La Grande Evangile de Jean - Vol.5 (Jacob Lorber)

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    GRAND

    VANGILE

    DE JEANTOME 5

    Rvlations du Christ Jacob Lorber

    Traduit de l'allemand

    par Catherine Barret

    HELIOS

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    Titre original : Johannes, das Grosse Evangelium, Band 5.

    Empfangen vom Herrn durch Jakob Lorber.

    Lorber Verlag, Postfach 1851,

    D-74308 Bietigheim-Bissingen.

    Pour la traduction franaise :

    Editions HELIOS 1996Case Postale 3586

    CH-1211 Genve 3

    ISBN 2-88063-138-7

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    Jsus dans la rgion de Csare de Philippe

    Matthieu, chap. 16 (suite)

    Chapitre premier

    Le repas miraculeux

    1.Je dis : Mais il est dj une heure aprs midi. Marc, occupe-toi du repas ; MonRaphal t'aidera. Aprs le repas, nous verrons ce que ce jour peut encore nousrserver. Installez-vous tous aux tables, et toi, Raphal, avant de venir en aide Marc, fais disparatre de la ntre les deux masses crbrales.

    2.Raphal le fit en un instant, puis dit Marc : Dois-je t'aider selon votre manirehumaine, ou selon la mienne ? Dis-moi ce que tu prfres ! Cela ferait certes moinssensation si je t'aidais la manire humaine ; mais avec la mienne, nous gagnerionsbeaucoup de temps, et c'est une chose prcieuse ! Je ferai donc comme tu voudras,sans que tu aies dplorer la moindre ngligence.

    3.Marc dit : Ah, cleste ami, il serait certes bien prfrable d'apporter les plats surles tables ta manire si rapide car, malgr le renfort des serviteurs de Cyrnius,il faudra bien du temps pour servir tant de monde ; mais il y a autre chose : les platssont encore loin d'tre prts en quantit suffisante ! Aussi, si ton adresse surnaturellepouvait y remdier, c'est l d'abord qu'elle serait le mieux employe ; sans quoi ilnous faudra encore une bonne demi-heure pour prparer tout ce qui doit tre apport.

    4. Raphal rpond tranquillement Marc : C'est bien ainsi que je l'entends :prparer au plus vite les mets et les boissons qu'il faut, et tout aussitt en couvrir lestables ! Je te le dis, il suffit de vouloir! Si tu le veux, un bref instant me suffira pourque tous les plats parfaitement prpars se trouvent sur les tables devant les convives!

    5. Marc dit : Ce serait certes fort bien ; mais les gens tiendront cela pour de lamagie cleste ; peut-tre ces plats leurs inspireront-ils une crainte biencomprhensible, et ils n'oseront plus gure y toucher surtout les Noirs, si attentifs tout ce qui se passe ici que rien ne leur chappe, coup sr !

    6. Raphal dit : Oh, c'est bien eux qui s'en formaliseront le moins, car ils sontaccoutums au merveilleux ! Et puis, il est dj tard, et le Seigneur a peut-tre mais Lui seul peut le savoir des projets fort importants pour aprs le repas ;

    l'vidence, il vaut donc mieux user de ma clrit d'esprit, car nul ne s'en offusquera.De plus, c'est le dernier repas de midi que le Seigneur prend ici, aussi n'est-il pasmauvais qu'il y paraisse un peu de merveilleux ! N'es-tu pas de mon avis ?

    7.Marc dit : Absolument ; car toi qui es l'un des premiers esprits des cieux, tu doissavoir et comprendre bien mieux que moi ce qui convient en une telle circonstance.Aussi, fais exactement comme bon te semble !

    8. Aprs cette rponse de Marc Raphal, tous deux se rendent la cuisine o,comme l'habitude, l'pouse, les filles et les fils de Marc ainsi que plusieurs

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    serviteurs de Cyrnius s'affairaient fort, sans tre pourtant parvenus prparer plusde la moiti de ce grand repas.

    9.Marc dit alors : Oh, mais nous n'aurons jamais fini avant une heure !

    10. Son pouse dit : Ah, mon cher poux, ni toi ni moi ne pouvons faire de

    miracles, et il n'y a pas moyen d'aller plus vite. En attendant, il faudra prendrepatience.

    11.Marc dit : J'ai une meilleure ide : toi et nos filles, laissez tomber marmites etfourneaux ; Raphal est un merveilleux cuisinier, et il viendra bien vite bout detout cela !

    12.L'pouse dit : Ce serait une bonne chose ; car tout le monde ici est bien fatigu! Alors, cuisiniers et cuisinires laissent l leur tche, etRaphal leur dit : Vouspouvez vous mettre table vous aussi ! Tout est servi, et les convives mangent dj.Vieux Marc, mon compagnon, viens t'asseoir avec moi. Pour une fois, c'est toi quigoteras de ma cuisine, et tu jugeras si je suis moi-mme bon cuisinier ! Quant ta

    femme, tes enfants et aux cuisiniers de Cyrnius, leur table est devant la maison,tout aussi bien servie que les autres.

    14. Tous sortent de la cuisine, et, devant les centaines de convives qui mangent etboivent aux tables,Marc, stupfait, dit Raphal : Ah, comment est-ce possible ?Tu ne m'as pas quitt un seul instant, et toutes les tables sont servies, et celavisiblement en grande abondance ! Tu n'as pourtant pas pu prparer un seul plat etencore moins le servir ! Je t'en prie, dis-moi comment tu as fait cela ; car en vrit,rien ne m'est plus difficile comprendre que ton inconcevable clrit, spcialementdans des actes qui, sur cette terre, ncessitent malgr tout un certain temps ! Encoreune fois, je t'en prie, donne-moi au moins une petite ide de la manire dont tu asprpar ces plats et du lieu d'o ils viennent. Car aucun des plats qui se trouvent sur

    ces nombreuses tables ne peut tre l'un de ceux qui sont dj prts dans ma cuisine,puisque je viens de les y voir l'instant, attendant encore d'tre emports !

    15. Raphal dit : C'est que tu as mal regard, car toutes tes provisions sontpuises ! Va donc voir si ce n'est pas vrai !

    16.Marc s'empresse d'y aller, et trouve cuisine et garde-manger parfaitement vides.Il revient, encore plus tonn qu'avant, et dit : Ah, mon ami, ce n'est plussupportable ! En vrit, je suis prt ne plus rien manger de trois jours si tu nem'expliques pas un peu comment tu as fait cela !

    17. Raphal dit : Mettons-nous d'abord table nous aussi, et nous en dironsquelques mots.

    18. L-dessus, Marc suit Raphal jusqu' notre table, o rgne dj une grandeanimation. Raphal se sert aussitt, mais pose aussi un beau poisson devant Marc etl'engage le manger. Comme Marc rclame l'explication de sa rapidit cuisiner et servir, Raphal lui dit aimablement : Pour l'instant, cher ami, mange et bois !Quand nous aurons tous deux suffisamment repris des forces grce ces mets et ces breuvages bnis, il sera temps de bavarder un peu ensemble propos de macuisine et de mon service !

    19. Marc se dcide enfin imiter Raphal et se met boire et manger de bon

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    apptit.

    Chapitre 2

    Comment on fait les miracles

    1. Au bout dune heure, comme le repas est presque termin, Marc redemande Raphal l'explication promise : Eh bien, cleste ami, me parleras-tu tout de mme?

    2. Raphal dit : Ah, vois-tu, ami, j'aimerais bien t'expliquer cette chose ; maisj'aurai beau te l'expliquer, elle continuera de te paratre merveilleuse tant que tun'auras pas t baptis par l'Esprit saint descendu des cieux ! Quand l'Esprit divin sesera lev dans ton me et ne fera plus qu'un avec elle, alors, tu n'auras plus besoind'explication pour tout comprendre trs clairement ; mais prsent, mmel'explication la plus pertinente t'clairerait infiniment peu ! Car mme l'me la plus

    parfaite ne comprend rien par elle-mme de ce qui est purement spirituel ; seull'esprit qui est en elle peut le comprendre, et ensuite l'me travers son esprit ! Maispuisque tu veux malgr tout te faire ta petite ide, regarde autour de toi et dis-moi ceque tu vois.

    3. Emerveill, Marc regarde de tous cts et voit auprs de chaque table une foule dejouvenceaux tout fait pareils Raphal, qui servent les nombreux convives et lespourvoient sans cesse de tout ; plusieurs d'entre eux vont mme chercher dans la merde nouveaux poissons, les emportent rapidement la cuisine et reviennent aussittvers les tables avec des poissons prpars ; car les Noirs ont grand-faim, etl'excellence des mets stimule encore leur apptit.

    4. Raphal demande alors Marc : Comprends-tu maintenant comment il m'estpossible et mme facile d'accomplir si rapidement toutes ces choses, surtout si tusonges qu'un esprit est le principe intime qui imprgne les tres et les choses, doncest en mesure de commander sa guise le plus efficacement du monde et avec lesuccs le plus parfait toute la matire, sans que rien lui fasse obstacle ? En outre,un archange comme je le suis dispose d'ons de serviteurs soumis chaque instant sa volont. Ds que, de par le Seigneur, je dsire quelque chose, ce dsir estaccompli par d'innombrables serviteurs mes ordres, qui se mettent aussitt l'uvre et excutent l'acte demand avec une rapidit que tu peux difficilementconcevoir ! Bien sr, je ne fais pour ainsi dire rien moi-mme ; mais ma volontabsolue dtermine d'innombrables tres agir du plus profond d'eux-mmes, et c'est

    ainsi que tout acte demand s'excute toujours trs rapidement, cela d'autant plussrement que le Seigneur d'abord, et nous-mmes ensuite, avons depuis longtempstout prvu et tout dispos en sorte que tout acte, tant dj depuis longtempsaccompli, puisse au besoin se manifester instantanment devant vous comme un acteextrieurement visible.

    5. Tu as bien vu l'nesse apparatre sur la montagne ; c'est ainsi que nat tout cequ'ordonne notre volont, lorsqu'elle stimule au plus profond d'eux-mmes lesesprits de la nature issus de nos penses et les contraint telle ou telle activit. Quecela, ami, fasse pour toi office d'explication. Je ne puis rien te dire de plus avec les

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    mots infiniment limits du monde ! Aussi, ne m'en demande pas davantage ; car tantque ton me ne sera pas devenue elle-mme tout esprit, tu ne comprendras pasdavantage ces choses que tu ne les comprends prsent. Car aucune crature nepourra jamais atteindre par elle-mme la connaissance du pur esprit ! Comprends-tu un peu mieux prsent ?

    6.Marc, fort satisfait, lui rpond : Je te remercie de cette excellente explication ;car si je rassemble tout ce que j'ai pu voir et entendre, je comprends mon entiresatisfaction, trs cher ami cleste, comment tu accomplis tes prodiges, et surtoutcomment il se fait que tout ce que tu ordonnes s'excute si rapidement. Et je puis prsent affirmer ouvertement que dans chaque prodige, il doit toujours entrer un peude naturel, et qu'il tient toujours un concours de forces qu'une action quelle qu'ellesoit, s'accomplisse trs rapidement ou s'tende sur une certaine dure. Oui, je trouvemaintenant, entre vos prodiges d'esprits et les enchantements des magiciens indiens,une petite ressemblance dans ce que tu as appel la prvision et la prparation !

