisant à tester l’utilisation d’huile depourghère comme substitut du dieselont été réalisées dans le cadre de pro-jets plus ou moins couronnés de succès.Un projet appuyé par le BMZ et la GTZet achevé entre-temps a constaté quedans les régions isolées, ce biocarburantétait capable de concurrencer le dieselimporté. Tout aussi important au moinsque l’avantage en termes de prix, l’autreatout principal réside dans le fait que cecarburant végétal produit sur place estdisponible toute l’année tandis que fré-quemment, l’huile minérale, à la saisondes pluies, ne peut pas être livrée dansles stations d’essence en raison du mau-vais état des pistes.

Le Système PourghèreLes multiples usages de la pourghèresont connus depuis des générations.Afin de développer ce potentiel, laGTZ, dans le cadre de différents projetsréalisés ces dernières décennies enAfrique et en Asie du Sud, a étudié laquestion de savoir comment valorisercette ressource en l’insérant dans une

La pourghère (Jatropha curca) est l’unedes 175 espèces regroupées dans lafamille des euphorbiacées. Originaired’Amérique centrale, elle est répandueaujourd’hui dans les régions chaudes dela planète. En tant que plante grasse, lapourghère se satisfait d’une pluviométriede 500 mm. Par conséquent, elle con-vient bien aux sites marginaux dotés desols pauvres et à faibles niveaux de pré-cipitations, pouvant ainsi peupler uneniche écologique sans entrer en concur-rence avec les plantes alimentaires. Elleest également capable de résister à delégères gelées tout comme elle peutpousser dans des régions à forte plu-viométrie. La multiplication se fait soitpar semis, soit par bouturage.

Répartition et écologie

approche intégrée de développementrural. Ce cheminement a abouti à lamise au point du Système Pourghère.L’huile tirée des graines ne se réduit pasau simple rôle de carburant. Elle estconçue comme un élément dont l’utili-sation est capable d’animer un circuitsocioéconomique combinant des effetsécologiques, économiques et généra-teurs de revenus. Le Système Pourghèreenglobe quatre aspects clé du dévelop-pement durable en milieu rural :• l’utilisation d’énergies renouvelables

(l’huile de pourghère pour l’éclairageet l’alimentation de moteurs stationnaires),

• le contrôle de l’érosion et améliora-tion du sol (plantation de haies, etc.),

• la promotion des femmes (grâce à laproduction de savon),

• la lutte contre la pauvreté (générationde revenus : commerce des graines,de savon, etc.).

Les expériences recueillies au seindes projets de la GTZ – au Mali ou enZambie par exemple – ont permis deconstater que le Système Pourghère s’avère efficace seulement si un certainnombre de conditions sont réunies dansla zone d’intervention. Ainsi, s’il estimpératif, en matière d’appui technique,de réaliser des actions de formation etd’instaurer des contacts avec les com-merçants et organisations au niveaulocal, il faut également prendre encompteles facteurs suivants :• pour introduire la pourghère sur un

nouveau site, il faut choisir des plantsd’une variété bien adaptée aux condi-tions du milieu et disponibles enquantité suffisante ;

• en ce qui concerne la production desavon, les villageois doivent pouvoirs’approvisionner en soude caustique ;

• l’extraction de l’huile dans les villagesnécessite l’installation de presses àhuile simples actionnées mécanique-ment ;

• les moteurs utilisés dans la régionconcernée doivent être capables defonctionner avec de l’huile végétale.

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La qualité, un potentiel commercialPour l’instant, faute de véritables struc-tures de commercialisation, la laine delama produite en Bolivie demeure àusage familial. L’industrie de transforma-tion se fournit en laine brute surtout auPérou, la qualité étant plus constante etles prix plus avantageux. Parmi les prin-cipaux critères de qualité figurent larésistance des coloris, la grande finessedes fibres ainsi que leur propreté. Or,en règle générale, les paysans boliviensne sont pas en mesure de satisfaire àces normes. En effet, beaucoup d’entreeux tondent encore à intervalles irrégu-liers, la laine obtenue n’est pas triée et

