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Préface de Jean Béliveau L’HOMME QUI A CHANGÉ LA FACE DU HOCKEY JACQUES PLANTE T O D D D E N A U L T

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P réface de Jean Bél iveau

L’HOMME QUI A CHANGÉ LA FACE DU HOCKEY

ISBN 978-2-7619-2665-2

Photo de la couverture : © Bettmann / Corbis

Sur la glace comme ailleurs,

Jacques Plante était un être

exceptionnel, talentueux, téméraire,

mystérieux et complexe. Sa carrière

tumultueuse de gardien de but l’a mené

à Montréal, New York, St.Louis, Boston

et Edmonton. Sa contribution au jeu se

refl ète encore aujourd’hui dans les

règlements, l’équipement et le style des

joueurs. Appuyée par des documents

d’archives comprenant des entrevues

avec Jean Béliveau, Henri Richard,

Dickie Moore et Scotty Bowman, cette

biographie nous révèle l’une des

fi gures marquantes de l’histoire du

hockey. De nombreux excellents

gardiens de but ont évolué dans la

LNH, mais peu ont eu un réel impact

sur le jeu. Jacques Plante est l’un de

ces joueurs légendaires qui ont

transformé la face du hockey.

Membre de la Société internationale

de recherche sur le hockey,

Todd Denault est un écrivain

indépendant dont les textes ont paru

dans diverses publications imprimées

et en ligne. Diplômé des Universités

Carleton et Lakehead, Todd habite

Cobourg, en Ontario.

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J A C Q U E S P L A N T E

L’HOMME QUI A CHANGÉ LA FACE DU HOCKEY

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Denault, ToddJacques Plante : l’homme qui a changé la face du hockeyTraduction de : Jacques Plante.Comprend des réf. bibliogr. et un index.

ISBN 978-2-7619-2665-2

1. Plante, Jacques, 1929-1986. 2. Hockey - Gardiens de but - Québec (Province) - Biogra-phies. 3. Joueurs de hockey - Québec (Province) - Biographies. I. Titre.

GV848.5.P5D4514 2009 796.962092 C2009-942178-X

Infographie : Marie-Josée Lalonde et Chantal Landry

Révision : Jocelyne DorionCorrection : Brigitte Lépine

10-09

© 2009, Todd Denault

Traduction française :© 2009, Les Éditions de l’Homme,division du Groupe Sogides inc., filiale du Groupe Livre Quebecor Media inc.(Montréal, Québec)

Tous droits réservés

L’ouvrage original a été publiépar McClelland & Stewartsous le titre Jacques Plante: The man who changed the face of hockey

Dépôt légal : 2009Bibliothèque et Archives nationales du Québec

ISBN 978-2-7619-2665-2

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T O D D D E N A U L T

Traduit de l’anglais par Serge Rivest, avec la collaboration de Claude Papineau et Guy Rivest

J A C Q U E S P L A N T E

L’HOMME QUI A CHANGÉ LA FACE DU HOCKEY

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À son époque, on a utilisé une foule de termes – pas tous fl atteurs – pour décrire Jacques Plante. Iconoclaste ? Oui. Hypocondriaque ? Par mo-ments. Singulier ? Oui. Superstitieux ? Sans aucun doute. Mais surtout, Frère Jacques fut un être unique, un maître extra ordinaire, bien en avance sur son époque, et un homme qui a littéralement changé du tout au tout le visage du hockey.

New York Times, 16 mars 1986

Il y a plein de bons gardiens ; il y a même un bon nombre de grands gar-diens. Mais il n’y a pas beaucoup de gardiens essentiels. Jacques Plante a été un gardien essentiel.

KEN DRYDEN

L’infl uence de Jacques Plante sur son sport ne s’éteindra jamais.

JACK FALLA

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À ma mère, à mon frère et à mon père qui, à l’époque, fut lui aussi un gardien de but qui a vu très souvent

une rondelle s’approcher de lui à toute vitesse sans masque pour se protéger.

