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Université Bordeaux Segalen Bordeaux II Master 2 Professionnel de Psychologie Spécialité Psychologie du Travail et de la Vie Sociale Option Psychologie Sociale, Conseil et Etudes Appliquées Portraits d’habitants Comment habite-t-on le territoire rural, périurbain ou urbain en Dordogne ? Sophie BOUSQUET Sous la direction de Marie-Line FELONNEAU Septembre 2013 RAPPORT DE STAGE

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Université Bordeaux Segalen – Bordeaux II

Master 2 Professionnel de Psychologie

Spécialité Psychologie du Travail et de la Vie Sociale

Option Psychologie Sociale, Conseil et Etudes Appliquées

Portraits d’habitants

Comment habite-t-on le territoire rural,

périurbain ou urbain en Dordogne ?

Sophie

BOUSQUET

Sous la direction de

Marie-Line FELONNEAU

Septembre 2013

RAPPORT DE STAGE

2 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

3 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

Sommaire

SOMMAIRE................................................................................................................................................................. 3

I. LE TERRAIN DE STAGE .................................................................................................................................... 5

1.1 LA FONDATION ABBE PIERRE ........................................................................................................................................................... 5

1.2 CONTEXTE DE L’ETUDE ET PARTENAIRES .......................................................................................................................................... 6

1.3 LA MISSION......................................................................................................................................................................................... 7

II. PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE ........................................................................................................ 8

2.1 LA PROBLEMATIQUE ........................................................................................................................................................................... 8

2.2 LA METHODOLOGIE ........................................................................................................................................................................... 8

2.3 LE QUESTIONNAIRE .......................................................................................................................................................................... 10

III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS ............................................................................................................. 11

- MAREUIL-SUR-BELLE ....................................................................................................................................................................... 12

- TERRASSON-LAVILLEDIEU ............................................................................................................................................................... 13

- LA CATTE .......................................................................................................................................................................................... 14

CONCLUSION ........................................................................................................................................................... 15

LES PORTRAITS D’HABITANTS ............................................................................................................................. 17

4 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

5 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

I. Le terrain de stage

1.1 La Fondation Abbé Pierre

Créée en 1988, la Fondation Abbé Pierre pour le logement des

défavorisés a pour objet d’agir afin que les personnes démunies

puissent accéder à un logement décent et à une vie digne. Son

action s’articule autour du financement de projets liés au

logement, d’accueil et d’aide aux sans-abri, de sensibilisation

de l’opinion et d’interpellation des pouvoirs publics, fidèlement à la mémoire de l’abbé Pierre.

« Si je meurs demain, tout est organisé pour continuer sans soucis… Je n’ai aucune inquiétude. »

(Abbé Pierre).

Au travers de ses campagnes choc, la FAP (Fondation Abbé Pierre) cherche à faire prendre

conscience à la population de l’urgence de la situation du logement aujourd’hui. Avec 600 000

logements indignes, 6,6 millions de personnes se trouvent en situation de réelle fragilité.

Figure 1 : Exemple de campagne choc de la Fondation Abbé Pierre

6 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

1.2 Contexte de l’étude et partenaires

Dans le cadre des compétences du Conseil Régional Aquitaine, Martine

Alcorta, vice-présidente en charge du logement social et de l’habitat à la

région Aquitaine, a créé en 2012 un partenariat expérimental regroupant

les acteurs de différentes disciplines. Le projet PARCS (Partenariat

Aquitain entre la Recherche, les Collectivités et la Société civile de

l’habitat) a pour objectif de donner un espace d’échange et de réflexion

entre chercheurs, membres de la société civile et les institutions au sens

large en vue d’imaginer l’habitat et l’habiter de demain. Parmi les thèmes abordés lors des

différentes réunions, se retrouvent les modes de vie et ses évolutions, l’habitat et la société et le vivre

ensemble. Dans ce contexte, les problématiques d’aménagement et de développement des territoires

ont émergés. En effet, les transformations apparues sur les territoires ont rendu complexes la

définition des espaces ruraux et urbains et donc les espaces périurbains.

La Fondation Abbé Pierre et le Conseil Régional Aquitaine souhaitaient connaître les représentations

et pratiques des habitants dans leurs espaces afin de mettre à jour la manière dont ils vivent le

territoire, leur mode d’habiter et stratégies résidentielles.

Ces deux partenaires ont alors créé un partenariat

avec le Conseil Général de la Dordogne et les

universités Bordeaux 2 et 4 afin de confier une

mission de stage portant sur la création de portraits

d’habitants en Dordogne. L’objectif de l’étude est de

« mettre en scène à travers des portraits d’habitants,

les modes d’habiter dans les territoires cibles afin de comprendre les interactions entre territoire et

choix de vie ainsi que la diversité des pratiques et leurs significations1 ». Le Conseil Général de la

Dordogne définit le périmètre de l’étude à son département et cible trois territoires (de plus de 1 000

habitants) selon leur typologie :

o Territoire rural : Mareuil-sur-Belle

o Territoire périurbain : Terrasson-Lavilledieu

o Territoire urbain : Quartier de la Catte à Bergerac

1 Cahier des charges

7 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

1.3 La mission

La mission s’est déroulée en quatre étapes :

1. La construction du questionnaire, qui a eu pour objectif de rassembler les thèmes

principaux à aborder lors des entretiens. Plusieurs échelles et une trame d’entretien semi-

directif ont été rassemblées afin d’obtenir assez d’informations pour pouvoir travailler sur les

profils par la suite.

2. L’élaboration des diagnostics territoriaux permet de repérer les aspects démographiques,

économiques et de l’habitat en intégrant les questions de service public, de mobilité,

d’environnement et de cadre de vie.

3. Le questionnaire a été construit dans l’objectif de déterminer l’appropriation au lieu

d’habitation et comment se construit l’identification au territoire. Une échelle d’identification

spatiale au logement puis à la commune, une échelle de satisfaction résidentielle et un

entretien semi-directif ont été passés aux habitants, directement chez eux, dans leur logement.

4. La création des portraits d’habitants s’est construite sur la base des informations récoltées

dans les diagnostics et d’après le traitement de données recueillies lors des entretiens.

Diagnostic de territoire

Enquêtes de terrain

Elaboration des portraits

Construction du questionnaire

Avril

Juillet

Juin

Mai

Août

Septembre

Figure 2 : Chronologie de la mission

8 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

II. Problématique et Méthodologie

2.1 La problématique

La demande du stage était donc de construire des portraits d’habitants, en déterminant les modes

d’appropriation au lieu de vie, selon trois territoires : rural, périurbain et urbain.

Le travail de recherche a été effectué selon les concepts de psychologie sociale et plus

particulièrement selon son approche environnementale.

L’enjeu de cette mission était d’allier deux disciplines, la Psychologie sociale et l’Aménagement et

développement local. Ainsi, la principale question posée est la suivante :

Comment habite-t-on en territoire rural, périurbain et urbain ?

Cette question a été posée également pour la recherche-action, mais ne sera pas abordée de la même

manière dans cette étude.

2.2 La méthodologie

La période de stage a été divisée en deux temps :

- La demande de la Fondation Abbé Pierre : avoir une vision psychosociologique et

scientifique (avec vérifications statistiques) des modes d’habiter en Dordogne, selon trois

territoires.

