Les premiers monuments gothiques...

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Document IJlIIIlII Ili lIDI Ill IlI Ili M 0000005628407 (eÀ En 4890, M. Frothingham junior, fus d'un archéo- logue distingué, et lui-même orientaliste éminent, eut l'idée, au retour d'un voyage cri Italie, de publier quelques notes sur les premiers monuments gothiques de ce pays. Il y décrivit successivement les abbayes cisterciennes de Fossanéva, au sud des Marais Pontins, et de San-Nartino près Viterbe (1) M. le comte A. de Bien s'est occupé ici même de ces articles (2). A l'époque où parut le premier, je m'occupais depuis un an déjà d'un mémoire relatif au même Obje t. Ce travail, terminé en avril 1891, a eu l'hon- neur d'être désigné un mois plus tard par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, au choix de la So- (1) A racrican journal cf nrcheo?oqy. Baltimore, in-S-, mars, juin et septembre 1890. Frothinghatr. junior. Introduction. cf goMc ar.:/titecture in Italy b!/ french cistercian ,nonk-s. (2) Bulletin Monumental, t. LVI, p. 295.

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IJlIIIlII Ili lIDI Ill IlI Ili M0000005628407 (eÀ

En 4890, M. Frothingham junior, fus d'un archéo-logue distingué, et lui-même orientaliste éminent, eutl'idée, au retour d'un voyage cri Italie, de publierquelques notes sur les premiers monuments gothiquesde ce pays. Il y décrivit successivement les abbayescisterciennes de Fossanéva, au sud des Marais Pontins,et de San-Nartino près Viterbe (1) M. le comte A. deBien s'est occupé ici même de ces articles (2).

A l'époque où parut le premier, je m'occupaisdepuis un an déjà d'un mémoire relatif au mêmeObjet. Ce travail, terminé en avril 1891, a eu l'hon-neur d'être désigné un mois plus tard par l'Académiedes Inscriptions et Belles-Lettres, au choix de la So-

(1) A racrican journal cf nrcheo?oqy. Baltimore, in-S-, mars,juin et septembre 1890. Frothinghatr. junior. Introduction. cfgoMc ar.:/titecture in Italy b!/ french cistercian ,nonk-s.

(2) Bulletin Monumental, t. LVI, p. 295.

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ciété centrale des Architectes pour sa grande médailleannuelle (1).

Pendant ce temps , ne pensant pas voir rendrecompte de l'oeuvre de M. Frothingham avant l'achève-ment (le la série de monographies qu'il annonçait, jene m'en étais nullement préoccupé. La simple publi-cation de mon mémoire pouvait me dispenser de touterectification ou addition à ces aifticles.

Aujourd'hui qu'unarehéologue aussi compétent queM. le comte de ]lion leur o. fait l'honneur de leurconsacrer un intéressant compte-rendu, l'opinion desérudits n'a plus le droit de s'en désintéresser. M. deDion rue pardonnera donc d'ajouter à sa savante cri-tique les observations que le manque de renseigne-ments sur des monuments peu accessibles et assezinexplorés n'apu lui permettre de formuler.

Il n manqué d'abord à M. Frothingham le loisir de/ s'initier à la connaissance des monuments français et

d'acquérir quelques notions techniques d'architecture,et ensuite celui do bien regarder les édifices dont ils'occupe. Il le reconnaît lui-môme avec la meilleuregrâce du monde en qualifiant don travail de «e.xarnination u. Tout en lui cachant gré de « laisserà quelque autre les monuments du nord et du sudde l'italie, je ne doute donc pas qu'il me pardonnede né pas me contenter de la part qu'il m'a faite. Je

(-t) Décernée k 20 juin 1891. Voir rapports de M. Loviot k laséance solennelle du Congrès des Architectes français, mômedate ; de M. Perrot à l'Académie des Inscriptions le 15 mai, etde M. Gaston ]3oissier à la même Académie le 23 octobre[Travaux des écoles de Borne et d'Athènes). Le mémoire estintitulé: Origines bourguignonnes de L'architecture gothiqueen Italie.

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m'en étais adjugé une plus vaste longtemps avant ré-.ception de son avis.

Les ouvrages très insuffisants qui traitent du moyenâge en Italie donnent comme prototype du style go-thique dans cc pays, soit les églises de Saint-Frangoisà Assise (1236) et à Bologne (1236-1240), soit Saint-André-de-Verceil (1219-1225). Si l'on entend pargothique un monument construit avec tous les per-fectionnements que comporte ce style pleinement dé-veloppé, les manuels ont raison et devraient ajouterque les édifices cités sent presque les seuls gothiquesde l'Italie.

C'est cependant avec justesse que M. Frotbinghamconstate que le caractère gothique et français del'église de Fossanova (consacré en 1208) est de touteévidence.

Mais cette constatation ne saurait suffire k un ar-chéologue le style gothique se divise en écoles trèsdiverses; il eût fallu d'abord reconnaitre le caractèrede l'ai-t importé par les moines de Liteaux, et voir en-suite quelles modifications l'Italie lui a fait subir pourse l'assimiler. L'auteur signale bien en France quel-ques peints de comparaison Notre-Dame de Paris,Mantes, N.-D. de Laon, Senlis, Mouzon, Souvigny,Saint-Étienne de Caen, Senanque, Thoronet et Silva-catie. Ce choix n'est vraiment pas heureux.

L'architecture de Fossanova appartient, en effet, sanspartagea la Bourgogne, berceau de l'ordre de Citeaux.

Tout archéologue le reconnaîtra à première vue etmême de loin, à la corniche portée sur modillonséchancrés qui suit les rampants des pignons. - L'inté-rieur, avec ses piliers cruciformes cantonnés de ce-lu tines, ses arcades aiguës saris moulures, ses larges

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doubleaux, sa voûte d'arêtes et ses cordons en doucinecontournant les Pi l astres et colonnes, ressemble à ceux

de Pontaubert et de St-Lazare-d'Àvallon. Les chapi-teaux sont ceux de Pontigny et. du choeur de Vézelay.L'extérieur (saufà l'ouest)est identique, pour l'ensembleet les détails, à ceux des églises de Montréal et deSt-Symphorien de Nuits-sous-Beaune, monuments ap-partenant tous au département de l'Yonne et bienconnus des archéologues. Quant à la tour centraleoctogone, c'est, comme celle de Semur-en-Auxois, une -arrière-petite-fille des tours romanes de Cluny etenvirons (1).

