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Beihefte der Francia Bd. 16,2 1989 Copyright Das Digitalisat wird Ihnen von perspectivia.net, der Online-Publi- kationsplattform der Stiftung Deutsche Geisteswissenschaftliche Institute im Ausland (DGIA), zur Verfügung gestellt. Bitte beachten Sie, dass das Digitalisat urheberrechtlich geschützt ist. Erlaubt ist aber das Lesen, das Ausdrucken des Textes, das Herunterladen, das Speichern der Daten auf einem eigenen Datenträger soweit die vorgenannten Handlungen ausschließlich zu privaten und nicht- kommerziellen Zwecken erfolgen. Eine darüber hinausgehende unerlaubte Verwendung, Reproduktion oder Weitergabe einzelner Inhalte oder Bilder können sowohl zivil- als auch strafrechtlich ver- folgt werden.

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  • Beihefte der Francia

    Bd. 16,2

    1989

    Copyright Das Digitalisat wird Ihnen von perspectivia.net, der Online-Publi-kationsplattform der Stiftung Deutsche Geisteswissenschaftliche Institute im Ausland (DGIA), zur Verfügung gestellt. Bitte beachten Sie, dass das Digitalisat urheberrechtlich geschützt ist. Erlaubt ist aber das Lesen, das Ausdrucken des Textes, das Herunterladen, das Speichern der Daten auf einem eigenen Datenträger soweit die vorgenannten Handlungen ausschließlich zu privaten und nicht-kommerziellen Zwecken erfolgen. Eine darüber hinausgehende unerlaubte Verwendung, Reproduktion oder Weitergabe einzelner Inhalte oder Bilder können sowohl zivil- als auch strafrechtlich ver-folgt werden.

  • MAY VIEILLARD-TROÏEKOUROF F

    LA SCULPTUR E E N NEUSTRI E

    On a longtemps pens é ave c Louis Bréhier 1 qu e les arts majeurs, l'architectur e et la sculpture, avaien t presque dispar u pendan t le s siècles dits barbares alor s que les arts mineurs l'orfèvreri e e t l'enluminur e atteignaien t seul s un e certain e perfection . L a France du Sud avait davantage conservé les arts plastiques antiques avec les sarcopha-ges de marbre d'Arles, de la seconde moitié du IVe siècle, de Marseille du Ve siècle, les sarcophages d e marbre d'Aquitain e aux dates encor e discutées 2.

    Cependant »L'ar t pré-roman« d e Jean Hubert, e n 1938, allait à l'encontre de cette thèse e t publiai t d e nombreu x monument s sculpté s e n marbr e o u e n pierre , e n particulier ceu x de Jouarre5. Depui s o n s'intéresse de plus en plus à cette sculptur e des »dark âges« et on a commencé à en faire des corpus. En Italie, le premier volum e du corpus d e Spolète par diocèses, commencé sous l'égide de Mario Salmi, a paru en 19594. E n Angleterre , le s deu x premier s volume s d u corpu s pa r comtés , on t ét é publiés e n 1984 5. Le »Recuei l de s monuments sculpté s e n France pendan t l e Hau t Moyen Age « a ét é commenc é e n 19656. E n nou s appuyan t su r le s deu x volume s

    Nous abrégeron s dans le s notes suivantes : Denise FOSSARD , Ma y VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Elisabet h CHÂTEL, Recuei l généra l de s monument s sculpté s e n Franc e pendant l e Hau t Moye n Ag e (IV e-Xe siècles) t . I, Paris e t so n départemen t en : Recuei l Pari s 1978. - Jacques SIRAT , Ma y VIEILLARD -TROÏEKOUROFF, Elisabeth CHÂTEL, Recueil général des monuments sculptés en France pendant le Haut Moyen Age (IVe-Xe siècles), t. III, Val d'Oise et Yvelines, Paris 1984 en: Recuei l Val d'Oise et Yvelines 1984. - May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Supplémen t a u Recueil général de s monuments sculpté s du Haut Moyen Age (IV -X' siècles), 1.1 Paris et son département dans: Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1.15,1979-1982, p. 181-225 en: Supplémen t au Recueil de Paris 1982. - Patrick PÉRI N e t autres , Musé e Carnavalet , Collection s mérovingiennes , Pari s 1985 en: Carnavalet 1985. - Catalogue L a Neustrie, Rouen 1985 en: La Neustrie 1985.

    1 Louis BRÉHIER , L'ar t e n France des invasions barbares à l'époque romane , Paris 1930. 2 Marcel DURLIAT , L'ar t des barbare s à l'an mil, Pari s 1985, p. 82. 3 Jean HUBERT , L'ar t pré-roman, Paris 1938, p. 15-18, 41, pi. V, XXXI, XXXVI-XXXVIII. 4 Isa BELLI BARSALI, La diocesi di Lucca, Corpus délia scultura altomedievale, Spolète 1959. On en est au

    tome X après avoir consacré quatre tomes VII à Rome. 5 Rosemar y CRAMP, Corpus of Anglo Saxon Stone Sculpture, volume I, part 1 and 2 : County Durham and

    Northumberland, Oxford 1984. 6 Nous avon s fai t depui s 1965 des missions dan s tous les départements de la France, à l'exception de s

    départements bretons, d'une grande pauvreté (à part le musée Th. Dobrée de Nantes dont un catalogue avec les photographie s d e toute s le s sculpture s mérovingiennes a été publié e n 1964 par Dominique Costa); à l'exception auss i des départements du nord de la France (Aisne, Oise, Nord, Pas-de-Calais , Somme) plus riches en découvertes d'objets mobiliers qu'en monuments sculptés. - Le premier volume du Recueil a été consacré à Paris en 1978; le second aux département s de l'Isère , la Savoie, la Haute Savoie en 1981 ; le troisième aux départements du Val d'Oise et des Yvelines en 1984; le quatrième, en 1987, est consacré à la Haute-Garonne. Les cinq départements de la Normandie seront ensuite publiés par Lucien Musset e t Maylis Baylé.

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    consacrés l'un à Paris, l'autre au Val d'Oise e t aux Yvelines, et surtout sur les dossiers par département s d u »Recuei l de s monument s sculptés« , nou s allon s tente r d'évo -quer l a sculpture d u Hau t Moye n Ag e e n Neustrie .

    Les roi s franc s converti s a u catholicism e depui s Clovis , le s évêque s e t abbé s contemporains on t d e suit e construi t dan s l e nor d d e l a Franc e d e nombreu x sanctuaires qui , d'après le s textes, étaient richement décorés ; c'est c e que confirmen t les élément s qu i e n on t ét é retrouvés , pe u nombreu x e t fragmentaire s ca r ce s sanctuaires on t ét é généralement reconstruit s à la même place a u cours de s siècles 7.

    C'est à Paris que Clovi s établi t l a capitale d e son royaum e e t qu'i l s e fait enterre r auprès d e saint e Geneviève , à l'église de s Saints-Apôtre s prè s d e l'actue l Panthéo n avec Clotilde, leur fille Clotilde , deux des enfants d e Clodomir . So n fils Childebert , roi d e Pari s (510-558) reconstruit l a cathédral e Saint-Etienn e su r u n vast e plan , comme l'on t confirm é le s fouilles récente s de Michel Fleury 8. I l fonde ave c l'évêqu e saint Germai n l'églis e monastiqu e Sainte-Croix-Saint-Vincen t o ù i l est inhum é avec la rein e Ultrogothe . Sain t Germai n y es t enterr é e n 576, Chilpéric e n 584, Frédé-gonde en 597 et tou t a u cours d u VIIe siècle: Bérétrude (f620 ) e t Clotair e II Cf*628), Childéric II (|673) e t Bilihild e (f 679)9. Saint-Denis , don t l a premièr e église a ét é construite dans la seconde moitié du Ve siècle par sainte Geneviève sur le tombeau d e saint Deni s »l e marty r d e Paris 10«, ser a toujour s étroitemen t li é à Pari s pa r so n histoire comm e pa r so n art . C'es t ver s 565-570 que l a rein e Aregundi s o u Arné -gonde, mère de Chilpéric, dont Miche l Fleury a retrouvé le tombeau11 a été enterrée à Saint-Denis ains i que le jeune Dagobert, fils de Chilpéric e t de Frédégonde. L e roi Dagobert (t639), choisi t l'églis e pou r s a propr e sépulture . So n fil s Clovi s II et quelques-uns de s dernier s Mérovingien s y on t ét é enterrés . Le s Carolingien s pren -nent aussitô t leu r suite , ains i Charle s Marte l (|741) , Pépi n l e Bre f (|768) , so n fil s Carloman (f771), plu s tar d Charle s l e Chauv e (f877 ) e t deu x fil s d e Loui s II le Bègue12.

    Clotaire Ier (f561) es t enterré à Soissons, près du tombea u d e l'évêque d e Noyon , saint Médard , su r leque l i l fait construir e un e basilique; son fil s Sigeber t l'achèv e et , assassiné en 575, y est enterré aussi . Tels sont les principaux panthéons mérovingien s de l a Neustrie 13. Soisson s avai t ét é l a capital e militair e d e l'éta t romai n d u temp s d'Aegidius e t d e so n fil s Syagrius , comm e Pari s l'avai t ét é précédemmen t pou r le s

    7 May VIEILLARD-TROÏEKOUROF F dans : Les anciennes églises suburbaines d e Paris, dans: Paris et Ile de France 11 (1960), p. 165. ID., Les monuments religieu x de la Gaule d'après le s œuvres de Grégoire d e Tours, Pari s 1976, p. 371-376.

    8 Michel FLEURY , L a cathédral e mérovingienn e d e Paris . Pla n e t datation , dan^ : Landschaft un d Geschichte, Festschrif t fü r Fran z Petr i fü r seine n 65 . Geburtstag , Bonn 1970 , p.5-26. ID. , Le group e épiscopal, dans : Carnavale t 1985, p.38-45.

    9 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , dans : Les anciennes églises suburbaines de Paris, ... (1960 ) p. 89-91. 10. Dionisius veto episcopus Parisiorum urbi datus est martyr: Grégoire de Tours, Liber in gloria martyrum,

    dans: MGH Script , rer . Merov . I. 2, p. 85-86. 11 Michel FLEURY , Le s bijoux mérovingien s d'Amégonde , dans : Ar t d e France 1 (1961) p. 7-17. 12 Alain ERLANDE-BRANDENBURG , L e ro i es t mort , Pari s 1975, p. 133-154. 13 Rouen, fortifi é a u Bas-Empire , a été une capital e mérovingienn e important e o ù on t résid é Chilpéric ,

    Frédégonde, Galswinthe , Brunehau t pui s Dagobert, Clovis II . . . Galswinthe e t d'autre s prince s e t princesses on t d û êtr e enterré s à l a basiliqu e »extr a muros« , Saint-Pierre , restauré e pa r l'évêqu e d e Rouen, sain t Oue n qu i y es t enterré ; l a basilique pri t pa r l a suit e so n nom .