- La demande de la FAP et du Conseil Régional Aquitaine : mettre en scène les modes

d’habiter, à travers des portraits d’habitants. Ce travail se faisant en collaboration avec un

étudiant stagiaire en Aménagement et développement local.

Ces deux projets ont été très dépendants l’un de l’autre. En effet, la question de départ était la même,

mais la réponse a été abordée de manière différente.

Ainsi, l’outil a été construit pour les deux études. Cela a permis de n’interroger les personnes qu’une

seule fois.

La demande pour la recherche-action ayant été formulée en premier lieu, un questionnaire a été

construit pour y répondre. Il se composait d’une tâche d’association libre, de deux échelles

9 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

d’identification spatiale2 (à l’échelle du logement et à celle de la commune), d’une échelle de

satisfaction résidentielle et d’une trame pour un entretien semi-directif.

Une fois le questionnaire construit, un partenariat a été proposé avec le Conseil Régional Aquitaine,

pour le projet PARCS. Ainsi, l’objectif de la recherche s’est accordé au sujet des « Portraits

d’habitants » et le questionnaire a connu quelques modifications, afin de convenir aux deux études, la

recherche-action universitaire et la demande de projet commun pour le stage.

Plusieurs questions ont donc été ajoutées à l’entretien semi-directif et une mesure a été ajoutée à

l’échelle de satisfaction résidentielle, celle de l’importance de ses indicateurs. Ainsi la personne

interrogée a pu répondre pour chaque item si elle est satisfaite et si elle le considère comme étant

important.

Le Conseil Général de la Dordogne a choisi une commune pour chaque territoire, selon sa

localisation géographique

- Territoire rural : Mareuil-sur-Belle, dans l’arrondissement de Nontron. Cette commune a

été choisie pour son aspect touristique et son pouvoir d’attraction sur la population anglaise.

- Territoire périurbain : Terrasson-Lavilledieu, qui se trouve à une dizaine de kilomètres du

département de la Corrèze, Brive étant la commune urbaine la plus proche.

- Territoire urbain : Le quartier de la Catte à Bergerac a été sélectionné pour son important

projet de rénovation urbaine (projet ANRU3), transformant les « tours » existantes en

résidences privatisées.

Au total, 65 personnes ont été rencontrées après avoir été contactées par téléphone de manière

aléatoire.

Tableau I : Description des échantillons

Sexe Age Nationalité

Hommes Femmes Min-Max Moyenne Française Etrangère

Mareuil 11 12 25-83 59,96 23 0

Terrasson 11 12 27-81 54,91 23 0

Bergerac 8 11 26-81 55,53 16 3

Total 30 35 25-83 56,88 62 3

2 Félonneau, Lannegrand-Willems, Becker et Parant (2013).

3 Agence Nationale de Rénovation Urbaine.

10 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

2.3 Le questionnaire

Les habitants ont été rencontrés à leur domicile, afin de pouvoir effectuer une administration

indirecte du questionnaire4. Il a été précisé dès le début de chaque passation que les réponses seraient

traitées de manière anonyme, espérant ainsi limiter autant que possible le biais de désirabilité

sociale5.

Il a été précisé précédemment que le questionnaire a été utilisé pour deux projets. Les résultats des

échelles n’ont pas été utilisés pour la construction des « Portraits d’habitants », elles ne seront donc

pas présentées ici, mais sont décrites dans la recherche-action.

Les outils utilisés pour le projet ont été les suivants :

Une fiche de présentation, indiquant des informations personnelles (âge, sexe,

profession,…) ainsi que des informations sur leur habitation (statut de locataire ou

propriétaire, durée de résidence dans le logement, commune de travail…).

Une tâche d’association libre ayant pour consignes : « Si je vous dis « votre logement », à

quoi pensez-vous ? » et « Si je vous dis « votre commune », à quoi pensez-vous ? ». Cette

tâche consistait à obtenir les représentations sociales des habitants.

Un entretien semi-directif composé de nombreuses questions concernant le logement et la

commune d’habitation du répondant (liens affectifs avec le logement, choix de vivre dans ce

logement, dans cette commune, note globale attribuée au logement, …).

Commentaires ajoutés par la personne interrogée et/ou notés par l’enquêtrice d’après ses

observations.

4 L’enquêtrice complète elle-même le questionnaire à partir des réponses qui lui sont fournies par le répondant.

L’entretien se passe en face à face. 5 Tendance de l’individu à vouloir se présenter favorablement aux yeux de la société. Il se caractérise par l’envie du

répondant de gagner une évaluation positive auprès des personnes qui l’entourent.

11 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

III. Résultats et interprétations

Les données utilisées pour construire les portraits d’habitants ont été majoritairement qualitatives.

Les portraits ont été construits à l’aide d’une analyse de contenu6, effectuée par les deux étudiants

stagiaires, afin d’avoir un point de vue intégrant les deux disciplines (psychologie sociale et

aménagement et développement local). Il était important de recueillir les données intéressantes de

manière collective afin de pouvoir convenir aux deux terrains de stage.

Ainsi, une catégorisation a été faite pour chaque commune, triant les thèmes récurrents selon qu’ils

concernent le logement ou la commune.

Cette démarche n’étant pas concluante, il a été nécessaire de s’attarder sur la parole recueillie de

chaque habitant afin de créer des groupes selon leur attachement ou non à la commune afin de

repérer les différences les plus probantes entre les représentations sociales et les modes d’habiter de

chacun (attachement au logement, à la commune, participation à la vie associative de la commune

d’habitation, sentiment d’intégration dans la commune, …).

Ainsi, chaque commune a vu des personnages différents naître de cette analyse. Pour chacun, les

enquêteurs ont fait le choix d’appuyer leur description sur une personne existante et réellement

rencontrée, afin de rester au plus proche de la réalité.

Une fois les portraits construits, un travail de psychologie sociale a été effectué. Chaque portrait a

connu une relecture plus approfondie afin de mettre en avant des concepts psycho-sociaux décrivant

les personnages et les rendant différents des autres personnages.

6 Analyser les données verbales pour révéler le contenu des propos recueillis, leur organisation, afin d’analyser les liens

existants entre ces propos et la pensée de l’individu (ses attitudes, ses représentations…).

12 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

Ce qui peut être retenu de l’analyse de cette commune, est le problème d’intégration des nouveaux

arrivants, retrouvé dans le discours de personnes n’étant pas originaires de Mareuil. Les habitants de

cette commune témoignent généralement d’un grand attachement à la commune, lui reprochant

cependant le grand manque de médecins et l’éloignement des grandes surfaces (notamment des

stations d’essence).

La commune est souvent décrite comme vieillissante, le manque de travail n’incite pas les jeunes à

rester et les oblige à partir de Mareuil.

Préconisations

Il serait intéressant de réfléchir à des solutions pour prendre soin de la population retraitée habitant

Mareuil, créer une attractivité de la commune pour attirer de nouveaux médecins.

Le manque de travail faisant fuir les plus jeunes, une réflexion sur le renforcement de l’activité

économique de la commune serait pertinente.

La rénovation du château et la mise en valeur du patrimoine permettrait d’augmenter le flux

touristique et permettrait de créer de l’emploi. L’attractivité de la commune ne peut lui être que

bénéfique.

Une augmentation des logements sociaux devrait être revue afin de loger les nouveaux arrivants ou

permettant aux jeunes, restés dans la commune, de pouvoir prendre leur indépendance sans être

obligés de quitter Mareuil.