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Préface

À l’automne 1948, j’ai commencé à jouer dans la Ligue de hockey junior A du Québec, comme membre des Tigres de Victoriaville, l’équipe de ma ville. Nous étions une « équipe d’expansion », com-posée principalement de joueurs issus d’autres formations. Malgré tout, nous jouions depuis le début de la saison pour une moyenne de près de 0,500 lorsque nous avons été appelés à affronter les déten-teurs du premier rang, les Citadelles de Québec, le 25 novembre.

Je ne le savais pas à ce moment-là, mais cette soirée allait être de bon augure, et ce, pour deux raisons. D’abord, il s’agissait de ma première visite au Colisée de Québec, où j’allais connaître énormément de succès au cours des saisons suivantes, au début avec les Citadelles, ensuite avec les As de Québec. C’est aussi à cette occasion que j’ai rencontré Jacques Plante et que j’ai partagé la glace pour la première fois avec lui.

Déjà à cette époque, Jacques avait commencé à attirer l’atten-tion en raison de ses déplacements autour de son fi let et de son habitude à se précipiter vers les rondelles libres, frustrant ainsi les attaquants adverses. J’avais été très privilégié, ce soir-là, et avais marqué deux buts contre Jacques, dont l’un après avoir récupé-ré avant lui une rondelle libre que j’avais ensuite glissée dans un fi let ouvert. Quelques années plus tard, j’allais souvent taquiner Jacques à propos de ce but dans le fi let qu’il avait déserté ce soir-là au Colisée.

À l’automne 1953, je me suis joint aux Canadiens de Montréal pour jouer aux côtés de beaucoup de ces joueurs de talent – Maurice Richard, Elmer Lach, Butch Bouchard –, dont, à peine quelques

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années auparavant, j’avais suivi de près les exploits à la radio. Du-rant cette première année, j’ai tenté d’en apprendre le plus possible de mes nouveaux coéquipiers, sur ce qu’il fallait pour devenir un hockeyeur professionnel et sur les qualités nécessaires pour bien représenter les Canadiens de Montréal. Mais je n’étais pas le seul nouveau venu dans l’équipe, cette saison-là. Des joueurs tels que Dickie Moore, Bernard Geoffrion et Doug Harvey y avaient aussi fait leur place, et Jacques Plante en était à sa première année à titre de gardien partant après avoir aidé les Canadiens à remporter la coupe Stanley en 1953 et avoir joué en fi nale l’année précédente.

Jacques prenait son travail très au sérieux. Il envisageait son poste avec une précision scientifi que et il était toujours à l’affût de manières d’améliorer son jeu. Jacques était un patineur rapide, élé-gant et agile, et il a utilisé ses talents pour révolutionner le hockey. Il était en mesure d’accomplir, devant son fi let, des choses dont les autres gardiens étaient incapables. Il restait au fond de son fi let jusqu’au dernier moment avant d’en sortir pour subtiliser rapi-dement la rondelle à un adversaire en pleine course. Il possédait aussi un gant rapide et avait cette capacité de trouver la position parfaite pour faire face à un attaquant qui s’élançait vers lui.

À ma troisième année avec l’équipe, Toe Blake devint entraîneur- chef. L’un des ajustements les plus déterminants ap-portés par Blake à notre équipe fut la mise en œuvre d’un système offensif qui devint célèbre sous le nom de « hockey de choc ». Nous pouvions nous permettre de jouer dans un tel style parce que nous disposions d’attaquants de talent, de défenseurs capables de réagir rapidement et aussi parce que nous avions Jacques devant le fi let.

Il y a eu des moments où nous nous faisions prendre dans la zone adverse pendant que les joueurs de l’autre équipe fi laient vers notre but avec la rondelle. C’était alors à Jacques de nous tirer d’affaire et, la plupart du temps, il réussissait à le faire. Certains soirs où notre équipe avait un lent début de match et même quand l’équipe adverse avait le meilleur sur nous au chapitre des lancers, la période se terminait souvent sur une égalité sans but. Jacques te-nait le fort jusqu’à ce que nous reprenions pied et revenions de l’ar-

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rière pour gagner le match. Avec Jacques dans le fi let, nous étions toujours dans le match.