L'emploi simultané des voûtes d'arêtes et des voûtesd'ogives témoigne, selon l'auteur, d'une refaçon dansl'église, et la voûte d'arêtes du cloître serait un traitde « simplicité cistercienne ». Ce cloître, fourmillantde sculptures fantasques et variées, est bien pourtantl'opposé d'un monument simple. La vérité est quel'emploi simultané des voûtes d'arêtes et d'ogivesjusqu'en pleine période gothique caractérise l'école de

(-I) Voir, Sur ces monumenisjean Virey, L'architccturromane dans l'ancien diocèse de Mâcon. Paris, Picard, 1892,in-8°.

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Bourgogne Dans la tribune de Vézelay, ]es églises dePontigny, Montréal, St-Symphorien de Nuits, le porchede (1luny, l'ogive n'est employée que pour consoliderles voûtes les pins larges, de xnème qu'à Fossanova

CHEVET DE SAINT-SYMPHOBIEN DE NUITS.

(Une chapelle du XVIe siècle n'est pas figurée ici.)

celle du carré du transept en est seule pourvue. Leprofil des ogives y est le même que dans le.chceur dePontigny.

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Je ne m'arrêterai pas davantage à démontrer ici quetoutes lesparlieularit.és de l'architecture des Cisterciens

CHEVET DE FOSS,\NOVA.

sont empruntées à l'art bourguignon([), et que -les

(1) J'ai pour moi, sur ce point, l'autorité de M. de ilion lui-même: St-Bernard, dit-il, ne songeait qu'à choisir pour mo-dèles les églises les plus simples,lcs moins ornées parmi cellesque l'on construisait alors en Bourgogne s. (if isloire de N.-D.des Vaux-de-Cernay, par L. Morize, introduction, par le C" A.de Dion. Tours, Duplessis, 1889, in-4").

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caractères qu'il affecte durant les deux premières pé-riodes gothiques se retrouvent dans tous les plusanciens monuments de ce style en Italie. Je l'ai dit enquelques centaines de pages et de planches qui serontbientôt publiées. Je me contenterai de signaler lesprincipales erreurs échappées à la savante perspicacitéde M. de Pion, obligé qu'il a été de s'en rapporteraux assertions et aux figures de l'auteur américain.

.Tc suis l'ordre môme des articles de celui-ci et ducompte-rendu que M. de Pion leur a fait l'honneur deleur consacrer.

I. MONOGRAPHIE DE F05SÀN0YÀ.

L'ancienne église Ste-J-'otentienne (pp. 20, 44, kil)serait du VIII' ou lÀ? siècle, sinon antérieure. Elleaurait eu au nord une abside détruite lors de laconstruction de l'in /lrme?ie. -

Cette prétendue église est une construction en rec-i.angle allongé, orientée du nord ait et analogueau réfectoire, à l'infirmerie et aux bâtiments d'exploi-tation agricole. Elle ne se distingue de ces construc-tions de 1200 environ, ni par l'appareil, ni par lesformes architectoniques. Ces salles ont des charpentesportées sur des doubleaux faisant fonction de fermes,comme l'église qui sert aujourd'hui de musée lapidaireà Narbonne, et diverses constructions cisterciennesd'Italie et &Espagne (1).

Au nord, la prétendue église Ste-Potentienne corn-

(1) Santos Creus (Catalogne), dortoir. Poblet (Catalogne), gre-

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mimique par une porte en tiers-point avec un pavillonen marteau dont le rez-de-chaussée contient un vesti-bule et un escalier, et l'étage supérieur un logementoù mourut saint Thomas d'Aquin. A I'extr&hitéopposée était une autre aile semblable, aujourd'huiruinée. (C'est de ce côté et à une certaine distance queS'élève l'infirmerie.) Les deux ailes étaient reliées pardes portiques.

Toute cette construction est homogène. Ce pouvaitêtre soit une école, soit plutôt l'hôtellerie des religieuxétrangers c'est cii cette qualité qu'y logea saintThomas. La partie centrale n'est pas une église, maisune salle commune une grande cheminée occupel'angle sud-ouest. L'auteur a dû la prehdrc pour unclocher. 11 avoue n'être jamais entré dans ce bûtiment,non plus que dans plusieurs autres.

La reconm'uction de l'église abbatiale ( p. 16) date-rait (le 1150 à 1200; la consécration du 28 miii1208 serait postérieure à lachévenient ( 1).

Ces assertions paraissent basées sur l'emploi desvoûtes'd'arêtes, sur l'absence de moulures dans lesgrandes arcades et doubleaux, sur le cdraelère de lasculpture et sur -la rose de la faQade. Dans 111e-de-France, où l'auteur prend ses points de comparaison,

mors. Casamari (prov. de Home), inûrmerie.r]tondazzo (Sicile),ruines de couvent. Piperno (prov, de Rouie), église St-Amitoine,abbé, etc. -

I) La conscr11ioii est rapportée dans la £Viroimirji?c 'Je Fs-salIons publiée dans Vitalia sacra d'Ughelli, aux pièces justi-ficatives.

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SAN MARTINO.

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une telle déduction serait en effet très logique. Mais sinous nous reportons à la Bourgogne, rien ne nous cm-péchera d'admettre l'achèvement en 1208 Saint-Sym-phorien de Nuits semble postérieur à celle date. Mais,quoi qu'il ew soit, nous avons près de Fossanoval'église d'Amaseno, dont parle l'auteur dans un autrechapitre, et celle de Saint-Antoinc de Piperno, quiprésentent tous ces mêmes caractères, sauf la rose. Or,la première de ces églises a été terminée en mars 1991la seconde porte l'inscription Au ANSI M cccXXXVIbIESE GIU4AIIU, [TODAI.Lo DE Jassis lIE FECE].

Quant à la rose, elle démontre que, loin d'être posté-rieure à l'achèvement, la date de 1208 est antérieure àla construction de la façade et du porche.

Le porche est voûté ur croisées d'ogives du profilde celles de la salle capitulaire, et les chapiteaux deses colonnes sont analogues à ceux qui se faisaient enFrance de 1225 à 1250. On en voit de semblables aurez-de-chaussée du Castel del Monte, bàti par ordre deFrédéric II, près d'Àndria, en 1240 (1).