- Mareuil-sur-Belle

o Denis représente « Les ruraux qui ont fait le choix de vivre à la campagne »

L’attachement à sa commune

L’appropriation par la pratique des lieux

o Jean représente « Les ruraux « captifs » »

L’attachement au logement

o Clarisse représente « Les néo-ruraux »

L’identification et Différentiation

Les difficultés à s’intégrer dans la commune

13 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

Les habitants de Terrasson ont mis en avant le sentiment d’injustice quant aux rénovations de la

commune. Le centre-ville représentant le cœur touristique de la ville, les personnes habitant en

dehors avouent se sentir oubliés et souhaiteraient voir leur lieu d’habitation, leur quartier aussi soigné

que le centre de la commune.

L’attachement pour la commune a beau revenir souvent dans le discours des habitants, ils abordent

néanmoins leur inquiétude quant au mélange de différentes cultures. Beaucoup de discours

discriminatoires sont revenus lors des entretiens, venant de personnes habitant du centre-ville à

l’extérieur de la commune.

Son aspect limitrophe et proche de la ville de Brive est un point positif cité souvent par les personnes

interrogées. Le côté « ville à la campagne » est très apprécié des habitants.

Préconisations

Le centre-ville de Terrasson semble être en fin de rénovation. La ville devrait être informée du

sentiment d’oubli que ressentent les habitants. Le fait de se sentir écoutés et entendus permettrait aux

Terrassonnais de retrouver un sentiment de contrôle par rapport à leur ville.

Le problème de difficulté d’acceptation des personnes de différentes cultures entre elles pourrait être

amélioré en organisant des moments de rencontre entre habitants.

Le fait de rénover ou au moins faire des petites améliorations sur les bâtiments HLM en très mauvais

état, serait bénéfique pour l’estime de soi des habitants. Cela engendrerait certainement l’effet

inverse de rejet de la culture différente.

Prenant l’exemple du personnage d’Anne, inspirée d’un entretien réel, il est évident que la colère

qu’elle ressent contre la ville ne lui donne aucune envie de faire des efforts pour accepter ses voisins.

Une solution pourrait être l’organisation de réunion de quartier ou d’immeuble réunissant les

habitants, afin de discuter ou réfléchir ensemble sur un thème que les personnes présentes auraient en

commun (ex : la rénovation de l’immeuble, les comportements écologiques à adopter pour la vie en

communauté, …)

- Terrasson-Lavilledieu

o Anne représente « Une personne âgée « captive » de son environnement »

Le sentiment de contrôle

Le partage de l’espace

o Jacques représente « Une Terrassonnais d’origine qui a fait le choix d’y rester pour sa

retraite »

o Mahdi représente « Les nouveaux arrivants en quête de tranquillité »

Le bien-être à la campagne

14 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

Les habitants de la Catte sont très attachés à leur quartier. Tout comme Terrasson, ce quartier a

l’avantage de la vie de « la ville à la campagne ».

Les personnes d’origine étrangère sont attachées à leur quartier parce que leurs familles se sont

installées dans les logements HLM à leur arrivée en France et y habitent encore. L’aspect

ville/campagne n’arrangent pas les femmes rencontrées, qui n’ayant pas le permis de conduire,

évoquent la difficulté présente ou future d’amener les enfants à l’école. Les familles d’origines

différentes ne parlent pas de leur quartier de la même manière.

Même si les familles ont pu se croiser et vivre ensemble quand les immeubles HLM étaient encore

debout, il est perceptible dans leurs discours que deux communautés existent bien. Les différences de

culture creusent un fossé entre eux et il se pose un problème similaire à celui rencontré à Terrasson.

Le quartier, malgré sa restructuration, a gardé les stéréotypes des tours

Préconisations

Une fois ce projet de rénovation terminé, il serait important de suivre le projet et l’évolution de la vie

de quartier. Les personnes relogées et rencontrées pour l’étude n’avaient qu’un reproche à faire à

cette maison neuve : les matériaux de construction, qu’elles ne trouvent pas de bonne qualité.

Le quartier dispose d’un centre culturel et d’un théâtre, accueillant les jeunes. Cependant, de

nombreuses personnes attachées au quartier ont dû être relogées ailleurs dans la ville. Il serait donc

intéressant de leur proposer des activités en lien avec le quartier pour amener les jeunes à conserver

cette identité de quartier.

Ainsi, une évaluation serait proposée afin d’estimer la pertinence du projet. Il serait intéressant de

remarquer une réelle mixité sociale et culturelle qui était un des objectifs de cette rénovation de

quartier. Les habitants du quartier pavillonnaire et HLM seraient interrogés afin de recueillir leur

ressenti et leur montrer que le quartier ne sera pas laissé de côté une fois le projet de construction

terminé.

- La Catte

o Aya représente « Une famille attachée à son quartier qui y vit sans en avoir fait le

choix »

L’attachement au quartier

Le sentiment d’appartenance à un groupe

o Alain représente « Un Bergeracois qui a fait le choix de s’installer à la Catte »

Le sentiment d’insécurité

Les stéréotypes

15 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

Conclusion

La mission de stage a eu l’avantage de proposer un projet pluridisciplinaire. Il était intéressant

d’allier deux points de vue différents pour aborder ces portraits d’habitants.

La difficulté était de garder un regard neutre et objectif sur le discours des personnes afin de ne pas

tomber dans le piège de l’interprétation.

L’aspect relationnel de ce projet a été très important. Au tout début du stage, la possibilité de faire

passer les questionnaires dans les boîtes aux lettres ou par internet avait été suggérée, afin de toucher

plus de monde et avoir de meilleurs résultats. Or, en tant que psychologue, il est important de

rencontrer les personnes pour pouvoir comprendre les modes de vie en fonction de leur lieu

d’habitation. Les portraits n’auraient pas été aussi fidèles à la réalité des personnes rencontrées si le

questionnaire n’avait pas été passé en face à face.

D’autre part, le fait de se déplacer au domicile de la personne a eu l’avantage de pousser à la

confidence et de renforcer le lien de confiance entre l’habitant et l’enquêtrice.

Il serait intéressant de reprendre l’étude pour différents départements. Le questionnaire, avec la tâche

d’association libre, s’avère être riche en informations.

Il serait pertinent d’interroger la personne également sur son parcours résidentiel. La question devrait

figurer dans le support d’entretien.

La confiance dont a fait preuve le responsable de l’agence Aquitaine de la Fondation Abbé Pierre

envers ses stagiaires, et la liberté d’action autorisée ont été très formateurs. Le fait de pouvoir

travailler en agence et sur le terrain ont permis d’acquérir une double formation. Il semble être

important pour une psychologue de pouvoir rencontrer les personnes et ainsi évaluer sa capacité à

entrer en contact avec le public et à obtenir les informations nécessaires pour l’étude.

Le travail en agence a permis, quant à lui, de connaître la difficulté de devoir mettre en forme la

demande du stage en termes psychosociologiques. En effet, la rencontre avec le référent de stage a

abouti à la formulation d’une volonté d’obtenir une réponse, une information spécifique. Cela a dû

être reformulé en termes correspondant à la discipline psycho-sociale et expliqué, afin de mettre en

forme un objectif commun correspondant aux deux parties, le référent de stage et la stagiaire.