Il a sans aucun doute joué un rôle de premier plan dans plu-sieurs de nos conquêtes de la coupe Stanley. Les joueurs qui ont fait partie de cette équipe, qui a remporté cinq fois la Coupe, avaient en commun un engagement de tous les instants face à leurs res-ponsabilités. Chacun de nous avait un rôle bien précis à jouer au sein de l’équipe et Jacques a rempli le sien aussi bien que n’importe qui. Nous partagions tous une passion pour la victoire et une aver-sion pour la défaite. Au hockey, si l’on ne peut compter sur un vrai bon gardien, on est en danger. En tant qu’équipe, nous respections Jacques parce que nous savions que nous étions appuyés par un gardien extraordinaire. Par contre, lorsqu’un gardien commet une erreur, il n’y a personne pour l’appuyer. Jacques acceptait cette res-ponsabilité et excellait sous la pression.

En plus de son jeu sur la patinoire, ce que Jacques faisait hors de la glace a suscité énormément d’attention. Comme beaucoup de gardiens, Jacques était plutôt solitaire et passait une bonne partie de ses moments libres, dans le vestiaire ou à bord du train, à tri-coter. Certains farceurs, dans l’équipe, étaient souvent tentés de le taquiner au sujet de son passe-temps, mais j’ai toujours tâché de les en dissuader. Je leur rappelais que Jacques faisait le travail devant le fi let et qu’il aidait l’équipe à gagner et je les exhortais à le laisser tranquille. Heureusement pour nous, c’est ce qu’ils ont presque toujours fait.

À cette époque, nous passions beaucoup de temps à bord du train, à voyager de ville en ville. Parfois, il m’arrivait de m’asseoir à côté de lui et nous pouvions alors discuter pendant des heures, non pas seulement de hockey, mais aussi de nos familles, de la vie, de l’avenir. Ce sont là mes souvenirs les plus précieux de Jacques.

Jamais, depuis Jacques Plante, le monde du hockey n’a connu un gardien doué du même talent et de la même détermination. Pour moi, il restera toujours LE gardien entre tous.

Jean Béliveau

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Prologue

À cette époque, avant que l’avion devienne le mode de transport privilégié, les joueurs passaient des heures interminables

enveloppés dans une espèce de minuscule cocon. Dans une ligue qui ne comptait alors que six équipes, une telle chose qu’un court voyage n’existait pas. Il arrivait souvent qu’une fois descendue du train l’équipe se rende directement à l’aréna et, aussitôt la partie terminée, retourne en vitesse à la gare pour arriver à temps dans la ville suivante pour le prochain match. Le voyage de Montréal à Toronto prenait cinq heures en moyenne, celui de Montréal à Detroit, neuf heures, sans parler du pire de tous : les vingt heures qui séparaient Montréal de Chicago.

Les joueurs n’avaient pas grand-chose à faire pendant ces trajets en train. Pour la plupart d’entre eux, les interminables parties de cartes en groupes restreints faisaient passer le temps un peu plus vite tout en permettant à certains de nourrir leur goût de la compétition. Certains tentaient de dormir tout le long du voyage pendant que d’autres jouaient des tours à des victimes innocentes.

Jacques Plante ne jouait pas aux cartes. Il ne dormait pas beau-coup non plus et ne faisait pas de tours. Quand il n’était pas plongé dans un livre ou en train de tricoter, Plante passait son temps à discuter avec ses coéquipiers du seul sujet que chacun d’entre eux connaissait à fond : le hockey. Quand il parlait de son sport, c’était toujours avec le plus grand sérieux, de façon réfl échie et ration-nelle. Presque toujours, c’est le pragmatisme qui rendait ses argu-ments irréfutables.

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Dans les premiers mois de 1963, en route vers une autre ville, une de ces discussions avait débordé les limites du train et fait éclater à l’échelle de toute la ligue un scandale qui avait fait les manchettes.

