OPPEL Vladimir (1872-1932) UN DES PRECURSEURS DE LA CHIRURGIE DE … · 2017. 9. 4. · OPPEL a...

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OPPEL Vladimir (1872-1932) – UN DES PRECURSEURS DE LA CHIRURGIE DE LA FACE, EN RUSSIE Alex CLEMENT 1, 2* , Svetlana OBZHIGALINA 2 , Sergueï TCHEBOTARYOV 2 , Andreï ANDREISHCHEV 2 1 Service de chirurgie maxillofaciale ; centre hospitalier ; 6-8, rue Saint-Fiacre ; 77100 Meaux ; France 2 Service de chirurgie maxillofaciale ; centre hospitalo-universitaire I.P. Pavlov ; 6/8, ulitsa Lva Tolstovo ; 197022 Saint-Pétersbourg ; Russie ([email protected]) Dun père pianiste et compositeur et dune mère orthophoniste, Vladimir Andreevitch est le 23 décembre 1872, à Saint-Pétersbourg (Empire Russe). Avec une médaille dargent, et ayant renoncé à une carrière dans la musique, il a fait son entrée à lAcadémie médico-chirurgicale de la même ville, en 1891. En 1896, il a terminé cette Académie et a été autorisé à rester pour se spécialiser dans le service de chirurgie du professeur V.A. RATYMOV. « Les lymphangiomes recherches clinique et anatomopathologique » - titre de sa thèse de doctorat, soutenue en 1899. Dans ce travail, Vladimir OPPEL a donné sa classification, expliqué la pathogenèse et décrit les différentes méthodes du traitement de ces malformations. 1900-1902 OPPEL effectue 2 années de mobilité en Europe occidentale (en France, il a travaillé, chez Pasteur, « linfluence de lanesthésie sur limmunité »). Parmi les chirurgiens de lépoque, je nai pas connu plus grand que Kocher, a dit OPPEL, après son stage à Berne. En 1900, quand la famille OPPEL (Vladimir effectuait ses stages, à létranger, avec sa femme) était à Berlin, Vladimir (Junior) est né. Ce petit enfant devient, par la suite, professeur en biochimie. Pendant la 2 ème guerre mondiale, il a été dénoncé pour collaboration avec lennemi. Le lieu de naissance (Berlin) et le nom de famille allemand (OPPEL) ont joué un rôle négatif dans son dossier. Il a été arrêté et condamné à mort. Cette comndanation a été remplacée, en 1942, pour 10 ans de travaux forcés de correction. Il a été libéré en 1952 ! De retour à Saint-Pétersbourg, Valdimir (Senior) est admis comme assistant dans le service de chirurgie du professeur S.P. FEDOROV. En 1917, le professeur M.S. SOUBBOUTINE, chef du service de pathologie chirurgicale et thérapie, est décédé. Parmi 8 candidats V.A. OPPEL est choisi pour ce poste vacant. Comme son second, OPPEL fait appel à Nicolaï N. PETROV (qui fondra, par la suite, loncologie en URSS). Sintéressant, entre autre, à la réparation de pertes de substance de la mandibule, il a proposé, en 1910, une greffe de la clavicule. Pour optimiser lirrigation par laartère carotide externe, il faut, selon OPPEL, ligaturer, également, la veine homologue (théorie de « circulation sanguine réduite ». Cette théorie, OPPEL la publié en monographie « La circulation sanguine collatérale » (1911). Pour ce travail, il a été élu membre honoraire de la Société médico-chirurgicale de Londres. Durant la 1ère guerre mondiale, il a organisé des détachements mobiles, qui prenaient en charge toutes les blessures de la guerre, maxillo-faciales comprises. Il est, tout-à-fait, clair quon peut bien évacuer sans bien prendre en charge comme on peut bien prendre en charge sans avoir bien évacué ! Cest durant cette guerre, quil a établi son concept de la prise en charge par étape, des blessés de la guerre. M.V. NESTEROV (La charité) En 1925, il a décrit sa méthode pour réparer les fistules de la parotide. OPPEL propose de réaliser une incision en forme dellipse (la fistule doit se trouver dans la partie postérieure de lellipse). Ensuite, il transfère la fistule, avec la peau autour, sur la face interne de la joue. La plaie sur la peau doit être suturée hermétiquement. Cette méthode rencontre certaines limites, lors de la présence des adhérences importantes des tissus. 1928 V. OPPEL est président du XXème Congrès des chirurgiens de lURSS. OPPEL a essayé de revoir toute la pathologie chirurgicale de point de vue de lendocrinologie. Pour traiter la spondylarthrite il a proposé deffectuer une parathyroïdectomie uni-latérale. Dans certains cas de thrombophlébite purulente des veines de la face, OPPEL a proposé, en 1931, sous la couverture des antibiotiques, de ligaturer la partie proximale de la veine par rapport au thrombus. Puis, disséquer toute la partie distale de la veine atteinte, avec le tissus environnant. Fermer, hermétiquement, la plaie, mais on laisse en place un drain. Pendant 6 mois, en 1931, il sentraînait à opérer avec un cache-œil sur le côté gauche. Cest parce quil allait subir une résection du maxillaire avec énucléation de l’œil. L année suivante récidive. Il est décédé à Léningrad le 07 octobre 1932. «Jeesyais de faire dune sorte que, chaque jour, je puisse avoir la conscience tranquille » Vladimir OPPEL. Bibliographie Les carnets dun chirurgiens de la 1 ère Guerre mondiale. V.A. OPPEL, 2001, 335 p. Les auteurs déclarent navoir aucun conflit dintérêt avec le présent poster. Claude BERNARD

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OPPEL Vladimir (1872-1932) – UN DES PRECURSEURS DE LA CHIRURGIE DE LA FACE, EN RUSSIE

Alex CLEMENT 1, 2*, Svetlana OBZHIGALINA2, Sergueï TCHEBOTARYOV2, Andreï ANDREISHCHEV2

1 Service de chirurgie maxillofaciale ; centre hospitalier ; 6-8, rue Saint-Fiacre ; 77100 Meaux ; France 2 Service de chirurgie maxillofaciale ; centre hospitalo-universitaire I.P. Pavlov ; 6/8, ulitsa Lva Tolstovo ; 197022 Saint-Pétersbourg ; Russie

([email protected])

D’un père pianiste et compositeur et d’une mère orthophoniste, Vladimir

Andreevitch est né le 23 décembre 1872, à Saint-Pétersbourg (Empire Russe).

