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Wolfgang Raible Texte schreiben – Texte verstehen. Sprachliche und psycholinguistische Grundlagen Vorlesung 11. Juni 2002 Werke von Honoré de Balzac (1799-1850) Catalogue des Ouvrages Que Contiendra La Comédie Humaine d'après le catalogue projeté par Balzac [1845]. * = diese Werke hat der Autor nicht geschrieben Première partie Etudes des mœurs, scènes de la Vie privée de province parisienne politiq ue militai re de campag ne 28/32 14/19 18/22 4/8 4/25 3/5 1. *Les Enfants. 2. *Un Pensionnat de demoiselles. 3. *Intérieur de collège. 4. La Maison du Chat-qui- pelote. 5. Le Bal de Sceaux. 6. Mémoires de deux jeune mariées. 7. La Bourse. 8. Modeste Mignon. 9. Un Début dans la vie. 10. Albert Savarus. 11. La Vendetta. 12. Une Double Famille. 13. La Paix du Ménage. 14. Madame Firmiani. 33. Le Lys dans la vallée. 34. Ursule Mirouet. 35. Eugénie Grandet. 36. Les Célibataires : I. Pierrette. 37. Les Célibataires : II. Le Curé de Tours. 38. Les Célibataires : III. Un Ménage de garçon en province (la Rabouilleuse ). 39. Les Parisiens en province: I. L'Illustre Gaudissart. 40. *Les 52. Histoire des Treize : I. Ferragus. 53. Idem : II. La Duchesse de Langeais. 54. Idem : III. La fille aux yeux d'or. 55. Les Employés. 56. Sarrasine. 57. Grandeur et décadence de César Birotteau. 58. La Maison Nucingen. 59. Facino Cane. 60. Les Secret de la princesse de Cadignan. 61. Splendeurs et Misès des Courtisanes : I. Comment aiment les filles. 62. Idem : II. A combien l'amour revient aux vieillards. 63. Idem : III. Où 74. Un Épisode sous la Terreur. 75. * L'Histoire et le Roman. 76. Une Ténébreuse Affaire. 77. * Les Deux Ambitieux. 78. * L'Attaché d'ambassade . 79. * Comment on fait un ministère. 80. Le Député d'Arcis. 81. Z. Marcas. 82. * Les Soldats de la République (trois épisodes). 83. * L'Entrée en campagne. 84. * Les Vendéens. 85. Les Chouans. 86. * Les français en Égypte : Le Prophète. 87. * Idem. II. Le Pacha. 88. Idem. III. Une Passion dans le désert. 89. * L'Armée roulante. 90. * La Garde 107. Les Paysans. 108. Le Médecin de campagne. 109. * Le Juge de paix. 110. Le Curé de village. 111. * Les Environs de Paris.

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Wolfgang Raible

Wolfgang Raible

Texte schreiben – Texte verstehen. Sprachliche und psycholinguistische Grundlagen

Vorlesung 11. Juni 2002

Werke von Honoré de Balzac (1799-1850)

Catalogue des Ouvrages Que Contiendra La Comédie Humaine

d'après le catalogue projeté par Balzac [1845].

* = diese Werke hat der Autor nicht geschrieben

Première partie

Etudes des mœurs, scènes de la Vie

privée

de province

parisienne

politique

militaire

de campagne

28/32

14/19

18/22

4/8

4/25

3/5

1. *Les Enfants.

2. *Un Pensionnat de demoiselles.

3. *Intérieur de collège.

4. La Maison du Chat-qui-pelote.

5. Le Bal de Sceaux.

6. Mémoires de deux jeune mariées.

7. La Bourse.

8. Modeste Mignon.

9. Un Début dans la vie.

10. Albert Savarus.

11. La Vendetta.

12. Une Double Famille.

13. La Paix du Ménage.

14. Madame Firmiani.

15. Étude de femme.

16. La Fausse Maîtresse.

17. Une fille d'Ève.

18. Le Colonel Chabert.

19. Le Message.

20. La Grenadière.

21. La Femme abandonnée.

22. Honorine.

23. Béatrix.

24. Gobseck.

25. La Femme de trente ans.

26. Le Père Goriot.

27. Pierre Grassou.

28. La Messe de l'Athée.

29. L'Interdiction.

30. Le Contrat de mariage.

31. *Gendres et Belles-Méres.

32. Autre Étude de femme.

33. Le Lys dans la vallée.

34. Ursule Mirouet.

35. Eugénie Grandet.

36. Les Célibataires: I. Pierrette.

37. Les Célibataires: II. Le Curé de Tours.

38. Les Célibataires: III. Un Ménage de garçon en province (la Rabouilleuse).

39. Les Parisiens en province: I. L'Illustre Gaudissart.

40. *Les Parisiens en province: II. Les Gens ridés.

41. Les Parisiens en province: III. La Muse du département.

42. *Les Parisiens en province: IV. Une Actrice en voyage.

43. La Femme supérieure.

44. *Les Rivalités: I. L'Original.

45. *Les Rivalités: II. Les Héritiers Boirouge.

46. Les Rivalités: III. La Vieille fille.

47. Les Provinciaux à Paris: I. Le Cabinet des antiques.

48. *Les Provinciaux à Paris: II. Jacques de Metz.

49. Illusions Perdues: I. Les Deux poètes.

50. Illusions Perdues: II. Un Grand homme de province à Paris.

51. Illusions Perdues: III. Les Souffrances de l'inventeur.

52. Histoire des Treize : I. Ferragus.

53. Idem : II. La Duchesse de Langeais.

54. Idem : III. La fille aux yeux d'or.

55. Les Employés.

56. Sarrasine.

57. Grandeur et décadence de César Birotteau.

58. La Maison Nucingen.

59. Facino Cane.

60. Les Secret de la princesse de Cadignan.

61. Splendeurs et Misès des Courtisanes : I. Comment aiment les filles.

62. Idem : II. A combien l'amour revient aux vieillards.

63. Idem : III. Où mènent les mauvais chemins.

64. Idem : IV. La Dernière incarnation de Vautrin.

65. *Les Grands, L'Hôpital et le Peuple.

66. Un Prince de la bohème.

67. Les Comiques sérieux (les Comédiens sans le savoir).

68. Échantillons de causeries françaises.

69. * Une Vue du Palais.

70. Les Petits Bourgeois.

71. * Entre savants.

72. * Le Théâtre comme il est.

73. Les Frères de la consolation.(l'Envers de l'histoire contemporaine).

74. Un Épisode sous la Terreur.

75. * L'Histoire et le Roman.

76. Une Ténébreuse Affaire.

77. * Les Deux Ambitieux.

78. * L'Attaché d'ambassade.

79. * Comment on fait un ministère.

80. Le Député d'Arcis.

81. Z. Marcas.

82. * Les Soldats de la République (trois épisodes).

83. * L'Entrée en campagne.

84. * Les Vendéens.

85. Les Chouans.

86. * Les français en Égypte : Le Prophète.

87. * Idem. II. Le Pacha.

88. Idem. III. Une Passion dans le désert.

89. * L'Armée roulante.

90. * La Garde consulaire.

91. * Sous Vienne : I Un Combat.

92. * Idem : II. L'Armée assiégée.

93. * Idem : III. La Plaine de Wagram.

94. * L'Aubergiste.

95. * Les Anglais en Espagne.

96. * Moscou.

97. * La Bataille de Dresde.

98. * Les Traînards.

99. * Les Partisans.

100. * Une Croisière.

101. * Les Pontons.

102. * La Campagne en France.

103. * Le dernier Champ de bataille.

104. * L'Émir.

105. La Pénissière.

106. Le Corsaire algérien.

107. Les Paysans.

108. Le Médecin de campagne.

109. * Le Juge de paix.

110. Le Curé de village.

111. * Les Environs de Paris.

Deuxième Partie.

Études philosophiques.

Troisième Partie.

Études analytiques

22/27

1/5

112. * Le Phédon d'aujourd'hui.

113. La Peau de chagrin (résumé)

114. Jésus-Christ en Flandre.

115. Melmoth Réconcilié.

116. Massimilla Doni.

117. Le Chef d'œuvre inconnu.

118. Gambara.

119. Balthazar Claes ou la Recherche de l'absolu.

120. * Le Président Fritot.

121. * Le Philanthrope.

122. L'Enfant maudit.

123. Adieu.

124. Les Marana.

125. Le Réquisitionnaire.

126. El Verdugo.

127. Un Drame au bord de la mer.

128. Maître Cornélius.

129. L'Auberge rouge.

130. Sur Catherine de Médicis: I. Le Martyr calviniste.

131. Idem : II. La Confession de Ruggieri.

132. Idem : III. Les Deux Rêves.

133. * Le Nouvel Abeilard.

