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MINISTERE DE L’AGRICULTURE REPUBLIQUE DU MALI
DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE Un Peuple- Un But- Une Foi
INSTITUTE D’ECONOMIE RURALE
CENTRE REGIONAL DE RECHERCHE AGRONOMIQUE DE NIONO
Lutte intégrée contre
les plantes aquatiques nuisibles
Module de formation 16
M. Lassana Diarra
Chercheur CRRA Niono
Financement Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW)
Assistance Technique AHT/Betico
Juillet 2012
Module 16 : Lutte intégrée contre les plantes aquatiques nuisibles DGEMRH
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Table des matières
1. INTRODUCTION .............................................................................................................1
2. LES VEGETAUX AQUATIQUES ENVAHISSANTS .........................................................2
2.1 JACINTHE D’EAU ....................................................................................................2
2.1.1 Origine et historique ....................................................................................2
2.1.2 Description ..................................................................................................2
2.1.3 Biologie .......................................................................................................3
2.1.4 Causes de la prolifération de la jacinthe ......................................................4
2.1.5 Dégâts causés par la jacinthe d’eau ............................................................4
2.1.6 Méthodes de lutte intégrée contre la jacinthe d’eau .....................................4
2.2 FOUGERE D’EAU OU SALVINIA GEANT ................................................................6
2.2.1 Origine et historique ....................................................................................6
2.2.2 Description ..................................................................................................6
2.2.3 Biologie .......................................................................................................7
2.2.4 Dégâts causés par salvinia géant ................................................................7
2.2.5 Méthodes de lutte contre Salvinia ...............................................................7
2.3 SALADE D’EAU ........................................................................................................8
2.3.1 Origine et historique ....................................................................................8
2.3.2 Description ..................................................................................................9
2.3.3 Biologie .......................................................................................................9
2.3.4 Dégâts causés par la salade d’eau..............................................................9
2.3.5 Méthodes de lutte intégrée contre la salade d’eau ....................................10
2.4 LE TYPHA ..............................................................................................................10
2.4.1 Origine et historique ..................................................................................10
2.4.2 Description ................................................................................................10
2.4.3 Biologie .....................................................................................................11
2.4.4 Dégâts causés par le typha .......................................................................11
2.4.5 Méthodes de lutte intégrée contre le typha ................................................11
2.5 MYRIOPHYLLUM AQUATICUM .............................................................................11
2.5.1 Origine et historique ..................................................................................11
2.5.2 Description ................................................................................................12
Module 16 : Lutte intégrée contre les plantes aquatiques nuisibles DGEMRH
iii
2.5.3 Biologie .....................................................................................................12
2.5.4 Utilisations possibles ................................................................................13
2.5.5 Dégâts causés par Myriophyllum ..............................................................13
2.5.6 Méthodes de lutte intégrée ........................................................................13
3. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..........................................................................14
Module 16 : Lutte intégrée contre les plantes aquatiques nuisibles DGEMRH
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1. INTRODUCTION
L’environnement en général et l’équilibre de la biodiversité en particulier sont menacés par la
dissémination des plantes ou animaux souvent introduits par accident ou volontairement.
Parmi la flore, les végétaux aquatiques envahissants (VAE) constituent un danger réel pour
le milieu aquatique. En effet, leur infestation des plans d’eau provoque :
la réduction par eutrophisation des plantes autochtones ;
l’installation des tapis herbacés qui interfèrent avec les cultures de riz, les systèmes
d’irrigation, les productions hydroélectriques et obstruent les ponts, canaux ;
l’inaccessibilité des hommes, du bétail et des animaux sauvages à l’eau pour leur
consommation ;
la mise en place d’habitats propices pour les vecteurs de maladies hydriques (Paludisme,
la bilharziose, le choléra et l’onchocercose) ;
le dégagement d’odeurs nauséabondes par ces végétaux aquatiques nuisibles en
putréfaction.
Le présent document traite la biologie et les méthodes de contrôle de ces espèces de
végétaux aquatiques envahissants.
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2. LES VEGETAUX AQUATIQUES ENVAHISSANTS
Les espèces étrangères envahissantes qui causent le plus de problème au Mali se
rencontrent parmi les plantes aquatiques.
