Post on 07-Jul-2020
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SAISON 2012-2013
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Opéra de Reims 13 rue Chanzy 51100 Reims Location tél : 03 26 50 03 92 billetterie@operadereims.com
HÄNSEL ET GRETEL CONTE-OPERA D’ENGELBERT HUMPERDINCK
Hänsel Olivia Vermeulen mezzo-soprano
Gretel Eugénie Warnier soprano
La sorcière Jasmine Etezadzadeh mezzo-soprano
Le père Hans Gröning baryton
La mère Svetlana lifar mezzo-soprano
Le marchand de sable et la fée rosée karine Godefroy soprano
Forum Sinfonietta ensemble
Choeur de jeunes du conservatoire de Saint-Omer
Chef de choeur Adélaïde Stroesser
Production Festival de Sédières (conseil Général de la corrèze)
Coproduction la clef des chants / Région Nord Pas de Calais
SPECTACLE CHANTE EN
ALLEMAND SURTITRE EN
FRANÇAIS
DUREE : 2 HEURES AVEC
ENTRACTE
Transcription et direction musicale Jérôme
Devaud Mise en scène Claude Montagné
Scénographie Denis Fruchaud
Lumières Pierre Peyronnet
Costumes Aude Desigaux
Vidéo Pascal Boyadjian
Assistante costumes Brigitte Lefrançois
Conte-opéra en 3 actes d’Engelbert Humperdinck
Livret d’Adelheid Wette d’après un conte de Grimm
Création : Weimar, hoftheater, 23 décembre 1893
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Contenu
PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA ........................................................................................ 3
L’ARGUMENT ................................................................................................................................... 3
FICHE DE PRESENTATION POUR LES ELEVES ........................................................................... 6
LE COMPOSITEUR : ENGELBERT HUMPERDINCK ..................................................................... 7
IL ETAIT UNE FOIS……LES FRERES GRIMM .............................................................................. 8
DU CONTE DE GRIMM AU LIVRET D’ADELHEID WETTE …… ................................................... 9
L’ŒUVRE ET SA RECEPTION ....................................................................................................... 11
EXTRAITS DU CHAPITRE « JEANNOT ET MARGOT », TIRE DE PSYCHANALYSE DES
CONTES DE FEES DE BRUNO BETTELHEIM .............................................................................. 12
GUIDE D’ECOUTES ET PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES ......................................... 15
EXEMPLES DE THEMATIQUES POUVANT ÊTRE EXPLOITEES ................................................ 26
POUR EN SAVOIR PLUS… ............................................................................................................ 27
HANSEL ET GRETEL A L’OPERA DE REIMS ................................................................................... 29
NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE CLAUDE MONTAGNE ...................................... 29
REPERES BIOGRAPHIQUES ........................................................................................................ 30
CD A DISPOSITION DES
ENSEIGNANTS
IL PRESENTE LES DIFFERENTES
ECOUTES PROPOSEES DANS
LES PISTES D’EXPLOITATIONS
PEDAGOGIQUES
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PRESENTATION GENERALE DE L’OPERA
L’ARGUMENT
PREMIER TABLEAU
A la maison du marchand de balais
Hänsel confectionne un balai tandis que Gretel, sa sœur,
tricote un bas. Les enfants chantent alternativement des petites
chansons, mais cela ne calme pas leur faim. Hänsel est
particulièrement ronchon et sa sœur lui en fait vivement le
reproche, mais le garçon se récrie : il en a assez de travailler et de
ne pas manger. Les enfants se taquinent un peu, se querellent
gaiement et finalement se réconcilient en dansant joyeusement,
tralalalala… jusqu’à tomber à la renverse – juste au moment où la
porte s’ouvre : c’est la Mère ! Elle gronde ses garnements, leur
reproche de s’amuser pendant que leurs parents triment, se
précipite pour chercher le bâton afin de leur frotter le dos… mais
dans sa colère renverse le pot de lait qui devait fournir le repas du
soir ! Une seule solution : elle fourre un panier dans les bras des
deux enfants et les envoie ramasser des fraises dans la forêt. Puis,
épuisée, elle tombe sur une chaise et, maudissant sa pauvreté,
s’endort.
C’est alors qu’arrive le Père, chantant joyeusement ca r,
la vente des balais ayant été fructueuse, il revient avec un cabas
plein de victuailles. Le bruit qu’il fait réveille la mère qui, à la
vue de toute cette nourriture, se met à chanter gaiement avec son
mari. Mais soudain, le père s’enquiert des enfants : où sont-ils
donc ? La Mère raconte alors comment, le pot à lait brisé, elle les
a envoyés faire la cueillette dans la forêt proche. Horreur, s’écrie
le Père, qui révèle que les enfants risquent de s’être perdus sur les
terres de « la méchante », la sorcière Grignote, qui attire les
enfants avec des gâteaux pour les faire cuire dans son grand four
et les dévorer quand ils sont ainsi transformés en enfants de pain
d’épices. Epouvantée, la Mère se précipite hors de la cabane,
suivie de son mari, à la recherche des enfants.
HÄNSEL ET GRETEL
ILLUSTRATION DE LORENZO
MATTOTTI, GALLIMARD
JEUNESSE 2009
PHOTO DU SPECTACLE
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DEUXIEME TABLEAU
Dans la forêt
La végétation est très touffue. Hänsel ramasse des fraises pendant que sa
sœur chante gaiement en tressant une couronne d’Eglantine. Hänsel sort
bientôt d’un fourré en brandissant, triomphant, son panier rempli de fraises.
Au loin, on entend l’appel du coucou – le coucou mangeur d’œufs dit Hänsel.
Mangeur de fraises dit malicieusement Gretel en chipant une fraise dans le
panier. Et les deux enfants, par jeu, de s’amuser à piquer des fraises et à les
manger… jusqu’à ce que soudain, le panier soit vide ! Et la nuit tombe ! Les
enfants se rendent compte de ce qu’ils ont fait : l’obscurité les enveloppe peu
à peu, la peur monte, des bruits inquiétants se font entendre. Les deux enfants
se serrent l’un contre l’autre, de plus en plus angoissés, voyant passer des
ombres, luire des feux follets… quand soudain apparaît un petit homme qui
fait des signes amicaux : c’est le petit marchand de sable qui jette sa pluie
dorée dans les yeux des enfants pour les endormir. A peine s’est-il éloigné
qu’Hänsel et Gretel sentent le sommeil les gagner. Ils font leur prière du soir
et, s’étendant sur la mousse en se tenant par le bras, ils s’endorment d’un
coup. Dans la nuit noire alors apparaissent les anges de leurs rêves qui,
descendant un escalier de nuages, viennent faire une ronde solennelle autour
des enfants endormis.
PHOTO DU SPECTACLE
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TROISIEME TABLEAU
La maison en pain d’épices
Le jour se lève sur la forêt encore embrumée. La Fée la Rosée apparaît et verse sur les enfants
quelques gouttes qui les réveillent. Ils se frottent les yeux, s’étirent, se taquinent l’un l’autre, se
racontent leurs rêves de la nuit… jusqu’à ce que, tout à coup, au fond de la clairière, ils aperçoivent
une curieuse maisonnette faite de gâteaux et de tartes avec des fenêtres en sucre et une clôture en pain
d’épices ! Les enfants s’approchent, alléchés. Gretel, un peu inquiète pourtant, essaie de retenir son
frère mais, poussés par la gourmandise, ils entreprennent de grignoter la maisonnette. C’est alors que
retentit une voix de l’intérieur. Les enfants, interdits, s’interrompent… mais le désir est plus fort. Ils
reprennent chacun un morceau de la maison-gâteau et se régalent goulûment.
Hélas, pendant ce temps, la Sorcière Grignote est sortie sans bruit et, profitant à ce que les enfants
soient tout à leur affaire gourmande, se saisit d’Hänsel en lui passant une corde autour du cou ! Le
garçon se débat – en vain. La Sorcière se pourlèche déjà en imaginant son festin. Mais elle fait encore
la gentille et offre aux enfants de continuer leur déjeuner en entrant dans la maisonnette. Hänsel, qui
est parvenu à ôter son nœud, comprend qu’il y a danger et entraîne sa sœur à se sauver avec lui.
Hélas, encore hélas, la sorcière lève sa baguette magique et, prononçant une formule secrète,
immobilise les enfants sur place. Se saisissant d’Hänsel, figé, elle l’enferme alors dans une cage, avant
de lui donner un panier plein de nourriture - pour qu’il engraisse. Puis elle va préparer son four,
ajoutant des bûches pour qu’il soit prêt à faire rôtir la tendre Gretel tout à l’heure. Sa joie sauvage est à
son comble : elle chante, elle danse, chevauche son balai, redonne encore à manger à Hänsel, un peu à
Gretel aussi, et danse encore, déchaînée à l’idée du plaisir qui l’attend. Mais les enfants sont malins.