  • La sculpture en Neustri e 227

    empereurs Julien et Valentinien. Clovis a choisi Paris comme capitale aussi pour ses fortifications d u Bas-Empire; l'île de la Cité avait été fortifiée ains i que le forum; les quartiers urbains du Bas-Empire sur la rive gauche durent subsister14. Paris est bien dès l e VIe siècl e l a capital e mérovingienn e e t l a plu s grand e vill e d e l a Gaule , s'étendant de part et d'autre de l'île de la Cité: sur la rive gauche jusqu'à Notre-Dame des Champ s e t Saint-Marce l e t su r l a riv e droit e jusqu' à Saint-Lauren t e t Mont -martre15. Nou s avon s répertori é à Pari s quatre-cent-quarante-deu x monument s sculptés (san s compte r ceu x for t nombreu x d e Saint-Deni s apparenté s à ceux d e Paris)16. Ce chiffre es t considérable par rappor t au nombre des fiches e t photogra-phies qu e nou s avon s réunie s pou r d'autre s département s bie n plu s vastes . Trè s nombreux son t auss i le s tombeaux , généralemen t e n plâtr e de s commune s de s alentours.

    Ces monuments sculptés sont en grande majorité des sarcophages, mieux protégés par l a terr e qu e le s église s don t il s dépendaien t puisqu'elle s on t ét é mainte s foi s reconstruites. Les sarcophages mérovingiens sont tous trapézoïdaux avec la tête plus large et plus haute que le pied. Les sarcophages de plâtre sont dans le Bassin parisien de beaucoup les plus nombreux. Le plâtre, tiré du gypse, y est un des minéraux les mieux représentés. Il y a des buttes de gypse comme la butte Montmartre. Ces bancs de gypse suivent la Seine en aval de Paris, dans le Parisis et le Vexin. Il y en a aussi à l'est de Paris, jusqu'à Reims. On a fabriqué entre le VIe et le IXe siècle des milliers de sarcophages de plâtre, même en ne comptant que ceux qui sont décorés. Th. Vacquer, inspecteur de s fouille s à Paris dans l a seconde moiti é du XIXe siècle , avait fouill é environ troi s mille s sarcophages . Patric k Péri n e t Lauren t Reno u on t montr é comment on fabriquait u n sarcophage de plâtre en faisant de s moules de bois entre lesquels on coulai t le plâtre liquide qui ensuite séchait17.

    De nombreux sarcophages ont été trouvés dans la vallée de la Seine à Saint-Denis, Nanterre, Suresnes , Maule, Vicq, Rosny-sur-Sein e ... Denise Fossard avai t dressé dès 1960 une carte suggestive qui a été récemment complétée mais on retrouve sans cesse dans de nouveaux endroit s des sarcophages de plâtre décorés18.

    14 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Topographi e religieus e de s cités épiscopale s d'aprè s le s oeuvres d e Grégoire de Tours, dans: 10Oc Congrès des Sociétés Savantes de Paris (1975). Archéologie, p. 134-137. ID., Récentes découvertes dans le Paris mérovingien dans: Cahiers archéologiques (à paraître). Patrick PÉRIN, Paris , capitale mérovingienne , dans : Carnavalet 1985, p. 597-611.

    15 Les 46 plans de cités à la même échelle que nous avons pu dresser dans notre thèse sur »Les monuments religieux de la Gaule d'après les œuvres de Grégoire de Tours* Paris 1976, le plan de Paris p. 203, est le seul qu'il nous ait fallu, de par ses dimensions, publier à une plus petite échelle que les autres, même sans compter Montmartr e e t Saint-Denis .

    16 II y a 398 numéros dans Recueil Paris 1978 et 44 dans: Supplément au Recuei l de Paris 1982. Nous avons exclu le s monuments sculpté s considéré s comm e postérieurs .

    17 Patrick PÉRIN et Laurent RENOU, Les sarcophages de plâtre, dans: Carnavalet 1985, p. 707-758, Gilbert-Roben DELAHAYE, Le s blanc s sarcophage s d e plâtre , dans : L a Neustri e 1985, p.400-402. Vu ce s publications récente s qui font suit e à celle du Recuei l Pari s 1978 et au Recueil Val d'Oise et Yvelines 1984, nous n'insisterons pa s su r les sarcophage s de plâtre.

    18 Denise FOSSARD , Répartitio n autou r d e Pari s de s sarcophage s d e plâtr e à déco r moulé , dans : Le s anciennes églises suburbaines de Paris ... (i960) , p. 241, fig. 16, carte complétée dans: Carnavalet 1985, p. 708. Depuis o n e n a trouvé à Villemomble, Argenteui l . . .

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    Nous avons remarqué que les sarcophages de plâtre des anciennes églises suburbai-nes de Paris constituent avec ceux des abbayes royales de Saint-Denis et de Chelles19 une école proprement dite avec de beaux dessins symétriques faits avec soin, issus de deux cent neuf moules . Ces moules sont décorés soit de motifs chrétiens (essentielle-ment de grandes variétés de croix), ce qui est normal puisque ces sarcophages étaient groupés autour des églises, soit de motifs géométriques savamment élaborés qui sont d'une grand e richesse d'invention . U n pannea u d e pie d d'u n sarcophag e d'enfan t trouvé à Saint-Germain-des-Prés e t à Saint-Marcel (celui-ci connu seulement par une photographie) offr e l e dessin chrétie n l e plus complexe: dans un médaillon entour é d'un double cercle cloisonné, se tient un personnage debout, les bras levés, ayant à sa droite un quadrupède dressé qui avait son pendant de l'autre côté: c'est Daniel dan s la fosse au x lions; six cercles simples ou doubles , évoquant les astres, surmontent l e médaillon, a u milie u un e croi x d e Malt e d u côt é droit , deu x superposée s du côt é gauche, enfin , e n bas , deu x oiseau x encadren t u n bassin , celu i d e gauch e ave c u n serpent devan t lu i (fig . I)20.

    Les sarcophages de nombreux cimetières de la vallée de la Seine ou de l'est parisien ont des ornements simplifiés ou beaucoup plus confus, ains i les nombreux panneaux de sarcophage s d e Maul e e t Rosn y (Yvelines ) conservé s a u musé e d e Guiry-en -Vexin21.

    La plupart des sarcophages de plâtre ne sont décorés qu'à la tête et au pied et il y a souvent u n accord entre les deux, l e décor du pied étant plus simple que celu i de la tête. Certains sarcophages sont décorés sur les quatre côtés: à Paris, on conserve au musée Carnavale t deu x sarcophage s entier s e t deux long s côté s provenant de Saint -Germain-des-Prés (fig.2) 22. Deu x sarcophage s d e Saint-Marcel , auss i entièremen t décorés, ont disparu23. Il y a à Saint-Denis un sarcophage décoré de tous les côtés où a ét é utilis é u n moule d e Saint-Germain-des-Prés 24. Quatr e sarcophage s d e Maul e ont tou s leur s côté s décorés 25 ains i qu e deu x sarcophage s d'Ermont 26 e t un sarco -phage de Rosny-sur-Seine27. José et Nadine Ajot ont retrouvé en juillet 1985 un long côté e t une tête très richement décorés à Chelles28.

    Les sarcophages d e pierr e décoré s son t moin s nombreu x qu e le s sarcophage s d e plâtre moulé e t devaient s'adresse r à une clientèle plus riche . Dans l a nef d e l'églis e fondée à Paris par Clovis, les Saints-Apôtres, plus tard Sainte-Geneviève, i l n'y avai t que des sarcophages en pierre si bien décorés qu'on attribua, à tort, lors des fouille s de 1807, ceux don t l a tête comportai t l e plu s gran d nombre de croi x à Clovis e t à

    19 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF, Panneau x de sarcophages de plâtre moulé des nécropoles et abbayes royales de Chelles et de Saint-Denis issus de moules parisiens, dans : Paris et Ile de France. Mémoires 32 (1981) p.235-245.

    20 Recueil Pari s 1978, n°102; Carnavalet 1985, n°252 e t p. 295. 21 J.SIRAT dans : Recueil Va l d'Oise e t Yvelines 1984, n ^ l - l l S . 22 Recueil Pari s 1978, n05 25-28 ; Carnavalet 1985, n08145-148. 23 Recueil Pari s 1978, nM377 e t 378. 24 Recueil Pari s 1978, n°25, Carnavale t 1985, n°145. 25 Recueil Va l d'Ois e e t Yvelines 1984, n05112-115. 26 Ibid . nos 11-12 et 212. 17 Ibid . n°258. 28 José e t Nadin e AJOT , dans : La Neustrie 1985, p. 163, fig.4.

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    Fig. 1 Paris, Musé e Carnavalet , pannea u d e plâtre moul é d e Saint-Germain -des-Prés représentan t Danie l dan s l a fosse au x lion s

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    'u e*fvc. ùf*-/iue_, ,

    Clotilde (fig . 3)29. On a auss i trouv é de s sarcophage s décoré s d e croi x à l a têt e e n faisant de s fouilles à Saint-Germain-des-Prés dè s le XVIIe siècle . On e n a découver t encore à Saint-Marcel. Certains des éléments de ces croix prennent u n aspect végétal , s'identifiant ave c l'arbr e d e vie . Le s couvercles , à pein e tectiforme s son t décoré s d'une longu e croix aux bras atrophiés qui ont un aspec t végétal. Ces sarcophages à la tête décorée de croix multiples son t en grès du Nivernais (o u du Bourbonnais) e t on t donc ét é importés à Paris. I l y e n a beaucoup a u musée de Nevers e t on e n a encore retrouvé e n 1974 à Saint-Etienn e d e Nevers , jadi s monastèr e fond é pa r sain t Colomban (f615) 30. Le sarcophage de l'évêque de Nevers, saint Arigle (f594) portai t sept croix »e n bosse« d'aprè s l'abb é Lebeu f qu i en a publié un dessin schématique 31; il en avai t signalé à Saint-Etienne de Nevers e t il le rapproche d u sarcophage de sain t Calétric, évêque de Chartres (f573 ) conn u pa r l'inscriptio n qu i court su r l a crête d u

    29 Les ancienne s église s suburbaine s d e Pari s . . . (1960) , pl.XIV-XV; Carnavale t 1985, p . 155. Ces sarcophages son t plutô t d u débu t d u VU * siècle.

    30 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF, Trois sarcophages mérovingiens découverts à Saint-Etienne de Nevers en janvie r 1974, dans: Bulletin Monumenta l 138 (1980) p. 221-227.