La ro.e point de départ d'une grande théorie del'auteur, est, contrairement à son dire, sertie d'uncercle de fines moutures et de gorges profondes, d'unprofil bien plus compliqué que le pourtour de l'oculusdu choeur. Les chapiteaux des colonnettes qui portentles ares très aigus et redentés du remplage n'annoncentpas du tout l'époque de transition. Quant aux denti-cules irrégulières( irregular toot/i ovna?nent) qui dé-coreraient l'une des gorges , cc sont des fleurons

(t) Voir Merra (Cnn. Emanuele), Càstet del Monte. Bologne,Mareggiani, 1889, in-8'.

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espacés, à coeur profondément enfoncé entre quatrefeuilles découpées et refouillées, dont le style rappelleles oeuvres du X1ye siècle. Cette rose ressemble beau-coup à celle qui s'ouvre au sud du transept de NA). deCluny, mais avec un caractère encore plus avancé.Celles des églises de Valvisciolo, Ceccano, S Mariad'Arbona et d'autres encore lui sont probablementantérieures. De la théorie selon laquelle les rosesauraient été importées de Lombardie en France par lesCisterciens, il ne convient donc (le tenir compte quepour relever les affirmations suivantes il n'existeraitpas en Fi'anec de rose antérieure à 1175 ( the cir-culai- [ovin tous net used al ail »), les abbayes fran-çaises telles que Senan que, Thoronet, Silvacane n'enposséderaient pas, tandis que l'on en voit une belle àSaint-Zénon de Vérone.

Dans le nord de la France, outil, des roses bien ayantcelle de Notre-Dame de Paris, que l'auteur cite commela première, sans parler des roses de Chartres et Laonqui lui sont antérieures; il s'en trouve des exemples destyle roman h Saint-1tienne de Beauvais et dans lafaçade de l'église de bye. Les abbayes provençalescitées ici en possèdent de petites, et les églises de Bour-gogne avant celle de Fossanova en possédaient de toutà fait analogues. Témoin celte de Montréal, citéepar Viollet-le-Duc (1).

Je n'insisterai ni su!' la qualification de fausse [e-nétre(p. 3) donnée à l'arc de décharge qui soulage larose, ni sur ce que l'auteur croit nécessaire d'invoquerla règle de Citeaux pour expliquer que la façade nesoit pas accompagnée de deux grandes tours, ni sur ce

(I) Dictionnaire cVarchitcclure. t. Viii, p. 66.

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qu'il déclare ie pas trouver de moulures à comparer àcelles de Fossanova dans les voussures des portailsfrançais, qui, selon lui, disparaissaient toutes alorssous une profusion de sculptures I

Je ne veux lui rétorquer ni l'épithète d'ex.cessivelyamusing décernée à M. Mothes (1), dans l'oeil de quiil signale à bon droit une grosse paille, ni le qualifi-.catif, beaucoup moins mérité, qu'il applique auxfenêtres du fond du choeur. -

Selon lui, elles seraient aveugles; en plein-cintreau dehors, celle du centre aurait, au dedans, été res-taurée en arc aigu, et pcut-être auraient-elles étéouvertes autrefois (p, 29).

Ce doute est singulier: les églises à chevet plat de laBourgogne, telles que Montréal, Saint-Symphorien deNuits, Joinville, Saint-Seine, etc., ont, comme Fessa-nova, trois fenêtres éclairant l'autel, au-dessous d'unerose qui éclaire la voûte. Ces fenêtres, ici comme àNuits, sont aiguës toutes les trois, ait aussi bienqu'au dedans et sans nulle trace de reprise. C'est àl'extrémité nord du transept qu'une fenêtre aiguë estaccostée de deux fenêtres en plein-cintre.

Il faut ici relever (p. 24) les dates de 1201-1248 don-nées à l'église abbatiale de San-Galgano près Sienne.J'ignore d'après quelles sources elles sont établies,mais les dates extrêmes que m'a livrées, avec les nomsde six architectes et d'autres détails, le cartulaire de

(I) O. Idothes. Bottk-unst des hfitteleeitersin italien. Jence.Costenoble, 1880, in-80 , 2 vol. Il est peu d'édifices italiens dumoyen âge sur lesquels on ne trouve quelque renseignementdans cet ouvrage, mais peu de ces renseignements, écrits oufigurés, qui ne soient erronés. Le texte et ]es planches quiconcernent Fossaneva sont spécialement fantaisistes.

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San-Galgano, sont celles de 1218 à 1306,-et aucune desparticularités de ce.rnonument, dont j'ai échafaudé lesruines et relevé un mois durant les moindres détails,ne peut autoriser à croire qu'il ait été commencé plustôt ou terminé beaucoup plus tard (1).

Les particularités signalées (pp. 29, 30, 3 ) commecaractéristiques de l'école cistercienne et distinguantl'église de Fossanova de celles de l'Ile-de-France sontIo l'absence de triforium; 20 les piliers qui remplacentles colonnes ou l'alternance des deux genres de sup-ports; 30 les voûtes d'arêtes; 4 1 l'absence de mouluresdans les arcades et la simplicité de celles qui règnentailleurs; 5° les proportions plus vastes de la nef; 6 0 laprédominance des murs pleins; 70 l'absence d'arcs-boutants.

On peut contester la première et la cinquième deces remarques; mais toutes les différences, (lui existententre Fossanova et un édifice contemporain de l'écolede l'lle-de-France, tiennent encore une fois aux carac-tères de l'école de la Bourgogne, patrie de l'ordre cis-tercien. Ses architectes s'y sonrformés En ont-ilsmodifié les principes? Là est la seule question discu-table. Mon humble avis est qu'ils n'y ont rien changé,.

(1) Cette étude graphique illustrera le chapitre de mon mé-moire qui traite de cette abbaye. En attendant sa publication,on trouvera de nombreux détails sur ]a construction dans monarticle intitulé L'abbaye de San - Gaigano près Sienne auXI11e siècle. Mélavges de l'École française rie Borne, t. Xi.Home, Cuggiani, 4891, in-h'. Voici les noms des moines quiprésidèrent à la construction Operarii: Jobannes 1218-1227.Petrus '1228-1229. Simon 1239. lldinus 1271, 1272, 1273. FraterPetrus 4278. - Frater Ugolinus M'affei conversas, magisteropens lapidum 1276 à 1291. - Frater Matiteus, magister openslignaminis 1281.