Gretel, répétant en catimini la formule magique, réussit à désenvoûter son frère qui se faufile hors de
la cage. La Sorcière n’a rien vu, affairée à préparer son four pour Gretel. Il est chaud à point : elle
explique alors à la fillette qu’elle doit entrer dedans pour voir où en est la cuisson du pain d’épices.
Mais Gretel fait la bête, faisant semblant de ne pas comprendre comment on peut entrer dans le four, et
demande à la Sorcière de lui montrer. C’est le moment qu’attendaient les enfants : dès qu’elle avance
la tête dans le four, ils la poussent tous deux d’un vigoureux coup et claquent la porte sur elle.
Hourrah ! Ils se sont débarrassés de la Sorcière dont c’est le tour de cuire au four.
Puis les deux enfants, heureux comme tout, foncent vers la maison de pain d’épices où ils comment à
tout rafler… quand, dans un
grand bruit, le four explose,
libérant une kyrielle d’enfants-
gâteaux dont la croûte se
détache peu à peu. Tous se
congratulent et dansent une
ronde joyeuse, remerciant
Hänsel et Gretel de les avoir
sauvés. C’est alors qu’arrivent
le Père et la Mère, heureux de
retrouver leurs enfants. Tout le
monde s’embrasse, tandis qu’on
retire des débris du four la
Sorcière devenue à son tour un
croustillant gâteau…
ALAIN DUAULT pour L’Avant-Scène Opéra
HÄNSEL ET GRETEL ILLUSTRATION DE LORENZO MATTOTTI, GALLIMARD
JEUNESSE 2009
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FICHE DE PRESENTATION POUR LES ELEVES
Hänsel et Gretel est un conte-opéra composé à la fin de l’époque romantique,
en 1893, par le compositeur allemand ENGELBERT HUMPERDINCK. Sa
sœur ADELHEID WETTE a écrit le livret en s’inspirant du très célèbre conte
des frères GRIMM : HÄNSEL ET GRETEL. L’opéra fut représenté la première
fois au hoftheater de Weimar le 23 décembre 1893.
L’ARGUMENT EN BREF…
Hänsel et Gretel en ont assez de ne manger que du
pain sec et préfèrent jouer et danser plutôt qu’aider
aux tâches ménagères. Très en colère, leur mère les
envoie dans la forêt ramasser des fraises,
provoquant l’inquiétude de leur père : une méchante
sorcière habite en effet dans les bois et mange les
petits enfants qu’elle croise sur son chemin. Après
une nuit passée dans la forêt, les enfants découvrent
une maisonnette faite de gâteaux, pain d’épices et de
sucreries. Alors qu’ils ont commencé à grignoter la
maison, la sorcière emprisonne les enfants dans le
seul but de les manger. Grâce à la ruse de l’un deux,
c’est finalement la sorcière qui est mise à cuire.
Hänsel et Gretel sont libres ainsi que tous les
enfants qui avaient été capturés par la sorcière.
LA COMPOSITION DE
L’ORCHESTRE
2 flûtes + 1 piccolo
2 hautbois
2 clarinettes + 1 clarinette basse
2 bassons
4 cors
2 trompettes
3 trombones
1 tuba basse
Quinette à cordes
Percussions (timbale, triangle,
tambourin, cymbales castagnettes
xylophone, glockenspiel, machine
à tonnerre, grosse caisse,)
Harpe
RÔLES ET VOIX
Hänsel : MEZZO-SOPRANO
Gretel : SOPRANO
La mère : MEZZO-SOPRANO
Le père : BARYTON
La sorcière : MEZZO-SOPRANO
Le marchand de sable : SOPRANO
La fée rosée : SOPRANO
LA REPRESENTATION
D’HANSEL ET GRETEL
DONNEE A L’OPERA DE
REIMS DONNERA A
ENTENDRE UN EFFECTIF
ORCHESTRAL REDUIT
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LE COMPOSITEUR : ENGELBERT HUMPERDINCK
Des sept opéras composés par Humperdinck, seul Hänsel et Gretel, produit à
Weimar en 1893, a connu une certaine audience. Dans son article
« Humperdinck et Wagner, du maître à l’élève, la difficulté d’être » pour
l’Avant-Scène Opéra, Lucie Kayas s’interroge sur ce point et tente d’expliquer
le manque d’envergure d’une carrière musicale pour un homme à l’unique chef-
d’œuvre. Engelbert Humperdinck appartient, en effet, à ces quelques rares
compositeurs dont la célébrité et la postérité reposent sur une seule œuvre. Il s’est consacré
essentiellement à la voix. C’est dans le cadre de l’opéra, centré sur la thématique de l’enfance
et de la féérie, que le compositeur donna toute la mesure de son art. Hänsel et Gretel lui aura
permis de l’immortaliser.
SES ŒUVRES
1893 : Hänsel und Gretel, conte-
opéra (märchenspiel)
1895 : Les Sept Petits Biquets (Die
sieben Geißlen)
1902 : La Belle au bois dormant
(Die Dornröschen)
1905 : Le Mariage forcé (Die
Heirat wider Willen)
1910 : Enfants de roi
(Königskinder), opéra-conte de
fées (märchenoper)
1914 : Les Vivandières (Die
Marketenderin)
1919 : Gaudeamus
1854 : naissance d’Engelbert Humperdinck à Siegburg (Rhénanie-du-nord-Westphalie).
1872 : il entre au conservatoire de Cologne où il a pour professeur Ferdinand Hiller.
1876 : grâce à l’obtention du prix Mozart, il acquière une bourse qui lui permet de s’établir à
Munich, où il étudie avec Franz Lachner et plus tard avec Josef Rheinberger.
1879 : il remporte le prix « Mendelssohn Stiftung » de Berlin.
1880 : il rencontre Richard Wagner à Naples.
1881 : Humperdinck s’installe à Bayreuth et participe à la production de Parsifal.
1890 : il devient alors professeur au conservatoire à Francfort et professeur d’harmonie à l’école
de chant de Stockhausen. Humperdinck est très influencé par Richard Wagner avec qui il collabore
en tant qu’assistant.
1900 : le compositeur est nommé membre de l’Académie des arts et professeur de composition à
Berlin.
1921 : il meurt à Neustrelitz (mecklembourgpoméranie-occidentale).
« Le grand événement de sa vie fut sans conteste sa rencontre
puis sa collaboration avec Richard Wagner (pour Parsifal). On
est en droit de se demander se cette relation privilégiée avec un
si grand maître – Wagner est alors au sommet de son art – ne
fut pas à double tranchant : d’une part extrêmement positive,
stimulante et enthousiasmante, de l’autre difficile à assumer
pour un compositeur si jeune (il n’avait que vingt-six ans),
dont la personnalité musicale n’était sans doute pas encore
entièrement affirmée. Nous rejoignons ici uni idée de Goethe :
« Le plus terrible, pour le disciple, est de trouver son identité
face au maître. Plus l’apport de celui-ci est considérable, plus
grand sera le malaise, et même le désespoir de celui-là qui a
tant reçu. » Telle est la citation que Wolfram Humperdinck a
placé en tête du chapitre consacré à la collaboration
Humperdinck-Wagner dans la biographie de son père :
Engelbert Humperdinck : Das Leben meines Vaters (Frankfurt
1965). »
LUCIE KAYAS in AVANT-SCENE OPERA
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IL ETAIT UNE FOIS……LES FRERES GRIMM
Les frères Grimm, Jacob Grimm (1785-1863) et Wilhelm Grimm (1786-1859) sont deux linguistes,
philologues et collecteurs de contes. C’est pour cette dernière activité qu’ils demeurent aujourd’hui
très connus du grand public. Après avoir collectés et réunis des contes, ils les publièrent en deux
volumes sous le titre de Kinder- und Hausmärchen, (Contes pour les enfants et les parents, 1812-
1829). Une nouvelle édition parut en 1857 ; elle contenait des histoires supplémentaires et devint le
fameux livre intitulé Contes de Grimm. Hänsel et Gretel fait partie de cette collection.
Aîné d'une famille de six enfants, orphelin
très jeune, Jacob Grimm connaît une
enfance difficile. Malgré la charge de
famille, il poursuit des études de philologie
à l'université de Marbourg, ainsi qu'à Paris.