    31 Abbé Jean LEBEUF , Dissertations su r l'histoire civil e et ecclésiastique de Paris, 1.1,1739, p. 293, pi. 10.

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    Fig. 4 Chartres (Eure-et-Loir) , crypte d e l a cathédrale ; sarcophage d e l'évêqu e Calétric (f573) , d e typ e nivernais

    couvercle. C e sarcophage , jadi s sou s l e gran d aute l d e Saint-Bric e d e Chartres , aujourd'hui dan s la crypte de la cathédrale (caveau des évêques), est mieux connu pa r une curieuse description d e l'abbé Estienne à Mabillon: »Le dessus de ces croix estoi t orné de plaques d'ivoir e o u d'o s gravée s en croix faites a u compas, accompagnées de petites bande s d e pareille s matière s parée s diversement , l e tou t appliqu e su r un e couche d e mortie r fi n qu i scelloi t l a tomb e ave c l e tombeau« 32. San s décor s auss i raffinés, i l reste à Saint-Brice d e Chartre s quatr e beau x sarcophage s d e cette famill e (fig. 4). Les sarcophages d u Nivernais ont voyagé aussi sur la Loire: on en a trouve a Saint-Benoît-sur-Loire, à Orléans, à Nantes o ù i l y e n a quatre .

    Les sarcophages de saint Calétri c (f 573), de saint Arigle (t 594) outre la fondatio n de Saint-Etienne de Nevers avan t l a mort de saint Colomban (f615 ) daten t approxi -mativement l a production de s sarcophage s nivernais .

    32 Jean HUBERT , L'ar t pré-roman , Pari s 1938, p. 155. „ i — u - u - , A e 33 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Nouvelle s c o m p a r o n s d e quelque s ^ ^ ^ T ^ ^

    Nantes ave c ceu x d e l a Nièvre , dans : 97' congrès de s Soc.étes Savantes , Nantes (1972), Archeolog.e, p.119-122.

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    Fig. 5 Paris, Musé e d e Cluny , sarcophag e d e Saint-Germai n l'Auxerroi s o u Saint-Gervais , d e typ e avallonais

    Il y a deux autres familles d e sarcophages importé s à Paris de Bourgogne. Le s uns proviennent d e PAvallonai s e t peut-être d e l a carrière d'Arcy-sur-Cure . Il s son t e n calcaire blanc ; leur s long s côté s son t décoré s d e quatr e o u cin q »bande s d e strie s gravées d'obliquit é alternée « comm e le s a définis Gilbert-Rober t Delahay e qu i e n a donné un e carte 34. Chaque band e es t séparé e de s a voisine pa r u n bandea u d e deu x centimètres environ , parfoi s orn é d e petit s cercle s oculés . Prè s de s extrémités , le s bandes horizontales son t interrompues pa r des bandes verticales de même nature; les vestiges de s sarcophage s de s évêque s d'Auxerre , à Saint-Germai n d'Auxerr e son t ainsi. D e nombreu x sarcophage s d e c e group e on t leur s tête s décorée s d e deu x grandes croi x pattées , généralemen t portée s su r de s hampe s o u support s qu i enca -drent symétriquemen t u n palmier stylisé , arbre de vie parfois surmont é d'un e petit e croix; les bras supérieur s de s croix s'achèven t souven t pa r de s crochets , souveni r d u Rho. A Paris il y en avait à Sainte-Geneviève (disparus) , plusieurs à Saint-Marcel, u n à Saint-Julie n l e Pauvre , u n à Saint-Germai n l'Auxerrois , peut-êtr e u n à Saint -

    34 Gilbert-Robert DELAHAYE , dans: Carnavalet 1985. Annexe III: Les sarcophages de pierre, carte p. 693. ID., Les sarcophages , dans : L a Neustri e 1985, p. 394-400, fig. p . 394, 397, 399.

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    Fig. 6 Montargis (Loiret) , Musée, sarcophage provenant d e Sceaux-en-Gâtinais, de type avallonais

    Gervais (fig. 5)35. En 1973, on e n a trouvé u n dan s l a chapelle Saint-Symphorie n d e Saint-Germain-des-Prés, u n autr e à Notre-Dame de s Bois (plus tard Sainte-Oppor -tune)36. Les couvercles conservés des quelques sarcophages de ce type, sont des dalles trapézoïdales à peine arrondie s portan t un e grande croix pattée su r une hampe asse z longue ains i su r u n sarcophag e d e Saint-Marcel 37 e t su r u n d e Saint-Denis 38. Ce s sarcophages son t importé s e n Neustrie , à Paris , à Saint-Denis , e n Seine-et-Marn e (celui de Saint-Martin-Chennetron a été étudié anciennement pa r Maurice Prou39) e t aussi dans le Loiret ains i ceux de Sceaux-en-Gâtinais a u musée de Montargis (fig . 6).

    Un troisièm e groupe d e sarcophages d'origin e bourguignonn e e t champenoise, en calcaire, souven t jurassique , son t importé s e n Neustrie . D e nombreu x exemplaire s ont leur s paroi s longitudinale s striée s d e long s sillon s parallèle s taillé s d e manièr e

    35 Recueil Pari s 1978, nos346, 347, 349, 351 (disparus); au musée de Cluny, n os300, 303-306; au musé e Carnavalet n°M6 , 193, 194 , 208-212, 305; Carnavalet 1985, nos17, 104-109.

    36 Supplément a u Recuei l d e Pari s 1982, nM 1 et 16. 37 Recueil Pari s 1978, n°208; Carnavale t 1985, n°104, p . 230. 38 G. R. DELAHAYE, dans : L a Neustri e 1985, p. 397. 39 Maurice PROU , dans : Bull , d e l a Société d'histoir e e t d'archéologie d e Provin s (1914), p. 27-29.

  • 234 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 7 Paris, Musée de Cluny , sarcophag e provenan t d e Saint-Séverin , d e type bourguignon-champenoi s

    légère à la broche, se développant à l'intérieur d'u n encadremen t uni . Les couvercle s ont une forme d'arc surbaissé ; sur le sommet plat , il y a une bande unie, trapézoïdal e comme l e sarcophage . L a têt e e t l e pied e t de l a cuv e e t d u couvercl e son t souven t ornés d e sillon s oblique s s e contrariant ; parfoi s le s stries son t répartie s e n plusieur s compartiments. Dan s c e groupe, certains son t décoré s d e frises d e motif s géométri -ques40. A Pari s l e plu s bea u es t celui d e Saint-Séveri n (musé e d e Cluny ) o ù s e distinguent su r le s stries , de s arcade s unie s qu i reposen t su r de s pilastres . L a parti e basse d e ce s arcature s es t orné e d e croisillon s à l'antiqu e o u d e ligne s obliques , toujours unie s (fig . 7); on pens e à l a projectio n d'u n chance l qu i aurai t entour é l e sarcophage. A la tête apparaît une roue, au pied des chevrons41. Trois sarcophages de ce groupe, provenant de Saint-Marcel son t au musée Carnavalet. L'un d'eux a sa cuve décorée d e deux bandes d e triangles unis alternant ave c des triangles striés (fig . 8). A la têt e d u couvercle , i l y a quatr e croi x e n sautoi r et , a u pie d d e l a cuve , u n croisillon42.

    Dans le Nord-Est d e la France, on distingue une école de sarcophages de pierre avec des couvercles-dalle s seul s décoré s d e croix , rosaces , cercle s e t motif s linéaire s analo -gues à ceux des sarcophages de plâtre. Des festons de cercles enchaînés ou de s entrelacs apparaissent e t en bordure e t sur l a tranche43. Certains monuments d e l'Aisne avaien t été réuni s dè s 1878 par E . Fleury44. Frédéri c Morea u fi t pa r l a suit e de s fouille s fructueuses don t d e nombreu x monument s sculpté s son t conservé s a u Musé e de s Antiquités Nationale s d e Saint-Germain-en-Laye 45. Nou s citeron s dan s l'Oise , le s

    40 G. R. DELAHAYE, dans : Carnavale t 1985. Annexe III: Les sarcophages d e pierre , p . 690-691. 41 Recueil Pari s 1978, n°309; Carnavale t 1985, p. 632. 42 Recueil Pari s 1978, nos 205-207; Carnavalet 1985, nos 100-102. 43 D. FOSSARD, Répartition de s sarcophages mérovingiens à décor dans: Études mérovingiennes, Poitier s

    1953, p. 121. 44 E. FLEURY, Antiquités et monuments du département d e l'Aisne, 2 volumes, 1878. Léon COUTIL , L'ar t

    mérovingien e t carolingien , Bordeau x 1931, p. 36 et planch e lu i faisan t face . 45 Frédéric MOREAU, Collection Caranda, Saint-Quentin 1878-1893. Recueil Val d'Oise et Yvelines 1984,

    Musée de s Antiquités Nationales , sall e Frédéri c Moreau , n os221 e t suiv .

  • La sculptur e e n Neustri e 235

    Fig. 8 Paris, Musée Carnavalet , sarcophage provenan t de Saint Marcel, de type bourguignon-champenoi s

    tombeaux d e Chelle s (fig . 9); dans l'Aisne , le s tombe s d'Aiguisy , d' Armentières, d e Chaillevet, de Gény, le beau sarcophage de la chapelle des Templiers de Laon, la tombe de Monceau-le-Neuf e t celle de Monceau-le-Vieux (musé e de Bavay); dans la Somme la tombe d'Ercheu. Pa r contre, le tombeau d e pierre de saint Erkembold à Saint-Omer (Pas-de-Calais) rectangulair e comm e le s sarcophage s antiques , ave c u n couvercl e prismatique, recouver t de sillons décoratifs en chevrons su r le bord du couvercle n'es t peut-être qu'u n monumen t commémorati f comm e l e tombea u roma n d e Bieshei m (Haut-Rhin).

    Nous signaleron s enfi n l e sarcophag e e n calcair e trouv é e n 1977 à Ama y prè s d e Liège qui porte sculpté en méplat sur son couvercle la figure d'une abbess e tenant dans sa main un e cross e e n form e d e tau . Au milie u d'un déco r d'entrelacs figur e so n no m Sancta Chrodoara , fondatric e d u monastèr e d'Amay , ver s 589. Le sarcophage fu t san s doute exécut é au moment d e sa béatification, a u VIIIe siècle . C'est l e premier exempl e d'une longu e série médiévale46. Voisin e t contemporain, i l y avait à Glons (aujourd'hu i musée diocésain de Liège) cinq larges claveaux très richement décorés des deux côtés de feuillages pri s dan s un entrelacs ; ils pourraient proveni r d'u n ciborium 46b,s. 46 J. STIENNON, L e sarcophage de Sancta Chrodoara à Saint-Georges d'Amay, Essai d'interprétation d'un e

    découverte exceptionnelle , dans : Académi e de s Inscription s e t Belles-Lettres . Compt e rend u de s séances d e l'anné e 1979, janv. mars , Paris , 1979, p. 10-31.

    46bis Andr é DASNOY , Le s sculpture s mérovingienne s d e Glons , dans : Revu e belg e d'archéologi e e t d'histoire d e l'ar t 22 (1953 ) p. 137-152.