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et je n'en veux pour preuve ici que la comparaison deFossanova avec les églises non cisterciennes de Saint-Lazare d'Avallon, Pontaubert, Montréal et Nuits-sous-.Beaune, qui présentent toutes les particularités men-tionnées plus haut.

Quant au chevet rectangulaire, commun à Fossanova,aux deux dernières de ces églises, et à bien d'autres,M. Frotlungham affirme que l'on ne trouve en Franceque peu de chevets carrés, à part ceux des églises cis-terciennes. Il en existe toutefois dans les abbayestransitionnelles de La Règle, La Souterraine, LaCouronne, de même qu'à Vernoitillet et à la cathé-drale de Laon. Il est difficile de dire si les Cisterciensont créé ce plan ou l'ont reçu. L'architecture anglaiseen offre, dit-on, des exemples. En Italie, oit voità S. Giaconto. di Rialto, du V? ou VIF siècle, et à lacathédrale de T9'oina, terminée selon Mothesén 1180(pp. 31-32).

M. Mothes n'a jamais dû voir de cette cathédrale (1)que des dessins insuffisants. Elle a été complètementrebâtie au XVIP siècle, à l'exception d'un pan de mursans caractère et d'une tour datée de 1403. Je ne dis-cuterai pas la date de S. Giacomo di Rialto quant àl'usage des chevets rectangulaires en France, il esttrès fréquent - Nul n'ignore qu'il l'est plus encore enAngleterre, où il est venu de Normandie. En Picardie,Boulonnais et Flandre, des chevets carrés apparais-sent dans les premières églises romanes que l'on aitconservées. Cette forme, qui est presque générale,

(1) Troina est située au centre de la Sicile, entre Randazzo etNicosia, à deux jours de poste do la station de Leomiforte, et necontient rien dintéressant.

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1$LES PREMIERS MONIJSIENTS GOTHIQUES D'ITALIE.

semble moins fréquente dans la première que dans laseconde moitié dit siècle (1). Dans le Soissonnais,durant la seconde moitié du XIIc siècle, le chevet carrédevient d'un emploi presque général Dans lesenvirons dé Paris, la proportion est partout à peu prèsla même. Pour le sud et le sud-ouest de la France, oùl'auteur cherche ici ses exemples, l'on y fit peu decharpentes et l'on y garda le goût et la pratique desabsides voûtées en demi-coupoles, jusqu'à l'époque oùle style gothique était en pleine possession de sesmoyens. Le plan carré, dont 'e principal avantage est desimplifier la construction des charpentes et des voûtesd'arèles, devait par conséquent y être rare. En Bour-gogne, il n été en usage de bonne lieure, comme eutémoigne l'abside extérieurement carrée (le l'égliseSaint-Pierre-du-Bourg de Thizy (3) au Xi e siècle,on bâtissait déjà des chapelles carrées dans le déam-bulatoire de St-Philibert-de-Tournus; pltis tard, leschœurs des églises de Fisnies et de Ville-en-Tarde-nois (Marne), Joinville, Montréal, Appoigny. Nuits-sous-Beaune. Givry, Cocheris, l'hôpital de Tonnerre(Yonne), Rouvres, Citeaux, Fontenay, St-Seine, St-!aul-de-Bèzè (Côte-d'Or), St-Marcelles-Châlons, etc.,prouvent la persistance de ce système. Les Cisterciensqui adoptèrent l'art bourguignon et préférèrent les

il) C. ln1art. L'architecture romane dans les anciens diocèsesd'Amiens, Arras et Tétouane, Thèse soutenue à l'École desChartes, en janvier 1889.

2) Eug Lefèvre- I'ontalis, t'architecture religieuse dans l'an-cien diocèse de Soissons aux XI' et X11'sièc(cs. Thèse de l'Écoledes Chartes, 1885.

031 Su,' e ate ancienne église romane, voir J. \'iréy, ouvragecité.

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formes simples avaient toutes les raisons de l'em-ployer.

Je renonce à relever des erreurs de détails et à dis-cuter sur l'attribution de la voûte et de la tour ducarré du transept à une refaçon, à la suite d'un trein-blement de terre, car rien ne prouve cette hypothèse.Passons au cloître. -

La partie romane du cloître est le seul morceau del'abbaye que M. Froihingham ait daté avec exactitude.

Le côté sud, de style gothique, lui suggère d'abordcette remhrque « great decorative use is made ofcolonnettes set against rat/ier Man engaged in diepiers. )) (p. 38).

Ces colonnettes, qui sont tout autre chose qu'unedécoration, ne sont reliées aux piliers que par leursbases et chapiteaux. Le fût octogone est une pièce demarbre rouge posée en délit et complètement indépen-dante, destinée à roidir le pilier d'appareil compres-sible au droit des retombées des voûtes. L'auteur attri-bue à une restauration de 1600 deux de ces fûts, àdroite et à gauche de l'entrée du lavabo. Ils ne diffè-rent en rien des autres, et tous concordent avec leurschapiteaux et des colonnes identiques se voient dansl'église d'Amaseno, qui date de 1291. - Même attri-bution pour deux colonnes de l'édicule du lavabo,dont les fûts, l'un cannelé, l'autre en marbre poli,sont d'époque romaine ainsi que la base, de la pre-mière, et dont les chapiteaux datent manifestement dela 1k du XIII" siècle. Il dit enfin qu'en 1600, le cardi-nal-abbé Aldobrandini remplaça le lavabo par unguéridon cela est une erreur il se contenta de com-bler te bassin qui entourait le pied (taillé dans uneancienne borne de ta voie Appienne),, de couper tes

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bords et d'aplanir le fond de la vasque, et de boucherla conduite d'eau encore visible aujourd'hui. C'estdans cet acte de sauvagerie que parait avoir consistétoute !a,restauration célébrée dans une inscription.