    7. Cleste ami, je le dis sans dtour comme cela me vient : il me semble qu'en

    l'absence de toute prparation ou prvision, raliser un vrai miracle bien complexedoit tre pour vous tout aussi difficile que pour un magicien s'il n'a pu ni le prparer,ni s'entendre au pralable avec des gens qui le soutiendront. Bien sr, les autres nedoivent rien en savoir, sans quoi l'enchantement aurait bonne mine ! Quant moi,j'en tire cette conclusion assurment difficile rfuter : au Seigneur, et vous travers Lui, toutes choses sont possibles, mais jamais sans prparation ; peut-tremme furent-elles parfois prpares pendant des ternits, et donc accomplies enesprit dans la dure, il y a bien longtemps ! Ainsi l'acte manifest qui s'accomplit iciaujourd'hui tait-il depuis longtemps prvu et prpar en esprit !

    8. C'est pourquoi une terre comme la ntre ne peut en tre venue exister dans saperfection par un unique "FIAT !" tout-puissant, mais seulement avec le temps et au

    terme de longs prparatifs dont l'existence de cette terre telle qu'elle est prsentdevait ncessairement rsulter. Pour la mme raison, il est pour ainsi dire impossibleque quoi que ce soit se mette exister soudainement comme une chose parfaite etdurable. Tout ce qui nat rapidement disparat tout aussi rapidement. l'inverse, ils'ensuit galement que lorsqu'une chose a acquis une existence durable, elle ne peutpour ainsi dire plus disparatre subitement, mais seulement progressivement, commeelle est ne. Ce qui n'avait encore jamais t prvu ni prpar, qu'il s'agisse de crerou de faire disparatre, ne peut en aucun cas se raliser par un ordre premptoire, ft-il soutenu par la plus ferme volont. Il faut donc considrer toute chose comme unprodige temporaire, et tout ce qui arrive n'est que l'aboutissement ncessaire d'ungrand nombre de processus, tous durables !

    9. Ami venu des cieux, le Seigneur seul en soit lou, mais il me semble que j'ai saisil'explication que tu m'as donne avec peut-tre plus de profondeur que tu ne t'yattendais ! N'est-ce pas, mon trs cher Raphal, ces vieux Romains ne sont pas sibtes que certains se l'imaginent ! Eh bien, ami, qu'en penses-tu ? T'ai-je compris ounon ?

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    Chapitre 3

    De ce que Dieu prvoit(*) et du libre arbitre de l'homme

    1.Raphal dit en souriant: Tu t'es fait une petite ide, sans doute; mais quand tu

    parles de "consquences ncessaires" et de la ncessit pour nous de "prvisions" etde "longs prparatifs", tu te trompes lourdement et quelques exemples bientangibles t'en persuaderont l'instant ! Regarde autour de toi et choisis en toutelibert un endroit o tu souhaiterais que je fasse apparatre un ou plusieurs arbres del'espce que tu voudras, compltement dvelopps et abondamment chargs de fruitsmrs ! Ou prfres-tu des espces varies ? Enfin, tu n'as qu' parler, et, bien que niprvus, ni prpars, ils seront l, si durablement que mille ans ne suffiront pas fairedisparatre tout fait les traces de leur passage ! Dis-moi donc ce que tu dsires, et tuverras aussitt un vrai miracle, jamais prpar ni prvu d'aucune manire !

    2. Marc dit : Oui, oui, ce serait fort bien, mon petit ami, si tu pouvais meconvaincre pleinement que ma volont et mon dsir prsents sont en mon pouvoirparfaitement libre ! Et cela te sera peut-tre bien plus difficile que de faire apparatre l'endroit choisi les arbres fruitiers que je te demanderais ! Tu as fait natre dansmon esprit un doute srieux sur votre capacit raliser, mme vous, esprits tout-puissants, un miracle pur et simple, ni prvu ni prpar, en quelque sorte tir dunant ! Je ne nierai pas prcisment que la chose soit possible ; mais, en juger parce qui s'est toujours pass sur cette terre et sans doute en sera-t-il toujours ainsi , elle est bien difficile admettre, d'abord parce que cela contredit vraiment par tropla notion d'omniscience divine, ensuite parce qu'il serait bien lger d'affirmer queDieu a pu faire intentionnellement travailler Sa science parfaite en vue de quelquechose sans le vouloir et sans le savoir. Mais si Dieu n'a pu ignorer totalementpendant des ternits que Son ange Raphal ferait un jour apparatre ici des arbresselon le vu d'un homme, il sera tout aussi difficile de prouver que ce miracle n'apas t lui aussi prvu et prpar depuis des ternits ! Car il tait prvu en esprit,cela est tout fait certain !

    3.Raphal dt : Mais qu'importe, du moment qu'il n'a pas t prpar jusqu' sacondensation matrielle ! De plus, le libre arbitre de l'homme est tel que pas plus leSeigneur que nous-mmes ne pouvons le moins du monde l'entraver ni le pousser l'action par quelque prvision que ce soit, et encore moins par des prparatifs. Tupeux donc tre tout fait assur que ta volont parfaitement libre n'a nullement tprvue, et encore moins prpare. Ainsi, tu n'as qu' demander, et tu constateras quele Seigneur, seul ou travers moi, Son vieux serviteur, peut vritablement faire

    miraculeusement apparatre durablement, sans aucun prparatif, les arbres fruitierslibrement demands par toi !

    4.Marc rflchit un moment, puis il dit : Ami, faut-il vraiment ne demander quedes arbres ? Et si par hasard je dsirais autre chose ?! Cela pourrait-il aussi apparatremiraculeusement ?

    (*) Die Vorsehung Gottes . Vorsehung (ici au sens littral de prvision ou prvoyance, devorsehen, prvoir) signifie ordinairement Providence donc ce que Dieu nous rserve, pr-voit pour nous (N.d.T)

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    5.Raphal dit : Oh, assurment, ce n'est pas plus de travail pour nous ! Demandece que tu voudras, et cela sera !

    6. Sur ces assurances, Marc rflchit encore un moment, cherchant quelqueobjection capable de pousser l'ange dans ses retranchements. Mais comme il netrouve plus rien, il dit Raphal : Eh bien, construis-moi une maison plus solide et

    plus habitable que celle-ci, c'est--dire une vritable auberge pour les gens du pays etles trangers, avec un jardin bien clos pourvu de toutes sortes d'arbres aux fruitsdlicieux, sans oublier les dattes, et je voudrais aussi que dans ce jardin coule unesource frache !

    7.L'ange dit : Mais, ami, n'est-ce pas un peu trop d'un seul coup ?

    8.Marc dit : Ah, ah, mon petit ami, tu es bien pris, n'est-ce pas ? Oui, ce ne serapeut-tre pas si facile, sans prvision ni prparatifs ! Mais tu n'es forc rien; faisapparatre ce que tu pourras, et laisse tomber mes autres demandes !

    9.L'ange dit : Tout est l comme tu l'as voulu. Et que tout cela soit au nom du

    Seigneur ! Va, regarde tout, et tu me diras ensuite si cela te convient. Si tu asquelque critique formuler, fais-le ; car on peut encore changer bien des choses !Demain, il serait trop tard, puisque nous ne serons sans doute plus l. Aussi, regardebien tout maintenant !

    Chapitre 4

    Le nouveau domaine de Marc, prodige de Raphal

    1. Marc regarda autour de lui et fut tout saisi la vue de toutes les choses qui taientapparues en un rien de temps. Une belle maison aux murs de brique, parfaitementacheve, s'levait au nord-est de l'ancienne maison de pcheur, sa faade sud-esttouchant presque au rivage. Il y avait un tage avec un large vestibule faisant le tourde la maison, et le rez-de-chausse consistait en une vaste cuisine, un grand garde-manger et dix-huit autres pices, dont cinq salles de sjour et treize vastes celliersdestins renfermer toutes les denres : crales de toute espce, viandes, fruits,lgumes frais, fves et tubercules. Une grande salle renfermait un bassin de marbreblanc mesurant bien vingt toises carres(*), et d'une profondeur totale de six pieds ;l'eau n'y montait cependant qu' une hauteur de quatre pieds et demi, ce qui taitsuffisant pour y garder les gros poissons.

    2. L'eau trs pure de ce vivier intrieur provenait d'une abondante source qui venait

    d'apparatre ; elle pntrait dans le bassin par en bas, travers une dalle perce denombreux petits trous, jusqu' la hauteur dj dite. De l, le trop-plein s'en allait versla mer par un tuyau, qu'il tait cependant possible de boucher de l'extrieur si l'onavait voulu remplir le bassin. Ce bassin tait entour d'un fort beau parapet ajour dedeux pieds et demi de hauteur, lui aussi de marbre blanc, et, sur un des cts, uneconduite d'vacuation d'un trs bel ouvrage tait mnage pour le cas o on laisseraitle bassin se remplir, franchissant bien sr le mur de la maison pour dboucher

    (*) C'est--dire 65 70 m2 (1 toise = 6 pieds, le pied variant autour de 0,30 m dans les pays delangue allemande). (N.d.T.)

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    galement dans la mer, non loin du tuyau infrieur. Les murs et le sol de la picetaient eux aussi revtus de marbre blanc, mais le plafond tait fait du bois de cdrele plus solide et le plus beau, sans nuds ni aubier. Cette salle tait claire par cinqfentres toutes encadres de marbre, chacune d'une hauteur de cinq pieds et d'unelargeur de trois. Les carreaux de ces fentres taient faits du cristal le plus pur, et

    elles pouvaient s'ouvrir et se fermer, comme d'ailleurs toutes celles de la maison.3. La porte principale tait d'airain brillant comme de l'or, et les portes de toutes lespices taient faites du meilleur bois de cdre fort joliment travaill, et munies deverrous et de serrures des plus convenables. Quant au premier tage, il taitentirement lambriss de bois de cdre du plus bel ornement, et chaque chambretait un enchantement pour les yeux. En outre, toutes les pices, tant l'tage qu'aurez-de-chausse, taient richement quipes de tout ce que comporte une excellenteauberge, et les celliers taient remplis de grain, le garde-manger de tout ce dont onpeut avoir besoin dans une cuisine. Bref, non seulement la maison tait solidementbtie l'ide exacte de Marc, selon les rves chimriques qu'il avait pu entretenir,mais elle tait aussi abondamment pourvue pour des annes de toutes les provisions

    de bouche et autres rserves ncessaires.

    4. Derrire la maison, il y avait encore des tables pour le btail de toute espce, etplusieurs cabanes pour les instruments de pche, la fois du meilleur got etquipes de tout le ncessaire, et, autour de tous ces nouveaux btiments, s'tendaitun jardin de prs de vingt arpents(*), entour d'un solide mur, dont le sol, jusque-lsableux et l'abandon, prsent des plus fertiles, portait les meilleurs arbres fruitiersde toute espce. Quelques-uns de ces vingt arpents taient occups par une trs bellevigne charge des raisins les plus beaux et les plus juteux, dj parfaitement mrs.Les lgumes aussi ne manquaient pas.

    5. Au centre du jardin s'levait un temple de marbre abritant des thermes

    remarquables. Il y avait l deux bassins diffrents : le premier pour la gurison desparalytiques, avec des sources d'eau chaude, le second pour la gurison des lpreux,avec des sources tides sulfureuses et sodes que, selon Ma volont, la puissance deRaphal venait de faire jaillir des entrailles de la terre. De l, Marc put voir un portbti tout en pierres carres, et dans ce port, dont l'entre, bien que large de six toises,pouvait tre ferme pour la nuit par une chane d'airain, cinq grands bateauxparfaitement construits, avec voiles et rames. Devant ce port exactement conu selonl'ide qu'il avait si souvent caresse, et devant toutes ces choses miraculeusementapparues, le vieux Marc ne cessait de se frotter les yeux, ne pouvant croire qu'il taitveill et ne voyait pas cela en rve.