Les espèces les plus nuisibles sont la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes), la fougère d’eau
(Salvinia molesta) et le Typha (Typha australis) :
Espèces Famille Localisation
Eichhornia crassipes Pontédériaceae Bamako, OPIB Baguinéda, Ségou
Salvinia molesta Salviniaceae Bamako, ORS, ON
Typha australis Rosacées ON
Pistia stratiotes Araceae Zone du delta
Ceratophyllum demersum Ceratophyllacea OPIB, ON
Myriophyllum sp Haloragaecea ON
2.1 JACINTHE D’EAU
2.1.1 Origine et historique
La jacinthe d’eau Eichhorniae crassipes (Martius) Solms-Laubach est originaire du Bassin
amazonien et d’autres contrées de l’Amérique du Sud (Barret et Forno 1992). C’est à partir
de cette zone qu’elle a été introduite accidentellement ou intentionnellement par l’homme
dans diverses parties du monde.
En Afrique, elle a été signalée pour la première fois dans le Delta du Nil au début du 20è
siècle et au Zimbabwe en 1937 (Holm et al, 1970). Des années 50 à nos jours l’infestation
s’est rapidement étendue dans le reste de l’Afrique. Ainsi on retrouve la jacinthe d’eau sur le
fleuve Congo au Gabon, et en Afrique de l'Ouest au Nigeria, Bénin, Togo, Côte d’Ivoire,
Burkina Faso, Niger (Akinyeiji1987, Harley 1994, Chikwenhere 1994). Au Mali sa présence
remonte en 1990 (Dembélé, 1994).
2.1.2 Description
La jacinthe est une plante hydrophyte libre, flottante, vivace et stolonifère. Elle peut atteindre
30 cm à 1 m de hauteur. (photo1). C’est la beauté de la plante, qui lui a valu une
dissémination mondiale, par les horticulteurs qui l’ont ramené dans leurs pays respectifs
dans l’intention de la commercialiser (photo 1).
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Photo1 : Infestation de jacinthe sur la rive du fleuve Niger à Bamako
Feuilles
Les feuilles sont coriaces à limbe cordé avec des nervures parallèles de couleur vert claire.
Le pétiole renflé à la base assure la flottaison de la plante. Elles ont en général de longs
pétioles spongieux aérifères pouvant être renflés au milieu (flotteurs).
Fleurs
L’inflorescence est un épi terminal, avec de belles fleurs bleu- violet, portant une marque
jaune au centre Elles sont groupées en une inflorescence terminale.
La pollinisation est presque toujours entomophile. Le fruit est une capsule, les graines sont
toujours albuminées.
Racines
La tige immergée peut être libre ou enracinée dans la vase par un rhizome. Les racines sont
noires, pendantes, longues et se forment au-dessous de la rosette formée par les feuilles à
la base des nœuds. Les racines portent de nombreux poils absorbants.
2.1.3 Biologie
La jacinthe d’eau est une plante flottante par excellence, elle possède aussi la faculté de
s’adapter à la vie terrestre en cas d’étiage sévère. La multiplication se fait par pieds émis à la
base des feuilles. Ces pieds poussent des racines et sont reliés à la plante mère par une
petite tige rampante appelée stolon, il se forme ainsi une colonie de jacinthe. Cette aptitude
à la colonisation confère à la jacinthe le premier rang parmi les herbes aquatiques nuisibles.
La multiplication sexuée pour sa part donne de minuscules graines émises par les fleurs qui
peuvent rester pendant 15 ans sans perdre leur pouvoir germinatif.
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2.1.4 Causes de la prolifération de la jacinthe
Pollution
C’est la principale cause de la prolifération de la jacinthe. Les matières polluantes d’origines
agricoles, industrielles et ménagères arrivent au fleuve par les eaux de pluies ou les canaux
d’évacuation des eaux usées sans aucune forme de traitement. Le fleuve se trouve alors
enrichi en azote et en phosphore, principale composante des matières organiques. Ce milieu
convient bien à la prolifération de la jacinthe.
Absence d’ennemis naturels
C’est un facteur très important de la prolifération de la jacinthe. La plante a été introduite en
Afrique sans ses ennemis naturels. Dans son site d’origine du bassin amazonien, la jacinthe
d’eau est attaquée par des ennemis spécifiques, animaux et végétaux qui limitent sa
prolifération.