134. L'Élixir de longue vie.

135. * La Vie et les Aventures d'une idée.

136. Les Proscrits.

137. Louis Lambert.

138. Séraphita.

139. * Anatomie des corps enseignants.

140. La Physiologie du mariage.

141. * Pathologie de la Vie sociale.

142. * Monographie de la Vertu.

143. * Dialogue philosophique et politique sur la perfection du XIXe siècle.

Realisiert wurden 94 von 143 geplanten Bänden

Marcel Proust,

Contre Sainte-Beuve.

Paris : Gallimard 1954.

Darin XI “Sainte-Beuve et Balzac”, S. 194-226.

St George, Marie & Kutas, M. & Martínez, A. & Sereno, M.I. 1999.

“Semantic integration in reading: engagement of the right hemisphere during discourse processing.”

Brain 122 : 1317-25.

Sanchez RP, Lorch EP, Lorch RF Jr. 2001.

“Effects of Headings on Text Processing Strategies.”

Contemporary Educational Psychology 26(3) : 418-428.

Ferstl EC, von Cramon DY. 2001

“The role of coherence and cohesion in text comprehension: an event-related fMRI study.”

Brain Research and Cognitive Brain Research : 11(3) : 325-40

Friend R. 2001.

“Effects of Strategy Instruction on Summary Writing of College Students.”

Contemporary Educational Psychology. 26(1) : 3-24.

Nicolas S. 1998.

“Perceptual and conceptual priming of individual words in coherent texts.” Memory 6(6):643-63

Geoffroi de Villehardouin, La conquête de Constantinople

(4. Kreuzzug)

(Als Beispiel für den Text eines Autors, der kein Schreibexperte ist. Der Text selbst ist von grösster Bedeutung für die Geschichte Europas.)

Franz. Text

http://users.belgacom.net/antoine.mechelynck/chroniq/villeh/VH000.htm

Englische Übersetzung

XIII.

[062] Lors parla li Dux à sa gent, et lor dist: «Seignor, ceste genz ne nos peuvent plus payer; et quanque il nos ont payé, nos l'avons tot gaaigné por la convenance que il ne nos peuvent mie tenir. Mais nostre droiz ne seroit mie par toz contez; si en recevrions grant blasme et nos et nostre terre. Or lor querons un plait.

[063] Li rois de Ungrie si nos tolt Jadres en Esclavonie, qui est une des plus forz citez del monde, ne jà, par povoir que nos aions, recovrée ne sera se par ceste gent non. Querons lor qu'il le nos aident à conquerre, et nos lor respiterons les trente-quatre mil marcs d'argent que il nos doivent, trosque adont que Dieu les nos laira conquerre ensemble nos et eus.» Einsi fu cis plais requis. Mult fu contraliez de ceus qui vousissent que l'ost se departist; mais totes voies fu faiz li plaiz et otroiez.

XIV.

[064] Lors furent assemblé à un dimanche à l'église Saint-Marc. Si ere une mult grant feste; et y fu li peuples de la terre, et li plus des barons et des pelerins.

[065] Devant ce que la granz messe commençast, li dux de Venise, qui avoit nom Henris Dandole, monta el leteril, et parla au peuple et lor dist: «Seignor, acompaigné estes à la meillor gent dou monde et por le plus haut afaire que onques genz entrepreissent; et je sui vieux hom et febles, et auroie mestier de repos, et maaigniez sui de mon cors; mais je voi que nus ne vos sauroit si governer et si maistrer com ge, qui vostre sire sui. Se vol voliez otroier que je preisse le signe de la croiz por vos garder et por vos enseignier, et mes filz remanist en mon lieu et gardast la terre, je iroie vivre ou morir avec vos et avec les pelerins.»

[066] Et quant cil l'oïrent, si s'escrièrent tuit à une voiz: «Nos vos proions por Dieu que vos l'otroiez et que vos le façiez, et que vos en viegnez avec nos.»

[067] Mult ot illuec grant pitié del pueple de la terre et des pelerins, et mainte lerme plorée, porce que cil prodom eust si grant ochoison de remanoir; car vieus hom ere; et si avoit les yeuz en la teste biaus, et si n'en véoit gote; que perdue avoit la veue par une plaie qu'il ot el chief. Mult ere de grant cuer. Ha! com mal le sembloient cil qui à autres porz estoient alé por eschiver le peril!

[068] Einsi avala le literil, et ala devant l'autel et se mist à genoilz mult plorant; et il li cousirent la croiz en un grant chapel de coton par devant, porce que il voloit que la gent la veissent. Et li Venicien se comencent à croisier à mult grant foison et à grant plenté: en icel jor, encor i ot mult poi de croisiez. Nostre pelerin orent mult granz joie et mult grant pitié de cele croiz, por le sens et por la proesce que il avoit en lui.

[069] Einsi fu croisiez li Dux com vos avez oï. Lors comença-on à livrer les nefs et les galies et les uissiers as barons por movoir; et del termine fu ja tant alé que li septembres aprocha.

XV.

[070] Or oïez une des plus granz merveilles et des greignors aventures que vos onques oïssiez. A cel tems, ot un empereor en Constantinople qui avoit à nom Isaac; et si avoit un frere qui avoit à nom Alexes, que il avoit rachaté de prison de Turcs. Icil Alexis si prist son frere l'empereor; si li traist les yeuz de la teste, et se fit empereor en tele traïson com vos avez oï. Einsi le tint longuement en prison, et un suen fil qui avoit nom Alexis. Icil fils si eschapa de la prison, et si s'enfui en un vaissel, trosque à une cité sor mer qui a nom Ancone. D'enqui s'en ala au roi Phelippe d'Alemaigne qui avoit sa seror à fame; si vint à Verone en Lombardie, et herberja en la vile, et trova des pelerins assez et des genz qui s'en aloient en l'ost.

[071] Et cil qui l'avoient aidié à eschaper, qui estoient avec lui, li distrent: «Sire, véez-ci un ost en Venise près de nos de la meillor gent et des meillors chevaliers del monde qui vont outremer; quar lor crie merci; que il aient de toi pitié et de ton pere, qui à tel tort iestes desésérité. Et se il te volent aidier, tu feras quanque il deviseront de bouche. Espoir il lor en prendra pitié.» Et il dist que il le fera mult volentiers, et que cis conseils est bons.

[072] Einsi prist ses messages; si les envoia au marquis Boniface de Monferrat qui sires ere de l'ost, et as autres barons. Et quant li baron les virent, si se merveillèrent mult, et respondirent as messages: «Nos entendons bien que vos dites; nos envoierons au roi Philippe avec lui, où il s'en va. Se cis nos veult aidier la terre d'outremer à recovrer, nos li aiderons la soe terre à conquerre; que nos savons qu'ele est tolue lui et son pere à tort.» Einsi furent li message envoié en Alemaigne au valet de Constantinople et au roi d'Alemaigne.

[073] [Devant ce que nos vos avons ici conté, si vint une novele en l'ost dont il furent mult dolent lo baron et les autres genz, que messire Folques li bons hom, li sains hom, qui parla premierement des croiz, fina et morut.

[074] Et après ceste aventure, lor vint une compagnie de mult bone gent de l'empire d'Alemaigne, dont il furent mult lié [in anderem MS Aufzählung].

XVI.

[075] [Adonc furent departies les nefs et li uissier par les barons. Ha! Dieu, tant bon destrier i ot mis! Et quant les nefs furent chargiées d'armes et de viandes et de chevaliers et de serjanz, et li escu furent portendu environ des borz et des chastiaux des nefs, et les banières dont il avoit tant de belles.

[076] Et sachiez que il portèrent es nefs de pierrières et de mangoniaus plus de trois cenz, et toz les engins qui ont mestier à ville prendre, à grant plenté. Ne onques plus bels estoires ne parti de nul port; [Datum] et ce fu as octaves de la feste saint Remi en l'an de l'incarnation Jesu-Crist mil deus cenz anz et deus. Einsi partirent del port de Venise com vos avez oï.

[077] [Datum] La veille de la saint Martin vindrent devant Jadres en Esclavonie, et virent la cité fermée de hauz murs et de hautes torz; et por noiant demanderiez plus bele, ne plus fort, ne plus riche. Et quant li pèlerin la virent, il se merveillèrent mult, et distrent li un as autres: «Coment porroit estre prise tele ville par force, se Dieu meismes nel fait?»