    6. Quand il eut termin sa visite, qui dura prs d'une heure, il (Marc)revint, la ttelui tournant presque, et dit avec stupfaction : Ah, tout cela est-il bien rel, ou ne levois-je qu'en quelque songe bienheureux ? Non, non, ce ne peut tre vrai! Car j'aiimagin plus d'une fois une telle auberge dans mes moments d'oisivet, et je lavoyais aussi certains matins dans mes rves veills et toi, ami des cieux, tu as dme plonger dans quelque sommeil artificiel o j'ai revu mes propres fantaisies !

    7.Raphal dit : Romain de peu de foi ! Si tout cela n'tait qu'une vision de rve,il n'y aurait plus rien voir maintenant, et tu ne vas tout de mme pas prtendre que

    (*) Soit au moins 7 ha. (N.d.T.)

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    prserverait pourtant Mon nom, n'aurait rien perdu, mais au contraire tout gagn ;mais celui dont le cur perdrait Mon nom perdrait tout quand bien mme ilpossderait tous les biens de la terre !

    Chapitre 6

    Le Seigneur donne des rgles de conduite l'aubergiste Marc

    1. (Le Seigneur:) Aussi, souciez-vous avant tout de garder Mon nom dans voscurs. Celui qui le garde, garde tout ; mais celui qui le perd a bientt tout perdu !

    2. Et celui qui M'aime vritablement et aime son prochain comme lui-mme, celui-lporte vritablement Mon nom vivant dans son cur, c'est--dire un trsor que toutel'ternit ne pourra lui ter ; car aimer Dieu en toute vrit vaut mieux qu'tre lematre de tous les trsors non seulement de cette terre, mais de tous les mondes del'infini tout entier.

    3. Cependant, il ne suffit pas de Me reconnatre par la sagesse ; il faut Mereconnatre en toute vrit par l'amour du cur.

    4. Beaucoup de pauvres viendront toi ; ce que tu feras pour eux sansddommagement terrestre, tu l'auras fait pour Moi, et Mon amour te ddommagera.

    5. Si quelqu'un vient toi nu, habille-le. Celui qui vient toi sans argent, ne le luirefuse pas s'il en a besoin en ce monde.

    6. J'aurais certes voulu que tous les hommes vcussent ensemble en frres, sans cepernicieux moyen d'change ; mais puisque, pour une plus grande commodit dansleurs affaires de ce monde, ils l'utilisent depuis les temps les plus anciens, Je le leur

    laisserai mais quant leur apporter le bonheur, il ne le fera qu' travers Monamour !

    7. Ne lui accorde jamais d'autre valeur que celle de Mon amour, et c'est alors qu'il tevaudra Mon amour et Ma bndiction. celui qui a besoin d'un sou, donnes-endeux, voire trois, et Mon amour te le rendra dix et trente fois par ailleurs !

    8. Enfin, si, pour l'amour de Moi, tu viens en aide d'un cur joyeux un homme lo tu le trouves pauvre, tu peux tre assur que Ma rcompense ne te fera jamaisdfaut !

    9. Si, par exemple, un homme par ailleurs fortun, mais perclus de goutte, vient cheztoi pour les bains, compte-lui modrment le gte et le couvert, mais ne lui fais pas

    payer les bains.10. Et si un homme vient prendre les bains pour son seul plaisir, compte-lui pluscher qu' un autre tant le bain que le gte et le couvert. Mais s'il te demande la vrit,donne-la-lui sans contrepartie, car c'est de cela qu'il est pauvre.

    11. Mais si un philosophe du sicle veut entendre de toi la vrit, ne la lui donne paspour rien ; au contraire, fais-lui payer un sou pour chaque mot, car de tels chercheursde vrit n'accordent de valeur la vrit que s'ils l'ont acquise au prix de beaucoupd'argent !

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    12. Si un pauvre vient toi affam, donne-lui manger et boire et ne le laisse pasrepartir pauvre ; mais si quelqu'un vient chez toi parce qu'il a plaisir manger tatable, fais-lui payer galement ce qu'un pauvre a mang en mme temps que lui.

    13. Ainsi, secours pour rien chaque pauvret, et fais-toi payer chaque plaisir ! M'as-tu bien compris ?

    14.Marc dit en pleurant de joie : Oui, Seigneur !

    15.Je dis : Alors, va montrer tout cela aux tiens.

    16. Marc alla trouver sa famille, qui s'tonnait sans fin, et lui fit part de Mesrecommandations, aprs quoi tous coururent jusqu' la maison, et, bien sr, yentrrent et la visitrent dans les moindres recoins. Leur flicit et leur bonheurtaient si grands que l'pouse et les enfants de Marc, ne se sentant plus de joie,manqurent dfaillir. Cependant, ceux qui taient assis Ma table Me demandrents'ils pouvaient eux aussi aller regarder de plus prs cet extraordinaire miracle.

    17.Je leur dis : Chers amis, cette uvre demeurera, et vous aurez bien d'autres

    occasions de la regarder et de l'admirer ; mais Moi, Je ne demeurerai point, si cen'est par l'amour qui sera dans vos curs.

    18. Aussi, restez prs de Moi tant que Je demeure encore parmi vous ; car Je suisassurment bien plus qu'un miracle dont Je pourrais en un instant produired'innombrables exemplaires !

    19. Tous disent : Oui, oui, Seigneur, nous restons, nous restons tous prs de Toi, Seigneur ! Car Tu es bien plus Toi seul que tous les miracles dont Ta puissance,Ta sagesse et Ta bont emplissent l'infini tout entier !

    Chapitre 7Sur les grands prtres romains.

    Une critique de la prtrise paenne de Rome

    1. Cyrnius dit : Seigneur, Tu connais l'importance et la difficult de ma fonction ;et pourtant, il me semble prsent que tout cela n'est plus rien, comme si tout sefaisait et se dcidait de soi-mme, sans que j'y sois et sans que je fasse rien ! Je mefais vritablement l'effet prsent d'tre la cinquime roue de la charrette ; car jesais, Seigneur, que Tu t'occupes en ce moment de toutes mes affaires, et qu'il n'ajamais rgn dans mon gouvernement un ordre si grand qu'en ce moment prcis o

    c'est Toi, Seigneur, qui T'en occupes pour moi !2. bienheureux Empire ! Rome, ma patrie, comme tu dois te rjouir en secretque le Seigneur ait tourn vers toi Son regard bienveillant et qu'il veuille aussi fairegrandir Ses enfants entre tes vieux murs, dans tes palais et tes masures ! Seigneur, jeTe le jure sur ma vie : si Tu tais Rome au lieu d'tre ici et que Tu eusses accompliun tel signe devant les Romains, il n'y resterait pas un homme qui ne Te vout laplus grande adoration ! Mais Tu connais Tes desseins et Tes voies, et les choses sontpour le mieux telles que Tu les as ordonnes.

    3. MaJarah, qui tait demeure jusqu'ici aussi silencieuse qu'une petite souris, dit

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    enfin : Ne te tracasse pas pour Rome, noble gouverneur ! Les Romains eux-mmes, passe encore ; mais il y a aussi Rome un grand nombre de prtresidoltres, sous l'autorit de celui qu'on appelle PONTIFEX MAXIMUS ! Ceux-l ont lepeuple dans leur poche, et les tiennent moralement au collet avec leurs chtimentsdignes de l'Hads, voire du Tartare, la diffrence que ces derniers sont censs durer

    ternellement de la manire la plus cruelle ! Malheur celui qui oserait mettre sonnez dans ce gupier ! En vrit, il subirait bientt un sort pitoyable ! Je crois bienqu'en cela, vos prtres sont mille fois pires que nos templiers, que du moinsretiennent encore Mose et les prophtes, mme s'ils ne font gure que les connatrepar cur. Mais les vtres n'ont rien, mme dans leur mmoire, qui les retienne ; leursfaits et gestes ne sont rgis que par le pire gosme et par un dsir incoercible de toutdominer.

    4. Deux prtres romains subalternes qui logeaient chez nous m'ont un jour racontque le PONTIFEX MAXIMUS tait un tre si suprieur que Zeus lui-mme, qui, desource sre, rendait visite au P.M. au moins une fois par an, devait certainements'incliner devant lui trois sept fois avant d'oser adresser la parole son reprsentant

    suprme sur la terre et de lui donner avec le plus grand respect quelque nouvelle loidestine aux mortels. Bien sr, disaient-ils, ce faisant, Zeus n'honorait pas vraimentle P.M. pour lui-mme, mais seulement l'intention des stupides mortels quidevaient reconnatre par l l'indicible grandeur et l'incommensurable majest dureprsentant suprme sur terre du premier des dieux.

    5. Sur terre, disaient-ils, il tait le matre de tous les empereurs, rois, princes etgnraux, et de bien d'autres grands seigneurs. De plus, tous les lments taient enson seul pouvoir. Qu'il frappt la terre avec colre de son trs saint pied, et elletremblait aussitt de crainte comme une feuille dans une furieuse tempte, et lesmontagnes de la terre se mettaient cracher du feu, contribuant ainsi satisfaire plus

    srement, au nom de Zeus, la toujours juste vengeance du P.M. courrouc.6. Les bonnes et les mauvaises annes ne dpendaient que de lui. S'il bnissait laterre, aussitt survenaient partout les rcoltes les plus abondantes ; s'il ne la bnissaitpas, les rcoltes s'annonaient partout fort maigres mais si jamais il dcidait demaudire la terre, c'tait la fin de tout, et la guerre, la famine, la peste et mille autresflaux des plus inous s'abattaient sur elle ! Hormis Zeus, tous les autres dieuxdevaient lui obir ; s'ils refusaient, il pouvait les bannir de la terre pour cent ans mais cela n'tait encore jamais arriv et n'arriverait jamais, parce que tous les dieuxtaient bien trop intimement convaincus de l'indicible majest du P.M.

    7. Le P.M. avait donc une triple autorit : d'abord sur tous les dieux, l'exception de

    Zeus, avec qui, bien sr, il traitait d'gal gal, deuximement sur toute la terre etses lments, troisimement, enfin, sur tous les hommes, les animaux, les arbres etles plantes. En outre, il commandait aussi aux plantes et aux astres, les nuages, lesvents, la foudre, le tonnerre, la pluie, la grle et la neige dpendaient de lui, et la mertremblait constamment devant son infinie puissance !

    8. Ces deux prtres romains m'ont ainsi cont sur leur P.M. une foule de chosessemblables. Un moment, je crus qu'ils cherchaient seulement s'amuser mesdpens ; mais hlas, je pus bien vite me convaincre que ces deux fous parlaient tout fait srieusement. Car lorsque, l-dessus, je voulus leur parler de l'unique vrai Dieu

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    d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, et de ce qu'il faisait, ils se mirent rire de bon curet m'assurrent avec la plus grande conviction que je me trompais du tout au tout ;car, pour un seul de mes arguments, ils avaient mille preuves de ce qu'il en taitcomme ils m'avaient dit.