Pourquoi l'auteur s'étonne-t-il du tracé des ares enplein-cintre de l'édicule doubtless owing to 11w forrnof roof t/icy support 7? (forme que, par parenthèse,il qualifie de conique alors que c'est une pyramidecarrée). - Cela est d'autant plus singulier qu'il attri-bue le cloître à l'époque de transition.J br, dans ce cloître, la moitié des supports et lesdoubleaux des voûtes ressemblent, il est vrai, à ceuxde l'église de Civry, mais le reste des nombreux orne-ments est. soit identique à ceux de l'église d'Amaseuodans ses parties datées de 4291 , soit d'un caractèreoriginal, mais marquant nettement l'art du XIVO siècleLa porte de. ce cloître est d'une forme très rare sonarchivolte en plein-cintre encadre un second arc trilobéqui repose sur des corbeaux en doucine. Il existe unsecond exemple de cette disposition singulière , etViollet-le-Duc l'a publié (1) :. c'est le portail de Saint-Père-sous-Vézelay, ,qui appartient aussi au XIV? siècle.

La date de 418$ à 1208, proposée pour ce cloître,parait donc peu exacte, malgré l'archaïsme de quel-ques motifs, qui sont restés en usage dans , la régionjusquen 1400.- Le réfectoire cf l'in/b'?ncrie (ospcdaleuo) sont en-suite sommairement décrits (p. 40). Cc sont de grandèssalles à charpentes portées sur des doubleaux aigus.Ces ares reposent dans la première sut' des pilastresen encorbellement , ; dans la seconde sur des simples.

(1) Dic1ionnaire e l'Architecture; article portail.

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2ES I'I%EMIEILS. MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.23

culots. Que le réfeetofre soit plus simple que l'église,et l'infirmerie moins ornée que le réfectoire, celasemble résulter de la logique seule, mais l'auteur voitune preuve d'ancienneté clans la plus grande simpli-cité. Le style des ornements et la disposition archi-tectonique sont partout conformes au style de l'églisede Pontigny, du réfectoire et du dortoir de Poblet(Catalogne) et des bâtiments de l'abbaye de Fontenay.Les culots sont identiques à ceux de ce dernierexemple, avec la seule dif1éreice qu'ils sont carrés etnon à pans coupés. Ils épousent, en effet, de part etd'autre le tracé des retombée.

Il faut restituer à l'infirmerie le joli portail queM. Frothingham signale comme appartenant à unbâtiment voisin de l'entrée de l'abbaye, auquel il a,été assez gauchement adapté il y n peu d'années.

N'ayant vu cette infirmerie qu'en photographiel'auteur a pris pour un rang de fenêtres basses unesuite de niches disposées à portée du lit des malades.C'est pourtant là une disposition connue par l'exemplede la Salle des Morts d'Ourseamps. En quoi la dispo-sition de cette infirmerie est&lc insolite P Elle est,comme la Salle des Morts, soigneusement isolée; elleest limitrophe du cours d'eau qui emportait les in-mondices ; un canal était ménagé sous une partie dela salle et sous une annexe servant de latrines. Rienne semble plus sage et plus conforme aux habitudesconnues.

On lit deux fois dorrnitory pour refectoi'y cedoit être un lapsus (p. 43).

La salle capitulaire (p. 40) est l'objet «une plusgrave erreur, on y lit « opposite the entra??ce arethree good sized poMted windows, one opposite each

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24LES PREMIERS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.

vanit. s Or, de ces fenêtres, l'une (moderne) est rec-tangulaire les deux autres, en plein-cintre, ont appar-tenu comme toute la muraille de- l'est, à une cons-truction plus ancienne. Quant aux trois belles fenêtresaiguës... c'est à Casamari qu'elles se trouvent!

Les retombées sont ornées de riches congés si fré-quents dans l'art bourguignon. L'auteur n'a trouvé hles comparer qu'à ceux d'abbayes allemandes et dudéambulatoire de Saint-Étienne de Caen. Il n'a pasla main heureuse dans le choix des exemples. Trai-tant naguère de la sculpture du X1II siècle, il avaitchoisi, entre toutes celles de Notre-Dame de Paris,la figure de la partie du tympan refaite par Viollet-le-Due. (4). Ici, entre tous les exemples fournis par lesnombreux monuments du XJJP siècle, il prend celuid'une reconstitution due aux savants bénédictins duXVIle siècle (2). Quelque confiance que mérite lascience des plus grands archéologues des XVII C etXIX° siècles, rien n'autorise à prendre pour exempledes restitutions méme impeccables, là où les originauxabondent.

La date de 1170 à 4200, proposée pour cette sallecapitulaire, est peu vraisemblable le style y est, eneffet, plus avancé que dans l'église, et mélne que danscelle de Casamari, consacrée en 1247. Les piliersy sontcomposés d'un noyau appareillé, roidi par une ceinturede colonnettes -à fûts monolithes en délit; les basessont aplaties; les arcs des voûtes ont des moulures re-

(1) Amerjean Journal o! archeology, 1889.(2) Sur , cette curieuse reconstruction du XViI' siècle, lire

Anthyme Saint-Pan!, Viollet-le-Duc et son système archéolo-gique. Paris. 4881, in-8', p 26.

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LES PflEMIERS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.

fouillées qui, en Bourgogne môme, n'apparaissent pasavant '1200. Les chapiteaux, avec leurs crochets touffusen bouquets de feuilles épanouies, sont peut-âtre unpeu antérieurs à ceux dc Saint-François-dAssise (136),mais non certainement à ceux de Saint-André de Ver-ceil (119-I224), auxquels ils ressemblent. Cette sallene saurait en aucune façon être antérieure au premierquart du Xlll e siècle, et je l'attribuerais volontiers ausecond,

Le grand argument de M. F'rot.hinghain est, il estvrai, la similitude qui existe entre cette construction etcertaines parties de l'église Santa Maria di fume àCeceano, consacrée en 1196 (1). Mais eonuait-il bien cemonument très remanié? Il y reste fort peu de laconstruction du XIl° siècle; certaines parties sont plusanciennes; d'autres ne peuvent être antérieures nuX1l1 0 siècle avancé, et c'est le cas des piliers qui l'ontfrappé.

La figure donnée par lui (fig. 2) de la section d'unpilier de cette salle n'est pas exacte, car le pilier yparait être monolithe, les colonnes n'y sont pas déta-chées du noyau. Un tel pilier serait à l)U près inexé-cutable et se romprait presque infailliblement.