Absence de plantes compétitives
La jacinthe d’eau par sa grande capacité reproductrice (elle peut doubler de biomasse en 15
jours), sa facilité de dispersion (par le vent et les vagues), ses besoins réduits en nutriments
et sa résistance aux intempéries, a un grand pouvoir de compétition.
Elle forme alors un épais tapis flottant qui empêche la lumière de parvenir aux plantes
submergées empêchant du coup la photosynthèse de ces plantes. Elle parvient facilement à
se substituer aux plantes aquatiques autochtones.
2.1.5 Dégâts causés par la jacinthe d’eau
Les dangers de la prolifération de la jacinthe d’eau peuvent se résumer de la façon suivante :
obstruction des voies d’eau, ce qui empêche la navigation et la production d’électricité
comme au barrage de Sotuba ;
obstruction des canaux d’irrigation, avec comme conséquence une diminution du débit,
une perturbation des activités agricoles (OPIB, ON, ORS) ;
colonisation des lacs et des mares (mares de Kalaban, de Sassila, de Farako) ;
occupation des zones de maraîchage (côté pont Fahd à Badalabougou) ;
occupation des berges empêchant ainsi les populations d’avoir accès au fleuve ;
diminution de la luminosité néfaste pour les phytoplanctons, les zooplanctons et les
poissons ;
accroissement des moustiques : la réduction de la vitesse d’écoulement de l’eau,
entraînant les possibilités de ponte et la multiplication des moustiques.
2.1.6 Méthodes de lutte intégrée contre la jacinthe d’eau
La lutte contre une mauvaise herbe consiste à réduire la biomasse à un niveau tel qu’elle ne
provoque plus de problèmes économiques. La meilleure stratégie de contrôle est celle qui
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permet de diminuer la biomasse à un coût raisonnable sans affecter l’écosystème et les
ressources en eaux.
Mesures d’atténuation ou d’urgence
Pendant la période des crues, les actions d’urgence (barrages flottants ou fixes) qui sont
envisagées pour protéger les ouvrages.
Manipulation de l’habitat
Cette technique est appliquée dans des endroits où l’on peut intervenir sur le niveau de
l’eau : barrage, canaux d’irrigation. La technique consiste à diminuer le niveau de l’eau. Ainsi
les plants de mauvaises herbes qui s’y trouvent se dessèchent pour être brûlées par la suite.
Il faut au moins 21 à 30 jours sans pluie pour que les plantes puissent être brûlées. Le
séchage des plantes dépend de la température, de la pente et du type de sol. Quand le sol
est boueux, le temps de séchage est long.
Lutte manuelle
C’est la principale méthode de lutte pratiquée au Mali. Le contrôle manuel est possible dans
les endroits faciles d’accès et peu profonds tels que les canaux d’irrigation, les drains et les
fossés. La période favorable pour la lutte manuelle est la saison sèche (de janvier à mars).
Lutte mécanique
La lutte mécanique par extraction consiste à enlever les plantes à l’aide de gros engins
motorisés.
Lutte chimique
Cette technique consiste à appliquer des substances chimiques (herbicides) qui altèrent le
métabolisme et la croissance des plantes, provoquant ainsi la mort. Il se forme alors une
biomasse importante dont la décomposition peut entraîner des problèmes d’eutrophisation.
Lutte biologique
La lutte biologique est l’utilisation des organismes vivants et de leurs produits pour empêcher
ou réduire les pertes ou dommages causés par les organismes nuisibles.
La lutte biologique contre les mauvaises herbes est basée sur l’utilisation d’ennemis naturels
de l'hôte, de façon à réduire la population à des limites où il ne provoque pas de dégâts
économiques. Pour le contrôle biologique des infestations de jacinthe d’eau, plusieurs
organismes ont été étudiés.
Au Mali, deux espèces de charançon ont été étudiées et utilisées dans le cadre de la lutte
biologique. Ce sont des coléoptères Neochetina eichhornia et Neochetina bruchi.
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2.2 FOUGERE D’EAU OU SALVINIA GEANT
2.2.1 Origine et historique
La fougère d’eau ou Salvinia géant (Salvinia molesta) (Salviniaceae) est une fougère
aquatique originaire du sud-est du Brésil (photo2,3).