  • 236 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 9 Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Musée de s antiquités nationales , couvercle-dalle grav é d e Chelles (Oise )

    En Normandie , outr e quelque s sarcophage s d e plâtr e moul é dan s l a vallé e d e l a Seine, i l y a pe u d e sarcophage s d e pierr e décorés . Cependant , dan s l e cimetièr e antique puis mérovingien d e Saint-Gervais d e Rouen o n a retrouvé en 1910 un bea u sarcophage: le s côté s d e l a cuv e son t orné s d'octogone s imbriqué s e t l e panneau d e tête porte un chrisme assez éloigné des chrismes paléochrétiens car l'alpha e t l'omég a sont isolé s au-dessu s des bras de la croix e t au-dessous de s bras de la croix i l y a des rosaces à hui t pétales . L e couvercl e à deux pente s es t décoré d e cin q rosace s d e si x pétales dans des médaillons47. Remarquable es t aussi le sarcophage de Saint-Samson -sur-Risle (Eure ) o u Saint-Samson-de-la-Roque , découver t pa r Léo n Couti l e n 1926 dans une chapelle du monastère. Sa cuve et son couvercle sont beaucoup plus élevés à la têt e qu'a u pied . Le s deux pente s d u couvercl e e t l e pied son t décoré s d e chasse s gravées (fig . 10)48.

    47 Maylis BAYLÉ , dans : L a Neustri e 1985, n°77, p. 222. 48 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , L e sarcophag e décor é d'un e chass e gravé e d e Saint-Samson-de-la -

    Roque au musée de Saint-Germain-en-Laye, dans: Congrès national des Sociétés Savantes, Caen (1980) p. 267-271.

  • La sculptur e e n Neustri e 237

    Fig. 10 Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) , Musée des antiquités nationales , sarcophage de pierre gravé de Saint-Samson-de-la-Roque (Eure )

    Les tombeau x e t cénotaphe s de s crypte s d e Jouarr e n e rentren t pa s dan s le s catégories de sarcophages de pierre déjà vues, d'abord parc e qu'ils ne furent pa s fait s pour êtr e enterré s comm e l e furent à Jouarre mêm e de s sarcophage s d e plâtr e mai s pour êtr e visible s e t honorés .

    Le tombeau d'Agilbert , évêqu e de Dorchester, pui s de Paris (f680) es t en calcaire local; i l es t trapézoïda l e t s a têt e es t plu s larg e e t haut e qu e so n pied . Malgr é ce s analogies, les sculptures qu i ornent s a tête et un de ses longs côtés sont exceptionnel -les en Neustrie . A la tête, le Christ tien t de ses deux mains le livre ouvert. I l est assi s dans une mandorle bordée d'une tresse ; de cette mandorle jaillissent avec fougue le s quatre vivant s o u symbole s évangélique s a u milie u d e fleur s à grandes tiges . Su r l e long côté , le Chris t trôn e a u milieu de s élus debou t faisan t l e geste de Vacclamatio. L'aile d'u n ang e abrite le Christ, u n autr e ange conduit le s élus à la droite d u Christ . Les figures nue s avec un pagne e t la poitrine ceint e d'une écharp e comme en Egypte , sont admirablemen t modelée s e t leur s visage s rayonnen t d e certitude .

    En 668, Théodore, gre c de Tarse en Cilicie, avait été envoyé de Rome par le pape, pour remplace r l'évêque d e Canterbury. I l dut emporte r ave c lui manuscrits, ivoires, orfèvreries d'u n ar t tou t paléochrétie n e t peut-être oriental , voire copte (le s Copte s fuyaient alor s l'Egypt e envahi e pa r le s Perses , pui s pa r le s Musulmans) . Théodor e resta avec Agilbert à Paris l'hiver 668-669. Les célèbres croix de Bewcastle, Ruthwell, Reculver allaien t s e dresse r pa r l a suite . O n y reconnaî t l a mêm e inspiratio n antiquisante qu i surpren d auss i bie n e n Angleterr e qu' à Jouarre 49.

    49 Marquise d e MAILLÉ , Le s cryptes d e Jouarre, Pari s 1971, p. 195-216. La Neustrie 1985, n°63, p.202 .

  • 238 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 11 Jouarre (Seine-et-Marne) , crypt e Saint-Paul , stèl e d'Agilbert , fi n VIIe siècl e

  • La sculpture en Neustrie 2 3 9

    U faut rapproche r d u tombeau d'Agilber t l a stèle actuellement placée au-dessus d u tombeau d e saint e Bälde. On peu t affirme r qu e l e personnage au x pieds nu s e t san s auréole es t l'évêque Agilbert , l e mort étan t figuré auprè s de l'ange tenan t l'encensoi r qui est le symbole de la prière pour les morts (fig . 11). La scène est ainsi figurée sur la stèle copt e d e Copenhagu e (musé e d e Ny-Carlsberg) 50.

    On a d'abord considér é le s cénotaphe s d e Théodechild e e t d'Agilberte comm e à peu prè s contemporain s d u tombea u d'Agilbert . Le s troi s monuments n'on t cepen -dant aucu n rappor t entr e eux 51. L'étud e de s archive s d u fouilleu r Thierceli n (1869-1871), de nouvelles recherches et fouilles de la Marquise de Maillé, publiées en 1971, ont beaucou p accr u c e que l'o n savai t su r ce s monuments rare s e t complexes . Les cénotaphes , correspondan t à l'élévation de s reliques , sont postérieur s à la mor t mais le délai est très variable. La Marquise de Maillé date du milieu du VIIIe siècle le cénotaphe d e l'abbess e Théodechild e e n s'appuyan t su r l a paléographie précarolin -gienne des trois bandes d'inscriptions ayan t trai t à la parabole des vierges sages et des vierges folles . Le s troi s bandes son t séparée s par deu x rangée s de coquille s don t le s charnières s e retrouvent d e part e t d'autre d e la bande médiane . Ces coquille s à dix-huit lobe s d'u n dessi n parfaitemen t classique , symboliseraien t l'immortalité . L e couvercle es t décor é d'u n larg e rinceau , qu i rappell e celui du couvercl e d u tombea u d'Agilbert52.

    Ce qu'o n a appel é l e tombea u d'Agilbert e (e t qu i recouvr e l e véritabl e tombea u nullement décoré ) es t e n fai t constitu é d e morceau x d e so n cénotaphe , ma l rabou -tés53. Ce s panneau x rectangulaire s e n stu c étaien t décorés , comm e u n tapis , d e fleurons dan s des croisillons , tapis bordé d'un e grecque ; on a pu le s comparer à des panneaux d e stu c sassanides 54. L a seul e dall e authentiqu e d u couvercl e es t décoré e d'un losang e curviligne inscri t dans un cercle ; elle n'a pas été non plus fait e pou r u n couvercle. Ce s beau x élément s dateraien t d e l'époqu e carolingienne , d e l'abbatia t d'Ermentrude élu e e n 836, époque l a plus brillant e d e l'abbaye 55.

    On a retrouvé e n Neustri e de s stèles qui étaien t initialement à la tête de s tombes . On e n a répertori é soixante-cin q dan s le s Yvelines , cinquante-neu f dan s l e Va l d'Oise, soixante-quatr e dan s l'Aisn e don t seiz e son t conservée s a u Musé e de s Antiquités Nationale s d e Saint-Germain-en-Laye (fig . 12)56. A Paris , il n'y e n a plus que troi s provenan t de s cimetière s d e Saint-Germain-des-Prés , d e Saint-Marcel 57 e t de Saint-Victor, celle-ci perdue58. Il devait y en avoir beaucoup plus mais elles ont été détruites dans ces cimetières aujourd'hu i disparu s et n'ont subsist é que parce qu'elles ont serv i de couvercle à des sarcophages . I l en a été de même dan s les département s cités d'abord. Jacques Sira t a pu cependan t photographier une stèle de Banthelu (Va l

    50 Ibid. , p. 217-220. 51 Jean HUBERT , L'ar t pré-roman, Pari s 1938, p. 156-158, pi. XXXVI-XXXVIH. 52 Marquise d e MAILLÉ , voir note49, p. 221-238; La Neustrie 1985, n°64, p. 202. 53 Ibid. , p. 244-250. 54 Richard BERNHEIMER , A sasania n monumen t i n merovingia n France , dans : Ars Islamica 5 (1932 )

    p.223-232. 55 Marquise d e MAILLÉ , voir note 49, p. 249-250. 56 Recueil Val d'Oise et Yvelines 1984, nOÏ 116-168 ; J. SIRAT , Les stèles funéraires dans: La Neustrie 1985,

    p.388-393. 57 Recueil Pari s 1978, nos24 e t 204. 58 Supplément a u Recueil d e Paris 1982, n°44, p. 224.

  • 240 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 12 Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Musée de s antiquités nationales , stèl e en pierre provenan t d e Brény (Aisne )

    d'Oise) demeurée à la tête du tombeau. C'est lu i qui a trouvé puis étudié la plupart de ces petits monuments de pierre. Apparues a u VIe siècle, les stèles ont disparu au VIIIe siècle, e n mêm e temp s qu e le s tombe s à mobilier funéraire . Ce s stèle s on t souven t une forme hémi-circulair e reposan t su r un socle plus large; elles sont parfois gravée s de croix , parfoi s d'u n doubl e cercl e enserran t u n déco r e n chevrons o u à l'intérieur , une marguerit e à si x pétales . Su r un e stèl e d'Ableige s (Va l d'Oise ) don t l a form e hémicirculaire s e prolonge en fer à cheval et qui est entièrement bordé e de chevrons , il y a à l'intérieu r un e croi x au x bra s évasés , flanqué e à l a parti e supérieur e d e colombes divergentes . Tout e un e séri e de stèles , e n particulie r provenan t d e Maul e (Yvelines) son t creusée s d'u n tro u rectangulair e o u triangulair e évoquan t peut-être , comme dan s l'Egypt e copte , l a maison d u mort 58bls.

    58bis Recuei l Val d'Oise e t Yvelines, 1984. -Jacques SIRAT , Les stèles funéraires, dan s La Neustrie 1985, p. 388-393. On a aussi trouvé une stèle en place en 1985 à Vorges, cf. M. P. FLECHE, Les stèles funéraire s mérovingiennes d u départemen t d e l'Aisne , D.E.A . multigraphi é Pari s IV Sorbonne 1985-1986 , qui a dressé un e cart e de s stèle s e n Picardi e e t e n Champagne .

  • La sculpture e n Neustri e 241

    Jacques Sira t signale une stèl e à Saint-Martin d u Tertre (Yonne) . Claude Lorren a trouvé un e stèl e à Mondevill e (Calvados) 59. Danie l Pito n a découver t à Nouvio n (Somme) un e superb e stèl e avec u n chrism e dan s u n tripl e cercl e flanqué d e petit s demi-cercles qu i remonterai t a u VIe siècle 60.