    9. Je leur demandai s'ils savaient si le P.M. tait mortel ou immortel. quoi le

    premier rpondit un peu htivement que le P.M. tait sans doute mortel pour cetteterre, mais que, ds qu'il mourait, Zeus l'emportait au plus haut de l'Elyse, o ildnait cent ans durant la table de Zeus avant de devenir lui-mme une authentiquedivinit du royaume des dieux. Mais ce conte ne satisfit pas le second, car il lecorrigea aussitt : "Tu as encore dit une nerie(*) ! Depuis quand un P.M. est-ilmortel ?! Ce que tu en dis n'est valable que pour les prtres de rang infrieur commenous, surtout si nous n'avons pas su nous attirer les bonnes grces du P.M. ; mais leP.M., lui, ne meurt jamais et ne peut mourir, car Zeus lui a accord l'immortalitparfaite ! coute poursuivit-il , cela fait dj le quatrime que je connais, etaucun des quatre n'est jamais mort, et pourtant, c'est toujours un seul immortel quisige sur le trne et non quatre, bien qu'ils soient tous parfaitement immortels,

    puisque aucun P.M. ne peut jamais mourir, pas plus qu'il ne peut perdre le trne leplus lev de la terre !"

    10. C'est alors que je repris : "Mais c'est parfaitement impossible ! Comment quatrepeuvent-ils tre un seul et un seul tre quatre ?! C'est bien cela qui me semble treune nerie ! En somme, vous nous montrez votre P.M. comme un fou de ce monde,mais sans cela, il est tout aussi mortel que nous, et son pouvoir rside surtout dansles armes de l'empereur, dans la grande stupidit et l'aveuglement d'un peuple l'abandon, et enfin dans quelques mauvais tours de magie ; car il est facile de fairedes miracles devant un peuple trs ignorant et spirituellement aveugle ! Allez,laissez-moi tranquille avec vos sottises ! C'est bien assez que vous soyez vous-

    mmes si btes ! Pourquoi devrais-je le devenir avec vous ?"11. Cela les mit tous deux dans une grande colre contre moi, mais aussi l'un contrel'autre ; force de se faire mutuellement des reproches, ils en vinrent aux mains etsortirent de la maison. Tandis qu'ils se battaient comme des chiens, je leur demandaipar la fentre si par hasard c'tait aussi le P.M. qui avait ordonn cela par unenouvelle loi dicte par Zeus de l'Elyse. Par chance, ils ne m'entendirent point etcontinurent de plus belle se dmontrer l'un l'autre le PRO et le CONTRA del'immortalit du PONTIFEX MAXIMUS, jusqu' ce qu'enfin quelques-uns de nos valetsles sparassent.

    12. Cher et noble Cyrnius, dis-moi, je te prie, quel effet le Seigneur aurait fait

    Rome, avec un peuple aussi aveuglment fanatique ? Assurment le plus mauvais,sauf recourir au feu et une pluie de soufre ! Oh, le bon Dieu savait de touteternit o il vaudrait mieux qu'il se trouvt sur cette terre en Son temps, qui est lentre, et c'est bien pourquoi c'est ici, et nulle part ailleurs, qu'il est venu parmi lesSiens ! Telle est mon opinion ; quelle donc est la tienne ? Que penses-tu, toi oul'empereur de Rome, de ce sinistre PONTIFEX MAXIMUS?

    (*) Lorber emploie ici une expression image intraduisible, ein germanischer Stiefel ( une bottegermanique ). (N.d.T.)

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    Chapitre 8

    De la religion Rome au temps de Jsus

    1. Cyrnius dit : Mon enfant, tu as parfaitement raison : la position du PONTIFEX

    MAXIMUS Rome est bien celle-l auprs du peuple seulement , et l'on n'y peutrien changer pour le moment ! Mais je puis aussi t'assurer que seule y croit la plbela plus ordinaire, dpourvue de toute ducation, et encore n'y croit-elle qu' moiti ;mais dans la meilleure partie du peuple, plus personne n'y croit, et tout est doncencore possible avec nous, Romains.

    2. La propagation de ces vrits purement divines amnera certes, cause du baspeuple, bien des luttes fcheuses, mais aussi des adeptes qui, selon la vraie traditionromaine, mettront avec joie leurs biens, leur sang et leur vie au service de cettedoctrine. Car il n'est gure de peuple sur terre qui craigne moins la mort que lesRomains ! Lorsqu'un vrai Romain s'engage srieusement, il le fait toujours sur sa vie et cela, aucun autre peuple ne le fait, tu peux en tre certaine !

    3. Nos prtres, dire vrai, ne sont plus que la cinquime roue de la charrette, et leursftes et leurs sermons ne servent plus qu' amuser le peuple. Quant leurs rglesmorales, plus personne n'en fait le moindre cas. C'est l le domaine d'un droit qui,chez nous, embrasse tout et est le produit des meilleurs et des plus sages de tous lesphilosophes ayant jamais foul le sol de cette terre(*).

    4. L'tat ne maintient le P.M. qu' cause du vulgaire, et son action, autrefois libre,est prsent trs limite. Ah, il y a deux ou trois sicles, il se passait encore dedrles de choses, et le P.M. tait vritablement une sorte de dieu parmi les hommes !C'tait d'ailleurs toujours ncessairement un homme plein de science, sans quoi iln'aurait gure pu accder une si haute fonction. Il devait tre initi aux mystresgyptiens et connatre parfaitement tous les oracles et leurs secrets. Il devait aussitre un magicien accompli, et, pour le prouver, passait un examen trs svre devantles plus vieux patriciens de Rome runis en collge secret. S'il possdait toutes lesqualits requises, on lui accordait alors le pontificat, avec tous les droits, privilges etinconvnients attachs celui-ci.

    5. Bien sr, il pouvait se permettre bien des choses avec le peuple, mais il devaittoujours respecter secrtement les patriciens et faire ce que ceux-ci lui demandaient.S'ils voulaient la guerre, il devait tourner ses prophties en sorte de faire passer lancessit de la guerre pour une volont des dieux aux yeux du peuple ; mais cesdieux, en vrit, n'taient autres que les patriciens de l'Empire ainsi que les plus

    minents et les plus instruits des citoyens, des artistes et des potes, se fondant sur leprincipe que si l'on voulait prserver l'imagination des hommes des pires ignominies,

    (*) Le droit romain, son apoge au temps de Jsus (et plus prcisment dans les deux sicles quiprcdent et qui suivent), se perptue en Occident jusqu' nos jours, o, aprs l'clipse relative duMoyen Age, il est l'origine, sous des formes bien sr plus ou moins adaptes, des grands codesdu XIXe sicle (code civil napolonien en 1804, code allemand de 1900), qui consacrent unusage alors solidement tabli, en particulier dans les pays de l'ex-Saint Empire romain germa-nique. Les juristes de Rome, plus pragmatiques que philosophes, donnent aux lois romaines unesorte de valeur universelle du moins en Occident en y intgrant une pense grecque elle-mme peu soucieuse de droit, en particulier la pense stocienne dont il est si souvent questionici. (Source : Braudel/Dubv.La Mditerrane, Champs/Flammarion.) (N.d.T.)

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    il fallait bien lui donner une direction qui, bien que fconde, n'en tait pas moinsdtermine.

    6. Car tout homme a une imagination naturelle qui, abandonne elle-mme, peutfaire du plus gnreux des hommes une bte froce ; mais si elle est rgule etdirige vers des formes plus nobles parmi lesquelles elle apprend voluer selon

    certaines rgles, elle se met elle-mme crer des formes plus nobles, sa pense etses actes deviennent plus purs, et elle pousse la volont au bien dans ses crationsintrieures.

    7. C'est ainsi que toute notre religion n'est qu'une cration toujours plus ordonne del'imagination, conue en sorte de rgler l'imagination humaine ordinaire, et renduedans la pratique aussi apparente et aussi efficace que cela peut se faire par desmoyens humains. Quant nous, sages patriciens lettrs, il tait videmmentncessaire, pour des raisons aisment comprhensibles, que nous puissionsapparatre tels que nous voulions nous montrer aux yeux du peuple.

    8. Il en est ainsi aujourd'hui tout comme autrefois, la diffrence que le proltariat

    lui-mme sait prsent beaucoup de choses jadis rserves aux seuls patriciens, etne croit donc plus que fort peu au pontificat. Sans doute la plupart croient-ils unedivinit suprme, mais beaucoup ne croient plus rien, et les plus instruits sontplatoniciens, socratiques et bien souvent aristotliciens.

    9. Quant aux prtres tels que ceux qui t'ont dcrit le P.M., beaucoup sont par naturerellement assez btes pour prendre au mot tout ce qu'on leur a fourr dans la tte ;mais, bien souvent, ce sont des gens retors qui s'y entendent mener grand tapagedevant le peuple et prendre des airs de jouer tous les jours aux checs perses avecles dieux, quand pour eux-mmes ils ne croient d'autre parole que celle d'picure,qui dit peu prs ceci : EDE,BIBE,LUDE.POST MORTEM NULLA VOLUPTAS ; MORS

    ENIM EST RERUM LINEA

    (*)

    .10. Ma Jarah, toi qui es si aimable et si merveilleusement savante pour ton ge, tuserais bien injuste envers nous si tu nous jugeais d'aprs ces deux prtres ! Car nousautres Romains, nous sommes exactement tels que je viens de le dire. Ceux quidisent autre chose parlent trop vite et savent bien peu ce qu'est Rome, pas plus que tune le savais avant que je ne te l'explique, moi qui suis un de ses souverains. Mais prsent que tu sais cela, tu dois nous juger et nous traiter avec un peu plusd'indulgence ! Que penses-tu de ce que je te demande l, n'est-ce pas justifi ?

    Chapitre 9

    Le Seigneur prdit les destins de Rome et de Jrusalem

    1.Jarah dit : Cela va de soi ! Si, comme cela est clair, il en est vraiment comme tuviens de me l'expliquer si franchement, je n'ai plus rien dire contre vous. Si votreintention est bonne, sa russite ne peut tre mauvaise en fin de compte, mme si sonbnfice n'apparat pas clairement aux yeux du monde. Je me laisse certes moins quequiconque tromper par les apparences ; mais je comprends aussi que la nature

    (*) Mange, bois et joue. Aprs la mort, plus de plaisir ; car la mort est la fin des choses.

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    humaine fait qu'il est plus facile de parvenir une bonne volont honnte qu' lapure vrit qui seule fera de cette bonne volont une vraie lumire vivante etagissante. D'aprs ce que tu dis, votre intention, dans l'ensemble, a toujours tbonne, et si elle a t noircie ici ou l, cela n'a pu changer grand-chose au total.

    2. Mais aujourd'hui, en sus de votre bonne volont, voici que vous recevez la trs

    pure lumire de la vrit ternelle qui donnera votre dessein, dj bon l'origine,les bons et justes moyens grce auxquels il russira coup sr au mieux, aussi est-ilclair qu'il n'y a que du bien attendre de vous ! Seigneur, bnis mes humblesparoles, afin qu'elles deviennent une vrit pour tous les temps !

    3. Je dis : Oui, Ma Jarah mille fois chre, elles seront bnies, tes parolesmerveilleuses et si vraies.

    4. Rome demeurera le sjour privilgi de Ma doctrine et de Ma grce particulire,et cette ville impriale atteindra un ge que seules atteindront au monde quelquesrares villes d'Egypte, toutefois moins intactes que Rome. Les ennemis extrieurs nelui feront gure de mal, et les dommages qu'elle subira, elle ne les devra qu'au temps

    et ses rares ennemis intrieurs !5. Hlas, mme dans cette puissante cit, Ma doctrine deviendra par la suite quelquepeu idoltre ; mais, malgr cela, c'est l que Ma parole et la morale dans sa meilleureacception seront encore le mieux prserves.