16 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

17 Rapport de Stage – Portraits d’habitants

LES PORTRAITS D’HABITANTS

Portraits d’habitants

en milieu rural

Mareuil-sur-Belle

Carte d’identité : Nom : DUPONT Prénom : Denis Sexe : H Age : 60 ans Né à : Mont de Marsan Situation familiale : Marié Nb d’enfants : 2 Activité : Technicien de maintenance Lieu de Travail : Angoulême

Portrait n°1 : Les ruraux qui ont fait le choix de la campagne

« Je préfère le

monde rural » Cela fait maintenant 30 ans que Denis vit à Mareuil. Il ne

quitterait la commune pour rien au monde car il s’y sent

bien et qu’il préfère le monde rural. En effet, Denis n’a

jamais vécu en ville. Sa famille et lui ont grandi à la

campagne, en Charente.

Aujourd’hui, Denis est proche de la retraite mais il travaille

toujours à Angoulême. Il fait tous les jours 50 km pour se

rendre au travail. Il se rend compte du coût et du

désagrément que les déplacements à la campagne

peuvent apporter. Il a d’ailleurs pensé déménager pour se

rapprocher de son lieu de travail, mais c’est pour sa femme

(Mareuillaise d’origine), pour la commune et le prix du

terrain qu’il a décidé de rester.

« J’aurais pu déménager

pour me rapprocher

d’Angoulême mais je ne

l’ai pas fait »

L’attachement à sa commune :

Le terme attachement au lieu désigne l’investissement affectif

des lieux de vie. Cet attachement dépend non seulement de

l’environnement physique, mais plus particulièrement des

personnes présentes dans la commune (Low& Altman, 1992).

La commune intervient dans l’expression de l’identité

personnelle. Le développement de cette dimension

environnementale de l’identité est lié notamment au cycle de

vie et aux relations sociales. En ayant choisi de vivre à Mareuil

et connaissant tout le monde dans le village, l’habitant montre

un fort sentiment d’identification et d’attachement à sa

commune.

« J’ai emménagé ici

pour le travail de

ma femme et le prix

du terrain »

« Ça m’ennuierait

de partir, j’ai

beaucoup investi

dans la maison»

L’attachement de Denis pour le « monde rural »

est autant lié à son logement qu’à la commune.

De type individuel, sa maison comporte 4 pièces

pour une superficie de 140m². Il y est fortement

attaché car « c’est l’endroit où [il a] vécu » et où

il s’est investi. Ses paroles évoquent les

souvenirs familiaux au sein de son logement. Il

attache beaucoup d’importance au confort mais

aussi à sa piscine, son jardin, la vue et le calme

qui sont, pour lui, des éléments de satisfaction.

Il regrette cependant de ne pas avoir anticipé

l’adaptation de sa maison en la construisant de

plain-pied.

Il accorde une importance toute particulière à

son statut de propriétaire, qui lui procure un

sentiment de liberté et de sécurité.

Aussi, son attachement à la commune s’est

construit avec le temps à travers son

engagement dans le milieu associatif. Président

d’une association, il aime participer à la vie de

sa commune. De plus, les animations culturelles

et sportives et la très bonne entente avec le

voisinage font qu’il est intégré à la commune et

connait tout le monde dans le village.

« Le fait d’être

propriétaire me

permet de faire

ce que je veux »

Malgré ce fort attachement, Denis est rationnel.

Il n’a pas choisi son terrain par hasard. A

proximité du centre-bourg et du travail de sa

femme, cela permet de limiter ses

déplacements. Aussi, la présence d’un collège

où sont scolarisés ses enfants a été un

argument de poids pour venir s’y installer.

Qualifiant le village de « sympa », il considère le

niveau de commodités (commerces)

satisfaisant. Il regrette cependant le manque

d’activités et le délaissement des services

publics. Il a le sentiment que le « monde rural »

est abandonné. La qualité de vie n’en reste pas

moins « super ». Il est satisfait de sa vie à la

campagne et ce malgré certains inconvénients.

« Le milieu

rural n’est

pas du tout

soutenu »

« La qualité de

vie est super »

« Toutes les

commodités sont sur

place »

L’appropriation par la pratique des lieux : Elle représente un « processus psychologique fondamental d’action et d’intervention sur un espace pour le transformer et le personnaliser »

Fischer, 1993

Venant d’une autre commune, Denis a construit sa

maison dans la commune, a choisi son terrain et

participe activement à la vie de la commune. C’est de

la familiarité que naît l’appropriation d’un lieu.

L’appropriation se réalise dans la quotidienneté par

un apprentissage progressif du caractère spécifique

du lieu. Les individus qui partagent les mêmes lieux

arrivent généralement à partager aussi l’attachement

pour ces espaces, et affirment une identité commune.

Moser, 2009

Carte d’identité : Nom : LOBUISSON Prénom : Jean Sexe : H Age : 62 ans Né à : Mareuil Situation familiale : Marié Nb d’enfants : 2 Activité : Retraité – Peintre en bâtiment Lieu de Travail : Région de Mareuil

Portrait n°2 : Les ruraux « captifs »

Jean a toujours connu Mareuil. Il y est né, il a été à l’école

et il a fondé une famille à Mareuil. Le village représente

beaucoup pour lui et il y est profondément attaché. En

effet, Mareuil et ses habitants forment ses souvenirs et

son « temps passé ». Sa vie est structurée autour du

village car c’est l’endroit où il a ses habitudes et ses

repères.

Jean n’a pas vraiment choisi de vivre ici. Il aurait d’ailleurs

préféré partir pour s’installer à Nontron ou Brantôme.

Seulement, il a fait son apprentissage à Mareuil ; il est

resté après y avoir trouvé du travail. Aussi, le commerce

de sa femme ne leur permettait pas de partir.

Aujourd’hui à la retraite, Jean travaillait essentiellement

sur le canton de Mareuil en tant que peintre en bâtiment.

Après un grave accident de travail, Jean est resté en

invalidité pendant quelques années avant de partir à la

retraite. Sa santé est fragilisée et il n’est plus aussi mobile

qu’avant. De plus, avec sa maigre pension retraite, il n’a

ni les moyens financiers ni l’envie de partir.

« C’est là où j’ai

vécu, là où j’ai

mes repères »

« A Mareuil, j’ai fait

mon apprentissage

et j’ai trouvé du

travail »

« Je n’ai ni l’envie, ni les

moyens de quitter

Mareuil »

L’attachement au logement :

La maison ou le « chez-soi » une fois

approprié, procure un sentiment de

prédictibilité, d’ordre et de stabilité. L’espace

devient contrôlé et contrôlable. Le lieu

d’habitation joue un rôle important pendant

l’enfance, dans la formation de l’identité

spatiale (Proshansky, 1978). Les souvenirs

liés à l’environnement constitueraient des

points de repère et inscriraient le sentiment

d’identité personnelle dans un lieu.

Jean est autant attaché à son logement qu’à sa

commune. Ce sont deux histoires liées car il a

hérité de la maison de sa mère qui vivait elle

aussi à Mareuil. D’une superficie de 130m², sa

maison comprend aussi 1hectare de jardin. Il en

est très fier car il a réalisé bon nombre de

travaux et d’aménagement tout seul. Aujourd’hui,

la maison représente une charge importante car

elle est devenue trop grande (depuis le départ

des enfants) et demande beaucoup d’entretien.