    Que reste-t-i l e n Neustrie d u décor monumenta l de s églises? C'est e n Normandi e qu'il rest e le plus d'éléments d u décor en pierre. Voilà cent cinquante ans , Arcisse de Caumont révélai t d e beau x fragment s d'arc s décoré s d e Saint-Samson-sur-Risl e (Eure); ces arcs son t orné s d e motifs encor e très paléochrétiens pa r leur inspiration : rinceaux, pampres , cornes d'abondance qu i les font remonte r presque à la fondatio n du monastère , a u milie u d u VIe o u a u VIIe siècle ; il s son t auss i décoré s d e souple s rinceaux o u d e losanges découpé s e n creux pour recevoi r de s incrustations d e terre -cuite. Il y avait, à côté, des arcs constitués de claveaux de terre-cuite61. Lucien Musse t a retrouv é récemmen t de s claveau x d e pierr e sculpté s à Deux-Jumeaux (Calvados) , monastère particulièremen t florissan t à la fi n d u VIIIe siècle , a u débu t d e l'époqu e carolingienne. Ce s claveau x son t décoré s d'entrelacs , d'élément s végétaux , d'u n cétacé comme i l y en a sur un des claveaux en terre-cuite de Saint-Samson-sur-Risle ; à Deux-Jumeaux , de s bandeau x son t décoré s d e feuillages , vrille s transformée s e n feuilles triangulaire s rainurée s fréquente s au x VIIe e t VIIIe siècles. U n fragmen t décoré de s deu x côté s d e feuillage s e t rinceau x finemen t modelé s pourrai t proveni r d'un ciborium 62. Le s sculpture s d'Evrec y (Calvados ) s e placen t plu s tar d dan s la lignée d e celle s d e Deux-Jumeaux 63 comm e l e claveau d e Saint-Wandrille. A Saint -Samson-sur-Risle, o n avai t retrouv é de s claveaux e n terre-cuite . I l y e n a à la mêm e époque dan s l a régio n nantaise , e n particulie r dan s le s fouilles d e Saint-Similie n d e Nantes; d'autres sorti s des mêmes moules , avaient été remployés dans les murs de la vieille églis e d e Saint-Marti n d e Verto u (Loire-Atlantique) , monastèr e qu i fond a celui d e Deux-Jumeaux (Calvados) ; on y voi t soi t une croix ave c un Rho , l'alpha e t l'oméga pendan t de s bra s d e l a croix , soi t u n pasteu r ave c un e houlette . Outr e le s claveaux d e terre-cuite , i l y a à l'extérieu r de s petite s église s o u à l'intérieu r de s carreaux-métopes qu i devaient être séparés par des modulons de terre-cuite cannelés. Ces carreau x représenten t Ada m e t Eve , thème qu e l'o n trouve , toujour s à la même époque, su r de s carreau x d e terre-cuit e d'Afriqu e d u Nord . A Nantes , une séri e d e carreaux sortan t d'u n mêm e moul e représent e l e chrisme . De s carreau x présentan t plusieurs variété s d e chrisme s s e trouven t à Anger s (dépô t d u musé e Saint-Jean ) (fig. 13). A Nantes e t à Angers des carreaux figurent u n chapiteau végétal bulbeux. A Nantes encor e des frises représenten t de s chasses ou des monstres marins que l'on a d'abord crue s antiques 64.

    59 Claude LORREN , dans : La Neustrie, p . 358 et 360. 60 Daniel PITON , Chronologi e d u cimetièr e d e Nouvion-en-Ponthieu , dans : Associatio n français e

    d'archéologie mérovingienne , Bull , d e liaison (1982) n°6, p. 21. 61 La Neustrie 1985, p. 210, 214-217. 62 Lucien MUSSET , Notes sur l'ancienne abbaye de Deux-Jumeaux, dans: Bull, de la Société nationale des

    Antiquaires d e Normandie , 53 (1955-1956 ) p. 405-422. ID. , Les sculpture s préromane s d e Deux -Jumeaux, ibid.56, (1961-1962) , p.511-525. La Neustrie 1985, n°74, p. 220.

    63 Lucien MUSSET, L'église d'Evrecy (Calvados) et ses sculptures préromanes, dans: Bull, de la Soc . nat . de s Antiquaires d e Normandie 53 (1955-1956 ) p. 116-168.

    64 Dominique COSTA , Nantes, art mérovingien. Musée Th. Dobrée , Paris 1964, nw 205-206; Jean HUBERT, dans: L'Europe de s invasions, Pari s 1967, p.37.

  • 242 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 13 Angers (Maine-et-Loire) , Musé e Saint-Jean , carrea u d e terre-cuit e orn é d'u n chrism e

    Fig. 14 Guiry-en-Vexin, Musé e départementa l d u Va l d'Oise , fris e d e terre-cuit e provenan t d e Longjumeau (Essonne )

  • La sculpture e n Neustri e 243

    Fig. 15 Angers (Maine-et-Loire) , Musée Saint-Jean , sainte-face -antéfixe provenan t d e Saint-Mathurin (Maine-et-Loire )

    On retrouv e de s modulons d e terre-cuite dan s toute l a vallée de l a Loire jusqu'a u IXe siècle et au-delà , en particulier à Saint-Martin d e Tours, à Orléans, à Germigny-des-Prés, à Saint-Benoît-sur-Loire65; i l y a aussi des frises d e terre-cuite décorée s d e postes, d e rinceau x e t d'ove s à Saint-Marcel , à Saint-Germain-des-Prés , à Saint -Etienne des Grè s e t dans l a Cité66. Jacques Sira t a retrouvé à Longjumeau (Essonne ) un fragment d e frise qu i a utilisé, inversé, le moule d'une frise de Saint-Germain-des-Prés; plus complet , i l s'achève pa r un e croi x grecqu e (fig . 14)67.

    Les saintes f aces-an téfixes qu e l'on trouv e dans toute la France68 son t nombreuse s à Paris . I l y e n avai t si x dan s l e gran d cimetièr e Saint-Marcel 69, deu x dan s celu i d e Saint-Pierre d e Montmartr e o ù Patric k Péri n e n a retrouv é un e sorti e d u mêm e

    65 Recueil Pari s 1978, nos 198-199 et n°294 ; Carnavale t 1985, nos58-60. 66 Recueil Pari s 1978, nos 12-14, 23-23 bis, 197-199, 342; Carnavalet 1985, n°6, 7a , b , c , 61, 142, 143. 67 Recueil Va l d'Ois e e t Yveline s 1984, n°73. 68 Jean HUBERT , Voies de circulation à l'intérieur d e la Gaule mérovingienne, dans: Actes du VP congrè s

    d'études byzantines , t. II, Paris 1948, p. 188-190 (Mélanges Jean Hubert, 1977, p. 322). Cette carte peut être maintenan t bie n complétée .

    69 Recueil Pari s 1978, n°s200-202; Carnavalet 1985, nos62-67, p. 203-204.

  • 244 May Vieillard-Troïekourof f

    moule que celle retrouvée 20 rue de Vaugirard70. Il n'y avait pas là de sanctuaire mais seulement des monuments funéraire s l e long des voies romaines, de même au 8 bis rue Amyot71. On en a trouvé au moins deux à Saint-Denis72. Jean Chapelot a trouvé à Saran , prè s d'Orléans , de s four s carolingien s dan s lesquel s i l y avai t un e saint e face73. Cinq étaient déjà au musée historique d'Orléans, une au musée de Château-dun. Plusieur s on t ét é trouvée s dan s de s tombe s comm e cell e d e Saint-Mathuri n (Maine-et-Loire) (fig . 15)74 e t cell e d e Lorge s (Loir-et-Cher) 75. U n d e ce s petit s monuments trouv é près de la cathédrale de Sées (Orne), est conservé au musée du Louvre76.

    Cet ar t folklorique s e poursuit à l'époque carolingienne , engendrant alor s diver s monstres, ains i au musée d'Angers, ceu x aux extraordinaires queue s de serpents; à côté se trouve le dragon de la brique de Melay, voisin d'Angers (fig. 16). La brique de Rochepinard (Tours , musé e Gouin ) représenterai t Danie l entr e d'étrange s lions . La sirène-poisso n e t d'autre s monstre s marin s apparaissaien t su r le s brique s d e Pellevoisin (Indre ) aujourd'hui perdues 77.

    Les chapiteau x d e marbr e on t ét é importé s e n Neustri e o ù i l n' y avai t pa s d e carrières d e marbre ; il s proviennen t probablemen t de s carrière s d e marbr e de s Pyrénées, e n particulier d e celle s de Saint-Béat, libérée s de l'occupation de s Wisi -goths par les armées de Clovis et de ses fils; des analyses de marbre le confirmeraient.

    Nous avons répertorié plus de soixante-dix chapiteaux de marbre mérovingiens en Neustrie. Trente se trouvent ou s e trouvaient à Paris et Saint-Denis, soit près de la moitié78. Quan d nou s retrouvon s u n o u deux , si x chapiteau x o u plu s dan s u n

    70 Recueil Pari s 1978, nos 295-296; Supplément a u Recueil de Pari s 1982, p. 197, n°9; Carnavale t 1985, couverture e t n°403 , p. 432-433 et p. 683-685.

    71 Recueil Paris 1978, n°296; Carnavalet 1985, couverture e t n°406 , p. 434-435. 72 Saint-Denis, musée municipal. L'église des Trois-Patrons à Saint-Denys en France, 1906, p. 1 et 24. Jules

    FÖRMIGE, L'abbaye royal e d e Saint-Denis , Pari s 1960, p. 6, fig. 5. Michel Fleur y a trouvé dans se s fouilles un e antéfix e entièr e qu'i l n' a pas publiée.

    73 Jean CHAPELOT, L'atelie r céramique de Saran, dans: Bull, archéologique et historique de l'Orléanais 6 (1970) p. 49-72.

    74 Godard FAULTRIER, Bas-relief gallo-romain en terre-cuite trouvé dans la commune de Saint-Mathurin près d'Angers, dans : Bull, du Comit é historiqu e e t archéologique, 4 (1853) p. 41-43.