    6. Dans des temps trs loigns, l'esprit de Ma doctrine y aura beaucoup perdu. Leshommes n'en mcheront plus que la crote en la prenant pour le pain spirituel de lavie ; mais Je saurai bien trouver les moyens de ramener peu peu cette cit dans ledroit chemin ! Et l'adultre et la fornication auront beau s'y commettre, Je saurai lapurifier le moment venu !

    7. De plus, elle demeurera toujours le lieu o seront prchs l'amour, l'humilit et lapatience, et c'est pourquoi il lui sera en tout temps beaucoup pardonn, et les grandsde la terre seront nombreux s'y rendre et vouloir entendre de sa bouche lesparoles de leur salut.

    8. Cependant, rien sur cette terre ne demeure longtemps parfaitement pur, et il en irade mme de Ma parole ; mais c'est encore Rome qu'elle demeurera le plus pure,pour les besoins de cette vie et en tant que relique de l'histoire !

    9. Je te donne ici cette assurance, Mon trs cher ami Cyrnius, en bnissantpleinement les paroles trs belles et trs vridiques de notre Jarah bien-aime !

    10. Dans mille ans et encore mille ans, tu verras que Mes paroles concernant la

    permanence et la grandeur de Rome se seront pleinement accomplies !11. Quant Jrusalem, elle sera si bien dtruite que ds ce moment, on ne saura pluso elle s'levait nagure. Ceux qui viendront aprs rebtiront certes une petite villedu mme nom ; mais son aspect et sa situation seront diffrents. Et cette petite villeelle-mme devra subir bien des affronts de la part d'ennemis extrieurs, et, sansimportance et sans gloire, sera dsormais le nid de toute une vermine dont lamisrable existence se nourrira de la mousse des pierres de la cit actuelle.

    12. J'aurais certes voulu faire de cette antique cit de Dieu la premire de la terre ;mais elle ne M'a pas reconnu, au contraire, elle M'a trait comme un voleur et un

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    assassin ! C'est pourquoi elle tombera pour toujours et ne se relvera plus jamais descendres de l'ancienne maldiction qu'elle a bien mrite, qu'elle a elle-mme voulueet prononce de sa propre bouche ! Es-tu satisfaite prsent de Ma bndiction,Ma Jarah mille fois bien-aime ?

    13.Jarah, mue jusqu'aux larmes, rpond : Seigneur, Toi mon unique amour,

    qui ne serait satisfait des paroles que Tu prononces, surtout lorsqu'elles renfermentune promesse si grande et si profonde pour des temps si lointains ? Mon cher etnoble Cyrnius semble lui-mme fort content, ainsi que Cornlius, Faustus et notreami Jules. Quant savoir si les enfants de Jrusalem, dont plusieurs sont assis cettetable et aux autres, seront aussi contents de Tes promesses, cela me parat tre unetout autre question ; car leurs visages ne rayonnent pas de la mme joie que ceux desRomains !

    14. cette remarque fort judicieuse,plusieurs de ceux qui venaient de Jrusalem selevrent et dirent : On ne doit certes pas souhaiter la perte de sa patrie tant qu'ellen'est pas devenue un repaire de voleurs et de bandits ; mais si elle l'est devenue, elle

    ne doit plus tre pargne ! En ce cas, ceux qui en sont issus ont le droit sanscrainte de commettre un pch de la renverser de leur propre main sur les ttesdes mchants qui y demeurent et d'effacer dfinitivement toute trace de sonexistence passe.

    15. Si Jrusalem, comme nous le savons fort bien, n'est rien d'autre qu'un repaire debandits, pourquoi nous affligerions-nous si le Seigneur, comme II le feracertainement, lui envoie la rcompense qu'elle mrite depuis si longtemps ?! Laseule chose qui nous attriste, c'est que, malgr tous les avertissements, cette cit deDieu pourvue de tant de grces en soit venue pour la troisime fois un point oDieu Lui-mme doit la punir de la manire la plus impitoyable ! Mais nousconnaissons Sa patience et Sa longanimit, et elles nous prouvent avec certitude

    quel point cette ville a mrit le chtiment le plus svre, ce pour quoi, en vrit, onne doit pas la plaindre ni mme la regretter.

    16. VOLENTI NON FIT INJURIA(*) ! Si un homme, quand il fait grand jour, veut lui-mme se jeter dans un puits, qui le plaindra ou le regrettera ? Pas nous ! Nousn'avons encore jamais prouv de piti pour les vrais imbciles, surtout lorsqu'ilsvoulaient briller comme de grands sages aux yeux du monde entier ; et ils mritentencore bien moins la piti quand la grande sagesse qu'ils affichent, et qui n'est envrit qu'une norme sottise, veut se faire passer pour une ralit au prix de toutessortes de mchancets et de ruses des plus retorses.

    17. Il est sans doute vrai qu'une me humaine malade mrite davantage de piti que

    le faible corps d'un homme malade. Mais quand un homme dont le corps est maladea encore toute sa raison, si un mdecin plein de jugement et d'une grande expriencevient le trouver et, ayant reconnu sa maladie, veut le gurir et en est capable coupsr, et que ce malade, au lieu de suivre le conseil salutaire du mdecin, le fasse jeterdehors par ses serviteurs, nous vous le demandons, qui pourra encore avoir pitid'une me si malade ? Pas nous, ni aucun autre assurment ! Il ne reste plus un telimbcile qu' tomber dans la maladie la plus cruelle et la plus douloureuse possible,dont seules les souffrances lui feront comprendre combien il a t stupide de mettre

    (*) II n'y a pas d'injustice envers ceux qui consentent , autrement dit : ils l'auront mrit.

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    la porte l'excellent mdecin !

    18. La btise en soi mrite la piti, parce qu'un idiot n'y peut rien s'il est bte depuisle berceau ; mais il est des hommes tels la plupart des grands prtres, desPharisiens et des lvites qui, sans l'tre vraiment, jouent dlibrment lesimbciles afin de mieux faire servir leurs desseins honteux et parfaitement gostes

    par la pauvre humanit qu'ils ont eux-mmes abtie ! Ce ne sont plus des hommes l'me malade, mais de vrais loups en pleine force dguiss en agneaux, et ils nemritent donc pas autre chose que d'tre abattus par des flches acres ; car toutepiti de la part d'un cur humain ne serait, en ce cas, que grossire stupidit.

    19. Qui, sur toute la terre, pourra bien regretter que le soleil levant donne le coup degrce la nuit ? Quel fou pleurera un rude hiver, une tempte furieuse, la fin d'unepidmie de peste ou d'une succession de mauvaises annes ? Mais nous pensonsqu'il serait encore bien plus bte de s'affliger quand le Seigneur, trs bientt, nousenverra la plus grande de Ses grces. Ah, il est certes triste que Jrusalem ne veuillepas reconnatre et recevoir la trs claire lumire de l'esprit ; car pour y vivre, il faut

    tre devenu tout entier un Satan de ce monde ! Et un tel lieu ne mrite que le feu et lesoufre du ciel ! Il y a bien longtemps que Sodome et Gomorrhe gisent au fond de lamer Morte ; qui songerait pleurer ces maudites ? Et l'on ne pleurera pas davantageJrusalem !

    20. Trs gracieuse Jarah, tu t'es donc quelque peu fourvoye en portant ce jugementsur nous. Car vois-tu, l'apparence n'est pas toujours le reflet de la vrit, et elle peutparfois tromper ! Ne crois-tu pas toi aussi qu'il en est et en sera sans doute toujoursainsi ? Qu'en penses-tu ?

    21.Jarah dit : Oh, Seigneur, Toi mon amour, pourquoi faut-il donc que je ne soisjamais capable de bien juger les hommes ? Vraiment, il y aurait presque de quoi se

    mettre en colre ! Tout l'heure, j'ai reu les remontrances, certes douces, deCyrnius, et maintenant de tous ceux-l ! Ils ont tous raison, et moi seule ai tort, detoute vidence, puisqu'ils disent la vrit, et non moi. Seigneur, aide-moi avoirun peu plus de discernement, afin que je ne me trompe plus sans cesse dans mesjugements !

    Chapitre 10

    Un vangile pour le sexe fminin

    1.Je dis : Ma chre petite fille, il suffit d'un peu de prudence ! Sois un peu plusrserve et ne parle pas la premire devant des hommes d'exprience. De plus, tu nedois jamais porter un jugement d'aprs les apparences extrieures, mais toujoursattendre que les hommes qui ont l'exprience du monde aient dit ce qu'ils avaient dire sur tel ou tel vnement.

    2. Si, comme il est possible, l'un ou l'autre commet quelque erreur, il sera toujourstemps de lui rappeler avec douceur quand et en quoi il s'est tromp mais il ne fautpas le faire par avance !

    3. Car il ne serait pas bien que des fillettes veuillent en remontrer des hommes

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    d'exprience; mais lorsqu'il arrive que ces hommes s'loignent malencontreusementdu droit chemin, c'est alors qu'une femme peut leur dire avec tendresse et douceur :"Prends garde, mon ami, car tu t'engages ici sur une mauvaise voie. Voici ce qu'il enest rellement !" L'homme en sera fort content, et il suivra volontiers la gracieuse etdouce voix.

    4. Mais parler trop tt ne vaut rien, l'homme en devient aisment morose et chagrin,et, bien souvent, il ne prtera ds lors plus la moindre attention la belle et doucevoix d'une femme, si conciliante soit-elle.

    5. Vois-tu, cela aussi est un vangile, mais celui-ci uniquement pour ton sexe. Toutefemme qui le suivra connatra de beaux jours sur cette terre, alors que celles qui nel'observeront point ne devront s'en prendre qu' elles-mmes si les hommes ne lesconsidrent pas.

    6. Une femme de bien est le symbole du plus haut des cieux, alors qu'une mauvaisefemme, goste et dominatrice, est l'image de Satan, qui lui-mme est pareil auplus vil et au plus bas des enfers.

    7. Ensuite, une honnte femme ne doit jamais se mettre trop en colre contre unhomme ; car c'est dans la crature fminine que doivent prvaloir la patience, ladouceur et l'humilit les plus grandes. C'est en elle seule que l'homme peut trouverun apaisement sa nature ombrageuse et devenir lui-mme doux et patient ! Et si lafemme se met s'emporter avant l'homme, que ne fera pas l'homme, dj par natureplus imptueux que paisible ?!

    8. Aussi, Ma petite fille par ailleurs si chre, ne parle jamais avant ton tour sansquoi tu aurais encore plus souvent l'occasion de te fcher si quelqu'un t'admonestaitencore ! M'as-tu bien compris ?

    9. Jarah dit : Compris, certes mais je suis bien triste d'avoir t si bte et siimpertinente. Je m'tais pourtant tue plusieurs heures durant, et tout allait bien ; maisil m'a pris l'envie de parler un peu moi aussi, et j'aurais mieux fait de continuer metaire. Mais ma langue sera dsormais plus immobile qu'aucune autre langue defemme !

    10.Je dis : Ce n'est pas l non plus exactement ce qu'il faut faire, Ma chre petitefille ; contente-toi de te taire quand on ne te demande pas de parler ! Mais si tu tetaisais quand un homme t'invite parler, il considrerait cela comme de l'enttement,de la mchancet et de la malice, et son cur se dtournerait de toi.

    11. Parler au bon moment, se taire quand il faut, mais toujours avec bienveillance,amour et dvouement, c'est l la plus belle parure d'une femme, et c'est aussi une trsdouce flamme de vie tout fait propre veiller le cur de l'homme et rendrecelui-ci doux et tendre !