Auparavant, Jean s’investissait beaucoup dans

la commune en aidant bénévolement des

associations du village. Mais les critiques et les

commérages ont fini par le décevoir. Il ne

s’investi plus autant et il commence à côtoyer

moins de personnes.

« La maison est

devenue beaucoup

trop grande, je ne

peux plus

l’entretenir »

« On s’est beaucoup

investi mais plus on

donne plus on est

déçu »

Jean constate que Mareuil n’a plus le dynamisme

d’avant. Il voit les commerces fermer et l’activité

se réduire. Les festivités et manifestations sont

moins fréquentes. Il parle même de

« désertification ». Il regrette qu’il faille aller plus

loin pour faire quoi que ce soit. Aussi, il déplore le

manque d’action pour retenir les jeunes sur la

commune. Face au vieillissement de la population

et au manque de dynamisme, Jean est parfois

« agacé » par ce village « mort » et il se sent

« isolé ».

Malgré cela, Jean vit toujours à Mareuil car il s’y

sent bien. Il connait tout le monde, sa famille et

ses amis sont proches. Il aurait énormément de

mal à laisser sa commune.

« Il n’y a rien pour

retenir les jeunes »

« Il faut aller plus

loin pour faire

quelque chose »

Carte d’identité : Nom : DURANT Prénom : Clarisse Sexe : F Age : 45 ans Née à : Clamart Situation familiale : en couple Nb d’enfants : 1 Activité : Commerçante Lieu de Travail : Mareuil

Portrait n°3 : Les « néo-ruraux »

Cela fait maintenant 9 mois que clarisse et son

compagnon se sont installés à Mareuil. Après des

travaux conséquents, ils ont ouvert un restaurant au

centre-bourg depuis quelques mois. Ils sont locataires

d’une maison mitoyenne accolée au restaurant. Leur

logement est intimement lié à leur activité. En effet, le

choix de logements en location est très restreint à

Mareuil.

Clarisse a travaillé pendant quelques années à Paris et

vivait dans une cité bruyante, non sécurisée dans un

logement trop petit. Le manque de calme, la pollution,

le temps passé dans les transports et le rythme de vie

sont autant d’arguments qui ont motivé le départ de

Clarisse pour une vie à la campagne.

Mareuil n’a pas été une évidence. Le choix s’est fait par

un coup de cœur pour le commerce qui offrait des

possibilités intéressantes. Aussi, ils avaient une autre

opportunité vers Bergerac mais les prix étaient au-

dessus de leurs moyens. En revanche, l’éloignement

par rapport à la famille n’a pas été un argument pour

s’installer à Mareuil. La famille passe après les

opportunités professionnelles.

« Je ne suis pas

attachée au lieu»

« J’ai eu un

coup de cœur

pour le

commerce »

« Nous

sommes

arrivés il y a 9

mois »

Identification et Différentiation :

Le fait que les habitants de longue date ont

des difficultés à intégrer les nouveaux

arrivants, pourrait venir du fait que

l’appropriation d’un lieu collectif se fait par

interférence avec le groupe (voisins,

associations, communautés). Les individus

qui partagent les mêmes lieux en arrivent à

affirmer une identité commune (cf portrait

n°1). Les nouveaux arrivants ne partagent

pas cette identité, il sera difficile pour eux

de s’intégrer à la vie de la ville. « L’identité

personnelle, c’est ce qui rend semblable à

soi-même et différent des autres »

Deschamps & Devos, 1999

Après 9 mois à Mareuil, Clarisse n’est pas

attachée au lieu. Elle se voit vivre ici encore

quelques années mais cela dépend entièrement

de l’évolution du commerce.

Malgré le peu d’attachement accordé à la

commune, Clarisse et son compagnon sont

satisfaits de leur logement. Le petit jardin, la

grande maison pleine de charme (au-dessus de

leur besoin en taille) qui leur procure le calme et

la tranquillité tant recherchés. Ils ont envie de

prendre le temps de vivre en harmonie entre

leurs vies professionnelle et privée. Aussi, la

proximité du travail qui limite les déplacements

est un autre élément de satisfaction.

Elle ne souhaite pour l’instant pas devenir

propriétaire même si elle reconnait que ça permet

de faire ce qui lui plait et de s’approprier les lieux.

« Le jardin, le calme

et le charme de la

maison nous procure

beaucoup de

satisfaction »

A l’inverse, Clarisse semble moins satisfaite en ce

qui concerne la commune. Ils éprouvent des

difficultés à être intégré par les habitants qui voient

parfois d’un mauvais œil l’arrivée de nouveaux

habitants. Ces difficultés d’intégration qui prennent

la forme de rumeurs, de commérages sont

dommageables pour le commerce et ne les satisfont

pas. D’autant plus que Clarisse attache beaucoup

d’importance à l’entente entre voisins. Aussi, elle

aimerait s’investir dans la vie associative de la

commune mais elle consacre tout son temps à son

activité.

Elle trouve que la présence des commerces sur la

commune est suffisante. Elle déplore cependant le

manque de médecins et elle a peur à l’avenir que la

situation se transforme en désert médical. D’ailleurs,

son médecin se trouve dans une autre commune.

Même si sa nouvelle vie à la campagne est

synonyme de bien-être et de tranquillité, des

inquiétudes demeurent au niveau des services de

santé et de l’intégration et/ou acceptation d’un

nouveau commerce dans le village.

« L’intégration

aux habitants

est difficile ici »

« Je me soigne

chez un médecin

en dehors de

Mareuil »

Difficultés à s’intégrer dans la communauté :

Des études comparant les relations sociales en

milieu rural et urbain montrent qu’elles sont plus

chaleureuses en environnement rural (Wirth,

1938). La ville serait caractérisée par une

« désorganisation sociale et individuelle ». Selon

les psychosociologues de l’Ecole de Chicago, les

habitants des grandes villes adopteraient une

mentalité individualiste. Ils rechercheraient la

liberté et éviteraient toutes contraintes collectives

pour se protéger des nombreuses stimulations

dont ils font l’objet. L’urbain garde ses distances et

adopte un certain nombre de comportements de

repli sur soi. Le citadin serait membre de plusieurs

communautés (non spatialisées, comme les

collègues de travail ou de loisirs), au lieu

d’appartenir au seul groupement spatialisé dans le

quartier ou la commune, comme à l’intérieur des

petites villes beaucoup plus contraignantes en

matière de relations sociales.

Portraits d’habitants

en milieu périurbain Terrasson-Lavilledieu

Portrait n°1 : Une personne âgée

« captive » de son environnement

Carte d’identité : Nom : VEYSSET Prénom : Anne Sexe : F Age : 78 ans Née à : Le Lardin Saint Lazare Situation familiale : Divorcée Nb d’enfants : 1 Activité : Retraitée – Comptable

Lieu de Travail : Le Lardin St Lazare

Originaire de la région du terrassonnais, Anne exerçait en tant que comptable au Lardin Saint Lazare. Après son divorce, elle s’est retrouvée seule et dans une situation financière précaire, ce qui l’a contrainte à trouver un logement dans l’urgence. Elle s’est installée dans un logement HLM à Terrasson car les seuls logements sociaux disponibles se trouvaient là à l’époque. Depuis, elle n’a jamais pu en partir, faute de moyens. Elle dit être obligée de s’y plaire car elle n’a pas d’autre choix que de rester ici. A cause de cette situation, Anne n’a aucun lien affectif avec son logement. Elle se dit « blasée » par cette situation et peu fière de l’endroit où elle habite. Pour autant, Anne ne veut pas et ne peut pas quitter son logement. En effet, un déménagement serait trop compliqué à son âge. Elle subit donc cette situation.