    75 Jean CHAPELOT , voi r note 73,p.64 . ID., dans: Revue archéologiqu e d u Centr e 10 (1971) p. 9-13. 76 Recueil Pari s 1978, n°334. 77 Jean HUBERT, dans: Préface du catalogue de musée Th. Dobrée, 1964. May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF ,

    Sirènes-poissons carolingiennes , dans: Cahiers archéologique s 13 (1969) p. 74, fig. 11 et 12 et p . 77. 78 Cinq chapiteaux ou fragments de chapiteaux proviennent du parvis Notre-Dame, donc vraisemblable-

    ment de la cathédrale reconstruite par Childebert au milieu du VIe siècle: le grand chapiteau retrouvé en 1847 est le plus antiquisant quoique nous n'en connaissions pas de semblable; il est déposé au musée de Cluny (Recueil Paris 1978, n°298; Carnavalet 1985, p. 626, fig. 68); un petit chapiteau a été retrouvé en 1966 (Recueil Paris 1978, n° 339; Carnavalet 1985, p. 264). Un chapiteau du musée Carnavalet, disparu, est connu seulement par une photographie (Recuei l Pari s 1978, n°397; Carnavalet 1985, p. 447). Une feuille d'acanth e e n marbr e (Recuei l Pari s 1978, n° l l ; Carnavale t 1985, n°5). Un e autr e feuill e (Carnavalet 1985, n° 5bis). Un chapiteau qui proviendrait de Saint-Pierre-aux-Bœufs (Recuei l Paris 1978, n°297; Carnavalet 1985 n°420). U y a au Musée du Louvre un chapiteau des Saints-Apôtres, plus tard Sainte-Geneviève (Recuei l Paris 1978, n°318; Carnavalet 1985, p. 622, fig. 66) et un chapiteau de Saint-Germain-des-Prés au Musée du Louvre (Recueil Paris 1978, n°319; Carnavalet 1985, p. 622, fig. 66). Il porte une petite croix comme un chapiteau de la cathédrale de Nantes (fig . 19); au musée Carnavale t (Recueil Paris 1978, n°21 et 22; Carnavalet 1985, n° 139 et 140). Un chapiteau de marbre est signalé par

  • La sculptur e e n Neustri e 245

    Fig. 16 Angers (Maine-et-Loire) , Musée Saint-Jean, métope de terre-cuite provenant de Melay (Maine-et -Loire)

    sanctuaire, nou s pouvon s suppose r qu'i l y e n avai t l à tout e un e série , v u l a destruction total e de s église s mérovingienne s d e l a capitale . Cin q chapiteau x d e marbre on t ét é remployé s à Saint-Pierre d e Montmartr e dan s l'églis e d u milie u d u XIIe siècl e qu e Denis e Fossar d présent e ainsi : »Ce s chapiteau x qu i rappellen t tou s plus o u moin s le s type s antique s corinthie n o u composite , mai s interprété s trè s librement, on t ét é considéré s comm e mérovingien s dè s le s première s étude s d e Guilhermy e t Lenoir . Ce s auteurs , suivan t les critères de leur temps, ont ét é surtou t frappés pa r l'altératio n de s proportion s antiques , l a dégénérescenc e de s formes , l'exécution »barbare « de s détails ; nou s l e somme s davantag e pa r l a variét é de s modèles, leu r fantaisi e ornementale , l'ingéniosit é de s sculpteur s pou r évite r l a répétition monoton e e t trouve r de s solution s nouvelles « (fig . 17) .

    Trois chapiteau x son t remployé s dan s l a crypt e d e Saint-Deni s d e Suge r (trè s retaillés a u XIXe siècle) ; hui t autre s chapiteau x provenan t d e Saint-Deni s mai s peut-être d'une églis e Saint-Pierre, où en a signalé l'abbé Lebeuf81, sont conservés au musée d e Cluny .

    Alexandre Lenoi r dan s l a crypte roman e d e Saint-Marcel ; cf . Ma y VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , dans : Les anciennes églises suburbaines d e Paris . . . (1960) , p. 133 et n. 6. Deux chapiteaux de marbre acquis par l e Musé e d u Louvr e e n 1977 proviennent vraisemblablemen t d e l a collection »Pan s historique « (Supplément a u Recuei l Pari s 1982, n° 13 et 14).

    79 Recueil Pari s 1978, p. 4 et suiv. Cette opinion nous convainc bien davantage que celle de 1 atnck 1 ERIN (Carnavalet 1985, p. 637-639: »Ces chapiteaux sont du VI' siècle à moins qu'ils n'aient de,a ete, comme les colonnes, de s remploi s prélevé s dans u n templ e antique « voi r auss i p . 58-59).

    80 Recueil Pari s 1978, n°310-317; Ma y VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Le s chapiteaux d e marbr e d u Hau t Moyen Ag e à Saint-Denis, da.is : Gesta 15 (1977) p. 105-112.

    81 Abbé Jean LEBEUF , Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, rééd. Adrien AUGIER, Pans 1883,1.1, p. 523.

  • 246 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 17 Paris, Saint-Pierre de Montmartre, côté nord du chœur, chapiteau mérovingien remployé au milieu du XIIe siècl e

    On trouv e nombr e d e ce s chapiteau x dan s de s endroit s o ù i l n' y a e u aucu n monument antique , ains i à Selles-sur-Che r (Loir-et-Cher ) o ù Grégoir e d e Tour s rapporte qu e l'ermit e Eusic e ayan t refus é le s cinquant e sou s d'o r qu e l e ro i Childebert (f558 ) lu i avait offerts, celui-c i fai t vœu , s'i l revien t victorieu x comm e l e lui avai t annonc é Eusice , d'édifie r e n c e lie u un e basiliqu e o ù reposeraien t le s membres d u vieillard , c e qu'i l accompli t pa r la suite 82. Quatr e chapiteau x son t remployés à l a façad e e t deu x à l'entré e d u choeur . Ce s chapiteau x son t petit s e t décorés ave c une libert é qu e n e connaissen t pa s le s chapiteau x antiques .

    Dans l a crypt e d e Saint-Pau l d e Jouarr e (Seine-et-Marne) , si x d e ce s petit s chapiteaux, spécialemen t raffinés , son t tou s différent s e t i l es t éviden t qu e cett e variété a ét é recherché e d e mêm e qu e cell e de s marbre s de s colonne s qu i le s supportent, colonne s qu i doiven t êtr e contemporaines . I l y a auss i à Jouarre deu x chapiteaux d e marbr e contemporain s décoré s d'acanthe s dan s l a crypt e roman e voisine d e Saint-Ebrégésile 83. Nou s rapprocheron s l e chapiteau à anses particulière -ment célèbr e de celu i également à anses mais plus classiqu e remploy é dan s l a crypt e 82 Grégoire de Tours, Liber in gloria confessorum 81, dans: MGH Script , rer. merov. 12, p. 349-350, Jean

    HUBERT, dans : L'Europ e de s invasions , Pari s 1967, p. 29-31, May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Le s monuments religieu x d e l a Gaul e d'aprè s le s œuvre s d e Grégoir e d e Tours , Pari s 1976, p. 286-287, fig. 54-57.

    83 D. FOSSARD, Le s chapiteau x d e marbr e d u VIIe siècl e e n Gaule , styl e e t évolution , dans : Cahier s Archéologiques 2 (1947) p. 69-85. Jean HUBERT , L'ar t préroman , Paris 1938, pi. V et XXXI. ID., dans: L'Europe de s invasions, Paris 1967, p. 66-70. Marquise de MAILLÉ , Les cryptes de Jouarre, Paris 1971, p. 136-137 et 145-150. La Neustri e 1985, n°56a, b , c , d, e , f .

  • La sculpture en Neustrie 247

    Fig. 18 Chanres (Eure-et-Loir), Saint-Manin au Val, hospice Saint-Brice, chapiteau mérovingien de marbre remployé dans la crypte romane

  • 248 May Vieillard-Troïekourof f

    romane de Saint-Brice de Chartres (fig . 18); un autre es t remployé dans le clocher d e Saint-Lubin d e Suèvres 84; un autr e près de s Pyrénées , à Saint-Sever (Landes) .

    Nous citeron s seulement avec le nom de la commune e t du départemen t le s autre s chapiteaux d e marbr e d e l a Neustrie . Dan s l'Aisne , Guilherm y di t avoi r rencontr é dans les rues de Soissons »quelques fragments d e chapiteaux de marbre provenant d e Saint-Médard, d u mêm e genr e que ceux de Saint-Pierre d e Montmartre e t d e Saint -Germain-des-Prés« (fig . 19)85. En Eure-et-Loir, dans la crypte romane de Saint-Brice de Chartre s deu x chapiteau x son t remployé s alor s que l e troisième ser t de bénitier . Au musé e d e Châteaudun , i l y a deu x chapiteau x d e marbr e mérovingien s qu i proviennent d'u n oratoir e érig é dan s l'antiqu e villa d e Mienne 86; u n troisièm e chapiteau es t conservé chez un particulier . E n Indre-et-Loire , u n gran d chapitea u e t deux petits , d u Saint-Marti n d e Tour s d e 470, sont conservé s a u musé e martinie n transféré maintenan t prè s de la cathédrale87. Charles Lelon g a trouvé un morceau d e chapiteau d e marbr e dan s se s fouille s d e Marmoutier . Dan s l a Loire-Atlantique , l e musée Th . Dobrée d e Nante s conserv e si x chapiteau x provenan t d e l a cathédrale e t un autre provenant de Saint-Donatien88. L'églis e Saint-Philibert de Grandlieu possé -dait troi s chapiteau x d e marbre 89; deu x avaien t dispar u e n 1961.

    Dans l e Maine-et-Loire , a u musé e d'Angers , son t conservé s troi s chapiteau x d e l'église Saint-Julien , devenu e Saint-Lézin : malgr é leur s quatr e feuille s d'acanth e placées directemen t sou s le s volute s d'angle , il s son t bie n différent s le s un s de s autres90. U n autr e chapitea u d e marbr e provien t d e l a vieill e églis e Saint-Pierr e d'Angers: deux rangées d e feuilles d'acanth e son t gravée s su r l a corbeille surmonté e d'une bell e tresse (fig . 20). Dans l a Seine-Maritime, le long de la Seine, à Duclair, u n chapiteau, un fragment d e corbeille et une colonne de marbre sont remployés dans la travée sou s l e clocher 91.

    Provenant auss i de s carrière s d'Aquitaine , i l y a e n Neustri e un e cuv e e t u n couvercle de sarcophage aujourd'hui réuni s au musée du Louvre. La cuve provient d e Notre-Dame d e Soissons ; ell e es t décoré e de s quatr e côtés , ca s uniqu e qu i corres -pondrait à une command e particulière , peut-êtr e pou r l a sépulture d e saint Drausi n (f680). O n y trouv e l a plupar t de s motif s d u répertoir e décorati f de s sarcophage s d'Aquitaine, troi s chrismes , de s rinceau x d e vign e particulièremen t délicats , de s strigilles. Sur un moulage d e cette cuv e est posé a u musée de Soissons la reconstitu -

    84 Abbé Gabrie l PLAT , L'ar t d e bâti r e n Franc e de s Romains à Tan 1100, Paris 1939, pl.XIIIg. 85 Ferdinand d e GUILHERMY , Montmartre . Mémoire , dans: Le Vieux Montmartre (1906), p. 102 (repro-

    duction d e so n mémoir e présent é à l'Académie de s inscription s e n 1843). 86 Michèle BLANCHARD-LEMÉE , L a vill a à mosaïques d e Mienne (Eure-et-Loir) , dans : Gallia 39 (1981) ,

    p. 79, fig. 12; La Neustri e 1985, p. 194, n°53a e t b . 87 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF, Le s sculptures et objets préromans retrouvés dans les fouilles de 1860

    et d e 1886 à Saint-Marti n d e Tours , dans : Cahiers archéologique s 13, 1963 , p. 101, fig. 11-13. Deux fragments d e colonnettes sculptées de fleurs e t d'oiseaux concorden t comme dimensions avec les petits chapiteaux, ibid., fig. 15 et 16, voir auss i la Neustri e 1985, n°51a e t b , p . 192. Un peti t chapitea u d u Musée Goui n provien t d e Saint-Julien d e Tours , ibid. fig. 14.

