Rapport d’Evaluation Rapide de Protection Site de Ngorerom| Sous-préfecture de … ·...

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1 Date de l’évaluation Rapide de Protection 12 février 2020 Localité Ngorerom Coordonnées GPS N:13°1928.91’’ E: 014°4715.47’’ Al: 244.6M Monitoring de Protection Alerte de mouvement des populations par les points focaux de la CRT Thématiques abordées Protection générale, Protection de l’Enfance, Education, les violences basées sur le genre, WASH, Abris/AME, Documentation, Accès à la santé, Assistance Alimentaire. I- Contexte La détérioration de la situation sécuritaire dans les iles du Lac Tchad a entrainé le déplacement de plus de 3500 déplacés internes et des demandeurs d’asile composés en majorité des femmes et des enfants, en provenance des villages insulaires du Tchad à savoir : Dabantchali, Tetewa, Kinasserom, Bikerom et Koulfoua et du Cameroun (Kofia, ile de Darak et Bolorom) dans le département de Mamdi Sous-préfecture de Bol entre aout 2019 et janvier 2020. Ces personnes déplacées séjournent dans des familles d’accueil et d’autres dans des abris de fortune dans le village Ngorerom ; ce qui accroit leur vulnérabilité en engendrant une pression supplémentaire sur l'utilisation des Rapport d’Evaluation Rapide de Protection Site de Ngorerom| Sous-préfecture de Bol Du 11 au 13 février 2020

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Date de l’évaluation Rapide de Protection 12 février 2020

Localité Ngorerom

Coordonnées GPS N:13°19’28.91’’

E: 014°47’15.47’’

Al: 244.6M

Monitoring de Protection Alerte de mouvement des populations par les points

focaux de la CRT

Thématiques abordées Protection générale, Protection de l’Enfance, Education,

les violences basées sur le genre, WASH, Abris/AME,

Documentation, Accès à la santé, Assistance Alimentaire.

I- Contexte La détérioration de la situation sécuritaire dans les iles du Lac Tchad a entrainé le déplacement de plus de 3500

déplacés internes et des demandeurs d’asile composés en majorité des femmes et des enfants, en provenance des

villages insulaires du Tchad à savoir : Dabantchali, Tetewa, Kinasserom, Bikerom et Koulfoua et du Cameroun

(Kofia, ile de Darak et Bolorom) dans le département de Mamdi Sous-préfecture de Bol entre aout 2019 et janvier

2020. Ces personnes déplacées séjournent dans des familles d’accueil et d’autres dans des abris de fortune dans le

village Ngorerom ; ce qui accroit leur vulnérabilité en engendrant une pression supplémentaire sur l'utilisation des

Rapport d’Evaluation Rapide de Protection

Site de Ngorerom| Sous-préfecture de Bol

Du 11 au 13 février 2020

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ressources naturelles et l’accès aux services sociaux de base, notamment en matière d’eau, d'hygiène et

d'assainissement (EHA), de soins de santé, d'abris, d'assainissement, d'éducation etc. déjà insuffisants pour la

population hôte.

Il existe cependant, peu d'informations sur cette crise ayant occasionné ce mouvement de personnes et pouvant

permettre une intervention à caractère humanitaire dans les différents secteurs cités ci-dessus dans le site d’accueil.

Une mission exploratoire à ce sujet a été menée le 28 janvier 2020 dans le site d’installation par l’équipe de

monitoring de protection et Mixe migration/CRT, et avec l’arrivée constante des demandeurs d’asile depuis janvier

2020, la nécessité d'actualiser les données et les informations relatives aux besoins de ces populations s'impose.

Au regard de ce manque d'informations, une mission conjointe CNARR-HCR-CRT- (Section Protection), a effectué

une mission d’évaluation rapide pour mieux évaluer la situation de ces nouveaux arrivés.

Les objectifs de cette mission sont entre autres :

-Connaitre les causes profondes de ce déplacement

-Apprécier le niveau de vulnérabilité de ces personnes

-Faire des recommandations pour une éventuelle réponse humanitaire

1-Méthodologie Discussions de groupes séparées et dirigés sur la base de l’Evaluation Rapide de Protection avec 15 participants par

groupes de personnes (hommes, femmes, jeunes filles et garçons), 2 entretiens avec des informateurs clés, les

observations directes et l’audit de sécurité.

2-Protection générale/Aperçu de la situation

Le site des déplacés de Ngorerom est situé à 22 km au Sud-Est de Bol aux abords du bras du Lac Tchad. Les

personnes nouvellement installées sur ce site sont composées de populations en provenance des villages de Kambelo,

Fitiné, Tetewa et Kinasserom qui sont des localités tchadiennes situées dans les îles du lac Tchad et de demandeurs

d’asile en provenance des villages de Bolorom, Kofia et Ile de Darack qui sont des îles du Cameroun. Selon les

estimations des autorités rencontrées (Préfet de Bol), et des leaders communautaires sur le site, la population est

estimée à 4000.