    12. Mais il existe chez les jeunes filles un dfaut qui parat souvent de manire trsvoyante, et c'est la vanit, qui n'est rien d'autre que la meilleure semence de l'orgueil.Si une jeune fille la laisse crotre en elle, sa cleste nature de femme a tt fait de sefaner et devient proche de celle de Satan. Une jeune fille vaniteuse mrite tout auplus qu'on se moque d'elle, mais une femme fire et orgueilleuse est une peste pourl'humanit, et sera juste titre profondment mprise de tous.

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    13. Aussi, Ma petite fille, ne sois jamais si peu que ce soit vaniteuse, et encore moinsfire et orgueilleuse, et tu resplendiras entre toutes comme une belle toile au plushaut des cieux ! As-tu bien saisi tout cela ?

    14.Jarah dit : Oh, oui ; mais ne me garde pas rancune d'avoir t vritablement sistupide !

    15. Je dis : Pour cela, sois tranquille ! Mais voici Marc et les siens quireviennent ; voyons ce qu'ils ont nous raconter.

    16. Comme Jarah se le tient pour dit et se met rflchir profondment,particulirement sur le point de la vanit, Marc revient vers Moi avec toute safamille, et sa femme et ses enfants commencent chanter dmesurment Meslouanges.

    17. MaisJe les bnis, leur demande de se relever et dis la femme et aux enfants : Vous savez dj, et surtout Marc, qui vous instruira dsormais de tout cela, de quellemanire vous pourrez toujours tre assurs de Me plaire, et aussi, lorsque vous en

    aurez spcialement besoin, obtenir coup sr Mon aide.18. Mais, parce que vous vous tes occups avec constance, en toute chose et sansjamais rechigner, de Mon bien-tre matriel et de celui de Mes disciples, Je vous aidonn en retour ce que vous venez de voir et l'ai conu en sorte que vous en tiriez leplus grand bnfice aussi bien temporel qu'ternel. Mais prsent, Raphal va vousmontrer comment il faut vous en servir ; car la possession d'un tel domaine ncessitegalement que l'on sache en faire bon usage !

    19. J'appelle alors Raphal et lui dis : Va avec eux et montre-leur comment bienuser de tout ; montre aussi aux deux fils le maniement des cinq bateaux voiles, etcomment, avec eux, ils pourront profiter de tous les vents. Ils deviendront ainsi lesmeilleurs matelots de toute cette mer, et bientt, tous les vaisseaux de la grande merseront grs de cette manire, ce qui viendra fort propos pour les Romains ! Etce que J'avais demand l'ange fut bientt excut.

    20. Cependant, Je dis Cyrnius : Envoie avec eux quelques-uns de tes serviteursles plus intelligents, afin qu'ils apprennent eux aussi quelque chose d'utile pour vosbesoins terrestres ! Car Je veux que tous ceux qui Me suivent deviennent habiles etaviss en toute chose ! L-dessus, Cyrnius, suivant Mon conseil, envoieaussitt Raphal quelques-uns de ses serviteurs, ainsi que le garon Joso, qui avaitune grande prdilection pour les voyages en mer.

    Chapitre 11Opinion des Nubiens sur le miracle

    1. Comme cela aussi tait arrang, Oubratouvishars'avana nouveau vers Moi etdit : Toi seul es plus que tout-puissant ! Ah, avec mes frres et surs, je viens devoir le salut de tous les hommes de bonne foi et de bonne volont qui veillent former le cur et l'me, et aussi, le moment venu, l'entendement, qui ne doit tre envrit que le bras du cur. C'est bien l la seule juste voie de la vraie vie et de sonsalut, et nous autres Noirs, nous le voyons et le comprenons aussi bien qu'un homme

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    plus clair.

    2. Mais, malgr toute notre exprience et notre jugement, ce miracle nous tracassebeaucoup, et nous ne savons quel parti prendre. En effet, certains d'entre nouspensent qu'un homme que Ton esprit aurait rendu parfait pourrait lui aussi accomplirun tel miracle. Mais d'autres disent qu'il ne sera jamais possible qu' Dieu de faire de

    telles choses ; car il faut pour cela une volont divine toute-puissante qu'un espritcr ne pourra jamais avoir par lui-mme, parce que cet esprit n'est pas infini, maisextrmement limit.

    3. Cela se voit dj, disent-ils, sur les cratures de cette terre : plus elles sontgrandes, plus elles ont de force et de puissance, et plus elles sont petites, moindregalement est leur force. On raconte chez nous qu'il existait autrefois des lphantsgants dont ceux que l'on trouve aujourd'hui ne sont que le ple reflet. Ces animaux,dit-on, taient d'une force telle qu'ils pouvaient arracher sans la moindre peine, avecleur trompe, les arbres les plus robustes. Et si, ds cette terre, la force d'une cratureest d'autant plus grande qu'elle est elle-mme plus grande, quelle diffrence n'y aura-

    t-il pas entre les esprits, qui sont au principe de la force des diverses cratures !Ainsi, ce qui T'est possible, Toi, le grand Esprit originel, ne sera possible aucunesprit cr fini, parce que Toi seul es absolument sans limites, et il ne serait doncpossible aucun autre esprit de crer partir du nant la maison, le jardin et lesmagnifiques vaisseaux que nous voyons ici !

    4. Ma propre opinion l-dessus est un peu partage ; car lorsque je considraisl'opinion des premiers, je me disais : produire en un instant une uvre que deshommes pourraient aussi accomplir bien qu'au prix de beaucoup de travail et detemps , cela doit pourtant tre, mme pour Dieu, plus facile accomplir qu'unechose qui est et doit demeurer jamais impossible l'homme.

    5. Ainsi, les hommes peuvent, avec le temps, btir des difices dune beautmerveilleuse et d'une taille immense ; mais aucun homme de la terre ne pourrajamais crer le plus petit brin d'herbe ni le faire crotre, fleurir et porter des grainesen sorte qu'il puisse se perptuer, encore moins un arbre fruitier et surtout un animalcapable de se mouvoir librement, de chercher sa nourriture et de concevoir sonimage.

    6. Il parat difficile qu'un homme, si accompli soit-il, puisse engendrer de telleschoses partir de rien, par sa seule volont toute-puissante ; car il faut pour celadavantage que la force sans limites d'un esprit humain infini tant selon le temps queselon l'espace. Mais, en toute logique, il doit tre possible un esprit humainparfaitement accompli de faire exister en un instant des choses qu'il pouvait dj

    crer, ft-ce grand-peine, en tant qu'tre limit. Reste savoir si ces chosesdevraient exister durablement, ou seulement pour quelques instants et en apparence, un moment o, sans intrt personnel et pour la seule gloire de Ton nom, l'ons'efforcerait d'clairer les aveugles !

    7. Seigneur, consentirais-Tu me dire ce qu'il en est exactement ? Qui a raison,moi ou les autres ? Je ne T'aurais certes pas importun avec cette question si jen'avais remarqu que Tu tais en cet instant bien sr par Ta seule volont unpeu dsuvr. Aussi, si Ta sainte volont Te permettait de donner ma question unerponse valable pour l'ternit, ce serait pour nous tous une grce incommensurable

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    dont nous ne saurions jamais Te remercier suffisamment.

    Chapitre 12

    Qu'est-ce qu'avoir raison ?

    1. Je dis : Ah, Mon trs cher ami, il Me sera bien difficile de donner raison quelqu'un, de toi ou de tes compagnons dont l'avis diffre un peu du tien ! Imagineun pieu mal plant en terre : pour qu'il tienne mieux, il faudrait l'enfoncer plusprofondment par quelques coups de masse. Surviennent alors deux charpentiers peuhabiles, encore novices dans leur art. L'un deux, s'estimant plus adroit, dit soncompagnon : "Frre, nous sommes certes aussi adroits l'un que l'autre, mais donne-moi tout de mme la masse, afin que je frappe le premier coup, car je m'y entends viser pour enfoncer les clous. Soit, dit le second, voyons comme tu vises bien."L-dessus, le premier prend la masse et frappe un grand coup. Il touche bien le pieu,mais ne fait qu'en frler le ct gauche, ce qui ne contribue en rien le consolider.Son collgue se met alors rire et dit : "Rends-moi la masse, car si c'est ainsi que tufrappes sa tte, ce pieu ne tiendra jamais mieux dans le sein de la chre mre Terre !"Celui qui n'avait pas russi dit : "Tiens, prends et tente ta chance !" L'autre frappe son tour plus fort encore, mais, sans toucher davantage la tte du pieu, il en frle lect droit. Ils commencent alors se quereller pour savoir lequel des deux a frapple meilleur coup. On conoit qu'il ne leur est pas facile de se mettre d'accord ; carune telle querelle ne peut prendre fin que lorsqu'un plus fort et plus exprimentsurvient et montre aux deux adversaires la bonne manire d'enfoncer le pieu. Lesdeux autres y parviendront alors leur tour ; mais, sans le troisime, ils auraient puse quereller longtemps encore sans pouvoir dcider lequel des deux avait le mieux

    frapp, et si le coup rasant valait mieux gauche qu' droite.2. Vois-tu, il en va de mme pour votre dispute, et il faut que Je sois le troisime quimettra fin la discussion en enfonant le pieu devant vous, sans quoi cela pourraitfinir par une querelle sanglante, tout cela pour savoir s'il vaut mieux manquer soncoup en frappant gauche plutt qu' droite !

    3. Ainsi, ni toi ni tes compagnons n'avez trouv la vrit propos de ce miracle et dela question de savoir si un homme spirituellement parfait pourrait lui aussil'accomplir, mais vous n'avez fait tout juste qu'effleurer cette vrit d'un ct et del'autre !

    4. n'en pas douter, J'enfoncerai ce clou en frappant en plein sur sa tte(*) ; mais

    avant que Je fasse cela pour vous, tu dois aller trouver tes compagnons et leur direqu'aucun des deux partis n'a raison, et que chacun n'a fait qu'effleurer peine lavrit d'un ct et de l'autre. Vous devez d'abord rgler votre diffrend en admettantque, dans cette affaire, vous ne savez ni ne comprenez rien. Alors seulement, tureviendras, et Je t'apprendrai ce qu'il faut penser de cette question et ce qu'il est bond'en connatre.

    (*) En allemand, den Nagel auf den Kopftreffen signifie toucher juste , mettre dans le mille (et non, littralement, enfoncer le clou au sens d' insister ), d'o toute cette parabole.(N.d.T.)

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    5. L-dessus, le chef noir retourne ses compagnons et leur rpte cela. Et ils luidisent fort sagement : II est fort bon que le Seigneur Lui-mme nous ait donn cetavis ; car il vaut non seulement pour le prsent, mais pour tous les temps venir.Combien de fois n'est-il pas arriv que l'un d'entre nous juge une chose d'unemanire, un second d'une autre manire et un troisime autrement encore ? Et qui,

    des trois, avait jug selon l'entire vrit ? Aucun n'avait frapp le clou sur la tte,peut-tre ne l'avaient-ils mme souvent qu' peine effleur ! la fin, il fallait runirun grand conseil pour dcider la majorit des voix qui avait raison dans sonjugement de telle question ou de telle action ; et il n'tait sans doute pas rare que ceft prcisment celui qui tait tomb le plus loin qui se voyait donner raison par lamajorit ! Si quelqu'un nous avait donn alors un aussi sage avis, que d'inutilesdisputes eussent t vites ! Mais, n'ayant pas reu ce conseil sacr, nous passionsbeaucoup de temps nous quereller pour la simple raison que chacun d'entre nousvoulait tre le plus sage.