[078] Les premières nefs qui vindrent devant la ville aancrèrent et atendirent les autres. Et au matin fist mult bel jor et mult cler, et vinrent les galies totes et li uissier et les autres nefs qui estoient arrière; et pristrent le port par force, et rompirent la chaaine qui mult ere forz et bien atornée; et descendirent à terre, si que li porz fu entr'eus et la ville. Lor veissiez maint chevalier et maint serjant issir des nefs, et maint bon destrier traire des uissiers, et maint riche tref et maint paveillon. Einsi se logea l'ost, et fu Jadres assiégée le jor de la saint Martin [Datum].

[079] [Einschub] A cele foiz ne furent mie venu tuit li baron; car encore n'ere mie venuz li marquis de Monferrat qui ere remés arrière por afaire que il avoit. Estienes del Perche fu remés malades en Venise, et Mahieus de Monmorenci; et quant il furent gari, si s'en vint Mahieus de Monmorenci après l'ost à Jadres. Mais Estienes del Perche ne le fist mie si bien; quar il guerpi l'ost, et s'en ala en Pouille sejourner. Avec lui s'en ala Rotres de Monfort, et Ive de la Jaille, et maint autre qui mult en furent blasmé, et passèrent au passage de marz en Syrie.

XVII.

[080] [Datum] L'endemain de la saint Martin issirent de ceus de Jadres, et vindrent parler au duc de Venise qui ere en son paveillon, et li distrent que il li rendroient la cité et totes les lor choses, saufs lor cors, en sa merci. Et li Dux dist qu'il n'enprendroit mie cestui plait ne autre, se par le conseil non as comtes et as barons, et qu'il en iroit à eus parler.

[081] Endementiers qu'il ala parler as comtes et as barons, icele partie dont vos avez oï arrières, qui voloit l'ost depecier, parlèrent as messages et lor distrent: «Porquoi volez-vos rendre vostre cité? Li pelerin ne vos assailliront mie, ne d'eus n'avez-vos garde. Se vos vos povez defendre des Veniciens, dont estes-vos quite.» Et einsi pristrent un d'eus meismes qui avoit nom Roberz de Bove, qui ala as murs de la ville et lor dist ce meisme. Einsi rentrèrent li message en la ville, et fu li plais remés.

[082] Li dux de Venise, com il vint as comtes et as barons, si lor dist: «Seignor, einsi me voelent cil de là-dedenz rendre la cité, saufs lor cors, à ma merci, ne je n'enprendroie cestui plait ne autre, se par vostre conseil non.» Et li baron li respondirent: «Sire, nos vos loons que vos le preignez, et si le vos prions.» Et il dist que il le feroit; et il s'en tornèrent tuit ensemble au paveillon le Duc por le plait prendre; et trovèrent que li message s'en furent alé par le conseil à ceus qui voloient l'ost depecier.

[083] Et dont se dreça uns abés de Vals de l'ordre de Cistiaus, et lor dist: «Seignor, je vos deffent, de par l'Apostole de Rome, que vos ne assailliez ceste cité; car ele est de crestiens, et vos iestes pelerin.» Et quant ce oï li Dux, si fu mult iriez et destroiz, et dist as comtes et as barons: «Seignor, je avoie de ceste vile plait à ma volonté, et vostre gent me l'ont tolu; et vos m'aviez convent que vos la m'aideriez à conquerre, et je vos semon que vos le faciez.»

[084] Maintenant li comte et li baron parlèrent ensemble, et cil qui à la lor partie se tenoient, et distrent: «Mult ont fait grant outrage cil qui ont cest plait desfait, et il ne fu onques jorz que il ne meissent paine à ceste ost depecier. Or somes nos honi, se nos ne l'aidons à prendre.» Et il vienent au Duc, et li dient: «Sire, nos le vos aiderons à prendre por mal de ceus qui le vuelent destorner.»

[085] Einsi fu li conseils pris; et au matin s'alèrent logier devant les portes de la ville; et si drecièrent lor perrières et lor mangoniaus, et lor autres engins dont il avoient assez; et devers la mer drecièrent les eschieles sor les nefs. Lor comencièrent à jeter les perrières as murs de la ville et as tors. Einsi dura cil assaus bien par cinq jorz; et lor si mistrent lor trencheurs à une tour, et cil comencièrent à trenchier le mur. Et quant cil dedenz virent ce, si quistrent plait autretel com il l'avoient refusé par le conseil à ceus qui l'ost voloient depecier.

XVIII.

[086] Einsi fu la ville rendue en la merci le duc de Venise. Et lors vint li Dux as comtes et as barons, et lor dist: «Seignor, nos avons ceste ville conquise, par la Dieu grace et par la vostre. Il est yverz entrez, et nos ne povons mais movoir de ci tresque à la Pasque; quar nos ne troverions mie marchié en autre lieu, et ceste ville si est mult riche et mult bien garnie de toz biens. Si la partirons par mi: si en prendrons la moitié, et vos l'autre.»

[087] Einsi com il fu devisé, si fu fait. Li Venicien si orent la partie devers le port, où les nefs estoient; et li François orent l'autre. Lors furent li ostel departi à chascun endroit soi, tel com il afferi; si se deslogea l'ost et vindrent herbergier en la ville.

[088] Et com il furent tuit herbergié, au tierz jor après, si avint une mult granz mesaventure en l'ost, endroit hore de vespres; que une meslée comença des Veniciens et des François, mult granz et mult fière; et corurent as armes de totes parz. Et fu si granz la meslée, que poi i ot des rues où il n'eust grant estor d'espées et de lances et d'arbalestes et de darz; et mult i ot genz navrez et morz.

[089] Mais li Venicien ne porent mie l'estor endurer, si comencièrent mult à perdre. Et li preudome qui ne voloient mie le mal, vindrent tot armé à la meslée, et comencièrent à dessevrer. Et com il l'avoient dessevré en un lieu, lors recomençoit en un autre. Issi dura, trosque à grant pièce de la nuit; et à grant travail et à grant martire le departirent tote-voie. Et sachiez que ce fu la plus granz dolors qui onques avenist en l'ost; et par poi que l'ost ne fu tote perdue. Mais Dieu nel volt mie soffrir.

[090] Mult i ot grant domage d'ambedeus parz. Là si fu morz un hauz hom de Flandres qui avoit nom Giles de Landas; et fu feruz parmi l'ueil, et de ce coup fu morz à la mellée, et maint autre dont il ne fu mie si grant parole. Lors orent li dux de Venise et li baron grant travail, tote cele semaine, de faire paix de cele mellée; et tant i travaillèrent que pais en fu, Dieu merci!

XIX.

[091] Après cele quinzaine vint li marquis Boniface de Monferrat, qui n'ere mie encores venuz, et Mahieus de Monmorenci, et Pierres de Braiecuel, et maint autre prodome. Et après une autre quinzaine, revindrent li message d'Alemaigne qui estoient au roi Phelippe et au valet de Constantinople. Et assemblèrent li baron et li dux de Venise en un palais où li dux ere à ostel. Et lors parlèrent li message et distrent: «Seignor, li rois Phelippes nos envoie à vos, et li fils l'empereor de Constantinople, qui freres sa femme est.

[092] — Seignor, fait li rois, je vos envoierai le frere ma femme; si le mets en la Dieu main (qui le gart de mort!) et en la vostre. Por ce que vos alez por Dieu et por droit et por justise, si devez à ceus qui sont deshérité rendre lor heritages, se vos povez. Et si vos fera la plus haute convenance qui onques fust faite à gent, et la plus riche aide à la Terre d'outremer conquerre.

[093] Tot premièrement, se Dieu done que vos le remetez en son heritage, il metra tot l'empire de Romanie à la obedience de Rome, dont ele ere partie pieça. Après il sait que vos avez mis le vostre, et que vos iestes povre; si vous donra deus cent mil marcs d'argent, et viande à toz ceus de l'ost, à petiz et à granz. Et il ses cors ira avec vos el la terre de Babiloine, ou envoiera, se vos cuidiez que mieuz sera, à toz dix mil homes à sa despense. Et cest servise vos fera par un an; et à toz les jorz de sa vie tiendra cinq cens chevaliers en la Terre d'outremer au suen, qui garderont la Terre. —

[094] Seignor, de ce avons-nos plain povoir, font li message, d'asseurer ceste convenance se vos la volez asseurer devers vos. Et sachiez que si haute convenance ne fu onques mais offerte à gent, ne n'a mie grant talant de conquerre, qui cesti refusera.» Et il dient que il en parleront; et fu pris un parlemenz à l'endemain; et quant il furent ensemble, si lor fu ceste parole mostrée.

XX.