Quand il parlait, Jacques Plante avait toujours le don d’attirer l’attention. Vétéran des guerres de la Ligue nationale de hoc-key (LNH) depuis une décennie, il était alors le gardien le plus dé-coré du circuit. Gagnant de six coupes Stanley et de cinq trophées Vézina (un sixième allait suivre quelques mois plus tard), il était aussi le grand innovateur de son sport, sa super-vedette au franc-parler le plus affi ché ainsi qu’un véritable excentrique qui marchait à son propre pas. Autrement dit, il était le rêve de tout journaliste. Donc, quand les représentants des médias eurent vent qu’une discussion animée se déroulait entre Plante et le vice-président des Canadiens, Ken Reardon, ils se bousculèrent aussitôt pour en être témoins.

La saison 1962-1963 était déjà dans sa seconde moitié et Plante avait été à son poste à chaque minute de chacune des parties dis-putées jusqu’alors par les Canadiens de Montréal, et c’était là le cœur de sa discussion avec Reardon. À cette époque, il était nor-mal qu’un gardien prenne part à tous les matchs de son équipe, et l’un des plus grands sujets de critique à l’égard de Plante était le fait qu’il n’avait jamais joué pendant une saison complète de 70 parties. Après tout, il n’y avait que quelques mois à peine que Glenn Hall, l’un des principaux concurrents de Plante, avait fi nale-ment été mis de côté pendant un match, après avoir joué 502 parties consécutives.

En ce temps-là, chaque équipe ne disposait que d’un seul gar-dien. Aussi incroyable que ça puisse paraître aujourd’hui, si celui de l’équipe visiteuse était incapable de jouer, l’équipe locale four-nissait un « gardien maison », qui, dans le meilleur des cas, était un substitut de catégorie junior et, dans le pire, son propre entraîneur adjoint. Évidemment, aucune de ces options n’était très attrayante pour l’équipe visiteuse. Il arrivait donc très souvent que celle-ci retarde le match, parfois de plus d’une demi-heure, pendant qu’un médecin s’occupait de son gardien blessé au milieu de la patinoire.

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Prologue • 17

Le gardien blessé devait alors revenir à son poste et terminer la partie.

Dans sa discussion avec Reardon ce jour-là, dans le train, Plante avait soutenu avec véhémence que chaque équipe devrait avoir le droit d’habiller deux gardiens à chaque match, affi rmant qu’il était impossible de demander à un gardien de jouer pendant une saison entière à un si haut niveau.

Reardon avait alors demandé à Plante pourquoi le gardien aurait dû être considéré comme « spécial ». Après tout, est-ce qu’on n’attendait pas des autres joueurs qu’ils soient sur la glace pendant toute la saison ? Reardon refusait de mettre en doute la croyance largement répandue qu’un gardien devait jouer tous les matchs pour maintenir l’acuité de ses réfl exes. Selon lui, un gardien subs-titut péricliterait inévitablement au bout du banc, pendant que son talent s’amenuiserait à chaque minute.

Plante avait alors appuyé son argumentation en faveur d’un système à deux gardiens en comparant son sport au baseball et son poste à celui d’un receveur. « On ne fait pas ça, au baseball, avait-il dit. Quand un receveur est blessé, on n’emprunte pas un receveur à l’équipe adverse. »

En dépit des objections de Reardon, le système à deux gardiens deviendra la règle dans la LNH à peine quelques années plus tard.

Plante, l’esprit constamment en alerte, amena ensuite la conversation sur un autre sujet qui le tourmentait depuis un bon moment.

« Une autre chose à propos du baseball, c’est que le marbre est partout de la même dimension.

– Qu’est-ce que ça a à voir ? demanda Reardon, alors qu’un petit groupe de journalistes curieux s’approchaient, attendant la réponse de Plante.

– Les fi lets ne sont pas de la même taille sur toutes les patinoires.– T’es fou. C’est la même chose partout. Ce sont les dimensions

offi cielles », rétorqua Reardon.Plante haussa mollement les épaules. « La barre horizontale est

moins élevée de deux pouces à New York, Boston et Chicago. Je le

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sais parce que, là-bas, elles touchent mon dos plus bas qu’au Forum, à Toronto ou à Detroit. Deux pouces plus bas. »

Le visage des reporters s’affaissa jusqu’au sol. Plante préten-dait qu’il y avait une violation des règles en vigueur dont découlait un avantage indu et qui n’avait jamais été détectée par la Ligue.