Après divers emplois administratifs, il est
engagé comme bibliothécaire à Kassel, puis
comme chargé de cours en droit ancien, en
histoire de la littérature et en philosophie à
l'université de Göttingen. Grimm est l'auteur
d'une Grammaire allemande, considérée
aujourd'hui comme le fondement de la
philologie allemande. Mais c'est grâce aux
Contes populaires, réunis avec son frère,
Wilhelm, que Grimm est aujourd'hui connu.
Les plus célèbres de ces contes, 'Blanche
Neige et les sept nains' et 'Cendrillon' font
désormais partie du patrimoine culturel
mondial.
Source :
http://ecoles.ac-rouen.fr/circdarnetal/
Avec son frère Jacob, Wilhelm Grimm fait ses
études à l'université de Marbourg tout en étant
critique littéraire. Puis il travaille dans la
diplomatie ainsi que dans diverses bibliothèques.
En 1830, il est engagé en tant que bibliothécaire
à l'Université de Göttingen, qu'il quitte pour des
motifs politiques sept ans plus tard. Invité avec
son frère par Frédéric-Guillaume IV de Prusse, il
s'installe définitivement à Berlin à partir de 1841
où il exerce la fonction de professeur. Il est
l'auteur de plusieurs livres sur la littérature et sur
les traditions populaires allemandes. En
particulier, il réunit une collection de contes
populaires à l'aide de son frère dans un recueil
baptisé 'Contes de Grimm'. Ils entament aussi la
rédaction d'un dictionnaire allemand, qui sera
achevé par d'autres érudits après la mort des
frères Grimm.
Source :
http://ecoles.ac-rouen.fr/circdarnetal/
1786-1859 1785-1863
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DU CONTE DE GRIMM AU LIVRET D’ADELHEID WETTE ……
REMY STRICKER
Extrait du programme de Hänsel und Gretel du théâtre du châtelet, 2000
UNE ADAPTATION EDULCOREE...
« Adelheid Wette était sans nul doute une femme respectable,
à en juger par son travail. Elle avait bien saisi que, pour passer
de la nursery à la scène, il fallait aménager sérieusement ce que
l’on racontait depuis longtemps dans les chaumières, et que ce
qui marche à la campagne ne va pas forcément à la ville. Tout
le début du conte était insupportable : la famine, qui pousse
une mère à convaincre son mari de laisser mourir ses enfants
en les perdant dans la forêt. De telles abominations ont bien pu
se produire dans le terroir de toujours, mais ne sont pas
imaginables par les bourgeois de la fin du siècle. La dure
réalité de Grimm ou, si l’on préfère, les fantasmes de faim et
d’abandon, seront donc transposés. Certes, on peut avoir faim
chez le marchand de balais, mais une aimable voisine a donné
une cruche de lait pour préparer un bon entremets. Si les
enfants ont faim, ce n’est sans doute qu’un petit creux et
beaucoup de gourmandise. Laquelle a remplacé la disette. Du
même coup, les enfants innocents de Grimm sont nettement
culpabilisés. C’est parce qu’ils ont dansé au lieu de travailler
que la mère se met en colère, casse malencontreusement la cruche de lait et les envoie chercher des
fraises dans la forêt. Faut-il vraiment croire que la famille du marchand de balais ne se nourrit que de
riz au lait et de fraises des bois ? En tout cas, voilà la mauvaise mère de Grimm disculpée de toute
folie meurtrière. D’ailleurs, son mari revient avec des provisions plus consistantes, car il a bien vendu
ses balais à la ville. Rien de tout cela chez Grimm, bien sûr, où règne le vrai désespoir de la misère et
où le père se laisse convaincre de perdre les enfants pour sauver au moins les parents. La morale
d’Adelheid – un enfant est toujours potentiellement coupable – assure la suite de l’histoire : c’est le
garçon et la fille qui se perdent eux-mêmes dans la forêt. Un nouveau péché de gourmandise leur fait
manger, en jouant, les fraises ramassées et oublier l’heure de rentrer, jusqu’à ce que la nuit les
surprenne, perdus.
Plus tard, c’est encore leur gourmandise qui va leur faire grignoter la maison de la sorcière. Et non pas
la faim au ventre, comme on l’imagine chez Grimm. Toute l’histoire est ainsi orientée vers une mise
en scène éducative, avec des parents irréprochables (il ne sera plus nécessaire de faire mourir la mère à
la fin) et non plus affolés par la détresse. Escamotée, la dure réalité sociale, et du même coup le rite de
passage : c’est à l’astuce de hänsel que les enfants doivent, dans le conte, de rentrer une première fois
à la maison. C’est lui qui trompe la sorcière pendant quatre semaines en lui tendant un petit os au lieu
de son doigt, depuis la cage où elle l’engraisse. Lui qui fait provision de pierres précieuses, une fois la
sorcière rôtie, afin d’assurer des jours meilleurs à la famille. Gretel aura l’idée de pousser la sorcière
dans son four et de demander au canard de leur faire passer la rivière. Exercer leurs méninges fait
grandir les enfants de Grimm. Plus grand-chose de cela ne subsiste chez Frau Wette, bien de son
temps et de sa classe. Les enfants ne doivent pas grandir trop vite, de peur qu’ils ne poussent les
parents... hors de la scène active. En revanche, Hänsel se conduit à plusieurs reprises comme un petit
homme dédaigneux des jeux d’enfants bons pour les filles, et on laisse à Gretel le privilège de
l’intuition féminine en herbe : elle apprend malgré lui la danse à Hänsel et tend l’oreille pour
s’approprier la formule magique de la sorcière. La famine déguisée en gourmandise, l’apprentissage
travesti en déterminisme des sexes, il reste encore quelques réalismes à voiler. Tout le petit monde
animal de la campagne, chat et pigeon de Hänsel, oiseau blanc menant vers la sorcière, canard
ramenant au bercail, tout cède la place à un seul coucou (suisse ?).
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UN LIVRET HABILEMENT COMPOSE...
« Frau Wette ne s’est pas bornée à dépouiller le conte de sa crudité, elle l’enjolive avec beaucoup de
talent de toute une imagerie beaucoup plus rassurante. C’est, il faut le dire, du meilleur effet. Il y aura
un marchand de sable et un marchand de rosée pour endormir et réveiller les gamins, des anges
gardiens pour visiter leur sommeil, les enfants précédemment consommés par la sorcière
ressusciteront à la fin et tout se terminera par une action de grâces au bon dieu [...].
L’imaginaire de la librettiste est probablement plus rose que celui des conteurs populaires, mais il
fournit de la matière au musicien de théâtre. Clichés ? Sans doute, et qui auraient pu mener au pire si
Engelbert Humperdinck n’avait eu tant de discernement. Mais d’abord, il est temps de rendre justice à
cette bonne mère inspiratrice de suite d’événements, d’accidents, d’effets absolument indispensables
au théâtre. Coups de théâtre, justement, qui résolvent avec le plus grand bonheur la question du temps
: celui du récit pouvait s’étirer (les deux expéditions dans la forêt, les semaines de gavage de Hänsel,
la durée du chemin de retour vers la maison). Celui de la scène exige autre chose, un temps d’actions
juxtaposées qui n’a rien de réel : d’où la danse dans la chaumière, le récit par le père à la mère des
méfaits de la sorcière, au premier tableau. Au deuxième, la cueillette des fraises et le jeu où on les
mange, l’apparition des anges. Au dernier, les enfants se racontant leur rêve, danse et formule magique
de la sorcière, explosion du four avec résurrection des dévorés et arrivée des parents sur le lieu du
miracle.
Adelheid avait eu le temps, on le sait, de faire ses preuves comme metteur en scène du théâtre familial.
