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26 septembre 20011 Samuel Thyrion p 1 sur 44 03 62 57 77 26 - 06 65 56 69 57 - [email protected] COPAS – 54 rue nationale – 59000 LILLE — SCOT ARL à capital variable – RCS Lille B 329 070 809 Enquête sur les pratiques éducatives des jeunes en Picardie Monographie : Quartier Elbeuf - Amiens Parmi les différents moyens mis en place pour réaliser cette étude, trois territoires ont fait l’objet d’une attention particulière, dont le quartier d’Elbeuf à Amiens. En complément de l’analyse cartographique régionale (caractéristiques sociodémographiques, socioéconomiques et photographie des dispositifs en direction des jeunes) et de l’étude par questionnaire, nous avons réalisé une phase plus qualitative qui s’est traduite par une série d’entretiens avec des professionnels agissant sur le territoire et de jeunes. Ces investigations se sont déroulées entre mai et septembre 2011. Rappelons que l’objet premier de ces investigations sur site consiste à « nourrir » et enrichir l’étude régionale. Autrement dit, cette « monographie » doit être lue comme une contribution spécifique à une étude globale, même si nous mettons en lumière les singularités de ce territoire dans ce document. Samuel Thyrion

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26 septembre 20011 Samuel Thyrion p 1 sur 44

03 62 57 77 26 - 06 65 56 69 57 - [email protected]

COPAS – 54 rue nationale – 59000 LILLE — SCOT ARL à capital variable – RCS Lille B 329 070 809

Enquête sur les pratiques éducatives des jeunes en Picardie

Monographie : Quartier Elbeuf - Amiens

Parmi les différents moyens mis en place pour réaliser cette étude, trois territoires ont fait l’objet d’une attention particulière, dont le quartier d’Elbeuf à Amiens.

En complément de l’analyse cartographique régionale (caractéristiques sociodémographiques, socioéconomiques et photographie des dispositifs en direction des jeunes) et de l’étude par questionnaire, nous avons réalisé une phase plus qualitative qui s’est traduite par une série d’entretiens avec des professionnels agissant sur le territoire et de jeunes. Ces investigations se sont déroulées entre mai et septembre 2011.

Rappelons que l’objet premier de ces investigations sur site consiste à « nourrir » et enrichir l’étude régionale. Autrement dit, cette « monographie » doit être lue comme une contribution spécifique à une étude globale, même si nous mettons en lumière les singularités de ce territoire dans ce document.

Samuel Thyrion

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Sommaire de la monographie

A‐Préalables ..........................................................................................................................31. L’objetdelamonographie............................................................................................................................................ 32. Présentationsynthétiquedel’étude«jeunesse» .............................................................................................. 32.1 Phase1–Produireune«vued’ensemble»del’offreéducative................................................................ 32.2 Phase2:Analysedespratiqueséducativesetculturellesdesjeunesetdeleursattentes ............. 42.3 Phase3:Synthèseetpréconisations ..................................................................................................................... 4

3. Investigationsréaliséespourlamonographie .................................................................................................... 43.1 Professionnelsrencontrés........................................................................................................................................... 43.2 Jeunesinterviewés(entretiensindividuelsoucollectifs) .............................................................................. 5

B‐Monographie .....................................................................................................................64. Elbeuf:quelquesdonnéesdesituationsociodémographiquesetsocio‐économiques..................... 64.1 Préalablesméthodologiques ..................................................................................................................................... 64.2 Indicateursdecontextecomparés .......................................................................................................................... 74.3 Caractéristiquessocio­démographiques:Un«petit»quartier,plutôtjeuneetquiserenouvellepeu ............................................................................................................................................................................. 84.4 Caractéristiquessocio­économiques....................................................................................................................104.5 Donnéesrelativesàlascolaritéetauniveaudeformation.......................................................................124.6 Uncontextegénéralquin’évoluepaspositivement,voiretendàs’aggraver....................................14

5. Actions,dispositifs,opérations:l’offreendirectiondesjeunesàElbeuf..............................................155.1 Orientationsdesdocumentscadre,dispositifs,projetsd’établissement ..............................................155.2 Structurationdel’offresurlequartier ...............................................................................................................185.3 Descriptiondequelquesactions/pratiquespertinentes .............................................................................225.4 Perspectives:l’implantationd’unCentresocialsurlequartieretlaréalisationd’undiagnosticdequartier ..................................................................................................................................................................................265.5 Enconclusionconcernantl’offrejeunesse.........................................................................................................27

6. Laperceptiondesprofessionnels:principalesproblématiquesduquartier,appréciationdel’offreetduréseaulocal. ......................................................................................................................................................276.1 L’analyseduquartieretdesesproblématiques .............................................................................................276.2 Regardsurlesjeunes ..................................................................................................................................................296.3 L’analysedesprofessionnelssurl’offre...............................................................................................................306.4 Regardsurleréseaulocaletlecontexteactuel..............................................................................................32

7. Regarddesjeunessurleuravenir,lequartier,lesactions...........................................................................337.1 Aveniretprojets:«desidéesclaires,unregardlucide» ...........................................................................337.2 Leurvisionduquartier:«icic’estpaslaville» .............................................................................................377.3 Auto­évaluationdesactionsauxquellesilsontparticipé:«quandsatisfactionrimeavecautonomieetutilité» .............................................................................................................................................................387.4 Zoomsurlesusagesdel’ateliermultimédia(observation).......................................................................40

8. Quelquespointsdeconclusion.................................................................................................................................42

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A - Préalables

1. L’objet de la monographie

Rappelons ici que la monographie ne doit pas être confondue avec un travail d’audit ou d’évaluation.

Il s’agit avant tout d’un exercice descriptif qui repose sur une analyse des faits (bilans chiffrés, données statistiques), sur l’appréciation des acteurs (professionnels, jeunes, etc.) sur des objets concrets (la situation du territoire, l’offre en direction des jeunes, le niveau de coopération entre acteurs sur le terrain, les modalités de mise en œuvre des actions et les postures professionnelles, les effets des actions sur les publics, etc.).

Ces différents niveaux de description permettent in fine de dégager des caractéristiques propres au quartier d’Elbeuf, de valoriser des approches, des modalités de travail singulières qui viendront enrichir une note de synthèse problématisée (mise en perspective régionale à partir des trois monographies, du traitement des questionnaires et du traitement cartographique).

2. Présentation synthétique de l’étude « jeunesse »

La Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale (DRJSCS) a confié au cabinet COPAS la réalisation d’une étude ayant comme objet « les pratiques éducatives des jeunes en Picardie ».

Le terme « pratiques éducatives » est à prendre dans son acceptation la plus large («l’ensemble des actions et activités proposées aux jeunes qui participent à l’apprentissage, à l’autonomie et à l’épanouissement personnel d’un individu en dehors du temps scolaire ».)

Trois phases ont été suivies :

2.1 Phase 1 – Produire une « vue d’ensemble » de l’offre éducative

L’objectif de cette étude a d’abord consisté à proposer une « vue d’ensemble » de l’offre éducative régionale en direction des jeunes.

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Pour ce faire, deux types de travaux ont été réalisés :

√ Un recensement régional cartographié des actions et dispositifs en direction des jeunes (à partir des données statistiques existantes)

√ Une étude par questionnaire permettant de disposer d’éléments plus qualitatifs sur le type d’actions mises en œuvre.

o Cf. « atlas jeunesse » o Cf. Analyse des résultats de l’étude par questionnaire

2.2 Phase 2 : Analyse des pratiques éducatives et culturelles des jeunes et de leurs attentes

À l’issue de cette première phase, Copas a engagé une série de rencontres et d’entretiens collectifs avec des professionnels d’une part et différents groupes de jeunes pour les interroger sur leurs pratiques, demandes, besoins, etc. afin de les analyser et de les confronter au regard de l’offre existante.

2.3 Phase 3 : Synthèse et préconisations

L’ensemble des données qui ont été produites au cours de l’étude (cartographie et analyses, résultats de l’étude par questionnaire, fiches monographiques) fait l’objet d’un rapport de synthèse assorti de préconisations.

3. Investigations réalisées pour la monographie

3.1 Professionnels rencontrés

Conformément aux besoins de l’étude et de notre proposition initiale, les entretiens menés concernaient des acteurs ayant une connaissance spécifique du quartier ou des actions proposées et/ou étant directement en contact avec les publics sur le quartier.

√ Azouz HAMDANE, directeur Odyssée / CAJ, secteur Nord et coordination de projets / dispositifs jeunesse ville entière.

√ Richard BRUNET, Coordonnateur Contrat Urbain de Cohésion Sociale √ Sébastien BLED, coordonnateur ville, référent ville d’Amiens pour la

communauté Sud. √ Sibile VALOIS, Association La briqueterie. √ Youssef YAHIAOUI, Animateur Jeunesse (Service Jeunesse Ville d'Amiens);

Référent du Point Information Jeunesse d’Elbeuf. √ Francis TELLIER, Principal du collège Édouard Lucas et Arnaud VITTE,

Conseiller Principal d’Éducation.

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√ Alexandre LEFEVRE, coordonnateur du Dispositif de Réussite Éducative sur la communauté sud.

√ Karim BOUZAFFA, Association le Mail prévention (interviennent sur tous les quartiers – travail de rue.

3.2 Jeunes interviewés (entretiens individuels ou collectifs)

Les jeunes rencontrés sont tous originaires du quartier Elbeuf. Nous avons concentrés nos entretiens sur un public « ado », généralement collégiens (13/15 ans) et « jeunes adultes » (17/22 ans) en majorité en recherche d’insertion professionnelle.

√ 4 Jeunes usagers du Point Info Jeunesse de Breteuil et ayant participé à des chantiers (3 garçons de 17, 22 et 21 ans, une fille de 21 ans)

√ Temps d’observation des usages de l’atelier multimédia (8 jeunes, donc 5 âgés de 13/15 ans et 3 de 16/22 ans)

√ 1 focus groupe « collégiens » de 4ème (3 élèves de 4ème) √ 3 jeunes interviewés à la fête de quartier le 24 septembre 2011

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B - Monographie

4. Elbeuf : quelques données de situation sociodémographiques et socio-économiques

Cette partie propose quelques repères statistiques pour situer le quartier, notamment en comparaison avec les autres quartiers amiénois mais plus largement avec d’autres territoires du département et de la région (comparaison avec les données cartographiées dans l’atlas jeunesse réalisé au démarrage de cette étude). Il ne s’agit donc pas ici de proposer un « nouveau » diagnostic.

4.1 Préalables méthodologiques

La focale retenue dans les différentes cartes proposées ci-après est celle de l’IRIS1 qui dans le cas d’Elbeuf est cohérente avec le périmètre du quartier (le périmètre de l’IRIS reprend les frontières du quartier au sud et englobe au Nord une zone peu habitée : hippodrome, stade, parc des expositions, etc.)

Au niveau IRIS, les données INSEE disponibles les plus récentes datent de 2007. La prochaine sortie des données est prévue pour octobre 2011.

1 Les Ilots Regroupés pour l'Information Statistique (IRIS) forment un "petit quartier", qui se définit comme un ensemble d'îlots contigus. Les IRIS d'habitat concentrent une population qui se situe entre 1 800 et 5 000 habitants et sont homogènes quant au type d'habitat. Nota bene : pour Elbeuf, l’IRIS est dénommé « Petit Saint Jean » (n°8002105)

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4.2 Indicateurs de contexte comparés

Pour situer le quartier d’Elbeuf, mettre en perspective et comparer les différents indicateurs de contexte, nous appuierons nos commentaires et analyses ci-après à partir des données ci-dessous.

Elbeuf Amiens Somme Picardie REVENU PAR UNITE DE CONSOMMATION (médiane 2008) 15 565€ 15 548€ 16 654€ 17 353€ Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 15/64 ans (2007) 5% 4,60% 3,60% 3,40% Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 15/24 ans (2007) 31,50% 27,40% 27,70% 26,50% POPULATION SCOLARISEE 2/5 ans (2007) 15,8% 11,8% 15,6% 16,4% POPULATION SCOLARISEE 6/14 ans (2007) 42,7% 33,1% 44,6% 48,3% POPULATION SCOLARISEE 15/17 ans (2007) 14,7% 11,5% 14,9% 16,2% POPULATION SCOLARISEE 18/24 ans (2007) 22,1% 36,8% 21,1% 16,2% POPULATION SCOLARISEE 25/29 ans (2007) 1,8% 3,9% 1,8% 1,1% POPULATION SCOLARISEE 30 ans et plus (2007) 2,9% 3,1% 2,0% 1,7% PART DES FAMILLES MONOPARENTALES (2007) 17,50% 20,60% 12,90% 12,70% PART DES FAMILLES AVEC 4 ENFANTS ET PLUS (2007) 2,90% 4,10% 2,80% 3% PART DE LA POPULATION 00/02 ANS (2007) 5,4% 3,9% 3,6% 3,9% PART DE LA POPULATION 03/05 ANS (2007) 4,6% 3,5% 3,8% 4,0% PART DE LA POPULATION 06/10 ANS (2007) 6,1% 5,5% 6,1% 6,6% PART DE LA POPULATION 11/17 ANS (2007) 9,0% 8,4% 8,7% 9,3% PART DE LA POPULATION 18/24 ANS (2007) 11,9% 16,9% 10,0% 8,9% PART DE LA POPULATION 00/19 ANS (2007) 27,6% 26,2% 25,3% 26,5%

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4.3 Caractéristiques socio-démographiques : Un « petit » quartier, plutôt jeune et qui se renouvelle peu

♦ La population d’Elbeuf : un quartier qui s’est peu renouvelé

Avec 3 728 habitants (2,8%) de la population amiénoise, Elbeuf fait partie des quartiers à proximité du centre ville, les moins peuplés.