[095] Là ot parlé en maint endroit; et parla l'abés de Vals de l'ordre de Cistiaus, et cele partie qui voloit l'ost depecier; et distrent qu'il ne s'i accorderoient mie; que ce ere sor crestiens, et il n'estoient mie por ce meu, ainz voloient aler en Syrie.

[096] Et l'autre partie lor respondi: «Bel seignor, en Syrie ne povez vos rien faire; et si le verrez bien à ceus meimes qui nos ont deguerpiz, et sont alés as autres porz. Et sachez que par la terre de Babiloine ou par Grèce iert recovrée la Terre d'outremer, s'ele jamais est recovrée. Et se nos refusons ceste convenance, nos somes honi à toz jorz.»

[097] Einsi ere l'ost en discorde com vous oez. Et ne vos merveilliez mie se la laie genz ere en discorde; que li blanc moine de l'ordre de Cistiaus erent altressi en discorde en l'ost. Li abés de Loz, qui mult ere sainz hom et prodom, et autre abbé qui à lui se tenoient, prechoient et crioient merci à la gent, que il por Dieu tenissent l'ost ensamble, et que il feissent ceste convenance; «car ce est la chose par quoi on puet mieuz recovrer la Terre d'outremer». Et l'abbés de Vaus, et cil qui à lui se tenoient, repreechoient mult sovent, et disoient que tot ce ere mals; mais alassent en la terre de Syrie, et feissent ce qu'il porroient.

[098] Lors vint li marquis Bonifaces de Monferrat, et Baudoins li cuens de Flandres et de Hennaut, et li cuens Loeys, et li cuens Hues de Saint-Pol, et cil qui à eux se tenoient; et distrent que il feroient ceste convenance; que il seroient honi se il la refusoient. Einsi s'en alèrent à l'ostel le duc, et furent mandé li més; et asseurèrent la convenance, si com vos l'avez oï arrière, par sermenz et par chartes pendanz.

[099] Et tant vos retrait li livres que il ne furent que doze qui les sermenz jurerent de la partie des François; ne plus n'en povoient avoir. De ceus si fu li uns li marquis de Monferrat, li cuens Baudoins de Flandres, li cuens Loeys de Blois et de Chartein, et li cuens de Saint-Pol, et huit autre qui à eux se tenoient. Einsi fu la convenance faite et les chartres bailliées, et mis li termes quant li vallez de Constantinople viendroit; et ce fu à la quinzaine de Pasques après.

XXI.

[100 ] Einsi séjorna l'ost des François à Jadres tot cel yver, contre le roi de Hongrie. Et sachiez que li cuer des genz ne furent mie en paix; que l'une des parties se travailla à ce que li ost se departist, et li autre à ce qu'ele se tenist ensemble

[101] Maint s'en emblèrent des menues genz es nefs des marcheanz. En une nef s'en emblèrent bien cinq cenz; si noièrent tuit et furent perdu. Une autre compagnie s'en embla par terre, et si s'en cuida aller par Esclavonie; et li païsant de la terre les assaillirent et en ocistrent assez; et li autre s'en repairièrent fuiant arrière en l'ost. Einsi s'en aloit li ost forment en amenuisant chascun jor. En cel termine, se travailla tant uns hauz hom de l'ost qui ere d'Alemaigne, qui avoit nom Garniers de Borlande, que il s'en ala en une nef de marcheanz, et guerpi l'ost; dont il reçut grant blasme.

[102] Après ne tarda gaires que uns hauz ber de France, qui ot à nom Renauz de Monmirail, pria tant, par l'aide le comte Loeys, que il fu envoiez en Syrie en message en une des nefs de l'estoire; et si jura sor sains, de son poing destre, et il et tuit li chevalier qui avec lui alèrent, que dedenz la quinzaine que il seroient arivé en Syrie, et auroient fait lor message, que il repaireroient arrière en l'ost. Par ceste convenance se departi de l'ost, et avec lui Hervis del Castel ses niés et maint autre. Et li serment que il firent ne furent mie bien tenu; que il ne repairièrent pas en l'ost.

[103] Lors revint une novelle en l'ost qui fu mult volentiers oïe: que li estoires de Flandres, dont vos avez oï arrière, ere arivez à Marseille. Et Johans de Neele, chastelains de Bruges, qui ere chevetaine de cel ost, et Tierris, qui fu filz le comte Phelippe de Flandres, et Nicholes de Mailli, manderent le comte de Flandres lor seignor que il ivernoient à Marseille, et que il lor mandast sa volonté; que il feroient ce que il lor manderoit. Et il lor manda, par le conseil del duc de Venise et des autres barons, que il meussent à l'issue de marz, et venissent encontre lui au port de Mouçon en Romanie. Halas! il l'atendirent si malvaisement, que onques covent ne lor tindrent; ainz s'en alèrent en Syrie, où il savoient que il ne feroient nul esploit.

XXII.

[104] Or povez savoir, seignor, que se Dieu ne amast ceste ost, qu'ele ne peust mie tenir ensemble, à ce que tant de gent li queroient mal.

[105] Lors parlèrent li baron ensemble, si distrent qu'il envoieroient à Rome à l'Apostoile, porce que il lor savoit mal gré de la prise de Jadres; et eslistrent messages deus chevaliers et deus clers, tels qu'il savoient qui bon fussent à cest message. Des deus clers, fu li uns Neveles, li evesques de Soissons, et maistre Johans de Noyon, qui ere chanceliers le comte Baudoin de Flandres; et des chevaliers, fu li uns Johans de Friaize et Roberz de Bove. Et cil jurerent sor sains loialment que il feroient le message en bone foi, et que il repaireroient à l'ost.

[106] Mult le tindrent bien li troi, et li quarz malvaisement; et ce fu Roberz de Bove. Car il fist le message au pis qu'il pot, et s'en parjura, et s'en ala en Syrie après les autres. Et li autre troi le firent mult bien, et distrent lor message einsi commandèrent li baron, et distrent à l'Apostoile: «Li baron merci vos crient de la prise de Jadres; que il le firent comme cil qui mieuz ne povoient faire, por la defaute de ceus qui estoient alé aus autres porz, et que autrement ne povoient tenir l'ost ensemble. Et sor ce mandent à vos comme à lor bon pere, que vos lor commandiez vostre commandement que il sont prest de faire.»

[107] Et li Apostoiles dist aus messages qu'il savoit bien que, par la defaute des autres, lor convint grant meschief à faire; si en ot grant pitié. Et lors manda as barons et as pelerins salut, et qu'il les asolt com ses filz, et lor commandoit et prioit que il tenissent l'ost ensemble; car il savoit bien que sans cele ost ne povoit li servises Dieu estre fais. Et dona plain povoir à Nevelon l'evesque de Soissons et à maistre Johan de Noyon, de lier et de deslier les pelerins trosqu'adonc que li cardinals vendroit en l'ost.

XXIII.

[108] Einsi fu jà del tems passé tant que li quaresmes fu; et atornerent lor navile por movoir à la Pasque. Quant les nefs furent chargiées, l'endemain de la Pasque, si se logièrent li pelerin fors de la ville sor le port; et li Venicien firent abatre la vile et les tors et les murs.

[109] Et dont avint une aventure dont mult pesa à cels de l'ost; que un des halz barons de l'ost, qui avoit nom Symons de Monfort, ot fait son plait al roi de Ungrie qui anemis estoit à cels de l'ost; et il s'en ala à lui et guerpi l'ost. Avec lui ala Guis de Monfort ses freres, Symons de Neafle, et Roberz Malvoisins, et Druis de Cresonessart, et l'abes de Vals qui ere moines de l'ordre de Cistiaus, et maint autre. Et ne tarda guaires après, que s'en ala uns autres halz hom de l'ost au roi de Ungrie, qui Engelranz de Boves ere apelez, et Hues ses freres, et les genz de lor païs ce que il porent mener.

[110] Einsi partirent cil de l'ost com vos avez oï: mult fu granz domages à l'ost, et granz honte à ceus qui le firent. Lors comencièrent à movoir les nefs et li uissier; et fu devisé que il prendroient port à Corfou, une ysle en Romenie, et li premier attendroient les darrains tant qu'il seroient ensemble; et il si firent.

[111] Ainz que li Dux ne li marquis partissent del port de Jadres, ne les galies, vint Alexis li fils l'empereor Isaac de Constantinople. Et l'i envoia li rois Phelippes d'Alemaigne; et fu receuz à mult grant joie et à mult grant honor; et li bailla li Dux les galies et les vaissiaux tant com lui convint. Et einsi partirent del port de Jadres, et orent bon vent; et alèrent tant que pristrent port à Duraz. Enqui rendirent cil de la terre la ville à lor seignor (quant il le virent) mult volentiers, et li firent féauté.

