LEE Bae La Gazette de l'Hotel Drouot - PERROTIN...PAR MAÏA ROFFÉ w (-0 LU ce CL10 O D < Pour Lee...

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PRESSBOOK LEE Bae La Gazette de l'Hotel Drouot February 2018 1/1

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PRESSBOOK

LEE Bae

La Gazette de l'Hotel Drouot

February 2018

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L'OBSCURE CLARTÉDE LEE BAE

F I D È L E À M D I M E N S I O N

C E T A R T I S T E C O R É E N M

D A N S L E S P R ^ I Q U E S Ç O N T ^

E N A V A N T f R E M

PAR MAÏA ROFFÉ

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Pour Lee Bae (prononcez << li-bé »),le noir est une couleur. Profonde,vibrante, qui aspire la lumièrecomme un trou noir. « Le charbon

de bois, avec lequel je travaille depuis tou-jours, absorbe la lumière. Mon travail n'a rienà voir avec celui de Pierre Soulages, dont lespeintures \outrenoires\ la réfléchissent».Depuis ses débuts en 1982, l'artiste cherche àcapter cette obscure clarté, en s'exerçantchaque jour à dessiner des formes à l'encrede Chine sur du papier, dont certaines donne-ront naissance à des peintures.Une pile de dessins repose sur une table, aumilieu de grandes toiles blanches balafrées denoir, accrochées au mur, sur des chevalets ouinstallées à plat sur des tréteaux. Dans unangle, des châssis et des pinceaux de toutestailles sont impeccablement rangés prèsd'une coupelle de poudre de charbon de bois,et de pots de médium acrylique d'un blanc lai-teux. Installé depuis vingt ans dans cet atelier-appartement lumineux, au dernier étage d'unimmeuble moderne du quai de la Loire àParis, l'artiste, né en 1956 dans le districtde Cheongdo (en Corée du Sud), prépareune grande exposition personnelle à la Fon-dation Maeght pour le printemps. Intitulée«Plus de lumière », en référence aux derniers

mots de Goethe avant de s'éteindre, elle «pré-sentera ce grand artiste coréen dont le travailtrès tellurique révèle ce que peut être la sculp-ture imaginée en lien avec la nature », dit Oli-vier Kaeppelin, ex-directeur de la FondationMaeght, à l'initiative de l'événement.

ISSU DU FEUDu charbon de bois, Lee Bae explore depuisles années 1990 les propriétés plastiquesautant que la dimension symbolique etrituelle, très présente dans la culturecoréenne. Cette matière née du feu, qu'il uti-lise sous forme de fusain lors de son arrivée àParis à cette période, ravive chez lui le souve-nir de son usage en Corée et lui semble rele-ver du même univers que l'encre de Chine,obtenue à partir de la suie. «Le charbon étaitlié à ma propre culture et j'avais besoin, à cemoment-là, de garder un lien fort avec mespropres origines. J'étais parti de Corée pourquitter mes racines mais, arrivé ici, je me sen-tais étranger, très loin de chez moi, et le char-bon de bois me permettait de retrouver l'uni-vers de l'encre de Chine, de la calligraphie »,expliquait-t-il en 2011 lors d'un entretien avecle critique d'art Henri-François Debailleux,aujourd'hui commissaire de l'exposition. Demême, une vidéo de cérémonie du feu, expo-

sée au musée Guimet en 2015 (Burning aHouse ofMoon , 2014), fait référence à unetradition de son village natal. «Lors de la pre-mière pleine lune de l'année, vers le 15 jan-vier, chaque famille apporte du bois de pin,jusqu'à constituer un tas de trente mètres dehaut. Chacun écrit un vœu à l'encre de Chinesur un papier et le fixe au tas de bois. Unjeune homme qui doit se marier prochaine-ment y met le feu. Pendant deux jours, le tasbrûle et, lorsqu'il est refroidi, les villageoisviennent récupérer un morceau de charboncomme porte-bonheur. Dès que le jeunehomme ayant mis le feu s'est marié et a unenfant, il accroche un morceau de charbon au-dessus de la porte à l'aide d'une corde»,explique cet homme courtois et tranquille.« C'est une cérémonie qui relève du chama-nisme et du dialogue avec la nature », ajoute-t-il en souriant.