Sa population se caractérise par une part relativement importante d’employés et ouvriers et d’une faible proportion de cadres et de professions intellectuelles. Ainsi, comme l’on rappelé les professionnels (cf. 6.1), Elbeuf est un quartier qui a conservé son identité de quartier ouvrier et qui s’est peu renouvelé.

Pop 15 ans ou plus Artisans, Comm., Chefs entr. en 2007

Pop 15 ans ou plus Cadres,

Prof. intel. sup. en 2007

Pop 15 ans ou plus Prof.

intermédiaires en 2007

Pop 15 ans ou plus Employés

en 2007

Pop 15 ans ou plus Ouvriers

en 2007

Pop 15 ans ou plus Retraités

en 2007

Pop 15 ans ou plus Autres en

2007

40 172 340 731 439 560 650 1,08% 4,60% 9,13% 19,60% 11,76% 15,03% 17,44%

Ce constat est d’ailleurs renforcé par le fait que plus de la moitié de ses habitants (2020 habitants, 54,2%) qui vivent sur le quartier depuis 5 ans ou plus, habitent le même logement depuis 5 ans. La faible mobilité est ainsi une caractéristique forte du quartier et de sa population. Les habitants d’origine étrangère y sont également peu nombreux (154, 4,1%).

Physiquement isolé, le cloisonnement du quartier est également une caractéristique d’Elbeuf, largement décrite dans les différents diagnostics existants et confirmée par les acteurs de terrain.

♦ Un quartier jeune

28% des habitants d’Elbeuf (1028) ont moins de 20 ans, ce qui place le quartier dans une moyenne supérieure à celle d’Amiens (26,2%), du département (25,3%) et de la région (26,5%) sachant que la moyenne nationale est de 25%.

En regardant les différentes tranches d’âge de 0 à 17 ans, les scores d’Elbeuf sont également systématiquement supérieurs aux moyennes de la ville, de la Somme ou de la Picardie.

Elbeuf Amiens Somme Picardie PART DE LA POPULATION 00/02 ANS (2007) 5,4% 3,9% 3,6% 3,9% PART DE LA POPULATION 03/05 ANS (2007) 4,6% 3,5% 3,8% 4,0% PART DE LA POPULATION 06/10 ANS (2007) 6,1% 5,5% 6,1% 6,6% PART DE LA POPULATION 11/17 ANS (2007) 9,0% 8,4% 8,7% 9,3%

Pourtant, la tendance s’inverse complètement pour les 18/24 ans, positionnant Elbeuf comme l’un des quartiers dans lequel la part de ces jeunes est la moins importante (cf. carte ci après).

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Elbeuf Amiens Somme Picardie PART DE LA POPULATION 18/24 ANS (2007) 11,9% 16,9% 10,0% 8,9%

Ce phénomène de déficit migratoire des 18/24 ans que nous avions constaté au niveau régional se retrouve ici à une échelle infra communale. Comme nous l’indiquions, Amiens ne perd pas globalement de sa population principalement grâce à un excédent naturel.

Elbeuf (11.94%)

St HonoréJeanne d'Arc

Plein Sud

Sud Est

Amiens Val d'Avre

Saint AcheulHenriville

Sainte AnneFbg Noyon

Amiens II-La valléeCentre ville

St LeuSt GermainSt JacquesSt Roch

Faubourg de Hem

Renancourt

Montières

Etouvie

Longpré

Saint Maurice

Saint Pierre

Marivaux

Amiens Nord

Saint Ladre

Répartition de la population par quartier (en %):

sup à 22%

de 20% à 22%

de 18% à 20%

de 16% à 18%

de 14% à 16%

inf à 14%

Réalisation: COPAS - Enquête sur les pratiques éductives des jeunes en Picardie - DRJSCS PicardieSource: INSEE 2007, recensement de la population par IRIS

PART DE LA POPULATION 18/24 ANS PAR QUARTIER

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♦ Les familles monoparentales

Il est intéressant ici de mettre en regard les représentations des acteurs de terrain qui nous ont majoritairement indiqué qu’Elbeuf se caractérisait par une problématique forte de monoparentalité avec la réalité statistique.

Il ne s’agit pas ici de minimiser l’enjeu et la part conséquente des familles monoparentales sur le quartier. Avec 17,55%, le quartier se situe largement au dessus de la moyenne départementale : 12,9%. Pourtant, en comparaison avec d’autres quartiers, Elbeuf n’est pas particulièrement « marqué » et se situe en réalité en deçà de la moyenne amiénoise (20,60%).

4.4 Caractéristiques socio-économiques

♦ Les revenus et les inégalités : un quartier pauvre

Elbeuf Amiens Somme Picardie REVENU PAR UNITE DE CONSOMMATION (médiane 2008) 2 15 565€ 15 548€ 16 654€ 17 353€

Avec un revenu médian de 15 565 €, Elbeuf se situe dans la moyenne amiénoise qui elle même est sensiblement inférieure aux moyennes départementales, régionales et 2 « La médiane du revenu fiscal par unité de consommation (UC) partage les personnes en deux groupes : la moitié des personnes appartiennent à un ménage qui déclare un revenu par UC inférieur à cette valeur et l'autre moitié un revenu par UC supérieur » (déf. INSEE).

Elbeuf (17.55%)

St Honoré

Jeanne d'Arc

Plein Sud

Sud Est

Amiens Val d'Avre

Saint AcheulHenriville

Sainte Anne

Fbg Noyon

Amiens II-La valléeCentre ville

St LeuSt Germain

St Jacques

St Roch

Faubourg de Hem

Renancourt

Montières

Etouvie

Longpré

Saint Maurice

Saint Pierre

Marivaux

Amiens Nord

Saint Ladre

Part des familles monoparentalespar quartier (en %):

sup à 22%

de 20% à 22%

de 18% à 20%

de 16% à 18%

de 14% à 16%

inf à 14%

Réalisation: COPAS - Enquête sur les pratiques éductives des jeunes en Picardie - DRJSCS PicardieSource: INSEE 2007, recensement de la population par IRIS

PART DES FAMILLES MONOPARENTALES PAR QUARTIER (2007)

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nationales (18 129€). Pour autant si Elbeuf est proche de la moyenne amiénoise, il fait partie des quartiers les plus pauvres de la ville, les écarts de revenus étant particulièrement importants à Amiens (le rapport inter déciles3 à Amiens étant supérieur à 10).

3 Rapport entre les 10% les plus pauvres et les 10% les plus aisés

Revenu par UC (médiane):

sup à 25 000

de 22 500 à 25 000

de 20 000 à 22 500

de 17 500 à 20 000

de 15 000 à 17 500

de 12 500 à 15 000

inf à 12 500

Réalisation: COPAS - Enquête sur les pratiques éductives des jeunes en Picardie - DRJSCS PicardieSource: INSEE 2008, recensement de la population par IRIS

REVENU PAR UNITE DE CONSOMMATION(médiane 2008)

Elbeuf (15 565)

St Honoré

Jeanne d'Arc

Plein Sud

Sud Est

Amiens Val d'Avre

Saint AcheulHenriville

Sainte Anne

Fbg Noyon

Amiens II-La valléeCentre ville

St Leu

St GermainSt Jacques

St Roch

Faubourg de Hem

Renancourt

Montières

Etouvie

Longpré

Saint Maurice

Saint Pierre

Marivaux

Amiens Nord

Saint Ladre

La médiane pour la commune d'Amiens est de 15 458!

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♦ Emploi des jeunes et précarité économique

Si les revenus des habitants d’Elbeuf sont faibles, cette situation se conjugue pour les jeunes de 18 à 24 ans avec un contexte particulièrement difficile au plan de l’emploi.

Ainsi, à Elbeuf, un jeune actif sur 3 âgé de 15 à 24 ans est au chômage (soit 31,50%)

Elbeuf Amiens Somme Picardie Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 15/64 ans (2007) 5% 4,60% 3,60% 3,40% Part des chômeurs 15/24 ans par rapport aux actifs 15/24 ans (2007) 31,50% 27,40% 27,70% 26,50%

On notera d’ailleurs que cette situation s’est vraisemblablement aggravée depuis 2007 comme nous l’indiquions dans notre analyse régionale : en 2008 en Picardie, la variation des demandeurs d’emplois de moins de 25 ans a progressé de 28% (+ 35,5% pour les hommes de moins de 25 ans, + 28% pour les femmes de moins de 25 ans).

4.5 Données relatives à la scolarité et au niveau de formation

♦ Scolarité et niveau de formation

Les écoles du quartier sont situées sur un réseau d’éducation prioritaire4 (Réseau de Réussite scolaire). Ce classement est cohérent au regard des principaux indicateurs sociaux économiques que nous avons pu relever et souligne en particulier un niveau de difficulté scolaire plus important (ou une « performance scolaire » inférieure aux scores moyens nationaux). La « tête » du réseau RRS est le collège Edouard Lucas, situé en dehors du quartier Elbeuf qui fait partie de sa zone de recrutement.

2007 2-5 ans 6-14 ans 15-17 ans 18-24 ans 25-29 ans 30 ans ou plus

Pop 209 413 150 445 351 1995 Pop scolarisée 147 396 136 205 17 27 69,96% 95,89% 90,84% 46,00% 4,80% 1,33%

Si la quasi totalité de la population est scolarisée (les données ne prennent pas en compte l’inscription des élèves dans les établissements privés), il est intéressant de noter que les taux baissent sensiblement dans la tranche d’âge 15/17 ans. Si ces chiffres ne peuvent être utilisés pour dénombrer les arrêts de scolarité à 16 ans, cette 4 Comme pour la politique de la ville, l’éducation prioritaire est une politique spécifique de l’Éducation Nationale (discrimination positive), visant à renforcer les moyens des écoles et établissements qui, sur un secteur cohérent sont regroupés en réseau. Les établissements sont soit classés en « Réseau d’Ambition Réussite », soit en « Réseau de Réussite Scolaire ». Le classement des établissements faisant partie des RAR, est déterminé selon des critères scolaires et sociaux :

- part d’enfants issus de familles appartenant à des catégories socioprofessionnelles défavorisées (plus des deux tiers) ;

- part d’élèves ayant des résultats faibles aux évaluations en 6e (20 points au-dessous de la moyenne) ; - part d’élèves ayant un retard scolaire de deux ans à l’entrée au collège ; - part des parents bénéficiaires du RMI ; - part des enfants ayant des parents non francophones.

Les réseaux de réussite scolaire (RRS) concernent des collèges et écoles comportant plus de mixité sociale. Ils ont pour vocation à sortir progressivement du dispositif de l’éducation prioritaire.

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baisse souligne néanmoins que ce phénomène n’est pas rare, comme l’indiquent les acteurs de l’école (cf. 6.2 : « Un rapport singulier à l’école, des arrêts de scolarité fréquents »).

Il est également intéressant d’analyser les données relatives au niveau de formation. Ainsi à Elbeuf, une personne sur quatre de plus de 16 ans était sans diplôme et un quart a un niveau bac ou plus.