Elle a progressivement envahi entre 1972 et 1990 beaucoup de cours d’eau en Amérique,
Asie et Australie.
En Afrique, sa présence a été signalée en Afrique du Sud, Botswana, Zambie, Zimbabwe,
Kenya, Côte d’ivoire, Ghana, Mauritanie et Sénégal.
Au Mali, Salvinia a été observé en 2000 sur la rive droite du fleuve Niger au niveau de
Bamako (photos 2 et 3).
Photo2 : Plant de Salvinia géant
Photo3 : Tapis de Salvinia
2.2.2 Description
Elle se distingue par des feuilles vertes, arrondies flottantes sur les plans d’eau envahis. La
face supérieure foliaire est envahie par un réseau de longs et rigides poils imperméables qui
permettent aux feuilles de flotter. Trois différents phénotypes ou stades de développement
sont observés sur le salvinia géant.
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Une fois établie et le tapis formé, les plantes matures deviennent robustes et portent des
paires de feuilles érigées sur un rhizome. La croissance de la plante à ce niveau est
restreinte et relativement lente.
2.2.3 Biologie
Le Salvinia géant se répand très rapidement par reproduction végétative à partir des
bourgeons axillaires. C’est une espèce agressive et compétitive, le doublement des feuilles
d’une plante a été observé en 2 jours à 8 jours sous serre dans le lac Kariba.
La plante peut couvrir complètement les plans d’eau envahis avec un tapis très épais. Au fur
et à mesure que la densité des plantes s’accroît, des plantes matures et robustes naissent et
produisent des tapis épais avec des plants entrelacés.
2.2.4 Dégâts causés par salvinia géant
Sur la base des problèmes de santé humaine, économiques et environnementaux causés
par les végétaux aquatiques envahissants, le salvinia géant vient en 2eme position derrière
la jacinthe d’eau sur une liste des végétaux aquatiques envahissants les plus nocifs dans le
monde (SANE 2001).
Les dangers de la prolifération de Salvinia peuvent se résumer de la façon suivante :
obstruction des voies d’eau, ce qui empêche la navigation (cas du canal de Thio) ;
obstruction des canaux d’irrigation, avec comme conséquence une diminution du débit,
colonisation des plans d’eau (barrage de Markala, Fala de Molodo et de Bokiwéré) ;
occupation des rives (Fala de Bambougou) empêchant ainsi les populations et le bétail
d’avoir accès à l’eau ;
diminution de la luminosité néfaste pour les phytoplanctons, les zooplanctons et les
poissons ;
accroissement des moustiques par la réduction de la vitesse de l’eau, entraînant les
possibilités de ponte et la multiplication des moustiques.
2.2.5 Méthodes de lutte contre Salvinia
Mesures d’atténuation ou d’urgence
Pendant la période des crues, les actions d’urgence (barrages flottants ou fixes) qui sont
envisagées pour protéger les ouvrages.
Manipulation de l’habitat (cf. jacinthe)
Cette technique est appliquée dans des endroits où l’on peut intervenir sur le niveau de
l’eau : barrage, canaux d’irrigation. La technique consiste à diminuer le niveau de l’eau. Ainsi
les plants de mauvaises herbes qui s’y trouvent se dessèchent pour être brûlées par la suite.
Il faut au moins 21 à 30 jours sans pluie pour que les plantes puissent être brûlées. Le
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séchage des plantes dépend de la température, de la pente et du type de sol. Quand le sol
est boueux, le temps de séchage est long.
Lutte manuelle
Les tapis de Salvinia peuvent être nettoyés des plans d’eau envahis par arrachage manuel.
Cette méthode de lutte nécessite, néanmoins, le déploiement d’un nombre important
d’hommes. L’arrachage manuel peut être envisagé aux stades de colonisation initiale. Il faut
une répétition annuelle de cette opération pour maintenir un niveau acceptable de contrôle
des invasions. Une fois la fougère établie avec des tonnes des plantes (environ 80t/ha), le
travail devient périlleux.
Lutte mécanique
Les tapis de S. molesta peuvent être nettoyés des plans d’eau envahis par extraction à l’aide
de gros engins motorisés.
Lutte chimique
Cette technique consiste à appliquer des substances chimiques sur les tapis de Salvinia.