    88 Dominique COSTA , Nantes , An mérovingien . Musé e Th . Dobrée , Pari s 1964, n05180-185 et 200. 89 Robert d e LASTEYRIE , L'églis e Saint-Philiber t d e Grandlieu , dans : Mémoire s d e l'Académi e de s

    inscriptions 28 (2) (1909 ) fig. 9, 10 , 11. 90 La Neustri e 1985, n°54a e t b . 91 La Neustri e 1985, n°70, p.214 .

  • La sculpture e n Neustri e 249

    Fig. 19 Paris, Musé e d u Louvre , chapitea u d e marbr e provenan t d e Saint-Germain-des-Pré s

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  • 250 May Vieillard-Troïekourof f

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    Fig. 20 Angers (Maine-et-Loire) , Musé e Saint-Jean , chapitea u d e marbr e provenan t d e l'ancienn e églis e épiscopale Saint-Pierr e

  • La sculpture en Neustri e 251

    tion d'u n couvercl e à quatre pentes décoré d'écaillés , incluant des fragments authen -tiques92. U n couvercl e d e sarcophag e d'Aquitain e a ét é retrouv é e n 1799 dans l e chœur d e Saint-Germain-des-Prés ; i l est en partie recouver t d'écaillé s d e poisson; i l comporte su r u n de s long s côté s u n pannea u ave c a u centr e u n vas e d'o ù sor t u n candélabre à deux étage s d e palmettes e t u n doubl e ce p d e vigne 93.

    Vacquer a trouvé dans les fouilles d e Saint-Germain-des-Prés un e petite plaque d e marbre finement gravé e d'un bandea u pointill é en arc de cercle sur lequel se greffen t deux lobes . I l pourrai t s'agi r d'un e plaqu e d e chance l mérovingienne 94. U n certai n nombre d e colonne s d e marbr e proviennen t à Pari s d e Notre-Dam e e t d e Saint -Germain-des-Prés, à Nantes, d e l a cathédrale , à Duclair, d e la première église , ains i que celle s d e Selles-sur-Cher ; celle s de Jouarre son t e n place .

    Faut-il rappele r deu x sarcophage s d e marbre d'Arles , d u IVe siècle? A Soissons l e sarcophage di t d e sain t Vou é s e trouvai t dan s l'église Notre-Dame , i l a disparu à la Révolution. Celu i d e Saint-Pia t (Eure-et-Loir ) subsist e ave c se s sep t arcade s qu i abritent le s douz e apôtre s e n ronde-boss e e t a u centre , la croi x entouré e d'un e couronne. C e sarcophag e a été remploy é lorsque , à la fin d u IXe siècle , pendant le s invasions normandes , o n apport a d e Secli n a u diocès e d e Tournai , le s relique s d e saint Piat 95.

    L'art carolingie n e n Neustri e es t moin s rich e qu e l'ar t mérovingie n ca r le s empereurs n'y résiden t guère et du temps de Charles le Chauve et après, les invasions normandes ravagen t tou t l e pays.

    Les récente s fouille s d e l a basilique d e Saint-Deni s on t restitu é le s fondations d e l'église consacré e e n 775 par Charlemagn e e t le s base s sculptée s de s colonne s d e la nef. O n avai t trouvé en 1881 une de ces bases96: au socle décoré de grandes palmettes annonçant celle s d e Germigny-des-Prés . Sumne r McKnigh t a retrouvé e n 1946 les quatre bases des deux travées occidentales. Elles ont toutes 1,20 m de côté et s'élèven t à 0,60 m au-dessus du pavement initial . Une de ces bases est ornée de fleurons à trois lobes sur la partie biseautée et sur le dessus, de quatre palmettes stylisées occupant les triangles qu i entouraien t l e fût d e l a colonne d e marbre. Une autr e bas e es t décoré e d'animaux: deu x quadrupède s séparé s pa r un e sorte d'arbre stylis é e t deux paons 97. Dans le s fondations d e cette églis e de 775, Jules Förmige a retrouvé de s éléments d e pilastres et de plaques de chancel très particuliers98. Des rubans s'entrelacen t su r l'u n des pilastres mais sans former encore , un entrelacs unique alors que sur les côtés d'u n autre pilastre s'allongent de s tresses. La plaque de chancel, reconstituée pa r Förmige est décorée de ces feuilles triangulaire s rainurée s déjà vues à Deux-Jumeaux, organi -sées en losange s pa r panneau x d e quatre .

    92 Recueil Pari s 1978, n°335, p i CIV-CV L 93 Recueil Pari s 1978, n°320; Carnavalet 1985, p.623, fig. 7. 94 Recueil Paris 1978, n° 195 (attribué par erreur à Saint-Marcel alors qu'il provient de Saint-Germain-des-

    Prés); Carnavalet 1985, n°141. 95 Edmond L E BLANT , Le s sarcophages chrétien s d e la Gaule, Pari s 1886, n° l l , p. 8-9 et pi.II, fig.4. 96 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF, L'architectur e en France du temps de Charlemagne, dans: Karolingi-

    sche Kunst, Düsseldor f 1965 , p. 346^347. - La Neustrie 1985, p. 192, n°50. 97 Sumner Me CROSBY, L'abbay e royal e de Saint-Denis , Pari s 1953, p. 17. 98 Jules FÖRMIGE, L'abbaye royale de Saint-Denis, recherches nouvelles, Paris 1960, p. 54-55, fig. 43-44. -

    Neustrie 1985, p. 199^200. S. MCCROSBY, Th e royal abbey of Saint-Deni s from it s beginnings to the death o f Suger , 475-1151, Yale University , p . 39-41, fig. 13-16.

  • 252 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 21 Angers (Maine-et-Loire) , Saint-Martin , plaqu e d e chance l carolingienn e

  • La sculpture en Neustri e 253

    Les plaques et pilastres de chancel, si nombreux dans le monde carolingien, sont rares en Neustrie. On en trouve des éléments sur la frontière de la Neustrie, la vallée de la Loire. Parmi celles de Saint-Martin d'Angers, un beau fragment avec des hélices entrelacées rappell e le s plaques d e chancel italiennes (fig. 21)". Deux fragments d e marbre avec des hélices pourraient avoir appartenu à un chancel du chœur du Saint-Martin de Tours d'Alcuin (f804) ; une plaque avec des entrelacs à trois brins tressés, un fragment de »fenestella* à entrelacs, une plaque plus tardive ornée d'un entrelacs à un brin proviennent auss i des fouilles d e Saint-Martin de Tours 10°. U n morceau de plaque d e chance l a ét é remploy é dan s l'églis e d e Monnai e (Indre-et-Loire) ; des éléments d'entrelac s son t remployé s dan s l'églis e d e Rochecorbon ; u n curieu x pilastre d e chance l s e trouve dan s l'églis e d'Azé-en-Vendômois 101. Le s nombreu x pilastres décorés d'entrelacs à trois brins de Cravant et de Saint-Louand, ne sont pas antérieurs au XIe siècle de même que les plaques de chancel trouvées en 1961 dans les fouilles de s Saint-Benoît-sur-Loire , aujourd'hu i remployée s dan s le s autel s de s chapelles du chœur 102.

    C'est su r l a Loir e qu e fleuri t l a renaissanc e d u temp s d e Charlemagne . Alcui n dirige Saint-Martin de Tours, Théodulphe, l'autre grand conseiller de Charlemagne, est évêque d'Orléans, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire en 799. Il construit alors la villa épiscopale d e Germigny-des-Pré s don t subsist e l'oratoir e malgr é le s restauration s abusives a u XIXe siècl e de l'architecte Lisch qui remplaça la plus grande partie du décor sculpt é e n pierr e e t celu i e n stu c pa r de s copies industrielles . Plusieur s des éléments authentiques sont heureusement conservés au musée historique d'Orléans; ils permettent de concevoir la grande variété du décor initial. Les chapiteaux ne sont plus e n marbr e (le s carrière s pyrénéenne s son t occupée s pa r le s Arabes) mai s en pierre et quelquefois en stuc. Le grand chapiteau en pierre, haut de 0,35 m, encor e en place à droit e d e l'absid e d e Germign y dériv e d u chapitea u composit e ave c un e corbeille délimité e pa r un e tress e entouré e d e quatr e feuille s d'angle ; le s volute s jaillissent de la corbeille de part et d'autre du dé cannelé qui descend jusqu'à la tresse (fig. 22). Un chapitea u d u Saint-Aigna n d'Orléan s d u XIe siècl e s'e n inspirera . L'autre grand chapiteau du musée d'Orléans qui devait lui faire pendant est de même composé d'une corbeille de quatre grandes feuilles d'angle et de volutes qui partent du dé cannelé reposant sur la corbeille (fig. 23); on a souvent noté deux trous à la base des feuille s o ù devaien t êtr e insérée s de s verroterie s comm e dan s le s stuc s de s arcatures104. De ce s chapiteaux on peut rapproche r l e chapiteau d e pierre, haut de 99 La Neustrie 1985, p. 200-201.

    100 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF, Sculptures et objets préromans retrouvés dans les fouilles de 1860 et de 1886 à Saint-Martin de Tours, dans: Cahiers Archéologiques 13 (1962) p. 306-307. Depuis, Charles Le-long a trouvé dans les fouilles de Saint-Martin un secon d morceau de marbre décoré d'hélices dont il nous a donné la photographie, Ch . LELONG, L a basilique de Saint-Martin de Tours, Chambray, 1986, pi. III.

    101 La Neustrie 1985, p. 201. 102 Contrairement à Dom BERLAND, Eléments de chancel et vestiges d'un Christ en majesté découverts à

    Saint-Benoît-sur-Loire, dans Bull d e la Société nationale des Antiquaires de France, 1962, p. 116-118, suivi pa r Elian e VERGNOLLE , Inventair e d u dépô t lapidair e d e Saint-Benoî t su r Loire , dans : Bull , archéologique du Comité des Travaux historiques et scientifiques 17-18(1984) p. 52-53 ; Jean HUBERT, Un beau chancel provenant de l'abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire, dans Bull, de la Société nationale des Antiquaires d e France , 1962, p. 118-121, le pense plus tardif.

    104 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Germigny-des-Prés . L'oratoir e privé de l'abbé Théodulphe, dans: Dossiers d e l'archéologie (sept . oct . 1978) p. 46-49.