Effectifs:4 000

2 000

1 000

Tranches d'âge:

2-5 ans

6-14 ans

15-17 ans

18-24 ans

30 ans ou plus

Réalisation: COPAS - Enquête sur les pratiques éductives des jeunes en Picardie - DRJSCS PicardieSource: INSEE 2007, recensement de la population par IRIS

POPULATION SCOLARISEE PAR QUARTIER (2007)

Elbeuf

St HonoréJeanne d'Arc

Plein SudSud Est

Amiens Val d'Avre

Saint AcheulHenriville

Sainte AnneFbg Noyon

Amiens II-La valléeCentre ville

St Leu

St Germain

St JacquesSt Roch

Faubourg de Hem

Renancourt

Montières

Etouvie

Longpré

Saint Maurice

Saint Pierre

Marivaux

Amiens NordSaint Ladre

Population scolarisée 2007: 40 398Population scolarisée Elbeuf 2007: 927 (soit 2.3% de la population scolarisée d'Amiens)- 2-5 ans: 147- 6/14 ans: 396- 15/17 ans: 136- 18/24 ans: 205- 25/29 ans: 17- 30 ans et +: 27

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Population 15/30 ans et plus

Pop 15-17 ans en 2007 (princ)

Pop 18-24 ans en 2007 (princ)

Pop 25-29 ans en 2007 (princ)

Pop 30 ans ou plus en 2007

(princ) 150 445 351 1995 2941 Population scolarisée 15/30 ans et plus

Pop scolarisée 15-

17 ans en 2007 (princ)

Pop scolarisée 18-

24 ans en 2007 (princ)

Pop scolarisée 25-

29 ans en 2007 (princ)

Pop scolarisée 30

ans ou plus en 2007 (princ)

136 205 17 27 385 Population non/plus scolarisée de 15 ans et plus et niveau de diplôme

Pop 15 ans ou plus non scol. Sans diplôme en 2007 (princ)

Pop 15 ans ou plus non

scol. CEP en 2007 (princ)

Pop 15 ans ou plus non scol. BEPC,

brevet collèges en 2007 (princ)

Pop 15 ans ou plus non scol. CAP-BEP en 2007 (princ)

Pop 15 ans ou plus non scol. BAC-BP en 2007 (princ)

Pop 15 ans ou plus non scol.

BAC+2 en 2007 (princ)

Pop 15 ans ou plus non scol. Sup. BAC+2

en 2007 (princ)

693 256 235 569 382 246 175 2557

23,57% 8,69% 7,98% 19,35% 12,99% 8,38% 5,96%

♦ L’Insertion des jeunes

On rappellera ici que les données relatives aux actions et dispositifs d’accompagnement et d’aide à l’insertion des jeunes (« Un but pour l’emploi », « Actions MGI », « dispositifs de parrainage », etc.) que nous avions cartographiés au niveau régional, ne sont pas disponibles à l’échelle infra communale. On indiquera cependant qu’il n’existe plus d’antenne mission locale sur le quartier.

4.6 Un contexte général qui n’évolue pas positivement, voire tend à s’aggraver

Les éléments et analyses proposés dans les différents diagnostics existants sur le quartier d’Elbeuf (Contrat de ville 2000-2006 évalué à mi-parcours5 et CUCS 2006/2009) convergent avec l’observation des professionnels du terrain (cf. partie 6.1), faisant état d’un processus continu de dégradation lié à plusieurs difficultés qui se cumulent : la situation d’enclavement du quartier, l’importance du chômage (en particulier celui des jeunes), l’importante monoparentalité et la pauvreté économique grandissante :

Le cloisonnement de ces territoires est le point saillant, notamment pour Elbeuf – Lescouvé où la situation sociale est proche de la ghettoïsation. En effet, l’éloignement à la ville est prégnant et a généré un enfermement social important. Le chômage des jeunes (40.5%), la forte proportion des personnes sans moyen de transports (14.6%), l’importance des familles monoparentales (47% pour la seule rue Louis Antoine de Saint-Just) liée à un délabrement rapide de l’habitat aboutissent à une sorte de « fatalisme » de la pauvreté. Ce cloisonnement et ce repli « communautaire » (1.8%

5 Réalisé par le LARES, Université de Rennes 2.

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de personnes d’origine étrangère) ont un impact direct sur les comportements sociaux et aggravent la situation6.

Au moment de l’évaluation intermédiaire du contrat de ville, les constats étaient identiques :

Sur le quartier d’Elbeuf, l’habitat et l’urbanisme participent plus nettement de la dégradation du climat social qui semble s’accentuer depuis environ cinq années. Délabré du point de vue du bâti, les habitants sont identifiés comme particulièrement en difficulté sur les questions éducatives. Peuplés de nombreuses familles monoparentales et de familles où l’absence des pères est patente, la difficulté est de constituer une autorité éducative qui fasse sens dès le plus jeune âge. Composé essentiellement de mères avec un ou deux enfants, un des secteurs d’Elbeuf « souffre», selon nos interlocuteurs, d’une « grande pauvreté éducative » et de populations « repliées sur elles-mêmes qui évitent de se mélanger ».

5. Actions, dispositifs, opérations : l’offre en direction des jeunes à Elbeuf

Cette partie propose de recenser d’une part les principales orientations éducatives proposées pour le quartier (quelles soient spécifiques ou relatives à des projets concernant la ville entière) et d’autre part de proposer une « photographie » de l’offre classée selon différents axes thématiques.

5.1 Orientations des documents cadre, dispositifs, projets d’établissement

♦ Droit commun et politique spécifique

En tant que quartier amiénois, Elbeuf est « ordinairement » concerné par les axes stratégiques du projet éducatif global (positionnant l’éducation dans une acception large et s’adressant aux enfants/jeunes de 2 à 25 ans, il précise les objectifs de la politique éducation-enfance-jeunesse de la ville).

En tant que quartier éligible à la politique de la ville (Elbeuf bien que territoire non ZUS est classé en priorité 2 du CUCS) et à l’éducation prioritaire (le quartier est situé sur le territoire d’un Réseau de Réussite Scolaire), d’autres objectifs plus « spécifiques » viennent se greffer aux « ambitions » ordinaires.

6 Contrat Urbain de Cohésion sociale 2007/2009 d’Amiens Métropole, le contexte de la communauté Sud, p. 30

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♦ Recensement des orientations stratégiques

le Projet Éducatif Global

(décliné en contrat annuel d’objectifs « éducation, enfance, jeunesse » de la ville d’Amiens)

Objectifs transversaux

la démocratie : √ S’appuyer sur la vitalité des populations et des partenaires institutionnels et associatifs

pour mettre en œuvre et faire vivre les lieux de débat, les instances de concertation √ Favoriser la participation citoyenne en associant les habitants (enfants, jeunes, parents)

aux réflexions et aux choix concernant les actions menées ou à mener ; développer les actions en tenant compte des besoins et des attentes des familles, des enfants et des jeunes

√ Favoriser la mixité sociale, la mixité entre les filles et les garçons

la solidarité : √ Garantir l’équité et la qualité de l’offre d’activité sur l’ensemble du territoire, garantir à

tous l’accès à ces activités √ Améliorer l’information des familles, des enfants et des jeunes sur l’offre éducative √ Soutenir, accompagner les parents dans leur rôle éducatif √ Favoriser l’accessibilité des activités aux personnes handicapées √ Promouvoir les actions de socialisation √ Promouvoir les actions de solidarité

l’écologie √ Permettre aux jeunes et aux familles de s’approprier, de mesurer et de prendre en

compte les enjeux du développement durable, développer les activités pédagogiques liées à l’environnement

√ Amener l’enfant et le jeune vers une citoyenneté active et participative pour qu’il devienne maître de son devenir et pour qu’il puisse agir positivement sur le monde qui l’entoure

√ Favoriser les actions de prévention en matière de santé

la mobilité √ Développer les activités de telle sorte qu’elles favorisent la mobilité, l’autonomie,

l’apprentissage et l’exercice de la citoyenneté √ Développer les actions permettant les échanges, les rencontres au niveau de la ville, du

département, de la région et de pays voisins √ Favoriser les projets artistiques et les pratiques culturelles sur l’ensemble du territoire

de la commune √ Promouvoir la découverte d’autres cultures, d’autres modes de vie pour comprendre la

diversité et développer l’apprentissage du « vivre ensemble »; favoriser les animations, les ateliers interculturels

√ Encourager la pratique sportive de tous, développer une offre sportive publique et égalitaire, permettre la découverte des différentes formes de pratiques sportives (découverte, initiation, animation ou perfectionnement), favoriser les passerelles entre les actions développées par la municipalité et celles mises en œuvre par les clubs sportifs (pratiquants, éducateurs, arbitres, bénévoles)

√ Développer les actions de loisirs éducatifs Objectifs spécifiques En direction des 3-15 ans, sur les temps périscolaires et extrascolaires permettre aux enfants et adolescents de découvrir et de pratiquer des activités éducatives, de loisirs, culturelles et sportives √ Garantir la qualité des actions mises en œuvre √ Développer l’offre d’activités en tenant compte des besoins spécifiques √ Permettre une plus grande participation des enfants dans les activités menées ou à

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mener √ Développer les rencontres, les échanges avec les familles En direction des 16-25 ans, mettre en place une dynamique partenariale pour une politique jeunesse relevant à la fois du travail social et du travail éducatif prenant en compte différents champs (citoyenneté, la formation, emploi, logement, mobilité, loisirs, santé, prévention, sport, culture, etc.)

√ Garantir la qualité des actions mises en œuvre √ Développer l’offre d’activité en tenant compte des besoins spécifiques. √ Permettre une plus grande participation des jeunes dans les actions menées ou à

mener

Le projet et priorités du Collège Édouard Lucas

Développer les compétences de base en référence au « socle commun de connaissances et de compétences » ; √ Promouvoir la lecture et l’écriture (CDI), rencontre d’auteurs de littérature jeunesse

chaque année pour chaque classe de 6° √ aide aux devoirs (quatre soirs par semaine) : transmission de méthodes de travail,

utilisation des TIC, etc.) Améliorer la performance scolaire ; √ Excellence : sections bi langues (anglais allemand, anglais portugais), section

européenne espagnol, section sportive football. √ Politique artistique et culturelle : mise en place de parcours culturels pour tous les

élèves de la 6° à la 3°, ateliers de pratique artistique, etc. (partenariat avec le Conseil Général)

√ culture scientifique et technique : expérimentation (séquences en demi classe en 6°, 5° et 4°), séjours pédagogiques

Développer la responsabilité des élèves ; √ formation des élèves délégués, prévention de la violence, éducation à la sexualité et à

la santé (maladies sexuellement transmissibles, prévention des conduites à risques, équilibre alimentaire, maltraitance, etc.), éducation à la sécurité routière, soutien à l’engagement des jeunes, avec, par exemple, la formation à l’activité de « citoyen de sécurité civile » tout au long de la scolarité ou la participation à la course contre la faim.

√ partenariats ont été mis en place : CEMEA, associations Le Mail, Action contre la faim, Compagnie de théâtre Proscenium, Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI), Police Nationale, SNCF, …

Contribuer à la réduction du nombre de jeunes quittant le système éducatif sans qualification

Le Contrat Urbain décohésion Sociale (priorités pour la communauté Sud7)

Volet « réussite éducative » √ Identifier et agir sur les causes d’échec éducatif √ Permettre à chacun l’accès au savoir, à la culture et au sport √ Permettre l’apprentissage et l’exercice de la citoyenneté Volet « Accès à l’emploi et développement économique » √ Lutter contre les discriminations à l’embauche √ Développer l’emploi des jeunes des ZUS et de l’ensemble des territoires prioritaires √ Conforter l’insertion par l’économique Volet « Citoyenneté / prévention de la délinquance » √ Prévenir les actes d’incivilités, de rupture scolaire et/ou sociale √ Développer les actions de prévention d’usage et de risque de dépendances en direction

des mineurs et des jeunes majeurs √ Lutter contre les violences intrafamiliales et accompagner les actions d’aide aux

victimes et accès aux droits Volet « habitat cadre de vie » √ Veiller au désenclavement des territoires

7 N’ont été reprises dans le tableau que les objectifs concernant le public de l’étude (il n’existe pas de « volet jeunesse » dans les CUCS.

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PRE √ Le programme de réussite éducative contribue à créer les conditions de « la réussite pour tous ».

√ Il a pour objectif de proposer aux enfants et à leur famille, une intervention éducative, culturelle, sociale et sanitaire en dehors du temps scolaire.

√ Il est destiné aux enfants dès les premières années de l’école maternelle, et ce jusqu’à la fin de l’obligation scolaire (2/16 ans)

√ Il offre un accompagnement global (« parcours de réussite éducative ») à ceux chez qui les professionnels de l’éducation, notamment, ont détecté des signes de fragilité

√ Quatre équipes interviennent sur le territoire d’Amiens Métropole √ Sur Elbeuf (communauté Sud), l’équipe pluridisciplinaire en charge de définir et de

mettre en place les parcours est composée de 2 éducateurs spécialisés (association Yves Lefevre) et d’une psychologue à quart temps

√ Pour l’année 2011, 51 parcours sont mis en place dont 15 pour des enfants/jeunes du quartier Elbeuf (11 en élémentaire, 4 au collège)

♦ Un cadre de référence clair et structurant… qui appelle à une coordination renforcée et pérenne

En tant que quartier de la ville et territoire prioritaire, Elbeuf fait partie de ces territoires sur lesquels les éléments de diagnostic sont connus, pour lesquels une ambition est affichée et un cadre d’intervention posé (en opposition par exemple avec certaines communes picardes appartenant à un pôle urbain, généralement moins dotées en ingénierie).