Avec une médaille d’argent, et ayant renoncé à

une carrière dans la musique, il a fait son entrée à

l’Académie médico-chirurgicale de la même ville,

en 1891.

En 1896, il a terminé cette Académie et a été

autorisé à rester pour se spécialiser dans le service de chirurgie du professeur

V.A. RATYMOV.

« Les lymphangiomes – recherches clinique et anatomopathologique » -

titre de sa thèse de doctorat, soutenue en 1899. Dans ce travail, Vladimir

OPPEL a donné sa classification, expliqué la pathogenèse et décrit les

différentes méthodes du traitement de ces malformations.

1900-1902 – OPPEL effectue 2 années de mobilité en Europe occidentale

(en France, il a travaillé, chez Pasteur, « l’influence de l’anesthésie sur

l’immunité »). Parmi les chirurgiens de l’époque, je n’ai pas connu plus

grand que Kocher, a dit OPPEL, après son stage à Berne.

En 1900, quand la famille OPPEL (Vladimir effectuait ses stages, à

l’étranger, avec sa femme) était à Berlin, Vladimir (Junior) est né. Ce petit

enfant devient, par la suite, professeur en biochimie. Pendant la 2ème guerre

mondiale, il a été dénoncé pour collaboration avec l’ennemi. Le lieu de

naissance (Berlin) et le nom de famille allemand (OPPEL) ont joué un rôle

négatif dans son dossier. Il a été arrêté et condamné à mort. Cette

comndanation a été remplacée, en 1942, pour 10 ans de travaux forcés de

correction. Il a été libéré en 1952 !

De retour à Saint-Pétersbourg, Valdimir (Senior) est admis comme assistant

dans le service de chirurgie du professeur S.P. FEDOROV.

En 1917, le professeur M.S. SOUBBOUTINE, chef du service de pathologie

chirurgicale et thérapie, est décédé. Parmi 8 candidats V.A. OPPEL est

choisi pour ce poste vacant. Comme son second, OPPEL fait appel à Nicolaï

N. PETROV (qui fondra, par la suite, l’oncologie en URSS).

S’intéressant, entre autre,

à la réparation de pertes

de substance de la mandibule,

il a proposé, en 1910,

une greffe de la clavicule.

Pour optimiser l’irrigation par la’artère carotide externe,

il faut, selon OPPEL, ligaturer, également, la veine

homologue (théorie de « circulation sanguine réduite ».

Cette théorie, OPPEL l’a publié en monographie « La

circulation sanguine collatérale » (1911). Pour ce travail,

il a été élu membre honoraire de la

Société médico-chirurgicale de Londres.

Durant la 1ère guerre mondiale, il a organisé des détachements mobiles,

qui prenaient en charge toutes les blessures de la guerre, maxillo-faciales

comprises.

Il est, tout-à-fait, clair qu’on peut bien évacuer sans bien prendre en charge comme on peut bien prendre en charge sans avoir bien évacué !

C’est durant cette guerre, qu’il a établi son concept

de la prise en charge par étape, des blessés de la

guerre.

M.V. NESTEROV (La charité)

En 1925, il a décrit sa méthode pour réparer les fistules de la parotide.

OPPEL propose de réaliser une incision en forme d’ellipse (la fistule doit se

trouver dans la partie postérieure de l’ellipse). Ensuite, il transfère la fistule,

avec la peau autour, sur la face interne de la joue. La plaie sur la peau doit

être suturée hermétiquement. Cette méthode rencontre certaines limites, lors

de la présence des adhérences importantes des tissus.

1928 – V. OPPEL est président du XXème Congrès des chirurgiens de

l’URSS.

OPPEL a essayé de revoir toute la pathologie

chirurgicale de point de vue de l’endocrinologie.

Pour traiter la spondylarthrite il a proposé

d’effectuer une parathyroïdectomie

uni-latérale.

Dans certains cas de thrombophlébite purulente des veines de la face,

OPPEL a proposé, en 1931, sous la couverture des antibiotiques, de ligaturer

la partie proximale de la veine par rapport au thrombus. Puis, disséquer

toute la partie distale de la veine atteinte, avec le tissus environnant. Fermer,

hermétiquement, la plaie, mais on laisse en place un drain.

Pendant 6 mois, en 1931, il s’entraînait à opérer

avec un cache-œil sur le côté gauche.

C’est parce qu’il allait subir une résection du

maxillaire avec énucléation de l’œil.

L’année suivante – récidive.

Il est décédé à Léningrad le 07 octobre 1932.

« J’eesyais de faire d’une sorte que, chaque jour,

je puisse avoir la conscience tranquille » Vladimir OPPEL.

Bibliographie Les carnets d’un chirurgiens de la 1ère Guerre mondiale. V.A. OPPEL, 2001, 335 p.

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt avec le présent poster.

Claude BERNARD