Il n'aurait pas été plus facile ni plus raisonnable dedonner à l'église les proportions que lui assigne l'au-teur. il donne vingt ?nêire.q de haut aux piliers de lanef, et par conséquent environ sept mètres de trop àcelle-ci (déjà étroite pour sa hauteur). Elle mesureexactement sous voûte 19 mètres 40.

Les plans que l'auteur a fait exécuter ne nous dé

(1) Sur celle consécration, voir de curieux détails dans laChronique de Fossanova. Ughelli, Itatia sacra. Instrumenta.

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26LES PREMIERS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.

dommagent malheureusedient pus des imperfectionsde son texte.

Dans le plan général (11g. VIII), on aoinis 1 0 l'ailesud (lu bâtiment appelé à tort chapelle de Sainte-Po-tentienne; 2° l'escalier de l'aile nord du même . bâti-ment ; 3° une partie des consLructions de l'angle sud-est de l'abbaye, mises par erreur dans l'alignement del'angle sud-ouest; 40 les voûtes de ces bâtiments; 5° unepartie de ceux du sud-ouest; 7° les voûtes des celliers âl'ouest du cloître; 8 0 une vaste grange ancienne, enregard de l'angle sud-ouest de l'abbaye; 9° un moulinà eau, également ancien, k côté; 10' les travaux decanalisation ; li' les arcs-houtauts intérieurs ajoutésdans le cloître roman, auquel on a, en revanche, attri-bué des doubleaux qui n'existent pas.

Une erreur peut-être plus grave donne au cloître 'eplan d'un carré parfait; on u reporté air et aus1.Id la mesure des deux autres côtés qui sont pluslongs. De là l'inexactitude des dimensions du réfec-toire, qui n'a pas échappé à M. le comte de Dion, Delà aussi, déplacement des bâtiments de l'ouest qui setrouvent, avancés de quatre mètres, et dans l'aligne-ment de l'ancien porche (le l'église, alors qu'ils étaienten réalité complètement en retrait sur celui-ci. Toutesces erreurs sont reproduites dans le plan détaillé del'église et du cloître.

L'élévation intérieure de la nef est un croquis oùles proportions ne sont pas davantage observées.Passons air suivant.

Il. ABBAYE DE SAINT-MARIIN sue LE lUNT-CIMINo.

Cette abbaye, située à 5 milles de Viterbe, fut donnéeen 1207 aux moines de Pontigny.

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LES PREMIERS MO NUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.27

Ou en attribue la reconstruction au cardinal RanerioCaporaL évêque de Viterbe, ce que M. Frothingharn

C. Enter? dcl. Juillet i8,0.

ABBAYE DE FOSSANOVA.

LÊCEN»E COMMUNE AUX DEUX PLANS(Les lettres prdcddées dit signe '' ne figurent que sirIe plan de Possa-

nota; celtes précôctéet rIa signe à que sur celui de Casarnari.)

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28LES PREMIERS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE;

admet, tout en déclarant que la construction ne peut

C. Euler! dcl Juin 1890,

ABBAYE DE CASAMAIU.

A église.B cloitre.G salle capitsila,re.D trésor,E sacristie.F réfectoire.

G lavabo.Il cuisine.I oliaciroir.1< galeries de passage.T.. escaliers du derloir.M celliers et * bitiments d'exploitation agri-

cole.

N hôtellerie.C) hôpital.t' puils - externe.Q latrines.R cheminées.• S panelerie.

T buanderie.• V 'hier.• X "iiberge.• Y entrée d'une gaterin

dont ï l'aobe,ge.• Z regard do l'aqueducAI.3 norterie.

Soutori'aine flecé

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LES PREMIERS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.29

être postérieure à 1223. Elle aurait alors précédé 4evingt ans environ l'avènement de Rouerie, élu en 1243.

Comment celte date eœtréme de 1225 est - elleétablie? Toujours par comparaison avec des éditicesdu nord N.-D. de Paris, le choeur de la cathédrale deSeuils, la cathédrale de Laon et la collégiale de Mantes(dite ici à tort cathédrale, p. 303).

Ces églises ont, en effet, comme San-Martino, des

croisées d'ogives sur plan carré traversées par undoubleau central, et les piliers y alternent avec descolonnes.

Mais c'est encore à l'art bourguignon qu'appartientSan-lartino le plan est k peu près identique à celuide Pont-sur-Yonne (f); les colonnes anciennes étaientpareilles à celles de N.-D. de Dijon et de Scinur enAuxois; la corniche des chapelles du transept a encoreici ces modillons juxtaposés à faces latérales évidées,si particuliers hl'école gothique bourguignonne:Quant nu plan des voûtes, c'est celui deN.-D. de Dijon,Saint-Père-sous-Vézelay, Saint-Seine, Saint-Jean-Bap-tiste de Chaumont, tous monuments du XlI1° siècleavancé. .11 n'y était pas inconnu en Bourgogne avantcette période on 1e voit par l'église de Coeheris(Yonne), et il y persista au XIVC siècle, comme lemontre le choeur de Rouvres, et même au XV0, dansles églises de Civry et Flavigny (Yonne). Ce n'est doncpas un criterium, mais, si c'en ôtait un, il indiqueraitle plein XIII 0 siècle.

Une autre preuve d'ancienneté serait, selon M. Fro-thinghani, le style des chapiteaux des grosses colonnes,

(i) Voir le plan de cette église dans lanotice de M. MaxQuantin. Annales Archéologiques, t. XXV, p. 374.

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plus archaïque de beaucoup que celui des chapiteauxds piliers (p. 304), l'église, cependant, n'aurait pasété remaniée dans ses parties basses (p. 392).

Il existe, en effet, un grand écart de date entre lesrapports, mais c'est de 1625 que datent les grossescolonnes, remplacées en sous-oeuvre par le cardinalFrancesco Piccolomini (plus tard Pie Jil), abbé com-mendataire. Une pierre ornée de ses armes donne ladate de cette restauration, attestée par une inscriptionpostérieure. L'église ôtait alors croulante « coliabens».Les tambours des colonnes s'étaient, eu effet, écrasés.Celles qu'on leur substitua ont des fûts monolithesbeaucoup plus solides. Ils sont galbés; se dressent surdes bases grossières d'une forme étrange, et les chapi-teaux maladroits et barbares appartiennent au stylecomposite (le la dernière renaissance. Les tailloirscarrés n'épousent pas la forme des retombées, et cescolonnes ne sont pas à l'échelle du monument.