L’atteinte de ces objectifs demande de fait des ressources et des moyens pour informer les acteurs du quartier, coordonner les différentes actions collectives ou les parcours individuels, pour évaluer la contribution de chaque action ou dispositif en référence au PEG (et non pas seulement en référence à un dispositif).

On notera pourtant que :

√ les différents diagnostics que nous avons examinés ne recensent que trop peu les ressources du quartier (structures et services, collectifs d’habitants, projets leviers éventuels, etc.)

√ les modalités concrètes de mise en articulation des actions sont assez peu présentes dans les différents documents d’orientations ou dans les programmes d’action.

A ce jour (cf. supra), la coordination est assurée par le chef de projet politique de la ville du secteur sud.

5.2 Structuration de l’offre sur le quartier

♦ Préalables et point de vigilance

En reprenant ci-dessous la nomenclature réalisée dans le cadre de notre étude, il apparaît assez nettement que les différentes « dimensions » de l’action éducative en direction des jeunes sont couvertes par différentes actions ou dispositifs.

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L’intérêt de cette photographie réside avant tout dans le « classement » des différentes actions qu’elle propose. Elle n’a pas de valeur évaluative et n’informe, ni de l’impact (les actions mises en place touchent-elles un nombre suffisant de jeunes ?) ni de la pertinence de l’offre (les actions et moyens déployés sont-ils en adéquation avec les besoins du quartier et des publics ?)

♦ Axe 1 : renforcer les conditions de la réussite scolaire et l’accès aux savoirs

Renvoyant aux différentes actions et dispositifs visant à soutenir la scolarité / favoriser la réussite scolaire et à renforcer l’accès aux savoirs :

1. Incitation à la lecture et à l’écriture - Atelier d’écriture au collège Lucas - Rencontre d’auteurs de littérature jeunesse pour

les élèves de 6ème (collège Lucas) - Projet lecture association Cardan (partenariat

avec le collège et le DRE) - Soirée lecture , la briqueterie

2. Action périscolaire : accompagnement à la scolarité, aide aux devoirs, accompagnement éducatif, soutien scolaire

- Aide aux devoirs quatre fois par semaine au collège. Priorité du collège : accompagnement éducatif, étude dirigée

- Aide personnalisée de l’école primaire 3. Actions visant la maîtrise des technologies

de l’information et de la communication : initiation et maîtrise progressive de l’outil informatique

- Utilisation des NTIC dans le cadre des apprentissages qui se développe au collège (B2i)

- Espace Multimédia du PIJ

4. Stages de remise à niveau / savoirs fondamentaux

- Atelier relais du collège

5. Lutte contre le dérochage scolaire - PRE - Cellule de veille du collège - PPRE du collège

6. Remédiation scolaire - Atelier relais du collège

♦ Axe 2 : promouvoir l’épanouissement des jeunes par l’accès et la pratique d’activités culturelles, sportives, etc.

Renvoyant aux différentes actions et dispositifs visant l’épanouissement, le bien être et l’ouverture des jeunes : activités culturelles, sportives, scientifiques et de loisirs

1. Vacances loisirs a. L’accueil de loisirs - ∅ (pas de CAJ à Elbeuf). Les jeunes de 12 à 17

ans d’Elbeuf sont orientés vers le centre culturel Jacques Tati (Cap Ado)

- CLSH Elbeuf Primaire pour les 6/12 ans (mercredi et vacances scolaires de 8h00 à 18h00)

b. Les séjours de vacances - Séjours famille (Francas) - « Séjours vacances » (action « ville entière ») : 2

séjours pour les 12-14 ans, 2 pour les 14-17 ans (20 jeunes par séjour)

- « Week-end mobilité » (action « ville entière ») 2. Pratiques artistiques amateurs et éducation

artistique - « Parcours culturel » pour tous les élèves du

collège (Plan de développement culturel / conseil général) – rencontre d’auteurs pour les 6ème

- Représentations et spectacles à la briqueterie pour les scolaires

- « A la manière de… », la briqueterie (sensibilisation aux pratiques artistiques)

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3. Spectacles vivants (théâtre, danse, musique, arts plastiques, arts de la rue)

- Stage de fresque (Briqueterie / tatasse) - Parcours culturel pour tous les élèves du collège

(arts plastiques pour les 4ème)

4. Les pratiques éducatives sportives - « J-Sports » (occupation des terrains de sport et gymnase de 16h00 à 20h00) sur le quartier

- Partenariat Collège / UFOLEP pour compléter l’offre sportive de l’équipe EPS du collège

- Développement des sections sportives au collège (football, arts du cirque)

5. Pratiques des sciences et organisation d’évènements scientifiques

- Actions et initiatives des écoles et du collège dans le cadre de la « semaine des sciences » (coordination par la secrétaire du RRS)

6. Pratiques numériques des jeunes (usages des technologies du web 2.0 – blogs et autres applications permettant de partager, échanger, discuter, etc., MAO, montage vidéo, etc.)

- ∅

♦ Axe 3 : citoyenneté, solidarité et mobilité

Renvoyant aux actions et dispositifs visant à soutenir et encourager les initiatives favorisant l’autonomie et l’engagement personnel et collectif des jeunes et l’apprentissage de la vie sociale et de la solidarité.

1. Soutien aux initiatives et projets de jeunes (montage de projets, aide à la création d’associations de jeunes, junior associations, service civique, etc.)

- Permanences du PIJ / "Initiatives Jeunes" visant à promouvoir les projets répondant aux objectifs transversaux du PEG

- Appui / accompagnement de l’animateur jeunesse au montage de projets

2. Formations de délégués, d’administrateurs de structures, de conseillers de quartier jeune

- ∅ - NB : action de formation des délégués au collège

qui s’est arrêtée l’année dernière (financements) 3. Espaces informels de dialogue et

d’expression (entre jeunes, entre jeunes et adultes, intergénérationnels, etc.)

- ∅ - Nb : « les rendez-vous du jardin » (pique nique,

ateliers de sensibilisation, concerts, etc.) mis en œuvre par la briqueterie visent également le développement de liens et d’échanges entre les habitants du quartier

- NB : L’atelier multimédia joue cependant cette fonction (cf. 7.4 – observation des usages des jeunes)

- NB : « les mardis du cinéma » ont pour but, au delà de la « démocratisation » de l’accès au cinéma (tarification préférentielle), d’encourager les sorties et les liens parents/enfants

4. Conseils jeunes, commissions jeunes, soutien à l’engagement dans les instances de décisions

- ∅

5. Lutte contre les discriminations - ∅ - NB : activité du club « lutte contre les

discriminations » du collège (peu d’élèves concernés à ce jour)

6. Éducation à l’image (projections, analyse de longs métrages ou de documentaires, analyse critique des émissions télévisuelles, pratique de la vidéo – réalisation, tournage, montage)

- Actions d’initiation et de création audiovisuelle, association Zébulon / la briqueterie

7. Environnement et développement durable - Actions du Plan de Déplacement Jeunes (partenariat Amiens Métropole, conseil général) :

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participation à la semaine de la mobilité, expositions, mise en place du tri des déchets à la cantine du collège (projet de la classe de SEGPA), sondage sur les pratiques des jeunes en matière de déplacement, etc.

8. Chantiers de solidarité - « Chantiers jeunes » (destinés à soutenir des projets en contrepartie d'un travail d'utilité publique)

9. Échanges européens et internationaux - « Week-end mobilité » (action « ville entière ») - SVE / PEJA

♦ Axe 4 : Éducation à la santé, sensibilisation et prévention

Renvoyant aux actions et dispositifs visant la promotion de la santé et du bien être des jeunes, la sensibilisation à la santé et la prévention des troubles (anorexie, boulimie, toxicomanies, suicide, stress, violences sexuelles etc.)

1. Information, sensibilisation (pij, relais ritmo…)

- PIJ / espace documentation – mise en place de « chantiers jeunes » sur des évènements type semaine de la sécurité

- Actions de sensibilisation / prévention (éducation à la sexualité et à la santé, prévention des conduites à risques, équilibre alimentaire, etc.) du collège via la mise en place de partenariats (CEMEA, association Le Mail, Institut de Formation en Soins infirmiers (IFSI), Police Nationale, etc.)

- Point rencontre parents /enfants (Francas) - Projet Dédales de vie (le Mail)

2. Accueil et relais santé (point écoute, ateliers, etc.)

- ∅

3. Actions de prévention - ∅ - Nb : l’association Le Mail n’assure pas de travail

de rue sur le quartier, mais intervient plus ponctuellement en partenariat (collège notamment) pour des actions de sensibilisation.

4. Accompagnement médical des personnes - Parcours de réussite éducative relais vers les structures spécialisées si besoin (PRE)

♦ Axe 5 : formation / insertion professionnelle / emploi

Renvoyant aux actions et dispositifs visant la formation, l’insertion sociale et professionnelle et l’accès à l’emploi des jeunes et en particulier de ceux qui en sont le plus éloignés

1. Formations volontaire : BAFA, BAFD - Participation financière / « Chantier jeune » 2. Formation qualifiante en animation

(BPJEPS, BAPAAT, éducateurs…) - ∅

3. Formation de bénévoles (exemple prise de responsabilité dans une structure)

- ∅

4. Lutte contre l’illettrisme - ∅ 5. Stages de remise à niveau / savoirs

fondamentaux - ∅

6. Remédiation scolaire - PPRE - Ateliers relais

7. Aide à la définition de projet professionnel

8. Rencontres jeunes / professionnels 9. Parrainage / tutorat

- ∅ : L’antenne de la Mission locale n’est plus implantée sur le secteur (secteur Sud Est)

- NB : Aide / soutien / conseil / relais de

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10. Aide à la recherche de stage 11. Accompagnement à la recherche

d’emploi

l’animateur jeunesse et des animateurs multimédia de l’atelier multimédia

♦ Axe 6 : mise en réseau et coopération entre les acteurs éducatifs

Renvoyant à des actions et des pratiques encourageant le travail en commun, la recherche de cohérence et de continuité entre les différentes actions et la coéducation.

1. Temps d’échange et de concertation entre acteurs éducatifs et jeunes

2. Échanges de savoirs (animation de réseaux…)

3. Journée d’études 4. Diagnostics partagés 5. Formations pour actions communes 6. Co élaboration de projet (réponse à des

appels à projet en commun)

- ∅ NB : - Réseau naissant, cf. supra - Démarche actuellement menée sur le quartier

autour de la définition du projet de centre social (diagnostic concerté)

- Coopération entre acteurs associatifs autour de temps forts et festifs (ex. fête de quartier) qui rassemblent les principaux acteurs d’Elbeuf. La coopération est avant tout centrée sur l’organisation.

5.3 Description de quelques actions/pratiques pertinentes8

♦ Les « rendez-vous au jardin du bout de la rue »

L’association la Briqueterie organise chaque mois un « rendez-vous » ouvert à tous les habitants du quartier dans le « jardin du bout de la rue ». Cet espace éphémère (qui sera à terme remplacé par un axe visant à désenclaver le quartier) est un support de création (investi par des artistes), de liens (pique-nique), d’apprentissage collectif et de solidarité (potager, etc.), d’appropriation et de réhabilitation d’un lieu qui était laissé à l’abandon (« on crée un espace là où on n’en avait pas »).

La participation y est importante et ces « rendez-vous » constituent autant d’occasion de mettre en commun des compétences existantes sur le quartier (intervenants et artistes du collectif de la briqueterie, associations, etc.), de favoriser la mobilité et les sorties pédagogiques (visites ponctuelles des établissements scolaires, des centres de loisirs, etc.)

A noter également l’articulation avec les « chantiers jeunes » et l’animateur jeunesse du quartier : le jardin du bout de la rue a ainsi permis à 4 jeunes (16 ans) de réaliser des travaux et de s’investir dans ce projet.

♦ Les « parcours culturels » du collège Lucas

Tous les élèves du collège E. Lucas, de la 6ème à la 3ème bénéficient depuis plusieurs années d’un parcours culturel (partenariat avec le Conseil Général). Chaque année et pour chaque niveau, les élèves participent à des activités sur un thème.

8 Les différents actions ou pratiques décrites ne sont bien évidemment pas exhaustives

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Ainsi les élèves de 6ème travaillent l’expression et l’oralité en rencontrant des auteurs, des dessinateurs, etc. ceux de 5ème s’intéressent au patrimoine à travers des visites, rencontres ; ceux de 4ème les arts plastiques (en partenariat avec la maison de la culture) et ceux de 3ème le cinéma et l’audiovisuel. Ces parcours culturels sont ensuite complétés pour tous les élèves par trois ateliers de pratique artistique (arts plastiques, théâtre, musique) et un atelier scientifique.