Elle a mis là le fruit de son expérience et donne une très jolie et très efficace leçon d’adaptation :
comment on passe du narré au représenté et de conteur on devient montreur. Il y a beaucoup de choses
à apprendre de cette dame sur l’art et la manière de faire un livret d’opéra réussi. Mais, comme on l’a
vu, tant de savoir-faire n’aurait pu déboucher que sur de la broderie ou du tableau vivant, s’il n’y avait
eu la musique, celle d’un homme de goût, de culture, et doué lui aussi d’intelligence dramatique. »
REMY STRICKER
Extrait du programme de Hänsel und Gretel du théâtre du châtelet, 2000
GRETEL POUSSE LA SORCIERE DANS LE FOUR…
ILLUSTRATION DE THEODOR HOSEMANN 1807-1875
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L’ŒUVRE ET SA RECEPTION
LE CONTE HANSEL ET GRETEL
DE GRIMM vu par BRUNO
BETTELHEIM
Extraits tirés de l’ouvrage :
L’opéra, achevé dans ses grandes lignes en 1891, fut
orchestré en septembre 1893, suscitant aussitôt l’intérêt de
plusieurs théâtres et artistes, parmi lesquels Hermann Levi,
Felix Mottl et Richard Strauss. C’est à ce dernier qu’échut
l’honneur de diriger la création à Weimar à la veille de
Noël. En dépit de quelques problèmes :
- Pauline de Ahna — bientôt Mme Strauss — qui
devait chanter Hänsel, tomba victime d’une
entorse, ne pouvant apparaître que dès la deuxième
représentation ;
- les parties orchestrales de l’ouverture n’étant pas
arrivées à temps, on dut y renoncer le soir de la
première. . ,
le triomphe fut immédiat, suivi aussitôt par des reprises à
Munich (30 décembre, sous la baguette de Levi), Karlsruhe
(5 janvier, sous celle de Mottl), Francfort (11 mars, sous la
direction de Ludwig Rottenberg). Une année suffit pour
imposer Hänsel und Gretel à une cinquantaine de scènes
allemandes : Mahler dirigea l’œuvre à Hambourg (25
septembre, avec Ernestine Schumann-Heink en sorcière),
Weingartner à Berlin (13 octobre), avant que le monde ne
la découvre avec enchantement : Vienne (18 décembre
1894), Londres (26 décembre), New-York (1895), Milan
(1897), Paris (opéra-comique, 1900), Buenos-Aires (1903
sous la direction de Toscanini qui l’avait déjà donnée à La
scala, en janvier 1902).
Après avoir été le premier opéra retransmis par la radio en
Europe (depuis le Covent Garden, 6 janvier 1923), l’opéra
n’a jamais quitté le répertoire, voyant défiler les divas
célèbres se laissaient transformer en pain d’épices pour la
plus grande joie des grands, des petits, et des...
psychanalystes.
« Mon cher ami, j’achève à
l’instant la lecture de la
partition d’Hänsel et Gretel, et
je prends vite la plume pour
tenter de te dire à quel point
ton œuvre m’a enthousiasmé.
C’est vraiment un chef-d’œuvre
de premier ordre et je dépose à
tes pieds mes vœux chaleureux
pour son heureux
parachèvement, ainsi que ma
plus haute inspiration ; voilà
depuis longtemps quelque chose
qui m’impressionne enfin. Quel
réjouissant humour, quelle
délicieuse naïveté mélodique,
quel art et quelle liberté dans le
traitement de l’orchestre, quel
aboutissement dans la
réalisation de l’ensemble, quelle
invention florissante, quelle
somptueuse polyphonie, et tout
est tellement original, neuf, et si
authentiquement allemand !
Mon cher ami, tu es un grand
maître qui offre à ces bons
allemands une oeuvre dont ils
sont à peine dignes, mais qu’ils
sauront bientôt, du moins je
l’espère, apprécier à sa juste
valeur. »
RICHARD STRAUSS, 1er novembre 1893
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EXTRAITS DU CHAPITRE « JEANNOT ET MARGOT », TIRE DE
PSYCHANALYSE DES CONTES DE FEES DE BRUNO BETTELHEIM
Le conte d’Hänsel et Gretel est présenté dans sa traduction française sous le titre
« Jeannot et Margot ». Un chapitre entier lui est consacré entre les pages 243 et 253 de
l’édition pocket (voir rubrique « pour en savoir plus… »).
Voici quelques temps forts de la réflexion du grand psychanalyste :
LE FIL CONDUCTEUR DE L’HISTOIRE
Il représente une « mise en garde contre la régression et un encouragement pour accéder à un plan
supérieur de la vie psychologique et intellectuelle ».
LA SYMBOLIQUE GENERALE DU CONTE
« Implicitement, l’histoire nous parle des conséquences débilitantes qui nous attendent si nous
essayons de régler les problèmes de la vie par la régression et par le refus, qui diminuent nos chances
de les résoudre. La première fois, dans la forêt, Jeannot se sert habilement de son intelligence en
semant derrière lui des petits cailloux blancs qui montreront le chemin du retour. La seconde fois, il
utilise moins bien son intelligence : vivant à l’orée d’une grande forêt, il devrait savoir que les oiseaux
vont manger les miettes de pain dont il jalonne le chemin. Il aurait mieux fait d’étudier des points de
repères. Mais, en choisissant le refus et la régression – le retour à la maison- il avait perdu la plus
grande partie de son esprit d’initiative et sa faculté de penser clairement. »
LA SYMBOLIQUE DE LA MAISON EN PAIN D’EPICE
« La maison de pain d’épice qu’ils trouvent dans la forêt représente une existence fondée sur les
satisfactions les plus primitives. Se laissant emporter par leur faim incontrôlée, les enfants n’hésitent
pas à détruire ce qui devrait leur procurer abri et sécurité, alors que les oiseaux, en mangeant les
miettes de pain, auraient dû leur faire comprendre qu’il n’est pas bon de dévorer tout ce qu’on
rencontre. » (…) « La maison de pain d’épice est une image que personne ne peut oublier : quel
tableau incroyablement tentant, séduisant, et quel risque terrible on court si on cède à la tentation !
L’enfant reconnaît que, comme Jeannot et Margot, il aimerait dévorer la maison de pain d’épice, quel
que puisse être le danger. La maison représente l’avidité orale et le plaisir qu’on éprouve à la
satisfaire. »
LA SYMBOLIQUE DE LA RIVIERE
« La rivière qu’ils doivent passer sur le chemin du retour symbolise une transition et un renouveau qui
annoncent un palier supérieur de l’existence (comme le baptême). Jusqu’au moment où ils doivent
franchir l’eau, les deux enfants ne se sont jamais séparés. L’enfant d’âge scolaire doit prendre
conscience de son unicité personnelle, de son individualité, ce qui signifie qu’il doit cesser de tout
partager avec les autres, qu’il doit vivre dans une certaine mesure par lui-même et poursuivre seul son
chemin. »
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LE ROLE DES OISEAUX
« Présents à des moments stratégiques de l’histoire, ils devaient « certainement avoir un dessein, sinon
ils n’auraient pas empêché les deux héros de retrouver leur chemin, ne les auraient pas conduits chez
la sorcière et, enfin, ne leur auraient pas ouvert le chemin de la maison.
Comme tout finit par s’arranger, il est évident que les oiseaux devaient savoir qu’il était préférable que
Jeannot et Margot ne trouvent pas tout de suite la route qui leur aurait permis de sortir de la forêt et de
rentrer chez eux, mais qu’ils devaient plutôt prendre le risque d’affronter les dangers du monde. »
LA SYMBOLIQUE DU TRESOR
« Ce trésor représente l’indépendance fraîchement gagnée des deux enfants, le contraire de la
dépendance passive qui les caractérisait lorsqu’ils furent abandonnés dans la forêt ».
Ci-dessus : Hänsel et Gretel devant la maisonnette de pain d'épice. Illustration de Kay Nielsen dans Fleur de Neige et
autres contes de Grimm. Paris, L'édition d'art Henri Piazza, 1929
"Les enfants, en s'approchant de la maison, virent qu'elle était faite de pain, de gâteau et que les fenêtres étaient en
bonbon."
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LES CLEFS DU LANGAGE MUSICAL
L’EMPLOI DE CHANTS POPULAIRES
L'une des particularités du Romantisme est l'importance accrue donnée à l'accent national, les
différents peuples prenant conscience de leur identité culturelle. La musique populaire, à travers
notamment la collecte de chants populaires, va prendre une place de plus en plus grande dans la
création musicale "savante".
Les chants populaires, ou plutôt les Kinderlieder utilisés dans Hänsel et Gretel appartiennent à trois
groupes bien distincts :
- ceux dont le texte, comme la musique, sont authentiquement et intégralement populaires
Acte II, scène 1, Gretel « Ein Männlein »
- ceux qui emploient des textes originaux mais dont la musique n’a de populaire que l’allure
Acte I, scène 1, Gretel « Suse, liebe Suse » avec des paroles tirées de Des Knaben
Wunderhorn
- ceux qui sont devenus populaires grâce à cet opéra
Acte I, scène 1, le Tanzliedchen de Gretel « Brüderchen, komm tanz’ mit mir »
L’INFLUENCE DU WAGNERISME
- Le compositeur s’est inspiré de la notion de leitmotiv avec l’emploi de thèmes récurrents.
- Il a organisé l’ensemble de son opéra afin que tout s’y enchaîne avec fluidité et naturel. Dans
une lettre adressée à sa femme, le compositeur écrit : « Comme tu le vois, la première scène
des enfants est maintenant entièrement durchkomponiert afin que nous ayons devant
nous une forme musicale constituant un ensemble construit… »
L’emploi de chants populaires, dans le Saint Empire
Germanique, s’explique principalement par une quête
incessante de l’identité allemande tout au long du XIX
siècle, à un moment où les tentatives d’invasions de
Napoléon Bonaparte font rage. L’unité allemande sera
réalisée tardivement, en 1871.