THE CRUSADERS OBTAIN A RESPITE BY PROMISING TO HELP THE VENETIANS AGAINST ZARA

[062] Then the Doge spoke to his people, and said unto them: Signors, these people cannot pay more; and in so far as they have paid at all, we have benefited by an agreement which they cannot now fulfil. But our right to keep this money would not everywhere be acknowledged; and if we so kept it we should be greatly blamed, both us and our land. Let us therefore offer them terms.

[063] “The King of Hungary has taken from us Zara in Sclavonia, which is one of the strongest places in the world; and never shall we recover it with all the power that we possess, save with the help of these people. Let us therefore ask them to help us to reconquer it, and we will remit the payment of the debt of 34,000 marks of silver, until such time as it shall please God to allow us to gain the moneys by conquest, we and they together.” Thus was agreement made. Much was it contested by those who wished that the host should be broken up. Nevertheless the agreement was accepted and ratified.

THE DOGE AND A NUMBER OF VENETIANS TAKE THE CROSS

[064] Then, on a Sunday, was assemblage held in the church of St. Mark. It was a very high festival, and the people of the land were there, and the most part of the barons and pilgrims.

[065] Before the beginning of High Mass, the Doge of Venice, who bore the name of Henry Dandolo, went up into the reading-desk, and spoke to the people, and said to them: “Signors, you are associated with the most worthy people in the world, and for the highest enterprise ever undertaken; and I am a man old and feeble, who should have need of rest, and I am sick in body; but I see that no one could command and lead you like myself, who am your lord. If you will consent that I take the sign of the cross to guard and direct you, and that my son remain in my place to guard the land, then shall I go to live or die with you and with the pilgrims.”

[066] And when they had heard him, they cried with one voice: “We pray you by God that you consent, and do it, and that you come with us!”

[067] Very great was then the pity and compassion on the part of the people of the land and of the pilgrims; and many were the tears shed, because that worthy and good man would have had so much reason to remain behind, for he was an old man, and albeit his eyes were unclouded, yet he saw naught, having lost his sight through a wound in the head. He was of a great heart. Ah! how little like him were those who had gone to other ports to escape the danger.

[068] Thus he came down from the reading-desk, and went before the altar, and knelt upon his knees greatly weeping. And they sewed the cross on to a great cotton hat, which he wore, in front, because he wished that all men should see it. And the Venetians began to take the cross in great numbers, a great multitude, for up to that day very few had taken the cross. Our pilgrims had much joy in the cross that the Doge took, and were greatly moved, because of the wisdom and the valour that were in him.

[069] Thus did the Doge take the cross, as you have heard. Then the Venetians began to deliver the ships, the galleys, and the transports to the barons, for departure; but so much time had already been spent since the appointed term, that September drew near (1202).

MESSAGE OF ALEXIUS, THE SON OF ISAAC, THE DETHRONED EMPEROR OF CONSTANTINOPLE – DEATH OF FULK OF NEUILLY – ARRIVAL OF THE GERMANS

[070] Now give ear to one of the greatest marvels, and most wonderful adventures that you have ever heard tell of. At that time there was an emperor in Constantinople, whose name was Isaac, and he had a brother Alexius by name, whom he had ransomed from captivity among the Turks. This Alexius took his brother the emperor, tore the eyes out of his head, and made himself emperor by the aforesaid treachery. He kept Isaac a long time in prison, together with a son whose name was Alexius. This son escaped from prison, and fled in a ship to a city on the sea, which is called Ancona. Thence he departed to go to King Philip of Germany, who had his sister for wife; and he came to Verona in Lombardy, and lodged in the town, and found there a number of pilgrims and other people who were on their way to join the host.

[071] And those who had helped him to escape, and were with him, said: “Sire, here is an army in Venice, quite near to us, the best and most valiant people and knights that are in the world, and they are going overseas. Cry to them therefore for mercy, that they have pity on thee and on thy father, who have been so wrongfully dispossessed. And if they be willing to help thee, thou shalt be guided by them. Perchance they will take pity on thy estate.” And Alexius said he would do this right willingly, and that the advice was good.

[072] Thus he appointed envoys, and sent them to the Marquis Boniface of Montferrat, who was chief of the host, and to the other barons. And when the barons saw them, they marvelled greatly, and said to the envoys: “We understand right well what you tell us. We will send an envoy with the prince to King Philip, whither he is going. If the prince will help to recover the land overseas, we will help him to recover his own land, for we know that it has been wrested from him and from his father wrongfully.” So were envoys sent into Germany, both to the heir of Constantinople and to King Philip of Germany.

[073] Before this happened, of which I have just told you, there came news to the host which greatly saddened the barons and the other folk, viz., that Fulk, the good man, the holy man, who first preached the Crusade, had made an end and was dead.

[074] And after this adventure, there came to the host a company of very good and worthy people from the empire of Germany, of whose arrival they of the host were full fain. There came the Bishop of Halberstadt, Count Berthold of Katzenelenbogen, Gamier of Borland, Thierri of Loos, Henry of Orme, Thierri of Diest, Roger of Suitre, Alexander of Villers, Ulric of Tone, and many other good folk, whose names are not recorded in this book.

THE CRUSADERS LEAVE VENICE TO BESIEGE ZARA

[075] Then were the ships and transports apportioned by the barons. Ah, God I what fine war-horses were put therein. And when the ships were fulfilled with arms and provisions, and knights and sergeants, the shields were ranged round the bulwarks and castles of the ships, and the banners displayed, many and fair.

[076] And be it known to you that the vessels carried more than three hundred petraries and mangonels, and all such engines as are needed for the taking of cities, in great plenty. Never did finer fleet sail from any port. And this was in the octave of the Feast of St. Remigius (October) in the year of the Incarnation of Jesus Christ twelve hundred and two. Thus did they sail from the port of Venice, as you have been told.

[077] On the Eve of St. Martin (10th November) they came before Zara in Sclavonia, and beheld the city enclosed by high walls and high towers; and vainly would you have sought for a fairer city, or one of greater strength, or richer. And when the pilgrims saw it, they marvelled greatly, and said one to another,” How could such a city be taken by force, save by the help of God himself?”

[078] The first ships that came before the city cast anchor, and waited for the others; and in the morning the day was very fine and very clear, and all the galleys came up with the transports, and the other ships which were behind; and they took the port by force, and broke the chain that defended it and was very strong and well-wrought; and they landed in such sort that the port was between them and the town. Then might you have seen many a knight and many a sergeant swarming out of the ships, and taking from the transports many a good war-horse, and many a rich tent and many a pavilion. Thus did the host encamp. And Zara was besieged on St. Martin's Day (11th November 1202).

[079] At this time all the barons had not yet arrived. Thus the Marquis of Montferrat had remained behind for some business that detained him. And Stephen of Perche had remained at Venice sick, and Matthew of Montmorency. When they were healed of their sickness Matthew of Montmorency came to rejoin the host at Zara; but Stephen of Perche dealt less worthily, for he abandoned the host, and went to sojourn in Apulia. With him went Rotrou of Montfort and Ives of la jaille, and many others, who were much blamed therein; and they journeyed to Syria in the following spring.* \footnoteLiterally, “in the passage of March,” i.e. among the pilgrims who periodically started for the Holy Land in March.

THE INHABITANTS OF ZARA OFFER TO CAPITULATE, AND THEN DRAW BACK - ZARA IS TAKEN

[080] On the day following the feast of St. Martin, certain of the people of Zara came forth, and spoke to the Doge of Venice, who was in his pavilion, and said to him that they would yield up the city and all their goods – their lives being spared – to his mercy. And the Doge replied that he would not accept these conditions, nor any conditions, save by consent of the counts and barons, with whom he would go and confer.

[081] While he went to confer with the counts and barons, that party, of whom you have already heard, who wished to disperse the host, spoke to the envoys and said: “Why should you surrender your city? The pilgrims will not attack you -have no care of them. If you can defend yourselves against the Venetians, you will be safe enough.” And they chose one of themselves, whose name was Robert of Boves, who went to the walls of the city, and spoke the same words. Therefore the envoys returned to the city, and the negotiations were broken off.

[082] The Doge of Venice, when he came to the counts and barons, said to them: “Signors, the people who are therein desire to yield the city to my mercy, on condition only that their lives are spared. But I will enter into no agreement with them – neither this nor any other – save with your consent.” And the barons answered: “Sire, we advise you to accept these conditions, and we even beg of you so to do.” He said he would do so; and they all returned together to the pavilion of the Doge to make the agreement, and found that the envoys had gone away by the advice of those who wished to disperse the host.