Outre la qualité des interventions et le lien direct établi avec les objectifs pédagogiques de chaque niveau (préparation des rencontres, des sorties, etc.), ces « parcours culturels » démontrent concrètement que l’école n’est pas qu’un lieu d’apprentissage, mais également de découverte et d’ouverture et ce dans la continuité (4 années sans interruption pour un élève qui fait toute sa scolarité au collège E. Lucas)

♦ les J’sports, actions « première marche » pour informer et proposer aux jeunes (12/25 ans) de s’investir dans d’autres dispositifs

Outre la pratique d’activités sportives, les animations « J-sports » (tous les jeudis de 16 à 20H dans le gymnase du quartier ou sur les terrains de rue) sont également un moyen pour mobiliser les jeunes (12/25 ans) pour d’autres actions/projets.

Ainsi, l’animateur jeunesse peut proposer à des jeunes non diplômés de découvrir les fonctions d’animateur (sous la supervision de l’animateur jeunesse, les jeunes assurent ainsi l’organisation de ces animations) ou encore de proposer aux jeunes les « chantiers jeunes ».

Autrement dit, les actions « J’sports » sont un moyen efficace pour informer les jeunes selon un mode plus adapté (ce que confirme les jeunes dans leurs entretiens) et les inciter/encourager à s’engager dans des dispositifs/actions.

C’est ainsi via les J-sports que de nombreux jeunes d’Elbeuf se sont engagés dans des chantiers jeunes (ce que les entretiens avec les jeunes nous ont confirmé).

♦ Les « chantiers jeunes»

Destinés à soutenir des projets en contrepartie d'un travail d'utilité publique, les « chantiers jeunes » ouvrent droit à une rémunération permettant au jeune de financer une partie de son BAFA ou de son permis de conduire par exemple. L’animateur jeunesse travaille en amont la cohérence du contenu du chantier avec le projet du jeune (formation, emploi, etc.).

On notera que ces chantiers jeunes partent systématiquement des besoins repérés sur le secteur et mobilisent le tissu associatif local (ex. « jardin du bout de la rue » de la Briqueterie qui, pour des travaux de clôture, rencontre le service jeunesse qui mobilise à son tour des jeunes ; ou encore un chantier en projet avec l’association « l’apremis » (maison relais de 36 pavillons pour accueil et suivi d’adultes en grande difficulté sociale) en vue d’aménager des espaces verts à la toussaint. Les structures pour lesquelles les chantiers sont mis en œuvre deviennent associations support, le service

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jeunesse assure l’encadrement du chantier et mobilise au besoin les services de la ville compétents (ex. espaces verts).

Outre l’expérience de la responsabilité que le chantier procure et l’autonomie qu’il exige, il a également une « plus-value symbolique forte » : la reconnaissance des jeunes comme adultes en devenir (cf. supra, 7.3) et la possibilité laissée au jeune d’être inscrits dans un cycle de réciprocité9 :

- La reconnaissance des ressources et compétences des jeunes (non valorisées) par l’animateur constitue le point de départ = valorisation des capacités à faire

- Le chantier constitue l’opportunité d’exprimer ces compétences = proposition qui place le jeune dans une situation d’être redevable

- dont le résultat est directement utile et profitable au jeune = contrepartie qui valorise ce travail mais qui renforce le sentiment d’être redevable (dette)

- mais dont le résultat est également utile et profitable à tous (utilité publique) = résultat qui valorise l’action du jeune et participe à « annuler » le sentiment d’être redevable.

♦ La fête de quartier : Un temps festif et fédérateur des acteurs pour découvrir des pratiques nouvelles et s’informer en privilégiant l’échange direct.

Elle s’est déroulée cette année le 24 septembre (9h30-18h30) et a mobilisé un public principalement familial (enfants et adolescents accompagnés de leurs parents). Son originalité réside dans le fait qu’elle n’est pas qu’un temps festif, qu’elle permet d’impliquer les acteurs et les jeunes à son organisation et d’informer plus largement le public en vue de l’inviter à découvrir certaines structures/actions.

√ Des activités diverses et ambitieuses proposées à tous.

Si la dimension festive et conviviale est centrale dans cet évènement, il est important d’indiquer que la qualité tant dans la forme que dans le contenu est recherchée. Ainsi par exemple, le public (et en particulier les plus jeunes) est invité (caravanes, tapis et matelas) à découvrir des projections (association Zébulon) ou des contes (association cardan), des représentations théâtrales (théâtre ambulent « le sagittaire »). A ces activités culturelles se mêlent des activités sportives (karaté, rollers et sports innovants...) et ludiques (jeux anciens, plateaux, etc.). Autrement dit, la « convivialité » est un objectif ET un moyen pour proposer au public des productions ambitieuses.

√ Ouverture, implication et reconnaissance

L'école est ouverte, la cour accueille les activités sportives. Les jeunes du point jeunesse sont associés à l’évènement et sont impliqués dans son organisation (petit déjeuner / information alimentation). Nous y avons d’ailleurs retrouvé des jeunes que

9 Qui pourrait être définie de la manière suivante : « on ne peut recevoir que s‘il est possible de rendre » (principe de base de la « théorie du don »)

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nous avions déjà interviewés. Ainsi la fête de quartier est également un moyen/support permettant de donner aux jeunes une responsabilité et une visibilité à leur implication/engagement pour LEUR quartier. On notera que la présence des élus (élu à la jeunesse notamment) est également un signe de reconnaissance pour ces jeunes comme certains nous l’ont témoigné.

√ Présence, information et sensibilisation

La quasi totalité des acteurs éducatifs du quartier étaient présents le jour de la fête. Parce qu’ils l’avaient organisée ensemble, mais également pour échanger/rencontrer les parents et/ou jeunes avec lesquels ils travaillent ou sont susceptibles de travailler. Cette présence est symboliquement signifiante.

Le village associatif complète le dispositif : les stands « Point Info Jeunese » (information sur l’offre jeunesse), Francas (sensibilisation à la solidarité et information BAFA, etc.), le Mail (prévention sur les addictions, les conduites à risque), l’Apremis (sensibilisation solidaire et information sur les projets autour des résidences sociales), de l’Acse, sont autant d’occasion de créer des échanges avec les jeunes et/ou leurs parents.

♦ La cellule de veille du collège Édouard Lucas

Comme dans la majorité des établissements scolaires, les cellules de veille sont des instances regroupant le chef d’établissement, le CPE, l’assistante sociale du collège, la Conseillère d’Orientation Professionnelle et l’infirmière scolaire. La cellule de veille a pour but de repérer les élèves en difficulté pour leur proposer des actions visant a remédier les difficultés constatées et/ou enrayer les processus de décrochage à l'œuvre.

La particularité de la cellule de veille du collège Lucas réside dans

√ la fréquence de réunions : bilan hebdomadaire réalisé entre le CPE et le Professeur Principal de l’élève, qui donne lieu à la réalisation d’une fiche de liaison/suivi

√ Le suivi et l’accompagnement de l’élève et des parents qui sont associés pour faire le point sur l’évolution de la situation de l’élève en s’appuyant sur le contenu de ces fiches de liaison/suivi

√ l'implication directe de l’élève qui est détenteur et responsable de sa propre fiche de liaison. En ce sens, il n’est pas « dépossédé » des objectifs et des résultats et reste au centre du dispositif.

Le collège Lucas est le seul établissement amiénois a avoir mis en place ce mode de fonctionnement de la cellule de veille.

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♦ Les temps de diagnostic du PRE

Conformément aux textes et circulaires précisant les modalités de mise en œuvre du Dispositif de Réussite Éducative, l'Équipe Pluridisciplinaire de Soutien (EPS) est chargée de "comprendre" globalement (diagnostic) la situation de l'enfant/jeune et ses difficultés pour lui proposer un « parcours de réussite éducative ».

La particularité de l'équipe de la communauté sud (deux éducateurs spécialisés et une psychologue à quart temps) réside dans le fait qu’elle s'appuie sur une série de temps d'échanges et d'observation avec le jeune pour dresser ce "diagnostic"' et établir le contenu du parcours. Ainsi, après avoir rencontré l’école ou le collège qui a « saisi » le DRE et obtenu l’adhésion de la famille pour inscrire le jeune dans le dispositif, l’équipe dessine quelques axes de travail pour le parcours. Pour compléter le « diagnostic » et valider la pertinence des axes du parcours, les coordonnateurs du PRE proposent alors aux jeunes :

√ une activité ludique, en petit groupe ou en individuel pour faire connaissance ou encore un temps d’échange et de discussion en allant chercher le jeune au collège

√ une sortie de groupe √ une sortie en famille.

À la suite de ces 3 temps, l’équipe échange les observations et c’est à cette étape seulement que le contenu précis du parcours est élaboré (type d’activités, durée, etc.). Si ce type de démarche est de fait plus coûteuse en temps, elle est également un moyen de préciser les besoins du jeune et de mettre en place des actions adaptées.

5.4 Perspectives : l’implantation d’un Centre social sur le quartier et la réalisation d’un diagnostic de quartier

Il n’existe que deux centres sociaux sur Amiens. Le choix de la ville a été de développer ce type d’équipement (création de deux centres sociaux dans le projet politique), notamment sur les quartiers peu dotés et qui faisaient état d’une dynamique naissante (mise en réseau des associations, temps fédérateurs, actions parents/enfants, etc.) sur laquelle il était possible de s’appuyer.

Depuis le mois de juin, un vaste diagnostic pour la création du centre social a donc été engagé sur Elbeuf. Coordonné par le chef de projet CUCS de la communauté sud, ce diagnostic s’appuie notamment sur le recueil de la parole des habitants et en particulier des jeunes. Un groupe projet a été mis en place et réunit les principaux acteurs du quartier et les premières investigations devraient commencer à partir de septembre.

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5.5 En conclusion concernant l’offre jeunesse

√ Des actions diverses et pertinentes qui ne comblent pas le déséquilibre d’offre en comparaison des autres quartiers/secteurs amiénois (pas de CAJ, peu d’équipements socioculturels)

√ Un faible nombre d’actions en matière d’insertion professionnelle et d’apprentissage de la démocratie.

√ Des équipements/structures qui ont récemment quitté le secteur (antenne mission locale, services de proximité)

√ Un déficit d’offre en matière d’accompagnement à la scolarité des acteurs du temps libre, notamment pour les 6/12 ans

√ Une dynamique locale récente portée par des acteurs associatifs qui se coordonnent mais qui reste fragile (incertitudes sur l’avenir de la politique de la ville et de la géographie prioritaire - notamment pour les quartiers non ZUS ; précarité de certains postes – contrats aidés, etc.)

6. La perception des professionnels : principales problématiques du quartier, appréciation de l’offre et du réseau local.

Les données statistiques, les indicateurs d’évaluation aussi sophistiqués soient-ils ne permettent généralement d’éclairer qu’une partie d’une question. L’observation et l’expérience des acteurs de terrain sont d’autres indicateurs nécessaires à la compréhension des processus sociaux et éducatifs à l’œuvre sur un quartier. Les éléments ci-dessous reprennent synthétiquement les analyses les plus récurrentes exposées par les acteurs que nous avons rencontrés (entretiens semi-directifs).

6.1 L’analyse du quartier et de ses problématiques

♦ Un quartier à part, méconnu

Comme nous l’avons indiqué en comparant certaines données statistiques, le quartier d’Elbeuf se rapproche parfois plus de caractéristiques de communes multi ou monopolarisées, ce que les professionnels ont pu également exprimer :

« Un territoire prioritaire, mais pas en Zone Urbaine Sensible, cloisonné, mais pas vraiment excentré, qui fait partie de cette « banane ouest », presque « rurbaine » (comme le Faubourg de Hem ou Saint Maurice…) où l’on retrouve des problématiques plus « amiénoises » liées en partie au logement (habitat diffus, etc.) »

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« Elbeuf n’a pas encore totalement changé, il reste un vieux quartier Amiénois de tradition ouvrière, centré sur lui même (…) Un petit village dans lequel tout le monde se connaît mais qui socialement se dégrade ».

« Un quartier qui a beaucoup évolué depuis 15 ans : réfection des bâtiments, voiries, actions et initiatives…, mais beaucoup moins au niveau social »

« Un quartier qui ne se distingue pas nettement des autres, qui ne peut pas être caractérisé par une problématique majeure, mais plutôt une série d’enjeux, en particulier concernant l’éducation et la parentalité »

♦ Un quartier enclavé, des habitants peu mobiles et une faible ouverture culturelle

Malgré la proximité au centre ville, le quartier reste cloisonné et l’offre de transports est considérée insuffisante par les acteurs (fréquence des lignes 4 et 7). Cependant, les acteurs indiquent que l’enclavement n’est pas le seul facteur qui explique le manque de mobilité et la faible fréquentation du centre ville par exemple (ce que les entretiens avec les jeunes nous ont également confirmé). Pour les professionnels rencontrés, c’est essentiellement la faible ouverture culturelle qui explique ce manque de mobilité.