Ce qui témoigne plus péremptoirement encore de larefaçon, c'est qu'une colonne ancienne n pu être con-servée, grâce à un cerclage de fer. C'est la dernière ausud-est de la nef. Elle est figurée dans rua coupe lon-gitudinale et peut se comparer avec les colonnes deN.-J), de Semur ou de Dijon (1).

Les voîites des bas-côtés ont des arcs prismatiques etnon moulurés, mais cette forme simple se voit aussiclans l'étage inférieur de la salie synodale de Sens, quidate de saint Louis, et à Saint-François d'Assise. Cet'-

(1) L'auteur ne connaît pas d'église gothique où les basessoient pourvues de socles aussi hauts. On pourrait lui citer lacathédrale de fichus, comme exemple d'une surélévation plusgrande encore.

çC

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LES T'ÏlEMIERS )IONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.31

taines hases, très aplaties, montrent que San-Martinone peut être antérieur à ces monuments.

II n'y a donc plus lieu de considérer avec l'auteurles tores qui , ornent les arcades comme une orne-mentation précoce (p. 304). Ces arcades, comme lesvoûtes, comme la date de l'édifice, sont identiques àcelles de C . -D. de Dijon. Du reste, le style de l'égliseest bien postérieur à celui de l'abbatiale de Casainariconsacrée en 1247.

De nombreux remaniements auraient, selon M. Fro-thingham, été opérés dans l'église de San-Martino.Le chœur (pp. 299 et 305) et la façade (p. 302) se-raient plus récents que la nef, dont les voûtesauraient été refaites (p. 304). Un y aurait égalementbouché et rduvcrt des fenétres et supprimé les dou-bleaux centraux des voûtes avec leurs contreforts(p. 303). les fenétres des bas-côtés auraient étébouchées ( p. 305).

L'examen de l'édifice ne permet d'admettre aucunede ces assertions.

La construction, à part les tours de la façade, esthomogène. Elle a été commencée par 1e choeur, quipeut dater de 1220 environ, ayant les mêmes chapi-teaux et moulures que les parties les plus anciennesde San-Galgano. Les travaux niarchèrent ensuite len-tement, comme en témoigne le caractère de la sculpturc, d'un style plus avancé à mesure qu'elles serapprochent de la façade, laquelle appartient auXJ'V c siècle. Le haut des tours est déjà dans le stylede la Renaissance. Elles ont pu être retouchées. Unegrande fenêtre s'ouvrait entre elles, occupant toutela façade comme dans les églises françaises d'aloi-s.M, Frothinghain y voit inc fausse fenêtre au haut de

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laquelle s'ouvre un oeil moderne (p. 302). Cette fenêtren'était pas bouchée avant les travaux de consolidationdu XV1Ie siècle. Quant à l'oeil, c'est Je motif centrald'un remplage que j'ai retrouvé parfaitement intactsous la maçonnerie moderne où il se voyait du resteavant tout sondage. Je J'ai relevé avec les meneauxqui divisaient cette grande fenêtre en dix formes.

Les vo?Ues ne témoignent d'aucune refaçon niais dedeux repentirs des croisées d'ogives à doubleaucentral couvrent le transept et étaient prévues dansla nef. La travée de l'est avait déjà reçu deux fenêtreset une colonnette en encorbellement en vue de cettedisposition , lorsqu'on y renonça. Cette colonnetten'est nullement dépourvue de base et je ne vois pasen quoi sa console feuillue serait caractéristique dustyle cistercien (p. 304).

On avait alors pensé donner aux ares de la nef Jeprofil prismatique (le ceux des bas-côtés, comme leprouvent les tas de charge qui furent placés, du côtésud seulement, avant qu'on se décidât à les moulurercomme dans le choeur et le transept.

Les contreforts et fenêtres dont la destruction estmentionnée n'ont jamais existé, pas plus que les fe-nêtres du collatéral nord , auquel était adossé lecloître. Celles du collatéral sud existent toujours.

L'église, scion M. irotliinghain, n'aurait eu primi-tivernent aucune tour (p. 302). C'est une autre erreurau-dessus des voûtes du carré du transept passe uneénorme croisée d'ogives analogue à celles qui serventde fermes aux charpentes de Saint-François d'Assiseet des collatéraux de Notre-Dame de Paris. Entre cesogives sont bandés d'autres arcs qui portaient unpetit clocher carré en maçonnerie, au-dessus de l'oeil

cc

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des voûtes de la croisée. Cet oeil seul révélerait l'exis-tence de cette ancienne édicule qui n'aurait pasvisité les combles du monument. -

Sans relever d'autres erreurs ou omissions dans ladescription de l'église, je passe à l'examen des dessinsqui l'accompagnent. -

Comme l'église de Savigny, dont M. Je comte deDion & publié un plan intéressant (1), celle-ci avait autransept deux grandes chapelles, larges de deux tra-vées et formant une sorte de collatéral, sans com-munication toutefois avec le choeur. Dans le dessin(pl. XX), des murs ont été substitués aux doubleaux, etnous voyons quatre petites chapelles comme à Fossa-nava, Casamari, San-Galgano, 5a Maria d'Arbona, etc.Le pignon du croisillon sud avait deux fenêtres; leplan n'en indique qu'une. Dans la voûte du transept, -les doubleaux centraux sont oubliés; celle du choeurn'est pas reproduite d'une façon plus fidèle.

Les fenêtres indiquées au bas-côté nord n'ont jamaisexisté. Le cloître s'y appuyait. M. de I)ion a fait juste-nient remarquer que la situation de l'abbaye, au nordde l'église, n'était pas un fait anormal c'est la repro-duction du plan de la maison-mère de Poutigny, qu'onretrouve à Thoronet, il aux Vaux-de-Cernay,et au Breuil-Benoist, pour ne parler que d'abbayescisterciennes. L'éminent archéologue constate ensuitequelque invraisemblance dans le plan donné de cesbâtiments. Il e raison, et plus encore qu'il ne le croit.M. Frothingham, en effet, a retrouvé des vestiges du

(1) Ouvrage cité. H y a, dans cette remarquable introduction,une série de plans d'églises cisterciennes sur laquelle M. Fi-o-thingbam eût bien fait de jeter les yeux.