  • 254 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 22 Germigny-des-Prés (Loiret), chapiteau de pierre carolingien à l'entrée de l'abside orientale, côté sud

    0,35 m trouv é e n 1955 à Saint-Pau l d'Orléans 105. Le s petit s chapiteaux , haut s d e 0,15 m qui décorent l'arcatur e aveugl e de l'abside oriental e de Germigny on t tous ét é refaits sau f le s deux paires qu i su r des colonnette s u n peu plus élevées , sont décoré s d'une collerett e bass e de feuilles ronde s d'où s e dressent des feuillages plu s hauts qu i montent d'u n je t pour souteni r les angles des chapiteaux. Le s différences d e dessin e t l'asymétrie de s feuillage s prouven t l'authenticit é d e ce s petit s chapiteaux 106. Le s piliers d u carr é centra l son t couronné s d'imposte s e n pierre , e n parti e refaites . L'original d e l'un e d'elles , décoré e d e boucle s d'entrelac s au-dessu s d e denticule s cannelés, est conservée au musée d'Orléans (fig . 24) ainsi que des petits chapiteaux d e pierre.

    Il y a là aussi beaucoup d e fragments d e stuc. Ce déco r d e »flores gypsei « comm e les appelle un chroniqueur de 900, c'étaient les fleurs épanouies , sculptées en relief d u 105 La Neustri e 1985, n°55, p. 197. 106 La Neustrie 1985, n°57, p. 195. Deux beau x chapiteau x provenant d e Saint-Médard d e Soissons son t

    exposés au musée de Soissons, dans la chapelle. A notre connaissance, ils n'ont pa s encore été publiés.

  • La sculptur e e n Neustri e 255

    Fig. 23 Orléans (Loiret) , Musé e historique , chapitea u d e pierr e orn é jadi s d e verroteries, provenant d e l'oratoir e d e Germigny-des-Pré s

    temple d e Salomo n qu e Théodulph e avai t cherch é à reproduir e dan s l e chœu r d e Germigny. Elle s devaien t êtr e peinte s e t s'accorde r ave c le s mosaïques . Ce s fleur s dont la form e e t l e nombr e de s pétale s varient , son t étroitemen t nouée s dan s u n entrelacs à troi s brin s (fig . 25), comme o n e n trouv e ver s 800 dans tou t l'empir e carolingien. O n ignor e l'emplacemen t de s deux bouquet s d'acanth e rappelan t celle s d'une de s bases de Saint-Denis, l'emplacement d u rinceau aux feuillages animé s d'u n beau mouvement giratoire , l'emplacement d'u n chapitea u de pilastre orné de grandes feuilles au x deux angles 107.

    On a retrouvé e n 1958-1959 à Saint-Benoît-sur-Loire de s fragment s d e stu c ave c polychromie, carolingiens ; il s proviennen t san s dout e d'un e »fenestella« 108.

    Le cénotaphe d'Agilbert , à Jouarre, étai t avons-nous vu en stuc et vraisemblable-

    107 May VIEILLARD-TROÏEKOUROFF , Table s de canons e t stucs carolingiens, dans: Stucchi e mosaïci alt o medioevali, Mila n 1962, p. 167.

    108 Eliane VERGNOLLE , voi r note 102, p. 54, n°9, fig. 18. On peu t aussi mentionner le s neuf modulon s d e terre cuite , ibid. n° 10, fig. 19, p. 55, carolingiens.

  • 256 May Vieillard-Troïekourof f

    Fig. 24 Orléans (Loiret) , Musé e historique , impost e d'u n de s quatr e pilier s centrau x d e l'oratoir e d e Germigny-des-Prés

    Fig. 25 Orléans (Loiret) , Musé e historique , déco r d e stu c d e l'absid e oriental e d e l'oratoire d e Germigny-des-Pré s

  • La sculpture en Neustri e 257

    ment carolingien. O. Meyer et M. Wyss ont trouvé dans les fouilles de 1983-1985, au nord d e l'abbatial e d e Saint-Deni s e t à l'es t d e l'églis e de s Trois-Patron s le s fondations d'un e petit e églis e cimetérial e qu e nou s identifierion s volontier s ave c Saint-Michel109. On y a retrouvé de s sarcophages de plâtre mérovingiens dont deux à inscription e t aussi de nombreux fragment s d e stuc, élément d'un déco r de palmettes, torsades, méandres e t zig-zag organisé s e n bordure portan t de s traces d e polychro -mie roug e e t ocr e jaune 110.

    Dans l a grand e églis e du monastèr e d e Saint-Riquie r construit e pa r Angilbert , l e gendre d e Charlemagne , dan s le s dernière s année s d u VIIIe siècle , o n sai t pa r u n règlement d e l'abbaye qu'un e procession s' y déroulai t chaqu e jour e t que les moines faisaient statio n a u pie d d e monument s commémoran t pa r leur s sculpture s e n stu c peintes e t relevées d'or: l a Nativité, la Crucifixion, l a Résurrection e t l'Ascension 111.

    La renaissance carolingienne a remis en honneur des techniques antiques comme le stuc. Ce s technique s multiple s von t disparaîtr e ave c le s invasion s normandes . Le s importations s i nombreuses , avons-nou s vu , dan s l a Neustri e mérovingienn e e t e n particulier à Paris , s a capitale , von t cesser . On n'utiliser a plu s qu e l a pierre dan s l a sculpture. L a sculptur e e n pierr e v a s e développe r a u cour s d u XIe siècl e e t e n particulier la sculpture figurée annoncé e par les sculptures de Jouarre e t par celles de Saint-Riquier.

    La Neustrie a témoigné au cours du Haut Moyen Age de beaucoup d'invention et , malgré toute s le s destructions , nou s a laissé de trè s nombreu x monument s sculpté s qui ont serv i de modèles au x sculpteurs roman s comme e n témoignent, pa r exempl e les chapiteau x d e marbr e d e Saint-Pierr e d e Montmartre , mi s à l'honneu r pa r le s sculpteurs d u ro i Loui s VI le Gro s e t d e la reine Adélaïde .

    109 Jean HUBERT , L'architectur e religieus e d u Haut Moyen Age e n France, Paris 1952, n°76, pi . XXI. 110 La Neustrie 1985, n°66, p . 203-205. 111 In medio ecclesiae S. Passio, in australi parte S. Adscensio, in Aquilonaliparte S. Resurrectio et in portico

    secus januas S. Nativitas mirifico opère ex gipso figttratae et auro, musivo aliisque pretiosis coloribus pulcherrime compositae sunt Chronique d'Hariulf, éd. Ferdinand LOT, 1894, p. 305-306. Jean HUBERT, dans: L'Europe de s invasions , Paris 1967, p. 83.

  • 258 May Vieillard-Troïekourof f

    ZUSAMMENFASSUNG

    Seit Chlodwi g habe n Bischöf e un d Äbt e de r Merowinger - un d Karolingerzei t im Norde n Frankreich s zahlreiche Heiligtüme r errichtet , die , den Quellen nac h z u urteilen , prächtig ausgeschmück t waren . Die s wird auc h durc h archäologisch e Fund e bestätigt , wenngleich si e selten un d bruchstückhaf t sind , da diese Heiligtümer im Lauf e de r Jahrhunderte umgebau t wurden .

    Zu de n Großbaute n Neustrien , übe r dere n Ausstattun g wi r unterrichte t sind , gehöre n di e Kirchen , Klöster un d königlich e Grablege n i n Pari s Sainte-Geneviève, Saint-Germain-des-Prés , Saint-Deni s und Saint-Médard de Soissons .

    Besonders aufschlußreich sin d für die Kenntnis des plastischen Dekors in Neustrien die insbesondere im Pariser Rau m zahlreiche n Gips - un d Steinsarkophage , di e in de n letzte n Jahren systematisc h erfaß t un d untersucht worden sind (G. R. Delahaye). Unter den Grabmonumenten sin d die Sarkophage in der Krypt a von Jouarre vo n einzigartige m kunstgeschichtliche m Wert .

    In Friedhöfen de s Pariser Gebiets und im Nordosten Neustriens wurden zahlreiche, meist recht einfach e Stelen gefunden, di e am Kopfende de r Gräber aufgestell t wurde n un d die mit plastischem Dekor versehe n waren. Di e meist ohne genau bestimmbare n archäologische n Zusammenhan g gefundene n »antéfixes« aus Terrakotta zeige n unte r eine m Kreu z ei n menschliche s Antlit z un d dürfe n im weitere n Sinn e de m Grabschmuck zuzuordne n sein . - Solch e Terrakottaarbeite n werde n noc h bi s i n di e Karolingerzei t ausgeführt; ma n finde t sie , zum Beispiel , auch i n Gestal t unterschiedlichste r Ungeheuer .

    Vom 6 . Jahrhundert a n bi s z u de n Normanneneinfälle n ware n di e Kirche n i n de r Normandie mit Skulpturen ausgeschmückt : Ein e Vielzah l vo n Wölbsteine n un d Friese n au s Terrakott a un d Stei n mi t Blattmotiven au s jene r Zei t sin d un s erhalte n geblieben .

    Für di e übe r 7 0 Marmorkapitelle, di e i n Neustrie n aufgeliste t werde n konnten , wurd e de r Stei n au s Marmorbrüchen de r Pyrenäe n eingeführt . Ei n Marmorsarkophag ka m aus Aquitanien nac h Soissons un d die Deckplatte eine s ähnlichen Sarkophags , die sich heute im Louvre befindet, wurd e in der Kirche Saint-Germain-des-Prés entdeckt.

    Von de r neuen Basilik a von Saint-Denis, die 775 von Kar l dem Grossen eingeweih t wurde, konnten di e abwechslungsreich verzierte n Steinfundament e un d einig e Bruchstücke de r Kanze l freigelegt werden . A n der Loire zeigt sich die karolingische Renaissance von ihrer schönsten Seite, und aus der Zeit als Alkuin Ab t von Saint-Martin in Tours war , bleibe n un s noc h einig e Fragment e mi t Schnörkelmustern , darunte r ei n besonders schönes in Angers. Hier muß auch Theodulf, Bischof von Orléans, dann Abt von Fleury, genannt werden, de r i n Germigny-les-Prés eine groß e Vill a baue n un d ausschmücke n ließ . Trot z häßliche r Restaurierungen verbliebe n noc h Steinkapitell e un d Stuckelement e flores gypsei, di e mi t farbigen Steine n verziert sind . Vo r kurze m wurde n auc h i n eine r Kapell e vo n Saint-Denis Stuckarbeiten entdeckt . Di e Darstellungen von Christ i Geburt , Kreuzigun g und Himmelfahr t au f den Altären der großen Abtei Saint -Riquier ware n au s bemalte m Stuc k mi t Goldverzierungen .

    Ab de m 11.Jahrhunder t dominier t Stein , vo r alle m be i de n Kapitellen , wobe i of t Modell e au s de m Mittelalter zu m Vorbil d genomme n werden .