« Je suis obligée de

m’y plaire »

« Je n’ai pas les moyens d’aller

ailleurs »

Le sentiment de contrôle : L’espace opère une sorte d’identification des groupes à un territoire. Se trouvant dans un endroit donné, les habitants se trouvent de ce fait identifiés à leur environnement. Ainsi, plus Anne a le sentiment de pouvoir contrôler son environnement, plus ses comportements adaptatifs seront efficaces. Le sentiment de contrôle aide à son bien-être. Le sentiment de perte de contrôle peut être causé par de nombreux facteurs environnementaux (forte densité, bruit, pollution, mauvaise condition du logement…) et peut amener à des comportements d’hostilité agressive. En estimant qu’elle contrôle son environnement, Anne aura plus de facilité à être satisfaite de son lieu de vie

et donc à s’y identifier.

« Je vis en

logement HLM »

Aussi, elle vit difficilement la proximité avec ses voisins. Elle considère notamment que les étrangers qui vivent dans son immeuble ne font « aucun effort pour s’intégrer ». Les nuisances sonores et les incivilités de ses voisins lui gâchent le quotidien et ne lui procure aucun sentiment d’intimité dans son logement. Son appartement étant en piteux état, elle a voulu y faire des travaux. Sans nouvelles du bailleur, Anne a été contrainte de réaliser les travaux à ses frais. Aussi, elle constate la dégradation et le manque d’entretien de l’immeuble. Ceci la gêne considérablement et lui fait honte. De ce fait, considérant l’état de son immeuble, elle considère payer beaucoup trop cher sa taxe d’habitation. Anne a le sentiment d’être oubliée par la ville.

En effet, beaucoup de travaux de rénovation ont été réalisés dans le cœur historique de la ville. Elle a le sentiment que les HLM sont laissés de côté par la municipalité. Même si elle sait que la valorisation du patrimoine sert à rendre la ville jolie, elle a l’impression que les rénovations ne sont faites que pour les touristes. Malgré sa situation, Anne trouve des avantages à vivre à Terrasson. La proximité des magasins et, à l’époque, de son travail rendent la localisation de son logement satisfaisant au regard de ses besoins. D’ailleurs, les deux éléments les plus importants pour son logement sont le loyer et la proximité du centre-ville. Elle pense cependant que l’accessibilité au centre-ville est quelquefois rendue difficile pour les personnes âgées à cause de la ville « encaissée » et des pentes abruptes. Malgré ces difficultés, Anne ne se replie pas sur elle-même et participe activement aux associations de son ancienne commune, Le Lardin saint Lazare. Elle y a gardé ses habitudes et ses amis. Ayant vécu et travaillé toute sa vie au Lardin, elle s’y investit davantage qu’à Terrasson, où elle ne connait personne. C’est pour cela qu’elle aimerait que ses enfants vivent près de chez elle, mais ils sont partis de Terrasson pour raisons professionnelles.

« Les français laissent tomber les HLM donc ils sont

investis par les étrangers »

« J’ai le sentiment

d’être oubliée

par la ville »

« J’ai dû prendre en charge les travaux

de mon

appartement »

Le partage de l’espace : Le contrôle est large sur l’habitat, il n’est partagé qu’avec les membres de la famille ou les personnes qui habitent sous le même toit. Les environnements de proximité, comme le voisinage et le quartier, n’ont pas le même niveau de contrôlabilité. Ils sont partagés avec les personnes qui fréquentent ces mêmes lieux. Le contrôle est alors basé sur un consensus de valeurs et d’exigences par rapport à l’environnement en question. Si le consensus est impossible, cela provoque chez la personne un repli sur soi et le fait de ne plus se sentir concernée. Ainsi, Anne qui ressent une différence culturelle importante entre elle et ses voisins n’a pas le

sentiment de contrôler son environnement.

« Je ne connais personne à Terrasson »

Portrait n°2 : Un Terrassonnais d’origine qui a fait le choix d’y rester pour sa

retraite

Carte d’identité : Nom : VALLADE Prénom : Jacques Sexe : H Age : 58 ans Né à : Terrasson-Lavilledieu Situation familiale : Marié Nb d’enfants : 2 Activité : Retraité – Education nationale

Lieu de Travail : Département de la Dordogne

Jacques a 58 ans et il a toujours connu Terrasson, sa famille étant originaire de là. Retraité de l’éducation nationale, Jacques a, pendant des années, travaillé sur tout le Département. Propriétaire depuis 28 ans, Jacques vit avec sa femme dans une maison individuelle. En effet, il a reçu en héritage la maison familiale à laquelle il est profondément attaché. Parce qu’il a grandi à Terrasson, Jacques a pu voir la ville évoluer au fil du temps. Il l’a trouve d’ailleurs beaucoup mieux aujourd’hui qu’il y a quelques années. Les récents aménagements de mise en valeur du patrimoine, les paysages et le fleuve rendent la ville « jolie et attractive ». Ainsi c’est le cadre de vie et son histoire personnelle liée à Terrasson et à sa maison familiale qui ont créé son attachement à la ville. Il se voit passer toute sa retraite ici. En effet, Terrasson est avant tout un choix de vie. Il voulait habiter un endroit où il avait ses racines. Aussi, Jacques aime les aménités qu’offre la ville. En effet, la proximité des commerces et des services, le calme que cette « petite ville agréable » propose sont des éléments importants de satisfaction. Il met aussi en avant son jardin et la proximité de la campagne. Il perçoit cependant une grande différence entre le centre-ville qui a été récemment aménagé et les alentours qui concentrent beaucoup d’HLM.

« Je suis né ici, j’ai toujours connu

Terrasson »

« Mon refuge, mon

paradis…ça fait partie de mon

intimité »

« C’est un choix de vie, on voulait être dans un endroit où

on a nos racines »

« Je connais beaucoup de

monde ici, c’est

ma vie »

r sa

:

Malgré son fort attachement, Jacques n’en reste pas moins lucide quant à la situation de Terrasson. Il regrette notamment que les jeunes soient obligés de partir pour trouver du travail. A cela, s’ajoute le manque de médecins dans la commune et l’attente qui en résulte pour obtenir un rendez-vous. Il constate aussi que plusieurs commerces en centre-ville ferment les uns après les autres. Enfin, les vols et les cambriolages sont en recrudescence depuis quelques années. Cependant, ceci ne l’empêche pas de se sentir encore en sécurité dans sa ville. De toute façon, Jacques et sa femme ne déménageront pour rien au monde. En effet, Jacques a voulu conserver la maison familiale. Bien supérieure à ses besoins, sa maison de 80m² n’est habitée qu’au rez-de-chaussée. L’étage lui sert à accueillir sa famille, qui vit à 20 km, lorsqu’elle lui rend visite. Jacques insiste sur la fonctionnalité de son logement et notamment de l’utilité du plain-pied. Il confie ses inquiétudes quant à la nécessité de déménager pour d’éventuelles raisons de santé. De plus, il remarque qu’au niveau de la ville, les accès et les aménagements pour les personnes handicapées manquent cruellement.