La laine de lama dans les foyersde paysans boliviens

Dans les Andes, les lamas jouent depuisdes millénaires un rôle essentiel pourl’homme et l’écosystème. Parfaitementadaptés aux conditions climatiquesextrêmes et au fragile équilibre écologi-que du milieu naturel, ils sont utiles àl’homme en tant que fournisseurs delaine, de viande et d’engrais ainsi quecomme bêtes de somme. Réputée poursa faible teneur en cholestérol et sarichesse en protéines, la viande de lamaest rarement commercialisée en Bolivie,mais consommée directement par lespaysans. Les Incas déjà appréciaientbeaucoup la laine du lama dont la toi-son offre toute une variété de teintes.De nos jours, cette matière première esttrès demandée par l’industrie textiledans le monde entier. En Bolivie andi-ne, les lamas ainsi que les alpagas,deux types de camélidés domestiqués,assurent la subsistance de quelque45 000 familles dans les régions ruralesdémunies que constituent les départe-ments de La Paz, Oruoro, Potosí etCochabamba. Cependant, malgré le fortpotentiel économique offert notammentpar ces fibres de qualité exceptionnelleque sont les poils de lama, l’élevage de

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ce camélidé est en régression constantedans plusieurs régions de Bolivie. Ils’ensuit une érosion de la diversitégénétique des lamas. Or c’est précisé-ment cette diversité qui permettra d’exploiter à long terme les capacitésd’adaptation exceptionnelles de ces ani-maux. Si les paysans se détournent del’élevage du lama, c’est notamment enraison de l’irrégularité des quantités delaine et de la souillure des fibres, ce quirend difficile la commercialisation deces produits provenant en outre derégions isolées. Les recettes parviennenttout juste à assurer la subsistance desfamilles des petits agriculteurs. Aussi lespaysans et les producteurs de laine dudépartement de Cochabamba ont-ilsdécidé de s’associer pour pratiquerl’élevage sélectif des camélidés et assu-rer le contrôle de la qualité de la laine.

Le lama (Lama glama) est l’un des quatre camélidés vivant en Amérique duSud. L’aire de répartition s’étend de lapartie méridionale de l’Équateur au sudde l’Argentine et du Chili. Les deux espèces domestiquées, le lama et l’alpaga(Lama pacos), se trouvent principale-ment dans les Andes péruviennes et boli-viennes. Quant aux deux espèces sauva-ges, la vigogne (Vicugna vicugna) et leguanaco (Lama guanicoe), elles demeu-rent sous protection. Grâce aux mesuresprises il y a 30 ans, les troupeaux devigognes ont repris progressivementvigueur. En revanche, les guanacos existent plus qu’en petits groupes épars.Ces quatre espèces fournissent une lainehaut de gamme très demandée sur lesmarchés internationaux et confetionnéeà partir de l’épais duvet de la toison.

Le lama

Laine et viande poursubsistance :

Contrairement à la laine d’alpaga dont35 % du volume produit (environ 200tonnes par an) sont transformés par l’in-dustrie textile bolivienne travaillant pourl’exportation, la quasi-totalité de la pro-duction annuelle de laine de lama est uti-lisée au niveau local, que ce soit pour lesbesoins familiaux des paysans ou sur lesmarchés de la région. La laine de lamasert à la fabrication de cordage et de sacsà pommes de terre ainsi qu’à la confec-tion artisanale de ponchos, de pull-overset de couvertures. En règle générale, lespaysans vendent une partie de leur lainebrute à des négociants qui se rendentrégulièrement dans les villages. Il n’y apas d’activités spécifiques pour promou-voir la commercialisation de ce produit.

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elle est souvent fortement souillée.Dans ces régions en partie enclavées, ladiversité génétique des peuplements delamas a été préservée, ce qui offre unpotentiel de développement en termesde sélection et sur le plan économique.C’est un point de vue que confirmentles conclusions d’une étude réaliséeconjointement par le projet sectoriel de« Gestion de l’agrobiodiversité dans lesrégions rurales » et le « Programme écologique d’accompagnement pour les régions chaudes » (TÖB) de la GTZen collaboration avec l’Université deHohenheim. Menée en 2000, cetteenquête chargée d’explorer les perspec-tives à long terme de la conservation etde l’exploitation durable des lamas aconstaté que la qualité exceptionnelledes fibres de laine dans la zone étudiée,et notamment la forte proportion de fibres fines, offrait des conditions favo-rables au développement d’une produc-tion de qualité pour l’industrie textilebolivienne.