« Ici, les familles sont très peu mobiles alors qu’on est sur Amiens, elles fréquentent peu le centre ville, peu ouvertes à la vie culturelle, à ce qui est proposé… »

« J’ai appris à connaître ce quartier qui reste assez effacé par rapport aux autres quartiers d’Amiens. Il est moins dense mais se caractérise surtout par la pauvreté culturelle des habitants liée à leurs conditions économiques, à des situations familiales parfois difficiles et au fait qu’ils n’ont pas ces habitudes. Par contre si on propose des activités sur le quartier, ils sont toujours partants » « Quand on est directement sollicités pour mettre en place des actions, les demandes concernent le plus souvent des activités ponctuelles de loisirs, prêtes à consommer. »

♦ Une quartier qui se précarise, un processus qui s’accélère

L’ensemble des acteurs interviewés ont signalé une dégradation de la situation économique des habitants d’Elbeuf. Ils ont en particulier insisté sur le fait que ce processus s’était accéléré récemment (sans qu’il puisse être objectivé statistiquement) en faisant référence à divers indicateurs ou en faisant état de constats avec d’autres professionnels, travailleurs sociaux notamment.

« En travaillant avec les assistantes sociales, il est de plus en plus question d’impayés, de surendettement, de mesures sociales qui progressent, de précarité financière, etc. et les échanges entre professionnels vont dans le même sens »

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« Ici sur Elbeuf, il n’y a pas vraiment de délinquance ou de trafic, le vrai problème c’est la dégradation des situations socioéconomiques que l’on constate au quotidien ».

♦ Monoparentalité et parentalité

Alors que la part des familles monoparentales à Elbeuf est finalement inférieure à la moyenne amiénoise (17,5% contre 20,6%) et en particulier des territoires ZUS, les professionnels ont en commun de pointer cette problématique comme centrale et caractéristique du quartier.

La mise en place des actions parentalité et leur succès (médiation parents/enfants – Les Francas) sur le quartier explique peut être cette surdétermination de la parentalité comme enjeu.

« Aujourd’hui, Elbeuf est un des quartiers le plus touché par la question monoparentale » « On a souvent affaire à des mères débordées, démunies, sans forcément les ressources pour aller demander de l’aide »

6.2 Regard sur les jeunes

♦ Un rapport singulier à l’école, des arrêts de scolarité fréquents

Pour le Principal du collège comme pour la vie scolaire, le rapport à l’institution scolaire est assez spécifique à Elbeuf. Y sont décrites des attitudes de fuite plutôt que d’opposition.

Contrairement à ce que l’on observe fréquemment dans les quartiers où il y a une forte proportion de familles d’origine étrangères qui voient dans l’école un moyen essentiel pour que leurs enfants puissent se faire une place dans la société et s’insérer professionnellement, les familles d’Elbeuf accordent beaucoup moins de crédibilité à l’école, d’ou des tendances à l’absentéisme, à la fuite, en disant « l’école on peut s’en passer ».

On est confronté à des élèves qui arrêtent en fin de collège, notamment les filles qui arrêtent à l’anniversaire de leurs 16 ans (…) Une réalité que je ne connaissais pas sur le Sud Est, là où je travaillais avant.

♦ Des jeunes qui trainent…

En rappelant ici qu’il ne s’agit ni de phénomènes de bande ou d’appropriation de l’espace public pour l’exercice de trafics, les acteurs de terrain ont été nombreux à indiquer que de nombreux jeunes trainaient dans le quartier, désœuvrés.

« Les statuts ou emploi précaires de certains parents se traduisent par des horaires décalés ou des horaires de nuit. En conséquence on a des enfants qui se retrouvent parfois seuls sur Saint Maurice ou Elbeuf. Dès la fin de l’école, on voit

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des jeunes zoner. Ce ne sont pas des délinquants, on retrouve des binômes ou des trios de jeunes qui se baladent sans rien faire. Face à cela, on a peu de travail de rue, d’éducateurs sur place pour aller à la rencontre de ces jeunes ».

♦ Des jeunes à « bas bruit »

À l’image de ce quartier isolé et méconnu, la jeunesse y serait plutôt atone comme le soulignent les acteurs de terrain. Contrairement à d’autres quartiers dans lesquels les conflits et la contestation peuvent s’exprimer en direction des institutions à travers des actes délictueux (dégradations diverses, etc.), les jeunes d’Elbeuf n’exprimeraient pas de revendications malgré de réels besoins (cf. 7.1).

« Parmi les jeunes de 16/25 ans avec lesquels je suis en contact, j’ai finalement quelques actifs, mais assez peu et beaucoup de jeunes qui se sentent dévalorisés, plutôt effacés et discrets… de fait, ce ne sont pas eux qui viennent, il faut les rencontrer, aller les chercher ».

6.3 L’analyse des professionnels sur l’offre

♦ Une offre qui reste « pauvre » et inégale

Si les acteurs indiquent que l’offre en direction des jeunes s’est développée et enrichie et qu’en la matière la situation du quartier a largement évolué depuis quinze ans, il n’en reste pas moins que le quartier reste sous équipé.

Il y a 15 ans sur Elbeuf, il n’y avait aucune difficulté à monter des opérations tellement il n’y avait rien. Aujourd’hui les actions se sont développées, mais parallèlement, on a vu le départ des services de proximité, de la mission locale, etc.

« Sur ce quartier, le secteur jeunesse a longtemps été le parent pauvre parce que c’est un « petit » secteur, parce que la jeunesse n’était pas forcément une priorité ou était oubliée. L’arrivée de l’animateur jeunesse est finalement très récente, Youssef Yayahoui a pris ses fonctions depuis moins d’un an et depuis il a fait un travail important en allant vers les jeunes et en captant leurs besoins »

Au regard des équipements et structures des autres quartiers amiénois (notamment situés en ZUS), les inégalités sont assez notables. L’absence de CAJ sur le quartier d’Elbeuf est ainsi un indicateur significatif, tout comme les limites d’offre en matière d’accompagnement à la scolarité.

« Sur Elbeuf, il y a une grosse faiblesse concernant l’aide aux devoirs. L’école le fait avec l’aide personnalisée ou l’étude, mais on n’a pas d’acteurs associatifs qui peuvent intervenir et aider à la scolarité en dehors du temps scolaire alors même qu’on est alertés par les écoles sur le fait que les primaires sont assez peu

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investis dans leurs devoirs, trainent assez facilement… alors que sur le Sud Est on compte pas moins de trois associations ».

Cette faiblesse de l’offre est d’ailleurs un élément systématiquement pointé par les jeunes que nous avons rencontrés (cf. 7.2).

♦ Une information peu adaptée, une difficulté à faire émerger les initiatives des jeunes

De manière convergente, les acteurs de terrain pointent l’inefficacité et la faible pertinence des moyens d’information à destination des jeunes en particulier la communication écrite et les supports papier.

« On propose aux jeunes des plaquettes qu’il faut venir chercher dans des institutions ou sur des lieux dans lesquels les jeunes ne viennent pas, en dehors des quartiers et des espaces qu’ils fréquentent. »

A cela s’ajoute un contenu qui privilégie généralement une logique « catalogue » et dans une moindre mesure un encouragement à l’engagement, à l’autonomie ou à l’initiative.

« Si on regarde globalement ce qui se propose (actions « ville entière »), on pourrait aller jusqu’à dire qu’il y a trop d’offres, que tout est possible. On peut cependant le voir comme une invitation au zapping, ce qui rend d’autant plus difficile la possibilité de créer des conditions relationnelles de travail et de projet avec les jeunes. C’est une vraie contradiction ! »

Si ce constat n’est pas forcément spécifique à Elbeuf, il est également renforcé par le fait que les relais associatifs sont moins nombreux qu’ailleurs. À titre d’exemple le discours de re-valorisation de l’école et de l’apprentissage n’est sur ce quartier porté que par l’institution scolaire qui est de fait juge et partie.

On a sur les quartiers qui composent le secteur, peu de relais associatifs. L’habitat y est très diffus, on a pas vraiment de grosses entités urbaines ou d’équipements au centre du quartier …) Donc le discours sur l’école ne passe que par l’école et pas par d’autres relais.

Malgré le travail d’arpentage de l’animateur jeunesse, les acteurs pointent également le manque de moyens et de ressources humaines pour réaliser du travail de rue, faire de l’information de proximité, créer des contacts, mobiliser des jeunes. L’intervention de l’association de prévention « le Mail » est connue, mais leur intervention sur le quartier n’est à ce jour que ponctuelle, mais ne compense pas de fait le besoin de « références locales » sur le quartier.

« L’information est mal transmise. Avec les jeunes et notamment les plus de 16 ans, ce qui fonctionne c’est la proximité, l’expérience, le bouche à oreilles, se

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montrer dans les évènements, les concerts, la fête de quartier… être repéré et faire partie du quartier ».

« Il manque sur ce quartier des animateurs de rue, de la présence sur le terrain pour aller vers les jeunes… La tendance actuelle est plutôt de limiter ces ressources, à Amiens comme ailleurs. Sur Étouvie par exemple, on est passé en moins de 5 ans à la présence de 25 à 4 adultes sur le terrain. Or sans référence et sans présence, il est très compliqué de faire émerger de l’initiative ».

♦ Un manque d’évaluation des actions

Enfin, les acteurs de terrain indiquent qu’ils manquent d’éléments d’appréciation sur les résultats des actions qu’ils ont pu mener et manquent encore de visibilité sur les effets potentiels de ce qu’ils proposent. Autant ils savent citer et dénombrer les actions et indiquer leur degré de pertinence, autant ils avouent sans difficulté qu’elles sont peu évaluées. On indiquera à titre d’exemple :

√ Une difficulté à dénombrer le nombre d’actions « ville entière » (week-end de la mobilité, etc.) qui ont profité aux jeunes d’Elbeuf

√ Un manque de suivi et de connaissance des effets potentiels des actions (ex. les parcours culturels menés au collège entrainent-ils une fréquentation des équipements culturels de la ville ? Les « chantiers jeunes » encouragent-ils les jeunes qui en ont bénéficié à se (ré)inscrire dans des démarches d’insertion ? Les jeunes qui viennent aux permanences du PIJ ont-ils été conseillés par les parents qui fréquentent l’espace parents des Francas ? etc.)

♦ Participation, exercice réel de la démocratie locale : des enjeux à prendre en compte

Parmi les enjeux pour lesquels il n’existe pas ou peu d’actions ou de dispositifs (pour la ville entière et pas uniquement pour les jeunes d’Elbeuf), les acteurs de terrain ont cité :

√ L’appropriation des espaces nouveaux, la sensibilisation aux transformations urbaines… pour ne pas déconnecter les jeunes des mutations en cours et indiquer que la ville de demain sera la leur.

√ L’expérimentation de la démocratie, de la participation et de la décision en proposant des actions véritablement innovantes, et adaptées

√ Créer des espaces de concertation avec les jeunes afin qu’ils puissent interpeller la ville…

6.4 Regard sur le réseau local et le contexte actuel

♦ Un réseau et une coordination locale récents : « On a tout à construire »

Parmi les acteurs de terrain rencontrés, tous citent spontanément la qualité du réseau, l’interconnaissance entre acteurs, la dynamique en cours, l’engagement des structures et l’investissement personnel des acteurs. La démarche engagée autour de la création

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du centre social, des fêtes de quartier sont autant d’éléments fédérateurs et de coopération.

Parmi les structures/services/personnes systématiquement cités on retrouve les Francas, La briqueterie, l’animateur jeunesse, le coordonnateur politique de la ville, le principal du collège, l’Association cardan, le Mail. Le DRE quant à lui est moins cité, vraisemblablement en raison de l’important « turn-over » de ces dernières années (le dispositif et la nouvelle équipe étant en place depuis janvier 2011)

♦ Un contexte fragile, des risques à anticiper :

Pour autant, si la dynamique partenariale sur le terrain est positive, elle reste considérée comme fragile pour chacun.

En effet, les entretiens ont également été l’occasion de pointer un certain nombre d’inquiétudes et de difficultés liées aux ressources et aux moyens. On citera à titre d’exemple :

√ Une incertitude sur la pérennité des crédits politique de la ville (le CUCS étant reconduit par avenant chaque année depuis 2009, idem pour le DRE)

√ Le statut précarité de certains postes occupés par des acteurs associatifs (emploi solidaire) dont les perspectives de pérennisation sont incertaines

√ Le maintien hypothétique de certains postes de coordination, en particulier de la Secrétaire de COMEX (coordination du réseau RSS)

√ Une contraction des crédits et des moyens qui touchent tous les dispositifs quels que soient les secteurs d’intervention (enfance, jeunesse, social, etc.)