La poète Herder montra que la poésie et la musique
populaires sont des manifestations du génie créateur du
peuple. C’est ainsi que commença la collection de chants
populaires dont l’œuvre de Arnim et Brentano, Des
Knaben Wunderhorn, est l’exemple le plus
emblématique. Le recueil deviendra une source
d’inspiration pour de nombreux compositeurs comme
Malher, Brahms ou encore Humperdinck. De même, le
travail des frères Grimm s’inscrivait déjà dans cette quête
de l’identité nationale avec leurs Kinder und
Hausmärchen (« Contes de l’enfance et du foyer »).
FRONTISPICE DE LA PREMIERE EDITION, DES
KNABEN WUNDERNHORN, 1808
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GUIDE D’ECOUTES ET PISTES D’EXPLOITATIONS
PEDAGOGIQUES
Offrant un choix d’éclairages multiples et variés sur l’opéra, elles doivent permettre aux professeurs
d’établir, avec plus de facilités, différentes connexions en fonction de leurs disciplines, projets
pédagogiques et compétences visées.
LE CD MIS A DISPOSITION DES ENSEIGNANTS : LE CHOIX D’UNE INTERPRETATION
Chœur de la Loughton and Bandcroft School et orchestre
philharmonia dirigé par HERBERT VON KARAJAN, chez EMI,
1952 (remasterisation en 2006) ; réédition par Le Monde de l’opéra
en 2007.
HÄNSEL : ELISABETH GRÜMMER
GRETEL : ELISABETH SCHWARZKOPF
LA FEE ROSEE / LE MARCHAND DE SABLE : ANNY
FELBERMAYER
LA MERE : MARIA VON ILOSVAY
LA PERE : JOSEPH METERNICH
LA SORCIERE : ELSE SCHÜRHOFF
TABEAU II, SCENE 1, Gretel « Ein Männlein steh im Walde »
CD, PLAGE 1
SITUATION DE CET EXTRAIT DANS L’OPERA
Forêt dense. Au fond, le roc d’Elsa, entouré d’une épaisse forêt de sapins. A droite, sous un immense
sapin, Gretel est assise sur une racine moussue, tressant une couronne de fleurs d’églantier ; un
bouquet est posé à côté d’elle. A gauche, à l’écart dans les buissons, Hänsel cherche des fraises.
Soleil couchant.
GRETEL (leise vor sich hinsummend)
A Ein Männlein steht im Walde ganz still und
stumm,
Es hat von lauter Purpur ein Mäntlein um.
Sagt, wer mag das Männlein sein,
Das da steht im Wald allein
Mit dem purpurroten Mäntelein ?
GRETEL (chantonnant comme pour elle-
même)
A J’ai vu un petit homme dans la forêt,
Immobile et muet sous son mantelet
Dis, qui peut être ce nain,
Qui dans la forêt se tient,
Revêtu d’un rouge mantelet ?
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A’
Das Männlein steht im Walde auf einem
Bein
Und hat auf seinem Kopfe Schwarz Käpplein
klein.
Sagt, wer mag das Männlein sein,
Das da steht im Wald allein
Mit dem kleinen schwarzen Käppelein ?
A’
Debout sur une jambe dans la forêt
Sur sa petite tête, il porte un bonnet
Dis, qui peut être ce nain,
Qui dans la forêt se tient,
Portant sur la tête un noir bonnet ?
Humperdinck reprend ici un authentique chant populaire avec sa ligne mélodique et ses paroles qui
s’insèrent, en continuité parfaite, dans le déroulé de l’histoire. Cette chanson-devinette comprend deux
strophes A et A’, la seconde fonctionnant comme une petite variation de la première avec
l’intervention de la flûte qui effectue des trilles virevoltants et contrepointe délicatement la ligne
vocale de Gretel :
Chaque strophe est accompagnée par les pizz délicats des cordes.
On remarquera aussi la courte transition instrumentale entre A et A’. Elle est effectuée aux bois qui
interviennent en écho de la mélodie précédemment chantée sur les 3ème
et 4ème
vers de la strophe.
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A EXPLOITER EN CLASSE
- Découverte d’un chant populaire allemand authentique
- Etude des métissages musicaux entre musiques populaires et musiques savantes : influences et
échanges
- Découverte d’un mode de jeu : les pizzicati des cordes
- Identification claire et précise de certains timbres des vents, bien isolés dans cet extrait :
clarinette, flûte, hautbois et cor
- Forme strophique
- Etude des points communs et différences entre A et A’
- Interprétation en classe de cette chanson dont la simplicité mélodique facilite l’exécution :
Trilles de la
flûte
Pizz
des
cordes
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PARTITION DE LA CHANSON A DESTINATION DES ELEVES
TABLEAU II, SCENE 1, HANSEL « Gretel ! ich weiss den Weg nicht mehr !”
CD, PLAGE 2
SITUATION DE CET EXTRAIT DANS L’OPERA
Les enfants ont mangé toutes les fraises qu’il y avait dans le
panier et il est trop tard pour en cueillir d’autres car il fait
presque nuit. Il faut rentrer vite, mais voilà : Hänsel avoue à sa
sœur qu’il ne sait plus retrouver le chemin…
Les enfants au cœur de la forêt... Illustration par Gustave Doré pour
Le Petit Poucet dans Les Contes de Perrault
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Hänsel : « Gretel ! ich weiss den Weg nicht mehr » « Gretel, je ne reconnais plus le chemin »
Cet aveu, lourd de conséquences, est chanté quasi a cappella, lui conférant ainsi une puissance
dramatique intense :
La forêt, accueillante le jour, véritable terrain de jeu pour les enfants, est
devenue, dans l’obscurité, inquiétante et inhospitalière. Les arbres,
saules, bouleaux prennent alors des formes étranges sous l’impulsion de
l’imagination débridée des enfants, en proie aux angoisses d’un paysage
nocturne. Nous rentrons alors dans un univers fantastique.
L’orchestre se charge de porter la peur grandissante des enfants.
Confiné dans un registre grave au départ avec quelques instruments
(vents et timbales), il se densifie peu à peu, de même que l’espace
sonore s’élargit. Dans un lyrisme mouvementé, il laisse alors entendre
la voix de la souveraine nature.
_____________________________________
A EXPLOITER EN CLASSE
- Etude de la thématique de la peur en s’appuyant sur un corpus d'images illustrant le conte et le
lieu principal dans lequel se déroule l'action : la forêt, sombre et impénétrable, à l'image des
profondes forêts rhénanes où l'on court le risque de s'y perdre…
- Ecoutes complémentaires témoignant d’un paysage musical nocturne où le fantastique prend
le pas sur le réel : le lied Erlkönig (« le roi des Aulnes ») de Schubert, la scène de la gorge au
loup dans le Freischütz, opéra de Weber.
Affiche pour l'opéra d'Engelbert
Humperdinck, théâtre de Nantes
Gretel : qu’est-ce qui luit là-
bas, dans le noir ?
Hänsel : c’est la robe blanche
des bouleaux.
Gretel : Et cette grimace, là-
bas, au-dessus de l’étang ?
Hänsel : C’-c’- c’est le vieux
tronc phosphorescent d’un
saule !
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TABLEAU II, SCENE 2, Sandmännchen (le marchand de sable)
CD, PLAGE 3
SITUATION DE CET EXTRAIT DANS L’OPERA
Il fait nuit. Les enfants ne retrouveront pas leur chemin dans une forêt aux visages fantomatiques,
devenue soudainement terrifiante. C’est alors que la brume épaisse se dissipe pour laisser voir un petit
homme gris. C’est le marchand de sable… Avec des gestes amicaux, il s’approche des enfants ; ceux-
ci se calment peu à peu. Pendant son air, le petit homme leur jette du sable dans les yeux.
SANDMÄNNCHEN
Der kleine Sandmann bin ich – s-t !
Und gar nichts Arges sinn ich – s-t !
Euch kleinen lieb ich innig – s-t !
Bin euch gesinnt gar mining – s-t !
Aus diesem Sack zwei Körnelein
Euch Müden in die Äugelein ;
Die fallen dann von selber zu,
Damit ihr schlaf in sanfter Ruh.
Und seid ihr fein geschlafen ein :
Dann wachen auf die Sterne,
Aus hoher Himmelsferne
Gar holde Träume bringen euch die
Engelein.
Drum träume, Kindchen, träume !
(Verschwindet)
HÄNSEL (schlaftrucken)
Sandmann war da !
GRETEL (ebenso)
Lass uns den Abendsegen beten !