LA SYMBOLIQUE DE L'ARBRECette tradition afait naître chez Lee Bae, à lafin des années 1990, des sculptures de boisbrûlé : des œuvres élaborées dans un autreatelier de 600 mètres carrés, situé au pied desmontagnes à Daegu, non loin de sa demeurefamiliale. «Je choisis des billes de bois desapin de ma région, que je fais cuire dans de Q

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DIFFUSION : 27304JOURNALISTE : Maïa Roffé

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LEE BAEEN 5 DATES1956Naît au Cheongdo,en Coréedu Sud

1989S'installe à Paris

2000Est élu artiste de l'année et exposeau Musée national d'art contemporainde Gwacheon

2014Rétrospectiveau DaeguArt Muséum

2015Sevoit donner carte blancheau musée national des Arts asiatiques -Guimet, à Paris

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^ grands fours traditionnels de quatre mètresde diamètre pendant quinze jours, explique-t-il. L'ensemble refroidit ensuite quinze joursdurant. Une fois qu'il est bien carbonisé, jemets autour des bandes de caoutchouc pourgarder la forme originale.» On retrouveradans le jardin de sculptures de la FondationMaeght ce type de productions, intitulées Issudu feu, dans une installation créée pour l'occa-sion. On y verra aussi une installation monu-mentale de rondins de bois brûlés, posés surde la terre battue ( Landscape ), spécialementconçue pour la dernière grande salle du par-cours, en rez-de-jardin. Si une œuvre sembla-ble a été montrée en 2014 au Daegu ArtMuséum, en Corée du Sud, elle n'a jamais étévue en France. De la même façon figurera unimposant quadriptyque de charbons poncés etcollés sur toile, dont l'alternance de tonalitésmates et d'irisations chatoyantes donne nais-sance à une véritable marqueterie anthracite.«Mes œuvres en charbon de bois, conçues àpartir des pins du Cheongdo, dialoguerontavec la forêt de pins de Saint-Paul-de-Vence.La symbolique de l'arbre est fondamentalechez les nobles coréens, qui représentaient lespins en calligraphie, depuis le XV e siècle. »Ancien assistant de Lee Ufan (artiste coréenlui aussi, né en 1936), Lee Bae a travaillé lecharbon de bois jusqu'en 2000, jusqu'à sonexposition au Musée national d'art contempo-rain de Gwacheon. «Après avoir fini, j'ai vrai-ment ressenti le besoin de changer et de le

laisser à la nature. Il me restait beaucoup depoudre de charbon, et j'ai un jour tout jeté enl'air, comme si je faisais un happening, uneperformance. Ce geste m'a fait l'effet d'unelibération. Je me suis aperçu que le matériauen lui-même, sa présence physique, nem'était plus nécessaire et que j'avais désor-mais uniquement besoin de son image».Depuis lors, Lee Bae réalise des peintures degrand format, où des formes noires abstraitesse détachent sur un fond crème, évoquant lacouleur du papier de soie coréen.

RETOUR AU DESSINL'artiste superpose patiemment les couchessur la toile, y apposant d'abord au pinceau uneforme noire mate en poudre de charbon debois, avant de la recouvrir d'une couched'acrylique transparente, à l'aspect laiteux,mêlée à trois pour cent de cire. Travaillant àplat, il recommence cesopérations quatre fois,ce qui donne au support un aspect de glacis.

«C'est cette superposition des couches quicommunique aux toiles leur profondeur, leurdensité et leur vibration», souligne Henri-François Debailleux. Aplats, taches ou cerclesnoirs, les motifs de Lee Bae n'ont rien de ges-tuel et sont particulièrement maîtrisés, peintsà la brosse ou au pinceau de façon extrême-ment minutieuse. «L'exposition révélera aussiun aspect mal connu de l'artiste, la qualitéexceptionnelle de ses dessins, comme entémoigne la série virtuose des kakis secs au

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LEMONDEDEL'ART ATELIERD'ARTISTE

Landscape, troncs d'arbres brûlés,1 800 x 1 600 crn. Vue de l'installationau Daegu Art Muséum en 2014.

!)F'ARK MYLING-RAE/© LEE BAE

Issu du feu, charbon de bois sur toile,2000,210x 120 cm (détail).

crayon sur papier, intituléeajoute le commissaire. Équilibre entre vide etplein, entre lumière et ombre, l'immatérialitédu noir, chère à Lee Bae, sera pour la pre-mière fois contrebalancée par une toile decouleur rouge feu au sein du parcours...Un premier pas versune nouvelle manière ? •

À VOIRLeeBae, «Plus de lumière», Fondation Maeght,

623, chemin des Gardettes,06570 Saint-Paul-de-Vence,

tél. : 04 93 32 81 63,www.fondation-maeght.com

Du 24 mars au 17 juin.

LeeBae, « Black Mapping», galerie Perrotin,76, rue de Turenne, Paris IIIe,

tél. : 01 42 16 79 79, vww.perrotin.comDu 17 mars au 26 mai.

L'artiste est représentéen Francepar la galerie RX, 16, rue des Quatre-Fils,

Paris IIIe, tél. : 01 71 19 47 58,www.galerierx.com - http://leebae.net

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