[083] Then rose the abbot of Vaux, of the order of the Cistercians, and said to them: “Lords, I forbid you, on the part of the Pope of Rome, to attack this city; for those within it are Christians, and you are pilgrims.” When the Doge heard this, he was very wroth, and much disturbed, and he said to the counts and barons: “Signors, I had this city, by their own agreement, at my mercy, and your people have broken that agreement; you have covenanted to help me to conquer it, and I summon you to do so.”

[084] Whereon the counts and barons all spoke at once, together with those who were of their party, and said: “Great is the outrage of those who have caused this agreement to be broken, and never a day has passed that they have not tried to break up the host. Now are we shamed if we do not help to take the city.” And they came to the Doge, and said: “Sire, we will help you to take the city in despite of those who would let and hinder us.”

[085] Thus was the decision taken. The next morning the host encamped before the gates of the city, and set up their petraries and manoonels, and other engines of war, which they had in plenty, and on the side of the sea they raised ladders from the ships. Then they began to throw stones at the walls of the city and at the towers. So did the assault last for about five days. Then were the sappers set to mine one of the towers, and began to sap the wall. When those within the city saw this, they proposed an agreement, such as they had before refused by the advice of those who wished to break up the host.

THE CRUSADERS ESTABLISH THEMSELVES IN THE CITYAFFRAY BETWEEN THE VENETIANS AND THE FRANKS

[086] Thus did the city surrender to the mercy of the Doge, on condition only that all lives should be spared. Then came the Doge to the counts and barons, and said to them:” Signors, we have taken this city by the grace of God, and your own. It is now winter, and we cannot stir hence till Eastertide; for we should find no market in any other place; and this city is very rich, and well furnished with all supplies. Let us therefore divide it in the midst, and we will take one half, and you the other.”

[087] As he had spoken, so was it done. The Venetians took the part of the city towards the port, where were the ships, and the Franks took the other part. There were quarters assigned to each, according as was right and convenient. And the host raised the camp, and went to lodge in the city.

[088] On the third day after they were all lodged, there befell a great misadventure in the host, at about the hour of vespers; for there began a fray, exceeding fell and fierce, between the Venetians and the Franks, and they ran to arms from all sides. And the fray was so fierce that there were but few streets in which battle did not rage with swords and lances and cross-bows and darts; and many people were killed and wounded.

[089] But the Venetians could not abide the combat, and they began to suffer great losses. Then the men of mark, who did not want this evil to befall, came fully armed into the strife, and began to separate the combatants; and when they had separated them in one place, they began again in another. This lasted the better part of the night. Nevertheless with great labour and endurance at last they were separated. And be it known to you that this was the greatest misfortune that ever befell a host, and little did it lack that the host was not lost utterly. But God would not suffer it.

[090] Great was the loss on either side. There was slain a high lord of Flanders, whose name was Giles of Landas: he was struck in the eye, and with that stroke he died in the fray; and many another of whom less was spoken. The Doge of Venice and the barons laboured much, during the whole of that week, to appease the fray, and they laboured so effectually that peace was made. God be thanked therefore.

ON WHAT CONDITIONS ALEXIUS PROPOSES TO OBTAIN THE HELP OF THE CRUSADERS FOR THE CONQUEST OF CONSTANTINOPLE

[091] A fortnight after came to Zara the Marquis Boniface of Montferrat, who had not yet joined, and Matthew of Montmorency, and Peter of Bracieux, and many another man of note. And after another fortnight came also the envoys from Germany, sent by King Philip and the heir of Constantinople. Then the barons, and the Doge of Venice assembled in a palace where the Doge was lodged. And the envoys addressed them and said: “Lords, King Philip sends us to you, as does also the brother of the king's wife, the son of the emperor of Constantinople.

[092] “‘Lords,’ says the king, ‘I will send you the brother of my wife; and I commit him into the hands of God – may He keep him from death! - and into your hands. And because you have fared forth for God, and for right, and for justice, therefore you are bound, in so far as you are able, to restore to their own inheritance those who have been unrighteously despoiled. And my wife's brother will make with you the best terms ever offered to any people, and give you the most puissant help for the recovery of the land overseas.

[093] “‘And first, if God grant that you restore him to his inheritance, he will place the whole empire of Roumania (= Byzanz) in obedience to Rome, from which it has long been separated. Further, he knows that you have spent of your substance, and that you are poor, and he will give you 200,000 marks of silver, and food for all those of the host, both small and great. And he, of his own person, will go with you into the land of Babylon, or, if you hold that that will be better, send thither 10,000 men, at his own charges. And this service he will perform for one year. And all the days of his life he will maintain, at his own charges, five hundred knights in the land overseas, to guard that land.’”

[094] “Lords, we have full power,” said the envoys, “to conclude this agreement, if you are willing to conclude it on your parts. And be it known to you, that so favourable an agreement has never before been offered to any one; and that he that would refuse it can have but small desire of glory and conquest.” The barons and the Doge said they would talk this over; and a parliament was called for the morrow. When all were assembled, the matter was laid before them.

DISCORD AMONG THE CRUSADERS - OF THOSE WHO ACCEPT THE PROPOSALS OF THE YOUNG ALEXIUS

[095] Then arose much debate. The abbot of Vaux, of the order of the Cistercians, spoke, and that party that wished for the dispersal of the host; and they said they would never consent: that it was not to fall on Christians that they had left their homes, and that they would go to Syria.

[096] And the other party replied: “Fair lords, in Syria you will be able to do nothing; and that you may right well perceive by considering how those have fared who abandoned us, and sailed from other ports. And be it known to you that it is only by way of Babylon, or of Greece, that the land overseas can be recovered, if so be that it ever is recovered. And if we reject this covenant we shall be shamed to all time.”

[097] There was discord in the host, as you hear. Nor need you be surprised if there was discord among the laymen, for the white monks of the order of Citeaux were also at issue among themselves in the host. The abbot of Loos, who was a holy man and a man of note, and other abbots who held with him, prayed and besought the people, for pity's sake and the sake of God, to keep the host together, and agree to the proposed convention, in that “it afforded the best means by which the land overseas might be recovered;” while the abbot of Vaux, on the other hand, and those who held with him, preached full often, and declared that all this was naught, and that the host ought to go to the land of Syria, and there do what they could.

[098] Then came the Marquis of Montferrat, and Baldwin Count of Flanders and Hainault, and Count Louis, and Count Hugh of St. Paul, and those who held with them, and they declared that they would enter into the proposed covenant, for that they should be shamed if they refused. So they went to the Doge's hostel, and the envoys were summoned, and the covenant, in such terms as you have already heard, was confirmed by oath, and by charters with seals appended.

[099] And the book tells you that only twelve persons took the oaths on the side of the Franks, for more (of sufficient note) could not be found. Among the twelve were first the Marquis of Montferrat, the Count Baldwin of Flanders, the Count Louis of Blois and of Chartres, and the Count of St. Paul, and eight others who held with them. Thus was the agreement made, and the charters prepared, and a term fixed for the arrival of the heir of Constantinople; and the term so fixed was the fifteenth day after the following Easter.

OF THOSE WHO SEPARATED THEMSELVES FROM THE HOST TO GO TO SYRIA, AND OF THE FLEET OF THE COUNT OF FLANDERS

[100] Thus did the host sojourn at Zara all that winter (1202-1203) in the face of the King of Hungary. And be it known to you that the hearts of the people were not at peace, for the one party used all efforts to break up the host, and the other to make it hold together.

[101] Many of the lesser folk escaped in the vessels of the merchants. In one ship escaped well nigh five hundred, and they were all drowned, and so lost. Another company escaped by land, and thought to pass through Sclavonia; and the peasants of that land fell upon them, and killed many, so that the remainder came back flying to the host. Thus did the host go greatly dwindling day by day. At that time a great lord of the host, who was from Germany, Garnier of Borland by name, so wrought that he escaped in a merchant vessel, and abandoned the host, whereby he incurred great blame.

[102] Not long afterwards, a great baron of France, Renaud of Monmirail by name, besought so earnestly, with the countenance of Count Louis, that he was sent to Syria on an embassy in one of the vessels of the fleet; and he swore with his right hand on holy relics, he and all the knights who went with him, that within fifteen days after they had arrived in Syria, and delivered their message, they would return to the host. On this condition he left the host, and with him Hervée of Chitel, his nephew, William the vidame of Chartres, Geoffry of Beaumont, John of Frouville, Peter his brother, and many others. And the oaths that they swore were not kept; for they did not rejoin the host.