7. Regard des jeunes sur leur avenir, le quartier, les actions.

Cette partie s’appuie sur les investigations menées auprès des jeunes (entretiens individuels, collectifs, observation) et propose une restitution thématisée des principaux points de vue et analyses portées par les jeunes. Tout comme pour les professionnels, nous avons retenu dans cette monographie la récurrence des propos comme critère de sélection en différenciant le plus souvent deux tranches d’âge : les adolescents encore scolarisés (12/15 ans) et les « jeunes adultes » (17/22 ans).

7.1 Avenir et projets : « des idées claires, un regard lucide »

Tous les jeunes que nous avons rencontrés à Elbeuf ont été interrogés (individuellement ou en groupes) sur leur projet, leur but dans la vie. Il ne s’agissait pas de leur demander quel métier ou formation ils souhaitent, mais de se projeter sur la

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situation qu’ils imaginaient à 5 ou 10 ans (selon leur âge). Il ressort de l’ensemble de ces entretiens une grande homogénéité.

♦ Des projets modestes et cohérents

Contrairement à certaines représentations parfois tenaces au sujet des jeunes et de leur capacité à penser leur avenir, il apparaît d’abord que les projets des jeunes sont assez précis et explicites. Les jeunes que nous avons rencontrés ont pu argumenter, détailler, expliquer leurs motivations et les raisons qui les avaient amener à ce projet.

D’une manière synthétique, nous distinguons ci-dessous (sans que ce classement ait la moindre « valeur scientifique » au vu du faible nombre d’entretiens réalisés) une finalité commune (« pouvoir devenir adulte ») qui selon les jeunes interviewés peut prendre trois formes/dominantes différentes qui précisent les types d’emploi recherchés.

FINALITÉ / « mon projet à moyen terme, c’est »:

« Pouvoir devenir adulte »

Ce qui implique de travailler (avoir un emploi), d’être en phase/aimer ce que l’on fait (sens) et de disposer de revenus suffisants pour vivre normalement (conditions de vie)

Plus-value accordée au lien, au travail d’équipe, à

la coopération dans le travail

Plus-value accordée à l’utilité sociale, à l’intérêt

public du travail

Plus-value accordée à au niveau de rémunération,

aux conditions matérielles et à la liberté dans le travail

« Avec ma formation, je pourrais travailler dans un restaurant, mais le faire à l’armée, dans la marine, ça me plaît plus. C’est une ambiance, un travail en collectivité, chacun travaille pour tout le monde »

« Ce qui m'intéresse, c'est de pouvoir travailler en équipe, faire des projets collectifs, c’est pour cela que je voudrais travailler dans la publicité »

« Dans cinq ans, je voudrais pouvoir travailler avec les jeunes ou les enfants dans une crèche ou faire de l'animation socioculturelle par exemple… ça s’est précisé après mon expérience d’animateur J’ sports. J’ai envie d'aider d'être utile aux autres, à la société, c’est pour ça que je veux réaliser ce projet de travailler avec des publics jeunes ».

« Dans cinq ans, je voudrais ouvrir mon entreprise, une boutique de fringues, être patron de moi-même pour être indépendant et gagner plus d’argent que si j’avais un patron… et de toute façon, c’est dur de trouver une entreprise, sur Amiens, y’a pas de travail ».

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Je voudrais être bourge, avoir de l’argent, avoir un beau métier, infirmière, docteur ou aide soignante ou puéricultrice… S’occuper des bébés, s’occuper des autres, des plus petits.

En fait, quand je dis être « bourge », c’est bien gagner ma vie pour ne pas devenir SDF, pouvoir payer les factures, s’offrir des fringues, être autonome, ne plus vivre chez mes parents…

On notera en conclusion que la question de l’autonomie, de l’émancipation reste au cœur des motivations de ces jeunes. Toutefois le travail ne renvoie pas uniquement à la question du revenu et du salaire. L’ambiance de travail, l’intérêt des activités confiées, l’épanouissement et les liens sociaux sont des éléments tout aussi importants.

En comparant ces quelques constats avec des éléments concernant la population française dans son ensemble (EVS 1999), il en ressort une certaine « conformité » avec ce qui motive au travail, à savoir : la bonne ambiance, le salaire, l’intérêt au travail Notons que contrairement à ce qui apparaît dans cette étude nationale, les jeunes d’Elbeuf ne citent pas spontanément que « l’activité exercée les prémunisse du chômage ».

Autrement dit, les motivations des jeunes sont finalement assez proches de celles de l’ensemble de la population française.

♦ Les obstacles et les besoins identifiés pour concrétiser leurs projets

Nous avons recensé et reclassé les principaux obstacles identifiés par les jeunes pour atteindre leur but et réussir leur insertion professionnelle. De la même manière, nous avons repris et classé les différents moyens/ressources qui les aideraient à concrétiser leur projet.

De la même manière que pour leurs projets, il apparaît très nettement que les jeunes ont une vision assez précise et lucide de leurs atouts, de leurs faiblesses et de ce qui pourrait potentiellement les aider. On notera d’ailleurs que la ressource familiale, le réseau d’amis et de connaissances sont systématiquement cités. Par contre, l’école, les services municipaux ou les associatifs sont très marginalement identifiés comme des ressources pour leur cheminement vers le monde adulte.

À cela s’ajoute le constat porté par les jeunes (tous âges confondus) d’un réel décalage entre les besoins qu’ils expriment et l’offre telle qu’elle existe à l’heure actuelle, notamment l’offre de proximité.

Obstacles

Pour les jeunes ayant obtenu un diplôme ou encore scolarisés

« Avoir mon diplôme, je sais que c’est surtout ça qui peut m’avantager, si je ne l’ai pas, ce sera fini ».

On se dit qu’il faudrait qu’on soit grand, faudra avoir

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des moyens, avoir un appart….

On ne sait même pas si on va avoir un métier, surtout que je suis pas très forte à l’école

Pour les jeunes non diplômés ou ayant une formation qui ne correspond pas à leur projet

« Pour l’instant, j’essaye surtout d’entrer en BTS alternance pour avoir une formation et une expérience. J’ai aussi envoyé des CV dans la grande distribution, j’ai eu des entretiens, mais j’attends des réponses ».

« Je n'ai pas de diplôme pas le bac (échec en 2009) et ça commence à faire loin. J'ai fait plein de petits boulots, mais ce n’est pas vraiment reconnu comme quelque chose de valorisant… Je sais que c’est ça qui me pénalise avant tout, mais je reste motivée »

Le dynamisme économique et l’état du marché du travail à Amiens

« Faudra sans doute partir d’Amiens parce qu’ici c’est ennuyeux, il n’y a pas beaucoup de travail, c’est surtout une ville pour les étudiants »

Besoins / ressources

Le diplôme Je sais que sans ce diplôme, ce sera très difficile de réaliser ce projet, mais après une année d’université qui ne m’a pas plu, j’ai moins de chance d’entrer que si je l’avais demandé juste après mon bac »

Des coups de pouce et une information de qualité

Une fois que j’aurais mon diplôme, il faudra que je monte un dossier, avoir des aides au bon moment, des conseils… Ce sera pas facile, c’est là que j’aurai besoin d’aide.

Un réseau Finalement pour trouver des stages, des petits boulots et des employeurs, je m’aperçois que c’est surtout avec l’animateur jeunesse et en m’appuyant sur ma famille que j'ai pu faire des choses plutôt que par la mission locale, à la mission locale, c'est pas vraiment ça

« Les parents, c’est sûr… ils ont l’expérience, les cousins, les tantes, les amis peuvent nous aider, nous donner des conseils…à part eux, je ne vois pas qui pourrait nous aider »

Des expériences « Une opportunité, un stage en crèche, une petite formation. J'ai besoin d'un coup de pouce, qu’on me propose quelque chose pour démarrer… » « je voudrais faire une coloc avec des autres, ça permettrait de ne plus être chez les parents et mettre de l’argent de côté, partager avec les autres »

Conseil / tutorat Même avec une formation et des connaissances, il faudra que je puisse avoir des tuyaux, des contacts, être en relation avec quelqu’un qui aurait réussi dans la même branche.

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Reconnaître des expériences / compétences

Je sais que j'ai des compétences et de l'expérience pour réaliser ce projet. Chez moi, en famille je m'occupe de mes sœurs et de mes frères. Je réalise des jeux, je leur propose des expériences, j’éveille leur curiosité… J’ai fait des petits boulots, des chantiers, mais pour un employeur ça ne compte pas alors que j’ai beaucoup appris

De la considération Quand mon conseiller mission locale est absent, on est pas prévenu. Je ne me sens pas considérée, peu de respect, pas vraiment considérée comme quelqu'un qui a un projet, comme un adulte

7.2 Leur vision du quartier : « ici c’est pas la ville »

Le point de vue des jeunes que nous avons rencontrés recoupe en grande partie les principales problématiques du quartier, repérées par les professionnels ou indiquées dans les différents diagnostics.

L’image qu’ils ont du quartier est assez négative et se caractérise principalement ainsi :

√ Le cloisonnement, la dimension « village » et la proximité qu’elle suppose

« ici c'est pas la ville »

« Ici on reste entre amis, on connaît tous les gens, la salle multimédia… »

« Ça fait des années, au moins 8 ans que j’y habite. Tout le monde pense la même chose (rien à faire, ndr), on en a encore parlé y’a pas longtemps. Si on pouvait partir on le ferait mais j’aurais de la peine parce qu’on connaît tout le monde… »

√ Le manque d’animation et d’activités

« Ici, il n’y a vraiment rien, les jeunes squattent les bâtiments. Il y a le futsal, mais c’est une fois par semaine, à part ça c’est mort ».

« Ce qu’il manque c’est un lieu de rassemblement pour les jeunes… »

« Ce qui manque sur Elbeuf, c'est de l'animation, il n’y a rien pour les plus petits ; pour les plus grands, ils restent encore devant les bâtiments »

« Finalement à Etouvie, c’est mieux, même s’il y a plus de racaille, à Elbeuf, c’est un quartier calme, mais avec rien à faire »

« Il n’y a que quelques jeux pour les 5 ans, il n’y a qu’un banc qui est toujours squatté par des grands, il nous reste la baleine (jeu extérieur, ndr) »

« L’été, il y en a qui font de la danse orientale dans la salle des fêtes, mais c’est rare. La salle des fêtes, derrière le pain chaud, elle n’est plus utilisée, j’aimerais bien qu’ils l’ouvrent, pour qu’on puisse se retrouver, au lieu de rester dans les

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bâtiments et de galérer… galérer, c’est notre spécialité… En fait, la salle des fêtes, elle n’est ouverte qu’au gardien ».

« Il y a bientôt la fête d’Elbeuf, on fait le défilé de mode avec des trucs africains. On organise avec les adultes, ma tante… »

√ Un quartier dans une ville où le chômage des jeunes est important / un sentiment d’inégalité de traitement

« Depuis que Youssef est là, depuis un an, il y a des jeunes qui ont réussi ! A part les cours, ils font quelque chose maintenant, ils ont une activité, autre chose que le sport en club ».

« Une petite place sans banc, on s’assoit sur les rebords, il y a la marelle mais c’est plus de notre âge, les bâtiments ne sont pas beau à voir, quand des gens viennent dans le quartier, je trouve que c’est honteux… quand on regarde dans les autres quartiers, c’est mieux »

« Si vous y allez, vous verrez, les jeux sont cassés, c’est en mauvais état, la dernière fois je me suis blessée, il n’y a pas de parc, c’est ça qui faudrait, un parc pour tout le monde comme à St Pierre (à Amiens centre), avec des bancs, des passages, des carrés d’herbe… »

7.3 Auto-évaluation des actions auxquelles ils ont participé : « quand satisfaction rime avec autonomie et utilité »

Nous reprenons dans le tableau ci-dessous l’appréciation que les jeunes portent sur les actions auxquelles ils ont participé et/ou les dispositifs dont ils ont bénéficié.

Action Opinion Effets

Mardi du cinéma et places de concert (tarification)

« J'ai pu aussi aller à des concerts, avoir des tickets gratuits voir des matchs de foot… je ne savais pas que c’était possible, que ces activités existaient... Avant, je n’allais quasiment jamais voir des concerts avec d’autres jeunes »

- Ouverture, découverte - Liens, sociabilité - Mobilité

Atelier multimédia Je viens à l’atelier multimédia, ça fait longtemps que ça existe, c’est le seul truc pour les jeunes sur le quartier et je connais les animateurs depuis longtemps. Je viens une à deux fois par semaine, je fais des recherches sur internet et je discute pour avoir des conseils.

- Liens - Proximité

Animation des J’sports

On m’a d’abord parlé des J’Sports, j'ai fait un dossier à la mairie et j'ai bossé ensuite comme animatrice J’Sports. Ça m’a plu et c’est une

- Expérience valorisante - Autonomie et

responsabilité

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expérience qui correspond à ce que je veux faire. Une fois que j’ai terminé, j'ai démarré un chantier avec Youssef.