« Il faut attendre un mois pour avoir un rendez-vous chez le

médecin »

Jacques, qui connait tout le monde à Terrasson, participe activement à la vie associative en tant que membre du club de Rugby. Sa femme participe à la vie du centre culturel et à l’association du cinéma. Ainsi, le cadre de vie, l’attachement au logement et l’histoire vécue à Terrasson prennent le dessus sur certains problèmes mis en avant par Jacques. Même s’ils ont parfois le sentiment d’être éloignés de l’Aquitaine, le choix de rester dans « une ville à la campagne » est primordial.

« Nous n’utilisons que

le rez-de-

chaussée »

«Terrasson manque de

dynamisme, les

commerces ferment »

« Un déménagement ne se ferait que pour

»

« Nous participons beaucoup à la vie de

Terrasson »

Portrait n°3 : Les nouveaux arrivants en

quête de tranquillité

Carte d’identité : Nom : SAADA Prénom : Mahdi Sexe : H Age : 37 ans Né à : Kinshasa (Congo) Situation familiale : Marié Nb d’enfants : 3 Activité : Agent de propreté Lieu de travail : Terrasson-Lavilledieu

Mahdi habite à Terrasson depuis 1 an. Il a quitté Marseille avec sa femme et ses trois enfants pour trouver une maison plus grande à la campagne tout en payant un loyer moins cher. Il habite désormais une maison dans un lotissement pavillonnaire neuf. Le marché de l’immobilier, peu tendu à Terrasson, lui permet d’accéder à des biens qu’il n’aurait pas pu s’offrir à Marseille. Son projet est de profiter des loyers très abordables pour économiser afin de pouvoir acheter une maison semblable à celle qu’il habite aujourd’hui. Son appartement Marseillais était devenu trop petit pour toute sa famille, il est donc fier de les loger dans une maison assez grande pour que chacun puisse avoir sa chambre. La maison qui possède un jardin faisait partie des critères de sélection quant au choix du logement. En effet, le jardin est très important pour les enfants. Après avoir pris la décision de quitter Marseille, Mahdi a cherché un logement dans toute la France. Ayant eu le choix entre plusieurs communes, il a décidé de venir s’installer à Terrasson après avoir eu un coup de cœur pour son charme et le calme qui y règne. Il exprime son contentement d’avoir trouvé une ville paisible. Il ne supportait plus le bruit et le chahut de Marseille. Le couple a fait le choix de partir de sa ville d’origine. Il ne regrette pas sa décision même si l’éloignement avec la famille est parfois difficile. Les changements de vie qu’apporte cette petite commune ont certains inconvénients, mais le bien-être que procure la campagne présente un avantage bien plus grand.

« On a quitté Marseille pour

être plus au calme »

« On cherchait une ville accessible financièrement pour l’achat de notre maison »

« On a eu un coup de cœur

pour Terrasson »

ns

té :

ns

Mahdi a choisi l’emplacement de sa maison de façon rationnelle. Il voulait un logement proche des commerces et surtout des écoles pour ses enfants, en offrant à la fois un jardin et le calme de la campagne. Il a fait ce choix pour faire plaisir aux enfants et pour qu’ils puissent jouer à l’extérieur. En revanche, cette situation n’est que transitoire. En effet, Mahdi et sa famille ont pour projet de devenir propriétaires d’une maison plus grande à Terrasson. Ils sont à l’étroit depuis qu’ils hébergent depuis peu leur neveu. Après un an de vie à Terrasson, la famille de Mahdi n’a pas encore eu le temps de vraiment s’attacher à la commune mais les enfants se sont bien intégrés dans leurs écoles respectives. Leur participation active aux associations a permis à toute la famille de s’intégrer dans la ville et de se créer un réseau social. Le centre culturel a facilité leur ouverture aux autres. C’est une démarche qu’ils n’auraient pas osé faire dans une ville plus grande. L’intégration est bien plus facile dans une ville à taille humaine. Malgré cette adaptation, les enfants ont tout de même du mal à s’habituer au manque de dynamisme de la ville.

Mahdi fait part de son inquiétude quant à l’accès des aires de jeux. Les enfants ne peuvent pas s’y rendre seuls puisque le parc se trouve de l’autre côté de la route nationale qui traverse la ville. Malgré la proximité de leur logement aux commerces et aux écoles, les enfants peuvent difficilement se déplacer sans leurs parents à cause de la dangerosité de la route. Mahdi regrette aussi des transports en communs peu développés. Les un à deux allers-retours par jour pour rejoindre Brive ou Périgueux en train ou en bus ne répondent pas aux besoins de Mahdi. La proximité de l’autoroute pallie ce manque de réseau, tout en restant très cher. Mahdi et sa famille sont en train de réaliser leur projet : Vivre au calme à la campagne dans une maison avec jardin. Le choix de s’installer à Terrasson provient principalement du coup de cœur qu’ils ont eu pour cette jolie ville au patrimoine de caractère.

Bien-être à la campagne : La grande ville produit de nombreux stresseurs environnementaux, qui engendrent de la fatigue physique et mentale et rend les individus vulnérables et irritables. De nombreux citadins comme Mahdi fuient la ville pour se ressourcer dans un environnement plus calme et moins construit. La majorité cherche un logement avec jardin pour avoir

un contact quotidien avec « la nature ».

« L’intégration se fait plus facilement

dans une ville à

taille humaine »

« On a comme projet de devenir

propriétaire »

« On a fait ce choix pour faire plaisir

aux enfants »

« Il n’y a pas assez

d’activités dans la ville »

Portraits d’habitants

en milieu urbain Quartier La Catte - Bergerac

Carte d’identité : Nom : BEN SLIMANE Prénom : Aya Sexe : F Age : 42 ans Née au : Maroc Situation familiale : Mariée Nb d’enfants : 6 Activité : Sans profession

Née au Maroc, Aya est arrivée à Bergerac il y a plusieurs dizaines d’années en suivant sa famille. Elle est depuis restée et ne voudrait pour rien au monde revenir au pays. Il y a 4 ans, Aya et sa grande famille vivaient dans un appartement de la cité de La Catte. Ils ont depuis 1 an élu domicile dans les nouveaux logements construis dans le quartier. Durant la période de travaux, ils ont été relogés dans un autre quartier de Bergerac, mais voulaient revenir à La Catte. En effet, ils ont un profond attachement au quartier qui les a accueillis, bien plus que la ville. Aya, sans profession, est dans une situation financière précaire car sa famille vit du seul travail de son mari et des allocations. C’est pourquoi, ils n’ont pas réellement choisi leur logement. Vivant dans les immeubles HLM, ils sont désormais locataires d’une nouvelle maison pavillonnaire avec jardin. Compte tenu des ressources de la famille, le choix du logement ne pouvait se faire autrement d’autant plus qu’il n’y a pas d’HLM en centre-ville. Malgré cela, ce nouveau logement leur procure de la satisfaction et une certaine fierté. Ils peuvent recevoir plus aisément dans leur maison.