(Sie kauern sich nieder und falten die
Hände.)
MARCHAND DE SABLE
Je suis le marchand de sable – s-t !
Et ne vous veux que du bien – s-t !
Petits enfants je vous chéris – s-t !
Je vous aime tendrement – s-t !
Je prends deux grains dans mon sac
Et les jette dans vos yeux fatigués ;
Alors, ils se ferment d’eux-mêmes
Et vous vous endormez paisiblement.
Et quand vous êtes endormis,
Les étoiles s’éveillent
Et, du plus haut du firmament,
Les anges vous apportent de doux rêves.
Rêvez donc enfants, rêvez !
(Il disparaît)
HÄNSEL (tombant de sommeil)
Le marchand de sable a passé !
GRETEL (de même)
Disons la prière du soir !
(Les enfants s’agenouillent et joignent les
mains.)
Après un glissando joué à la harpe sur un accord de septième diminuée suivi d’un trille de la flûte
perchée dans l’aigu, le marchand de sable apparaît, comme par enchantement.
Humperdinck nous plonge ici au cœur du merveilleux et du féérique. D’un coup de baguette magique,
toute la tension dramatique de la scène précédente s’évanouit. La nuit se fait lumineuse et scintillante.
La forêt devient alors le nid douillet dans lequel les enfants peuvent s’endormir et rêver.
Pour suggérer le merveilleux et le rêve le compositeur utilise différents procédés musicaux :
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- Allègement de la matière orchestrale
- Emploi de timbres particuliers et notamment de la harpe qui joue en faisant des harmoniques*
- Absence d’instruments graves et de basses fondamentales
On notera l’effet magique que provoquent les petits traits fusés de la clarinette et de la flûte qui
passent comme des étoiles filantes et certainement suggèrent les traînées de sable jetées par le petit
homme.
___________________________________
A EXPLOITER EN CLASSE
- Exemple de problématique à traiter en éducation musicale : Quels sont les moyens musicaux
utilisés par le compositeur pour suggérer un univers merveilleux et féérique ?
- Ecoute complémentaire et comparaison avec : Ravel, Ma Mère l’Oye « pavane de la
belle au bois dormant ». Ici la fée Bégnine et non le marchand de sable plonge la princesse
dans un profond sommeil...
CD, PLAGE 4
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- On écoutera aussi sa transcription pour chœur a cappella de Laurence Equilbey et Thierry
Machuel (CD paru chez naïve, 2004, transcriptions 2). « La pavane de la belle au bois
dormant » est chantée par le chœur Accentus sur un texte qui renvoie au conte :
CD, PLAGE 5
- Ecoute comparative de la fée rosée («der kleine Taumann») au début du troisième tableau de
l’opéra d’Humperdinck. (Voir analyse proposée p.24)
TABLEAU II, SCENE 2 : LA PRIERE DU SOIR DES ENFANTS
CD, PLAGE 6
SITUATION DE CET EXTRAIT DANS L’OPERA
Après le départ du marchand de sable, les enfants, dans un demi-sommeil, s’agenouillent pour réciter
leur prière du soir.
Cette écoute peut venir compléter l’audition du prélude puisqu’elle reprend le choral cette fois-ci dans
une version vocale.
Le texte, tiré du Knabenwundernhorn, ne subit que d’infimes modifications.
BEIDE
Abends, will ich schlafen gehn,
vierzehn Engel um mich stehen :
zwei zu meinen Häupten,
zwei zu meinen Füssen
zwei zu meiner Rechten,
zwei zu meiner Lincken,
zweie, die mich decken,
zweie, die mich wecken,
zweie, die mich weisen
zu Himmels Paradeisen !
(Sie sinken aufs Moos zurück und
schlummern, Arm in Arm verschlungen,
alsbald ein. – Völlige Dunkelheit.)
TOUS DEUX
Le soir, quand je me couche,
Quatorze anges m’entourent :
deux à ma tête,
deux à mes pieds,
deux à ma droite,
deux à ma gauche,
deux qui me couvrent
deux qui m’éveillent,
et deux qui me montrent
le chemin du paradis !
(Ils retombent dans la mousse et s’endorment
aussitôt, étroitement enlacés. – Obscurité
complète.)
EXTRAIT DU TEXTE " Le grand lit est froid Reste près de moi Là, attends le bon sommeil Je suis là Assise auprès de toi La nuit avance sur ton âme Et te veille"
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A EXPLOITER EN CLASSE
- Apprentissage de cette polyphonie vocale à deux voix dont le texte allemand, d’une grande
simplicité, permet une exécution aisée
- Etude de la progression des registres
- Analyse de la mise en valeur du texte par un figuralisme sur le mot « paradeisen » (paradis)
- Thématique de l’ange gardien dans la littérature et notamment chez Grimm avec lecture
complémentaire suivante : Blanche et Rosette
- Ecoute complémentaire du prélude de l’opéra qui s’ouvre sur ce choral joué aux cors :
CD, PLAGE 7
Manuscrit autographe d’Hänsel et Gretel
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PARTITION A DESTINATION DES ELEVES
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TABLEAU III, SCENE 1, TAUMÄNNCHEN (LA FEE ROSEE)
CD, PLAGE 8
SITUATION DE CET EXTRAIT DANS L’OPERA
Le marchand de sable (« Sandmännchen ») avait précédemment endormi les enfants, la fée rosée
(« Taumännchen ») vient donc ici naturellement les réveiller. Nous sommes à l’aube. La fée rosée
entre et, secouant une campanule, fait tomber des gouttes de rosée sur les enfants endormis.
Cette écoute doit venir compléter celle du marchand de sable. « Sandmännchen et Taumännchen sont
comme les deux facettes d’un même personnage féerique qui détiendrait les clés du royaume du
sommeil et des rêves, facilitant aux enfants le passage toujours un peu angoissant d’un monde à
l’autre : du rêve à la réalité, du conscient à l’inconscient. »1
On remarque alors un certain nombre de points communs :
- leurs noms, construits autour de la même racine « Männchen » : « petit homme »
Sandmännchen Taumännchen
« Sable » « rosée »
- toute la première partie de la mélodie attribuée à la fée rosée est identique à celle du marchand
de sable :
1 Lucie Kayas, Avant-Scène Opéra, p.59.
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- alors qu’on entendait, aux bois, les traînées de sable jetées par le petit homme, ici les
gouttelettes de rosée résonnent à la harpe.
Rien de surprenant qu’une même chanteuse, comme c’est le cas dans la version proposée ici, interprète
les deux rôles.
Des éléments musicaux permettent cependant de distinguer et caractériser musicalement les deux
personnages. Ils interviennent dans la seconde partie, après les quatre premiers vers. Alors que pour le
marchand de sable la courbe descendante de la mélodie invitait au sommeil, celle de la fée rosée
évolue généreusement dans le sens contraire, comme pour réveiller tout ce qu’elle touche. Elle
culmine sur « erwachet ».
TAUMÄNNCHEN
Der kleine Tau-mann heiss ich – Kling !
Und mit des sonne reis ich – Klang !
Von Ost bis Western weiss ich – Kling !
Wer faul ist und wer fleissig – Klang !
Ich komm mit goldnem Sonnenschein
und strahl in eure Äugelein
und weck mit Kühlem Taue,
was schläft auf Flur und Aue.
Dann springet auf, wer munter,
in früher Morgenstunde,
denn sie hat Gold im Munde,
drum auf, ihr Schläfer, erwachet,
der lichte Tag schon lachet !
(Eilt davon. Die Kinder regen sich.)
LA FEE ROSEE
On m’appelle La Rosée – Kling !
Je voyage avec le soleil – Klang !
De l’Orient à l’Occident, je sais – Kling !
Qui paresse et qui travaille – Klang !
Je viens quand le soleil d’or
brille dans vos petits yeux ;
Avec la fraîche rosée j’éveille
tout ce qui dort dans les prés et les champs.
Vous qui êtes éveillés dès l’aube,
allons, debout,
car rien ne vaut le travail du matin.
Dormeurs, debout,
la clarté du jour vous sourit !
___________________________________
A EXPLOITER EN CLASSE
- Points communs et différences avec l’extrait proposé en analyse du « marchand de sable ».
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EXEMPLES DE THEMATIQUES POUVANT ÊTRE EXPLOITEES
HISTOIRE DES ARTS : thématique "arts, créations, cultures" et plus précisément "l’œuvre
d’art, la création et les traditions (populaires, régionales) qui nourrissent l’inspiration artistique."
Problématique pouvant être abordée : Le conte, s'il trouve ses origines dans des mythes
et des légendes aux motifs universels, reste longtemps ancré dans la tradition orale avant
de devenir, sous l'impulsion de Charles Perrault, un véritable genre littéraire.