L’équipe a eu a identifier/dénombrer sur le site, (en vue d’avoir un chiffre provisoire de la population) 3444 individus

de 1367 Hommes et 2077 Femmes pour 689 ménages dont 433 ménages des personnes déplacées internes et 256

ménages de demandeurs d’asile. Cette population est composée majoritairement de femmes et d’enfants. Ces

personnes ont quitté leurs localités d’origine à la suite des attaques des membres des groupes armes non étatiques

(GANE) en début du mois de décembre 2019.

Ces populations évaluées sont d’ethnies Boudouma, Massa, Sarah (tchadiens) et Kotoko, Kanuri, Haoussa,

NDjoukoun (camerounais et nigérians) venues sur ces iles pour les activités de pêche. En effet, avec l’activisme des

GANE, ces populations se sont déplacées vers le territoire tchadien notamment dans le village de NGorerom qui est

relativement favorable à la pratique de leurs activités socio-économiques à savoir la pêche mais aussi plus pour leur

securite. Ces populations ont tout perdu lors de la fuite et subis des actes atroces et dégradants tels que :

pillages/extorsions des biens, assassinats et enlèvements des personnes surtout des hommes et des enfants. Il est à

noter que les mouvements de ces personnes se sont faits en groupe a bord des pirogues.

Protection :

Pour ce qui est de la protection physique de ces personnes, les discussions de groupe ont fait ressortir qu’il existe un

poste des gendarmes installé de l’autre cote du bras du lac dans le village Ngorerom qui assure la sécurité. Ces

personnes qui se sont déplacées vers ce site se sentent plus en sécurité et sont bien acceptées par la communauté.

Cependant, certaines femmes ont confié qu’il y a un risque élevé de SGBV car étant en majorité des femmes seules,

elles sont des potentielles victimes pendant la nuit et lors de la recherche du bois de chauffe. D’une manière générale,

l’équipe a observé un surpeuplement et une précarité des abris. Il a été constaté une situation de vulnérabilité des

personnes nouvellement arrivées (femmes veuves, enfants orphelins, personnes âgées, etc.). Cette population a tout

perdu pendant la fuite : documents, maison, biens matériels, bétail. Les femmes sont en majorité des veuves parmi

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lesquelles on y retrouve des jeunes filles désemparées car leurs maris ont été soit enlevés soit portes disparus. La

population attend une aide humanitaire pour se relever.

3- Education /Protection de l’enfance Les enfants sont accompagnés d’au moins un adulte. On note cependant que pendant la discussion avec le groupe

des enfants âgés de 04 à 14 ans, il y a un nombre élevé des enfants séparés. Ces enfants sont à risque d’être exposés

au travail des enfants, du fait de la pauvreté de leurs mères/tuteurs et de la vulnérabilité généralisée affectant la

communauté, au risque d’abus et d’exploitation, au risque de ne pas être scolarises, de ne pas fréquenter etc. La

seule école existante est de l’autre cote du bras du lac ce qui nécessite une traversée en pirogue qui, elle expose les

enfants au risque de noyade. Il est ressorti des discussions que cette école disposait d’une cantine scolaire qui ne

fonctionne plus depuis quelques mois et lorsqu’elle fonctionnait, le riz ou lentille préparé n’était pas lavé et préparé

sans huile ; Les enfants ont beaucoup insisté sur le manque d’hygiène à la cuisine ; Les enfants nouvellement arrivés

qui fréquentent cette école se disent discriminés parcequ’ils ne sont pas d’ethnie boudouma. De même, vue la

distance entre le site et l’ecole, les enfants arrivent souvent en retard et sont battus mais malgré cela, ils ne sont pas

autorisés à suivre les cours. Les fournitures scolaires données par UNICEF sont revendues par les enseignants aux

parents des enfants.

Les enfants sont affectés émotionnellement, psychologiquement et montrent des signes de peur et d’inquiétude dans

leurs regards a cause des violences pour lesquelles ils ont été témoins. Les besoins en appui psychosocial s’avèrent

nécessaires. Or, il n’y a aucun espace à dispositif pour les activités de prise en charge psychosociales et récréatives

sur le site pour le moment.

4-Accés à la Santé

Il faut noter que sur ce site d’accueil, ces populations nouvellement arrivées ont accès au centre de santé évangélique

situé de l’autre cote du bras du Lac mais les services de prise en charge sont payants et chers. La population n’a pas

les moyens financiers pour se faire soigner et ne bénéficie pas de la gratuité des soins. Vu les conditions

d’hébergement et d’hygiène malpropre, elle est exposée à plusieurs maladies. Aussi, la distance entre l’hôpital

provincial de Bol et le situe a 22 km ; ce qui ne permet pas a la population de s’y rendre pour les soins.