L’application de cette forme de lutte bien qu’envisageable sur des plans d’eau ouverts,
appellent des investigations pour limiter les conséquences néfastes sur l’environnement et la
santé humaine. Par ailleurs, la présence sur la face supérieure des feuilles d’une pilosité
dense forme une barrière imperméable aux herbicides de contact, nécessitant l’utilisation
d’agents mouillants.
Lutte biologique
La lutte biologique contre Salvinia se fait par les lâchers de son ennemi naturel spécifique
Cyrtobagous salviniae. C’est un Charançon noir qui mesure 2mm de long.
2.3 SALADE D’EAU
2.3.1 Origine et historique
La salade d’eau Pistia stratiotes (Aracée) est une plante aquatique flottante très répandue
sous les tropiques et dans les régions subtropicales (photos 4 et 5). Certains auteurs
suggèrent son origine Africaine.
Photo4 : Plants de Salade d’eau isolée
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Photo5 : Plants de Salade d’eau en touffes
2.3.2 Description
Les plants de Pistia stratiotes peuvent varier de 2 à 30cm de diamètre avec la couleur verte
sombre à la couleur verte jaune en fonction des nutriments disponibles dans l’eau. Elle peut
survivre comme une plante semi- enracinée sur un terrain boueux, durant de longues
périodes.
Feuilles
Les feuilles sont pâles, jaune verdâtres, rétrécies à leur base, arrondies, droites ou dentelées
à leur sommet. Elles portent des nervures, partant de la base et sont veloutées sur les deux
faces.
Fleurs
Les fleurs sont pâles, vert- blanchâtres. Le fruit est une petite baie contenant plusieurs
graines minuscules.
Racines
Les racines se situent en dessous des touffes en suspension dans l’eau. Elles sont longues
et fibreuses.
2.3.3 Biologie
La reproduction se fait par de minuscules graines. Les plantes sont entourées par de petites
« plantes filles ». On rencontre la salade d’eau dans les étangs, les lacs, les fleuves et les
zones humides permanentes ou temporaires.
2.3.4 Dégâts causés par la salade d’eau
La salade d’eau peut former un tapis épais et extensif pouvant empêcher à l’air et la lumière
d’accéder à la surface de l’eau et influer ainsi sur la biodiversité et la pêche. Elle peut se
développer en même temps que la jacinthe et la fougère d’eau et par ce biais empirer l’effet
des deux plantes.
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2.3.5 Méthodes de lutte intégrée contre la salade d’eau
On peut lutter contre la salade d’eau par un enlèvement manuel, mécanique ou par la lutte
biologique.
Lutte manuelle
Le contrôle manuel est possible dans les endroits faciles d’accès et peu profonds tels que
les canaux d’irrigation et les fossés. C’est un moyen qui implique une disponibilité de main
d'œuvre.
Lutte mécanique
La lutte mécanique par extraction consiste à enlever les plantes à l’aide de gros engins
motorisés.
Lutte biologique
La lutte biologique avec l’utilisation du charançon Neohydronomus affinis, un ennemi naturel
spécifique a été très efficace.
2.4 LE TYPHA
2.4.1 Origine et historique
C’est une plante de la famille des roseaux à croissance rapide, que l’on trouve naturellement
en Afrique (photo 6).
Photo 6 : Plants de Typha en infestation dans un arroseur
2.4.2 Description
C’est un roseau long, émergeant jusqu’à (5m au dessus de l’eau) avec des feuilles longues,
plates et une fleur caractéristique pointue sur une robuste tige tubulaire. Cette tige a
beaucoup de fleurs femelles de couleur brune fortement enchâssées et dessus d’elle, des
fleurs mâles crème.
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2.4.3 Biologie
Le typha se rencontre dans les zones humides de tout genre, les rivages des fleuves, des
lacs, des barrages et bassins peu profonds ainsi que les canaux d’irrigation et les fossés aux
abords des routes. Le typha peut pousser dans les eaux à faible taux de sodium.
La reproduction est sexuée. Les joncs produisent des millions de graines ayant des colons
soyeux reliés les uns aux autres pour former une masse de matière floconneuse qui
s’emporte facilement par le vent ou transporté par les oiseaux et autres animaux. De cette
façon le typha peut se disséminer très largement et coloniser toute zone humide disponible.