Par quel(s) prodige(s) passe-t-il de l'écrit à la scène ?
EDUCATION MUSICALE :
Les métissages musicaux entre musique savante et musique populaires.
La relation Texte / musique : quels sont les moyens mis en œuvre par le compositeur pour
suggérer le merveilleux ?
LETTRES :
Etude du schéma narratif et actantiel du conte Hänsel et Gretel
Caractérisation des personnages
Analyse des composantes du merveilleux avec :
- La forêt, un lieu magique,
- Un objet magique : la maison en pain d'épices
- Un personnage merveilleux : la sorcière ogresse
Etude des comptines insérées dans le conte
HISTOIRE / GEOGRAPHIE
Thématique : pauvrete et exclusion
Si la pauvreté n'était pas une fatalité ?
Cette thématique vient éclairer la situation initiale du conte : une famille confrontée à
la pauvreté et à la famine.
"Debouts, paresseux ! Nous allons aller dans la forêt y chercher du bois.
Elle leur donna un morceau de pain à chacun et dit :
- Voici pour le repas de midi ; ne mangez pas tout avant car vous n'aurez rien d'autre."
Hänsel et Gretel
1° La pauvreté, un phénomène à définir
2° La pauvreté, un mal de notre société
3° Lutter contre la pauvreté
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POUR EN SAVOIR PLUS…
BIBLIOGRAPHIE
BETTELHEIM, Bruno, Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont, « Pocket », dernière édition
janvier 2012.
GRIMM, Hänsel et Gretel illustration de Lorenzo Mattotti, Gallimard
jeunesse 2009.
GRIMM, Hänsel et Gretel, éditions être, 2007
Les illustrations ont été réalisées par Susanne Janssen.
GRIMM, Contes, éditions José Corti, 2009.
Le conte Hänsel et Gretel pp.96-105.
Susanne Janssen a remporté le prestigieux prix Ilustrarte 2007 et le Prix allemand de littérature de jeunesse 2008, catégorie albums, pour cette création.
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AVANT-Scène Opéra N°104
1987
WEBOGRAPHIE
http://site.zep.vallons.free.fr/Ecoles/Perrin/textes/grimm/hans.htm
L’intégralité du conte Hänsel et Gretel en ligne
http://fr.cantorion.org/music/3438/H%C3%A4nsel-und-Gretel-Vocal-score---Act-2/downloaded
L’intégralité de la partition d’Hänsel et Gretel dans une version chant / piano
http://www.operalyon.com/fileadmin/user_upload/Documents/opera_0910/Haensel_et_Gretel/Tex
te_Hansel___Gretel_.pdf
Dossier pédagogique sur Hänsel et Gretel. Il comprend l’intégralité du livret d’opéra en allemand et
en français.
A VOIR…
Hänsel et Gretel en DVD
Deutsche Grammophon. Référence 00440 073 4110
Engelbert Humperdinck (1854-1921): Hänsel und Gretel. Brigitte
Fassbaender, Hänsel ; Edita Gruberova, Gretel ; Hermann Prey, Peter ; Helga
Dernesch, Gertrud ; Sena Jurinac, Knusperhexe ; Norma Burrowes,
Sandmännchen ; Elfriede Höbarth, Taumännchen. Wiener Sängerknaben et
Wiener Philharmoniker, direction : Sir Georg Solti. Filmé à Vienne en février
1981. Sous-titrage en français, allemand, anglais, espagnol,…
Alain Duault : Présentation
Jean-Alexandre Ménétrier : Humperdinck, les fantaisies d'un voyageur
Lucie Kayas : Humperdinck et Wagner
Engelbert Humperdinck : Esquisses de Parsifal I
Laurine Quetin : Du Singspiel au Marchenoper
Alain Duault : Argument
Adelheid Wette : Livret intégral en allemand
Georges Pucher : Traduction française
Lucie Kayas : Commentaire musical et littéraire
Hélène Pierrakos : L'enfance de l'art
Marie-Françoise Vieuille : Rosine Finebouche : sorcière ou mère Noël
Pierre Babin : Meurtre aux gâteaux
Claire Noddings : Le Conte est bon
Thierry Beauvert : Les enfants d'abord!
Pierre Flinois : Discographie
L'œuvre à l'affiche
Recherches: Michel Pazdro
Elisabeth Giuliani : bibliographie
Arièle Buteaux : cette année-là : 1893
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HANSEL ET GRETEL A L’OPERA DE REIMS
NOTE D’INTENTION DU METTEUR EN SCENE CLAUDE MONTAGNE
La parole ancestrale recueillie à travers les contes comme Hänsel et Gretel est une parole
populaire et raisonnée qui a un écho chez les enfants parce qu’ initiatique et fantastique
mais qui s’adresse à chacun de nous et à toutes les époques.
Dans Hänsel et Gretel la nourriture est l’élément central, la sorcière elle-même est
anthropophage.
Comme dans notre monde de surconsommation, elle appâte, tente ceux qui ont faim ou qui
n’ont pas les moyens. La nature devient alors enchantée, hostile et trompeuse.
L’imagination est en action. C’est ce qui n’est pas qui s’invente dans le conte. Comme dans
un rêve, l’affamé voit tout à coup une table bien garnie et un état de rébellion s’installe
pour échapper au réel, à la souffrance, un état qui ouvre à la liberté. L’impuissance
économique des parents oblige les enfants à se prendre en charge, à trouver leur maturité.
Tous ces enfants « pains d’épices » formatés par « l’anthropophage » vont retrouver leur
liberté après l’expérience initiatique.
Hänsel et Gretel, parce que c’est un conte social, peut trouver sa place et son sens au
travers d’un traitement moderne : les parents de conditions modestes ayant des difficultés à
élever leurs enfants, une jeunesse attirée par un ailleurs fantasmé, l’injustice financière
frustrante et humiliante qui pousse au désir d’une autre vie que l’on veut croire meilleure.
Ce ne sont pas là que des préoccupations d’enfants. De l’insolite au féerique. Dans ce
monde tout peut prendre vie. Il est donc évident que dans le traitement scénique d’une telle
œuvre, les choix esthétiques, scénographiques et plastiques sont importants. Il s’agit de
créer les images du rêve comme une nécessaire illustration de l’univers du conte. Pour bien
mener cette aventure, il faut, à l’instar de Lewis Caroll « supposer que les fées existent
véritablement ».
Claude Montagné - metteur en scène
PHOTO DU SPECTACLE
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REPERES BIOGRAPHIQUES
JEROME DEVAUD DIRECTION MUSICALE
Jérôme Devaud effectue ses études musicales à Toulouse puis à
Paris où il est l’élève de Pierre Dervaux, Gérard Devos et
Dominique Rouits. Diplômé à l’unanimité de direction d’orchestre
à l’école normale de musique de paris, il obtient dans la même
discipline unemédaille d’or au CNR de Rueil Malmaison. Au cours de stages ou d’assistanats, il
rencontrera Sergiu Celibidache, Georges Prêtre, Paul Ethuin, Robert Martignoni, Guy Condette.
En 1990, Jérôme Devaud est nommé Lauréat pour la direction d’orchestre de la Fondation
Yehudi Menuhin. Chef d’orchestre au Grand théâtre de Limoges de 1989 à 1997, il aborde le
répertoire lyrique en assurant l’assistanat musical dans plus de 25 opéras. Il dirige par ailleurs lui
même de nombreux ouvrages lyriques et chorégraphiques.
En 1997, il crée à paris Forum Sinfonietta ensemble, une formation instrumentale à géométrie
variable de haut niveau ouverte à tous les styles musicaux. Il dirige cet ensemble
notamment au théâtre des Champs-Elysées à Paris, lors de tournées de concerts en France ainsi qu’en
résidences en régions, notamment au Festival d’été de Sédières dont il assure chaque année, depuis
1999, la direction musicale des productions lyriques. Chef invité, il prend part à de nombreux festivals
français et européens. Jérôme Devaud est actuellement directeur artistique du Forum Sinfonietta
ensemble, directeur musical de l’opéra au Festival de Sédières, directeur artistique de l’orchestre
symphonique de Jeunes en Corrèze et professeur des classes d’orchestres au CRD de tulle. Il est par
ailleurs directeur artistique du label explora concept.
FORUM SINFONIETTA ENSEMBLE DIRECTION : JEROME DEVAUD
Créé à paris en 1998, Forum sinfonietta ensemble a d’emblée affirmé sa vocation d’ensemble
instrumental ouvert à tous les styles musicaux réunissant des solistes instrumentistes à cordes, vents et
percussions autour du chef d’orchestre Jérôme Devaud.