5-WASH Pour ce qui est des latrines, il n’y a aucune latrine sur ce site. Les défécations se font à l’air libre. Le groupe de

discussion hommes a rapporté que la nuit, les adultes font la défécation un peu loin du site et les enfants quant a

eux, défèquent près des eaux du Lac et autour des installations. Ce qui les expose aux maladies liées à l’hygiène.

Pour l’accès à l’eau, il existe un point d’eau à l’école du village Ngorerom de l’autre cote du bras du Lac et est en

panne. Le manque de forage oblige la population déplacée à consommer les eaux du Lac avec tous les risques liés

aux maladies hydriques.

6-Violences basées sur le genre En ce qui concerne les violences basées sur le genre, des cas de violences sexuelles et basées sur le genre ont été

évoqué lors de l’évaluation. Les femmes n’ont aucune notion des violences basées sur le genre. Le mariage des

enfants est très récurrent au sein de cette communauté. L’âge du mariage ne dépasse guère 16 ans. La majorité des

femmes n’a pas d’abris adéquats. Ceux-ci sont confectionnés à partir des feuilles de rôniers, de tissu et de vieilles

couvertures. En outre, l’occupation du site est faite de manière anarchique ce qui fait qu’au premier regard on peut

facilement constater la situation de promiscuité des ménages. Ainsi, le manque des abris adaptés et le manque des

latrines sont autant de problème qui portent non seulement préjudice à la préservation de la dignité de ces femmes

et filles mais aussi les expose aux risques d’agressions sexuelles.

Il a été mentionné que les femmes et filles auraient été victimes de violences sexuelles. Ces informations doivent

être approfondies et vérifiées par des acteurs appropriés. Les risques de violence sexuelle et basée sur le genre sont

donc très grands. Le cadre de l’évaluation (grands groupes, peu de temps, pas un cadre de confidentialité, etc.) ne

permet pas toujours d’aborder ces sujets d’une grande sensibilité. Une évaluation sectorielle est nécessaire pour

approfondir l’analyse afin d’apporter une réponse holistique.

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7-Abris Les populations déplacées et les demandeurs d’asile vivent dans les abris précaires. Leurs abris sont construits avec

des feuilles de rôniers, surpeuplés et ne les protègent pas contre les intempéries. Dans les ménages, ils manquent de

tout, nattes, couverture, matelas, des moustiquaires et de kit cuisine.

8-Documentation Pour ce qui est des pièces d’état civil, la majorité de ces personnes notamment les demandeurs d’asile ne

possèdent pas de documents d’état civil, soit parce qu’ils n’ont pas été enregistrés préalablement, soit parce que les

documents civils ont été égarés ou brûlés pendant les attaques et/ou la fuite.

9-Personnes à Besoins Spécifiques Des cas de personnes à besoins spécifiques ont été signalés lors de l’évaluation. Ces personnes sont soutenues par

leur communauté à travers l’entraide (partage de nourriture, la provision en eau).

Toutefois, il faut noter que cette communauté est vulnérable du fait qu’elle reste jusque-là sans assistance

humanitaire et sans accès à la pêche. Ce qui pourrait à la longue affaiblir le soutien apporte à ces personnes déjà

vulnérables.

II-Recommandations Au Cluster CCCM/Abris/AME :

-Apporter une assistance en abris et NFIs (couvertures, nattes, jerricans, moustiquaires, kit de cuisine, savon etc.)

aux ménages ;

- Procéder à l’enregistrement des déplacés sur le site

Sécurité Alimentaire :

-Fournir une assistance alimentaire pour une période minimum de trois à quatre mois

-Renforcer la résilience des ménages en soutenant les AGR

Sante :

-Organiser des screening (dépistages actifs) de la malnutrition

-Soutenir le centre de sante existant et/ou avoir une équipe mobile sur le site

Au Cluster Wash :

-Construire des latrines d’urgence, des forages sur le site et conduire des sensibilisations sur l’hygiène

Au sous cluster protection (VBG,Child ,Protection) :

-Procéder à la détermination du statut des demandeurs d’asile présents sur le site

-Installation des TLS sur le site afin d’éviter que les enfants traversent le fleuve pour se rendre à l’école. Car il y a

risque de noyade, retard à l’école etc..

-Sensibiliser les parents et les enfants sur les thématiques relatives aux droits de l’enfant

-Plaider pour faciliter la scolarisation de tous les enfants en âge d’aller à l’école.

-Sensibiliser les parents sur l’importance de la scolarisation des enfants et les conséquences néfastes du travail des

enfants

-Sensibiliser la population sur la thématique VBG

-identifier les cas et prévenir les risques de VBG

-Distribuer des Kits de dignité aux femmes en âge de procréer

-Sensibiliser ces populations particulièrement les femmes sur l’importance de la consultation prénatale et post natale

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Quelques images du terrain