« Même si tu avais raison, protesta un Reardon incrédule, est-ce que ce n’est pas la même chose pour tous les gardiens du circuit ?

– Non, ce n’est pas la même chose pour tout le monde, répondit Plante. Glenn Hall joue 35 parties sur sa patinoire à Chicago avec moins d’espace à protéger que j’en ai pendant 35 parties au Forum de Montréal. On lutte tous les deux pour le trophée Vézina et ça lui donne un avantage. Tu trouves ça juste1 ? »

Si la question avait été soulevée par tout autre que Plante, les reporters n’y auraient pas porté beaucoup d’attention. Mais depuis une décennie qu’ils le fréquentaient, ils avaient fi ni par voir qu’aucun joueur ne prenait son sport et son métier plus au sérieux que lui. Donc, lorsque le train arriva en gare, ils se dépêchèrent de transmettre leurs articles à la rédaction de leurs journaux respectifs. À cette étape de sa carrière, Plante défrayait souvent la chronique. Son prestige en tant qu’un des joueurs les plus décorés de la Ligue se combinait avec la notoriété qu’il avait acquise grâce à son style de jeu révolutionnaire, au fait qu’il était le premier gardien à utiliser un masque protecteur ainsi qu’à une spontanéité et un franc-parler qu’on rencontrait rarement chez les joueurs de cette époque.

Ce qui n’avait été à l’origine qu’une conversation banale à bord d’un train trouva un large écho dans les journaux montréalais du lendemain et se répandit comme une traînée de poudre aux plus hauts niveaux de l’univers du hockey.

Quelques jours plus tard, dans son bureau de New York, le directeur général des Rangers de New York, Muzz Patrick, fi xait le rapport qui se trouvait sur son pupitre. Il avait devant les yeux les résultats de l’enquête interne menée par les Rangers sur la dimen-sion des fi lets. Patrick avait rapidement téléphoné à son frère Lynn, le directeur général des Bruins de Boston.

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« Tu ne croiras pas ça, Lynn, commença Muzz. J’ai fait mesurer nos buts après avoir lu les jérémiades de Jacques Plante qui dit que nos fi lets sont deux pouces plus bas que les autres et…

– Tu ne vas pas me dire que Plante a raison ? l’interrompit Lynn, incrédule.

– Oui, il a raison. Tu devrais aussi mesurer les tiens2. »À son grand désarroi, Lynn fut aussi forcé d’admettre publi-

quement que, tout comme ceux des Rangers, les fi lets utilisés par les Bruins étaient deux pouces plus bas que la hauteur spécifi ée par la Ligue. Restait maintenant ceux de Chicago.

Un journaliste montréalais entreprenant appela Johnny Gottselig, le directeur des relations publiques des Black Hawks.

« C’est encore ce type, Plante, qui surfe sur un coup de publi-cité », répondit Gottselig, qui assura, sur un ton qui n’admettait pas de réplique : « Nos fi lets sont réglementaires, ici. »

Comme par hasard, la partie suivante des Black Hawks avait précisément lieu à Chicago contre Jacques Plante et les Canadiens. Tandis qu’il patinait pendant la période d’échauffement, Plante aperçut l’arbitre du match, Eddie Powers, et le juge de ligne, Marty Pavelich, en train de mesurer le but de son côté de la patinoire.

Plante ne put réprimer un large sourire.« Y a un problème, les gars ? demanda-t-il en s’approchant du

fi let.– Je n’en reviens pas, répondit Powers. On a eu un appel d’ur-

gence du président Campbell [de la LNH], qui a ordonné que tous les buts soient mesurés. On avait simplement tenu pour acquis qu’ils avaient tous la dimension réglementaire, mais celui-ci a deux pouces de moins en hauteur et, ma foi, je n’y comprends rien.

– Prenez pas la peine de mesurer l’autre, répliqua Plante. Il a aussi deux pouces de moins3. »

Alors comment se faisait-il que les fi lets à New York, Boston et Chicago n’étaient pas de la même hauteur que ceux de Montréal, Toronto et Detroit ? L’enquête de la Ligue apporta une explication bien simple. Dans toutes les patinoires, les deux poteaux verticaux faisaient les quatre pieds réglementaires et la barre horizontale qui

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les joignait devait être soudée par-dessus. Dans les patinoires où on avait constaté une violation de la règle, la barre horizontale avait été jointe aux poteaux par l’intérieur. La barre en question ayant un diamètre de deux pouces, la hauteur des buts s’en trou-vait diminuée d’autant.