« Avant j’étais en appartement donc

je suis fière de recevoir dans ma

maison »

Portrait n°1 : Une famille attachée au quartier qui y vit sans en avoir fait le choix

« J’ai suivi ma

famille et je suis restée à

Bergerac »

« Nous n’avons pas vraiment eu le choix »

L’attachement au quartier :

Les personnes d’origine immigrée utilisent davantage la commune que le quartier pour dire où elles vivent, mais elles manifestent un attachement plus marqué pour le quartier, et ce d’autant plus si elles ont gardé leur nationalité d’origine. Le quartier semble ainsi affectivement investi par les personnes qui ont vécu une rupture migratoire et qui reconstruisent un ancrage local au sein

du lieu d’accueil.

L’attachement d’Aya pour son quartier est profond. Elle le perçoit comme étant calme tout en ayant les avantages de la ville. Elle n’a pas choisie de vivre excentrée du centre-ville, mais les commerces ne sont pas trop loin, la proximité de l’école et le bus qui passe dans le quartier sont des éléments de satisfaction. Aussi, la présence de sa famille dans le quartier contribue à son attachement au lieu. Sans le dire, le sentiment et le besoin d’entre-soi transparait. Elle et sa famille se sentent bien car ils font partie de la communauté de la cité. A l’inverse, Aya ne partage pas ce même attachement pour la ville et son logement. Elle dit ne pas trop en profiter car ils ne vont pas souvent en ville. Aussi, elle n’entretient pas de lien affectif avec son logement car cela fait trop peu de temps qu’elle y vit. De plus, quand on lui demande ce qui lui plait dans son logement, Aya met en avant le jardin, le garage, la facilité d’accès mais aussi sa localisation. En effet, les deux caractéristiques les plus importantes pour le logement sont le loyer et le quartier.

« Avoir la famille et l’école proches de nous est très

important »

« Être au calme tout en

ayant les avantages de

la ville »

« Le plus important pour mon logement

est le loyer et le quartier »

Quand Aya parle du quartier, elle pense aussi au voisinage. Elle est d’ailleurs ravie de voir ses enfants jouer avec les voisins. Bien que locataire, Aya aspire à devenir un jour propriétaire de son logement. En effet, l’emplacement et le logement sont satisfaisants pour elle. De plus, Aya considère que devenir propriétaire est très important pour laisser quelque chose à ses enfants. Paradoxalement, l’attachement au quartier n’est pas toujours synonyme d’implication dans la vie de la cité. Aya comme ses voisins récemment installés s’investissent peu, voire pas du tout, dans la vie associative de La Catte. Aussi, elle nous fait part de certaines inquiétudes. Elle trouve que, malgré les récents aménagements de voirie, la route qui passe devant chez elle est dangereuse car nombreux sont ceux à rouler trop vite. Elle juge la voie publique insuffisamment sécurisé pour ses enfants. Aussi, Elle regrette l’éloignement des établissements scolaires. La présence de l’école maternelle Suzanne Lacore est un atout pour les habitants du quartier mais, plus tard, les enfants devront prendre le bus pour rejoindre les écoles du centre-ville.

« Être propriétaire, c’est laisser quelque

chose aux enfants »

« La proximité des écoles est très importante »

Le sentiment d’appartenance à un groupe :

« Sentir le groupe dans lequel on se trouve et se sentir soi-même de ce groupe englobe un ensemble d’attitudes individuelles et de sentiments, désignés par le mot appartenance. L’appartenance n’est pas le fait de se trouver avec ou dans un groupe puisqu’on peut s’y trouver sans le vouloir ; elle implique une identification personnelle par référence au groupe (identité sociale), des attaches affectives, l’adoption de ses valeurs, de ses normes, de ses habitudes, le sentiment de solidarité…leur considération sympathique. »

Mucchielli,1980

Portrait n° 2 : Un Bergeracois qui a fait

le choix de s’installer à La Catte

Carte d’identité : Nom : ROBERT Prénom : Alain Sexe : H Age : 50 ans Née à Bergerac Situation familiale : Marié Nb d’enfants : 2 Activité : Responsable de magasin Lieu de travail : Bergerac

Cela fait maintenant 30 ans qu’Alain vit dans le lotissement pavillonnaire aux alentours de la cité. Propriétaire d’une maison individuelle de 102m² comportant 5 pièces, Alain est très attaché à son logement. Sa maison lui confère un sentiment de sécurité et de tranquillité. Aussi, il est très lié à la ville car c’est l’endroit où il est né. Il estime que la rénovation du vieux Bergerac a fortement contribué à ce que la ville devienne un bel environnement. Il juge la ville très jolie et « pas trop grande ». Alain a l’impression de vivre entre la ville et la campagne. Son attachement à la ville s’est construit par le commerce qu’il tient au centre-ville, mais aussi par sa famille qui vit à côté. Pour Alain, vivre à La Catte, dans un quartier excentré du centre-ville a été un véritable choix. Il voulait être proche de son travail, ne pas être isolé tout en évitant le bruit et le monde de la ville. Il concède cependant que lorsqu’on vit en dehors de la ville, on se sent oublié. Aussi, il a conscience des difficultés et de la mauvaise réputation de la cité. Il déplore l’évolution des mentalités et ressent une insécurité et une violence grandissante dans le quartier et en ville. Ce sentiment est partagé par son voisin qui dit « moins je vais en ville, mieux je me porte ».

« C’est mon repère, mon

cocon »

« C’est un quartier entre

ville et campagne »

« On se sent

oublié »

Le sentiment d’insécurité est une perception de « perte de maitrise » par le sujet. L’insécurité ici est civile, elle fait référence à la peur des comportements délinquants. Ce sentiment de désarroi et d’impuissance font généralement suite à l’expérience d’un évènement insécuritaire et laisse apparaitre le sentiment de perte de contrôle de la situation et de l’environnement. « Le monde devient ainsi hostile et incompréhensible, puisque le sujet ne voit pas comment se protéger. »

Moles, 2003

En effet, Alain trouve que les mentalités ont changé et que les « gens » ne sont plus les mêmes. Il nous fait part de cambriolages, d’un vol de voiture, de la délinquance chez certains jeunes du quartier et des relations difficile avec le voisinage. Il reconnait que beaucoup de ses voisins imputent toutes leurs peines sur les « étrangers » de la cité. Alain explique que les barres HLM sont à l’origine de la mauvaise réputation. Il désapprouve cela et juge la vie du quartier agréable. Il trouve que ce n’est pas la réalité du quotidien. Il trouve dommage que la communauté marocaine soit stigmatisée pour quelques délinquants.

Membre de l’association « vivre ensemble », Alain souhaiterait une meilleure intégration des habitants. Il pense que cela passe notamment par l’animation et la vie associative. Il met en avant le rôle très important du centre social du quartier qui rend des services vitaux. Il est en revanche préoccupé par le manque de dynamisme au cœur de ville. Il déplore une accessibilité plus difficile vers le centre-ville pour rejoindre les grandes surfaces, ce qui selon lui « tue la ville ».

« Les barres HLM sont à l’origine de la

mauvaise réputation »

« Ce n’est pas la réalité du

quotidien »

Les stéréotypes sont des « croyances partagées concernant les caractéristiques personnelles, généralement des traits de personnalité, mais aussi souvent des comportements, d’un groupe de personnes. » L’environnement propose trop d’informations et il nous est possible de n’en enregistrer qu’une partie. C’est pourquoi nous nous appuyons sur des catégories pour faciliter ces enregistrements, ce qui nous permet d’appréhender un monde plus structuré, contrôlable et explicable.

Leyens et Al., 1996

« Certains voisins sont choqués par la violence »