2.4.4 Dégâts causés par le typha
L’expansion du typha pose d’énormes conséquences entre autres :
-le développement des maladies d’origine hydrique comme le paludisme, la dysenterie
amibienne et la bilharziose ;
-la baisse de qualité de l’eau pour la consommation humaine ;
-la diminution de l’hydraulicité dans les axes d’irrigation et de drainage ;
-la création d’une zone de refuge pour les oiseaux granivores entraînant une pression
accrue sur les cultures céréalières ;
-la perte d’accès facile à l’eau pour les populations et les animaux.
2.4.5 Méthodes de lutte intégrée contre le typha
Lutte manuelle
Le contrôle manuel est possible par le faucardage des plants.
Lutte mécanique
La lutte mécanique par extraction consiste à enlever les plantes à l’aide de gros engins
motorisés.
Lutte chimique
Cette technique consiste à pulvériser les plants de typha avec des substances chimiques
(herbicides) qui altèrent le métabolisme et la croissance des plantes, provoquant ainsi la
mort.
2.5 MYRIOPHYLLUM AQUATICUM
2.5.1 Origine et historique
Amérique du Sud (Brésil, Pérou, Uruguay, Chili et Argentine).
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2.5.2 Description
C’est une plante aquatique pérenne, avec des racines dans le substrat, les tiges et les
feuilles en forme de plumage émergente ou flottante à la surface de l’eau. Les feuilles et les
tiges sont de couleur vert pâle grisâtre et la plante peut avoir plusieurs branches émergeant
d’un stolon central, latéral, pouvant atteindre un à deux mètres de longueur (photos 7 et 8).
Photo 7 : Plants de Myriophyllum
Photo 8 : Plants de Ceratophyllum
2.5.3 Biologie
Myriophyllum aquaticum se rencontre dans les eaux peu profondes jusqu’à deux mètres de
profondeur, enracinés dans la boue ou dans des substrats rocheux avec une préférence
pour les eaux enrichies en azote. Les graines se déplacent par le vent et par l’eau ; ses
fragments sont capables de se développer par voie végétative.
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2.5.4 Utilisations possibles
C’est une plante d’horticulture avec une grande attraction pour les jardiniers, elle est souvent
déplacée par l’homme qui l’introduit sciemment dans son nouveau milieu.
2.5.5 Dégâts causés par Myriophyllum
Myriophyllum aquaticum est connu par son action de blocage des voies d’eau. Il domine les
autres plantes aquatiques et réduit ainsi la biodiversité. Il constitue un lieu de prédilection
des vecteurs de la bilharziose et du paludisme.
2.5.6 Méthodes de lutte intégrée
Un enlèvement physique est très efficace bien que la plante se développe très vite et qu’elle
peut se reproduire à partir de boutures.
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3. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
DEMBELE, B., DIARRA, L., KAYENTAO, M. 2007. Initiation à la lutte biologique contre
Salvinia molesta (rapport de recherche 19p).
DEMBELE, B., 2004. Les espèces envahissantes au Mali in prevention and management of
invasive alien species: Forging cooperation throughout West Africa. Novotel Hotel-Accra,
Ghana 9-11th March 2004.
DEMBELE, B., DIARRA, L., KAYENTAO, M. 2003. Recherche de techniques de lutte
intégrée contre la jacinthe d’eau et autres plantes aquatiques nuisibles (rapport de recherche
19p)
HOWARD, G.W. ET MATINDI, S.W. 2003- Les espèces étrangères envahissantes dans les
zones humides de l’Afrique. Quelques menaces et des solutions 15p.
DEMBELE, B. 2002. -Situation des plantes aquatiques nuisibles dans les pays de la CDEAO
12P
SANE, I. 2001. -Note synthétique sur la fougère aquatique, Salvinia molesta D.S. Mitchell et
son ennemi naturel spécifique le charançon Cyrtobagous salviniae Calder and Sands 11p
ZEBEYOU MESMER GNAGNO, 1998. Séminaire Régional de lutte biologique contre la
jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes). Bamako du 23 au 24 Avril, Mali. 23p.
PROGRAMME NATURA / NECTAR 1996. Approche lutte biologique pp 101.
GOPAL, B., 1987.- Water Hyacinth. Aquatic Plant Studies1 600p