« Plante, un vétéran longiligne et imprévisible, a suscité beau-coup d’incrédulité et s’est attiré quelques railleries lorsqu’il a af-fi rmé, la semaine dernière, que les fi lets de trois des six patinoires de la Ligue nationale de hockey étaient plus petits que les quatre pieds sur six prescrits par le règlement, écrivit à l’époque le Toronto Star. Mais le sourire qui fl otte sur les lèvres du gardien montréalais montre que c’est lui qui a ri le dernier4. »

Jacques Plante connaissait bien les critiques et les moqueries. Tout au long de sa carrière, il a été l’épine au pied de ceux qui s’op-posaient au changement, à l’innovation et à l’originalité. Voilà un homme qui était loin d’être servile et qui a fait œuvre de pionnier, pavant la voie au hockey tel qu’il est pratiqué aujourd’hui.

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S ituée sur la rivière Saint-Maurice, presque à mi-chemin entre Montréal et Québec, la ville de Shawinigan Falls (comme on

l’appelait à l’époque ; en 1958, elle allait rayer le « Falls » de son nom) était, au début du XXe siècle, une ville prospère – la première au pays à produire de l’aluminium –, où des milliers d’employés travaillaient dans des usines de pâtes et papiers, de produits chimi-ques et de textile.

Au cours des années 1930, à la suite de la Dépression, beau-coup de ces emplois disparurent sous les assauts de la crise éco-nomique. Dans un effort pour aider les familles touchées par le chômage, le conseil municipal avait adopté divers programmes de travaux publics, dont la construction d’un aréna.

Grâce à cet édifi ce, la toute récente Ligue de hockey senior du Québec (LHSQ) accorda, en 1945, une franchise à la ville de Shawinigan. La LHSQ, une ligue semi-professionnelle dont le niveau de jeu se situait entre le junior et la LNH, offrait du hockey de haut calibre et donnait la chance à plusieurs joueurs ignorés par les ligues professionnelles de poursuivre leur carrière tout en tou-chant un salaire et de continuer de caresser le rêve d’une carrière dans la LNH. Du jour au lendemain, les Cataractes devinrent les vedettes de la ville et une source de fi erté, tout en proposant aux jeunes une équipe de joueurs à admirer.

L’automne précédent, un adolescent débordant de rêves et plein d’assurance s’était présenté à l’aréna pour s’informer si les Cataractes – qui évoluaient alors dans la Ligue interprovinciale senior – avaient besoin d’un coup de main.

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Les origines

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« Je me tenais près de l’entrée de la patinoire où l’équipe de Shawinigan de la ligue de hockey senior du Québec jouait ses matchs à domicile, se rappelait Jacques Plante bien des années plus tard. J’avais remarqué que l’équipe n’avait qu’un seul gardien pour les entraînements et j’avais demandé au soigneur si je pouvais aider. Même si j’avais 15 ans à l’époque, il m’avait dit : “Déguerpis. T’as encore la couche aux fesses1.” »

Le nom de ce soigneur condescendant s’est perdu dans les brouillards de l’histoire. Mais ce que cet homme ne pouvait pas savoir, à l’époque, c’est que, 50 ans plus tard, celui de ce jeune homme serait écrit en grosses lettres au-dessus de la porte de l’édi-fi ce lorsqu’il serait renommé en son honneur.

Jacques, l’aîné de Xavier et Palma Plante, est né le 17 jan-vier 1929 dans une ferme près de Notre-Dame-du-Mont-Carmel, en Mauricie, au Québec. Peu après, Xavier déménageait, avec femme et enfant, à Shawinigan Falls, où il avait trouvé un em-ploi à l’Aluminum Company of Canada Limited, qui deviendra plus tard l’Alcan.