[103] Then came to the host news that was heard right willingly, viz., that the fleet from Flanders, of which mention has been made above, had arrived at Marseilles. And John of Nêle, Castellan of Bruges, who was captain of that host, and Thierri, who was the son of Count Philip of Flanders, and Nicholas of Mailly, advised the Count of Flanders, their lord, that they would winter at Marseilles, and asked him to let them know what was his will, and said that whatever was his will, that they would do. And he told them, by the advice of the Doge of Venice and the other barons, that they should sail at the end of the following March, and come to meet him at the port of Modon in Roumania. Alas! they acted very evilly, for never did they keep their word, but went to Syria, where, as they well knew, they would achieve nothing.

[104] Now be it known to you, lords, that if God had not loved the host, it could never have held together, seeing how many people wished evil to it!

THE CRUSADERS OBTAIN THE POPE'S ABSOLUTION FOR THE CAPTURE OF ZARA

[105] Then the barons spoke together and said that they would send to Rome, to the Pope, because he had taken the capture of Zara in evil part. And they chose as envoys such as they knew were fitted for this office, two knights, and two clerks. Of the two clerks one was Nevelon, Bishop of Soissons, and the other Master John of Noyon, who was chancellor to Count Baldwin of Flanders; and of the knights one was John of Friaize, the other Robert of Boves. These swore on holy relics that they would perform their embassy loyally and in good faith, and that they would come back to the host.

[106] Three kept their oath right well, and the fourth evilly, and this one was Robert of Boves. For he executed his office as badly as he could, and perjured himself, and went away to Syria as others had done. But the remaining three executed their office right well, and delivered their message as the barons had directed, and said to the Pope: “The barons cry mercy to you for the capture of Zara, for they acted as people who could do no better, owing to the default of those who had gone to other ports, and because, had they not acted as they did, they could not have held the host together. And as to this they refer themselves to you, as to their good Father, that you should tell them what are your commands, which they are ready to perform.”

[107] And the Pope said to the envoys that he knew full well that it was through the default of others that the host had been impelled to do this great mischief, and that he had them in great pity. And then he notified to the barons and pilgrims that he sent them his blessing, and absolved them as his sons, and commanded and besought them to hold the host together, inasmuch as he well knew that without that host God's service could not be done. And he gave full powers to Nevelon, Bishop of Soissons, and Master John of Noyon, to bind and to unloose the pilgrims until the cardinal joined the host.

DEPARTURE OF THE CRUSADERS FOR CORFU - ARRIVAL OF THE YOUNG ALEXIUS - CAPTURE OF DURAS

[108] So much time had passed that it was now Lent, and the host prepared their fleet to sail at Easter. When the ships were laden on the day after Easter (7th April 1203), the pilgrims encamped by the port, and the Venetians destroyed the city, and the walls and the towers.

[109] Then there befell an adventure which weighed heavily upon the host; for one of the great barons of the host, by name Simon of Montfort, had made private covenant with the King of Hungary, who was at enmity with those of the host, and went to him, abandoning the host. With him went Guy of Montfort his brother, Simon of Nauphle and Robert Mauvoisin, and Dreux of Cressonsacq, and the abbot of Vaux, who was a monk of the order of the Cistercians, and many others. And not long after another great lord of the host, called Enguerrand of Boves, joined the King of Hungary, together with Hugh, Enguerrand's brother, and such of the other people of their country as they could lead away.

[110] These left the host, as you have just heard; and this was a great misfortune to the host, and to such as left it a great disgrace. Then the ships and transports began to depart; and it was settled that they should take port at Corfu, an island of Roumania, and that the first to arrive should wait for the last; and so it was done.

[111] Before the Doge, the Marquis, and the galleys left Zara, Alexius, the son of the Emperor Isaac of Constantinople, had arrived together. He was sent by the King Philip of Germany, and received with great joy and great honour; and the Doge gave him as many galleys and ships as he required. So they left the port of Zara, and had a fair wind, and sailed onwards till they took port at Duras. And those of the land, when they saw their lord, yielded up the city right willingly and sware fealty to him.

Etc.…

Vorkommen von savoir ‘wissen’ und oïr ‘hören’ als Gliederungs- und Aufmerksamkeitssignal

(die Angaben beziehen sich auf Zeilen in einem File)

sachez(1)1307

sachiez(12)5, 21, 23, 53, 481, 611, 1006, 1210, 1284, 1368, 1819, 1844

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(1)1417

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(1)728

oïrent(2)534, 1568

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Voltaire

Essay sur l'histoire générale et sur les moeurs et l'esprit des nations, depuis Charlemagne jusqu'à nous jours [1756]

CHAPITRE 44 p.339-352

De la premiére croisade, jusqu' à la prise de Jérusalem

p. 340f. Motive des Papstes beim ersten Kreuzzug:

et le pape, qui voulait être au moins seigneur suzerain de ces royaumes, étant d'ailleurs rival de l'église grecque, devenait nécessairement par son état, l'ennemi déclaré des empereurs d'orient, comme il était l'ennemi couvert des empereurs teutoniques. Le pape, loin de secourir les grecs, voulait soûmettre l'orient aux latins.

p. 341: warum das Konzil in Clermont mehr Erfolg hatte als das in Piacenza:

On fut donc obligé de tenir un autre concile à Clermont en Auvergne. Le pape y harangua dans la grande place. On avait pleuré en Italie sur les malheurs des chrêtiens de l'Asie. On s'arma en France. Ce pays était peuplé d'une foule de nouveaux seigneurs, inquiets, indépendans, aimant la dissipation et la guerre, plongés pour la plûpart dans les crimes que la débauche entraîne, et dans une ignorance qui égalait leurs débauches. Le pape leur proposait la remission de tous leurs péchés, et leur ouvrait le ciel, en leur imposant pour pénitence de suivre la plus grande de leurs passions, de courir au pillage. On prit donc la croix à l'envi.

Les églises et les cloîtres achetèrent alors à vil prix beaucoup de terres des seigneurs, qui crurent n'avoir besoin que d'un peu d'argent et de leurs armes pour aller conquérir des royaumes en Asie.

p. 342: schon beim ersten Kreuzzug bemerkt man, dass sich die Begeisterung für die Sache in östlicheren Regionen Europas in Grenzen hält. Daher schon beim ersten Kreuzzug Eroberung einer christlichen Stadt in Ungarn, um sich Nahrung zu verschaffen.

Nouveau genre de vanité ! La premiére expédition de ce général hermite fut d'assiéger une ville chrêtienne en Hongrie, nommée Malavilla, parce que l'on avait refusé des vivres à ces soldats de Jésus-Christ, qui malgré leur sainte entreprise, se conduisaient en voleurs de grand chemin. La ville fut prise d'assaut, livrée au pillage, les habitans égorgés.

p. 343: Eine andere Gruppe macht Pogrome in Deutschland:

Une autre horde de ces avanturiers, composée de plus de deux-cent-mille personnes, tant femmes que prêtres, paysans, écoliers, croyant qu'elle allait défendre Jésus-Christ, s'imagina qu'il fallait exterminer tous les juifs qu'on rencontrerait. Il y en avait beaucoup sur les frontiéres de France : tout le commerce était entre leurs mains. Les chrêtiens, croyant venger Dieu, firent main-basse sur tous ces malheureux.

Il n' y eut jamais depuis Adrien un si grand massacre de cette nation. Ils furent égorgés à Verdun, à Spire, à Worms, à Cologne, à Mayence : et plusieurs se tuèrent eux-mêmes, après avoir fendu le ventre à leurs femmes, pour ne pas tomber entre les mains des barbares. La Hongrie fut encor le tombeau de cette troisiéme armée de croisés.

p. 346: Unterschiedliche Interessen unterschiedlicher Agenten:

Le pape et les princes croisés avaient dans ce grand appareil leurs vues différentes, et Constantinople les redoutait toutes. On y haïssait les latins, qu'on y regardait comme des hérétiques et des barbares.

p. 349: Problem der Ernährung von Hunderttausenden von Kreuzfahrern:

Les historiens nous informent rarement comment on nourrissait ces multitudes. C'était une entreprise qui demandait autant de soins que la guerre même. Venise ne voulut pas d'abord s'en charger. Elle s'enrichissait plus que jamais par son commerce avec les mahométans, et craignait de perdre les privilèges qu'elle avait chez eux. Les génois, les pisans et les grecs équipèrent des vaisseaux chargés de provisions, qu'ils vendaient aux croisés en cotoyant l'Asie Mineure. La fortune des génois s'en accrut, et on fut étonné bientôt après de voir Génes devenue une puissance.