- Action « première marche »

Chantiers jeune « Mon premier chantier c'était être barman avec un ami qui donnait les tickets pour un concert. Puis j'en ai fait un deuxième sur la sécurité (préparation d’un évènement – jeu de l’oie géant, animation de sensibilisation pour le jeune public). Avec la contrepartie, ça change, on peut rendre service aux gens, on rencontre d’autres gens et ça permet de financer mon permis. En plus, barman c'était cohérent aussi avec mon projet et ma formation en hôtellerie. On a l'impression de passer dans le monde des grands, d'être autonome »

« Ça m'a donné envie de rendre service, ça me motive à travailler… J’ai envie de passer mon BAFA, de travailler l'été, d’économiser pour le permis, de faire d’autres chantiers pour partir en vacances, se faire de l’expérience, faire des formations…

« C’est mon premier chantier : ce qui m'a intéressé c'est la rémunération, le financement du BAFA. Faut l’avouer, c’est motivant.

Je fais ce que j'aime sur ce chantier, c’est un chantier « pile poil ». Ici, il y a de l’écoute, je mets mes compétences en action, on peut s’organiser, on est autonome, on nous fait confiance, il y a une bonne entente, on parle beaucoup…

« C’est pas comme à l'école. On travaille plus sur « la manière de faire les choses », c’est concret. Il y a un bon climat, on nous encourage, c’est rare, on nous encourage et ça aide à avancer et avoir confiance en soi. Je suis plus à l'aise, il n'y a pas beaucoup de pression et c'est très bien ! »

- Expérience concrète de la réciprocité

- Autonomie et responsabilité

- Reconnaissance des capacités des jeunes

- Développement des liens

- Expérience valorisante - Motivation

Parcours culturels (collégiens d’E. Lucas)

On a visité un musée sur les avions, les voitures et tous les moyens de transports : maintenant, leur évolution… J’ai bien aimé, j’ai découvert comment c’était avant, je suis monté pour la première fois dans un avion… C’était bien mais je veux pas poursuivre, c’est bien parce c’est fait avec l’école. Sans ça je crois que je n’y serais jamais allée.

Découverte (inédit)

Sensibilisation

Satisfaction

Activités personnelles / temps libre

« Avant je faisais du basket, mais j’ai vite arrêté. C’était à Étouvie et à Amiens Nord… j’aimais bien mais j’ai pas cherché à y retourner, on s’entrainait avec les minimes (plus grands) c’était pas vraiment

Pratique d’activités sportives

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nos potes. Y’a qu’avec le collège qu’on fait du sport, on fait du foot, du badminton, du rugby, des sorties au cinéma… A part au collège, on ne fait pas d’autres sports ».

« Ce qu’on fait le plus souvent c’est sortir dehors, faire de l’ordi : on se retrouve sur Facebook, ou on télécharge des musiques. Parfois je vais à la salle multimédia pour imprimer des trucs… »

« Je regarde la télé le soir et le matin, sinon, je sors… On se ballade, on parle de la vie de notre quartier qui est nul, on s’ennuie, même quand on se ballade on fait rien… »

Il nous semblait intéressant de relever, de la même manière que pour l’offre et les actions, que les jeunes attachaient une importance particulière à la manière dont on pouvait les informer et les mobiliser pour participer à des actions qu’ils ne connaissaient pas forcément ou dont ils avaient entendu parler.

Opinion Effets constatés

L’information, la communication sur l’offre

« Depuis un an, j'ai découvert les animations, les J ‘sports. Youssef nous a présenté les choses et nous a motivé avec les chantiers, le week-end la mobilité… c'est la première fois qu'on nous a proposé quelque chose »

Avant je ne savais pas que ces actions existaient, comment faire pour y avoir droit, où aller chercher… Ces dispositifs on les connaissait pas, c'est Youssef qui nous a fait découvrir… et maintenant on connaît pas mal de trucs.

- Découverte, participation, fréquentation

- Crédibilité, légitimité du référent jeunesse

- (re)gain de confiance dans les institutions

7.4 Zoom sur les usages de l’atelier multimédia (observation)

Les éléments ci dessous s’appuient sur un temps d’observation de l’atelier multimédia du quartier. Sur l’heure d’observation (17h00/18h00), 8 jeunes ont fréquenté l’espace (5 de 12/15 ans et 3 de 16/22 ans). 2 animateurs multimédia présents.

♦ Un lieu de sociabilité : « prolonger les liens après l’école, rester en contact pour les 12/15 ans.. »

Les jeunes s’y retrouvent après l’école, ils arrivent en groupes de deux ou trois (3 garçons de 12/14 ans, deux filles de 13/15 ans).

Ils prolongent les discussions, jouent ensemble (Sim’s, dessin sur ordinateur, etc.), se charrient (consultation de leurs blogs et des photos publiées : « regarde, une fille moche qui se la joue, c’est moi »). L’utilisation des ordinateurs est d’abord ludique,

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l’usage de l’atelier multimédia correspond au besoin de rester en contact après l’école, dans un lieu plus libre.

♦ Des usages différenciés entre filles et garçons ?

Les différences d’usage observées de cet espace et de l’ordinateur entre filles et garçons tendraient à aller dans le sens les différences décrites et relevées dans « l’enquête enfance loisirs10 ». En effet, parmi les collégiens présents, les 3 garçons ont consulté les sites de sports et joué aux jeux vidéo, pendant que les deux filles ont dessiné et consulté leurs blogs (ou ceux de leurs copines). Même s’ils échangeaient (selon un registre de l’interpellation et de la « vanne »), la mixité des genres et des activités n’est pas recherchée.

♦ Un lieu « libre » et contrôlé pour les « ados »

Les jeunes usagers ont tous une connexion internet chez eux, mais l’atelier permet une plus grande liberté, la sensation d’avoir un lieu à eux qui permet de s’extraire de la famille, des parents…

Pour les 13/15 ans, l’ordinateur ici reprend une fonction sociale, d’échange. On montre ce que l’on a fait, découvert, on regarde ensemble les résultats de l’équipe de foot d’Amiens, etc.

La présence des animateurs reste cependant essentielle. Ils veillent de manière bienveillante et à distance sur ce que font les usagers. Ce cadre, non institutionnel mais cependant formel (figure et présence des adultes) constitue ici l’originalité de ce type de lieux et vraisemblablement l’intérêt que les adolescents lui portent.

♦ Un lieu aux fonctions « mixtes » pour les 17 ans et plus.

Pour les jeunes adultes (17 ans et plus), l’usage est plus personnel et privé (consultation de messagerie, de vidéos sur youtube, de petites annonces, etc.). Il n’est plus le lieu dans lequel on retrouve ses amis. Par contre, l’atelier permet à ces jeunes de bénéficier de la présence d’adultes avec lesquels ils peuvent échanger, discuter, se confronter.

♦ Un lieu d’échanges et de « premiers conseils » dans les démarches

Un jeune (21 ans) qui peaufine son CV et ses lettres de motivation. Il dispose d’un ordinateur, d’une connexion internet et d’une imprimante chez lui mais vient confronter ce qu’il a fait avec l’animateur. S’engage une discussion sur la manière de valoriser certaines expériences, sur ce qu’il aurait oublié d’indiquer dans son CV (« tes connaissances informatiques, tu peux les détailler ») et quelques conseils pour poursuivre ce travail avec des professionnels dont c’est la compétence : « à la mission

10 L’enfance des loisirs. Trajectoires communes et parcours individuels de la fin de l’Enfance à la grande adolescence, La documentation française, 2010

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locale, ils pourront t’aider sur le CV, les secteurs et les entreprises ou pour des formations ». Ici l’animateur encourage, valorise et garde modestement sa place (relais vers…). Il en est de même concernant la lettre de motivation. Le jeune avait consulté des sites sur lesquels des modèles prêt à l’emploi de lettres sont disponibles. L’animateur, tout en valorisation la démarche du jeune lui démontre l’importance de personnaliser ses lettres, de faire quelques recherches sur le secteur ou les entreprises auxquelles il s’adresse.

♦ Proximité et interconnaissance

Qu’ils soient adolescents ou jeunes adultes, les usagers de l’atelier multimédia ont en commun de se connaître tous. Originaires du quartier, le lieu est ouvert de longue date et les animateurs sont des figures qu’ils connaissent également depuis longtemps, en dehors même de l’atelier. C’est d’ailleurs aussi pour cela qu’ils le fréquentent. « Ici on se sent à l’aise, les animateurs on les connaît depuis tout petit ».

8. Quelques points de conclusion

Cette dernière partie reprend synthétiquement les points clés de la monographie. La monographie n’ayant pas de vocation évaluative (cf. 1ère partie p.3), il ne s’agit pas ici non plus de formuler des préconisations, mais de poser quelques enjeux qui nous semblent centraux.

♦ Des constats partagés… une mise en débat/confrontation à envisager

Le regard que porte les professionnels et les jeunes sur le quartier est cohérent et reflète également assez fidèlement les indications du traitement statistique.

L’enjeu se situe donc moins dans la connaissance des enjeux et des problématiques, mais plutôt dans leur mise en débat et la possibilité de confronter les regards, etc. La mise en place du centre social constitue ainsi une opportunité de débattre et d’échanger entre professionnels, jeunes et plus globalement habitants des difficultés/ressources du quartier (cette monographie peut modestement y contribuer)

♦ Une offre qui reste faible malgré sa diversité

Plurielle et diverse, l’offre en direction des jeunes reste assez faible sur le quartier (les actions mises en œuvre malgré la pertinence de la plupart d’entre elles ne comblent pas le déséquilibre d’offre en comparaison des autres quartiers/secteurs amiénois. Les actions favorisant l’insertion professionnelle et l’apprentissage de la démocratie sont quasiment inexistantes tout comme les actions d’accompagnement à la scolarité par les acteurs du temps libre pour les 6/12 ans. Les nombreuses actions proposées par le

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Collège permettent de maintenir une offre en direction des 12/16 ans qui leur permettent de pratiquer des activités peu accessibles en hors temps scolaire).

Un triple enjeu :

√ renforcer/densifier les actions de proximité ; √ maintenir l’information directe auprès des jeunes afin que ces derniers

« utilisent » plus massivement les dispositifs « ville entière » qui leur sont proposés ;

√ profiter du réseau d’acteurs de terrain et de leur engagement pour créer des passerelles entre les différentes actions (collège, service jeunesse, associations culturelles, Francas, DRE, etc.

♦ Des jeunes aux attentes et aux besoins clairement exprimés

Clairs et lucides sur leur avenir et les projets qui les animent, les jeunes que nous avons rencontrés sont satisfaits et tirent profit des actions auxquelles ils participent et sont en attente d’un développement de l’offre de proximité.

Leurs attentes sont parfois très élémentaires : un lieu pour se retrouver, des espaces plus conviviaux pour flâner, etc. Mais les besoins qu’ils expriment sont avant tout « immatériels » : ils souhaitent d’abord d’être reconnus et considérés comme de « futurs adultes », pouvoir trouver des ressources, des coups de pouce pour « se faire une place », « devenir grands » et « pouvoir vivre dans des conditions normales ».

Leur vision de l’avenir n’est cependant pas « optimiste » : le risque de la précarité et l’éventualité du chômage ont été cités comme des craintes récurrentes. Quant au regard qu’il porte sur le quartier, il est ambivalent : la convivialité, la solidarité et la densité des liens se conjuguent avec le cloisonnement, l’absence d’activités, de lieux et d’équipements pour les jeunes.

L’information et la mobilisation des jeunes à travers des canaux de communication adaptés (personnification, relais, arpentage, etc.) et l’évolution des postures et des pratiques professionnelles constituent des pistes de réflexion et des chantiers pour l’avenir.

♦ Un réseau qui se renforce et se densifie

L’engagement des acteurs de terrain (éducatifs, socioéducatifs, culturels, éducation populaire, etc.) est une réalité que nous avons pu observer sur le terrain.

Le binôme « chef de projet / animateur jeunesse » est un atout qui permet de mobiliser sur le quartier une double compétence : « développement social » (coordination, information/qualification des acteurs, montage de projets, etc.) et « animation / mobilisation du public jeune ».

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Cette dynamique naissante à vocation à s’enrichir et se densifier autour du projet de centre social et sa future implantation dans le quartier.

On notera cependant que de nombreuses actions mises en œuvre par les structures reposent sur des financements de politiques spécifiques, dont l’avenir est incertain ou portées par des acteurs dont le statut est assez précaire.

Enjeux :

√ Consolider le réseau, en poursuivant et en consolidant la dynamique actuelle : par des projets communs, par des temps de travail/formation/qualification, etc.

√ Autrement dit, passer d’une coordination et d’une mise en réseau autour d’actions ponctuelles conviviales vers une coopération renforcée dans une logique de développement social.

√ Comme le rappellent les professionnels, le projet centre social (« un équipement au cœur du quartier », « un lieu qui fédère »).