    6. Pourtant, cela avait tout de mme du bon ; car ces perptuelles querellesenflammaient toujours plus notre soif d'une vrit pure. Sans elle, Oubratouvishar,

    nous ne t'aurions sans doute jamais choisi pour notre guide ; et sans toi, nous neserions jamais alls jusqu' Memphis, donc encore bien moins jusqu'en ce lieu onous avons pu entendre aujourd'hui la vrit la plus pure de toutes, de la bouchemme de Celui qui est la cause ternelle de toute vie, de toute existence et de toutechose. Aussi, va maintenant Lui faire part de notre profonde gratitude pour le trssage avis divin qu'il nous a donn tous, et auquel nous resterons fidles en toutevrit dans nos actes, de gnration en gnration ! Plus jamais de discorde entrenous, car nous sommes l'vidence frres !

    Chapitre 13

    De la possibilit d'accomplir de plus grandes choses que le Seigneur

    1. Sur ces paroles, le chef, accompagn de son serviteur, vint Moi et voulut Merpter mot mot ce que lui avaient dit ses compagnons.

    2. MaisJe lui dis : Ami, Celui qui sonde le trfonds des hommes n'a pas besoin decela ! Je sais dj tout ce que tes compagnons t'ont confi avec beaucoup de sagesse,et tu peux donc entendre maintenant de Ma bouche quelle est la stricte vrit dansvotre controverse. Regarde, coute et comprends !

    3. Lorsqu'un homme, sur cette terre ou mme seulement dans l'au-del, ce qui sera le

    cas le plus frquent, aura atteint en esprit la plus grande perfection de la vie, il pourralui aussi, par sa seule volont libre, faire et crer durablement non seulement ce queJe fais aujourd'hui sous vos yeux et tout ce qui existe et arrive dans toutes les sphresde la Cration, mais de bien plus grandes choses encore ! Car, premirement, unhomme accompli, tant Mon enfant, est en accord avec Moi en toute chose, et nonpas seulement dans certaines choses particulires, et il doit donc tout naturellement,puisque Ma volont est tout entire devenue la sienne, tre capable de faire tout ceque Je puis faire Moi-mme.

    4. Mais, deuximement, aucun homme, quel que soit son accomplissement, ne perd

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    son libre arbitre propre, si parfaitement unie que sa volont soit dsormais laMienne, et c'est pourquoi il peut non seulement tout vouloir par Moi, mais aussivouloir librement et par lui-mme sans aucune limite, ce qui, de toute vidence, estpourtant bien quelque chose de plus que Ma volont.

    5. Cela te parat certes quelque peu extraordinaire, et pourtant, il en est ainsi, et il en

    sera ainsi dsormais ternellement. Mais afin que tu le comprennes tout fait, Jevais rendre cela encore un peu plus clair en te remettant en mmoire un phnomnequi, depuis Memphis, ne doit plus t'tre tout fait tranger.

    6. Lors de votre premier sjour Memphis, tu as vu, chez le sage grand prtre etcurateur Justus Platonicus, plusieurs sortes de miroirs dont la surface parfaitementpolie te renvoyait ton image.

    7. Mais le curateur t'a galement montr un miroir dit magique o, ta grandestupfaction, tu as pu te voir bien plus grand que tu ne l'es naturellement.

    8. Et le curateur t'a montr une autre proprit de ce miroir : il a fait s'y reflter le

    soleil, puis, au foyer extraordinairement lumineux o convergeaient les rayons, etqui se trouvait une bonne demi-hauteur d'homme de la surface du miroir, courbede tous cts vers ce centre, il a fait s'enflammer toutes sortes d'objets combustibles,te causant un tonnement plus grand encore.

    9. Dis-Moi, comment cela tait-il possible ? Comment se faisait-il que les rayonsrenvoys par le miroir prtendu magique eussent un effet bien plus puissant que lesrayons ininterrompus provenant directement du soleil ? Pourtant, les rayonsrenvoys par le miroir magique n'taient rien d'autre que les rayons de ce mmesoleil !

    10. De plus, le miroir demeurait parfaitement froid ! D'o ses rayons tiraient-ils donccet effet tellement suprieur celui de la lumire naturelle et non captive du soleil ?Tu comprends bien des choses, et tu sauras donc sans doute Me donner quelqueraison cela, au moins celle que le grand prtre a pu lui-mme te donner !

    11. Le chef dit: Seigneur, Tu sais tout en vrit ! Oui, c'est vrai, Memphis, legrand prtre nous a montr un tel miroir ainsi que ses divers effets ; mais, franchement parler, c'est l que son explication m'a le moins satisfait. En cettematire, il me parat avoir frapp bien loin de Ton pieu de tout l'heure, et ne l'avoirmme pas effleur. Bref, plus il s'efforait de m'expliquer la chose, plus elle devenaitobscure, tant pour lui que pour moi, et en dpit de tout son zle.

    12. Une seule chose me sembla juste dans ses paroles, savoir que ce miroir courbeavait la proprit de rendre plus denses les rayons du soleil, et qu'il le faisait bienplus srement et avec une densit bien plus grande que si l'on disposait un grandnombre de miroirs plans, refltant le soleil avec sa taille naturelle et tel qu'il apparat nos yeux, en sorte que tous les rayons dussent se rencontrer en un seul et mmepoint, point qui serait donc lui aussi bien plus lumineux que celui qui proviendraitd'un unique miroir plan. Il s'agissait donc l l'vidence d'une concentration de lalumire solaire, et l'exprience, disait encore le grand prtre, montrait quel'accroissement de la luminosit avait pour consquence un accroissement identiquede la chaleur. Il est vrai que, selon lui, on ne pouvait mesurer cela exactement ; maisle fait n'en tait pas moins certain, selon une exprience amplement dmontre de

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    nombreuses reprises.

    13. C'est l, Seigneur, tout l'enseignement que j'ai reu de la bouche du grandprtre. Quant aux autres conclusions que je pourrais ou devrais en tirer, mon men'est pas capable de les dcouvrir, et c'est pourquoi je T'implore nouveau de bienvouloir dverser sur cette me encore dans l'obscurit une vraie lumire concentre,

    sans quoi il y fera toujours noir, comme est noire sur toute ma chair la peau de monmisrable corps !

    Chapitre 14

    Sur les prodiges que peut accomplir l'esprit humain entr dans la volont divine

    1.Je dis : Fort bien, ainsi, coute-Moi. Car Je suis le soleil de tous les soleils, detous les mondes spirituels et des cratures de toute espce qui s'y trouvent.

    2. De mme que le soleil de cette terre dverse sa lumire, et avec elle sa chaleur, surtoutes les cratures d'une plante et sur cette plante elle-mme dans une mesurebien dfinie, animant ainsi toute cette plante d'une manire l'vidence naturelle,de mme, Je Me dverse dans une mesure toujours trs strictement dfinie, fixe parMoi-mme dans un ordre immuable, sur tout ce que J'ai cr ; et c'est pourquoi laterre ne peut tre davantage terre qu'elle ne l'est dj, le figuier pas davantage figuier,le lion pas davantage lion, et de mme, aucune crature, jusqu' l'homme except, nepeut devenir plus, ni mme moins, que ce qu'elle est dj dans son genre ou sonespce.

    3. Seul l'homme, par son me et son esprit, peut devenir sans cesse davantagehomme, parce que Je lui ai donn en partage la facult imprescriptible, s'il suit Ma

    volont aprs qu'elle lui a t rvle, de recevoir en lui sans cesse davantage de Malumire spirituelle de vie.

    4. Lorsqu'un homme vit dans les rgles de la Loi, sans chercher atteindre un butplus lev, mais aussi sans se laisser avilir en s'cartant de l'ordre qu'il a accept,cet homme, qui est donc sans tache aux yeux du monde, est semblable un miroirplan dont la surface renvoie l'image du soleil sans la grossir ni la rapetisser. C'estaussi pourquoi il comprendra tout d'une manire toute naturelle et n'aspirera en toutechose qu' un bnfice trs ordinaire.

    5. Mais un homme qui, parce qu'il possde quelques lumires en vrit prises enpassant ici ou l, brille et fait l'important dans quelque domaine, auprs de ceux qui

    n'ont aucune lumire, comme s'il avait vraiment touch le premier le fond de lasagesse, et qui tient tous les autres pour les derniers des idiots un tel homme segonfle jusqu' ressembler une boule dont la surface trs polie est comme un miroircourbe tourn vers l'extrieur.

    6. Sur une telle surface, tu verras sans doute se rflchir l'image lumineuse du soleil,mais en tout petit. et tu ne percevras plus aucune chaleur. Le scintillement qu'ellerflchit n'enflammera jamais quoi que ce soit, pas mme l'ther de naphte siaisment combustible ! C'est l l'effet de l'orgueil d'une me qui se fait une trophaute ide d'une chose parfaitement insignifiante. Et plus la suffisance d'une telle

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    me augmente, plus la convexit de son miroir s'accrot, et plus l'image du soleilspirituel se fait donc petite sur la surface devenue presque pointue de ce miroir de laconnaissance.

    7. Les hommes que Je viens de te dcrire ne deviennent pas sans cesse plus humains,et la seconde sorte, au contraire, le devient toujours moins.

    8. Mais il existe une troisime sorte d'homme, qui se fait certes un peu rare !Extrieurement, elle est particulirement obligeante, serviable, patiente, douce,pleine d'humilit et d'amour envers tous ceux qui ont besoin de ses services.

    9. Cette sorte est semblable notre miroir magique courb vers l'intrieur. Quand lalumire de vie et de connaissance issue de Moi tombe sur un tel miroir de l'me,cette lumire, rayonnant en retour sur les actions terrestres, enflammera lessentiments et la libre volont de cet homme pour tout ce qui est bien, amour, beaut,vrit et sagesse, et tout ce qui viendra se trouver au foyer de cette lumirespirituelle fortement concentre sera illumin d'une grande clart et, sous l'effet de lagrande chaleur de la vie intrieure, s'panouira bientt pleinement. Et l'homme

    pourvu d'un tel miroir de l'me dcouvre avec toujours plus de clart des chosesauxquelles un homme ordinaire n'aurait jamais song.

    10. C'est pourquoi un tel homme devient sans cesse plus homme ; et plus il devienthomme, plus il se perfectionne intrieurement. Et quand, avec le temps, la capacitou le diamtre de son miroir de vie n'ayant cess de crotre, il aura gagn enprofondeur face au Centre de la vie, son foyer de plus en plus lumineux et vaste,fera assurment de bien plus grandes choses, dans son action extrieure, que Malumire solaire, mesure au plus juste toutes les cratures, et de laquelle il nefaudra jamais attendre qu'elle s'accroisse extraordinairement par les voies naturellesconformes l'ordonnance et l'on ne saurait imaginer que la lumire solaire

    tombant naturellement sur cette terre fasse jamais fondre un diamant, contrairement la lumire concentre renvoye par un grand miroir dit magique.

    11. Il en va exactement de mme pour l'homme hautement accompli, dont J'ai dittout l'heure qu'il ferait de plus grandes choses encore que Moi. Je ne fais rien quine soit conforme Mon ordonnance mesure au plus juste de toute ternit, et il fautque la terre suive son cours la distance du soleil qui lui a t fixe, et o, d'unefaon gnrale, elle est constamment soumise la mme luminosit.