Une production lainière contrôléePour redynamiser et améliorer l’élevagede lamas dans la région d’interventiondu projet englobant les hautes valléesreculées au nord de Cochabamba, a étécréée en 1999 l’association d’éleveursbaptisée ORPACA (OrganizaciónRegional de Productos Agropecuariosde Calientes). ORPACA travaille en liai-son étroite avec les organisations desproducteurs de laine. Afin de jeter lesbases d’un programme d’élevage effica-ce dans la région, un certain nombre demesures ont été prises : mise en placed’un centre d’insémination doté d’unesélection de lamas étalons, introductionde livres de lignage pour le cheptel etcréation d’un système de collecte dedonnées sur le volume de laine et laqualité des fibres fournies par les dif-férentes populations. La tonte régulière,une fois par an, des animaux a déjàpermis d’obtenir une qualité de fibresconstante. Désormais, le produit de latonte est déposé sur des bâches en plastique et non plus à même le sol, ce qui prévient la souillure de la lainebrute.

Une stratégie de commercialisationvisant aussi des débouchés internationauxLes besoins annuels de l’industrie textilebolivienne en fibres de laine de lamasont évalués à 300 tonnes. Afin de faci-liter la mise sur le marché de la lainede Cochabamba, il s’est avéré nécessai-re de créer une structure centrale decollecte avec triage des fibres selon lateinte et la qualité, d’où la décision duprojet de mettre en place une coopéra-tive de commercialisation. Les expérien-ces positives recueillies dans la régiond’intervention doivent profiter égale-ment à d’autres éleveurs en Bolivie.Aussi la Coopération technique envisa-ge-t-elle la réalisation de mesures visantà promouvoir le sens de la qualitéauprès des producteurs.Certes, il est encore rare de trouver sur le marché européen du fil de lainepeignée ou des étoffes manufacturés enBolivie. Mais des études, menées avecl’appui du Programme de partenariatprivé-public de la GTZ (PPP) et enassociation avec l’industrie textile alle-mande, sont en cours pour déterminercomment améliorer la mise en marchéd’une laine de qualité unique.

assurer la les lamas en Bolivie

L’association régionale des éleveurs decamélidés des hautes Andes au nord deLa Paz (ISQANI) est en mesure de payer àses adhérents un prix pour la laine brute25 à 35% supérieur à celui d’usage sur lemarché. Deux organisations d’éleveursainsi que deux prestigieux fabricants detextiles se sont associés pour permettrela réalisation d’une collection de vête-ments. Confectionnés les uns en purelaine d’alpaga, les autres mélangés à lalaine de lama (50% d’alpaga et 50% delama), ils portent la griffe ALPALLAMA.En 1997, cette collection a été présentéeau salon de la mode Moda Prima enItalie.

Le potentiel commercialde la laine de lama

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Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ) GmbHSection 4500 Développement ruralB.P. 518065726 EschbornAllemagne

Projet sectoriel : Gestion de l’agrobiodiversité dans les zones ruralesAnnette von Lossau, e-mail : [email protected] Weiskopf, e-mail : [email protected] internet : http://www.gtz.de/agrobiodiv

Projet sectoriel : Gestion des aires protégées et développement des zones périphériques (ABS/LISTRA)Rolf Mack, e-mail : [email protected] internet : http://www.gtz.de/listra

Auteur : Dr Andreas Drews, consultantJohann-Boppe-Str. 19, 65549 Limburg, e-mail : [email protected]

Rédaction/coordination : Ute Sprengel, conception rédactionnelle/consultante,Postfach 18 01 30, 10205 Berlin, email : [email protected]

Maquette : Wiebke Enwaldt, figur1 für kommunikation und gestaltungNeue Schönhauser Str. 15, 10178 Berlin, e-mail : [email protected]

Traduction : Brigitte NauletService linguistique de la GTZ

Photographies : Klaus Behr, cochon I ; Ute Lemke : lamas : Michaela Nürnberg,Javier Delgado ; arganier : Projet Conservation et Développement de l’Arganeraie(PCDA) ; indigo : Bengt Bohnstedt, Rhina de Rehmann, Ute Spreger ; pourghère : Reinhard Henning

Impression : Oktoberdruck, Berlin, mars 2003

Sur ordre du :