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côté nord du cloitre ruiné il le restitue; rien demieux, mais il en fait le côté sud, et transpose ainsile cloître de toute sa largeur, pour lui donner une placeon ne peut plus insolite. Il existe partout des arra-chements, à défaut des fenêtres Signalées à tort, au côténord de l'église. Quant à la partie orientale du cloître,il en reste des vestiges plus importants, qui per-,mettent de restituer les dimensions et la plupart desdétails de cette galerie démolie.• Dans le plan des bâtiments de l'est, qui sont con-servés, M. Frothingham omet en outre une salle enliére.Il figure une galerie de passage où existe la sallecapitulaire.

Cette salle capitulaire, qui sert aujourd'hui de se-conde sacristie, est pourtant bien reconnaissable à sasituation à l'est du cloître,- entre le trésor et unpassage, ainsi qu'à sa porte ouverte entre deux fe-nêtres sur le eloitre. lions ces caractères manquentà celle que l'au Leur désigne comme l'ancien cha-pitre (p- 306).

Celle-là est une belle pièce voûtée d'ogives sur uneligne centrale de piliers. Elle occupe l'extrémité desbâtiments de l'est à l'opposé de l'église. L'auteur n'ad-met pas la désignation de réfectoire qu'on lui donne,et cela pour plusieurs raisons; 1° elle occupe la placedu chapitre, dont aucune autre salie ne présente lesdispositions caractéristiques. -Comme on vient de Jevoir, cela n'est vrai que sur les plans de M. F'rothin-gham; - 20 elle est entourée de bancs, ce ne serait pasune raison, quand même ces prétendus bancs ne se-raient pas des mangeoires, construites lorsque la salleservit de réfectoire..... aux chevaux d'un fermier; 3°enfin, elle ressemble aux salles capitulaires et non

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LES PRENJEIIS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.35

aux réfectoires. Je ne connais guère, pour ma part,de salles capitulaires aussi allongées; quant aux réfec-toires, je ne veux citer que ceux assez connus deMaulbronn, de Saint-Martin-des-Champs et du Mont-Saint-Miche!, comme exemples dela même disposition.- L'emplacement des réfectoires est du côté du cloîtreopposé à l'église, soit au centre, et c'est là le cas leplus ordinaire, soit à un angle comme ici et à la cathé-drale de Pampelune, ou comme àValvisciolo et Saint-Martin-des-Champs, où le réfectoire est parallèle etnon perpendiculaire au cloître.

Plus souvent, cette extrémité des bâtiments de l'estest occupée par un chauffoir, un cellier, un parloir,une bibliothèque, que surmonte le logis abbatial aubout du dortoir des moines. Mais jamais le chapitren'est ainsi situé.

C'est, au dire de l'auteur, 'ï l'effet esthétique

(p. 306), qui distingue cette salle du chapitre de Fossa-nova. A pari cela, elles seraient semblables. Le senti-ment n'est pas un meilleur procédé en fait de critiquequ'en matière d'art. C'est une profonde différence decause, c'est-à-dire de construction, qui produit cettediversité d'effets. Il y n même lieu ici à un parallèleraisonné des plus instructifs. Les Cisterciens de SantaMaria d'Àrbona avaient, dans leur salle capitulaire,contruit des piliers entourés et roidis par des colonnescourtes, h fûts indépendants posés en délit. A Casa-

Ilmari, le pilier compressible, plus haut, cst relié parune bague centrale à une ceinture de fts composés dedeux pièces rigides. À Fossanova, ce pilier, de plus enplus mince, est entouré de fûts monolithes très hautset de petit diamètre, A San-Martino, le constructeur,renchérissant sur ces perfectionnements successifs,

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compose son pilier d'une seule pièce en délit à laquelleil laisse, peut-être à tort, la forme d'un faisceau defines colonnettes. Mais il est inexact qu'elles soientappliquées à un noyau central rond ou octogoneelles sont tangentes, et c'est par là que la forme mêmeles distingue des exemples précédents.

M. Frothingham a fait suivre sa monographie deSan .Marlino d'un chapitre intitulé Notes on 1/te ro-man artisis of the middle ages (1). M. le comte (lcDion n fait sur le premier paragraphe des observationsparfaitement justes. Il reste à en ajouter au second,qui traite de l'église dAntascno.

Cette église, qui sera l'objet d'une monographie pluslongue, ne figure ici que pour quelques renseigne-ments, mais ils sont déjà remarquablement erronés.

D'abord, il est dit que toutes les fenêtres sont en arcaigu. Elles sont toutes en plein-cintre, sauf deux quiaffectent une forme rectangulaire. L'inscription de lachaire est ensuite donnée d'une façon peu correcteune erreur y est introduite dans le nom même de l'ar-chitecte. Voici le texte exact

IN NOMINE DOMINI; AMEN. ANNO NATIvITATI5 EJUSDEM. %j

CGLXXÏX . IIN])ICTIONE'il . MENSE APRILIAy

r MAPONTIFICATUS DOMINE NICOIAI PAPE III.

RIA GlU

ANNO . III . OPUS HUJUS ECCLESIE ET i5'tIUS PÏJLPITI COM-

TU PLENA PLETUM FUJI' PER MAr.ISTlIOs PE'ÎRUM GIJIINARI DE PIPERNO

ET NOIlISItIM AC JACOBUM FILIO5 EJU5 ; QUORUM ANIME

REQuIEScANI' IN PAGE.. AMEN.

Après ces rectifications, il resterait à donner avecexactitude la description et les dessins de ces manu-

(I) Ameriecin Journal cf archœology, septembre 1890, p. 812-313.

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LES PBEMIEBS MONUMENTS GOTHIQUES D'ITALIE.37

ments et de beaucoup d'autres similaires, signalés ounon par M. Frothingham à faire connaître leurs ori-gines, leurs auteurs, leur histoire, leur influence; àdémontrer le fait non encore signalé, mais très frap-pant de l'origine bourguignonne du style gothique enItalie. C'est ce que je me suis efforcé de faire dansl'ouvrage qui paraîtra biertôt. J'espère ne plus avoir àrépondre autrement que par cette publication à ceuxqui ont cru bien mériter de l'archéologie en en devan-çant certains chapitres. Eu attendant, j'ose espérerque nul ne me soupçonnera du moindre sentimentd'envie à leur égard.

Gaen.—Imp. H. DELE5QUES, rue Froide, 2.

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