« Papa était un machiniste qui travaillait dur ; plus dur que tout homme que j’ai connu, dira Jacques plus tard. Il avait même un emploi temporaire pendant ses vacances, quand il travaillait à la compagnie d’aluminium, afi n d’amasser un peu plus d’argent. Il se rendait au travail et revenait à la maison à bicyclette, un trajet de deux milles à chaque fois. Je ne me souviens pas qu’il ait jamais pris une seule journée de congé. Toutes les fois que j’ai gagné un trophée dans la LNH, j’ai pensé à mon père et à la fi erté qu’il éprou-verait quand il lirait les comptes rendus dans les journaux ou que les gens lui en parleraient2. »

Jacques ne fut pas fi ls unique très longtemps. Au cours des treize années suivantes, cinq frères et autant de sœurs allaient le rejoindre. Avec une famille en pleine expansion, Palma Plante manquait de temps, et, à mesure qu’ils grandissaient, les enfants étaient invités à participer aux tâches ménagères. À titre d’aîné d’une aussi grande famille, Jacques se vit confi er des responsabili-tés inhabituelles pour beaucoup de jeunes de son âge, comme net-

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toyer les planchers, préparer les repas et changer les couches. L’ar-gent se faisant rare, les vêtements des enfants étaient la plupart du temps faits à la main, et c’est ainsi que Jacques devint un expert avec une aiguille, un peu de fi l et de la laine. Cette dernière habi-leté, qu’il cultivait encore à l’âge adulte, fi t couler beaucoup d’encre et contribua à sa légende.

Avec une telle couvée et un seul revenu, chacun des membres de la famille Plante devait renoncer à des choses dont profi taient les gens mieux nantis. Ces sacrifi ces paraissaient particulièrement évidents au petit Jacques durant les torrides mois d’été, alors qu’il n’était autorisé à porter des chaussures que pour la messe du di-manche et certains événements spéciaux. La plupart du temps, il allait pieds nus.

« Les chaussures montraient bien que tout est relatif, écrirait Plante un jour. Tous les petits gars du voisinage devaient marcher pieds nus pour les mêmes raisons. Tous, sauf le fi ls du propriétaire, parce que son père avait de meilleurs revenus3. »

Bien des années plus tard, après que sa carrière de hoc-keyeur l’eut mis à l’abri de la pauvreté de son enfance, cette habitude qu’avait Plante de tricoter lui-même ses maillots de corps, ses chaussettes, ses tuques et ses écharpes dérouta plu-sieurs de ses coéquipiers aussi bien que les membres de la presse. Mais c’est toujours avec fi erté qu’il parlait de sa capacité de fa-briquer une paire de chaussettes en une seule journée et une tuque en à peine trois heures et demie. Tout au long de sa vie, Plante a pratiqué le tricot comme une forme de relaxation, qui lui faisait oublier ce qui se passait autour de lui ; c’était sa façon à lui de se détendre après avoir été la cible de toutes ces ron-delles qui fonçaient vers lui. Toutefois – et cela est typique du personnage –, il y avait aussi un côté utilitaire à ses travaux d’aiguille.

« Je ne trouve pas ce que je veux dans les magasins, expliquait-il à propos de ses maillots de corps. Alors je les tricote moi-même. J’utilise de la laine à quatre fi ls. Il ne faut pas qu’ils soient trop chauds. Et j’utilise aussi des aiguilles plus grosses parce que les

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petites produisent un tissage plus épais et que les trous sont trop petits4. »

Devenu adulte, Jacques Plante fut incompris de beaucoup de gens autour de lui. Des gens qui se demandaient pourquoi il s’adonnait au tricot, pourquoi il était si économe et pourquoi il se montrait distant même envers ceux qui étaient les plus proches de lui. Il faut remonter à son enfance pour trouver la réponse à beau-coup de ces questions.