    12. Il est donc facile de comprendre que jamais, au grand jamais, Je ne pourrai, pourles besoins de la connaissance ou ne serait-ce que par jeu, user de la toute-puissancede Ma volont pour placer cette terre ou une autre tout prs du soleil ; car une telle

    exprience rduirait aussitt la terre tout entire en un simple brouillard blanc-bleu.13. Mais vous, les hommes, vous pouvez, avec de semblables miroirs, concentrer enun point de cette terre la lumire disperse du soleil et utiliser cette force sur depetites parties de la terre, faisant ainsi avec la lumire du soleil plus de choses queMoi, et de plus grandes, dj du seul point de vue de la nature et combiendavantage avec Ma lumire spirituelle issue du trs parfait miroir concave de votreme pleine d'humilit !

    14. Oui, dans leur domaine restreint, Mes vrais enfants creront et accompliront deschoses qui, en soi et toutes proportions gardes, seront ncessairement plus grandes

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    que Mes actes, parce que, outre qu'ils accompliront pleinement Ma volont, ilspourront agir selon leur volont parfaitement libre, o Ma lumire peut se concentrerjusqu' atteindre une puissance indicible, et pourront donc, grce la puissance dufeu trs intense de Ma volont profonde, accomplir dans leur petit domaine des actesque Je n'aurai jamais le droit d'accomplir, quoique Je le puisse assurment, parce que

    Je dois prserver la Cration tout entire.15. Bref, Mes vrais enfants pourront vritablement jouer avec des forces de Moncur et de Ma volont dont, strictement parler, Je n'ai jamais fait le moindre usageeffectif, de mme que Je n'ai jamais, pour M'amuser, pouss cette terre tout contre lesoleil pour faire fondre quelques sommets de montagnes sa chaleur pour vousincommensurable, ce qui ne saurait arriver sans qu'aussitt toute cette terre soitrduite en ther. Ainsi, ce que Je n'ai le droit de faire ni en grand, ni encore moins enpetit, Mes enfants pourront l'accomplir grce aux miroirs magiques, d'abord selon lanature, et donc d'autant plus spirituellement !

    16. Comprends-tu bien et trs exactement prsent, Mon cher ami, ce que Je viens

    de t'expliquer en rponse tes questions ? Es-tu satisfait, ou as-tu encore quelquedoute sous ta peau noire?

    Chapitre 15

    Le Seigneur console les Nubiens de n'tre pas destins la filiation divine

    1.Le chef dit: Oui, Seigneur, tout est clair prsent, et mon me a dsormais lesentiment que tout cela lui est familier ! Mais je remarque que Tes disciples, pour laplupart, ne semblent pas du tout comprendre cette image des trois sortes de miroir !Je Te remercie du fond du cur pour cet claircissement, qui correspondparfaitement tout ce que je ressentais ; mais, comme je l'ai dit, je suis bien fch devoir que ce sont ceux-l mmes qui sont appels devenir Tes enfants qui semblentle moins comprendre ces choses !

    2.Je dis : Que cela ne t'inquite pas ! Si toi, tu les comprends, pourquoi te soucierd'autre chose ? Ceux-l comprendront bien en leur temps ; car ils seront encorelongtemps prs de Moi, tandis que vous repartirez demain pour votre pays!

    3. Un usage assurment fort bon, et qui a exist de tout temps chez tous les peuples,veut que l'on s'occupe de l'hte tranger avant les enfants de la maison. Les enfantsn'en seront pas lss pour autant ! Vous pouviez facilement comprendre cettequestion ds prsent, parce que vous connaissiez dj l'existence des miroirs ; maisaucun de Mes vrais disciples et enfants n'a encore jamais vu d'autre miroir que lasurface d'une eau tranquille. Cependant, quand Je voudrai leur expliquer un peumieux la chose, il Me sera tout aussi facile, pour Me faire comprendre, de faireapparatre de tels miroirs, qu'il M'a t facile de faire apparatre le cerveau humain etde donner au vieux Marc cette maison neuve avec toutes ses dpendances.

    4. Aussi, ne t'inquite pas pour Mes disciples et pour Mes vrais enfants ; car Je tedonne personnellement l'assurance qu'aucun d'eux ne sera ls. Car les trangersviennent et s'en vont, mais les enfants demeurent dans la maison ! As-tu compriscela aussi ?

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    5.Le chef dit: Si je l'ai compris ! Mais mon me ne s'en rjouit pas pour autant ;car lorsque Tu nous as donn ce nom d'"trangers", je me suis senti bien loin de Toi! Mais nous ne pourrons jamais changer ce que Tu as dcid de toute ternit, et,bien qu'trangers, nous Te remercions pourtant avec l'amour le plus brlant pourtoutes les faveurs immenses et tout fait immrites que Tu nous as accordes !

    6. ces mots, les yeux du chef et de son serviteur s'emplissent de larmes, etJarahMe dit en secret : Seigneur et Pre de tous les hommes, regarde, les deux Noirspleurent !

    7. EtJe lui dis : Ce n'est rien, Ma trs chre petite fille ; car c'est prcisment ainsiqu'ils deviendront les enfants de Mes enfants, et ceux-l non plus ne seront paschasss de la maison du grand-pre !

    8. Entendant ces paroles de Ma bouche, les deux Noirs tombrent genoux devantMoi et pleurrent gros sanglots, mais de joie cette fois.

    9. Au bout d'un moment, le chef s'cria : Dieu plein de justice, de sagesse,

    d'amour, de force et de misricorde, tout mon tre Te remercie avec la plus grandecontrition, en mon nom et au nom de mon peuple, puisque du moins nous avons ledroit de nous dire les enfants de Tes enfants !

    10.Je dis : Sois tranquille, Mon ami. Celui que Je reois ne M'est plus tranger !Vois comme la terre est couverte de montagnes grandes et petites : les plus hautessont certes les premires et proprement parler les filles originelles de la terre, et lesplus basses ne sont nes que peu peu des dpts des premires mais, tandis queles ttes des premires et des plus hautes s'ornent de glaces et de neiges ternelles,leurs descendantes plus basses sucent continuellement le lait d'amour n du sein deleur grande mre(*) !

    11. Je vous le dis : celui qui a de l'amour et agit par amour, celui-l est Mon fils, Mafille, Mon ami et Mon frre ! Mais celui qui n'a pas d'amour et n'agit donc pas selonlui est un tranger et sera trait comme tel. Et puisque Je t'appelle Mon ami, tu n'esplus un tranger, mais appartiens Ma maison par Ma parole reue fidlement enton cur. Sois donc dsormais consol, et va annoncer cela tes frres !

    12. Le chef se rend alors avec son serviteur auprs de ses compagnons et leurannonce tout ce que Je lui ai dit, et tous se mettent pousser de vritables cris de joie cette nouvelle qui les console si extraordinairement. Nous les laisserons leur justejoie, tandis que Cyrnius, qui, bien que connaissant fort bien les diffrentes sortes demiroirs, n'a pas tout fait compris Mes explications lui non plus, Me demande si Jeconsentirais lui en dire un peu plus. Mais Je lui conseille de patienter un peu, car

    nous allons bientt avoir affaire une dlgation de Csare de Philippe faisantassez triste figure, et Cyrnius se contente de cela.

    (*) Les petites montagnes seraient donc ici les contreforts des plus hautes (d'o coule l'eau dela fonte des neiges), car, en toute rigueur, les montagnes basses sont les vieilles montagnes uses! (N.d.T.)

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    Chapitre 16

    La dlgation de Csare se prsente devant Cyrnius

    1. peine avais-Je fini de parler que douze hommes apparurent au dtour de

    l'ancienne maison ; il y avait l six Juifs et six Grecs. En effet, les Csarens, quicampaient prsent dans des huttes, avaient appris par leurs bergers et leurspcheurs que le vieux pcheur Marc avait reu en prsent du souverain romain unegrande portion de terre, qui, en tant que sa pleine proprit, avait t ceinte d'unemuraille infranchissable. Mais les Csarens considraient comme bien communaltoutes les terres qui entouraient la ville aussi loin que portait la vue, et ils voulaientdemander Cyrnius de quel droit il s'tait empar d'une proprit de la ville pourlaquelle celle-ci avait toujours pay le tribut, tant aux Romains qu' Jrusalem.Cependant, J'avais dj conseill Cyrnius dans le secret de son cur, et il savaitdonc par avance, avant qu'un seul des dlgus et ouvert la bouche, de quoi il seraitquestion ; aussi tait-il suffisamment prpar rpondre ce qu'il fallait cette

    dlgation qui talait une affliction fort immodeste.2. Aprs toutes les rvrences d'usage, un Grec distingu, du nom deRode, s'avanavers Cyrnius et parla en ces termes : Trs juste, trs svre et trs noble Altesse,noble souverain et seigneur, nous sommes ici pour cette raison que ta munificence ajug bon de remettre au vieux soldat Marc, aujourd'hui pcheur, une partconsidrable de nos terres communales, sur lesquelles pse un lourd tribut, pour enfaire un domaine clos de murs. Nous l'avons appris avec la plus grande tristesse, il ya une heure, par nos bergers, eux-mmes affligs par la perte de cette belle terre.

    3. Le malheur qui nous a frapps, nous, Csarens jusque-l dans l'aisance, desruines encore fumantes en tmoignent encore ici et l. Nous sommes dsormais, au

    plein sens du mot, les mendiants les plus misrables du monde. Heureux celui qui apu sauver un peu de son avoir dans ce violent incendie ! Mais nous, pauvres diables,nous n'avons pas eu cette chance ; car le feu s'est tendu trop rapidement, et, commebeaucoup d'autres, nous devons encore remercier les dieux d'avoir pu sauver nosvies. Un peu de btail est dsormais tout notre bien, et nous sommes redevenusnomades ; mais comment nourrir mme cet ultime bien, si ta munificence nous retirenos meilleures terres au profit de Romains de naissance et, les ceignant de murs, enfait la proprit intangible de ceux qui ont le bonheur de jouir de tes hautes faveurs?!

    4. C'est pourquoi nous te supplions de nous dire si Marc, qui est chu ce si grandbonheur, devra ou non nous donner un ddommagement ! Car, dans la pniblesituation o nous sommes, nous priver de ces terres sans le moindreddommagement serait assurment une chose dont on trouverait difficilement unautre exemple dans l'histoire de l'humanit. Trs noble seigneur, que peuventattendre les malheureux que nous sommes ?

    5. Cyrnius dit : Que me racontez-vous et que venez-vous faire ici, impudentsindignes du nom d'homme ?! Cette portion de terre appartient depuis cinq cents ans cette montagne et cette maison de pcheur, et elle n'avait pas la moindre valeur,n'tant qu'un dsert de sable et de galets. Et vingt arpents de terre qui en fontgalement partie n'ont pas t ceints de murs, et sont donc laisss au libre usage de la

  • 7/31/2019 La Grande Evangile de Jean - Vol.5 (Jacob Lorber)

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    communaut. De plus, vous vous tes prsents moi comme de parfaits mendiantsayant perdu tout leur avoir ! Que dire d'une telle malice et d'une telle duplicit ?! Jesais fort bien que vos maisons de la ville ont t dtruites par le feu, et aussi combien se montent vos pertes ; mais je connais aussi les grands biens que vouspossdez Tyr et Sidon, et je sais que toi-mme, Rocle, tu y possdes une fortune

    qui te suffirait rivaliser avec moi ! Et les onze qui t'accompagnent sont dans lemme cas !

    6. Vous tous, vous possdez encore tant de biens et de richesses qu' vous seuls,vous pourriez reconstruire au moins dix fois la ville incendie ; et pourtant, c'estvous qui venez vous plaindre de votre pauvret et qui voulez m'accuser d'injusticeparce que j'ai spar de la vtre la proprit trs lgitime du vieux Marc un hommed'honneur dans toutes ses fib