CHAPITRE 45 p. 352-378

Croisades depuis la prise de Jérusalem

p. 353: Gründe für die geringe Nachhaltigkeit des Erfolgs der mitteleuropäischen Kreuzfahrer in vorderen Orient:

Il sera peut-être aisé de découvrir les raisons du peu de succès des croisés. Les mêmes circonstances produisent les mêmes effets. On a vu que quand les successeurs de Mahomet eurent conquis tant d'états, la discorde les divisa. Les croisés éprouvèrent un sort à peu près semblable. Ils conquirent moins, et furent divisés plus tôt. Voilà déja trois petits états chrêtiens formés tout d'un coup en Asie : Antioche, Jérusalem et édesse. Il s'en forma quelques années après un quatriéme ; ce fut celui de Tripoli de Syrie, qu'eut le jeune Bertrand fils du comte de Toulouse. Mais pour conquérir Tripoli, il falut avoir recours aux vaisseaux des vénitiens. Ils prirent alors part à la croisade, et se firent céder une partie de cette nouvelle conquête.

p. 359: Weitere Ursache für Misserfolg:

Des chefs sans expérience et sans art conduisaient dans des pays inconnus des multitudes déréglées.

p. 364: Friedrich Barbarossa hat immerhin etwas aus früheren Misserfolgen gelernt:

Il prit le premier la précaution d'ordonner qu'on ne reçût aucun croisé qui n'eût au moins cent-cinquante francs d'argent comptant, afin que chacun pût par son industrie prévenir les horribles disettes qui avaient contribué à faire périr les armées précédentes.

p.365: Generelle Wertung:

L'Asie Mineure était un goufre où l'Europe venait se précipiter. Non seulement cette armée immense de l'empereur Frédéric était perdue ; mais des flottes d'anglais, de français, d'italiens, d'allemands, précédnt encor l'arrivée de Philippe-Auguste et de Richard Coeur De Lion, avaient amené de nouveaux croisés et de nouvelles victimes.

p. 367-371: Vierter Kreuzzug (dargestellt ist der Passus, der in etwa dem Auszuzg bei Villehardouin entspricht:)

L'ardeur des croisades ne s'amortissait pas : et les guerres de Philippe-Auguste contre l'Angleterre et contre l'Allemagne, n'empêchèrent pas qu'un grand nombre de seigneurs français ne se croisât encor. Le principal moteur de cette émigration fut un prince flamand, ainsi que Godefroy De Bouillon chef de la premiére. C'était Baudouin comte de Flandres. Quatre –p368– mille chevaliers, neuf-mille écuyers, et vingt mille hommes de pied, composèrent cette croisade nouvelle, qu'on peut apeller la cinquiéme.

Venise devenait de jour en jour une république redoutable, qui apuyait son commerce par la guerre. Il falut s'adresser à elle préférablement à tous les rois de l'Europe. Elle s'était mise en état d'équiper des flottes, que les rois d'Angleterre, d'Allemagne, de France ne pouvaient alors fournir. Ces républicains industrieux gagnèrent à cette croisade de l'argent et des terres.

Premiérement ils se firent payer quatre-vingt-cinq mille marcs d'argent pour transporter seulement l'armée dans le trajet. Secondement ils se servirent de cette armée même, à laquelle ils joignirent cinquante galéres, pour faire d'abord des conquêtes en Dalmatie.

Le pape Innocent Iii les excommunia, soit pour la forme, soit qu'il craignît déja leur grandeur. Ces croisés excommuniés n'en prirent pas moins Zara et son territoire, qui accrut les forces de Venise.

Cette croisade fut différente de toutes les autres, en ce qu'elle trouva Constantinople divisée, et que les précédentes avaient eu en tête des empereurs affermis. Les vénitiens, le comte de Flandres, le marquis de Montferrat joint à eux, enfin les principaux chefs toûjours politiques quand la multitude est effrenée, virent que le tems était venu d'exécuter l'ancien projet contre l'empire des grecs.

Isaac Lange avait été privé de la liberté et de l'usage de la vue par son frére Alexis. Le –p369–

fils d'Isaac avait un parti, et les croisés lui offrirent leur dangereux secours. De tels auxiliaires furent également odieux à tous les partis.

Ils campaient hors de la ville, toûjours pleine de tumulte. Le jeune Alexis, détesté des grecs, pour avoir introduit les latins, fut immolé bientôt à une nouvelle faction. Un de ses parens, surnommé Mirziflos, l'étrangla de ses mains.

Les croisés, qui avaient alors le prétexte de venger leurs créatures, profitèrent des séditions qui désolaient la ville, pour la ravager. Ils y entrèrent presque sans résistance ; et ayant tué tout ce qui se présenta, ils s'abandonnèrent à tous les excès de la fureur et de l'avarice.

Nicétas assure que le seul butin des seigneurs de France fut évalué à quatre-cent-mille marcs d'argent. Les églises furent pillées : et ce qui marque assez le caractère de la nation qui n'a jamais changé, les français dansèrent avec des femmes dans le sanctuaire de l'église de ste Sophie.

Ce fut pour la premiére fois que la ville de Constantinople fut prise et saccagée : et elle le fut par des chrêtiens qui avaient fait voeu de ne combatre que les infidèles.

On ne voit pas que ce feu grégeois, tant vanté par les historiens, ait fait le moindre effet. S'il était tel qu'on le dit, il eût toûjours donné sur terre et sur mer une victoire assûrée. Si c'était quelque chose de semblable à nos phosphores, l'eau pouvait à-la-vérité le conserver, mais il n'aurait point eu d'action dans l'eau. Enfin, malgré ce secret, les turcs avaient enlevé –p370– presque toute l'Asie Mineure aux grecs, et les latins leur arrachèrent le reste.

Le plus puissant des croisés, Baudouin comte de Flandres, se fit élire empereur. Ce nouvel usurpateur condamna l'autre usurpateur Mirziflos à être précipité du haut d'une colonne. Les autres croisés partagèrent l'empire. Les vénitiens se donnèrent le Péloponnése, l'isle de Candie, et plusieurs villes des côtes de Phrygie, qui n'avaient point subi le joug des turcs. Le marquis de Montferrat prit la Thessalie. Ainsi Baudouin n'eut guères pour lui que la Thrace et la Moesie. à l'égard du pape, il y gagna, du moins pour un tems, toute l'église d'orient. Cette conquête eût pu avec le tems valoir un royaume : Constantinople était autre chose que Jérusalem.

Ces croisés, qui ruinaient des chrêtiens leurs fréres, auraient pu bien plus aisément que tous leurs prédécesseurs chasser les turcs de l'Asie. Les états de Saladin étaient déchirés. Mais de tant de chevaliers qui avaient fait voeu d'aller secourir Jérusalem, il ne passa en Syrie que le petit nombre de ceux qui ne purent avoir part aux dépouilles des grecs. De ce petit nombre fut Simon de Montfort, qui ayant en vain cherché un état en Gréce et en Syrie, se mit ensuite à la tête d'une croisade contre les albigeois, pour usurper avec la croix quelque chose sur les chrêtiens. Il restait beaucoup de princes de la famille impériale des Comnènes, qui ne perdirent point courage dans la destruction de leur empire. Un d'eux, qui portait aussi le nom d'Alexis, –p371 –se réfugia avec quelques vaisseaux vers la Colchide ; et là, entre la mer et le mont Caucase, forma un petit état, qu'on apella l'empire de Trebizonde : tant on abusait de ce mot d'empire.

Vorkommen einiger wichtiger Termini in diesen beiden Kapiteln von Voltaires Geschichte:

ardeur

(3)10, 93, 464

fureur, furieux (6) 78, 191, 192, 346, 388, 493

fanatisme, fanatique(2)78, 398

emportement

(1)288

enthousiasme

(3)11, 101, 168

argent

(9)34, 54, 76, 144, 412, 455, 474, 475, 495

marcs

(3)455, 475, 494

butin

(2)38, 494

part, partager(10)38, 213, 226, 292, 343, 346, 506, 514, 564, 594

pillage

(2)32, 50

profiter

(2)100, 491

proie

(2)206, 525

commerce

(3)64, 161, 471

circonstances (1)221

démarches

(1)137

dépeuplement

(1)268

émigration(s)

(7)41, 104, 207, 215, 300, 466, 527

dessein

(1)8

intentions

(1)117

intérêts

(1)92

projet

(2)22, 483

raison(s)

(4)93, 116, 220, 267

imprudence

(3)134, 310, 452

prudence, prudent(3)322, 450

historiens, histoire (8) 14 ,149, 159, 176, 182, 187, 499, 599

latins [vs. grecs](7)21, 114, 416, 489, 503, 606, 634

ruiner, ruine

(6)98, 356, 448, , 511, 560, 556

succès

(4)220, 237, 321, 324

crime(s)

(3)29, 283, 387