« Il a grandi dans la pauvreté et il en était très fi er, explique le chroniqueur sportif Frank Orr. Il en a tiré de bonnes leçons. Il a été défavorisé parce que l’argent était rare, mais ça lui a appris la valeur d’un dollar5. »

« Il était très prudent avec l’argent, confi rme son ancien co-équipier Dickie Moore. Il a vécu dans la pauvreté et a grandi avec les bonnes valeurs. Il ne dépensait pas l’argent qu’il n’avait pas et économisait celui qu’il avait. Je l’admirais pour ça : c’était un être particulier. Mais il y a une raison pour laquelle il était ainsi : il vou-lait bâtir quelque chose et c’est ce qu’il a fait6. »

Plante n’oubliera jamais la misère de ses origines. C’est ce qui l’a inspiré. C’est ce qui l’a motivé à toujours aller plus haut. C’est ce qui lui a inculqué la confi ance en soi et le sentiment que lui seul était maître de son destin. Et malgré la pauvreté qu’il a connue, Plante a toujours gardé une certaine affection pour ses années d’enfance.

Au début des années 1970, alors que Plante jouait pour les Maple Leafs de Toronto, le journaliste Frank Orr, du Toronto Star, avait été chargé, par son rédacteur en chef, d’écrire une chronique spéciale à l’occasion de Noël. À cette fi n, il devait demander à chaque joueur de l’équipe de partager ses plus beaux souvenirs de cette époque de l’année.

Plante avait raconté à Orr que, chaque veille de Noël, son père achetait deux bouteilles de ginger ale en revenant du travail. C’est le seul jour de l’année où les enfants Plante buvaient de la boisson gazeuse.

« On prenait de la liqueur douce à cette occasion et je peux encore en éprouver le goût dans ma gorge, avait dit Plante. Me

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Table des matièresPréface de Jean Béliveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Chapitre premierLes origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Chapitre 2L’architecte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Chapitre 3Nécessité est mère d’invention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

Chapitre 4La patience est une vertu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

Chapitre 5Par la grande porte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Chapitre 6Jacques le Serpent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

Chapitre 7Une sensation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

Chapitre 8Le Rocket . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

Chapitre 9L’aube d’une ère nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

Chapitre 10Doug . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

Chapitre 11Le véritable test d’un champion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

Chapitre 12Le solitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

Chapitre 13Changer le visage du hockey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Chapitre 14Vendre le masque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

Chapitre 15L’apogée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209

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Chapitre 16Un pas en arrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223

Chapitre 17La fi n du trajet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235

Chapitre 18Le trophée Hart . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245

Chapitre 19Toe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

Chapitre 20La trahison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269

Chapitre 21Seul sur Broadway . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

Chapitre 22Retraite et renaissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297

Chapitre 23De retour en selle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311

Chapitre 24La fi erté et l’argent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319

Chapitre 25Un dernier tour de piste pour le maître. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 339

Chapitre 26Une légende vivante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359

Chapitre 27Un être de contradictions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373

Chapitre 28Le lion en hiver . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 381

Chapitre 29Le mentor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 391

Chapitre 30La Suisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401

Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 417Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 435Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 439

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LT

P réface de Jean Bél iveau

L’HOMME QUI A CHANGÉ LA FACE DU HOCKEY

ISBN 978-2-7619-2665-2

Photo de la couverture : © Bettmann / Corbis

Sur la glace comme ailleurs,

Jacques Plante était un être

exceptionnel, talentueux, téméraire,

mystérieux et complexe. Sa carrière

tumultueuse de gardien de but l’a mené

à Montréal, New York, St.Louis, Boston

et Edmonton. Sa contribution au jeu se

refl ète encore aujourd’hui dans les

règlements, l’équipement et le style des

joueurs. Appuyée par des documents

d’archives comprenant des entrevues

avec Jean Béliveau, Henri Richard,

Dickie Moore et Scotty Bowman, cette

biographie nous révèle l’une des

fi gures marquantes de l’histoire du

hockey. De nombreux excellents

gardiens de but ont évolué dans la

LNH, mais peu ont eu un réel impact

sur le jeu. Jacques Plante est l’un de

ces joueurs légendaires qui ont

transformé la face du hockey.

Membre de la Société internationale

de recherche sur le hockey,

Todd Denault est un écrivain

indépendant dont les textes ont paru

dans diverses publications imprimées

et en ligne. Diplômé des Universités

Carleton et Lakehead, Todd habite

Cobourg, en Ontario.

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