L’équipe instrumentale, jouant sur instruments modernes, classiques ou baroques, est très engagée
dans le développement des projets artistiques mais également dans l’encadrement de missions
pédagogiques et de sensibilisation des publics.
Jérôme Devaud assure la direction artistique et musicale de Forum sinfonietta ensemble. Son
expérience de chef d’orchestre et de pédagogue lui permet de développer avec autorité et dynamisme
un projet d’ensemble instrumental en phase avec son temps. Sous sa conduite chaleureuse, vive et
exigeante, Forum sinfonietta ensemble a su trouver son identité propre alliant qualité technique et
richesse d’interprétation.
L’ensemble initie une politique dynamique de projets culturels et de partenariats artistiques en
développant des actions de productions, de diffusion et de création tout en affirmant un très fort
engagement pour la conduite de projets pédagogiques en direction de la pratique orchestrale des jeunes
musiciens, amateurs ou futurs professionnels.
La personnalité de cet ensemble s’exprime à travers un large répertoire musical original alternant des
œuvres majeures et des pièces à découvrir. L’effectif à «géométrie variable» favorise par son
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autonomie et sa souplesse la multiplicité des possibilités d’actions et de programmations. Au fil des
réalisations, Forum souhaite ainsi élargir toujours plus l’horizon artistique et la dimension humaine de
ses projets.
OLIVIA VERMEULEN, MEZZO-SOPRANO
DANS LE ROLE D’HÄNSEL…
D’origine néerlandaise, Olivia Vermeulen étudie le chant en Allemagne
à Detmold et Berlin. Elle complète sa formation auprès de Wolfram
Rieger et Axel Bauni et participe aux masterclass d’Andreas Scholl,
Thomas Quasthoff, René Jacobs, Irwin Gage et Dietrich Fischer-
Dieskau.
Elle travaille également sous la direction de chefs de renom :
Alessandro de Marchi, Andreas Spering, Michael Sanderling, Konrad
Junghänel, Emilio Pomarico et Carl St. Clair. C’est en 2008 qu’elle se voit décerner le prestigieux prix
« La voce » au concours international de chant de Bayreuth. Entre 2008 et 2010, elle est membre de
l’« Opernstudio » à l’opéra comique de Berlin où elle chante entre autres les rôles de cherubino dans
Les Noces de Figaro (direction Barrie Kosky) Zerline dans Don Giovanni et Phenice dans Armide de
Gluck, mis en scène par Calixto Bieito. Plus récemment, elle interprète le premier rôle de l’opéra
allemand d’Elisabeth Naske Die rote Zora. Durant le Festival Haendel 2009 à Halle, elle est invitée à
chanter oberto dans Alcina sous la direction d’Andrea Marcon. Par la suite, Olivia Vermeulen apparaît
dans différentes productions à l’opéra comique de Berlin et se produit avec divers orchestres et
ensembles de renommée internationale tels le Berlin radio symphony orchestra, le Musikfabrik
ensemble de Cologne, le Moscow Chamber orchestra (music viva) et le Lathi symphony orchestra
sous la direction de christoph spering, peter eötvös, Lothar Zagrosek, Marek Janowski et Philippe
Herreweghe...
Elle inaugure la saison 2010 du théâtre Bolchoï à Moscou avec L’enfant et les sortilèges de
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Ravel (rôle de l’enfant) sous la direction de Vladimir Jurowski. Elle incarne le rôle titre de La
Cenerentola de Rossini au Potsdam Winter Opera où elle sera la saison suivante Cherubino
dans Les Noces de Figaro (direction : Andreas Dresen). Olivia Vermeulen prend également
part à l’enregistrement de nombreux cd, notamment en tant que soliste avec l’ensemble
Lautten compagney de Berlin sous la direction de Wolfgang Katschner et les auspices du
Bayerischer Rundfunk. SONY/BMG réalise avec elle un CD d’arias de l’époque baroque italienne
encore jamais enregistrés. D’autres projets discographiques sont en cours pour 2012. Olivia
Vermeulen participe à la production de L’enfant et les sortilèges, dans le rôle de l’enfant à l’opéra de
Lyon. En projet : des cantates de Bach au Festival Herrenchiemsee, le Christmas oratorio avec
l’orchestre philarmonique de Munich et des concerts sous la direction de Masaaki Suzuki et Christoph
Spering.
EUGENIE WARNIER SOPRANO
DANS LE RÔLE DE GRETEL
Après l’obtention de son doctorat en médecine,
Eugénie Warnier se réoriente totalement et débute
le chant en 2000. Parallèlement à sa formation au
CNR de paris, dont elle sort diplômée en 2005 en
musique ancienne dans les classes d’Howard
Crook, Kenneth Weiss..., elle suit les cours de
Pierre Mervant en chant lyrique afin d’élargir son
répertoire. Elle s’épanouit très vite en tant que soliste, remarquée par Christophe Rousset lors de
l’académie d’Ambronay 2004 et enchaîne alors les rencontres artistiques en devenant régulièrement
soliste en concert ou à l’opéra sous la direction de Martin Gester et Le parlement de musique, Gérard
Lesne et il seminario musicale, Mirella Giardelli et l’atelier des musiciens du Louvre, Jérôme Corréas
et les paladins, Hugo Reynes et la simphonie du marais, Vincent Dumestre et le poème harmonique.
Elle participe alors à de nombreuses productions : les Arts Florissants de charpentier (2004), Philémon
et Baucis (opéra de Lyon en 2005, 2007, 2008) ; Il primo Omicidio (opéra de Lyon 2005), Cadmus et
Hermione (opéra comique et opéra de Rouen 2008 et 2010, opéra d’Aix, Caen et Luxembourg 2009) ;
Hippolyte et Aricie de Rameau en tournée en Hollande avec le reisopera ; Psyché de Lully (opéras de
Toulon, Montpellier 2009, Reims 2010). En 2010, elle se produit avec le poème harmonique, le cercle
de L’harmonie l’ensemble Pygmalion l’ensemble ausonia, les paladins, les talens lyriques, mais
également en résidence au Early music festival d’Utrecht ….
Parmi ses projets : de nombreux concerts avec Le concert d’astrée à l’opéra de Lille ; Les talens
Lyriques et Christophe Rousset au Festival de Göttingen et au Festival Bach de Wroclaw ; despina
dans Cosi fan tutte et La Passion selon St-Matthieu de Bach en tournées de concerts avec Marc
Minkowski et Les musiciens du Louvre ; L’amour et clarine dans Platée de rameau avec le reisopera
de hollande, tebaldo dans Don Carlo à l’opera d’Amsterdam etc. Ses enregistrements avec l’ensemble
Ausonia, Les demoiselles de st-cyr, L’ensemble pygmalion pour alpha production/harmonia mundi ou
avec La simphonie du marais pour musiques à la chabotterie sont tous très acclamés par la critique
musicale.
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LA CLEF DES CHANTS ASSOCIATION REGIONALE DE DECENTRALISATION LYRIQUE
REGION NORD-PAS DE CALAIS/DIRECTION PATRICK BEVE
La clef des chants offre un nouveau type de rapport à l’art lyrique pour lui donner droit de cité auprès
d’un large public parfois éloigné des maisons d’opéra. Son projet artistique, autant atypique qu’inédit,
couvre de multiples champs d’actions : la production d’œuvres lyriques accompagnée de résidences de
création, la diffusion de spectacles en région nord–
pas de calais et la sensibilisation de nouveaux publics. Dans un souci de revivifier une offre de
proximité, chaque nouvelle saison artistique propose un large éventail de genres et de formes allant de
l’opérette à l’opéra contemporain en passant par l’opéra baroque, le théâtre musical ou encore l’opéra
de rue. Maître d’œuvre dans le montage d’événements d’envergure, la clef des chants porte également
une attention particulière aux formats plus intimistes afin d’aller au plus près des publics, là où ils se
trouvent. Ainsi, la clef des chants a su initier et développer au fil de ses quatorze années d’existence un
véritable réseau de diffusion qui compte opéras, scènes nationales, théâtres municipaux et salles des
fêtes mais également des espaces plus inattendus tels que cafés, tramways, sites de production
industriels ou espaces urbains. Au-delà de la confiance renouvelée des « compagnons » de la première
heure, chaque nouvelle aventure compte de nouveaux partenaires artistiques, producteurs et diffuseurs
partageant l’ambition commune de «penser» le lyrique autrement.
La clef des chants reçoit le soutien du conseil régional du Nord–Pas-de-Calais, du ministère de la
culture et de la communication/direction régionale des affaires culturelles Nord–Pas-de-Calais - et
l’aide des départements du nord et du Nord–Pas-de-Calais.
PHOTO DU SPECTACLE